Le Deal du moment :
ETB Pokémon Fable Nébuleuse : où ...
Voir le deal

 :: Un jour, ailleurs... :: Dans le passé :: Rps clos Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Le prix de la peur : Épilogue
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



20.07.15 15:48
Précédemment

Journal

Je suis en vie. Mon cœur bat, l'air emplit mes poumons et mon sang coule dans mes veines au rythme de ce son.

Bip. Bip. Bip.
Bip.

Autour de moi, on parle, on s'agite. Les voix forment un bruit de fond que mon cerveau analyse sans le comprendre. Aussi vide que les bips de la machine. Les bips de mon cœur.

Je vois. J'entends. Alors les blouses blanches s'acharnent à me parler, à montrer des images et à me piquer.
Mais le plus souvent, ils me laissent seule. Sans doute parce que je reste ainsi, sans réagir.
A quoi bon? Pourquoi?

Parfois d'autres personne viennent me voir. Je ne les connais pas, mais ils parlent, semblent attendre quelque chose et repartent. Ils me laissent indifférente.

Samuel vient, surtout. C'est le seul que je reconnais, mais c'est comme un souvenir trop lointain pour pouvoir vraiment l'atteindre. Je crois que c'est quelque chose d'agréable. Loin des cauchemars.
Parfois il parle, mais le plus souvent il me regarde en silence. Quelques fois sa main me touche la main ou embrasse mon front.
J'aimerais tant me souvenir... Comprendre pourquoi il fait ça. Je crois que c'est important, mais j'en suis incapable.

Aucun ne veut comprendre que tout m’indiffère désormais. Ce qui reste de moi n'est qu'un souffle, un murmure trop fragile pour être entendu.

Je veux juste m'endormir.
Je veux juste mourir.



27 mai 2213, 9h13
4 jours après l'assaut


Une lourde odeur d’hôpital flottait dans la chambre, mélange de désinfectant et d'une discrète touche de parfum diffusée par des fleurs posées près du lit.
Une machine médicale battait régulièrement la mesure du cœur de l'occupante des lieux, un rythme calme et constant. Endormi.

Assis à coté du lit, Varig observait le visage de Nora avec une expression indéchiffrable.
La jeune femme semblait détendue et tranquille, deux qualificatifs qu'on pouvait très rarement lui appliquer.
Il savait qu'elle ne tarderait pas à se réveiller, puisqu'on avait coupé la perfusion qui la maintenait en sommeil.

De toutes ses blessures et de toutes ces heures de danger extrême il ne restait de visible qu'un petit impact violacé sur sa pommette. Le médecin l'avait bien soignée, recousue par endroits et même réparé l'horrible blessure de sa main, non sans jurer abondamment. Qu'on ait maltraité ainsi sa base de travail le plongeait toujours dans une colère noire...

Varig l'avait empêché d'effacer les marques, laissant le corps de la blessée dessiner de nouvelles cicatrices.

L'agent laissait encore son esprit dériver quand soudain le rythme des battements s’accéléra. Quelques secondes plus tard la jeune femme ouvrit les yeux.

Aussitôt, Varig s’avança pour prévenir une éventuelle tentative malheureuse de se lever.

-Doucement. Tu es en sécurité, lâcha-t-il d'un ton apaisant. Tout va bien.

Il laissa s'écouler plusieurs secondes, le temps nécessaire pour qu'elle reprenne ses esprits. Elle devait bien comprendre ce qu'il allait dire.

-Tu es restée dans le cirage presque quatre jours, annonça-t-il brutalement. "On" t'as retapée mais c'est pas passé loin. Comment tu te sens?

Varig avait déjà put expérimenter combien cette question en apparence anodine pouvait être importante. Surtout quand on venait de subir autant d'épreuves.
Cela l'obligerait aussi à réfléchir à sa réponse, à rassembler ses esprits.
Il écouta ce qu'elle avait à dire calmement, avant de fournir plus d'informations.

-Marie est vivante.

C'était probablement la première chose que l'Eraser avait besoin d'entendre. Il laissa passer quelques secondes avant de poursuivre.

-On l'a récupérée, avec Candrana en attaquant l'endroit où ils t'ont emmenée. Rills est dans une cellule. Corbyn et Ward sont morts.

Il avait lâché cette dernière information avec calme, sans trahir la moindre émotion.

-J'aurais pas mal de choses à t'expliquer, mais ça peut attendre. Mes employeurs se sont... Occupé des répercussions. Ta disparition est couverte et l'affaire va être enterrée. Leng est affaibli mais sans Ward il a l'air de réussir à reprendre le dessus. C'est fini. Personne ne connaîtra la vérité.

Encore une fois aurait-il put ajouter.
Il marqua une nouvelle pause. Il avait assez parlé pour le moment, et la jeune femme devait déborder de questions.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



20.07.15 17:01

Le silence et la chaleur. L’absence de douleur. L’envie de rester ainsi sans bouger. C’était ce qu’était en train de ressentir l’Eraser. Les yeux clos, elle se laissait tout simplement bercer par ce son, ce rythme régulier, celui d’un cœur. Elle s’était faite cette réflexion aussi, la dernière fois. A cette pensée, le bip s’affola et elle ouvrit immédiatement les yeux. Elle se souvenait que trop bien ce qui lui était arrivée la dernière fois qu’elle avait entendu ce son. Et même si elle se sentait mieux, elle ne pouvait pas rester calme plus longtemps. Elle devait savoir. Savoir où elle se trouvait et surtout, avec qui. Ses yeux s’ouvrirent rapidement et elle essaya aussi de bouger et de se lever. Pas paniquée, mais c’était pas très loin. Sauf que son regard finit par croiser celui de Varig et ses paroles eurent l’effet escompté sur la jeune femme, qui retomba doucement dans le lit. Elle le dévisagea quelques secondes avant de balayer la chambre des yeux. C’était quoi, ces fleurs ? Détails trop insignifiants pour qu’elle en fasse la remarque à voix haute, pour le moment. Elle reporta son attention sur l’homme qui était à ses côtés et elle se souvint vaguement de leur dernière rencontre. Elle devait être à moitié mourante et lui, dans une merde importante avec les explosifs qui devaient être installés. Elle ne savait pas encore comment il s’en était sorti, mais elle était soulagée de le voir vivant. Sincèrement. Elle hocha faiblement la tête, signifiant par là qu’elle l’avait bien entendu et surtout, comprit. Elle ne tenterait pas de bouger, pour le moment. Quatre jours ?! Il plaisantait là ? Elle écouta la suite, tout en le lâchant des yeux pour regarder sa main droite. Elle grimaça légèrement en découvrant la cicatrice toute fraiche qui s’y trouvait. C’était franchement pas top et qui s’étendait de son pouce jusqu’à son poignet et jusqu’à la moitié du dos de sa main. La peau était tirée par endroit, ne formant plus une surface lisse et uniforme. Mais une réelle cicatrice liée à une brulure. Elle fit glisser son index sur cette texture, et fit bouger ses doigts de ma main droite. Les pliant et dépliant plusieurs fois, pour s’assurer de ne pas avoir perdu de sa motricité. Il lui faudrait probablement un peu de temps pour être de nouveau parfaitement réactive mais ça devait le faire. Sans répondre à son interlocuteur et sans s’occuper de sa présence, elle souleva sa blouse. Elle voulait savoir ce qui était advenue de ce trou que l’autre connard lui avait fais. Elle n’avait pas de souvenir très net, puisqu’il y avait eu pas mal de sang dès le départ, mais en voyant ce point cicatriciel, elle fut étonnée qu’il ne soit pas plus conséquent. Bon, c’était surement aussi bien, plus gros, ça aurait été encore moins sexy. Elle fit glisser ses doigts sur cette nouvelle marque, de nouveau. Peut-être pour s’assurer que tout était réel. Ca lui paraissait presque loin à cet instant. Comment elle se sentait ? Honnêtement ? Elle n’en avait aucune idée.

« Bien, je suppose. Compte tenu de ce que je me souviens. »


Et c’était surement la réponse la plus honnête qu’elle pouvait lui servir. Elle aussi, elle avait des questions à lui poser. Sans savoir par laquelle commencer. Elle le remercia alors quand il décida pour elle. Marie ? Vivante ? Un soupir de soulagement lui échappa.

« Tant mieux. »


Ils n’avaient pas trop merdé, en fin de compte. Le tout, était de savoir comment elle allait maintenant. Corbyn lui avait-il aussi extrait des hormones ? Jusqu’à quel point ? Nora l’écouta en silence pour la suite. Avec ce qui s’était passée, elle en avait oublié Candrana mais elle apprécia de savoir qu’elle aussi, elle était sauvée. Rills en cellule ? Parfait. Même si c’était un peu trop doux à son goût. Quant à la suite...Corbyn mort ?! Cette annonce ne lui plut pas des masses. Elle aurait aimé le tuer elle-même. Tout ce qu’elle espérait, c’était qu’il avait souffert. Quant à Ward, elle n’en était pas plus étonnée que ça. Si Varig pouvait surement lire sur son visage tout ce qui se passait dans son esprit -parce qu’elle n’avait pas la moindre envie de cacher ses émotions- c’était pas la même chose pour lui. Il était presque égal à lui même et elle se rendit donc compte qu’elle n’allait peut-être pas si bien que ça. Sinon, elle ne se laisserait pas autant aller. Tant pis. Il l’avait vu à moitié morte, elle ne pouvait pas faire pire moment de faiblesse en sa présence.

Ses employeurs ?! Elle le regarda, haussant un sourcil par la même occasion. Ils couvraient tout ce qui venait de se passer ? Alors qu’il y avait autant de disparition ? Et d’emmerdes autour de cette enquête ?

« Je vois... Je suppose que ça devrait pas m’étonner... »
Commença-t-elle. Par où aller ensuite ? Elle avait un peu trop de questions qui lui brulaient les lèvres. « Tu as employé plusieurs fois le « on »... C’est qui ? Et comment ils ont bidouillés pour ma disparition ? J’aurai du recontacter mon collègue depuis... Un moment. »

Même s’il lui avait dis que ça faisait quatre jours qu’elle dormait, elle était incapable de savoir quel jour ils étaient. Alors c’était surement la question la plus importante. Même si elle doutait qu’il allait lui répondre. Nora ferma alors les yeux. Bien que tout ça avait l’air d’être une histoire ancienne, il y avait quelque chose qui lui restait sur le cœur. Elle allait surement détester les prochaines minutes qui allaient suivre, mais elle se devait de parler. La jeune femme rouvrit les yeux pour le fixer, ça allait rester comme moment mémorable, ça.

« Je vais le dire maintenant, pour en être débarrassée et passer à autre chose... Je suis désolée... De t’avoir torturé, je captais pas que c’était toi... »


Si le début avait été dis sur un ton presque d’obligation, la suite par contre avait été prononcée de façon parfaitement sincère. Ouais, elle s’était sentie mal quand elle avait retrouvé sa mémoire pendant ce laps de temps, revoir le combat et la séance de torture. Et ce con, il ne l’avait pas laissé crever dans cette pièce !

« ... Et merci. »

Voila. C’était dis. Ils pouvaient passer à autre chose. Pas la peine de rester là dessus pendant trois heures. Nora inspira profondément, écoutant ces potentielles réponses et pourquoi pas, des reproches ?

« Pourquoi Corbyn a été tué ? Il aurait pu nous donner le nom de son... »
Reprit-elle pour changer rapidement de sujet.

Mais elle s’arrêta en plein milieu de sa phrase, le scientifique avait donné un nom... Monsieur.. Crowell ? Loriel ? C’était quelque chose comme ça !

« Lowell. C'est lui qui payait Corbyn. » Finit-elle par lâcher.

Et s’il lui disait de laisser tomber ? La mission avait été de récupérer Marie et c’était chose faite. Apparemment.
Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



22.07.15 10:20
Après que Varig ait parlé, Nora se mit à son tour à poser des questions, les interrogations importantes. A sa place, l'agent aussi les aurait posé, mais il se contenta pourtant de répondre:

-On en parlera plus tard. Nous avons le temps, maintenant...

... Maintenant que notre enquête est finie, n'ajouta-t-il pas.
L'Eraser ferma les yeux, et une seconde L'agent craint qu'elle ne se mette en colère et exige qu'il lui donne sur le champ des réponses qu'il ne pouvait lui donner.

Pourtant quand elle les rouvrit il n'y avait aucune trace de rage ou d'énervement... Plutôt de gêne.
La lassitude devait la rendre plus patiente... A moins que les épreuves qu'elle avait subit n'ait entamé son sale caractère. Pour le moment elle semblait accepter sa réponse.

-Je vais le dire maintenant, pour en être débarrassée et passer à autre chose... Je suis désolée... De t'avoir torturé, je captais pas que c'était toi...

Les mots peinaient à exprimer ce qu'elle voulait vraiment dire. Mais elle était sincère, et Varig inclina la tête avant de lui tendre la main, paume ouverte.
L'Eraser dut comprendre le signe, à moins qu'elle ne se souvienne du geste qui les avait unis dans le laboratoire de Corbyn, puisqu'elle vint la saisir solidement.

-... Et merci.

L'étreinte se prolongea quelques secondes, avant que leurs mains me se séparent.
Le silence dura, sans que Varig ne cherche à le briser. C'était à l'Eraser de s'exprimer.

-Pourquoi Corbyn a été tué? lâcha-t-elle finalement. Il aurait pu nous donner le nom de son... ?

Elle s’arrêta soudain, comme frappée par une évidence. Ses sourcils se froncèrent de concentration.

-Lowell, C'est lui qui payait Corbyn.

L'agent sourit avec douceur, apaisant.

-On sait pour le docteur Lowell, et on le débusquera.

Il marqua à nouveau une pause, mais ne laissa pas le silence s'installer.

-Ces derniers jours on a appris beaucoup de choses...

L'agent passa les minutes suivantes à lui expliquer le complexe enchevêtrement de manipulations auquel ils avaient étés mêlés.

Corbyn, ancien scientifique à la réputation plus que sulfureuse s'était enterré à Madison pour fuir l'Amérique du Sud, devenue trop dangereuse pour lui. Officiellement membre de l'EE, il poursuivait en fait de sombres expériences grâce à un réseau d'immigrés illégaux, des victimes parfaites qui n'existaient même pas pour les autorités. Son travail discrètement, mais en poursuivant Chai Leng, Ward et Lee avaient détruit sa "source d'approvisionnement". Il avait dut alors se fournir ailleurs, en attirant bien plus l'attention, kidnappant des laissés pour compte. Il avait dut louer les services d'hommes de main jusqu'à ce que Ward ne vienne le voir en tant que patient Evolve.
Impossible de dire comment avait germé l'idée de l'utiliser, ni ce qui avait poussé Corbyn à se tourner contre Leng. En tout cas son "pantin" avait mis en scène sa propre mort, et fait arrêter l'associé principal du chef de gang comme responsable. Pendant des mois il s'était caché avant de reprendre les kidnappings, avec un plan précis cette fois.
Harcelant Leng, Corbyn avait tissé une toile autour de lui, faisant reprendre contact Lee et Ward. Le moment venu, quand les enquêteurs de la milice s'approchèrent trop dangereusement de la vérité, le médecin passa à l'action.
Ward enleva Marie, et attaqua frontalement Leng, semant une foule d'indices. Lee en savait trop, et son élimination devenait nécessaire, tout en laissant la voie libre à Rills pour s'assurer que l’enquête mènerait bien à l'Evolve présumé mort, dont Corbyn pourrait confirmer comme instable et obsessionnel.
Varig et Nora avaient joué le rôle de perturbateur dans cette belle mécanique. D'abord en remontant jusqu'à Candrana -témoin improbable que Ward avait manqué- puis en identifiant l'exécutant du médecin. Le problème avait bien failli être réglé par Rills, qui avait même prit la peine de payer un faux témoin capable d'identifier Ward. Mais les chefs de Varig avaient été l'inconnue de trop dans une équation complexe, et la capture de Rills leur avait permis de remonter jusqu'à Corbyn.

Il évoqua son séjour en chambre froide et son agonie en quelques mots. Nora comprendrait surement mieux que quiconque ce qu'on ressentait quand on se croyait fini.

-Tellement de souffrances, tant de morts et de mensonges... A cause d'un seul homme.

La colère pointait clairement dans sa voix et sur son visage, glacée comme une tempête de neige.

-Il est mort peu après qu'on l'ai arrêté. Cette ordure s'est empoisonnée, sans doute par peur de la torture, ajouta-t-il. Dommage. Ward a été abattu, il voulait faire sauter le complexe.

Il n'ajouta rien, mais cette fois une sincère tristesse transparaissait sur son visage.

-C'est fini, conclut-il.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



25.07.15 17:21
En parler plus tard ? Nora fronça les sourcils à cette réponse. C’était pourtant une question qui méritait de trouver une réponse ! C’était quand même en partie grâce à ses employeurs, supérieurs ou qui-que-ce-soit pour lui, qui lui avait permit de ne pas crever comme une merde dans cette pièce trop blanche et éclairée à son goût. Mais elle était encore un peu trop fatiguée pour avoir envie de s’énerver, pour le moment. Elle ne perdrait pas une occasion pour lui rappeler qu’elle voulait une réponse mais pour l’instant, elle laisserait glisser. A croire que frôler la mort l’avait rendu plus sage ? Il fallait maintenant passer à ce qui lui tenait presque à cœur. Quelle serait la réaction de Varig ? Lui en vouloir ? Ou puisque tout c’était assez bien terminé, il allait laisser ça passer ? Quand elle vit cette main tendue vers elle, Nora eut sa réponse. Ses épaules semblèrent perdre un poids invisible. Ouais, elle était soulagée, aussi étonnant que ça puisse être venant d’elle. La jeune femme se saisit de cette main, qui lui avait permit de s’accrocher à ce moment. Elle lui en devait plus d’une et elle le savait parfaitement. Par deux fois, il l’avait sorti de la merde dans laquelle elle s’était retrouvée au cours de l’enquête. Et ça, même si ça ne lui plaisait pas des masses, elle ne pouvait pas l’oublier. Il n’avait pas été obligé de la sauver, alors qu’elle se vidait de son sang sur le sol de cette pièce et pour ça, elle se dit qu’elle pourrait probablement compter sur lui. Son regard plongea dans celui de son partenaire et elle se mordit inconsciemment la lèvre inférieure. Elle jura intérieurement en sachant que s’il le fallait, il pourrait compter sur elle. Un juste retour des choses de son point de vue. Il s’était passé un peu trop de chose pour qu’elle reste sur ses positions premières, qui était de chercher à l’arrêter une fois cette histoire terminée. Mais tout ça, elle le garderait pour elle.

