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Le Meilleur des Mondes [Solo]
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Varig Cross

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17.09.14 14:56
Précédemment

Journal

12 avril 2213, quartier résidentiel de la l'entre-deux
Environ une heure après l'arrivée des Anciens


Après tout le temps passé dans la semi-pénombre des tunnels du métro, la lumière de la surface éblouit Varig.
Il cligna des yeux et se protégea de la main. Quelques secondes plus tard, il commença à discerner l'endroit où il avait émergé.

L'issue de secours du métro aboutissait au fond d'une ruelle à la propreté douteuse, encadrée par deux petits immeubles ayant sans doute connus des jours meilleurs. Les couches de tags et de graffitis appliquées sur les murs ne parvenaient pas à cacher les fissures et la flétrissure de l'enduit.
A l'autre bout de la ruelle une petite foule d'anonymes battait le pavé. Personne ne semblait s’intéresser à ce qui se passait dans l'impasse.
L'agent fit un pas hésitant et leva ses yeux clairs vers le ciel.

Bleu azur, avec quelques nuages blancs qui flottaient paresseusement. C'est à peine s'il remarqua la lointaine silhouette du mur de la ville qui se dessinait au dessus des toits, barrant l'horizon d'ouest en est.

Pendant un instant, l'agent ferma les yeux et oublia tout. La "milice Eraser" lancée à ses trousses, l'arrestation d'Elena, le bond dans le temps, la mission.
Le soleil chauffait agréablement son visage. Ce serait sans doute une belle journée, un temps idéal pour flâner ou sortir. Pour les gens normaux...

Parfois il lui prenait l'envie de n'être que cela. Un jeune homme normal, loin des complots, des mensonges et de la cruauté du monde de l'espionnage.
Et pourtant... Il aurait put disparaître et commencer une autre vie ailleurs des dizaines de fois, mais il ne s'y était jamais résolu. Ou trop tard.
Quelques qu'aient put être ses envies ou ses regrets, il savait que ce destin n'était pas pour lui. Sa place était ailleurs, et malgré lui il devait avouer qu'elle lui plaisait.

Aujourd'hui plus que jamais il était loin d'une existence banale et sans souci. Si il avait encore eu des doutes à ce sujet, la douleur qu'il ressentait dans les côtes à chaque respiration était là pour le lui rappeler.
Ce n'était pas le moment de faire une crise de mélancolie.

-Au travail lâcha-t-il pour lui même.

Se détournant à regret du ciel, Varig referma soigneusement "l'écoutille" de laquelle il avait émergé avant de marcher jusqu'à la limite de la rue. Il s'arrêta à l'angle, cherchant du regard d'éventuels uniformes.
Des voitures glissaient silencieusement à quelques centimètres au dessus de la route tandis que les piétons s’agglutinaient sur les trottoirs. Des panneaux publicitaires holographiques ou non et en plus ou moins bon état étaient fixés aux maisons. Manifestement il était dans un quartier bien différent de celui où il avait d'abord atterri. Plus pauvre.
Plus important, il n'y avait pas d'Erasers en vue.

Tout était étrangement différent et familier à la fois. Une ville restait une ville avec son cortège de citoyens pressés et ses multiples quartiers. Il lui faudrait apprendre à bouger à son rythme. Se fondre dans la masse, assimiler les bruits, les odeurs et les habitudes de sa population.

Il avait tout un Nouveau Monde à découvrir. Meilleur ou pire que l'ancien? Dieu seul le savait.

Après un ultime regard vers le ciel il quitta l'impasse et se mêla la foule d'un autre temps.


Le Meilleur des Mondes [Solo] Chapitre_2V4


Madison, 12 avril 2213

Thème: Nouveau Monde (Damage Vault - Harbinger)


Varig marchait au hasard des rues, plongé dans ses pensées. Pour le moment il cherchait seulement à s'éloigner au maximum de l'issue du métro.
Il avait encore du mal à croire à ce qu'il voyait. Était-il possible qu'il ait été projeté deux siècles plus tard? Comment et pourquoi?

A l'évidence c'était trop grand et trop peuplé pour n'être qu'un décor, et il était peu probable que l'Eraser qu'il avait affronté dans le métro soit animateur d'une caméra caché. Il pouvait donc à peu près exclure le coup monté.

Il se sentait l'esprit clair, et rien dans ce dont il se souvenait ne laissait entendre qu'il ai put être drogué. Si c'était une hallucination, elle était extrêmement fine et réaliste. En fait elle relevait carrément de la science fiction. On l'avait déjà drogué avec différents produits allant du somnifère au sérum de vérité, en passant par les hallucinogènes, les poisons et les hypnotiques. Rien de ce qu'il connaissait ne ressemblait à ça. Mais ça n'était pas non plus une hypothèse à exclure totalement.

L'agent s'arrêta devant un passage piéton, suivant le mouvement de la foule. La tête légèrement penchée en avant pour échapper à une éventuelle caméra il observa distraitement le flot de voitures passer tout en attendant.
La plupart des véhicules volaient au dessus du sol en émettant un ronronnement discret. Il repéra tout de même un véhicule dont les roues touchaient le sol. Pour autant le modèle ne ressemblait pas vraiment à un de ceux de 2013. C'était plus fin, plus aérodynamique et plus silencieux.

Dès que le feu piéton repassa au vert il se remit en marche en même temps que le reste de la foule, remettant à plus tard l'étude de ces véhicules futuristes.

Il y avait une autre hypothèse à envisager: le coma. A bien y penser c'était ce qu'il y avait de plus logique, de plus rationnel. Une explosion aurait put ressembler à ce flash lumineux sur la place. Juste après il avait ressentit une très forte douleur. Celle d'être blessé?
Tout ce qui l'entourait ne serait alors qu'une sorte de rêve semi-conscient extrêmement réaliste, une tentative de son subconscient de créer un climat cohérent. Piégé dans sa propre tête, blessé gravement et peut être en train de mourir... Une perspective tout sauf réjouissante. Mais la seule explication rationnelle en l'état de ses connaissances.

Une dernière possibilité existait, mais il avait du mal à l'envisager.
Et si tout était vrai? Le saut dans le temps, la milice, les pouvoirs... Après tout "Grey" son chauffeur jusqu'à Madison avait aussi parlé d'événements étranges impliquant les autorités. Il avait aussi mentionné le météore qu'Elena considérait comme la source, au au moins le point de départ de tout. Ce n'aurait pas été la première fois qu'une vérité dérangeante était étouffée par un gouvernement.
A moins que les délires complotistes du chauffeur ne se soient justement glissé dans l'hallucination. Impossible de savoir...

Agacé par ses propres conclusions, Varig s'arrêta devant une vitrine de magasin. Il jeta un regard détaché à son contenu, qui ne l’intéressait pas du tout. Au lieu d'étudier les articles, il se décala légèrement pour utiliser le reflet du verre et voir dans son dos.
Personne de suspect ne l'observait. Il ne voyait qu'une foule de civils vaquant à leurs occupations.

Il allait repartir mais changea d'avis et s'attarda sur son propre reflet.
Varig avait l'air fatigué, aux abois, et sa tenue était en désordre. Il ne restait plus grand chose du jeune homme frais et dispo qui avait franchis le seuil de son hôtel quelques heures plus tôt. Deux siècles et quelques heures plus tôt, rectifia-t-il mentalement.
Autant commencer à se faire à ce nouveau monde.

Il replaça un pan de sa chemise blanche qui débordait de sa veste, remit une mèche rebelle en place et fit un effort de volonté pour présenter un visage plus avenant, ou à défaut plus paisible.
Critique, il scruta le résultat de ses efforts.

Pas mal, finit-il par décider.

Satisfait d'être à nouveau présentable, il se remit en marche, reprenant plus calmement le cours de ses réflexions.

Son monde n'existait plus. Cette pensée le laissait vide, ne provoquant ni tristesse, ni peur, ni aucune émotion. Il ne parvenait tout simplement pas à l'admettre, même si tout ce qui l'entourait lui prouvait qu'il était bien partit "ailleurs".
L'agent ne réalisait pas encore vraiment sa situation dans toutes ses conséquences. Cette phase de déni lui permettait de continuer à agir et de garder son sang froid. Et il en aurait besoin pour échapper à la milice, qu'elle soit réelle ou le fruit d'une hallucination.

A bien y penser il était toujours libre de ses mouvements et pas trop blessé. Il ne s'en tirait pas si mal. Être recherché par les forces de l'ordre n'avait rien de vraiment inhabituel, et il avait vécu pire.

Un peu rasséréné par cette conclusion, il se demanda quoi faire ensuite. Il marchait depuis déjà un moment et la milice aurait sans doute du mal à le retrouver dans cette foule. Enfin quand ils comprendraient sa petite ruse dans le métro. Avec un peu de chance ils n'avaient même pas encore compris que l'agent leur avait filé entre les doigts et personne ne le cherchait.

Sans cesser de marcher, Varig ralentit pour regarder autour de lui avec plus d'attention. On lui avait toujours appris que prendre quelques secondes pour observer son environnement pouvait lui sauver la vie.

Les bâtiments du quartier semblaient en mauvais état et plusieurs indices le confortaient dans l'idée qu'il se trouvait dans un quartier populaire. Tant mieux. Il était toujours plus facile de se cacher dans ce genre de coins.
Il s'attarda quelques secondes sur les hologrammes publicitaires qui flottaient au dessus de la rue, puis sur les magasins.
De nombreuses vitrines condamnées, quelques bars et des épiceries générales... On était loin des rues marchandes.
Madison avait bien changée en deux siècles.

Plus à l'aise dans son environnement l'agent souriait à nouveau plus naturellement. Maintenant qu'il était assez loin il était temps de changer de signalement. Les Erasers chercheraient un homme brun avec une veste beige...
Son regard balaya la foule avec un œil neuf. Prédateur.

Au début, Varig n'aimait pas voler. Et puis il s'y était finalement fait. Il ne prenait que le strict nécessaire. Et on l'avait largement entraîné à cet art...

Il existait tout un éventail de techniques pour s'emparer de ce dont il avait besoin, mais il élimina d’offices celles impliquant des magasins. Il n'avait aucune idée des systèmes de sécurité développés en deux siècles. Il devait aussi éviter les agressions violentes. S'en prendre à Hills et ses collègues avait déjà suffisamment attiré l'attention, inutile de perdre son avance en se faisant remarquer de la sorte.

Il repéra assez vite son premier "client", dont des branches de lunettes dépassaient de la poche au niveau de sa poitrine. L'agent changea de direction pour venir le bousculer légèrement, juste assez fort pour qu'il ne se sente délesté. D'un geste qui se voulait naturel il amortit le choc en posant sa main gantée à côté de l'épaule de sa victime. Du même mouvement il s'empara des lunettes.
Presque immédiatement l'agent fit ensuite disparaître son butin dans une des poche de veste.

-'Scusez, grommela-t-il sans se retourner, serrant les dents.

A travers la matière de la veste il massa son flanc. Ses côtes étaient toujours douloureuses. La prochaine fois qu'il volerait quelque chose, il choisirait une autre méthode d'approche.
Il attendit de s'être un peu éloigné dans la foule pour sortir les lunettes. C'était des verres fumés, rectangulaires et de petite taille. Il examina les branches. Pas d'électronique. Il les mit, vaguement déçu. Pas de système de réalité augmenté sur celles-là.

Enfin c'était mieux que rien. Il cachait ses yeux bleus si facilement reconnaissables. Restait maintenant à changer de veste.

Il marcha pendant quelques minutes sans trouver ce qu'il cherchait et finit par arrêter un passant. Il avait choisit un jeune homme d'une vingtaine d'années qui portait une sorte de skateboard sans roues sous le bras.

-Pardon de vous déranger, lança-t-il avec un sourire poli, mais je dois retrouver une fille dans le coin et j'ai peur de m'être perdu. Elle m'a dit de chercher un café, vous sauriez où il y en a un par ici?