Passée à autre chose, Nora reprit la parole, elle voulait comprendre ce qui s’était passé pendant qu’elle était inconsciente. Ils savaient ? Mais ils n’avaient pas encore pu le retrouver ? Cette idée ne lui plaisait pas vraiment. Elle ne savait pas pour qui il bossait mais elle était assez intelligente pour savoir qu’ils avaient pas mal de moyens à leur disposition. Et ils n’étaient pas foutu de trouver cette autre pourriture ?! Heureusement que Varig reprit dans ses explications, lui dévoilant des informations qu’elle ignorait. Elle resta silencieuse pendant son monologue, serrant parfois les dents et le poing devant ces révélations. Si les employeurs de Varig ne s’étaient pas mêlés de cette histoire, il ne faisait aucun doute que tout ce bordel serait resté impuni et Corbyn aurait pu continuer ses expériences. Et cette pensée refit apparaitre l’une de ses interrogations : pourquoi l’avait-on mit sur cette enquête ? Comment avaient-ils su le temps qui restait à vivre à Marie ? Elle lui aurait bien posé ces questions, si son interlocuteur n’avait pas poursuivit sur son passage dans la chambre froide. Elle n’avait pas les mots pour dire ce qu’elle pensait, mais son regard en disant loin. Combien elle pouvait comprendre ce qu’il avait enduré sans pour autant avoir vécu la même chose. Mais passer près de la mort, sentir ses forces quitter son corps, elle pouvait le comprendre et elle lui laissa voir dans ses iris.
La suite la surprit, non pas les paroles qui sortirent de sa bouche mais plutôt l’expression qui se peignait sur le visage. C’était rare de voir des émotions chez lui. Cette mission avait peut-être laissé ses marques sur lui également.

« Je vois. On peut donc s’estimer heureux que tes employeurs aient été sur le coup. Sinon ça aurait prit d’autres proportions. »
Lâcha-t-elle finalement.

« Mais tout n’est pas encore clair pour moi. Comment ils ont su pour Marie et son compte à rebours ? Sans ça, tu n’aurais pas été mis sur l’enquête. »


Allait-il encore esquiver la question ? Elle marqua une pause, avant d’enchainer sur une autre question.

« Et il est prévu quoi pour moi ? On ne m’a pas laissé crever, et ça me conviens. Mais on sait tous les deux que je resterais pas tranquille à la milice on sachant que Lowell court toujours. »
Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



27.07.15 0:04
À mesure qu'il achevait son récit, l'agent vit une lueur de compassion apparaître dans les yeux de Nora. Elle ne dit rien, mais son silence parlait pour elle. Il n'était pas le seul que cette affaire ait marqué dans sa chair... Même si lui n'en portait plus les cicatrices.
On pouvait difficilement parler d'amitié entre-eux, mais les épreuves les avaient assez rapprochés pour qu'ils puissent comprendre certaines choses sans qu'il soit besoin de mots. Respect mutuel était sans doute ce qui décrivait le mieux leur relation à ce moment... Et c'était déjà beaucoup.

Quand Varig eu terminé son exposé, l'Eraser resta silencieuse un moment, les yeux perdus dans le vague. Réfléchissant sans doute à toutes ces circonstances croisées et d'à quel point Corbyn avait été proche de réussir. Finalement elle lâcha:

-Je vois. On peut donc s’estimer heureux que tes employeurs aient été sur le coup. Sinon ça aurait prit d’autres proportions.

L'agent acquiesça docilement, mais elle enchaîna presque aussitôt avec de nouvelles questions.

-Mais tout n’est pas encore clair pour moi. Comment ils ont su pour Marie et son compte à rebours ? Sans ça, tu n’aurais pas été mis sur l’enquête.

La remarque était pleine de bon sens, et Varig grimaça.

-Cette affaire ne sera jamais claire, et sur de nombreux points j'en ai peur. Honnêtement j'ai reçu peu d'informations à ce sujet et elles ne m'ont pas vraiment convaincues... J'imagine qu'ils veulent que certaines choses restent secrètes.

Cette réponse sibylline ne dut pas beaucoup satisfaire l'Eraser mais eu le mérite de la ramener à un problème plus immédiat.

-Et il est prévu quoi pour moi ? On ne m’a pas laissé crever, et ça me conviens. Mais on sait tous les deux que je resterais pas tranquille à la milice on sachant que Lowell court toujours.

Varig sourit. Nora semblait reprendre du poil de la bête, malgré l'épuisement qui transparaissait sur ses traits. Mais son amusement ne dura que quelques secondes et il redevint vite sérieux.

-Si ça ne tenait qu'à moi on repartirait en chasse. Malheureusement on a pas grand chose, et tu...

L'agent sembla chercher ses mots quelques instants.

-... Pour parler franchement tu leur pose un sacré problème, et ils ont du mal à voir comment t'empêcher à te transformer en catastrophe ambulante pour eux. Enfin quand tu pourras marcher.

Il sourit à nouveau, mais cette fois son expression semblait forcée. Il se leva.

-Alors en attendant mieux tu vas rester ici et récupérer tes forces. Je vais te laisser un moment. Je sais que tu dois avoir un bon millier de questions, lâcha-t-il en prévenant d'éventuelles récriminations. Mais ça devra attendre. D'ici là essaie de dormir un peu, ok?

Il fit mine de sortir, mais s'arrêta avant de toucher la porte. D'un signe de tête par dessus son épaule il désigna la table de nuit.

-Au fait Samuel a laissé ces fleurs pour te remercier.

L'agent sembla sur le point d'ajouter quelque chose, mais il s'anima soudain et sortit sans rien dire de plus.
Aussitôt que la porte de la chambre se fut refermée derrière lui, il se dirigea vers l'ascenseur, unique moyen de quitter l'infirmerie.

-Beau travail, lâcha Sofia directement dans son oreille.

Varig serra les dents.

-Vos remarques incessantes ne m'ont pas beaucoup aidées répliqua-t-il sèchement. Si vous voulez que je la maintienne sous contrôle il va falloir me laisser faire les choses à ma manière.
-J'ai bien aimé le coup de la poignée de main. Les contacts physiques marchent toujours, répondit calmement Sofia. Mais n'oubliez pas que Stampton et vous êtes sur le fil du rasoir. Alors contentez-vous de suivre mes ordres à la lettre, et dites ce que je vous dis de lui dire. C'est clair?

L'agent ne répondit rien et se planta, devant l'ascenseur, avec une expression indéchiffrable.
Mentir. Manipuler. Trahir. Sa vie était comme un cours d'eau qui revenait toujours suivre les mêmes tracés tortueux malgré tous les bouleversements.

Il était l'agent Atorias hier, et aujourd'hui l'agent Cross. Un masque qui dévorait rapidement sa chair jusqu'à devenir son véritable visage. Une fois de plus il perdait le contrôle, mais cette fois il risquait bien de ne pas être le seul à en subir les conséquences...

Nora lui faisait confiance, et il s'en servait pour la manipuler, la garder calme alors que tout autour d'elle devrait la faire exploser. Il jouait un jeu dangereux, instable et pernicieux qui flouait la limite entre vérité et mensonges, même pour lui. Le jeu auquel jouaient perpétuellement les agents secrets, pour lequel on l'avait tant entraîné...

L'absence d'alternative tempérait ses doutes. Mais pouvait-il vraiment aider la jeune femme en obéissant à Sofia? Ou s'assurait-il qu'elle aille calmement où cette dernière voulait qu'elle soit?

Quelques secondes plus tard les portes coulissèrent, mettant fin à ses interrogations et livrant passage à Drake, accompagné de deux gardes.

-C'est absolument nécessaire? demanda Varig d'un ton las. Avec une puce dans le crâne...

Drake ne répondit rien et l'agent tendit finalement les mains devant lui. Une paire de menottes d'acier se refermèrent aussitôt sur ses poignets avant de se verrouiller électroniquement.
Un des gardes le saisit alors par l'épaule tandis que l'autre sortait son arme et le mettait en joue.

-Ramenez-le en cellule, ordonna simplement le chef du trio en reculant.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



27.07.15 17:37
Au moins, il lui répondait. Le hic, c’était que ça ne l’aidait pas des masses à y voir plus clair. Le bon côté, cependant, c’était qu’il laissait sous entendre que même s’il était de leur côté, ils ne lui donnaient pas pour autant toutes les informations. Soit ils n’avaient pas assez confiance en lui, soit il se foutait de sa gueule en prétendant ne pas savoir. Mais comment savoir la vérité ? Ca pouvait bien être un mélange des deux ! Et dans le fond, même si ça lui faisait chier, tout ce qu’elle pouvait voir, c’était que ça avait permit de sauver Marie. Donc elle allait se contenter de cette réponse vaseuse. De toute manière, même si elle insistait, elle doutait sérieusement d’en apprendre d’avantage, alors inutile de perdre du temps là dessus. Autant essayer sur un autre terrain. Elle devait aussi penser un peu à son cul et à sa façon de sortir de là où elle se trouvait. Et Varig avait peut-être déjà une réponse à lui fournir. Son sourire lui fit froncer les sourcils. Pourquoi ça le faisait marrer ce con ? Nora était à peu près certaine qu’elle n’allait pas apprécier ce qui allait suivre, surtout quand il perdit si vite le sourire qui avait prit forme sur ses lèvres. Qu’il accouche ! L’Eraser écouta silencieusement sa réponse, notant de nouveau qu’il n’avait pas vraiment son mot à dire dans cette affaire. Quant à la suite, elle la fit tout simplement sourire. Ils ne l’a connaissaient pas et pourtant, ils supposaient déjà qu’elle foutrait le bordel une fois sortie ? Bon, c’était assez relatif en fait. Elle le pourrait surement, en ouvrant sa gueule, comme toujours. Mais il y avait aussi le fait qu’ils aient effacé toutes traces de cette enquête, semblait-il. Et pour pouvoir faire ça, c’était qu’ils en avaient les moyens. Et aussi suicidaire pouvait-elle être parfois, là, c’était quand même autre chose. Elle se frotterait contre autre chose qu’un supérieur hiérarchique et elle en prenait doucement conscience. Pour qui travaillait-il réellement ? Si elle ne faisait pas des recherches sur Lowell, ce serait très probablement sur ces employeurs. Histoire de chercher discrètement la merde. Elle fronça de nouveau les sourcils à la fin de sa réplique. Quand elle pourrait marcher ? Parce qu’il pensait que ce n’était pas encore faisable ? Cette simple supposition ne lui plaisait pas le moins du monde. Mais elle n’eut pas le temps de poursuivre dans ses pensées qu’il reprenait déjà. Cette fois, elle se mit à rire. Faiblement mais spontanément et le plus sincèrement du monde. Rester ici en ayant mieux ? Elle était bonne celle là !

« Je crois que j’ai pas vraiment le choix non ? Que je veille rester ou non, ça revient au même. » Répliqua-t-elle avec un semblant d’hilarité dans la voix et une pointe de sérieux.

Dormir hein ? Nora serra les dents à cette idée. Ouais, elle le devrait probablement. Elle sentait que son corps réclamait encore du repos, mais c’était pas spécialement ce qu’elle avait envie de faire maintenant qu’elle était éveillée et en terrain inconnu. Elle le regarda se lever et se diriger vers la porte. Etrangement, elle n’apprécia pas cette vision. Une fois qu’il serait parti, elle se retrouverait seule, sans aucune espèce d’information de l’endroit où elle se trouvait, des individus qui parcouraient les couloirs derrière cette porte et sans aucune arme pour se défendre. Ouais, définitivement, elle n’était pas prête de dormir. Elle entendit à peine ce qu’il lui dit au sujet des fleurs et de Samuel, hochant simplement un peu la tête pour lui faire comprendre qu’elle avait quand même entendu. A défaut de l’avoir totalement assimilé. Quand elle entendit la porte s’ouvrir, elle l’interpella une dernière fois :

« Hé. Magne-toi de revenir. »

Elle ne laissa pas paraitre son malaise soudain, mais pour qu’elle fasse ce genre de demande, c’était qu’elle n’était pas du tout sereine. Nora jura une fois la porte refermée sur lui. Comment voulait-il qu’elle se repose dans un endroit comme ça ?! Il était drôle à ses heures lui. Inspirant profondément, la jeune femme fit tout le contraire que ce qu’on lui disait -pour changer- et se redressa totalement pour ensuite pivoter et faire balancer ses jambes dans le vide. Pouvoir marcher hein ? Si elle se rendait compte qu’elle était si faible que ça... Elle secoua la tête, dire qu’on était surement en train de la surveiller, avec une caméra. Elle serra le bord du lit entre ses doigts et poussa un peu sur ses bras pour pouvoir poser ses pieds nus sur le sol froid. Sensation des plus désagréable et qui ne lui rappelait pas vraiment de bon souvenir. Elle allait surement faire installer un sol chauffant dans sa salle de bain, en y pensant vaguement. Si elle sortait d’ici. Confiante, même un peu trop, Nora se retrouva le cul sur le sol avant qu’elle n’ait eu le temps de réaliser que ses jambes ne la soutenaient effectivement pas. Elle jura et insulta Varig. Parce qu’il lui fallait quelqu’un et qu’il avait été celui qui lui en avait parlé. Nora finit par arracher les patches d’électrode au niveau de sa poitrine, elle n’avait plus aucune envie d’entendre ces « bip » plus ou moins réguliers dans la pièce. Soupirant, elle resta quelques instants sur le sol, à se geler les miches. Pathétique. Son regard se perdit sur sa main qui portait la cicatrice et serra cette dernière, jurant de nouveau, contre elle-même cette fois. Et ils avaient peur de ça ? N’importe quoi. Difficilement, elle se mit sur ses genoux, prenant appuie au bord du lit. Si ses jambes n’étaient pas ses alliées, elle avait encore ses bras qui semblaient être plus enclins à l’aider à ne pas être plus ridicule qu’elle ne l’était déjà. Cinq minutes plus tard, elle se retrouva assise sur le bord du lit.

« J’t’en foutrais du repos moi. » Maugréa-t-elle.

Plus hargneuse que fatiguée maintenant, elle entreprit de lever et baisser sa jambe droite, puis la gauche. Un peu comme on faisait lorsqu’il y avait de la rééducation naturelle à faire, sans faire appel à la technologie et aux machines. De toute manière, elle n’avait que ça à sa portée. Mais que pouvait bien foutre Varig ? Pourquoi être venu et avoir attendu qu’elle se réveille pour lui parler, si c’était pour ensuite se tirer comme ça ? Bon, l’une des réponses étaient assez claires : qu’elle ne se mette pas à péter un câble en découvrant un endroit inconnu. Ca devait certainement être la raison principale. Elle fit plusieurs séries de vingt, avant qu’elle ne ressente réellement la fatigue l’envahir. Nora s’allongea alors, en restant en travers du lit et se fixa le plafond. Pourquoi il ne revenait pas, ce con ? Ce fut avec cette question qu’elle sombra dans un nouveau sommeil, malgré sa première intention.
Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



28.07.15 0:16
À plusieurs étages de distance de Nora, son coéquipier -si on pouvait encore le qualifier ainsi- avait lui aussi rejoint sa propre cellule.
Les murs noirs métalliques étaient absolument semblables à ceux des salles d'interrogatoires, ainsi que mes dimensions. Seule différence notable, le mobilier se composait d'un lit en métal et de toilettes sommaires.

Dès qu'il fut seul, Varig se mit à marcher, dans un ballet régulier et précis. Six pas d'un coin à l'autre de la pièce, quatre pas le long du mur puis à nouveau six pas pour traverser la cellule.

Ses geôliers avaient sûrement compris depuis longtemps. Il marchait pour simuler une activité physique et ne pas laisser ses jambes s'affaiblir. Rester prostré était une très mauvaise chose, surtout pour les détentions longues.
Quand ça tête commença à lui tourner, il ôta son T-Shirt et se mit à faire des pompes et divers mouvements.

Alors qu'il gardait son corps actif, son esprit était lui aussi largement mis à contribution.
Il n'était pas très loin du pire scénario qu'il avait envisagé. Prisonnier de la CIA, dans une cellule dont il ne risquait pas de sortir sans qu'ils le décident, surveillé en permanence.
Et tellement de questions restaient sans réponse...

Il resta ainsi seul avec ses pensées un long moment, continuant ses exercices, quand soudain une alarme retentit. Deux traces de mains lumineuses apparurent sur une des parois de la cellule. Deux empruntes de pieds apparurent également au sol, juste devant.

-Prisonnier, veuillez vous placer aux endroits indiqués, ordonna une voix au timbre robotique.

Varig récupéra son T-Shirt et obéit docilement. Aussitôt des entraves jaillirent des murs et du sol, emprisonnant solidement ses membres. Derrière lui une barrière laser hermétique se déploya, isolant le quart de la cellule.
Tournant la tête, l'agent vit le mobilier disparaître dans le sol, et une table désormais familière en émerger.
Ses entraves disparurent, ainsi que la barrière laser.

-Veuillez maintenant vous asseoir.

Varig obéit, et dès qu'il fut en place de nouvelles entraves emprisonnèrent ses mains et ses pieds. Il testa leur solidité, sans illusion.

Une seconde plus tard la porte de la cellule s'ouvrit pour laisser entrer son geôlier.


25 mai 2213, 18h13
2 jours plus tôt


Alors qu'il venait de pénétrer dans la pièce, Varig prit quelques secondes pour observer son prisonnier.

Roan Corbyn avait été un bel homme pour son âge. Cultivé, séduisant et sportif, il gardait encore un peu de son éclat malgré la grosse compresse médicale qui lui mangeait la moitié du visage.
Mais son expression n'avait plus rien du charmeur qu'il avait put être.
Son œil valide était cerné par le stress et le manque de sommeil, de grosses rides burinaient son visage et un rictus de souffrance lancinant déformait sa bouche.
Malgré ces signes évidents de faiblesse, il parvint à sourire avec arrogance dès qu'il découvrit son "visiteur".

L'agent s'avança et s'assit en face de lui sans le saluer. Corbyn quand à lui prit aussitôt une voix faussement aimable, doucereuse.

-Bonjour agent Cross. Vous êtes en retard. Comment allez-vous aujourd'hui?

La provocation n'arracha pas la moindre réaction à son interlocuteur, qui l'observa quelques secondes avant de répondre sur un ton neutre, détaché.

-J'étais au chevet de Marie Greene.

Le docteur eu un rictus, les yeux soudain brillants.

-Ah? Comment va-t-elle? Vous savez j'ai énormément travaillé la survie d'un taux suffisant de mes sujets. Vous l'ignorez probablement mais l'utilisation de spécimens humains dans ce genre de production est légale dans de nombreux pays moins riches que celui-ci. Tant qu'ils signent une décharge bien sûr, mais aussi qu'un bon nombre survit durant les délais prévus par la loi et le contrat. Une forme de don rémunéré en somme. Mes employeurs avaient beaucoup insisté sur ce point.

L'agent écouta ses explications sans la moindre réaction. Ses yeux bleus regardaient l'homme enfermé avec lui comme ils auraient regardé une pierre ou un arbre.

-Vos employeurs. C'est eux qui m'intéressent. Dites moi tout ce que vous savez sur eux.