L'autre réfléchit pendant quelques secondes, lui souriant en retour. Son approche avait facilement abaissée ses défenses.

-Ouais je crois qu'il y en a un truc d'ouvert pas loin. Vous prenez à droite sur cette rue et c'est tout droit à deux cent mètres environ expliqua-t-il en désignant la direction à suivre.

Varig inclina la tête pour montrer qu'il avait compris et se mit en marche avant qu'une conversation ne puisse s'enclencher.

-Merci, bonne journée! lança-t-il en s'éloignant.

Quelques secondes plus tard il avait à nouveau disparu dans la foule. Plus le contact était court moins il y avait de chances qu'il soit reconnu si son portait venait à être diffusé.

Quelques instants plus tard, il arrivait à l'endroit indiqué.
Les indications du jeune homme au skateboard étaient en partie exactes. Il y avait bien un "truc" d'ouvert à quelques blocs. L'agent grimaça en se disant que la définition d'un "café" semblait avoir considérablement évoluée en deux siècles.

Parce qu'il se trouvait sans erreur possible devant un bar, plutôt le genre d'endroit animé la nuit mais déserté le jour.
A la décharge du type au skate, l'établissement semblait bien ouvert malgré l'heure. Varig hésita un peu avant de se décider à entrer. A bien y réfléchir il n'avait rien de mieux...

Il franchit la porte vitrée qui coulissa toute seule pour lui laisser le passage et ôta ses lunettes de soleil pour balayer la salle d'un regard critique.

L'examen ne lui prit que quelques secondes mais il enregistra une foule de détails.
Le bar était plus grand qu'il ne l'aurait cru de l'extérieur. Des tables étaient réparties un peu partout au rez de chaussée et sur une mezzanine.
Un bar fourni faisait face à la porte, astiqué sans motivation par un barman grassouillet.
La piste de danse installée un peu à l'écart était naturellement déserte. Au lieu de musique les baffles réparties aux quatre coins de la salle diffusaient des publicités. Des écrans fixés en hauteur montraient une image incroyablement détaillée, presque vivante.
Deux serveuses à l'air fatigué s’occupaient de moins d'une dizaine de clients répartis aux quatre coins de la pièce tandis que plusieurs robots circulaires semblaient s’occuper de nettoyer le sol.
Des photographies numériques des habitués et de leurs soirées dans l'établissement étaient affichées sur un grand écran mural.
L'agent repéra aussi plusieurs portes donnant sur des zones privées ou sur les toilettes.

Mis à part quelques détails l'endroit n'était pas très éloigné des établissements du XXIème siècle.

Varig s'approcha du bar sans se presser tout en se concentrant sur le babillage publicitaire qui faisait office de bruit de fond.

-... Les Implants Biotech, LA solution dernière génération de prothèses! Une qualité reconnue, une équipe à votre service et du matériel...

A l'écran une très belle jeune femme blonde souriait en faisant jouer l'articulation mécanique de sa main de métal tandis que différents modèles de bras, mains jambes et même des yeux défilaient derrière elle.
L'agent se désintéressa presque aussitôt de ce spectacle et reporta son attention sur le barman qui le suivait du regard. L'homme semblait fatigué tout comme les serveuses et il en déduisit qu'il avait travaillé une partie de la nuit. Après tout il était encore tôt...

-Bonjour monsieur... Qu'est ce que je vous sert?

Varig lui sourit et jeta un coup d’œil rapide par dessus son épaule, comme sil cherchait quelqu'un.

-Bonjour! Euh, rien pour le moment merci, lâcha-t-il avec une hésitation feinte. En fait j'ai rendez vous avec une fille... Et elle n'a pas l'air d'être encore là. Ça vous dérange si je l'attend au comptoir?

Commander quelque chose l'aurait fait paraître moins suspect mais il n'avait pas d'argent de 2213.
Le barman sembla s'en contenter; il haussa les épaules, résigné, puis retourna astiquer son bar avec un gros chiffon. Sans plus de cérémonie, l'agent s'assit sur un des tabourets. Il ne put retenir une grimace. Le changement de position avait été douloureux.
Il se retourna pour faire face au reste de la salle, cherchant un vêtement sans surveillance des yeux quand une phrase dans le flot ambiant diffusé dans le bar attira soudainement son attention.

-... Et nous ouvrons ce journal en revenant sur les événements ayant marqué la cérémonie du bi-centenaire des Disparus ce matin. Pour ceux d'entre vous qui nous rejoignent, faisons un petit rappel des faits avec notre envoyé sur place en direct, Jimmy Jones. Jimmy?

L'image de la présentatrice fut remplacée par celle d'un homme blond au sourire plus blanc que celui de la publicitaire à la main robotique. Derrière lui, Varig crut reconnaître la place où il avait atterri, lui et tous les autres.

-Pouvez vous monter le son s'il vous plais? Demanda-t-il au barman.

Ce dernier s'exécuta et se rapprocha un peu alors que le journaliste commençait à parler.

-Je suis là Isabelle. Comme vous le disiez c'est de bien étranges événements qui se sont produits ce matin lors de la fête du bi-centenaire des Disparus. En plein milieu de la cérémonie des dizaines de personnes sont apparues au milieu de la foule, vêtus comme au XXIème siècle.

Un plan large de la place se superposa pour montrer les événements. Une image agrandie apparut aussitôt et Varig dut faire un effort de volonté pour ne pas se coller à l'écran pour mieux discerner chaque détail.

-Comme vous pouvez le voir ils sont apparus très soudainement. La milice Eraser a rapidement bouclé le secteur et évacué les nouveaux arrivants.

Le visage du journaliste réapparut sur la moitié de l'écran, partagé avec la présentatrice, Isabelle.

-C'est absolument incroyable Jimmy. Est-ce qu'on en sais plus sur la façon dont cela c'est produit?

L'autre eu un sourire navré et l'agent sut qu'il n'avait pas la réponse avant même qu'il n'ouvre la bouche.

-Malheureusement aucune information n'a filtrée au sujet de l'affaire, les Erasers refusant de commenter l'opération tant qu'elle est en cours. On ne peut que faire des hypothèses, mais tout le monde connait l'importance de cette cérémonie pour les Evolves. Le bi-centenaire à moins de deux ans de celui la reconnaissance publique de leur existence par les Etats-Unis est une date symbole pour leur cause. Certains évoquent à mots couvert la secte Searsmont, connue pour ses actions... Atypiques en faveur des êtres dotés de pouvoirs.

Encore ce terme, Evolves... Et une nouveau, la secte Searsmont. Bi-centenaire? Cérémonie des disparus? La reconnaissance publique de l'existence de ces Evolves?
Surchargé d'informations, l'agent continua à écouter.

-Toutes ces hypothèses sont passionnantes. Y aurait-il un rapport avec le blocage de la ligne 4 du métro? Les témoins parlent d'une fusillade entre la milice et des individus non identifiés, seulement quelques minutes après les événements de la place. Qu'en pensez vous Jimmy?
-Et bien à ce stade il est difficile de croire à une coïncidence, mais la milice assure avoir la situation sous contrôle. Pour l'heure la ligne 4 est toujours bouclée, mais nous recevrons sans doute plus d'informations à ce sujet dans les heures qui viennent. Il est conseillé à ceux d'entre vous qui doivent se rendre dans les périphéries de faire un détour par les autres lignes. En tout cas ce lundi matin fut riche en événements pour Madison! C'était Jimmy Jones en direct de la place des disparus.
-Merci Jimmy,
lança Isabelle avec un sourire commercial soigneusement travaillé qui s'étala à nouveau sur toute la largeur de l'écran. Restez avec nous pour suivre cette situation minute par minute! Dans le reste de l'actualité de ce lundi 12 avril la nouvelle de la fusion des entreprises médicales de...

L'agent grinça des dents. Il allait devoir bouger avant que la milice ne se décide à donner plus d'informations pour nourrir la rapacité des journalistes.
La voix du barman le fit sursauter.

-Dingue pas vrai? Ils passent ça en boucle depuis au moins une heure.

L'agent chercha ses mots durant quelques secondes et finit par lâcher un diplomatique:

-Oui, c'est incroyable. Et vous, vous en pensez quoi?

L'autre gratta une barbe naissante sur ses joues, pensif. Son interlocuteur en profita pour récupérer sa contenance.

-Franchement, plus rien ne devrait m'étonner. Les Evolves c'est pas des gens comme nous. Ils sont super bizarres. Et puis vous devez vous souvenir de la Red Week non? Z'étiez gamin je suppose... Alors tous ces trucs ça m'inquiète. Vous voyez?

Varig acquiesça de la tête, l'air pensif. En réalité il était extrêmement perplexe. Red Week? Et encore ce terme, Evolve... Apparemment ce terme désignait les personnes dotés de pouvoirs mystérieux décrits par Elena, apparus après la chute du météore. Deux siècles plus tard comment pouvait-il toujours y en avoir?
Trop d'inconnus. Sa tête commençait à lui tourner.

-Votre copine est en retard on dirait, constata le barman.

L'agent se reprit et fit mine de consulter sa montre avant de lâcher un gros soupir.

-Je crois que je me suis fait poser un lapin. Dommage la journée ne commençait pas si mal... lâcha-t-il avec une amertume non feinte.

Le barman haussa les épaules en s'éloignant.

-Bah une de perdue...

Varig se leva, grimaçant à nouveau à cause de ses côtes.
Le bruit d'une sirene lui parvint soudain, toute proche, mettant ses sens en alerte. Quelques secondes plus tard une voiture de la milice passa en trombe dans la rue devant le bar.
Il la suivit des yeux et écouta le bruit de la sirene s'éloigner. Son cœur avait accéléré subitement.
Il devait mieux se maîtriser. Personne ne le cherchait et sa nervosité ne ferait qu’attirer l'attention sur lui.

Le barman le fit à nouveau sursauter. Ce dernier était silencieusement revenu derrière lui et venait de poser un verre remplis d'une boisson ambrée sur le comptoir.

-Tiens, cadeau de la maison. Pas question de te laisser partir de mon établissement sur un rendez-vous raté, déclara-t-il d'un ton péremptoire.

L'agent allait refuser, mais il changea d'avis. Un peu d'alcool ne lui ferait pas de mal, bien au contraire.

-Merci, dit-il simplement en portant le verre à ses lèvres.

Il commença par une petite gorgée prudente. Il ne reconnut pas le goût de la boisson, étrangement douce et au parfum complexe. Une chaleur agréable descendit le long de sa gorge quand il avala.
Le barman sourit, révélant une canine dorée et aussi pointue que celle d'un loup.

-De rien. Reviens ce soirs, il y aura assez de jolies filles pour te faire oublier ton rencard.


Varig quitta le bar quelques minutes plus tard, de meilleure humeur que quand il y était entré. Le verre offert par le barman avait agréablement atténué la douleur dans ses côtes et éclaircit ses pensées.
Les informations commençaient à s'assembler dans son esprit.

Un météore était tombé près de Madison, en juillet 2012. D'après Elena des événements étranges s'étaient produits, couverts par l'armée américaine. A moins que les militaires n'en soient justement la source.  Les "Evolves" étaient apparus, et les Etats-Unis avaient finis par reconnaître leur existence, environ deux ans après... Après quoi?
Il se repassa mentalement ce dont parlait le journaliste. La fête des...

L'évidence le frappa. Jimmy Jones parlait plusieurs fois du bi-centenaire de la fête des disparus. Deux cent ans. Exactement le nombre d'années qu'ils avaient franchis...
Les disparus qu'on fêtait c'étaient eux!

Varig s'arrêta au milieu de la rue.
Toute cette histoire lui avait fait oublier pourquoi il était rentré dans ce bar à l'origine.