Corbyn grimaça, ce qui tordit encore plus sa face défigurée.

-Pourquoi je vous répondrais?

Varig croisa les mains devant lui, satisfait. Le médecin en arrivait là où il voulait le mener.

-Vous serez transféré dans deux heures. A vous de choisir la destination: une prison clandestine de l'Agence ou un centre de recherche?

Le visage du médecin se déforma encore plus, si c'était possible. Mais l'échange avait quelque chose d'artificiel. Corbyn savait déjà qu'ils auraient cet échange.

-Tout se négocie... finit-il par lâcher théâtralement, comme une défaite. Que voulez-vous savoir exactement?

L'agent se pencha en avant, carnassier. Son sourire était toujours là, mais il avait prit une forme inquiétante.

-Nous avons dut mal nous comprendre "docteur". Ce n'est pas une négociation. Vous allez me dire ce que je veux savoir.

Une voix familière s'invita désagréablement dans sa tête.

-Doucement Varig. Il est déjà prêt à coopérer, l'intimidation est une approche contre-productive. D'après moi, mieux vaut jouer sur son orgueil pour obtenir des renseignements. Tu vas y arriver?

L'agent ne répondit pas, mais reprit aussitôt son interrogatoire.
Bien sûr que la flatterie et la douceur donneraient de meilleurs résultats à long terme. N'importe quel interrogateur débutant l'aurait compris. Mais il ne visait pas le long terme, et cela Sofia ne devait pas le comprendre tout de suite.
Mieux valait temporiser, pour le moment.

-On sait que vous n'êtes que l'exécutant. Vous allez vraiment jouer les martyrs pour eux? Ce n'est pas votre genre pourtant...

Technique classique d'interrogatoire: montrer à la source l'omniscience et donc la supériorité de ses geôliers.

-Lorsque les rebelles argentins avec qui vous avez "travaillé" quelques années ont perdu du terrain, vous avez négocié avec leur gouvernement et livré de précieux renseignements. Moyennant finance. La secte des Stabilisateurs? Vous avez aussi su quitter le navire à temps. Mais trahir les narco-trafiquants Brésiliens après votre arrestation? Ça ça n'était vraiment pas malin. Mais qu'attendre d'autre de l'Ange des fous? A votre place aussi je me serais caché comme un rat le plus loin possible dans le trou le plus bétonné que j'aurais put trouver.

Corbyn serra les dents. Manifestement l'agent avait touché un point sensible, mais le médecin était assez intelligent pour ne pas réagir comme il l'attendait.

-Et vous agent Cross, dîtes moi c'est quoi votre "genre"? Pourquoi avez vous tellement résisté à Rills? Il m'a dit ce qui s'était passé là-bas. Vous vous seriez fait tuer sous la torture sans parler, et je suis curieux de savoir pourquoi...?

Au fur et à mesure qu'il parlait, sa voix prenait de l'assurance. Mais Varig avait trop de cartes en main pour que ce genre de jeux psychologiques n'entame sa position.

-Les habitudes ont la vie dur à ce qu'on dirait, docteur Corbyn. Mais vous n'êtes plus celui qui pose les questions. De toute façon nous savons tout deux que vous direz tout...

L'autre grimaça et leva les mains.

-Si peu... J'ai été recruté par un homme qui s'est présenté sous le nom de Lowell, ce que vous savez déjà j'imagine si Stampton a survécu à notre rencontre. Pour le reste, vos informaticiens vous diront que tout s'est fait par échanges de mails, détruits hélas. Je n'ai aucune idée de qui ils sont, et aucun moyen de vous aider à le découvrir. Comment se porte la délicieuse Nora? Je détesterait avoir abîmé son visage.
-Je n'ai pas de temps à perdre avec vos provocations. Si vous ne savez rien, vous ne servez à rien. Profitez bien du voyage, votre logement pour les deux prochains siècles va sûrement être bien plus petit que le votre véhicule.

L'agent se leva et contourna la table, mais la voix de Corbyn l'arrêta avant qu'il n'aille plus loin.

-Deux siècles... Vous venez de loin, et vous connaissez l'histoire des gens pour lesquels vous travaillez n'est-ce pas? Alors vous savez que ce ne sont pas ces pauvres informations qui intéressent vos chefs. Stampton et vous avez étés les plus forts, j'ai perdu. Vous avez fait votre devoir, on vous donnera peut-être une jolie médaille et blablabla. Quand à moi je m'en sortirais comme je m'en suis toujours sortit: en étant utile.

Il pouffa et lâcha dans un rire:

-Au revoir agent Cross. Profitez de votre triomphe et laissez moi me remettre tranquillement au travail.

Varig se tourna vers lui, et salua son monologue d'un regard glacé.

-Adieu docteur Corbyn.

En une fraction de seconde il bondit en avant et saisit son prisonnier derrière la tête. Sa main avait bougé dans l'angle mort laissé par l’œil crevé de ce dernier, ne lui laissant aucune chance de réagir.
Le poussant violemment en avant, l'agent lui écrasa la gorge sur l'arrête de la table. Celle-ci craqua dans un bruit écœurant.

Son agresseur l’attrapa ensuite par le bras et le retourna brutalement pour qu'il se retrouve dos sur la table. Un fragment de seringue brilla entre ses doigts ganté, qu'il enfonça à un point précis du torse du médecin avant de bondir en arrière.

-Neutralisez-le! hurla Sofia dans la salle des opérations sans prendre la peine de couper son implant. Et trouvez-moi O'Connell!

Corbyn eu la bouche qui tremblota et émit un gargouillement, déjà mort. En moins de cinq secondes tout avait été terminé. Trachée écrasée, syncope à cause du choc sur les zones réflexes de la gorge et une aiguille de perfusion plantée en plein cœur. Même en 2213 personne ne pouvait plus rien pour lui.

Varig observa le visage du cadavre, mélange de surprise et de peur. Il ne souriait pas, les yeux vides d'émotion.

Puis un laser jaillit d'un des murs et il s'effondra à son tour, inconscient.


Aujourd'hui

Sofia s'arrêta juste après être entrée dans la cellule, comme incertaine. La porte s'était refermée derrière elle, les laissant seuls. Varig lui rendit son regard, et il lui sembla qu'elle y cherchait quelque chose.
Le silence se prolongea. Finalement la femme vint s'assoir en face de lui.

-Ces rencontres deviennent une habitude, commenta Varig d'un ton froid.

Son interlocutrice ne sourit pas.

-Dont je me serais bien passée. Merde Cross, qu'est ce qui vous ait passé par la tête!?

Elle qui habituellement se maîtrisait si bien avait presque crié. Insensiblement l'agent plissa les yeux. Perdre le contrôle de ses nerfs alors qu'elle venait d'arriver? Ça ne collait pas.
C'est avec calme qu'il répondit:

-Je vous l'ai dit quand vous êtes venue me convaincre de m'occuper de Stampton. Cette ordure ne méritait rien d'autre. L'aiguille que j'avais volée à l'infirmerie a passé tous vos scanners quand vous m'avez convoqué après mon réveil. Alors j'ai fait ce qu'on m'a entraîné à faire.

Sofia le fusilla du regard, mais il ne réagit pas à cette démonstration d'hostilité.

-Tuer un prisonnier désarmé, c'est ça qu'on vous a appris? Ne vous foutez pas de ma gueule. Est-ce que vous savez au moins ce qui vous attends?

Varig retint avec peine un sourire. On y arrivait. Si elle prenait la peine de le menacer c'est qu'elle voulait obtenir quelque chose de lui.
Il ne répondit pas et elle enchaîna.

-Vous serez jugé par un tribunal secret pour trahison et meurtre. Au mieux vous passerez les trente prochaines années dans une cellule comme celle-ci dans une prison de l'Agence. Ça vous indiffère?

Les yeux bleus glacés de l'agent se braquèrent sur elle, et on aurait put jurer y voir pétiller de l'amusement.

-Chaque action a ses conséquences.

Sofia se laissa aller en arrière et croisa les bras. Mais elle n'avait pas l'intention de lâcher prise si facilement.

-On va détruire sa vie. Transfert dans le programme d'effacement de l'Agence. Nora Stampton va disparaître méthodiquement, avec une application bureaucratique et sans aucune haine. Elle cessera d'exister tout simplement. Ça aussi vous vous en foutez?

Dans un geste soigneusement calculé, Varig se mordit la lèvre et s'agita, comme pour se lever.
Prévisible.
Son esprit étudiait déjà les possibilités. Sofia était venue en personne, plutôt que de passer par un terminal virtuel. Pourquoi?
Simuler une réaction défensive primaire. Si son interrogatrice était aussi expérimentée qu'il le soupçonnait elle en tirerait aussitôt parti.

-Vous devriez faire attention, le dernier  m'avoir mis en colère l'a payé cher.

Pas du tout impressionnée, la femme ferma une seconde les yeux, comme pour se calmer.

-Gardez vos menaces Cross. Ici vous ne pouvez strictement rien faire. Moi en revanche, je peux encore rattraper ce merdier. J'ai votre attention?

Enfin. Elle abattait son jeu. Sentant venir le moment critique de la discutions il tendit ses muscles.

-Oui madame.

Sofia le scruta et ne décela cette fois aucun signe d'ironie dans sa réponse. Satisfaite elle poursuivit.

-Ce que je vais vous révéler n'est connu que de très peu de gens au sein de l'Agence...


A l'extérieur de la cellule, Drake attendait nerveusement. Sofia avait exigée que toutes les caméras soient coupées et même le micro implanté dans le corps de leur prisonnier.
Le même qui avait froidement assassiné l'homme qu'il était censé interroger en contournant le dernier cri en matière de sécurité carcérale.

Plus le temps passait, plus il devenait nerveux. Il consulta son holo-montre pour la dixième fois en quelques minutes. De quoi pouvaient-ils parler depuis près d'une heure?

Il envisageait de faire sauter la porte de la cellule quand celle-ci s'ouvrit soudain, livrant passage et sa supérieure. Il fit un pas vers elle et s'immobilisa soudain.
Varig sortait à sa suite de la cellule, sans entraves.
Drake s'approcha, sans que les questions qui le taraudaient ne franchissent ses lèvres.

-L'agent Cross est de nouveau libre de ses mouvements, lâcha-t-elle pour toute explication. Le directeur a donné son aval.


Quand Varig entra dans sa chambre, Nora dormait encore. Silencieux, il referma la porte derrière lui et vint déposer un plateau à côté des fleurs.
Il remarqua qu'elle avait enlevé ses perfusions, qu'O'Connell n'avait pas jugé utile de faire remettre. Elle n'avait plus besoin que de repos.

-Allez on se réveille, lança-t-il avec bonne humeur en s'installant avec son propre plateau sur la chaise près du lit.

Il lui laissa quelques confortables secondes pour émerger avant de désigner la nourriture sur la table de nuit.

-L'intraveineuse ça ne nourris pas. Je t'ai pris un burger des frites, un genre de glace et du café. Sers toi.

Il attendit poliment qu'elle prenne sa part avant de toucher à la sienne.

-Mange tout, tu vas en avoir besoin, conseilla-t-il. La suite de la journée va être chargée...

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



28.07.15 17:04

Une partie d’elle refusait de l’admettre, mais elle appréciait quand même vachement le fait de se reposer. Si elle mettait de côté le fait qu’elle ne savait pas où elle se trouvait, qu’elle était probablement dans une merde inconnue jusqu’au cou, c’était presque des vacances ! L’esprit de l’Eraser vagabonda dans ses souvenirs, récents comme plus anciens, les mêlant parfois pour donner des rêves étranges et perturbants. Mais au final, c’était quelques heures -ou minutes, elle ne savait pas- reposantes. Et c’était surement ce qu’il lui fallait, même après avoir dormi pendant quatre jours. Enfin, c’était surement plus un sommeil programmé et imposé qu’autre chose. Et dans le fond, il valait mieux pour elle d’être au mieux de sa forme -ou d’essayer du moins- pour faire face à ce qui pouvait l’attendre. La jeune femme grogna en entendant une voix pas très loin d’elle. Qu’on la laisse dormir merde ! Mais en captant qu’il s’agissait de Varig, qui était -enfin- revenu, elle daigna ouvrir un œil, puis l’autre dans un soupir.

« Bah t’en as mis du temps. » Lâcha-t-elle, comme si elle était en train de l’attendre plutôt que dormir.

Si son sale caractère refaisait surface aussi facilement, c’était qu’elle devait aller de mieux en mieux. A deux-trois trucs près. Elle se redressa totalement pour s’asseoir sur le lit et ses yeux dérivèrent dans la direction du plateau qu’il lui indiquait. Ouais, dormir c’était bien, mais il fallait aussi bouffer pour reprendre des forces. Mais tout ce qu’elle vit sur ce fameux plateau, c’était ce gobelet de café noir et fumant. Au diable les protéines et tout le reste contenu dans le reste qui lui était proposé. Elle se glissa, sans trop de grâce, jusqu’à ce liquide divin et se saisit du gobelet.

« T’aurai pu en prendre un plus grand. » Maugréa-t-elle avant de porter l’objet à ses lèvres et boire une longue gorgée.

C’était pas le meilleur café qu’elle avait bu, mais si c’était tout ce qu’elle avait, ça lui allait parfaitement, surtout qu’il lui semblait que ça faisait une éternité qu’elle n’en avait pas bu. Elle lâcha un soupir de satisfaction avant de le remercier, quand même. Ce breuvage était surement un plus, pas vraiment nécessaire à son rétablissement. Elle jeta ensuite un coup d’œil à la suite. Maintenant qu’elle voyait la bouffe et la sentait, c’était vrai qu’elle avait p’tre un poil faim. Elle commença à manger, docilement, avant de finalement poser la question qui lui brulait les lèvres.

« Et qu’est-ce qui nous attend ? Tes supérieurs ont décidé ce qu’ils allaient faire de moi ? »

C’était pour cette raison qu’il avait mis du temps à revenir ? Ou alors, il se passait encore quelque chose de chiant à gérer ? Elle entama ses frites en écoutant sa réponse, et fit la moue en voyant son café déjà terminé.

« Tu bois le tiens ? » Demanda-t-elle, presque avec sympathie, en désignant son propre gobelet de café.

Ouais, elle pouvait se montrer presque courtoise, quand il s’agissait de café. Fallait dire qu’elle n’avait pas eu sa dose pendant un moment ! Elle était grave en manque !

« Fais-toi plaisir » Fut la réponse de son interlocuteur.

Elle n’attendit pas qu’il revienne sur sa décision pour s’emparer de son gobelet de café, tout en glissant un « merci » parfaitement sincère. Comment acheter Nora : proposer lui du café et c’était presque dans la poche !

Une fois terminé de manger pour les deux compères, l’Eraser posa encore une autre question. Quant à sa tenue cette fois.

« Le blanc, ça me va pas. Y a pas possibilité d’avoir de vraies fringues ? »

Vu le sourire presque amusé sur les lèvres de son interlocuteur, elle en déduisit qu’il n’était pas très étonné par cette demande. Ouais, sauf que la réponse ne lui plut pas des masses et elle jura.

« ‘Font chier. »

Qu’elle reprenne du poil de la bête n’était peut-être pas une si bonne idée, compte tenu de toutes les zones d’ombres qui l’entouraient.

« Bon. Et maintenant ? On fait quoi ? » Demanda-t-elle, presque avec impatience.
Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



28.07.15 23:27
L'accueil de Nora à son réveil avait été plutôt bourru, mais Varig ne s'en offusqua pas. Il cotoyait la jeune femme depuis suffisament longtemps pour comprendre que sa mauvaise humeur était habituelle. Sa façon à elle de faire face au quotidien, sans doute.

-T’aurai pu en prendre un plus grand, grogna-t-elle comme pour confirmer ses pensées.

Tandis qu'elle buvait avec avidité un peu de café, l'agent se dit qu'il ne savait pratiquement rien d'elle. Etrangement Sofia ne l'avait pas briefé sur l'Eraser, sans doute pour qu'il ne commette pas d'erreur. Son comportement devait rester le plus naturel possible pour que sa supérieure puisse utiliser au mieux leur confiance mutuelle. Tout savoir de Nora aurait probablement modifié ses réactions, ce qui l'aurait rendu contre-productif.
À aucun moment ses pensées ne s'étaient reflétées sur son visage qui gardait le même sourire amical. Pourtant un éclair froid était passé dans ses yeux.

Transportée par le café, la jeune femme le remercia sans rien remarquer avant de commencer à manger. Varig l'imita, chassant les pensées parasites. Elles risquaient de perturber son humeur.

Nora engloutit les premières bouchées avec voracité, sans doute trop affamée pour parler. Mais après s'être un peu remplit le ventre, elle se remit à penser.

-Et qu’est-ce qui nous attend? Tes supérieurs ont décidé ce qu’ils allaient faire de moi?

L'agent sourit, amusé, qu'il s'empressa de lui expliquer. Nora avait tendance à vite s'énerver quand on riait à ses dépends.

-Tu veux savoir ce que je trouve drole? J'ai toujours cru que ce serait moi qui poserait ce genre de question. Après tout c'est toi la flic, et moi le type en cavale.

Il s'accorda une seconde supplémentaire à sourire de cette ironie avant de répondre avec plus de sérieux.

-Ils vont te libérer sous peu, mais pas aujourd'hui. On a autre chose au programe.

Sur cette remarque énigmatique il mordit dans son hamburger.
Deux siècles d'absence totale d'évolution culinaire. Rien d'étonnant au pays des fast-food... Au fond Madison restait un peu américaine.
"On" y veillait.

-Tu bois le tiens? demanda Nora d'un ton faussement dégagé en lorgnant sur son gobelet de café.

Varig lâcha un petit soupir.

-Fais toi plaisir.

L'Eraser ne se le fit pas dire deux fois et fit aussitôt main basse sur la boisson.
Tandis qu'ils continuaient à manger, l'agent s'étira en grimaçant.

-Franchement, je crois que j'ai besoin de vacances. Depuis que je suis à Madison je me fait tirer dessus presque tous les jours, et quand on ne me poursuit pas pour me tuer c'est pour m'arrêter. Je crois que je commence à détester cette ville. Ou à l'aimer. Va savoir.

L'Eraser ne répondit pas, concentrée sur son café, mais Varig aurait juré qu'elle avait sourit. Lui ne s'en priva pas.
Une fois qu'ils eurent terminé, l'agent empila les deux plateaux et les posa dans un coin de la pièce, sans autre forme de procès.

-Le blanc, ça me va pas. Y a pas possibilité d’avoir de vraies fringues ?

L'agent grimaça.

-Je ne sais pas ce qui est le pire: que ce soit la remarque la plus féminine que je t'entende professer depuis qu'on se connait ou que j'aurais sûrement dit à peu près la même chose à ta place. Non désolé pas de "vraies" fringues pour les patients.

Nora imita sa grimace, en pire. Varig se demanda brièvement de ce qui l'avait le plus agacé de l'absence de garde robe ou de sa réponse, et cela ramena un peu de sa bonne humeur de facade. Le moment approchait.

-‘Font chier. Bon. Et maintenant? On fait quoi?ajouta-t-elle après une pause.

Le visage de l'agent devint soudain sérieux, grave même. Il se redressa sur sa chaise.

-Je regrette de devoir te dire ce que je vais te dire. Marie est vivante, mais elle est restée trop longtemps entre les mains de Corbyn, et tu sais mieux que quiconque à quel point c'est destructeur. On ne sais pas si elle redeviendra elle-même un jour. Elle est consciente, mais ne réagit à aucune stimulation.

Il marqua une pause, comme s'il cherchait ses mots.

-On a réussi tant bien que mal, Corbyn est hors d'état de nuire. Mais j'ai encore besoin de toi pour avoir une chance de ramener Marie.

Avec lenteur il fouilla dans une des poches de son pantalon militaire et en sortit un pistolet à injection plein d'un liquide orangé. Sa main vint doucement déposer l'objet sur le lit, juste devant Nora.

-C'est ce qu'il fabriquait pour Lowell. On en a retrouvé au moment de notre assaut... Le prix de la peur.

Il planta ses yeux dans ceux de l'Eraser, répondant à la question implicite.

-Un recomposé chimique hormonal. Pas assez puissant pour générer une émotion, mais suffisant pour permettre à un Evolve d'activer très facilement ses capacités sans en perdre le contrôle.

Varig laissa s'écouler une seconde, puis une autre avant d'avoir le courage de reprendre.

-Tu étais une Evolve dormante, et ce qui s'est passé ces derniers jours a dut suffire à activer tes capacités. D'après les relevés de Corbyn ton pouvoir est de générer un état de rage violent pour toi et ceux qui t'entourent. On ignore si tu pourras le contrôler mais c'est la meilleure option qu'on ait pour sortir Marie de la torpeur dans laquelle elle a été plongée. Ce produit peut t'aider. Tout ce que tu dois faire, c'est t'injecter ce composé quand tu seras près d'elle.

Il se leva et fit un pas de côté, s'éloignant du lit.

-Le choix t'appartient. Marie est dans la chambre en face de la tienne. Vas-y quand tu seras prête.

L'agent tourna les talons et ouvrit la porte. Il s'arrêta sur le seuil, et se retourna vers l'Eraser.

-Je regrette de t'avoir entraînée là dedans. Mais tu étais la seule à pouvoir l'aider... Et tu l'es encore. Fais en sorte... Que tout ça ait un sens.

Sur ces derniers mots il sortit pour de bon et s'éloigna vers l'ascenseur.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



29.07.15 2:13

Il n’y avait strictement rien de drôle dans sa question, mais Varig eut la présence d’esprit de lui donner des explications sans qu’elle n’ait besoin de les lui demander. Dans l’optique où elle n’aurait pas accepté de bosser temporairement -un temporaire qui durait plus longtemps que prévu- avec lui, en effet, peut-être que les places auraient pu être inversées. Varig en cellule et elle, habillée et armée. Mais elle avait accepté et il était celui qui devait avoir le plus de possibilité de sortie.

« Ouais, faut croire que le vent tourne par ici. »
Lâcha-t-elle, comme détachée de la situation.

Elle n’avait pas vraiment de raison de se prendre la tête de savoir ce qu’on allait faire d’elle. Si on ne l’avait pas laissé crever, ça devait bien être pour une raison non ? Le tout, était de découvrir laquelle sans qu’elle ne lui déplaise trop. Et ça n’allait pas être une mince affaire, d’après son intuition. Ou juste à cause de son caractère pourri qui refaisait doucement surface. Bon, la suite était assez cool à entendre, dommage que la fin l’était un peu moins. Qu’est-ce qu’ils voulaient lui faire qui nécessitait qu’elle reste encore ici ? Pour elle ne savait combien de temps ? Ils faisaient clairement chier, ces types, quel qu’ils soient !

« Super. » Maugréa-t-elle, comme si elle ne retenait que la seconde partie de la phrase.

Heureusement qu’il y avait du café pour lui changer un peu les idées. Pour un peu, elle pourrait presque le remercier de nouveau, pour le gobelet en rabe. Nora écouta la suite de ses propos, tout en buvant une gorgée de ce breuvage. Même si elle affichait un sourire amusé à cette révélation, elle ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi il se mettait à lui raconter ça. C’était pas comme s’ils étaient du genre à faire étalage de leur état émotionnel ou communiquer sur ce genre d’information. La seule fois où ça avait eu lieu, ça avait été dans ce taxi. Un moment qui lui semblait terriblement loin compte tenu de tout ce qui s’était passé depuis. Mais si ça lui faisait plaisir de parler.

« Plains-toi. Tu ne t’ennuie pas au moins. »
Répliqua-t-elle finalement.

S’il voulait faire la cosette, pour refuserait-elle ? Si ça lui faisait plaisir. Mais ça ne l’empêchait pas de continuer à se demander ce qu’ils avaient prévu pour elle. Il ne fallait pas qu’il essaye de noyer le poisson. Elle n’avait probablement pas récupérer toutes ses facultés, mais fallait pas pousser non plus.

Ils passaient maintenant à sa tenue. C’était surement un détail pour beaucoup, mais elle ne se sentait vraiment pas à l’aise avec cette blouse et ce pantalon blanc. Et l’excuse de la couleur n’était pas totalement fausse. Du moins, c’était toujours mieux que d’avouer la véritable raison. La réplique qui suivit fut de nouveau plus amicale qu’elle ne s’y serait attendu. Il jouait à quoi là ? A vouloir détendre ainsi l’atmosphère, entre ses sourires qui ne lui allait pas et cette soudaine capacité à parler avec autant de facilité. Elle grimaça légèrement à ce qu’elle entendit. Elle ne savait pas si elle devait le prendre comme un compliment ou prendre ça comme un reproche. Elle se foutait royalement de ne pas paraitre féminine, encore moins quand elle était au boulot. Ca n’était pas productif. Quant à savoir qu’il aurait fait la même réflexion... Et bien, elle dirait simplement qu’ils avaient les mêmes goûts vestimentaires.

En voyant le changement d’attitude chez Varig, Nora termina son café et reposa le gobelet, toute ouïe à ce qui allait suivre. Vu sa tête, ça devait être assez important. Et elle ne demandait que ça : des infos importantes à connaitre ! Ouais, sauf qu’elle ne s’attendait pas forcément à ça. Pour avoir passer quelques heures -ou minutes, elle avait encore du mal à le savoir- entre les mains de ce type, l’Eraser ne pouvait que comprendre ce qu’avait dû ressentir Marie en restant plus longtemps qu’elle. La douleur insoutenable et cette peur... La jeune femme serra les dents, chassant avant qu’ils n’arrivent les souvenirs de ce jour pas si lointain. C’était surement pas étonnant qu’elle ait préféré s’enfermer dans son esprit, ou quelque chose du même genre. Mais cette idée ne plaisait pas à Nora. Ils n’avaient pas réussit à la sauver totalement, en fin de compte. Elle serra les poings, regrettait de ne pas avoir enfoncé son aiguille plus loin dans l’œil de ce salopard. Qu’allait-elle devenir si rien ne fonctionnait pour la faire réagir ? Et Samuel qui lui avait apporté des fleurs pour la remercier. N’importe quoi ! Qu’il se les garde, ses putains de fleurs ! Corbyn, hors d’état de nuire ? Nora le fixa dans les yeux, pour essayer de déceler une trace de mensonge, mais ce ne fut pas le cas. Un peu comme à chaque fois qu’elle essayait. Elle hocha la tête, à la suite. Besoin d’elle ? Si son mari ne pouvait pas la faire revenir, elle ne voyait pas en quoi elle pourrait aider mais elle était disposée à tout entendre. Bien qu’il s’agissait de Varig, son corps eu un mouvement de recul quand elle vit sa main plonger dans sa poche, ce qui la rassurait presque. Ses réflexes ne l’avaient pas totalement quitté, ce qui la fit se détendre étrangement. Elle fronça les sourcils devant l’objet et surtout la couleur qui se trouvait dans le tube. Qu’est-ce que c’était ? La question n’eut pas le temps de franchement ses lèvres que son interlocuteur lui répondit. Mais même avec cette explication, elle ne voyait pas où il voulait en venir. Pourquoi lui dire ça à elle ? L’incompréhension devait se lire sur son visage alors inutile de poser des questions idiotes.

« Tu étais une Evolve dormante »


L’esprit de Nora s’arrêta un instant à cette information et elle le dévisagea, incrédule. La jeune femme se força à écouter le reste de ses explications, bien que ce n’était pas pour la mettre dans de meilleures conditions. Elle sentit son cœur s’affoler, son corps perdre de la chaleur pour ressentir de la chair de poule sur l’ensemble de son corps et elle devint probablement livide. Elle... Une Evolve ? C’était pas possible. Ca ne pouvait pas être le cas. Il devait y avoir une erreur quelque part. Générer un état de rage ? Elle se mordit violemment la lèvre en revoyant très clairement Corbyn se mettre à péter les plombs dans cette pièce. C’était son œuvre ? Elle avait faillit crever parce qu’elle était... Son corps devint totalement inerte sous le choc. Il n’y avait aucune raison pour qu’il lui mente là dessus. L’Eraser entendit à peine ce qu’il lui dit ensuite, tout comme elle ne calcula pas qu’il s’était levé. Elle voyait et entendait, mais elle ne comprenait pas. Son corps réagissait à ce choc. Elle ne pouvait pas devenir ce qu’elle avait toujours détesté et haït, ce n’était pas possible. Son souffle se fit lui aussi rapidement alors qu’elle fermait les yeux pour essayer de garder le contrôle sur tout  ça. Elle comprit vaguement la dernière phrase prononcée par Varig, avant que la porte ne se referme. Un sens, hein ?

La jeune femme se laissa tomber dans le lit, ramenant ses jambes contre elle, pour lutter contre ce froid qui l’envahissait. Elle devait lutter contre cet état de choc, elle le savait et pourtant... Nora ferma les yeux et se mit à hurler. Un pouvoir qui pouvait se montrer incontrôlable... Comme ce qui avait tué ses parents... Non. Elle ne voulait pas devenir l’un de ces monstres ! Ses yeux se posèrent alors sur le pistolet à injection et son corps se mit à trembler de toute part. Pourtant, ça confirmait ce qu’elle s’était dis : ils l’avaient sauvé pour une raison. Sauver Marie, hein ? Dans quel but ? Pourquoi une putain d’Eraser aurait de l’importance à leurs yeux ?! Sauver Marie et devenir bel et bien un monstre ? Cette pensée hantait l’esprit de Nora. Elle ferma les yeux alors qu’elle sentait des larmes rouler sur ses joues. Avait-elle réellement le choix, que de laisser sa collègue et amie dans cet état ? Au profit de sa propre santé, physique et surtout mentale ? La jeune femme resta immobile pendant des heures, dans le lit. C’était définitivement un cauchemar, dont elle ne se réveillerait plus jamais.

Elle finit par se redresser dans le lit et se saisit de l’objet qui servirait à déclencher son... Pouvoir. Sa main tremblait toujours, celle tenant le pistolet, alors que son corps était presque immobile pour le reste. Elle n’avait qu’à appuyer sur la détente et... Tenter de sauver Marie de cet état. Elle avait promit à ce morveux, qu’elle lui ramènerait sa mère. Et ce n’était qu’en parti le cas.

Quand ses pieds touchèrent le sol froid, Nora ne réagit pas. Elle avait assez crié, pleuré et tremblé pour les semaines à venir. Sa décision était prise. Elle devait aller jusqu’au bout de tout ça. Et si ça ne fonctionnait pas...

L
a porte de sa chambre s’ouvrit aussitôt. Elle ne se préoccupa pas de savoir si le couloir était vide, ni même de l’image qu’elle pouvait renvoyer à cet instant. Elle se dirigea lentement vers cette autre porte, qui lui semblait être étonnement loin. Quand elle posa la main sur la poignée, elle frissonna. Elle ne pouvait plus reculer. Nora entra dans la pièce et ne perdit pas de temps à l’étudier. Elle faisait une proie tellement facile que ça aurait dû l’inquiéter ou même la mettre en alerte. Et pourtant, ça ne fut pas le cas. Ses pieds l’a menant vers le lit et l’occupante de ce dernier. Marie, allongée, le regard vide posé sur elle.

« T’as une sale gueule ma grande. » Murmura, d’une voix presque étranglée, l’Eraser. Peut-être était-ce à force d’hurler ? Qui s’en préoccupait vraiment ?

Si elle avait été en capacité, peut-être que son interlocutrice lui aurait répliqué la même remarque, mais seul ce même regard vide peignait son visage. Nora regarda l’objet et surtout la couleur qui se trouvait dans le tube.

« Qu’on en finisse vite... » Ajouta-t-elle alors qu’elle portait le pistolet au niveau de son cou avant d’appuyer sur la détente, sans quitter Marie des yeux.
Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



29.07.15 20:37
Varig traversa l'infirmerie en silence. Soudain un long cri déchirant retentit derrière lui, venant directement de la chambre de Nora. L'agent s'arrêta, sans qu'on puisse lire une quelconque émotion sur son visage. Il resta ainsi immobile de longues secondes, comme indécis.

Puis, après quelques secondes, il se remit en marche. Les portes en verre blindé s'ouvrirent à son approche, et il les franchit sans hésiter.

Deux soldats attendaient de l'autre côté, sanglés dans les uniformes kakis fournis par l'Agence et figés au repos réglementaire.
Un troisième homme l'accueillit d'un signe de tête. C'était le docteur O'Connell, le médecin en chef du complexe. L'agent lui rendit son salut sans rien dire, se plaçant lui aussi derrière les portes qui se refermèrent.
L'attente se prolongea, quelques secondes d'abord, puis quelques minutes. Personne ne dit rien, et ni Varig ni le médecin ne cherchèrent à activer les caméras présentes dans la chambre sur leurs propres écrans. D'autres observaient déjà pour eux...

Ils attendaient, tout simplement, que quelque chose se produise.
Étrangement la présence silencieuse d'O'Connell avait quelque chose de réconfortant. Comme si'il n'était pas seul.
Peut-être le médecin n'était-il là que parce qu'on lui avait ordonné, mais l'agent avait cru percevoir derrière ses jurons et sa mauvaise humeur perpétuelle un réel souci pour ses patients. Quoi qu'il en soit, il lui était reconnaissant de ne rien dire et d'attendre simplement là, avec lui.

À mesure que le temps s'écoulait, l'agent laissait peu à peu dériver ses pensées, les yeux perdus dans ceux de son reflet dans la vitre.

Fais en sorte... Que tout ça ait un sens.

C'est ce qu'il avait dit à Nora. Une phrase qu'il avait entendu il y avait si longtemps, alors qu'il envisageait de mourir... Et aujourd'hui ils étaient comme la promesse que malgré tout ce qui était arrivé, il lui restait encore quelque chose à quoi se raccrocher.
Qu'il avait encore une raison de continuer de se battre dans ce futur entouré de murs.

Nora comprendrait-elle cela? Mais pouvait-il seulement comprendre ce qu'elle traversait?
On l'avait changé dans sa chair, au plus profond d'elle même, transformée en quelque chose qu'elle semblait craindre et haïr. Cela il ne pouvait pas le concevoir, parce qu'il ne comprenait fondamentalement pas ce qu'étaient les Evolves que cette ville s'acharnait à contrôler et surveiller.

Sofia semblait croire que la faible chance que son pouvoir sauve Marie suffirait à l'obliger à accepter son don. Et à accepter ce qu'elle était devenue...
Un pari risqué. Car en cas d'échec, que se passerait-il?

Son reflet lui rendit un regard froid, comme une réponse à sa question. Sa supérieure était un agent, comme lui. Elle faisait ce qui était nécessaire et en acceptait les conséquences.

Avait-elle des remords? Des regrets? Ceux qu'elle avait envoyé à la mort ou refusé de sauver venaient-ils aussi hanter ses cauchemars?

Il repensa à Corbyn gisant sur la table, à son expression de surprise effrayée. Grâce à sa mémoire absolue ce simple souvenir lui permettait de voir chaque détail du visage du médecin, aussi précisément que s'il venait de le tuer.

Cette image n'éveillait rien en lui. Rien qu'un vide complet d'émotion. C'est comme s'il avait traversé une couche de glace et dérivait maintenant dans l'eau, loin de la surface et de toutes ce qu'il devrait ressentir.
Encore.

Il était redevenu un tueur, et fait ce qu'il avait juré de ne plus jamais refaire.
Et maintenant?

Même la voix de Dieu semblait s'être tue face à ce vide glacé. Comment demander pardon quand on ne ressent même pas de culpabilité? Quand on ne ressent rien?
Sa présence était encore là, mais comme distante. Le chemin qu'il empruntait, n'était pas celui qu'Il voulait, pourtant l'agent savait qu'Il l'y suivrait.

Il continuait à bouger, à réfléchir, à agir. Mais froidement, comme une mécanique sans vie.

Une main se posa soudain sur son épaule, le ramenant à la réalité.

-Agent Cross? Vous m'entendez?

Varig se tourna vers lui, sans prendre la peine de prendre une expression quelconque.

-Excusez moi docteur, j'étais ailleurs.

À son grand étonnement, le médecin ne s'énerva pas et ce contenta d'émettre une sorte de grognement, qui voulait tout et rien dire à la fois.

-Je disais que j'allais y aller. On ne sais pas combien e temps ça va encore lui prendre de se décider... Vous devriez venir aussi. Les opérations nous préviendront si ça bouge.

L'agent ne répondit rien et jeta un long regard vers la porte de Nora.

-Merci, dit-il enfin. Je crois que je vais rester encore un moment.

Il ne savait pas exactement pourquoi lui-même. Pour ne pas rester totalement seul avec ses pensées?  Ou parce qu'il ne voulait pas laisser Nora encore plus seule, aussi inutile que soit sa présence ici, à attendre?
En tout cas, O'Connell ne sembla pas surpris. Il le lâcha en hochant la tête.

-Comme vous voulez.

Le médecin tourna les talons et se dirigea vers l'ascenseur, mais avant d'y entrer, il s'arrêta.

-Le temps est quelque chose de précieux, agent Cross, et personne ne peut savoir combien il lui en reste. Ne gaspillez pas trop le vôtre.

Varig se retourna, mais le médecin était déjà entré dans la cabine.
Avec cynisme il se demanda si c'est Sofia qui lui avait soufflé cette phrase énigmatique qui sonnait presque comme une menace. Ou une mise en garde.

-Nous sommes tous en sursis docteur. Ici et maintenant, je suis simplement où je dois être, répondit-il.

Les portes de l'ascenseur se refermèrent avant que le médecin ne puisse répondre quelque chose.