Il devait voler une nouvelle veste.
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24.09.14 1:09
S'emparer d'un manteau avait prit une bonne demi-heure à Varig.
Il avait fini par déclencher une bousculade devant un arrêt de bus pour subtiliser le vêtement qu'un type portait sur le bras. Sur le moment son légitime propriétaire ne s'en était même pas aperçut.
Quelques rues plus loin c'est une casquette qui disparu mystérieusement du sac d'un passant anonyme.

Peu après la veste de l'officier Hills avait finit dans une benne à ordure.

Varig portait désormais un long manteau noir, une casquette et des lunettes de soleil. Après un tel changement vestimentaire il y avait peu de chance qu'il soit repéré.

Il avait continué d'errer pendant un bon moment au hasard dans le dédale de rues et de ruelles de cette Madison futuriste.
Le quartier était un vrai labyrinthe, et il n'avait qu'une vague idée de la direction qu'il prenait. Le plus loin possible de là où la milice avait dut perdre sa trace.

Il finit par arriver sur une petite place aménagée au milieu des immeubles, une sorte de parc.
Des bancs avaient été disposés autour d'un espace vert qui prospérait anarchiquement faute d'entretien. Comme le reste du quartier d'ailleurs...

L'agent décida de faire une pause et alla s’asseoir sur le seul banc intact, ressassant encore les mêmes pensées.
Il avait tourné et retourné le peu d'informations dont il disposait dans tous les sens, sans en tirer autre chose que la sensation frustrante de tourner en rond. Finalement il n'était pas plus avancé... Il allait devoir continuer ses recherches. Plus tard.

La fatigue commençait à se faire sentir. Les rayons du soleil le réchauffaient agréablement, et il n'avait pas envie de bouger. Il observait distraitement la foule de citoyens qui défilait devant lui.

Varig se sentait calme et étrangement apaisé.

Sans même s'en apercevoir il finit par s'endormir.


L'odeur de sang, d'essence et de poudre sature l'air confiné de l'étroite anfractuosité. Pourtant l'enfant respire ce mélange fétide en silence sans bouger, se retenant de tousser ou de vomir.

Une part de lui a peur, aimerait se ruer hors de sa cachette et quitter cet endroit. Fuir vers le soleil et l'air pur, laissant le contact froid des éclats de pierre derrière lui pour toujours.

Mais sortir serait sa perte. Il le sait, même s'il a oublié pourquoi.

Alors il reste recroquevillé dans le noir, dans un espace à peine assez grand pour lui. Il fixe la petite ouverture qui l'a mené jusqu'ici et pourrait le faire sortir. Un espace étroit entre les rochers, qu'il devine plus qu'il ne le discerne vraiment.

Il a perdu la notion du temps. Est il là depuis quelques minutes? Des heures? Des jours?
Sa main effleure parfois la paroi de sa cachette, comme pour y chercher un réconfort. Il n'y trouve que le froid de la pierre, tantôt lisse, tantôt inégale et tranchante. Le froid s'est communiqué peu à peu à tout son corps. Pourtant il reste là, immobile de peur de faire un bruit qui le trahirait.

Tout ce qu'il a, c'est cette certitude qu'il doit rester caché.
Attendre. Encore, toujours. Est-il là depuis des années ou quelques secondes? Il ne sait plus. Il ne sait rien.

Quelque chose tinte, et cela raisonne étrangement à ses oreilles. C'est un bruit léger, presque imperceptible, mais il brise enfin le silence de mort qui régnait jusque là. Le garçon met tous ses sens en alerte. Se détend insensiblement et se penche vers l'ouverture...
Juste un coup d’œil. Puis il retournera se cacher. Quel mal cela ferait-il?
Un instant l'enfant est sur le point de sortir. Et puis le tintement retentit à nouveau, comme un coup de tonnerre. Le petit garçon recule lentement et se roule en boule, retenant un sanglot honteux. Il doit rester cacher.
Même s'il a oublié pourquoi.

Il reste là encore un peu de temps dans le noir de sa cachette, un instant ou une éternité il ne sais pas. Le froid lui fait mal jusque dans ses os, mais pourtant le garçon ne bouge pas.

Il est sur le point d'oublier l'étrange bruit quand une voix dis quelque chose à voix basse. Il reconnait des mots familiers, mais son esprit fatigué peine à les assembler. A nouveau, sa volonté vacille. Obsédante, séduisante, la petite anfractuosité semble soudain se détacher dans le noir, comme si elle brillait. Sortir?
Il ferme les yeux mais c'est une lutte perdue d'avance. Quand la voix se remet à chuchoter, l'enfant se penche déjà sur l'ouverture qui le fera sortir de sa cachette. Il rampe, obstiné. La lumière est là, devant lui.

La lueur du soleil qui traverse les vitraux l'aveugle un instant quand il sort de sa cachette.
Une église. L'endroit lui est familier pourtant il ne s'en souvient pas. Il se redresse, regarde autour de lui.

Son regard passe sur les corps gisant un peu partout autour de l'allée centrale sans manifester d'émotion. Ils n'évoquent rien en lui sinon la puanteur du sang et des formes grotesques que la vie a quittée, les privant de toute fonction.

Les odeurs sont plus fortes maintenant, bien que la porte de l'église soit entrouverte. Elle semble si loin... Et il y a tous les corps entre lui et la sortie. L'air pur et la lumière.
Il a un dernier sursaut d'hésitation, et se retourne vers sa cachette.

Quelqu'un a pulvérisé l'autel à coup de masse, et fait s'effondrer la grande croix de pierre, créant un petit tas de gravats. C'est là dessous qu'il était.
La certitude de pouvoir ramper à nouveau en sûreté lui redonne assez d'assurance pour en revenir à son premier objectif.
La voix. Trouver d'où venait la voix...

Il se retourne et balaie à nouveau l'église du regard.
Cette fois, il le voit. L'homme lui tourne le dos. C'est un soldat. Il est à quelques mètres seulement, à l'écart des corps près d'un pilier. Il regarde quelque chose, immobile.

L'enfant hésite. Doit-il l'appeler? Tout serait si simple une fois qu'il aurait appelé...

Il ouvre la bouche, mais quelque chose le retient. Pas un son ne sort.
Tout cela il l'a déjà vécu. Et il ne pourra pas parler, il le sait. Parce qu'il n'a rien dit et ne dira jamais rien à ce soldat.
La peur s'empare de lui. Il sait... Il sent que ce n'est pas normal. La lumière si chaleureuse un instant plus tôt devient sombre, malsaine.

L'homme se retourne lentement vers lui. L'enfant sent qu'il devrait fuir mais il est cloué sur place, plein d'une peur irrationnelle. Incapable de bouger.

L'homme qui lui fait face n'est plus un soldat.
Il est gras et massif, porte des vêtements de luxe tâchés de sang. Son ventre a été lardé de coups de poignards, et le trou sanglant laissé par une balle se dessine à l'entrejambe.
De petits flots écarlates jaillissent régulièrement d'une ligne régulière tracée dans sa gorge quand il respire. Sa bouche est figée sur un rictus grotesque et effrayant.

Enfin l'enfant recule. Il aimerait hurler, appeler au secours ou supplier. Mais une nouvelle fois rien ne sort. Il sent la pierre contre son dos qui arrête sa reculade. Le sang, la poudre et l'essence. L'odeur de la mort et des massacres...

Le cadavre avance d'un pas. Tend le doigt. Accusatrice.

Et l'enfant a peur, et soudain il se souvient. Il l'a vu mourir.
Il l'a tué.

Son regard se tourne vers l'église, la sortie.
Tous les cadavres se sont silencieusement levés et le désignent du doigt, un rictus au lèvres. Ils désignent leur bourreau.
Il les a tous tués.

Quelque chose s'éveille du fond de sa terreur, qui le dépasse et le rassure à la fois. Une volonté froide, implacable. Violente. Cruelle.

Il se relève, ballotté d'un extrême à l'autre. De grosses larmes d'effroi coulent sur ses joues tandis que son visage n'exprime que la haine.

Ses yeux passent sur la foule de cadavres qui approche lentement. Puis il revient sur le premier.

Presque sans en avoir conscience, il lève la main à son tour vers le gros cadavre.
Le pistolet a-t-il toujours été dans sa main? L'avait-il oublié lui aussi?

Il n'y a pas d'avertissement. Pas d'excuse non plus. Il presse sèchement la détente et la détonation claque, assourdissante, repoussant le monstre difforme.

Le visage du garçon est devenu celui d'un jeune homme. Ses yeux sont froids, brûlants d'une haine glacée.

Il sourit aux cadavres ambulants, leur rend leur sourire de mort. Dirige son arme vers eux. Il presse la détente avec une frénésie sadique. Il n'a pas besoin de hurler ce que ses yeux disent. Il veut tuer.

Les balles frappent leur but, percent, mettent en pièce, brûlent. L'essence répandue partout s'enflamme en un instant, rugissant tel un dragon de légende. Prises au milieu du brasier, les silhouettes s'embrasent à leur tour, tombent à terre et fondent sous la chaleur insupportable. Pourtant elles sourient encore et leurs doigts accusateurs restent pointés, comme une promesse de châtiment.

Soudain une femme apparaît au milieu des flammes.

Sur le visage du jeune homme la haine disparaît aussitôt, comme son accès de folie. Son arme lui glisse des doigts, tombe. Vide.
Il ne l'entend pas toucher le sol. Ses jambes se dérobent sur lui, et il tombe à genoux face à l'enfer qu'il a lui même déclenché, hébété. Ses yeux s'emplissent d'eau, et il la regarde à travers les flammes.

Je ne voulais pas ça veut-il dire. Il a tellement à lui dire...
Les mots roulent sur ses joues, enfermés dans ses larmes.

Deux coups de feu claquent sèchement. Ses yeux se baissent sur sa poitrine ensanglantée tandis qu'une vague de douleur insoutenable le submerge. Ses mains se plaquent sur son torse pour tenter de stopper le flot de sang qui coule sur la pierre. Son sang.

Le ruisseau rougeâtre serpente jusqu'au brasier et s'enflamme. Un ouragan brûlant se déchaîne.
Quand le feu l'engloutit un instant plus tard, il s'est enfin mit à hurler.




Varig se réveilla avec brutalité et se redressa d'un seul coup, terrorisé et haletant.

Désorienté, il tomba lourdement sur les genoux et les mains. La douleur dans ses côtes explosa d'un coup.
Le cœur au bord des lèvres il toussa avec difficulté.

La rumeur de la ville et la sensation d'une légère brise furent les premières choses rationnelle à se frayer un passage à travers son cerveau encore englué dans le cauchemar.

Avec un effort surhumain il se redressa doucement, incertain de là où il se trouvait, une main plaquée sur son flanc. Il tituba et s’accrocha à un banc pour ne pas retomber par terre.

Ce n'était plus l'église. Ni le brasier. Rien qu'un square.
Le soleil s'était couché, et la lumière des éclairage publics avait pris le relais. Les rares passants l'évitaient du regard, le prenant sans doute pour un junkie en crise.

Des bâtiments. Une ville.
Les souvenirs affluèrent soudain.

Il s'était endormi! Un coup d’œil rapide à sa montre lui appris que sa "sieste" avait duré plusieurs heures.
Une bouffée de panique lui coupa le souffle. La terreur du cauchemar était toujours là, et le réveil n'avait rien de rassurant.
Il se reprit, s’exhorta au calme. Il ferma les yeux et se concentra pour contrôler sa respiration.

1, 2, 3, 4. Inspirer.
1, 2, 3, 4. Expirer.
1, 2, 3, 4. Inspirer....

Peu à peu son souffle redevint régulier, et les battements de son cœur ralentirent. La peur qu'il avait ressentit dans le cauchemar finit par le quitter, retournant dans les brumes de son subconscient. Sa douleur aux côtes se calma progressivement, et il commença à se sentir mieux.
Sans se presser il alla ramasser les lunettes de soleil et la casquette qu'il avait fait tomber et les mis dans la poche intérieur de sa veste.