Un long moment s'écoula. Les lumières de l'infirmerie avaient légèrement baissé d'intensité, comme pour figurer la nuit dans le monde souterrain du complexe.
Varig n'avait pas bougé. Immobile, perdu dans ses pensées, il observait en silence. Sofia n'avait rien dit, ni cherché à le faire bouger. Les deux soldats derrière lui en revanche avaient étés relevés.
Le silence épais fut soudain perturbé par le bruit de la poignée d'une porte.

Nora sortit de sa chambre un instant plus tard, et l'agent se dit qu'elle avait l'air d'un fantôme. Marchant à pas lents, pieds nus, les traits de son visages étaient creusés par la souffrance.
Dans sa main, elle tenait le pistolet à injection.
Varig la regarda avancer sans que son expression indéchiffrable ne varie.
Sa main se posa sur la poignée de la chambre de Marie. Elle hésita une seconde, puis disparue à l'intérieur, sans avoir tourné la tête.

L'agent resta encore immobile quelques secondes, puis il se retourna vers les deux soldats. Il leur fit un signe de tête et ils sortirent leurs armes, vérifiant les pistolets en quelques gestes experts.

Varig les imita et fixa de longues secondes le pistolet dans sa main gantée. L'arme était légère, et le contact de la crosse habituel.
Ses yeux se braquèrent sur la porte de la chambre où se trouvait maintenant Nora.
Allait-elle réussir?

De longues secondes s'écoulèrent, tendues. Sans fin. Chacun de ses muscles était tendu, dans l'attente de l'action.

-Allez-y, neutralisez la! cria soudain la voix de Sofia dans son communicateur.

Simultanément les portes de verre blindé s'ouvrirent devant lui.
Varig s'élança le premier, sans même s'assurer de bien avoir les deux soldats sur ses talons. Il fonça droit sur son objectif, pistolet au poing.
Il s'engouffra à pleine vitesse dans la chambre, enfonçant à moitié la porte d'un coup d'épaule. Le canon de son arme balaya la pièce.
Et s'arrêta sur Nora.

Le pistolet tressauta alors qu'il pressait la détente.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



29.07.15 21:44
Sentir le liquide s’introduire sous sa peau, sentir son parcours dans son sang. Ce n’était pas des plus agréables, ce n’était même pas agréable du tout. Evidement, elle aurait pu se faire l’injection au niveau de son bras, de sa cuisse ou ailleurs qu’ici. Mais elle ne voulait qu’une chose : en finir rapidement avec tout ça. Et le produit ferait surement plus rapidement son effet en étant injecté au niveau de son cou. C’était ce qu’elle pensait, du moins. Mais dans le fond, elle n’en savait rien et ce n’était plus la peine de se poser la question, puisque le geste était fait. S’il fallait juste attendre quelques minutes que ça fasse effet et avec un peu de chance, elle pourrait même découvrir que Varig lui avait raconté des craques ? Que rien n’allait se produire, en fin de compte ? Cette pensée était bien trop optimiste pour elle et à l’instant où elle effleura réellement son esprit, elle sut que ça n’arriverait pas. Elle devait tout simplement arrêter de vouloir fuir cette nouvelle réalité, aussi douloureuse et effrayante soit-elle. La jeune femme n’eut pas à attendre très longtemps avant de sentir une sensation familière l’envahir. Monter progressivement en elle. Elle la côtoyait assez souvent, pour ne pas dire continuellement, pour ne plus s’étonner de la ressentir.

Sauf que là, c’était un peu différent, il n’y avait pas eu de prémisses, pas de point de départ à sa colère. Rien qui la fasse s’énerver. Elle était simplement apparue comme ça, sortant de nulle part. Et dans le fond, elle était presque heureuse de la ressentir. Cela voulait dire qu’elle n’avait peut-être pas tant changé que ça. Qu’il restait peut-être encore cette humaine, quelque part. L’Eraser serra les poings en jetant un regard en direction de Marie. Tout ça, pour elle. Toute cette enquête, cette histoire, cette merde pour lui venir en aide. Et quand elle voyait le résultat : allongée dans ce lit, le regard vide et sans aucun mouvement, ce n’était pas normal. Elle n’avait pas le droit de se laisser aller comme ça ! Elle n’avait pas enduré tout ça pour qu’elle abandonne ainsi ! Elle n’avait tout simplement pas le droit ! Nora s’avança lentement vers le lit et vint alors se saisir du poignet de la jeune femme, qui était son amie et se mit à le serrer, pour tenter de la faire réagir.

« Arrête avec ces yeux et réagis putain. »
Grogna presque l’Eraser, sans pour autant hausser le ton.

Elle serra de plus en plus autour de la chair de Marie, alors que son autre main se fermait sur le pistolet à injection. Elle n’avait qu’une envie : lui crever ses putains de globes oculaires pour qu’elle arrête de la regarder avec ce putain de regard. Comme elle avait crevé l’œil de cet enfoiré de Corbyn.

« Tu crois être la seule à être passé entre ses mains ?! Arrête de jouer les victimes et bouge bordel ! »

L
e ton avait finit par monter. Elle crut apercevoir un léger mouvement du côté du poignet qu’elle tenait, où des marques de doigts allaient probablement être visibles jusqu’à demain mais ce n’était pas assez convainquant pour l’Eraser. Si la douleur la faisait, ne serait-ce qu’à moitié, réagir, alors elle n’avait qu’à continuer sur cette lancée. Et elle avait le droit de la faire souffrir, après tout, c’était de sa faute si elle avait appris ce qu’elle était. Ce qui sommeillait en elle depuis si longtemps. Nora leva le pistolet au dessus de Marie, visant indéniablement l’un de ses yeux. Telle une cible. Peut-être qu’elle allait pouvoir la faire crier. C’était une réaction, ça ! Mais une lueur dans le regard de sa future victime la fit s’arrêter net. L’instant d’après, un plateau qui s’était tenu près de la patiente, vola dans la chambre. Ce simple geste déstabilisa à moitié l’Eraser qui finit par la lâcher et recula jusqu’à ce qu’elle touche violemment un mur avec son dos. Son souffle était rapide, sa lèvre saignait suite à la violente morsure qu’elle s’était infligée et son regard coléreux était fixé sur Marie. Mais sa colère n’était plus dirigée vers cette dernière. Simplement et entièrement sur sa propre personne.

Elle aurait perdu le contrôle si la jeune femme n’avait pas bougé. Elle s’en serait prise à Marie, sans aucun remord ! Elle était finalement bel et bien devenue un monstre. Comment avait-elle pu imaginer aider son amie en utilisant un pouvoir qui était incontrôlable, qu’elle ne connaissait pas ?! Et même en sachant de quoi il en retournait... Les Evolves, quoi qu’on pouvait en dire, n’étaient pas des gens bien ! Ils répandaient uniquement le sang et le malheur autour d’eux, ils ne savaient rien faire d’autre ! Et c’était ce qu’elle était devenue. Une putain d’Evolve ! Ce qu’elle avait toujours été, sans même le savoir. Tenant toujours le pistolet d’une main qui tremblait de haine, le regard de Nora brillait d’une détermination qui ne laissait que très peu de doute sur ce qu’elle prévoyait de faire. Elle ne pouvait accepter ce qu’elle était. Pas après cette tentative échouée. Elle ne pouvait pas non plus imaginer vivre dans ces conditions. Elle ne serait d’aucune idée avec ce pouvoir en elle. Qui avait besoin de colère ? C’était faible, assurément, de ne pas pouvoir trouver un sens à cette nouvelle vie. Mais aucune importance. Elle n’avait jamais été forte dans le fond. Ses yeux se levèrent lorsqu’elle entendit du bruit dans la pièce, alors que la pointe du pistolet était profondément ancrée dans son poignet. Elle eut le temps de voir l’arme pointée vers elle et le visage presque familier de Varig. Dire qu’à cet instant, elle ne lui en voulait pas. Un sourire se dessina même, avant que le noir ne l’emporte. Pour la seconde fois, il était là au moment de sa mort imminente. Ca en devenait une habitude...
Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



31.07.15 1:41
23 avril 2213, 0h54
Pendant l'assaut


La salle des générateur, une des plus grandes des anciens laboratoires, était presque entièrement plongée dans l'ombre. Une seule des machines fonctionnait, alimentant le complexe souterrain en énergie. Le ronronnement créait un rythme régulier, apaisant.

Dans les ombres, des silhouettes menaçantes évoluaient souplement. Le manque de lumière n'était pas un obstacle mais un allié pour les commandos de l'Agence, dont les filtres installés sur les casques perçaient sans mal les ténèbres. Fusil solidement calé contre l'épaule, les soldats en armure progressaient vite et en silence.

Ils avaient franchit la moitié de la salle quand des pas se firent entendre. Puis la lueur fluorescente d'un bâtonnet chimique apparut soudain dans le noir.
Les soldats s'écartèrent aussitôt de sa route, restant au milieu des ombres protectrices. Des ordres furent donnés par signes, et les commandos encerclèrent rapidement le nouveau venu, tels une meute de loups.

Comme s'il avait deviné la présence des armes qui le visaient dans l'ombre, l'homme s'immobilisa et laissa tomber le bâtonnet de lumière à ses pieds. Il était vêtu d'une tenue entièrement noire qui cachait la moitié de son visage, et portait un holster dont dépassait la crosse d'un pistolet.
Il avait la main droite levée et refermée sur un petit objet cylindrique.

-Je veux voir Varig Cross. Seul.

Aucun des soldats en armure ne répondit, mais une dizaine de points rouges apparurent soudain sur la veste et le front de Peter Ward, comme autant de menaces explicites.

L'ancien Eraser regarda autour de lui puis releva légèrement son pouce.

Aussitôt une puissante explosion secoua l'air confiné de la pièce. Des débris retombèrent avec des sifflements autour de lui tandis que la structure toute entière frémissait.
La charge explosive n'avait laissé qu'un cratère brûlant là où se trouvait le générateur des laboratoires, coupant le courant dans toute la structure.

Les commandos avaient reculé légèrement, mais les points rouges ne quittèrent pas leur cible. Ward écarta deux doigt, pour bien montrer ce qu'il tenait.
Un détonateur.

-S'il vous plais, ajouta-t-il calmement.


Partout dans le complexe, tout s'était éteint soudainement quand l'unique source d'énergie avait été détruite.

Dans le laboratoire de Corbyn, Varig leva la tête vers le plafond. À côté de lui Nora venait de retomber inconsciente, et il comprit aussitôt que sa mise en garde venait de se réaliser. Quelqu'un venait de faire sauter le courant à l'explosif.
Étrangement aucun autre impact ne suivi. Des projecteurs s'allumèrent bientôt sur les casques des commandos autour de lui.
Puis la voix de Sofia lui parvint.

-Varig. On a un problème. Ward a piégé le bâtiment. Il menace de tout faire sauter si tu ne viens pas tout de suite. Seul.

L'agent fit un signe à un des soldats pour qu'il vienne s’occuper de l'Eraser blessée.

-J'arrive répondit-il simplement.

Quelques minutes plus tard, guidé par ses lunettes de réalité augmentée, l'agent parvint devant la porte de la salle des générateurs. L'ouverture était entourée par plusieurs commandos, qui ne bougeaient pas, attendant sans doute l'ordre d'entrer ou de se replier.

-Il est à l'intérieur, annonça Sofia. J'ai besoin que tu gagne du temps pour évacuer un maximum de données et de personnels. N'engage sous aucun prétexte, il risquerait de déclencher les bombes.

L'agent grimaça.

-Compris, lâcha-t-il en rengainant son pistolet. Une idée de pourquoi il veut me voir?
-Difficile à dire, mais au point où il en est je pense que s'il voulait simplement te tuer il aurait purement et simplement tout fait sauter. Il veut peut-être négocier? Impossible de savoir.

Sur cette rassurante précision, il entra.

Comme le reste du complexe, la salle des générateurs était plongée dans le noir. Des débris de l'explosion rougeoyaient encore, et une odeur lourde de fumée chargeait l'air. Tous ses sens en alerte, l'agent s'avança.

-Ward! appela-t-il sans aucun souci de discrétion. Je suis là!

Sa voix raisonna dans la grande salle, sans recevoir de réponse. Nerveux, il regarda autour de lui avec attention.
Malgré ses lunettes à vision nocturne il n'y voyait pas grand chose. Les machines lui bloquaient la vue sur une bonne partie de la salle.

Il était toujours en train d'observer quand soudain, venu de nulle part, quelque chose le frappa au niveau de la poitrine. Son gilet grésilla et brilla une seconde, tandis que le dissipateur qui y était intégré absorbait la décharge mortelle.
Sans attendre de comprendre ce qui se passait ou de recevoir un autre tir invisible, l'agent plongea à couvert. Deux morceaux du mur éclatèrent juste au dessus de lui, créant des impacts circulaires dans le béton.

-Heureusement qu'il ne veut pas me tuer, grogna Varig, ironique en se plaçant à couvert derrière un générateur éteint.

Il risqua un rapide coup d’œil hors de son abris, sans rien voir bouger. Il venait de reculer quand un trou fumant de la taille d'une pièce de monnaie apparut dans le métal, juste à côté de sa tête.
Pas doute il était pris pour cible par un excellent tireur décidé à l'éliminer. Et contrairement aux armes qu'il avait vu jusqu'à présent, la lumière des laser était camouflée, tout comme les sons, étouffés par un silencieux.
Sans attendre il se leva et longea la machine, avec de petits pas silencieux et rapides. S'il était resté sur place, il aurait fait une cible facile pour son assaillant.

-Tu peux sortir de là? demanda Sofia dans son communicateur.

L'agent évalua la distance qui le séparait de la porte.

-Pas sans me faire abattre comme un chien. De toute façon on sait sous les deux que Ward est assez dingue pour tout faire sauter si je lui échappe. Je n'ai pas de visuel sur lui. Combien de temps il vous faudrait pour trouver toutes les bombes avec des ERM?

Il y eu quelques secondes de silence, qu'il mit à profit pour franchir l'espace à découvert qui séparait deux machines, en courant courbé en deux.

-Dix minutes, lâcha finalement sa supérieure.

Varig grimaça.

-Je vous en donne cinq.

Un bruit métallique retentit, dont la source était difficilement localisable à cause de l'écho, mais proche. L'agent se remit à courir, toujours en silence. Il vérifia l'angle d'un coup d’œil rapide puis fonça vers la machine suivante.
Cette fois le bruit caractéristique des laser frappant le métal derrière lui retentit, venu de nulle part. D'autres décharges touchèrent le béton en ratant leur cible de peu, qui franchit les derniers mètres d'un plongeon et effectua une roulade avant de se redresser à couvert. Les tirs cessèrent aussitôt, mais Varig entendit distinctement le bruit d'une course étouffée.
Où était-il?

-Pourquoi essayer de me tuer maintenant Ward? lança-t-il d'une voix forte.

Il revint sur ses pas, contourna son dernier abri et sprinta vers l'autre côté de la salle. Tardivement, un tir salua la manœuvre, comme si son adversaire ne l'avait pas repéré immédiatement.
Légèrement essoufflé, sentant l'adrénaline affluer, Varig se colla contre le métal.
Mieux valait essayer une autre approche s'il voulait une réponse.

-C'est vous qui avez tué Lee n'est-ce pas? tenta-t-il.

Quelques secondes s'écoulèrent en silence. Puis soudain la voix de Ward lui répondit, difficilement localisable à cause de l'écho.

-Je devais le faire. Il vous avez envoyé Stampton et vous pour m'arrêter. Il m'a trahi!

L'ex Eraser avait crié ce dernier mot, avec quelque chose qui ressemblait à du désespoir.
Certain d'avoir touché le bon point, m'agent changea à nouveau d'abri, s'enfonçant plus profondément dans le dédale des générateurs. Il avait réussi à obliger Ward à parlementer avec lui, ce serait une bonne façon de gagner du temps et de le perturber.
S'il ne se faisait pas abattre avant. Il avait contre lui un homme très entraîné, instable et il ne pouvait même pas riposter.
Si au moins il pouvait le repérer...

-C'est ce que Corbyn vous a dit n'est-ce pas? Dites moi, depuis combien de temps vous n'avez pas fait quelque chose par vous-même?

Trois impacts saluèrent la remarque, sans vraiment le menacer. Ward tirait au hasard pour le faire bouger. Ça voulait dire qu'il n'avait pas réussi à le repérer précisément.
Varig regarda au dessus de lui. Il aurait un meilleur point de vue depuis le sommet des machines qu'en restant au sol, et cela lui donnerait un petit effet de surprise... Mais il allait être vulnérable au moment de monter et de descendre.
Tout en commençant à se hisser, il continua de parler pour attirer son adversaire.

-Corbyn vous manipule. Il a affaiblit votre esprit et il vous ment. Vous avez assassiné votre ami pour des mensonges. Vous m'entendez Ward? Vous l'avez tué pour rie...
-C'est faux! hurla Ward.

Simultanément, l'agent l'entendit se mettre à courir, abandonnant toute prudence. Il acheva de se hisser sur le générateur et roula sur côté, juste à temps pour disparaître une fraction de seconde avant de faire une cible parfaite pour l'ex Eraser.
Tous ses sens en alerte, il se redressa lentement sur la structure.

Son adversaire était tout près...

Le traquant à l'oreille, Varig se rapprocha doucement du bord.
Il repéra presque aussitôt Ward. L'arme au poing, lunettes à vision nocturne sur le visage, ce dernier avançait en vérifiant chaque angle. Son bras gauche était recouvert par un gros gantelet qui émettait une sorte de bouclier transparent devant lui. Vu de face, le dispositif le rendait totalement invisible, pour une seule direction...
Ingénieux.
L'agent ne parvint pas à voir s'il avait toujours le détonateur.

Avec des mouvements lents et silencieux, il recula et consulta son omniphone.
Encore sept minutes avant que le délais de Sofia n'expire.

-Cross! appela l'Evolve avec colère.

Ward n'allait pas tarder à comprendre comment il lui avait échappé... Avant ça il devait trouver un plan.
La voix de Sofia interrompit ses réflexions.

-J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c'est qu'on a localisé la bombe et qu'il n'y en a qu'une. La mauvaise c'est qu'elle est dans la salle des générateurs. On est en train d'évacuer tout le monde, mais si vous pouvez désamorcer le détonateur on pourra vous envoyer des renforts.

Varig grimaça alors que le paquet d'explosif apparaissait dans les lunettes de réalité augmentée.
Plusieurs grosses caisses se détachaient en rouge à l'intérieur de ce qui semblait être un des générateurs. À l'autre bout de la salle. Autant dire qu'il devait traverser un grand espace à découvert sans se faire abattre pour avoir une chance de désamorcer la bombe.

Il se redressa regarda rapidement autour de lui cherchant le moyen d'atteindre son objectif sans se faire repérer. Ce fut encore une fois sa supérieure qui lui apporta une solution.

-Un des ERM va faire diversion, tiens toi prêt à foncer. On te guidera à distance pour le désamorçage.