Ce n'était pas la première fois qu'il faisait ce cauchemar. Il n'avait même pas besoin de se demander pourquoi les fantômes de son ancienne vie venaient le hanter des années après.
La culpabilité. Le remord. Et par dessus tout trop de souvenirs amers dont il ne serait jamais débarrassé. Car il n'oubliait jamais rien.

Il s'étira, chassant ses pensées. Il avait d'autres sujets d'inquiétudes bien plus sérieux que ses mauvais rêves. Et cette fois il semblait que se réveiller ne suffirait pas.
L'agent regarda autour de lui, respirant profondément. L'air s'était rafraîchit. Il faisait nuit.

Tout ce qui l'entourait semblait bien réel. Alors à moins d'être tombé dans le coma ou devenu fou... Dans tous les cas il était coincé ici. Quelque soit cet "ici". Il devait décider d'un plan.

Prit d'une subite inspiration il vida le contenu de ses poches sur le banc.
Son téléphone portable, un paquet de mouchoir, son portefeuille, quelques dollars du XXIème siècle, ses papiers d'identité, un briquet, son agenda et un sachet de sucre.
Côté armement il ne lui restait plus que son bâton de combat télescopique de 2013 et un stylo cachant une petite lame effilée.
A cet inventaire s'ajoutaient les vêtements qu'il portait, les lunettes de soleil et la casquette qu'il s'était approprié.
L'agent lâcha un gros soupir. Il avait soif et commençait à avoir faim. A défaut de mieux il avala le sachet de sucre.

-"Heureux les pauvres et les affamés..." Cita-t-il avec fatalisme en répartissant ses maigres possessions dans ses poches.

Il n'avait plus rien à faire ici. Il était temps de repartir à la découverte de Madison.


La soirée commençait à peine et les rues étaient à peine moins fréquentées que dans la journée. Les phares des voitures et les réverbères illuminaient la nuit, chassant les ombres. Seule les ruelles désertes qui serpentaient entre les immeubles étaient plongées dans les ténèbres.
Varig n'avait pas besoin de prendre de raccourci et resta sagement dans la lumière. Tout en marchant il réfléchissait.

Si il se trouvait vraiment deux siècles dans le futur, il ne pouvait espérer une aide quelconque. Le monde qu'il connaissait et dans lequel il avait appris à se débrouiller n'existait plus.
La première chose à faire était d'en apprendre plus sur ce qui s'était passé en deux siècles. Peut être l'explication de leur "transfert" se trouvait elle quelque part dans les livres d'histoire du XXIIIème siècle. Il serait toujours temps de repenser au problème à ce moment là.

Il profita du faible trafic pour traverser la rue. Son regard passa distraitement sur un homme prostré au milieu d'une ruelle. Peut être un sans-abri ou un drogué.

Sans argent il risquait bien de finir rapidement comme lui. Sans compter qu'être en cavale coûtait vite cher... A bien y penser l'urgence était là.
Malheureusement les citoyens du futur ne semblaient plus utiliser de liquide. Tout passait par des puces numériques. Il allait devoir s'en procurer une au plus vite.

L'agent allait tourner à l'angle d'une rue quand une sensation familière lui traversa l'échine.
Quelqu'un l'observait.

Il ne changea pas d'allure et continua sur sa lancée, mais jeta un coup d’œil par dessus son épaule au moment de tourner.
Un des passants lui était familier... Un afro-américain à la carrure massive, crane rasé avec un piercing à l'arcade et un tatouage sur le bras. Pas le genre de physique qui s'oubliait facilement, même sans mémoire absolue. Il l'avait croisé quelques minutes plus tôt, juste après avoir quitté le square.

L'homme tentait maladroitement de se faire discret en rasant les murs, sans grand succès. L'agent était persuadé qu'il le suivait depuis un petit moment déjà.

Il poursuivit sa route tout en réfléchissant. A peine réveillé et déjà dans les ennuis...
Différentes options s'offraient à lui. Il pouvait essayer de prendre son poursuivant en embuscade dans une ruelle, mais vu le gabarit du monstre et sans autre arme qu'un bâton télescopique ce n'était pas une bonne idée. Le type était peut être armé et ses côtes lui faisaient toujours mal. L'interroger était tentant mais le risque de se faire mettre KO par cette armoire à glace était trop grand.

Varig aurait parié que ce n'était pas un policier. Ils s'étaient croisés plusieurs minutes plus tôt et aucun renfort ne s'était pointé. Il n'avait pas essayé de se rapprocher ou de lui demander son identité, se contentant de le suivre.
Un simple voleur n'aurait probablement pas choisi de s'en prendre seul à autre homme jeune et en forme. Il y avait de nombreuses proies plus intéressantes.
L'agent changea de direction, traversa la rue et repartit dans la direction de laquelle il venait. Si l'autre s'accrochait c'est qu'il en avait bien après lui.

Profitant qu'il croisait un groupe de lycéens qui bavardaient et riaient bruyamment, l'agent jeta un coup d’œil en coin à l'inconnu. Non seulement le type était toujours là, mais en plus il avait sortit un téléphone et parlait à quelqu'un. Il accélérait le pas.
Il avait sûrement compris que ce changement de direction signifiait qu'il était repéré, et devait rameuter la cavalerie.

Peut être bien un flic finalement... Pas le temps de vérifier.
Il fallait le semer, et vite.

L'agent ne modifia pas son allure et continua comme si de rien n'était. Soudain il s'engouffra dans une ruelle pour échapper à la vue de son suiveur.
Il se mit aussitôt à courir, grimaçant à cause de la douleur infligée par sa blessure aux côtes.

-Stop! cria une voix derrière lui quelques secondes plus tard.

L'autre s'était lancé à sa poursuite. Ignorant l'ordre, l'agent sortit en trombe de la ruelle et prit arbitrairement à droite en accélérant. Il avait une vingtaine de mètres d'avance. En temps normal il aurait put aisément distancer son poursuivant mais dans son état il n'était pas en mesure de courir aussi vite que nécessaire.

-Écartez vous! aboya-t-il à un couple qui arrivait en sens inverse.

Ignorant les regards des passants il tourna à droite pour s'engouffrer dans une ruelle, revenant vers là d'où il venait. Il dut sauter par dessus un sac poubelle renversé au milieu du passage.

L'adrénaline commençait à circuler dans son sang, anesthésiant la douleur et dopant sa musculature. Effaçant les doutes, supprimant la peur.

Il déboucha sur la rue et s'arrêta une seconde, cherchant un moyen de ralentir son poursuivant. Une rue. Quelques passants... Un carrefour à feu qui venait de passer au vert, livrant passage à une petite file de voitures.

Sans hésiter l'agent fonça à travers la route, juste devant les véhicules. Un son de klaxon aigu déchira l'air lorsque le système automatique des voitures freina brutalement, évitant l'accident in extremis.
Sans s'en inquiéter Varig acheva de traverser et remonta sur le trottoir opposé. Sans cesser de courir il fonça vers le carrefour pour disparaître de la vue de son poursuivant. Au moment de tourner à l'angle d'un bâtiment il ralentit une seconde pour regarder derrière lui.

Il avait gagné un petit peu d'avance, mais le colosse tatoué était juste de l'autre côté de la rue, se préparant à traverser dès que les derniers véhicules seraient passés.

Dommage, il ne s'en débarrasserait pas si facilement.

L'agent ralentit, un peu essoufflé. Concentré à l'extrême il courait vers le bout de la rue. A mi-chemin il lança un nouveau coup d’œil par dessus son épaule. Non seulement le type était toujours là, mais en plus il le rattrapait rapidement.

Mobilisant toutes ses forces Varig accéléra pour arriver jusqu'au bout de la rue, prenant un virage serré. Il tomba nez à nez avec un jeune homme qui arrivait en sens inverse, fumant tranquillement une cigarette au caramel.
Pour ne pas perdre de temps l'agent le poussa brutalement sur le côté, continuant sa course. Pris au dépourvu l'inconnu fut projeté contre le mur et failli tomber.

-Eh! Vous êtes malade, espèce de...! lança-t-il en levant le poing vers son agresseur.

Il ne termina jamais sa phrase. Le colosse tatoué lancé à fond de train vint le percuter dans le dos, aussi surpris que lui.
Incapables d'éviter l'impact, les deux hommes restèrent une demi seconde suspendus en l'air avant de tomber lourdement sur le bitume, sonnés l'un et l'autre par la violence du choc.

Varig jeta un coup d’œil par dessus son épaule, sans cesser de courir. Une bonne chose de faite. Au prochain carrefour il devrait réussir à le semer pour de bon.

Il était presque arrivé au bout de la rue quand une camionnette aux vitres teintées qui arrivait dans l'autre sens freina brusquement. Ignorant royalement le code de la route, son conducteur effectua un virage à 180° qui déclencha un concert de protestation électroniques des autres véhicules.

Soit quelqu'un avait oublié quelque chose de très important... Soit Varig avait d'autres poursuivants.
Sans doute l'interlocuteur téléphonique du tas de muscles. La poisse.

L'agent dépassa le véhicule au moment où il terminait sa manœuvre et s'engouffra dans une ruelle. La camionnette ne pouvait pas le suivre mais s'arrêta juste devant l'intersection. La portière passager s'ouvrit et un homme bondit sur le trottoir, le prenant aussitôt en chasse. Le conducteur repartit aussitôt, à fond de train.

-Merde, jura Varig, essoufflé.

Il était bien entraîné mais commençait à sérieusement manquer de souffle alors que son nouveau poursuivant était frais. S'arrêter pour le combattre était exclu, et malgré son avance l'autre allait vite le rattraper.
Toujours en sprint il déboucha sur la rue suivante et traversa directement la route avec un rapide regard en arrière. Son poursuivant portait un sweat-shirt à capuche de couleur sombre et des gants.
Une voiture failli l'écraser et il posa une main sur le capot, glissant par dessus. Le type au capuchon s'arrêta et jura avant de contourner l'obstacle.

-Arrête toi! Arrête, merde! hurla-t-il.

Ignorant l'ordre, Varig continua de courir, bientôt au bout de ses forces. Sans l'adrénaline il se serait déjà effondré.

Soudain la camionnette se profila au bout de la rue, fonçant droit vers lui.
Tentant le tout pour le tout, l'agent effectua une ultime accélération pour atteindre la ruelle avant d'être rattrapé.

Il s'y engouffra juste à temps. Derrière lui la camionnette stoppa brutalement, manquant d'écraser le type au capuchon qui lâcha un nouveau juron.

S'il avait eu assez de souffle, Varig aurait fait de même. Un nouvel obstacle se dressait sur sa route, juste devant lui.

Un grillage de plus de deux mètres de haut séparait le passage de la rue suivante. Il allait devoir passer par dessus, et vite.
Rassemblant ses dernières forces, l'agent sauta sur un des conteneurs à ordure pour prendre de la hauteur et saisit fermement le sommet du grillage. Ses gants de cuir l'empêchèrent de se blesser sur le métal, et il se hissa d'un seul coup par dessus l'obstacle tandis que l'homme au grillage se précipitait pour l’attraper. En vain.
L'agent se laissa retomber de l'autre côté, se réceptionnant d'une roulade pour amortir son atterrissage tandis que son poursuivant se plaquait au grillage, impuissant.

Varig était à bout de souffle et la douleur dans ses côtes se faisait cruellement sentir, mais il ne s'en soucia pas. Il se redressa et se remit à courir en boitillant vers la rue suivante, une main plaquée sur son flanc.

-Merde, merde, merde!

Après quelques secondes d'hésitation, le type au capuchon fit signe à la camionnette de faire le tour et recula, prenant son élan pour franchir lui aussi l'obstacle. Il n'allait pas lâcher sa proie si facilement.