Quelques secondes gagnées avant que l'Evolve ne comprenne la manœuvre. Mais l'agent n'avait pas le temps d'établir un meilleur plan.
Il se laissa silencieusement tomber du haut de son abri et se plaqua aussitôt derrière le générateur, baissé pour réduire la surface de tir. Mais rien ne vint.

Un tintement éloigné raisonna dans le silence, suivi aussitôt de pas précipités.
Varig attendit quelques secondes, immobile. Ward passa tout près de lui, sans le voir.

-Maintenant! ordonna Sofia.

Oubliant toute prudence, l'agent traversa la salle en sprintant et slaloma entre les machines au pas de course, concentré sur son objectif. Le bruit de sa respiration couvrait tout autre bruit et chacune de ses foulées lui semblait aussi assourdissante qu'un coup de feu.

Les quelques secondes qu'il lui fallut pour atteindre la bombe lui parurent durer une éternité. Quand enfin il fut à côté du générateur où elle était cachée, il chercha un accès rapide aux explosifs. Il découvrit rapidement une petite grille d'aération qui donnait directement sur la bombe et s'empressa de la démonter.

-J'y suis, annonça-t-il.

Il jeta un coup d’œil inquiet par dessus son épaule.

-Ok, reste calme. Il faut retirer le module de contrôle secondaire en premier.

L'image en trois dimension d'un cube connecté aux câblage apparut dans les lunettes. L'agent chercha l'objet indiqué de longues secondes, trop longues secondes. Quand enfin il le repéra, il le décrocha aussitôt et le posa à côté de lui.

-Bien. Passe au...

Un bipement menaçant interrompit sa supérieure tandis qu'un petit écran s'illuminait. Il indiquait des chiffres.

5"00
4"59
4"58


-Un compte à rebours, gémit Varig. Pourquoi faut-il toujours qu'il y ait un foutu compte à rebours!?
-C'est normal, ne panique pas. Déconnecte le câble gris, puis branche le rouge à sa place.

L'agent fit une horrible grimace et lâcha un juron à en faire rougir la plupart des "employées" de Chaï Leng.

-Cette foutue vision nocturne est en noir est blanc...
-C'est pour faciliter le contraste, s'excusa Sofia.

Varig ne prit pas la peine de répondre et posa les lunettes à côté de lui, ainsi que son omniphone. Il le déploya, projetant un peu de lumière holographique sur le mécanisme complexe de la bombe. À l'aide de cet éclairage rudimentaire il effectua les actions demandées.
Le compte à rebours se bloqua, puis s'inversa. Les secondes montaient au lieu de diminuer...

-C'est bon, annonça-t-il.
-Presque fini. Retire le connecteur à distance et on pourra intervenir.

L'agent récupéra ses lunettes et essaya de calmer son stress tout en cherchant des yeux l'objet en trois dimensions transmis par Sofia. Il s'agissait d'une petite sphère avec deux diodes lumineuses. Mais où Ward avait-il put la placer?
Il se pencha sur les explosifs, explorant chaque recoin de la bombe et sentit un début de panique monter.

-Varig le...
-Je sais je cherche, alors fermez la! la coupa-t-il.

Mais il avait beau scruter le mécanisme, il ne voyait rien qui ressemble à l'objet décrit.

-Sofia? Ce foutu connecteur à distance n'est pas là, lâcha-t-il en maîtrisant difficilement son impatience.

Derrière lui une voix s'éleva, froide et claire comme de la glace.

-C'est parce qu'il n'y en a jamais eu. C'était du bluff. Maintenant tournez vous, lentement.

Varig s'immobilisa. C'était donc ça que voulait lui dire sa supérieure, pensa-t-il... Ward avait compris leur ruse. Franchir la distance qui les séparait ne devait lui avoir prit que quelques secondes au pas de course.

L'agent s'exécuta, pour se retrouver face à la salle déserte. Puis l'air sembla se brouiller et Ward apparut à quelques pas devant lui.

Ce dernier le tenait en joue, ses deux mains serrées sur la crosse d'un long pistolet. Mais son canon tremblait, et son front était plein de rides. L'agent voyait même une veine battre à sa tempe. Des lunettes de vision nocturne cachaient toujours ses yeux.
L'autre ne l'avait pas tué immédiatement, sans doute parce qu'il avait semé le doute. C'était un bon début.

-Ward... commença-t-il.
-La ferme! aboya l'autre.

Le cri avait quelque chose d'hystérique, ou de désespéré et le tremblement du canon s'accentua brusquement.

-Vous mentez... Vous mentez tous. Je... Je ne sais plus ce qui est réel. C'est comme un cauchemar, dont on ne se réveille pas. Je veux vous tuer, mais je ne comprends même plus pourquoi. Je sais... Je sens que je dois le faire. C'est pas normal! Pourquoi... Comment... Je suis...

Ses derniers mots moururent sur ses lèvres. Varig sentait que l'autre était à son point de rupture, mais qu'il pouvait aussi bien presser la détente et le tuer si son délire paranoïaque ou que le conditionnement de Corbyn reprenait le dessus.

Le risque était trop grand. Un plan, désespéré, jaillit dans l'esprit de l'agent, comme une évidence. Au fond, il n'avait plus grand chose à perdre... 

-Vous devez m'écouter. On peut vous aider Ward...

L'autre secoua la tête, et sa prise se raffermit sur son arme.

-Personne ne peut m'aider.

Il respira longuement et enleva soudain ses lunettes de vision nocturne.
Son visage s'était détendu d'un coup, et ses yeux cessèrent soudain de regarder Varig, fixant un point au dessus de son épaule.
L'agent passa aussitôt à l'action. Il saisit le cube de contrôle secondaire prélevé sur la bombe qui était toujours posé à côté de lui et le lança de toutes ses forces avant de s'élancer.

Ward eu le temps de presser deux fois la détente par réflexe avant que l'objet ne vienne frapper son pistolet.

Le premier impact frappa sa cible au milieu du front mais fut dissipé par le dispositif que portait l'agent, et le second frôla sa tempe. Il n'y prêta même pas attention, se jetant sur son adversaire en arrachant un de ses gants avec les dents.
Sa main libre dévia le pistolet qui tira à nouveau dans le vide, et il lutta une seconde avec Ward avant de poser sa main sur son front.

Aussitôt le pouvoir de l'Evolve s'activa, et les images affluèrent.

Varig maintint le contact plusieurs secondes, combattant les visions du manoir en train de brûler, mais il fut incapable d'en supporter plus. Sonné, il recula en titubant et tomba à genoux, le souffle court.

Ward recula lui aussi, tremblant, et murmurant des phrases incohérentes. De grosses larmes se mirent à couler sur ses joues.

-J'ai... Je l'ai tué... finit-il par lâcher comme s'il avait du mal à y croire.

Il regarda autour de lui, clignant des yeux, comme s'il s'éveillait.
Lentement, Varig se remit debout.
L'Evolve braqua son pistolet sur lui.

-C'est finit Ward, lâcha-t-il simplement.

L'autre ne répondit pas tout de suite, mais un étrange sourire apparut sur ses lèvres.

-Que la gloire aille se faire foutre, prononça calmement l'Evolve, souriant d'une plaisanterie que lui seul pouvait comprendre.

Varig comprit ce qui allait se passer une fraction de seconde avant que l'autre ne bouge. Il s'élança, mais trop tard.
D'un geste rapide et sans hésitation, Ward dirigea le canon de son arme sous son menton et pressa la détente.

Il n'y eu aucune détonation, et c'est dans un silence presque parfait que son corps s'effondra en arrière.
Emporté par son élan, l'agent tomba avec lui, plaquant le cadavre au sol. Il se redressa et regarda d'un œil vide l'arme désormais inutile dans sa main, et le visage souriant dans la mort. Une petite tache de sang fleurissait déjà sur le béton derrière sa tête.

Péniblement, Varig se remit debout et resta ainsi, immobile, fixant le corps de Ward. Il entendait la voix de Sofia, mais ne chercha pas à comprendre ce qu'elle disait.

Quand quelques minutes plus tard les commandos de l'Agence entourèrent le corps de Ward, il murmura seulement ces mots:

-C'est fini.



30 avril 2213, 09h20

Comme quelques jours plus tôt, le beau temps froid mais sec d'avril avait laissé place à un ciel lourd de nuages. Une pluie fine et froide tombait, et Varig se fit la réflexion que le temps s'adaptait aussi bien au lieu qu'à son humeur maussade.

Son cœur et son âme étaient lourds, mais aucune averse ne pouvait les décharger. Comme toujours ses yeux restaient secs.

Le regard bleu de l'agent parcourut les alignement de tombes qui l'entourait, les anciennes côtoyant les récentes. C'est à peine s'il s'arrêta une seconde sur le monument à la mémoire des Anciens qui trônait au centre du cimetière. Il n'était pas venu pour ça, et que valait un monument à la mémoire de personnes encore bien vivantes au milieu d'un cimetière?

Au delà du mur d'enceinte du lieu on pouvait seulement voir le clocher de l'église voisine. L'agent s'attarda sur les anges de pierre et les croix de formes aussi différentes que les gens enterrés qui l'entouraient.

Puis ses yeux revinrent se poser sur la tombe à ses pieds. En silence, il relut les quelques mots gravés sur la dalle de marbre.

Peter Ward
2184-2211


C'était une simple plaque posée sur le sol, sans aucune indication de son passé d'Eraser, ou d'une quelconque famille. S'il n'avait pas été officiellement tué en service, il n'aurait d'ailleurs sûrement même pas eu de tombe.

Varig leva la tête, observant les gouttes de pluie qui venaient s'écraser sur parapluie futuriste avant de ruisseler autour de lui.

-Quel gâchis... murmura-t-il.

Tellement de gens étaient morts alors qu'ils cherchaient la vérité sur cette affaire... Mais c'était bien un mensonge qui était gravé sur cette plaque.
Qui s'en souciait désormais? Qui viendrait pour se souvenir de Ward, Lee, les prostituées enlevées pour servir de cobaye à Corbyn et toutes les autres victimes de cette sombre affaire?

Personne. La CIA s'en était assurée. Elle avait enterré la vérité avec toute l'efficacité acquise en près de trois siècles d'existence.
Désormais cette tombe n'avait de sens que pour ceux qui savaient ce qui s'était vraiment passé.

L'agent se demanda où il serait enterré quand son moment viendrait, et quel mensonge on marquerait sur sa tombe, s'il en avait une. Et si quelqu'un se souviendrait de lui et viendrait y prier pour le repos de son âme, ou même simplement lui parler.
Sans doute pas. Inexplicablement cette idée lui causa un immense sentiment de tristesse et de solitude, qu'il avait si bien refoulé jusque là. De révolte aussi.

Il aurait voulu hurler vers le ciel, et faire brûler cette ville emmurée dans ses mensonges.

Pourtant il ne bougea pas. Il resta ainsi un long moment en silence, les yeux clos, comptant mentalement, cherchant à calmer les battements de son cœur qu'un analyste surveillait sans doute depuis les sous-sol de l'ambassade.

1, 2, 3, 4, 5. Inspirer.
1, 2, 3, 4, 5. Expirer.
1, 2, 3, 4, 5. Inspirer.
1, 2, 3, 4, 5. Expirer...

Bercé par le bruit de la pluie, il finit par retrouver un peu de paix.

Varig rouvrit les yeux comme s'il s'éveillait et tourna la tête vers l'entrée du cimetière, avant de regarder l'heure sur son omniphone.
Nora était en retard.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



31.07.15 23:09
Le bruit presque sourd de la pluie qui tombait sur le capot de la voiture et sur son plafond, donnait une impression de musique. Si bien que Nora n’eut aucune envie d’ouvrir les yeux. Elle n’était pas en position allongée, elle n’avait mal nulle part. Pour un peu, elle était presque en pleine forme. Mais les dernières images qui s’étaient déroulées devant ses yeux, défilèrent de nouveau derrière ses paupières closes. Varig, tenant un flingue alors qu’elle tentait de... Cette fois, l’Eraser ouvrit les yeux, s’attendant presque au pire. Mais ce fut presque une vision normale. Assise dans ce qu’il semblait être sa voiture, le chat accroché à son rétroviseur le laissait penser en tout cas. Qu’est-ce qu’elle foutait là ? Après un rapide coup d’œil en direction de son corps, elle s’aperçu presque avec stupeur qu’elle avait -semblait-il- ses affaires sur le dos. Pire, le holster qu’elle portait était, sans nul doute, le sien. Elle l’avait fais faire sur mesure et pour qu’il épuise aussi bien son corps, ça ne pouvait être que ça. Elle ne comprenait sincèrement pas pourquoi ils l’avaient laissé ici. Elle jura même en voyant une nouvelle marque sur son poignet. Pourquoi cet enfoiré l’avait arrêté ? Elle ne lui avait rien demandé ! La jeune femme jeta alors un regard par la fenêtre et à travers la pluie, elle pu voir qu’elle était près d’une église et de son cimetière. Une énième question lui vint à l’esprit, sans qu’elle ne puisse avoir quelqu’un pour y répondre. Devait-elle essayer de contacter son partenaire pour en savoir plus ? Son regard se perdit dans le vague à cette appellation. La mission était terminée, elle n’avait sans doute plus de raison de l’appeler ainsi. La sensation de son bracelet d’identification attira son attention et après quelques secondes, elle eut la confirmation qu’il s’agissait du sien. Et plus surprenant, qu’une semaine était passée depuis l’assaut. Elle était donc restée inconsciente deux jours suite à ce qui s’était passé dans la chambre de Marie ? Pourquoi faire ? Pour lui retirer cette sensation de fatigue ? Sérieusement ? Alors qu’elle se perdait dans ses pensées, le pare-brise s’assombrit et l’instant d’après, le visage d’une femme se vit voir. Un appel ? Et elle n’était pas en mesure de le refuser ? Allait-on lui dire que sa voiture était piégée et qu’elle allait sauter ? Ce serait presque trop beau... Au lieu de ça, l’inconnue se mit à parler, voyant que Nora, pour une fois, n’était pas trop loquace.

« Bonjour Nora. Je m’appelle Sofia et je suis la supérieure de l’agent Cross. »
Commença-t-elle.

D’accord, elle avait réussit à piquer sa curiosité. Pourquoi se présenter en personne ? Qu’est-ce qu’elle avait à y gagner en agissant ainsi ? Bien que de nombreuses questions lui brulaient les lèvres, Nora garda ces dernières closes. Avait-elle réellement envie de connaitre le pourquoi du comment maintenant ? Est-ce que ça en valait vraiment la peine ? De faire perdre du temps à tout le monde ?

« Marie Greene va bien. Elle et sa famille ont quitté la ville, grâce à nous. »
Cette information intéressa un peu plus l’Eraser.

« Dans quel sens ? »
Cracha Nora, sur ses gardes.

« L’utilisation de votre pouvoir a amorcé sa guérison. »


Qu’on lui rappelle cet aspect d’elle n’était pas pour lui plaire, loin de là. Et le froncement de sourcil de l’intéressée en attestait. Mais, apprendre que Marie n’était plus amorphe dans cette chambre, était sans nul doute la meilleure nouvelle depuis des jours. Et maintenant qu’elle était lancée sur les questions, l’Eraser poursuivit, prenant pour argent comptant ce que lui disait cette fameuse Sofia.

« Pourquoi m’avoir relâchée ? Alors que vous doutiez de ce que je pourrais faire vous concernant ? »

Ce n’était pas des menaces, juste une constatation de ce qu’avait pu lui dire Varig, des jours plus tôt. La réponse ne se fit pas attendre et comme le début de cet appel, la voix de la femme était posé et mesuré.

« Vous ne savez pas grand chose de nous Nora, mais nous ne sommes pas les méchants de l'histoire. J'ai estimé que vous méritiez votre chance... Et de toute façon vous ignorez qui nous sommes, qui nous contrôlons. À qui vous fier? Si Marie Greene travaillait pour nous, qui d'autres dans la milice? Nous n'avons pas intérêt à nous battre Nora. Surtout maintenant que vous avez vu ce que nous faisions. Mettre des gens comme Corbyn hors d'état de nuire. »

« Oh ? Alors je vous en dois une, c’est ça ? »


Son interlocutrice sembla soupirer et secoua la tête. Sérieusement ? Pourquoi avait-elle autant de mal à le croire ? Il était évident qu’elle ne pourrait pas parler, parce que personne ne pourrait la croire, mais tout de même, c’était bien trop louche pour elle. A moins qu’elle ne voit le mal partout ? Ok, alors soit. Mais une autre question lui taraudait l’esprit :

« Pourquoi ne pas m'avoir laissé aller jusqu'au bout, dans cette chambre? »
Sa voix était détachée. Comme si elle n’avait pas été sur le point de commettre un acte irréversible ce jour là.

Mais ça avait été son choix, à cet instant, de quitter ce monde. De quel droit l’avait-on empêché de le faire ? Dans quel but ? Les lèvres de Sofia remuèrent et la réponse tomba l’instant d’après.

« Quoi que vous pensiez de nous, on ne laisse pas mourir les gens que nous pouvons sauver. Je n'attends rien en échange, même pas un remerciement. Mais nous ne serons pas toujours là pour vous arrêter, et c'est pour cela que nous discutons maintenant. Votre arme de service est dans la boite à gant, avec ses munitions. Dans quelques minutes, je vous laisserais seule et vous déciderez de ce que vous voulez. Je ne prétends pas que je vous comprends, mais à votre place, j'aimerai avoir ce choix. »


Un remerciement ?! Cette garce se foutait de sa gueule ? Nora faillit ouvrir la bouche pour lui répliquer le fond de sa pensée, mais la suite des propos de cette femme la stoppèrent net. Son arme de service ? Elle n’attendit pas une seconde de plus pour ouvrir sa boite à gant et découvrir qu’elle avait raison. Elle se saisit aussitôt de l’arme, la crosse dans sa main droite, son pouce caressant le métal dur et froid. Ce simple contact lui avait terriblement manqué mais pour la première fois depuis des années, elle ne se sentait pas plus en sécurité avec. Cette impression la perturba. Qu’est-ce qui avait changé pour qu’elle ne ressente plus ce sentiment ? Il devait être inutile de répondre à cette question. Machinalement, elle remit en place ses munitions, d’un mouvement fluide bien qu’un peu plus lent qu’à son habitude. Manque de pratique ? Pour ce que ça allait lui servir dans les prochaines minutes... Alors qu’elle se perdait de nouveau dans ses pensées, la voix de Sofia résonna de nouveau dans l’habitacle.

« Vous avez beaucoup donné sans rien en retirer pour vous même Nora, et pas seulement ces derniers jours. D'après votre dossier, vous êtes un bon flic, trop tête brûlée et indisciplinée pour monter en grade mais efficace et loyale. Dites moi Nora, pourquoi prenez vous tous ces risques? »



Son dossier ? Pourquoi ça ne l’étonnait guère qu’elle en parle ? Quant à savoir le pourquoi...