Au même moment, Varig quitta la ruelle et ralentit, cherchant une échappatoire. Il n'avait que quelques secondes d'avance sur ses poursuivants, qui qu'ils soient...

Son regard se fixa sur un petit groupe de l'autre côté de la rue, qui se pressait devant une porte brillamment illuminée. Sans doute une boite de nuit vu l'enseigne...
Là dedans il gagnerait sûrement un répit.

Sans hésiter, il traversa la route. Pas d'autre choix.

Quelques secondes plus tard il pénétrait dans le night club. Un flot de bruit, d'odeurs et de lumière l’agressa aussitôt. Dieu qu'il détestait ce genre d'endroits!
Il devait tout de même reconnaître que celui-ci lui fournissait une échappatoire.
Il s'arrêta une seconde, respirant péniblement.

La lumière était tamisée et de la fumée artificielle descendait du plafond. Une foule dense se déhanchait sur la piste au son d'une musique vaguement électro, produite par des hologrammes multicolores. Des silhouettes lumineuses jouaient sur une scène étrangement rétro, toute en bois et en tissu.

Sans attendre Varig se fraya un passage au milieu des clubbeurs, reprenant son souffle petit à petit.
Le bar était un peu en retrait, presque aussi fréquenté que la piste de danse. C'était sa meilleure chance d’attraper rapidement un employé.

A mi-chemin il jeta un coup d’œil par dessus son épaule. Le type au capuchon venait d'entrer dans la boite, accompagné d'un grand blond à l'air peu amène. Tout deux balayaient la foule du regard, sans succès pour le moment.

L'agent pesta et baissa la tête tout en accélérant le pas. La dernière fois qu'il avait mis les pieds dans ce genre d'établissement c'était en Russie. La soirée s'était terminée en fusillade et le même scénario semblait dangereusement se profiler... Si ce n'est qu'à St-Petersbourg il avait une arme et un gilet pare-balle. Là dès qu'il sortirait de la foule il serait à découvert sans aucune défense ou moyen de riposter.

Il arriva au bar quelques secondes plus tard et saisit un des barman par la manche, le forçant à s'arrêter.

-Bonsoir! Il y a une autre sortie à cette salle? lança-t-il juste assez fort pour couvrir la musique.

L'autre tenta de se dégager mais Varig le tenait fermement.
Heureusement ce n'était pas un colosse, plutôt une "crevette". Le prénom Simon était écrit sur son badge.

-Mais lâchez moi! s'agaça-t-il. Vous êtes malade ou quoi?

L'agent jeta un nouveau coup d’œil vers l'entrée. Le grand blond venait de le repérer. Plus de temps à perdre.
D'un mouvement sec l'agent saisit le pouce du barman et le tordit sèchement, faisant basculer sa victime en avant. De son autre main il vint saisir son cou et appliqua son index et son majeur juste en dessous de sa mâchoire, dans la faiblesse de la gorge.

-Simon, j'ai besoin d'une sortie. Tout de suite.

Le ton était sans réplique, et toute menace superflue. Plaqué sur le plateau du bar l'autre roula des yeux affolés.

-La... La porte des des... Employés. Bégaya-t-il Ça donne à l'arrière...
-Où c'est?

L'agent regarda à nouveau par dessus son épaule pour voir où en étaient ses poursuivants. Ils se frayaient un passage à travers la foule.

-A droite de la scène... Près... Des spots lumineux. Pitié me tuez pas...

Varig relâcha aussitôt sa prise, se tournant vers la scène. Évalua les distances. Son regard passa sans s'y arrêter sur les clients les plus proches qui avaient vu la scène et le fixaient avec hostilité. Le malheureux barman avait reculé aussi loin que possible, manquant de s'effondrer dans les bouteilles alignées sur l'étagère derrière lui.

-Merci de ton aide Simon. Tu devrais appeler la sécurité, suggéra l'agent avec un clin d’œil.

Trop de musique. Trop de lumière. Il était temps de partir avant que se déclenche une vraie bagarre.
Varig ramassa un des bouteilles posée sur le bar et se mit rapidement en marche vers la porte désignée par Simon, se frayant rapidement un passage à travers la foule. Ses mystérieux poursuivants étaient toujours sur ses talons. Ils ne cherchaient pas à le rattraper, seulement à ne pas le perdre tout en se rapprochant. Trop de civils pour agir sans doute...

La porte marquée "privée" qu'avait désignée Simon était exactement là où il l'avait dit et n'était pas surveillée. L'agent s'en approcha à pas rapides, prêt à se mettre à courir. Il avait assez soufflé.
Quand il ne fut plus qu'à quelques mètres il pivota brusquement et arma son bras. Il jeta la bouteille dont il s'était emparée sur un des spots holographiques de la scène. Celle ci explosa à l'impact, répandant son contenu directement dans les circuits de l'appareil.
Le projecteur commença aussitôt à vomir des étincelles.

-Désolé mais la fête est finie... Lâcha-t-il pour lui même tandis que les premiers cris se faisaient entendre.

Une détonation se produisit lorsque l'appareil rendit l'âme. Plus que ce qui était nécessaire pour déclencher une bousculade, des cris... De quoi ralentir ses poursuivants.
Il devait rester en mouvement. Disparaître avant que la sécurité ne vienne voir ce qui se passait.

Varig ouvrit la porte des employés et se faufila à l'intérieur. Celle ci donnait sur un long couloir encombré de matériel et de bâches de plastique. Les néons s'allumèrent à son entrée, sauf un qui clignotait faiblement par intermittence.
L'agent se mit à courir.

Il était au trois quart du couloir quand l'homme blond ouvrit la porte à la volée.

-Stop! Stop, ou je tire! Hurla-t-il aussitôt en se mettant lui aussi à courir.

L'agent plongea contre la porte de sortie tandis que retentissait un claquement sec derrière lui. Une arme à silencieux?
Quoi qu'il en soit il n'était pas touché.

Il atterri dans une impasse, sans doute à l'arrière de la boite et se redressa aussitôt. Au lieu de fuir vers les lumières de la rue, il se plaqua au mur à côté de la porte. Pas question de recevoir une balle dans le dos.
Quelques secondes plus tard le type blond déboula à son tour, lui aussi à pleine vitesse. Sa "proie" lui faucha les jambes et il décolla du sol avant de s'écraser lourdement, laissant échapper un long pistolet. L'arme tomba, hors de sa portée.
La porte donnant sur le club se referma sèchement, claquant comme un coup de feu. Varig lui s'était déjà jeté sur son poursuivant encore sonné et lui avait asséné un coup de pied dans les côtes avant de lui attraper solidement le poignet. D'un geste expert il releva le bras emprisonné dans une clé solide tout en posant son pied sur la gorge de son prisonnier.

-Je ne vais poser la question qu'une fois. Pourquoi vous êtes après moi? demanda-t-il, la respiration hachée par l'effort.

L'autre ne répondit rien. L'agent resserra sa prise et se servit de son autre main pour retourner brutalement le petit doigt de sa victime. L'os craqua sèchement mais l'homme blond ne hurla pas, se contentant de grogner de douleur.

-Tu as encore neuf doigts intacts et je manque de temps, alors tu devrais répo...

La porte s'ouvrit à la volée. Varig n'hésita pas, tordant le poignet de sa victime et frappant son bras d'un coup de genoux juste au dessus du coude. Poignet cassé, coude déboîté et peut être épaule démise. Radical.
Cette fois le blond hurla de douleur.

L'agent lui avait déjà bondit sur le nouvel arrivant. Il se baissa pour éviter un coup de poing, passant sous le bras de son adversaire tout en pivotant sur lui même. Son coude remonta pour venir frapper l'homme au sweat-shirt en plein nez. Dans le même mouvement il le poussa en lui faisant un croche patte.

Son adversaire plongea en avant et effectua une roulade impeccable avant de se retourner en dégainant un pistolet. Varig était déjà sur lui et attrapa le canon avant de le faire tourner sèchement, arrachant l'arme à son propriétaire. L'autre essaya de se rapprocher mais il le repoussa de sa main libre tout en reculant. Le pistolet qu'il venait de s'approprier était maintenant pointé sur la poitrine de l'homme au sweat-shirt.
Il avait agis par réflexe et eu l’excellente surprise de n'entendre ou ne sentir aucun avertissement de verrouillage digital. Pas une arme de la milice de toute évidence... Donc il pouvait très bien tirer avec.

L'homme à la capuche l'avait bien compris aussi et leva les mains.

-A genoux, tout de suite! aboya l'agent.

L'homme blond à qui il avait cassé le bras avait profité de la bagarre pour ramper jusqu'à son arme et la leva vers Varig à cet instant. Ce dernier réagit aussitôt par réflexe à la menace qu'il venait de voir à la limite de son champ de vision.
Les pistolets tirèrent en même temps, émettant un claquement métallique.

L'agent tituba, main plaqué sur son cou. Quand à l'homme blond son bras retomba, inerte, et son arme glissa au sol. Il respirait, les yeux grands ouverts, un sourire satisfait sur le visage.
Les projectiles de son adversaire avaient faits deux petits trous circulaires dans sa veste au niveau de l'épaule droite, et disparaissaient déjà dans sa chair.

Varig sentait sa vision se voiler rapidement de noir et perdre le contrôle de son corps. Sa main gantée était passée sur son cou là où il avait ressentit la légère brûlure infligée par le tir. Au creux de sa paume, une pastille blanche achevait de se désagréger.

Un poison? Un somnifère?

Mobilisant toutes ses forces il lutta pour rester debout et ne pas sombrer, l'esprit brouillé.

C'est à peine s'il vit l'homme au capuchon se redresser et marcher vers lui, sans se presser. Il tenta de braquer son arme vers cette menace mais se retrouva avec le bras dirigé vers le ciel.

-'Ouge pas... Articula-t-il avec peine.

L'autre l’attrapa doucement par l'épaule et serra le poing avant de le frapper en plein ventre.

Le coup fit danser des étincelles devant les yeux de l'agent qui se sentit basculer en arrière. Il eu la sensation que cette chute durait une éternité. Il n'y eu pas de douleur lorsqu'il toucha le sol. Seulement la sensation du bitume froid contre sa joue.
La voix de l'homme au capuchon raisonna dans sa tête, par bribes de phrases.

-... Le véhicule... Au final... Deux. Drake a morflé... C'est un solide ce... Oui je sais ce qu'a dit Sophia. Discret. Ok je t'attend.

Incapable de bouger ou de discerner autre chose qu'un brouillard sombre l'agent cligna des yeux. Lutter pour rester conscient. Ne pas se laisser sombrer.
Quelqu'un d'autre arriva dans la ruelle, par la porte du club sans doute un agent de sécurité.

-Qu'est... Vous là?

Deux claquement sec lui répondirent et il s'écroula.
L'agent cligna à nouveau des yeux, sentit confusément qu'on le retournait et qu'on le fouillait.
La voix de l'homme au capuchon tonna dans son crane alors qu'elle ne faisait que chuchoter.

-Pas encore endormi...

Quelque chose brilla dans son champ de vision. Le canon d'un pistolet.
Les claquements métalliques du pistolet explosèrent dans ses tympans, assourdissants, douloureux.

Puis ce fut le néant.
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Varig Cross

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25.09.14 16:37
Un univers liquide, immobile et froid, presque irréel. Les rayons de la lune traversaient la fine couche de glace, faisant briller les reflets de l'eau d'une lumière bleutée. L'ombre du pont et les murs du canal étaient flous, déformés par le prisme aquatique.

Un choc brutal brisa soudain l'équilibre de ce monde tranquille. Un corps venait de traverser la surface gelée.
Il commença par couler puis s'immobilisa lentement au milieu du canal, comme en apesanteur. Un peu de sang s'échappait de ses blessures et formait une arabesque rougeâtre dans l'eau glacée, oeuvre d'art fascinante et éphémère.