« Et pourquoi pas ? » Fut sa première réponse, sans lâcher des yeux son arme. Mais quelques secondes plus tard, elle releva le visage pour croiser le regard de son interlocutrice. « Pour venir à bout de ces monstres, je suis prête à tout... Monstre dont je fais maintenant partie. » Acheva-t-elle avec un sourire mauvais.

* Plus pour très longtemps. * Aurait-elle pu ajouter.

« Vous mentez, et vous vous mentez à vous même. C'est pour détruire les Evolves que vous avez tout risqué et arrêté Corbyn? C'est par haine que vous avez choisi de vivre après la mort de vos parents? Moi je crois que si vous haïssez tant les Evolves c'est parce qu'il vous faut quelqu'un à blâmer, quelqu'un à punir pour la mort de vos parents. Mais ce que vous êtes au plus profond de vous, ce que vous voulez vraiment, ce n'est pas punir. Vous vous battez pour sauver les autres, pour les empêcher de vivre ce que vous avez vécu. Pour les sauver comme vous auriez voulu sauver votre famille, pas pour détruire. »


Le visage de l’intéressée se ferma totalement à ces propos. Pour qui elle se prenait, cette femme, pour oser lui servir une séance de psychanalyse à la con ? Elle ouvrit alors la bouche, pour lui répliquer de se mêler de son cul, de ce qui la regardait et qu’elle pouvait se garder ses analyses pour elle. Pourtant, elle referma la bouche sans qu’aucun son n’ait franchit ses lèvres. Elle ne voulait tout simplement pas croire qu’elle avait raison. Mais dans le fond, elle savait que c’était le cas. Il n’avait pas été question d’Evolve au début de l’enquête. Mais simplement de la vie d’une collègue et amie. Elle avait risqué gros, jusqu’à sa vie, pour elle. Et elle avait même voulu protéger Candrana. Elle n’aimait pas ça, que cette inconnue ait raison à ce point.

« Sauver ET punir, c’est ça que je veux. Ou que je voulais... »
Ajouta-t-elle avec une voix plus basse.

Elle ne voulait mettre personne en danger avec son pouvoir, avec ce qu’elle était devenue, ce qu’elle avait toujours été, sans même le savoir. Sa main serra un peu plus son arme, allant jusqu’à la faire trembler.

« Vous êtes une Evolve... »

« La ferme. »

« ...Et vous avez sauvé Marie de son enfer grâce à votre pouvoir. Nora, ce n'est pas fini. Vous pouvez encore sauver beaucoup de gens. Mais pour ça, vous devez choisir de vous battre comme vous l'avez toujours fait, même si ce serait plus facile de laisser tomber. Je crois qu'au fond de vous, vous aurez la force de continuer. De ne pas abandonner tous ceux que vous pourriez encore aider. Mais personne d'autre ne peut choisir à votre place. Je vous demande beaucoup, mais je sais que vous ferez le bon choix. »

« Allez-vous faire foutre. Vous ne me connaissez pas. »
Cracha-t-elle.

Sofia parut acquiescer, probablement plus par politesse que pour réellement être en accord avec elle.

« Au revoir Nora. » Répondit son interlocutrice alors que l’appel vidéo se terminait et que son pare-brise reprenait sa fonctionne initiale.

Aider les autres hein ? Avec un pouvoir comme le sien, qui n’était que destructeur de son point de vue ? Pourquoi cette femme croyait-elle en ses capacités. Qu’avait-elle à y gagner en essayant de lui faire entendre raison ? Nora jura plusieurs fois, allant jusqu’à insulter cette femme. Mais malgré ça, elle n’appuya pas sur la détente. Son regard se perdait sur son arme, sans qu’elle ne sache réellement quoi faire. Jouer avec le feu et continuer d’avancer ? Aucune idée. L’œil de l’Eraser aperçu alors un objet qui n’était pas à elle, dans sa boite à gant. Elle s’en saisit de sa main gauche, un pad où était inscrit un numéro d’aller et de tombe. Son regard se porta sur l’extérieur et le cimetière qui s’étendait devant elle. Elle jura de nouveau, remit le pad à l’endroit où elle l’avait prit et ouvrit la portière. L’air frais et les gouttes d’eau qui lui tombèrent sur la figure lui furent presque apaisants. Son regard se perdit face à elle alors qu’elle se levait et refermait la portière. Sans ranger son arme, qu’elle tenait toujours aussi fermement dans sa main, Nora se mit à marcher dans les allers du cimetière. Lisant parfois les noms et les inscriptions sur les pierres tombales, alors qu’elle finit par être trempée comme une souche. Si elle n’attrapait pas la mort... Elle ne termina pas sa pensée, lorsqu’elle vit une silhouette non loin. Elle ne mit pas longtemps avant de l’identifier. Qu’est-ce qu’il fichait là ? La jeune femme haussa les épaules et continua de se diriger vers lui. Elle ne dit rien jusqu’à s’arrêter devant la tombe et qu’elle y lut l’inscription. Ward ? Sans quitter le monument funéraire des yeux, elle demanda :

« Pourquoi lui ? » Et après quelques secondes de silence, elle posa la question qui lui était apparut en le voyant. « Qu’est-ce que tu fais là ? »  


Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



01.08.15 1:25
Varig attendait depuis un moment quand la silhouette de celle qui l'attendait apparut entre les tombes. Durant quelques secondes il la regarda s'approcher puis retourna son regard vers la plaque au sol. Il avait vu qu'elle tenait son arme, mais il ne ressentit aucune menace.
Il était sûr que ce n'était pas contre lui qu'elle voulait s'en servir.

Le bruit des pas de la jeune femme finit par devenir audible malgré celui de la pluie. Une fois à côté de lui elle s'arrêta. Durant de longues secondes, elle ne dit rien.

-Pourquoi lui? finit-elle par demander.

L'agent ne répondit pas et regarda autour d'eux. Ils étaient seuls, avec les tombes et les anges de pierre.
Il repensa à la puce implantée dans sa tête et se demanda si on l'écoutait. Probablement.

-Qu’est-ce que tu fais là? ajouta Nora.

Il tourna son regard vers elle et laissa le silence se prolonger quelques instants de plus.
L'Eraser ne semblait pas se soucier de la pluie froide qui ruisselait sur son visage, ni même s'en apercevoir.
Ses yeux fixaient la dalle de pierre posée sur le sol, mais à la place de la colère qu'il y avait souvent lu il ne vit qu'une lassitude infini. À moins que ce ne soit la sienne qu'il croyait lire dans les yeux de la jeune femme?

-Lee a été enterré hier, pas très loin de cette allée, répondit-il en ramenant lui aussi son regard sur la tombe. Beaucoup d'Erasers étaient là, sa famille et quelques amis aussi. Mais personne n'est venu pour Ward... Ni pour toutes les filles assassinées par Corbyn. Je voulais simplement qu'on ne les oublie pas tout à fait.

L'agent retomba dans le silence de longues secondes.

-Mais peut-être aussi que je suis venu parce que mon nom est écrit là bas, finit-il par lâcher en désignant le monument dédié aux disparus, un peu plus loin. Nous sommes des fantômes lui et moi. C'est pour ça que je sais qu'il est déjà venu sur sur sa tombe.

Il soupira, puis marqua une nouvelle pause avant de répondre à la deuxième question.

-Je suis là parce que je voulais te dire au revoir, avant de retourner dans l'ombre...

Avec des gestes lents, Varig retira ses lunettes et chercha les yeux de la jeune femme. Son visage était vide d'expression, vide de masque. Son regard avait l'éclat dur des soldats.

-... Et te demander de me promettre quelque chose. Quand je mourrais, j'aimerais que tu revienne ici et que tu te pense à moi, juste un petit moment. Tout ceux pour qui je comptait sont morts depuis longtemps. Je n'ai tout simplement personne d'autre à qui demander ça.

Il détourna les yeux une seconde, et sa main serra plus fort le manche du parapluie.

-Au moment de mourir... J'aimerais juste pouvoir me dire que je ne suis pas seul en ce monde.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



01.08.15 16:20
Le silence que lui opposait Varig, après ses interrogations n’était pas si désagréable. En fait, c’était peut-être même tout le contraire. Apprécier simplement le fait d’avoir quelqu’un en chair et en os à ses côtés, juste pour quelques minutes. Elle crut sentir le regard de son interlocuteur sur elle mais Nora ne chercha pas à le confirmer en bougeant. Ce n’était pas nécessaire et dans tous les cas, elle s’en fichait. Le mutisme ne dura pas aussi longtemps qu’elle ne l’aurait cru et elle écouta la réponse de l’homme. Lee ? Cette mort lui semblait avoir eu lieu il y avait tellement longtemps, des années auparavant et non pas quelques jours. Elle jeta un regard en direction de Varig lorsqu’il commença à parler de Ward. Pourquoi quelqu’un serait venu le voir ? Il était mort depuis quelque temps déjà, aux yeux de la population, et seuls quelques rares Erasers devaient se souvenir encore de leur collègue. C’était triste mais lorsqu’on voyait la simplicité et la neutralité de sa tombe, c’était la conclusion sur laquelle elle tombait. Quant aux filles. Si elles avaient eu de la famille, cette dernière se poserait sans doute des questions sur elles, sur ce qu’elles étaient devenues, sans jamais savoir qu’elles étaient mortes probablement en hurlant de douleur et de peur.

« Tu crois qu’on pourrait oublier un jour cette histoire ? »
Demanda-t-elle à voix basse.

Ce serait surement très difficile, voir impossible. Trop de morts à cause d’un seul homme. Trop de mensonges et de conséquences néfastes pour des gens qui pensaient pouvoir tout avoir avec du fric. La douce réalité de ce bas monde... Où la justice se casserait toujours les dents contre ce genre de type. Nora tourna la tête en direction du monument qu’il semblait lui montrer, celui érigé pour les disparus. Un fantôme hein ? Elle sourit faiblement à cette idée. En effet, Ward n’avait plus d’existence depuis sa pseudo mort et Varig... Elle le dévisagea... Un ancien qui n’avait probablement plus d’identité non plus. C’était même à se demander si Varig était son véritable prénom ou simplement celui qu’il s’était donné et avait adopté dès qu’il était tombé ici. Mais dans le fond, ça l’importait peu. Ce n’était pas le genre d’information dont elle avait besoin. Ni même ce qui lui avait sauvé la vie. Il était Varig, un point c’était tout. L’Eraser se trouvait bien pragmatique pour le coup, ce qui n’arrivait pas souvent. Mais elle n’avait rien à lui répondre. Lui faire part de sa pensée ne lui semblait pas être nécessaire mais elle ne voulait pas acquiescer non plus. Elle ne le voyait pas comme il se décrivait mais elle n’avait pas les mots adéquats pour le lui dire. C’était pas comme si elle avait l’habitude de ce genre de conversation. Lui dire au revoir ? Cette idée aurait presque pu la faire sourire, si elle n’avait pas croisé le regard de l’homme. Il voulait prendre cette peine ? Alors qu’il aurait simplement pu disparaitre, sans donner plus de nouvelles ? Elle appréciait presque la démarche et ne s’attendait pas vraiment à la suite. Elle n’aimait pas vraiment le début de sa phrase. Les promesses et elle, ça faisait beaucoup. Mais elle écouta cependant la suite avec attention. Et quand la raison tomba, elle ne pu cacher sa surprise. Personne d’autre ? Merde alors. Pour le coup, elle se sentait presque mal pour lui et mal à l’aise pour elle. Il n’avait tout simplement pas le droit de vouloir lui faire promettre ce genre de chose ! Surtout lorsqu’on savait qu’il était celui qui l’avait arrêté dans cette chambre. Putain d’enfoiré d’égoïste ! Elle allait lui répliquer le fond de sa pensée, avec plus ou moins les mêmes termes mais quand la fin de ses propos tomba, elle referma la bouche. Nora serra les dents et l’insulta de pas mal de nom, mentalement. Avec de telles paroles, comment elle pourrait refuser ? En sachant qu’il lui avait tenu la main au moment où elle aurait pu crever ?

« Tu fais chier avec ta promesse. » Maugréa-t-elle en regardant la tombe de Ward.

Elle soupira et rangea son arme dans son holster. Ils faisaient tous chier, en fait. Ils ne pouvaient pas juste la laisser tranquille, bordel ? Et les propos de l’autre connasse qui lui revenaient même en tête. Sauver les gens hein ? Nora finit par pivoter et tendre sa main en direction de Varig. Comme pour annoncer le début de sa réponse.


« Ok. J’accepte. Mais compte pas sur moi pour te ramener des fleurs sur ta tombe, ok ? »


La poignée de main ne dura pas trop longtemps, quelques secondes à tout casser, avant qu’elle ne croise ses bras sous sa poitrine. Besoin puéril d’être prise dans les bras. Elle venait d’accepter de rester en vie pour tenir sa promesse, avec tout ce que ça impliquait pour elle. Un frisson lui parcourut l’échine, en sachant que ça n’était pas totalement à cause de la pluie qui lui tombait sur la tronche.

« Et sache que... Tu n’es pas un fantôme à mes yeux. Vu la merde que tu as foutu dans ma vie et les marques visibles que ça a laissé sur mon corps, il me serait difficile de te voir autrement que comme... Un partenaire. »



Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



02.08.15 1:05
Après avoir lâché ces derniers mots, Varig regarda à nouveau le visage de la jeune femme, comme pour y lire une réponse, guetter un signe.
Mais elle détourna la tête et serra les dents. Durant de longues secondes, elle ne dit rien, en proie à une colère que l'agent comprenait sans peine.
À son tour détourna les yeux et fixa la tombe de Ward, comme pour ne pas voir le rejet si prévisible se peindre un peu plus sur les traits de Nora.

Il était celui qui l'avait empêchée de mourir alors qu'elle se croyait encore humaine, puis qui l'avait à nouveau sauvée quand elle avait compris ce qu'elle était devenue. Peut-être se disait-elle que c'était lui qui l'avait entraînée dans ce tourbillon d’événements... Et elle n'aurait pas tord.
Pour la première fois il se demanda si l'arme qu'elle tenait dans sa main ne lui était pas destinée. Et cette idée n'éveilla en lui aucune révolte, aucune peur.

Depuis qu'il était arrivé à Madison il s'était convaincu qu'il obéissait à Sofia non par choix mais parce qu'elle représentait sa seule chance de partir de la ville, d'échapper aux autorités et de comprendre ce nouveau monde... Mais la vérité c'est qu'il aurait put enfin profiter de cette chance pour repartir de zéro, se livrer aux Erasers, recevoir une nouvelle identité, commencer une nouvelle vie. Au lieu de ça il s'était obstiné à se battre, à plonger dans les ombres de cette ville, encore et encore.

Et en quelques semaines ce chemin l'avait amené de plus en plus loin dans l'obscurité et le mal, jusqu'à ce qu'il redevienne le tueur qu'il avait été. Pourquoi n'avait-il pas voulu voir que c'était l'endroit où le conduisait inévitablement ses pas?

-Tu fais chier avec ta promesse, lâcha soudain Nora avec sa rudesse habituelle, interrompant ses pensées.

Surpris malgré lui par cette phrase lapidaire, Varig la regarda à nouveau. La colère avait disparue de son visage, remplacée par une mine vaguement boudeuse.
Alors qu'il cherchait encore la raison de ce changement, il vit l'Eraser rengainer son arme. Puis elle lui tendit la main.

-Ok. J’accepte.

Elle ajouta aussitôt, comme pour dédramatiser son engagement:

-Mais compte pas sur moi pour te ramener des fleurs sur ta tombe, ok?

Malgré lui, l'agent lui sourit.

-Tant pis, j'en demanderais à Leng, répondit-il avec une grimace.

Puis il ôta son gant et prit la main tendue.
La peau de Nora était froide, mais sa poigne solide et franche. Varig serra lui aussi et ne dit rien. Ce simple geste rendait les mots inutiles.

Au bout de quelques secondes, l'Eraser retira sa main et croisa les bras autour d'elle. Bien qu'elle ait passé des jours à dormir et à être soignée, la jeune femme semblait soudain épuisée et vulnérable.

L'agent faillit la prendre dans ses bras, et lui faire passer un peu de chaleur par ce geste. Comme elle venait de le faire pour lui... Peut être même attendait-elle qu'il le fasse. Il aurait voulu le faire.
Pourtant il se contenta de remettre son gant, puis ses lunettes, sans aller vers elle.

Elle ignorait tellement de choses de lui, de son passé, de son présent aussi...
Des gens qu'il avait tué, de ce qu'il avait fait et de tous ses mensonges. Il était un agent et un tueur, surveillé en permanence par un morceau de métal niché dans sa chair par la dangereuse organisation à laquelle il devrait désormais obéir.

Tout ce qu'elle voyait de lui n'était qu'une image lointaine et vague de celui qu'il était vraiment.

-Juste un fantôme... murmura-t-il pour lui même avec un sourire sans joie.

Le bruit de la pluie les entoura quelques secondes, doux et apaisant. Mais la jeune femme avait dut entendre ses mots puisqu'elle reprit la parole:

-Et sache que... Tu n’es pas un fantôme à mes yeux. Vu la merde que tu as foutu dans ma vie et les marques visibles que ça a laissé sur mon corps, il me serait difficile de te voir autrement que comme... Un partenaire.

À nouveau il y eu un silence, couvert les sons de l'averse. L'agent ne répondit pas. Il n'avait rien à dire qui ne diminue la valeur de ce qu'il venait de recevoir, aussi bourrue que soit la déclaration...
Finalement il se retourna vers l'Eraser.

-Fais attention à toi partenaire. C'est une ville dangereuse, surtout quand on marche dans ses ombres...

Il planta ses yeux dans les siens, et durant de longues secondes il ne dit rien, comme s'il cherchait ses mots. Ou qu'il hésitait à les dire.

-Au revoir Nora. lâcha-t-il finalement avec une expression indéchiffrable sur le visage. Dieu te garde...

Il resta encore immobile, écoutant sa réponse en silence. Puis il se détourna et se mit en marche vers le mur d'enceinte.

Ses pieds crissaient sur le gravier qui recouvrait les allées, l'air frais qu'il inspirait sentait la pluie et le bruit des gouttes qui frappaient le sol autour de lui l'entourait comme un cocon.

Il marcha ainsi un moment, perdu dans ses pensées. Ce n'est qu'une fois arrivé devant la grille qu'il s'arrêta. Comme s'il hésitait à quitter le cimetière.
Ses yeux balayèrent l'alignement de tombes, et s'arrêtèrent sur le monument des disparus, au loin.

Tu n’es pas un fantôme, lui souffla la voix de Nora à travers ses souvenirs.

Prit d'une subite inspiration, l'agent désactiva son parapluie futuriste et le replia pour le faire disparaître dans sa poche. Puis il se redressa et regarda vers le ciel.

Un fin sourire se dessina sur son visage alors que l'eau froide ruisselait sur lui.