Immobile, immergé dans le liquide froid et la lumière de la lune, il avait les yeux grand ouverts. Deux billets de train s'étaient échappés de sa veste et flottaient au dessus de lui. Lentement il leva la main, comme pour les saisir, mais ils étaient déjà trop loin.

Je vais mourir ici, se dit-il. Ici et maintenant.
Cette certitude n'éveilla en lui nulle révolte, nulle peur. Il ne ressentait qu'une tristesse aussi froide que la lune.



Varig se réveilla d'un seul coup, l'esprit étrangement clair. Les souvenirs affluèrent aussitôt. La course poursuite, le combat dans l'impasse, l'étrange projectile qui l'avait atteint au cou et son inconscience.

Il fit de son mieux pour contrôler sa respiration et ne bougea pas. Il n'ouvrit pas même un œil, se concentrant sur ses sensations. Les muscles de ses bras puis de ses jambes se tendirent avec une extrême lenteur, confirmant ce qu'il sentait déjà. On lui avait lié les pieds et les mains à une chaise grâce à des entraves de plastique.

Ses côtes ne lui faisaient plus mal, et là aussi il sentait quelque chose contre sa peau. Un bandage?

Satisfait de se premier examen il se concentra sur les sons ambiants.

D'abord il n'entend rien d'autre qu'un silence épais. Et puis la rumeur de voix se rapprochant lui parvint. Des personnes venaient vers l'endroit où il  se trouvait...

Il ouvrit ses yeux bleus sans bouger, continuant de respirer avec la régularité d'un dormeur.
Ses yeux passèrent d'abord sur son pantalon noir, à l'air vaguement militaire mais dont le tissu était trop confortable pour appartenir au XXIème siècle. Il ne portait plus sa chemise ni la veste qu'il avait volé mais un T-shirt lui aussi noir.
On avait pris ses vêtements. Était-ce une prison?

Les voix s'étaient arrêtées non loin, toujours incompréhensibles mais toutes proches. Il y avait une femme et un homme.

Ses yeux remontèrent, toujours sans qu'il ne bouge aucun muscle. L'agent se trouvait assis devant une table de métal gris acier. En face de lui une chaise vide assortie attendait sans doute un interrogateur.
Les murs de la pièce étaient noirs et... Métalliques? Il n'en était pas sûr mais c'est l'impression que lui donnait la texture et la déformation des sons.
Il se trouvait dans une boite de métal. Un conteneur? Une cellule futuriste?

Varig réfléchit rapidement. S'il avait été sûr d'être seul il aurait sans doute essayé de se rapprocher de la table et de frotter ses liens contre le métal en espérant en venir vite à bout. Malheureusement il était presque sûr d'être surveillé. Il le sentait. Aussi il ne bougea pas, réfléchissant à toute vitesse.

A l'extérieur, les voix se turent subitement. Quelques secondes plus tard l'agent entendit un bruit de tôle sur sa droite et le claquement du serrure qu'on ouvre. On entrait dans sa cellule...
Il ferma les yeux, toujours immobile.

La porte se referma suivi d'un bruit de pas sur le métal se rapprochant. Le froissement d'un sac en papier que l'on dépose se fit entendre. L'agent ne broncha pas, ses traits toujours détendus et la respiration régulière.

-Bonsoir Varig. Je suis Sofia. Comment te sens-tu?

L'agent ne broncha pas, notant mentalement l'information. Bonsoir. Soit il avait dormi 24 heures soit ils étaient toujours la nuit. Elle connaissait aussi son nom, ce qui n'avait rien d'étonnant puisqu'il était écrit sur ses papiers de 2013 restés dans son manteau.

Sofia... L'homme au capuchon avait dit ce nom dans l'impasse. Sans doute leur chef, ou au moins leur supérieur.
La femme poussa un soupir. Sa voix était douce, polie par l'âge, avec un infime accent que l'agent ne put identifier.

-Je sais que tu ne dors plus et nous avons beaucoup à nous dire. Tu n'as rien à craindre de moi, alors répond moi. Comment te sens tu?

Varig n'hésita qu'une seconde et ouvrit les yeux avant de se redresser avec lenteur. Sofia devait avoir la cinquantaine, peut être même un peu plus. C'était une belle femme avec un visage inspirant la confiance, des yeux noisettes et des cheveux châtains coiffés en une tresse. Elle portait un caban noir avec une petite écharpe blanche et des gants assortis.
Un sac en plastique était posé sur la table à côté de son bras.
L'agent se méfia aussitôt d'elle. Sa gentillesse n'était probablement qu'une façade...

-Comme quelqu'un qui a été kidnappé, assommé et qui s'est réveillé attaché à une chaise sans la moindre explication, répondit-il plus sèchement qu'il ne l'aurai voulu. Qui êtes vous? Pourquoi me retenez vous ici?

Sofia sourit d'un air désolé, sans fuir ses yeux bleus.

-Je vais répondre de mon mieux à tes questions. Je comprend que tu te sente menacé, mais je ne te veux aucun mal.

Elle poussa le sac plastique vers lui.

-Je t'ai apporté à manger. Tu dois avoir faim, non? Nous serons plus à l'aise pour parler si tu as le ventre plein. Je peux te libérer les mains si tu me promet de m'écouter calmement. Drake a tenu à ce qu'on t'attache. C'est celui auquel tu as cassé le bras. Il va s'en remettre mais je crois qu'il t'en veux.

L'agent la scruta. Il avait été formé aux interrogatoires. Sofia jouait manifestement au "gentil flic". Autant entrer dans son jeu...
Il fit un sourire faussement désolé.

-Il était armé, et j'étais plutôt sur les nerfs, je lui ferais mes excuses. Vous avez ma parole, je me tiendrais tranquille.

La femme se leva et contourna la table avant de dégainer un petit couteau. Elle fit sauter les attaches à ses poignets en quelques secondes. Manifestement l'outil était acéré...
Varig resta immobile, observant le couteau à portée de main. Il pourrait s'en emparer, prendre Sofia en otage et quitter les lieux...

D'un autre côté "ils" auraient put le tuer facilement dans son sommeil. Quelque chose lui disait que cette femme ne lui voulait pas de mal pour le moment, et que le couteau à sa portée n'était qu'un test.

S'il voulait agir il le ferait plus tard, à un moment inattendu. Il ne perdait rien à écouter son "hôte" en attendant.
Il se massa les poignets tandis que Sofia retournait s’asseoir en face de lui. Elle replia le couteau et le remis dans sa poche comme si de rien n'était.

-Mange je t'en prie.

L'agent s'empara du sachet avec une retenue polie et inspecta le contenu. Des frites, une sorte hamburger, deux verres de boissons, un gros muffin... Le repas de l'américain moyen.
Malgré lui il se sentit reconnaissant. Il était affamé et assoiffé.

Il s'attaqua donc au "menu" avec un entrain à la limite de la voracité.
Sofia se contenta de le regarder manger pendant presque une minute sans rien dire. Finalement elle brisa le silence.

-J'aimerais que tu m'explique ce qui s'est passé ce matin.

Varig acheva de mâcher sa dernière bouchée en réfléchissant à sa réponse.

-Beaucoup de choses à dire vrai. Y-a-t-il un moment précis de ma matinée dont tu aimerais que je parle?

Le passage au tutoiement ne sembla pas gêner Sofia, pas plus que la réponse de l'agent. Elle se leva et s'adossa à la paroi de métal.

-Ce matin en pleine cérémonie du bi-centenaire des Disparus, plus d'une centaine de personnes se sont matérialisées au milieu de la foule. La milice Eraser a rapidement bouclé les lieux et embarquée les nouveaux venus, mais certains ont put s'enfuir. Je savais déjà que ces "suspects" étaient habillés comme au XXème siècle et ne portaient aucune puce d'identité. Je sais aussi que l'un d'eux a causé une vraie panique dans le métro et réussi à échapper aux Erasers. Malgré cela la milice n'a diffusé aucune image, aucun avis de recherche aux médias. Tout est resté en interne. J'aimerai que tu me dise ce que tu sais de ces événements.

Elle disait tout cela d'un ton neutre mais Varig sentait qu'elle guettait sa réaction. Il aurait parié qu'elle savait plus qu'elle ne voulait en dire... Après tout elle avait vu ses papiers d'identité, et ses sbires l'avaient retrouvés seulement quelques heures après tout ça. Pourtant elle ne ressemblait pas à un policier, ou un officier militaire. Sa façon de parler de la blessure de Drake, de lui apporter à manger, de trancher ses liens en se mettant en danger pour le tester... Une espionne?
Il prit calmement une gorgée d'une des boissons. Une sorte de Coca-Cola en plus sucré et moins piquant.

-En admettant que je sois au courant de quelque chose, pourquoi j'en parlerais à ceux qui me retiennent prisonnier? Je ne sais rien de toi ou de ceux pour qui vous travaillez.

Sofia ne s'offusqua pas plus de cette réponse que de la précédente. La tactique la plus basique qu'on ait enseigné à Varig lors d'un interrogatoire était de retourner les questions, ne jamais donner d'information même minime sans contrepartie.

-Je suis là pour t'aider...
-Vous aidez souvent les gens en les kidnappant? la coupa-t-il.

La femme soupira, le visage soudain étrangement triste. Elle esquiva sa remarque.

-Ici ou dehors nous sommes tous entourés de murs... Prisonniers du conseil, prisonniers de cette ville.

Conseil... Il avait déjà entendu ce terme, sur le quai du métro. Que voulait-elle dire? Contournait-elle sa question?
Sofia se reprit, et se mit à nouveau à sourire.

-Mes ordres étaient de te ramener sans utiliser la violence, pas de te kidnapper. Je suis désolé que cela ait mal tourné... Tu n'es pas forcé de rester ici si tu ne le veux pas. Si tu le désire je peux te libérer dans la minute.

Varig étudia le visage de la femme, cherchant à lire le mensonge. Sans succès.

Les hommes qui l'avaient pris en chasse n'avaient sortis leurs armes que pour tenter de l'endormir au moment où il risquait de leur échapper définitivement. Peut être disait-elle la vérité, et peut être bluffait-elle.
D'un autre côté sans argent, sans affaires et sans informations il n'irait plus très loin. Il était à moitié mort de faim avant même d'arriver ici.
Il avait besoin d'elle et elle devait le savoir.
Lentement il reposa son verre et remis ce qu'il avait sortit dans le sac.

-Ce matin à mon réveil nous étions le 12 avril 2013. Je suis né le 9 juillet 1988 à Madison dans l'Etat du Maine. Mais ça vous devez déjà le savoir après avoir vu mes papiers d'identité... Avant que je vous en dise plus, je veux que vous m'expliquiez où et quand je suis. C'est non négociable.

Sofia le scruta à son tour, cherchant le mensonge mais ne parut pas surprise. Varig soutint son regard, sans ciller.
Apparemment satisfaite de ce qu'elle avait vu, elle finit par hocher la tête.

-D'accord.

Avec lenteur elle tira la chaise et se rassit, comme s'ils venaient de franchir une étape. Elle sortit un petit rectangle noir de la taille d'un paquet de cigarette d'une de ses poches et tira dessus  à deux mains.
Celui ci se sépara en deux parties reliées par deux tiges couvertes de circuits électroniques. Elle tira à nouveau pour séparer le rectangle original en quatre parties, toutes reliées par les circuits. Un écran holographique s'alluma dans l'espace ainsi formé et un petit hologramme sphérique apparut, couvert d’icônes et de symboles. Sofia le fit tourner lentement jusqu'à trouver ce qu'elle cherchait. Elle appuya sur une icone et la sphère disparu.

Elle fit glisser la tablette jusqu'à lui. Une vieille photo de décombres au milieu desquels erraient des soldats américain s'était affichée sur un écran holographique crée entre les 4 parties noires de la structure originale.

-En 1977 un météore est tombé dans le centre ville de Madison, détruisant une bonne partie des bâtiments. Il y a eu de nombreux morts et blessés. L'armée a été appelée en renfort pour aider à déblayer les ruines, mais peu après les premiers syndromes "Evolves" se sont manifestés dans la population. Sais tu ce que c'est qu'un Evolve?

Varig secoua la tête, cherchant plus d'informations dans son esprit. 1977, la première année du Mandat de Jimmy Carter. Une foule d'événements lui venaient à l'esprit, mais aucun vraiment utile. Il attendit la suite.
Sofiafit glisser la photo remplacée par schéma d'ADN dont une zone était en surbrillance.

-Il s'agit d'une mutation s'appuyant sur un gène présent dans le code génétique de jusqu'à 40% de la population humaine. Après la chute du météore environ le quart des "porteurs" se sont trouvés dotés d'un pouvoir, plus ou moins puissant et plus ou moins destructeur pour eux même... Et les autres.

L'agent secoua la tête.

-Vous essayez de me faire croire qu'un simple gène peut transformer un individu lambda en surhomme? C'est une aberration scientifique.

Sofia sourit.

-Je suis tout à fait d'accord, mais c'est un fait pas une théorie. Le processus par lequel on devient un Evolve est mal compris, pourtant on a démontré qu'il était bien basé sur la présence d'un gène spécifique. Malheureusement la mutation s'accompagne aussi de perturbations physiques et... Mentales, souvent violentes. J'ignore comment mais l'armée américaine a réussi à neutraliser cette menace. Le secret a été gardé sur l'existence des Evolves, et on en a plus parlé. Une unité spéciale a été maintenu sur place pour surveiller tout retour de cette... Mutation. Des soldats considérés comme indésirables dans d'autres postes. Ces gardiens mis en place préventivement sans connaitre leur rôle portent un nom très évocateur de leur travail...

Varig compléta sa phrase en se penchant en avant. Son esprit fonctionnait à toute vitesse pour suivre ce que Sofia lui apprenait.

-... L'unité Eraser. Ceux qui effacent. Prêts à détruire les preuves de ces événements. Sauf qu'une autre météorite est tombée en 2012, et que ces Evolves ont réapparut. Pourquoi cette fois les Erasers n'ont pas réussi à... Contrôler la menace?

Le sourire de Sofia s'étendit. Manifestement son "hôte" avait mis le doigt sur le point important.

Un groupe de soldats cagoulés alignés au garde à vous face à un drapeau américain s'afficha sur l'écran. Ils se trouvaient sur la place centrale une base militaire, et Varig reconnut les collines boisées entourant Madison derrière eux.

-On ignore quelle mesures ont été prises en 1977 pour éradiquer l'épidémie, et peut être même qu'elle s'est arrêtée toute seule. Mais manifestement en 2012 ce n'était plus possible. Les cas n'ont fait que se multiplier. Et nous en arrivons à ce fameux 12 avril 2013 dont tu parlais un peu plus tôt. Tu sais déjà ce qui s'est passé: ce jour là des dizaines de personnes se sont volatilisées. Impossible de garder le secret là dessus. Les questionnements et les troubles n'ont cessé de se renforcer jusqu'à ce qu'en 2016 le gouvernement américain reconnaisse officiellement l'existence des Evolves, dévoilant les preuves qu'il détenait au reste du monde.

D'autres images défilaient à mesure qu'elle parlait. Des coupures de journaux, une photo de ciel étoilé sur lequel le météore était clairement visible, un grand tableau comprenant les photos et le nom des disparus -à moins qu'il ne s'agisse d'Evolves-, le président américain sur une tribune et enfin des soldats cagoulés bloquant une rue tandis qu'ils embarquaient un jeune homme torse nu qui pleurait, traîné vers un camion de détention.
L'agent se laissa aller en arrière.

Tout ce que disait Sofia collait avec les dires d'Elena et ce qu'il avait entendu à la télévision un peu plus tôt dans la journée. Cela expliquait aussi l'arrestation du prêtre et la précipitation des américains à contrôler les fuites à ce sujet. Les moyens engagés pour surveiller la ville...
Pourtant il ne parvenait pas à y croire.

Une conspiration dans les hautes sphères du pouvoir américain qui aurait caché un crash de météorites donnant des pouvoirs à certains habitants d'une petite ville américaine... Qui plus est deux impacts au même endroit à 35 ans d'intervalle, c'était un hasard presque impossible.
Aussi impossible que des sauts dans le temps.

Il voulu se lever mais les liens à ses chevilles l'en empêchèrent. Sa chaise était fixée solidement au sol. Il grimaça mais ne demanda rien.
La tête lui tournait un peu, et il reprit une gorgée de la boisson devant lui.

-Continue, finit-il par lâcher.
-Les autorités ont d'abord opté pour la répression pure et simple des "malades". Arrestations arbitraires, tortures, expérimentations... C'est en partie en réaction à cette stratégie qu'un groupe appelé Searsmont s'est formé. Cette secte considère les Evolves comme l'aboutissement du genre humain. Il se fastidieux de t'expliquer tous les soubresauts politiques causés par les pro et les anti Evolves à Madison, mais ce fut plutôt agité et parfois sanglant. Vers la fin du XXIème siècle les météores ont commencé à tomber aux quatre coins du monde et les Evolves sont apparus dans divers pays, réduisant l'attention dont bénéficiait Madison. La ville s'est entouré d'un grand mur protecteur et ses dirigeants se sont éloignés des Etats-Unis, prenant finalement leur indépendance. La milice Eraser est devenue l'armée de cette ville, sa police et son unique force de sécurité. Au XXIIème siècle la coexistence humain Evolves s'est peu à peu organisée...

Les photos continuèrent à défiler. Des cadavres mutilés ou criblés de balles, des décombres portant des traces d'explosion, des logos inconnus, un immense mur en construction dominant les buildings, une conférence de presse, un meeting. Varig leva la main pour la couper le discours, légèrement sonné par la masses de révélations à digérer.

-Temps mort. J'ai besoin d'une pause.

Il reprit une gorgée de sa boisson, observant sans la voir l'image affichée sur l'appareil.

-Les USA ont laissé faire ça? finit-il par lâcher.
-Ils avaient d'autres urgence à gérer et Madison avait perdu tout intérêt depuis la chute des météores. Ils n'ont pas vraiment eu le choix. De toute façon c'était un gouffre financier pour le budget fédéral.

L'agent acquiesça. Effectivement, cela semblait se tenir... Autre chose l’intriguait.

-Tu semble parler des Evolves comme d'un autre peuple. J'avoue que je ne comprend pas vraiment... Ce ne sont que des humains dotés de certaines capacités, non?

Sofia grimaça, sans méchanceté.

-Le débat est ouvert. Mais nous avons pour habitude de les considérer comme une... Espèce différente des humains. Ils ne le sont plus vraiment à bien y penser, ni biologiquement ni socialement. Je suppose que tu ne peux pas vraiment comprendre ça.

L'agent hocha la tête et décida de réfléchir plus tard à toutes ces explications pour laisser Sofia continuer.

-Bref. Aujourd'hui en 2213 les tensions entre le conseil qui dirige la ville avec les Erasers comme bras armé et les Evolves sont toujours fortes. Pour les garder sous contrôle une puce GPS leur est implantée. En échange de quoi le Conseil les vaccine contre une maladie mortelle pour eux. S'ils refusent ils sont traqués et emprisonnés. A défaut d'être élégant ça maintient les choses sous contrôle.

Varig acquiesça de la tête. Il n'en savait pas assez de connaissance sur les uns et les autres pour critiquer la méthode.
Une image aérienne de la place où ils s'étaient matérialisés apparut.

-Le retour des Disparus sur cette place au milieu d'une célébration devenu un symbole pour les Evolves cause de l'agitation. La milice interroge en ce moment vos... Compagnons. Ils sont aussi surpris que tout le monde de cette arrivée et sont inquiets. Voilà, je crois que je vous ai dit tout ce que vous deviez savoir, alors à votre tour.

L'agent hésita.
Ses ravisseurs l'avaient soignés, lui avaient apportés à manger et apprit énormément de choses. Pourtant ils pouvaient aussi bien décider de se débarrasser de lui une fois qu'il aurait parlé. Il devait rester prudent. En outre elle ne lui avait rien dit qu'il n'aurait put apprendre par lui même avec un peu de temps.
Peut être lui avait-elle mentit? Pouvait-il lui faire confiance, au moins dans une certaine mesure?

-Nous marchions sur la place quand il y a eu... Une sorte de flash lumineux. L'instant d'après nous étions tous là, au milieu de la foule. Des gens sélectionnés par hasard. Au mauvais endroit au mauvais moment.

Il ne parla pas de sa rencontre avec Elena ou de la réaction de la milice. Il préférait garder ses informations au maximum.
Sofia se pencha en avant, toujours souriante.

-Admettons que ce soit le hasard, mais alors j'aimerais savoir Varig Cross... Qu'est ce qu'un homme aussi dangereux que toi faisais à Madison, sur cette place?
-Je te l'ai dit le hasard. Ou le destin, peut être aimez vous donner un nom particulier à ce genre de choses?

Aussitôt il regretta cette réponse. Son interlocutrice recula, le visage fermé et plia son cube électronique qui retrouva sa taille d'origine.

-Vous avez échappé à la milice, failli réussir à fuir mes hommes et expédié à l’hôpital une dizaine de personnes en moins de 12 heures dans cette ville. J'ai vu les enregistrements des passants dans le métro. Vous vous battez et vous bougez comme un professionnel entraîné. Et vous savez quoi? La police a fait une enquête poussée après les événements de 2013. Vous n'existez pas. Personne n'a d'informations sur vous, votre passeport est un faux et vos bagages ont explosé au nez des enquêteurs. Vous n'êtes pas un Eraser non plus, et votre test sanguin est négatif au gêne Evolve. Alors je répète ma question, en vous conseillant de ne pas mentir. Que faisiez vous à Madison monsieur Cross?

Le ton avait perdu la chaleureuse amabilité dont elle avait fait preuve. Plus de tutoiement, plus de sourires.
L'agent hésita. Il fallait qu'il trouve une échappatoire et vite. Sofia était en train de perdre patience.
Comment se serait-il sortit de cet interrogatoire en 2013?

-J'enquêtais sur la ville, avoua-t-il pour gagner un peu plus de temps.
-Pour le compte de qui? demanda aussitôt son interlocutrice.

Varig inspira. Regarda autour de lui. Il se trouvait dans une boite de métal, sans aucun moyen de sortir, perdu dans une ville inconnue à une époque qui n'était pas la sienne. Même en s'évadant il n'irait pas loin.
Quelque soit le camp de Sofia, il devait la convaincre de son utilité. Pour ça il n'avait qu'un moyen.

-Je suis un agent secret, opérant dans une unité clandestine des renseignements. Lors de cette mission travaillais sous les ordres de Nathaniel Hawking, sous-directeur de la CIA.
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27.09.14 0:09
16 avril 2213, 4 jours après l'arrivée des Anciens

Une sonnerie insistante tira Varig du sommeil réparateur dans lequel il s'était plongé. Il se redressa lentement et s'étira, repoussant la couverture.

Le bruit émanait d'un petit rectangle noir brillant de la taille d'un paquet de cigarette. L'agent le prit à deux mains et tira dessus. Le rectangle se sépara en deux, chaque partie de l'appareil étant reliée par une fine tige couverte de circuits électroniques.
Un petit écran holographique se matérialisa au milieu du petit rectangle ainsi formé, qui avait maintenant la taille d'un téléphone de 2013.

L'agent prit le temps de lire l'heure et le nom de son correspondant avant de décrocher d'une simple pression sur le symbole affiché sur l'écran virtuel. Le tactile avait depuis longtemps été dépassé par les merveilles de la technologie holographique.

Il rapprocha ensuite l'appareil de son oreille. Contrairement à la plupart des gens du XXIIIème siècle son contact préférait les simples conversations vocales.

-Salut Cross.

L'agent bailla et jeta un coup d’œil vers l'étroite fenêtre dont était dotée sa chambre d'hôtel. Le soleil était levé et bien levé.

-Bonjour Drake. Que me vaut le plaisir d'entendre ta douce voix dès mon réveil?

Bien qu'il ne dispose pas de l'image, il imagina très bien son interlocuteur lever les yeux au ciel. Le ton de Drake était toujours sec, et il ne parlait jamais sans raison. Varig soupçonnait même qu'il aurait préféré grogner si ce mode de communication avait été suffisant pour faire passer les ordres de sa patronne.

-Sofia a un autre travail à te confier. Ce soir.

L'agent s'assit sur le bord du lit, moitié intrigué, moitié endormi. Il portait un simple caleçon, laissant voir sa musculature soigneusement entretenue. Étrangement il avait aussi gardé ses gants pour dormir, ce qui lui donnait un air comique, ou vaguement fétichiste.
D'habitude Drake l'appelait juste avant qu'il ne doive se mettre en route. Il avait encore plusieurs heures devant lui.

-Encore? Écoute j'ai dut prendre trois douches d'affilées et m'acheter de nouveaux vêtements après votre dernier boulot. Livrer des colis bizarres à des criminels patentés c'est une chose, devoir ramper dans des égouts pour échapper à une descente de milice s'en est une autre... J'ai dut prendre trois douches consécutives pour me débarrasser de l'odeur!

Un grognement amusé lui répondit, peut être la première manifestation de joie que Drake exprimait devant lui depuis qu'il le connaissait. Si "compassion" avait un jour fait partie de son vocabulaire, toute sollicitude pour Varig avait dut s'envoler dès leur première rencontre, quand ce dernier lui avait cassé une bonne partie des os du bras.

-Tu es payé pour ça. T'inquiète pas, Sofia t'as viré un petit bonus pour avoir protégé ton paquet. Elle m'a aussi demandé de t'envoyer un fichier sur ton omniphone. Tu devais être la dernière personne de la ville à ne pas être au courant.

L'agent fronça les sourcils.

-Au courant de quoi?
-Je te rappelle ce soir pour le boulot.

La communication coupa sans plus d'explications, et l'agent soupira avant de faire reprendre à l'appareil sa forme initiale.
L'esprit encore encombré par des brumes du sommeil, Varig se frotta les yeux.

Cela faisait maintenant plusieurs jours qu'il avait été victime du "bond temporel". Plusieurs jours aussi qu'il travaillait pour "Sofia" et ses acolytes.

La nuit où ils l'avaient kidnappé s'était terminée de façon inattendue. Sofia l'avait longuement interrogé, tenté de trouver des incohérences, posé de multiples questions parfois étranges. L'agent avait été préparé à ce genre de situations et avait mentit avec aplomb, livrant pèle-mêle mensonges et demi-vérités, construisant l'histoire qui serait désormais la sienne:
Le sous directeur de la CIA soupçonnaient un complot dont il avait localisé une émanation à Madison. Varig s'était porté volontaire pour enquêter. Son nom et son dossier avait été effacé pour qu'il intervienne discrètement en territoire américain.

Si Sofia avait été déçue du peu de renseignements qu'il avait à offrir sur le mystérieux "transfert", les Erasers, les Evolves et tous les événements de Madison elle n'en laissa rien paraître.
Une fois qu'elle avait épuisé ses nombreuses questions, elle l'avait laissé seul un moment et à son retour lui avait proposé de travailler avec "eux". Il avait questionné, fit mine d'hésiter, mais cela n'avait pas été très crédible. Traqué par la milice, perdu dans un monde inconnu et une ville-prison, quel autre choix avait-il que de se raccrocher à cette chance inespérée?

Il s'était réveillé le lendemain matin dans une chambre d'hôtel inconnue. Depuis son "travail" pour Sofia s'était résumé à livrer d'étrange boites scellées à divers criminels et trafiquants qu'elle lui indiquait. Il ne savait rien de leur contenu, ni même de pour qui il travaillait.

Malgré ces désagréables incertitudes, sa situation s'était considérablement améliorée. Certes la milice le recherchait toujours. Il devait changer d'hôtel chaque nuit et cachait son visage dans la rue. Il s'était fait couper les cheveux, masquait ses yeux bleus derrière des lunettes de soleil et ne quittait presque jamais ses gants pour ne pas laisser d'empruntes. La routine de ses cavales en somme...
Sofia lui avait fournis un omniphone, le payait royalement pour ses "livraisons" et il passait une bonne partie de son temps libre à assimiler un maximum de connaissances sur ce nouveau monde. Il avait un fossé de deux siècles à combler...

Un travail au contact de la pègre de Madison, du temps pour s'adapter et réfléchir... Oui, décidément tout n'allait pas si mal.

Il se leva et s'étira. La journée commençait...
La veille il s'était abondamment nettoyé des remugles de sa virée nocturne, aussi mit il directement ses vêtements propres. Ceux qu'il portait la veille avaient déjà finit dans une benne à ordure.
Il enfila une paire des indémodables rangers noires et un pantalon gris sombre doté de larges poches. Un T-shirt noir sagement plié l'attendait sur une chaise, accompagné d'un Swit-shirt doté d'une capuche et d'une grosse veste en cuir dont il pouvait définir la couleur et les éventuels motifs grâce à son omniphone.

Une fois ses lacets serrés il récupéra l'appareil pour regarder le dossier dont parlait Drake sur ce fameux événement. A nouveau il tira dessus en quelques gestes précis dont il commençait à avoir l'habitude. Le rectangle d'origine avait éclaté en quatre cubes, reliés par de longes tiges. Il plia le côté le plus long, l'inclinant légèrement. Un clavier holographique apparut sur la partie basse tandis qu'un écran se matérialisait dans la partie haute. Une petite sphère apparut également, complétant l’installation.
Varig avait maintenant entre les mains un petit ordinateur portable.

Il attrapa la sphère holographique de sa main droite et navigua rapidement à travers l'interface. Il ne lui fallu que quelques secondes pour trouver le fichier de Sofia, intitulé sobrement, "communiqué".

L'agent sélectionna la première entrée, un fichier vidéo.
Aussitôt une image holographique se matérialisa. Cinq hommes et femmes assis en cercle autour d’une table, le visage dans l’ombre.

Le Conseil... L'agent fronça les sourcils. Même lui avait reconnu le gouvernement qui régnait sur Madison. Ils n'apparaissaient que rarement, préférant travailler en coulisse.

L'homme au centre des autres se leva lentement et commença à parler.

-Chers concitoyens, je devine que vous êtes au courant des derniers événements qui ont touché notre très chère ville… Il y a quelques jours à présent, un inexplicable événement a eu lieu qui a perturbé l’ordre qui régnait jusqu'à aujourd'hui. Vous n’êtes pas sans ignorer qu’il y a de cela deux cents années, un nombre important d’individu a disparu de la surface de Madison. Nous avons pleuré ces disparitions autant que nous les avons regrettées. Mais le passé et le présent ne font qu’un et nos espoirs perdus sont revenus en même temps que ces êtres chers à nos cœurs.

Le fait qu'ils finissent par rendre publique la réapparition des "Anciens" n'avait rien de très étonnant, mais le ton et les gesticulations du conseiller laissaient penser que le cœur de son discours n'était pas là.

-Cependant, il s’agit encore d’agneaux égarés dans notre civilisation encore bien trop avancée comparée à la leur, et certains n’ont pu être retrouvés et aidés par notre généreux gouvernement…

Varig grimaça. Il se serait plutôt défini comme un loup que comme un agneau, et la fausse condescendance de l'homme ne présageait rien de bon.

-Abrège... Gonda-t-il.

-Je vous prie donc, mes chers concitoyens, de prévenir les autorités compétentes si jamais vous retrouvez l’un des disparus que nous n’avons pu secourir. La suite de ce message vous fera défiler les habitants déjà secourus, et ceux qui manquent à l’appel. Aidez-nous à sauver ces âmes en peine, guidez-les et prévenez-les ! Nous nous devons d’intervenir ! Vous pourrez accéder à la liste à tout moment sur votre bracelet si vous avez un doute. Je vous remercie de votre attention à tous, je sais que vous ferez le nécessaire pour le maintien de la paix et le climat d’entraide au sein de notre chère cité.

L'hologramme disparu, laissant l'agent à ses pensées.
Le conseil lançait une chasse à l'homme, camouflée sous des mots mielleux. Et pas seulement contre ceux qui avaient causé des troubles mais contre tous les anciens qui leurs avaient échappés. La veille les autres avaient étés remis en liberté avec une identité officielle d'après Sofia. Alors pourquoi cette annonce, ce fichage et cette langue de bois, pourquoi maintenant?
Manifestement quelque chose lui échappait.

Il ouvrit le dossier suivant. Il contenait différents sous dossiers: les Anciens "identifiés", les Anciens "en fuite" et un fichier marqué "instructions". Manifestement Sofia avait fait ce tri à son intention.
L'agent commença par le dernier, contenant un simple message écrit.

Certains des fichiers personnels ont étés marqués en rouge. Si tu repère un des Anciens ainsi signalés, appelle immédiatement et ne le perd pas de vue. 1 000$ seront virés sur ton omniphone par cible interceptée. Je met personnellement à jour la liste, régulièrement.
Sofia


L'agent siffla. Une jolie somme, le double de ce qu'il avait amassé ces derniers jours. Le conseil n'était pas le seul en chasse... Et il aurait mis sa main à couper que Sofia avait relayé l'info auprès de la pègre. Sans doute avait elle procédé de la même façon pour le retrouver lui.

Néanmoins il ne savait toujours pas pourquoi un tel intérêt. Aucune des questions de Sofia ne lui avait permis de comprendre ce qu'elle cherchait.
Il décida d'y réfléchir plus tard. Il avait d'autres choses à faire avant de se mettre au travail dont parlait Drake...

Tous ces complots autour des Anciens ne l'avaient pas empêché de décider d'une ébauche de plan: se créer des contacts et gagner assez d'argent pour quitter la ville. De là rallier l'Europe. S'il restait quelque chose du Cabinet noir, il le trouverait là bas. Tant qu'il n'y serait pas allé rien n'aurait vraiment de sens.
En attendant il devait essayer d'en apprendre plus sur Sofia et ses intentions. Il avançait à l'aveugle et se sentait vulnérable.
A défaut d'être un bon plan, c'était mieux que rien.

Son portrait était maintenant diffusé, heureusement entouré de dizaines d'autres. Il allait quand même devoir redoubler de prudence.
Et se procurer une arme. Sofia lui avait rendu son stylo-scalpel, mais cela ne constituait pas une défense efficace à l'âge des laser, armes à impact et autres joyeuses innovations futuristes destinées à neutraliser, brûler, désintégrer, asphyxier ou disloquer les gens.

En quelques gestes il ferma le dossier et replia l'ordinateur sous sa forme d'origine. Ceci fait il clipsa l'omniphone sur un bracelet en plastique noir qu'il avait laissé dans le tiroir de la table de nuit avec ses lunettes de soleil et son stylo.
L'agent termina de s'habiller, vérifia que ses maigres affaires se trouvaient bien dans le sac à dos qu'il s'était acheté avec sa première paie et fit un dernier tour de la chambre miteuse dans laquelle il ne remettrait sans doute plus jamais les pieds. Il laissait l'endroit dans un meilleur état qu'à son arrivée mais n'avait rien oublié.
Il déverrouilla la porte et sortit.

-En route pour une nouvelle journée dans le Meilleur des Mondes, lâcha-t-il pour lui même en passant le seuil de la chambre.


RP CLOS



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La sueur épargne le sang
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