Je suis en vie...
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



03.08.15 0:18
L’humour de Varig était tout aussi nul que le sien, c’en était vraiment triste à ce stade. Mais au moins, ça confirmait qu’il avait comprit ce que ça impliquait pour elle d’accepter sa demande. Enfin, c’était ce qu’elle espérait. Et dans le pire des cas, ça n’avait pas des masses d’importance. Elle apprécia qu’il retire son gant pour lui prendre la main. C’était presque un signe de respect de son point de vue et il n’avait pas besoin de dire quoi que ce soit pour accompagner son geste. Ils ne se connaissaient pas, sur bien des points, mais pour d’autres, ils semblaient se comprendre. Un peu. Une ville dangereuse ? Nora sourit à cette affirmation mais haussa les épaules. Elle avait toujours vécue ici, c’était pas à elle qu’il fallait dire ça, elle le savait peut-être mieux que lui.

« J’me fais pas trop de soucis, j’pourrais difficilement faire pire que ce qu’on a vécu pendant ces quelques jours. »
Lâcha-t-elle presque nonchalamment.

Enfin, il y avait toujours pire. Et elle en avait parfaitement confiance, mais elle espérait presque naïvement qu’aucune autre couille ne lui tombe sur la gueule, dans les prochains mois. Elle avait tout simplement eu sa dose de sensations fortes pour les quelques semaines à venir. Mais ça, c’était pas vraiment à elle de le décider. Elle laisserait venir le Destin et essaierait d’y faire tant bien que mal. L’Eraser soutint son regard, sans vraiment savoir quoi répondre d’autre. Fallait dire qu’ils n’étaient pas du genre très loquace tous les deux et elle supposait qu’il n’était pas plus un adepte qu’elle pour ce type de conversation. Surtout avec ce qu’il avait murmuré. En d’autres circonstances, avec d’autres collègues, elle aurait pu lui proposer de se revoir dans quelque temps pour se prendre un café, mais là encore, elle ne se voyait pas faire ce genre de rencontre avec Varig. Ca aurait plutôt été une rencontre musclée et faite de sueur.

« Si tu veux ta revanche, fais-moi signe. »
Finit-elle par lâcher, sur un ton plus léger qu’on ne lui connaissait.

Ce n’était pas pour remettre le couteau dans la plaie, elle-même avait du mal à accepter ce qu’elle avait fais, mais plutôt pour lui faire part de sa façon de penser. Après tout, leur première rencontre s’était déroulée ainsi. Dieu ? Elle leva un sourcil mais préféra ne pas répondre. Elle se souvint avoir entendu des vers de ce qui ressemblait à une prière, lorsqu’elle le torturait et elle avait donc conclu qu’il était de ceux qui croyaient en une puissance supérieure. Là dessus, ils ne risquaient pas de s’entendre beaucoup. Elle ne pouvait concevoir qu’on ai décidé de lui retirer ses parents, dans une telle violence, juste parce qu’un type l’avait décidé ainsi. Nora sortie de ses pensées en le regardant s’éloigner et soupira. Elle n’avait maintenant qu’une envie : aller se foutre sous sa couette et ne plus y bouger. Tout en sachant dorénavant qu’elle n’était pas plus en sécurité chez elle qu’ailleurs, les fringues propres qu’elle portait sur elle en attestaient. Vraiment, super.

Elle prit la direction opposée à celle de Varig, pour sortir de l’autre côté du cimetière. Elle tremblait maintenant de froid. Peut-être qu’elle prendrait une douche en rentrant, histoire de constater l’étendu des dégâts sur son corps et se réchauffer un peu. Avant de glisser sous ses couvertures et dormir. Ou bien réfléchir. Elle devait savoir ce qu’elle allait faire du fait qu’elle était maintenant une Evolve active. Cette pensée la figea sur place et lui donna encore plus froid, avant qu’elle ne reprenne son chemin. Elle qui était déjà sujette aux sautes d’humeur, voila qu’elle avait un pouvoir qui pouvait amplifier ça et de surcroit, se communiquer aux autres. Ca foutrait plus la merde qu’autre chose, c’était certain.

« Pour changer... »
Murmura-t-elle pour elle-même alors qu’elle prenait place dans sa voiture pour rentrer chez elle.
Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



16.08.15 0:52
Alors que la discutions entre Varig et Nora s'achevait et qu'ils s'éloignaient tous deux du cimetière, un observateur discret, n'avait perdu rien de la scène.
Embusqué en haut du clocher de l'église, l'homme cagoulé vêtu d'une longue veste grise avait calé le trépied de son fusil laser sur le rebord d'une des fenêtres de l'édifice. Le bout de son canon ne dépassait pas à l'extérieur, caché comme lui dans l'ombre que le temps pluvieux ne faisait que densifier. L’œil vissé sur sa lunette, il observait chaque mouvement, suivant sa cible du bout de son canon.
Son viseur était en plein milieu du front de Varig.

Son doigt vint doucement se placer sur la détente, prêt à délivrer la décharge mortelle. Sans même y penser, il tapota avec douceur la surface polie.

Pourtant il ne tira pas, et sa cible disparue de son champ de vision.

Le sniper resta immobile quelques secondes de plus, puis il releva son arme et en replia le trépied.
Grâce à l'accessoire fixé à côté de la détente, il n'avait rien perdu de la conversation, qu'il avait entendue aussi précisément que s'il avait été à côté des deux partenaires. Pourtant ce n'était pas à lui que le dialogue enregistré était destiné...

-Ici Heka. Ils sont hors de vue, annonça-t-il à voix haute. Mais je pense toujours que j'aurais dut les abattre tant que j'en avais l'occasion.

Tout en parlant il rengaina le pistolet silencieux posé sur le sol, à portée de main, au cas où quelqu'un ferait irruption. Le clocher avait beau être automatisé depuis des générations, un des religieux pouvait venir jeter un œil au mécanisme, ou bien un curieux décider de visiter le mauvais endroit au mauvais moment.

Son interlocuteur invisible dut répondre quelque chose, puisqu'il secoua la tête.

-Je comprends, mais ils ont déjà causé la perte d'une bonne partie des travaux de Corbyn. Le docteur Lowell a une équipe sur les rapports préliminaires qu'il a reçu, mais ils vont mettre des mois à tout reconstituer, ce qui après les sommes déjà investies dans ce projet représente une sérieuse défaite. Vous dirigez le Groupe, mais je...

Sans doute interrompu, il grimaça sous le tissu respirant de sa cagoule avant de se baisser pour commencer à démonter son fusil. Avec des gestes dénonçant une longue pratique, il remit au fur et à mesure chaque pièce dans les poches spécialement prévues à cet effet de sa veste. Il restait concentré sur sa conversations, les gestes familiers ne réclamant aucune réflexion pour lui.

-Bien sûr. Corbyn mort, la fuite est colmatée, rien ne les mènera jusqu'à nous. Si Lowell pense pouvoir reconstituer le protocole de production dans un délais raisonnable alors ce n'est pas une catastrophe complète... Mais le risque existe toujours qu'à force de chercher, ils dénichent quelque chose sur le Groupe. Vous savez ce qui... commença-t-il avant de se taire à nouveau. Oui, bien sûr. Je suis d'accord avec vous, il y a des endroits et des moments plus discrets pour les éliminer... Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi vous m'avez envoyé ici si vous ne comptiez pas les tuer? Un micro aurait suffit à les espionner.

Tandis qu'il parlait, le fusil achevait de disparaître. Une fois l'arme rangée, il effectua un dernier tour des lieux pour s'assurer de n'avoir laissé aucun indice, puis enleva sa cagoule, révélant un visage émacié et dur, qui évoquait étrangement celui d'un oiseau de proie.

-Très bien. C'est vous la patronne, conclut-il en direction de son interlocutrice avant que la communication ne soit coupée.

Heka jeta un dernier regard par la fenêtre vers le cimetière martelé par la pluie.
Machinalement, il se frotta la nuque, là où sa puce avait été implantée, puis il consulta son bracelet avant de se diriger vers l'échelle métallique menant à la sacristie.
En quelques minutes il avait quitté les lieux, sans faire plus de bruit ou laisser plus de traces qu'une ombre.


Au même moment, sous l'ambassade américaine, un autre dialogue électronique commençait.

-Bonjour Sofia. lança une voix masculine joviale. Tu es en retard. Un problème dont je devrais être informé peut-être?

Cette dernière sourit à son interlocuteur, et se dit encore une fois qu'il n'avait pas plus l'air d'un employé de la CIA qu'elle. Aimant manifestement plus la nourriture que le sport, l'homme à lunette assis de l'autre côté de son bureau portait un costume beige de prix avec lequel il aurait été bien incapable de courir. Et surtout sa figure ronde avait quelque chose d’inexplicablement joyeux et communicatif.
L'illusion de proximité crée par la communication renforçait cette impression.
Un mur holographique passait au milieu de leurs bureaux respectifs de sorte que les stylos de chacun des correspondants semblaient être à portée de main de l'autre. En réalité des centaines de kilomètres les séparaient.

-Bonjour Blake. Pas de vrai problème, seulement un emploi du temps surchargé, répondit-elle d'un ton neutre. Mais j'imagine qu'en tant que directeur des opérations tu connais ça aussi?

Le sourire de l'homme replet se transforma en une grimace théâtrale.

-Ne m'en parle pas. Tout le monde est sur les dents à cause de l’événement 37... lâcha-t-il. Andrews aimerait savoir ce qui se passe sur le terrain avant même que ça se produise. Apparemment il a du mal à comprendre que je ne suis pas Prince. Bref. Où en sommes nous?

Le sourire de Sofia s'effaça tout à fait, remplacé par une mine soucieuse.

-Stampton a été relâchée et a reprise ses fonctions, elle ne devrait pas poser de problème. Cross est sous contrôle. Je lui ai expliqué la décision qui a été prise à son sujet après la mort de Corbyn et je crois qu'il obéira désormais. Dans le cas contraire, il sait qu'on peut l'exécuter à n'importe quel moment pour ce meurtre via sa nouvelle puce. Nous l'avons donc remis en liberté.

Blake hocha la tête, pensif.

-Peut-on être libre avec une épée de Damoclès implantée dans le crane? J'ai lu ton rapport. Tu as bien fait de lui proposer de purger une peine de prison à vie. Il faut que cette mission et cette puce soient son choix... On voit bien là l'ancienne psychologue. C'est du bon travail.

Sofia se mit aussitôt sur ses gardes, sans en laisser rien paraître. Blak ne parlait pas pour le plaisir d'entendre le son de sa propre voix, et elle pressentait où il voulait en venir. Malgré son sourire jovial, c'était un des plus anciens cadres de l'Agence, à la carrière longue et riche. On arrivait pas à son poste par hasard...
Pourtant c'est avec un sourire détendu qu'elle répondit:

-Merci, mais de nombreux agents n'ont rien à m'envier dans ce domaine même si mon expérience de psy au département de la défense m'est bien utile... As-tu put obtenir les autorisations que j'ai demandé pour la nouvelle identité de Cross?
-C'est un problème réglé. Oh, ne soit pas si modeste. Tu es une des meilleure que je connaisse quand il s'agit de comprendre et de gérer des agents ou des suspects. D'ailleurs...

Il marqua une pause, comme si une idée venait de lui traverser l'esprit, et la main de Sofia sera soudain l'accoudoir de son fauteuil. L'autre avait ignoré sa tentative de changement de sujet; ça ne pouvait signifier qu'une chose...

-... Je trouve d'autant plus étonnant que tu n'ais pas prévu ce qui allait se passer avec Corbyn quand tu as autorisé Cross à l'interroger.

Le sourire de Sofia disparu tout à fait. Elle se pencha en avant sur le bureau.

-Je pourrais prétendre qu'il était le plus apte à le faire parler, mais on a tous les deux passé trop de temps dans ce boulot pour jouer à ce jeu là. Prince a désigné Cross comme point d'inflexion de l’événement 37. On avait besoin d'un moyen de pression pour s'assurer de sa coopération, et grâce à la mort de ce salopard de Corbyn on en a un. Le reste n'a aucune importance.

Blake regarda son interlocutrice de côté, sans se départir de son sourire.

-Un avis que Andrews ne partagerait pas forcément. Le directeur de la CIA ne peut pas permettre certaines initiatives... Et Corbyn pouvait-être utile. C'est précisément pour cela que je ne lui ait pas parlé de mes soupçons, pas encore. Avant de prendre ma décision...

Sofia se recula en arrière.

-Tu veux savoir si mon jugement est altéré à cause de l’événement 0, compléta-t-elle.

Blake hocha doucement la tête.

-Quand Prince a transmis le premier point d'inflexion, l'Agence l'a ignoré. Et ton fils unique est mort. Ce serait compréhensible que cette affaire te perturbe... Au point de dépasser les limites. J'ai besoin de savoir si tu es la plus apte pour faire ce travail.

L’intéressée ne cilla pas à l'évocation de la perte qu'elle avait subie, bien des années plus tôt et qui l'avait amenée à rejoindre l'Agence. C'est avec un calme absolu qu'elle répondit.

-Beaucoup de gens sont morts parce que les agents chargés de l'inflexion des événements n'ont pas eu le courage de faire les sacrifices qui s'imposaient. Je ne fais pas cette erreur. L’événement 37 n'aura pas lieu, et pour ça j'ai besoin de Cross. Dans ce but je me suis assuré qu'il suivrait nos ordres. C'est aussi simple que ça.

Son interlocuteur ferma les yeux derrière ses lunettes et réfléchit de longues secondes en silence.

-Ok, finit-il par lâcher d'un ton à nouveau détendu mais plus sérieux qu'au début de la conversation. Je te couvre pour Corbyn. Mais à la prochaine initiative de ce genre, tu assumeras seule les conséquences. Bien, j'imagine que tu as beaucoup à faire, et moi aussi. On se reparle en fin de semaine, bye!

Sur ces mots, il coupa la communication.

Restée seule, Sofia resta un moment à fixer la porte de son bureau, là où Blake se tenait quelques instants plus tôt. Il était impossible de savoir à quoi elle pensait en observant seulement ses traits.
Finalement elle posa sa main sur le bureau pour faire apparaître une console holographique.

En quelques secondes elle sélectionna un fichier et une image emplit tout l'écran.

Il s'agissait d'une vidéo prise en temps réel, mais les deux personnes présentes ne savaient pas qu'elles étaient filmées.

Alors que la pluie noyait Madison dans la grisaille, les rayons d'un beau soleil tombaient cascade sur le sol de la pièce. L'endroit était sans erreur possible une chambre d’hôpital, mais on avait manifestement fait de gros efforts pour la rendre accueillante: couleurs vives, ameublement soigné et une grande fenêtre donnant sur un parc verdoyant.
Pourtant aucune de ses occupants ne semblaient y prêter attention.

Assise sur le lit, le dos calé par des oreillers, Marie Greene observait son époux d'un regard vide alors que ce dernier parlait, souriant alors qu'il avait envie de hurler.
Depuis une semaine déjà, il venait presque chaque jour durant des heures, parler ou simplement rester assis auprès de sa femme. Celle qui l'aimait.
Et depuis des jours, elle ne montrait aucun signe quelconque qu'elle s'apercevait de sa présence. Elle n'avait pas sourit ou seulement dis un mot, et les médecins n'avaient pas chercher à lui cacher la vérité. Après tout il était un confrère.
Ils ignoraient ce qu'elle avait subi exactement, et comment la soigner. C'était aussi simple que ça.

-... Ethan demande souvent quand tu rentreras à la maison, expliquait-il. Il a l'air heureux, mais tu lui manques beaucoup... Et à moi aussi. Tu verras, Sofia ne t'avait pas mentit.

La CIA avait promis beaucoup de chose à Marie en échange de certaines informations. Une vie loin de Madison, loin du mur, loin de la haine des Evolves et de l'oppression étouffante du Conseil. Un nouveau départ pour toute la famille Greene...
Mais elle faisait un métier dangereux, et avait prit ses disposition au cas où elle ne pourrait respecter sa part de ce marché.
Samuel avait une copie de tout ce qu'ils voulaient, sans même en connaitre les détails. Il avait exigé que l'Agence fasse tout pour l'aider à la retrouver, et ils avaient réussi. Une fois le dossier entre leurs mains, tout été allé très vite. Ils avaient quitté Madison avec une facilité déconcertante et avaient étés installés quelques heures plus tard dans une petite ville de l'Idaho, à l'autre bout des Etats-Unis. De ce qu'il en restait.
Une ville entourée de forets, qui ressemblait sûrement à la Madison du XXIème siècle, où tout avait commencé...

Le lieu n'avait pas été choisi au hasard. Il abritait un hôpital spécialement réservé aux vétérans, soldats ou agents du gouvernement qui avaient besoin de se reposer loin de l'agitation du monde.
On lui avait offert un poste confortable, ainsi que de quoi démarrer dans leur nouvelle vie.

Mais rien de tout ce qu'on lui avait offert ne valait la santé de sa femme.

Il continua à parler un long moment, jusqu'à ce que le soleil commence à décliner. Il parlait de tout et de rien, jusqu'à ne plus vraiment savoir lui même ce qu'il disait. Obstinément, il continuait à chercher une lueur, un signe même infime que celle qu'il aimait était encore là.

Finalement c'est un coup discret frappé à la porte qui l'interrompit.

-Docteur Greene? demanda timidement une infirmière en passant la tête dans l’entrebâillement. Pardon de vous déranger, mais l'horaire des visites est passé depuis une heure déjà... Il faut que vous y alliez maintenant.

Le médecin ramena son regard sur sa femme.

-Bien sûr, lâcha-t-il d'une voix étranglée. Encore une minute s'il vous plais.

L’infirmière lâcha un discret soupir, mais la porte se referma. Resté seul avec elle, Samuel prit la main de Marie et la serra doucement.
Ses doigts restèrent inerte entre les siens.

Cachant sa déception, il se rapprocha et vint l'embrasser avec douceur sur le front.

-Je reviendrais bientôt mon amour...

Il lui caressa la joue et lui souffla avant de reculer:

-Je t'aime.

Puis il se retourna vers la porte, le cœur lourd. Il allait sortir, quand soudain il sentit qu'on attrapait sa main.
Il s'immobilisa alors que la peau dont il connaissait par cœur chaque détail touchait doucement la sienne.
Doucement, il serra la paume dans la sienne et ramena son regard vers Marie, comme s'il craignait de briser cet instant en bougeant trop vite.

Celle-ci le regardait fixement, mais il lui semblait distinguer quelque chose de nouveau dans ses yeux. Une étincelle qu'il croyait perdue.

Il se pencha sur elle et l'embrassa avant de la serrer dans ses bras.

-Je t'aime, lui murmura-t-il.

Marie ne répondit rien, mes ses bras vinrent doucement entourer ses épaules.


RP CLOS



À suivre dans:
Nouvelle Donne
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 1
Sauter vers: