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Nouvelle Donne [solo]
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Varig Cross

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22.08.15 13:06
Précédemment

Journal

Au moment même où j'écris, j'ignore qui lira ces lignes. La première chose à faire est donc sans doute de me présenter.

Je m'appelle Varig.
Au long de ma vie, j'ai eu bien d'autres noms. Mais si l'un d'eux est moins faux que les autres, c'est celui là, et le temps des mensonges a assez duré. Aujourd'hui, le moment est venu pour moi d'écrire la vérité.

Impossible de savoir où je suis né et quand. Ceux qui savaient sont morts depuis longtemps et ont emporté ce secret avec eux. Ma mémoire ne laisse se perdre aucun détail, mais elle bute sur une date, avant laquelle il n'y a qu'un vide effrayant. Alors qu'il y a tant que je voudrais avoir oublié...
Le 9 juillet 1993 un homme m'a trouvé, perdu et amnésique dans un village du Caucase dont les habitants avaient étés tués lors de la guerre qui secouait alors la région. Il s'appelait Johann Bergsen, et c'était un prêtre, membre d'une organisation secrète qui avait pour mission de protéger l'Eglise Catholique: le Cabinet Noir.
C'est lui qui m'a élevé, m'a protégé et éduqué. Si le terme de "père" a un sens, alors il est le mien.

Des années plus tard, j'ai rejoint l'organisation à mon tour. Je suis devenu un agent secret, entraîné à agir avec efficacité tout en restant dans l'ombre.
C'est pour le Cabinet Noir que je suis venu à Madison en avril 2013. J'étais alors chargé d'enquêter sur l'étrange arrestation du prêtre local par les autorités américaines. Ce n'était alors qu'une petite ville du Maine, semblable à beaucoup d'autres. Le monde ignorait encore ce qui s'y tramait, mais plus pour longtemps.
Je me demande encore ce qui m'a mené sur cette place, ce matin là. Le hasard? Le Destin? Dieu? Ou autre chose?
Cette question me hante, et je mourrais sans doute en ignorant la réponse.

Ce jour là une force surnaturelle propulsa tous ceux qui se trouvaient là deux siècles dans l'avenir, en avril 2213. Nous avons découvert un Nouveau Monde, un monde où des individus reçoivent parfois un Don capable de défier les lois de notre réalité. On les appelle Evolves, à la fois miracles et parias de cette société futuriste.
Madison avait bien changé. C'était devenue une ville cernée de murs, surveillée par les Erasers, une milice contrôlée par un Conseil à l'équilibre fragile. Dominant la ville, ces institutions étaient censées maintenir la paix entre humains et Evolves.

Je leur avait d'abord échappés, mais ce ne fut qu'un court répit avant que d'autres personnes ne me trouvent. La CIA, la toute puissance Agence de renseignement des Etats-Unis, avait maintenue toutes ces années une présence dans la ville et ce sont ses agents qui m'ont débusqué avant que la milice ne le fasse.
Tout en ne sachant pas qui ils étaient, j'ai accepté de travailler pour eux en échange de leur aide. C'était mon seul moyen pour espérer enfin comprendre, pour ne pas être détruit par ce monde que je ne connaissais plus. Et pendant un moment, j'ai crut pouvoir reprendre le contrôle de ma vie, mais ce n'était qu'une illusion.
Les missions pour "eux" se sont succédé et au fil des événements j'ai rencontré pas mal de gens, alliés, ennemis ou simple figurants vite disparus dans l'inconnu au gré des circonstances...
Madison est une ville dangereuse quand on marche dans ses ombres. Au cours de ces quelques semaines j'ai risqué ma vie plusieurs fois, et j'ai fais de mon mieux pour agir de la façon que je croyais juste. Jusqu'à ce que je franchisse la ligne rouge. J'ai assassiné un homme de sang froid.

Après ça j'étais prêt à subir les conséquences de mes actes mais Sofia, ma supérieure de l'Agence, avait besoin de moi pour remplir une autre mission. Elle m'a relâché, une puce tueuse implantée dans le corps. Si je désobéissais à nouveau, si je me détournais de l'objectif, ils me tueraient.
La première étape de ce "travail" a été de rejoindre une unité spéciale de la milice Eraser sous une fausse identité fabriquée sur mesure. Ce ne serait ni la première, ni la dernière...

C'est ainsi qu'a commencé pour moi ce que la CIA appelle l'événement 37. Une série de coïncidences, d'improbables hasards et de rencontres, qui m'ont menés sur les traces du Spectre.
Sur tous ces faits, il existe déjà beaucoup de mensonges et de secrets. Ces pages contiennent la vérité sur ce qui s'est vraiment passé.

Vous devez trouver cette introduction quelque peu théâtrale, sinon dramatique. Et je vous prie de m'en pardonner. Je suppose que c'était inévitable.

Car après tout, cette histoire est celle de ma mort.



Nouvelle Donne [solo] Chapitre_3V3


Madison, 6 juin 2213
55 jours après l'arrivée des Anciens


La rumeur de la foule, l'air frais de la nuit et les lumière criardes des quelques bars de l'entre-deux formaient une ambiance particulière. À cette heure où la soirée commençait, les noctambules étaient encore nombreux à être dans les rues.

Une situation qui avantageait le fuyard.
Concentré sur sa cible, Varig progressait aussi vite que possible, évitant les passants les moins réactifs quand il ne les bousculait pas purement et simplement. Tant pis pour la discrétion.
L'autre avait une bonne trentaine de mètres d'avance, mais il semblait courir moins vite. La panique lui avait donné des ailes, mais elle ne remplaçait pas l'entraînement rigoureux de son poursuivant. Ce dernier l'aurait bientôt à l'usure.

Il devait le sentir puisqu'il jeta un rapide coup d’œil par dessus son épaule. Tandis qu'il évaluait la distance à laquelle était l'agent, il percuta un homme qui titubait une bouteille à la main. Le fêtard s'effondra en jurant alors que son agresseur rétablissait son équilibre et disparaissait au coin de la rue.
Sans cérémonie, Varig bondit par dessus l'homme étendu par terre et tourna à son tour à l'angle, juste à temps pour voir la silhouette de sa cible s'engouffrer dans une ruelle à une vingtaine de mètres devant lui. La distance qui les séparait s'était encore réduite...
L'agent fonça aussitôt à sa suite.

La ruelle était coincée entre deux immeubles qui avaient connus des jours meilleurs, comme la plupart des bâtiments de l'entre-deux. Un conteneurs à ordure qui débordait bloquait à moitié l'accès, mais Varig l'évita facilement.
L'odeur agressait le nez, les murs étaient abondamment tagués et l'unique lampe suspendue au dessus de la ruelle avait été brisée depuis longtemps. Le genre d'endroits mal famés qu'on rencontrait couramment dans cette partie de la ville...
Soudain l'agent s'arrêta net, alors qu'il venait de repérer sa cible.

Le type au sweat à capuche s'était lui aussi arrêté de courir, entouré par une demi-douzaine de types dont le look n'avait rien d'engageant.
Mauvais pensa l'agent en grimaçant.
Le fuyard le désigna du doigt.
Encore plus mauvais.

-C'est lui le flic! lança-t-il à la cantonade.

Tous les regards se tournèrent aussitôt vers Varig. Sans doute un gang de rue, comprit-il. Contester l'affirmation ne servirait à rien à ce stade.

-On s'en occupe, dégage, répondit l'un deux, sans doute le chef.

Le type au sweat-shirt ne se le fit pas dire deux fois et tourna les talons pour se diriger vers l'autre côté de la ruelle, rejoignant une autre rue.
L'agent fit un pas, mais aussitôt le leader du petit groupe s'avança.

-Tu t'es perdu poulet? demanda-t-il avec un grand sourire.

Ses amis s’esclaffèrent avant de s'avancer à leur tour, formant un mur menaçant entre l'agent et sa cible. Sans se laisser impressionner, ce dernier vint saisir la crosse du pistolet à sa ceinture, suivant sa première cible des yeux.
En réponse, plusieurs de ses opposants sortirent des petites matraques électriques bricolées ou des couteaux. Les rires se turent, remplacés par des visages déterminés. Sa tentative d'intimidation n'avait fait qu'énerver les voyous.

Même si je dégomme ces crétins, c'est trop tard, comprit l'agent alors que sa cible disparaissait à l'angle de la rue.

Il leva la main de son arme et se mit à reculer, sous les insultes et les provocations de ses opposants. Ces derniers ne le suivirent pas: ils avaient joué un mauvais tour à un flic et permis à sa cible de lui échapper, mais ils ne tenaient pas à aller plus loin au risque d'avoir de vrais ennuis.

Une fois qu'il eu quitté la ruelle, Varig se fondit dans la foule et s'éloigna, la mine sombre.

-Sofia? Il m'a échappé, annonça-t-il.
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Varig Cross

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28.08.15 16:14
Quelques minutes plus tôt

Entièrement déployé devant lui, l'omniphone de Varig formait un ordinateur portable sur l'écran duquel s'affichaient les derniers articles de la presse de Madison. L'arrivée des Anciens ne faisait plus les gros titres depuis longtemps; l'irruption inexpliquée de dizaines de ressortissants du XXIème siècle sur une place avait rapidement été remplacée par les faits divers qui ne venaient jamais à vraiment manquer en ville. La milice avaient interpellé la plupart des nouveaux venus, le Conseil leur avait donné une identité, affaire close. Rien qu'un événement bizarre de plus, et aucun rebondissement susceptible de nourrir la machine médiatique...
Ces derniers temps, on lisait surtout des articles parlant d'une mystérieuse maladie récemment apparue, qui tournait à l'épidémie. Au point que le Conseil avait dut s'exprimer sur le "T8G7", comme il l'avait fait à propos des Anciens.

Message du Conseil:

D'un geste, l'agent passa à l'article suivant avant de reprendre son verre en main. Mais au lieu d'entamer la lecture du texte, il se laissa aller en arrière et regarda autour de lui.

Il se trouvait dans un des rares bars de l'entre-deux, et le seul dans lequel il était venu plus d'une fois. Le destin semblait se plaire à l'attirer à cet endroit...
L'établissement aurait dut être plein en ce début de soirée, mais étrangement seulement une vingtaine de clients avaient fait le déplacement. Peut-être parce qu'on était en semaine, ou bien à cause de l'épidémie, difficile à dire. Varig ne se concentra pas sur eux; il les avait déjà mémorisés et analysés un peu plus tôt avant de conclure qu'aucun ne représentait une menace. De la même façon il avait déjà repéré les lieux, en notant mentalement chaque sortie et chaque objet pouvant lui servir d'arme.
À la place, ses yeux s'arrêtèrent sur le miroir qui occupait une bonne partie du mur de la mezzanine où il avait prit place.
Il observa son reflet. Ce dernier était légèrement penché en arrière, le dos bien droit et appuyé contre le dossier de sa chaise. Sa main droite tenait un verre à moitié rempli d'une substance ambrée. Ses doigts étaient cachés sous des gants en cuir, comme pratiquement toujours. Il portait un blouson, assortit à son pantalon et ses chaussures noirs.
Plutôt grand avec son mètre quatre-vingt, il n'était ni filiforme, ni vraiment massif. Sa musculature, fruit d'un entraînement rigoureux restait cachée sous ses vêtements.
Son examen se concentra sur son visage, et il plongea une seconde ses yeux dans son propre regard, bleu très clair. Ses traits étaient plutôt agréables, et ses lunettes de réalité augmenté adoucissaient son expression indéchiffrable. Son visage semblait attendre d'exprimer quelque chose. Il passa une main dans ses cheveux noirs coupés courts, avant de ramener ses yeux sur l'écran devant lui.

En omettant la couleur de ses pupilles, inhabituelle, il n'avait rien de très notable, ni dans sa garde robe ni dans son physique. Un atout précieux dans son milieu.

Tout en lisant l'article portant le titre évocateur de "Sauf votre respect, monsieur le médecin... ", Varig surveillait discrètement la porte du bar, à l'affut d'un nouvel arrivant.

Sauf votre respect, monsieur le médecin...:

Il allait passer à la page suivante quand un homme fit son entrée. L'agent se tendit aussitôt: l'inconnu avait un sweat-shirt noir avec une capuche rabattue sur le visage et une sacoche contenant sans doute un ordinateur ou une tablette. Plus important, il avait balayé la salle du regard tout de suite après son entrée, bien qu'il ne semble pas particulièrement inquiet.

L'agent tourna légèrement la tête pour qu'on ne voit pas remuer ses lèvres depuis la salle avant de lâcher à voix basse:

-Je crois que j'ai quelque chose.

Il fit mine de se replonger dans la lecture de la presse, sans laisser le nouveau venu sortir de son champ de vision. Ce dernier se dirigea d'abord vers le bar, sans doute pour commander, puis alla s'assoir seul, à une table en fond de salle.
Varig n'avait pas un bon angle de vue sur lui depuis la mezzanine. Sans se presser, il termina son verre puis replia calmement son omniphone, qu'il fixa au bracelet sur son poignet. Ceci fait, il se leva et descendit au niveau du bar.
À quelques mètres de lui, l'inconnu pianotait à toute vitesse sur une tablette numérique. L'agent évita soigneusement de le fixer ou de croiser son regard, se contentant d'un rapide coup d’œil.

-On a la confirmation. annonça Sofia à travers le communicateur implanté directement dans sa chair. Notre client est bien en train de vider le compte. On le retarde encore quelques secondes avant d'autoriser le transfert.

Varig sourit. Ce n'était que son deuxième soir en "planque" dans le bar, mais apparemment la chance lui souriait. Leur cible avait l'habitude de récupérer chaque versement effectué sur son compte anonyme dans la semaine, toujours en piratant le réseau de ce même bar de l'entre-deux qu'il camouflait derrière des pare-feu et des redirections de serveur. Mais pour les analystes de la CIA, cracker ce genre de sécurités était un jeu d'enfant. Il avait suffit d'attendre qu'un versement soit effectué, puis de surveiller le bar et les mouvements du compte pour démolir les protections numériques qui les séparaient de leur proie.

Maintenant, l'homme n'était qu'à quelques mètres.
Tout en s'accoudant au bar, Varig lui jeta un nouveau coup d’œil. Sa capuche masquait presque entièrement son visage, et il nota surtout qu'il était de petite taille, de corpulence plutôt légère.

-Vous me conseillez quoi? demanda-t-il au barman en désignant les bouteilles alignées derrière lui.

En réalité la question s'adressait à sa supérieure, qui entendait tout ce qu'il disait. Celle-ci répondit aussitôt:

-Suis le discrètement. On essaiera de le cueillir une fois chez lui, loin de la foule.

L'agent ne se donna pas la peine de répondre, hochant la tête aux explications du barman tandis que sa cible se levait et rangeait ses affaires.
Mais au lieu d'aller vers la porte, l'homme au capuchon traça sans hésiter vers le couloir menant aux toilettes de l'établissement. Varig plissa légèrement les yeux. Le type n'avait même pas attendu son verre. Mauvais signe.
Lui avait repéré les lieux avant même de commencer sa surveillance. Le couloir possédait une sortie de secours, qui donnait sur l'arrière du bar.

Il prit congé du barman en quelques mots et sortit par la porte principale, avant de courir jusqu'au bout de la rue. Il contourna les bâtiments, pour avoir devant li la sortie de secours du bar.

Une fois qu'il eu franchit l'angle, il se remit à marcher, juste à temps pour voir sa cible venir dans l'autre sens. Son instinct ne l'avait pas trompé. L'autre avait utilisé cette sortie pour prendre la tangente.
Dès que l'homme au capuchon l'eut dépassé, l'agent traversa rapidement la rue et se mit à le suivre, à distance raisonnable. Un exercice qu'il avait pratiqué des centaines de fois.

-Je suis derrière lui, annonça-t-il à ses employeurs invisibles de l'Agence.

L'homme au capuchon ne semblait pas particulièrement nerveux, mais jeta un ou deux coup d’œil par dessus son épaule. Varig se servit de la foule pour rester hors de vue chaque fois que nécessaire.

La filature se poursuivit ainsi quelques minutes, jusqu'à ce que sa cible ne s'arrête soudain.

Le type tenait son poignet devant lui, recevant sans doute un appel. Soudain, il se retourna, scrutant la foule.
La rapidité du changement d'attitude de l'homme réveilla l'instinct de Varig. En une fraction de seconde, il comprit ce qui n'allait pas.

-Il sait qu'il est suivi, expliqua Varig en se rapprochant toujours. Je l'intercepte?

Avant qu'il reçoive une réponse, sa cible tourna les talons et se mit à courir. Varig lâcha un juron et se lança à sa poursuite, avec un temps de retard.

-Ne le lâche pas! ordonna Sofia qui voyait ce qui se passait à travers ses lunettes de réalité augmenté.

Tout en s'efforçant d'obéir à l'ordre de sa supérieure, l'agent se demanda ce qui avait provoqué une réaction aussi si brusque chez ce type, alors qu'il était sûr que l'autre ne l'avait pas repéré.
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31.08.15 14:15
Maintenant

Varig pénétra dans l'appartement en enjambant soigneusement le tapis de l'entrée, la cachette idéale pour dissimuler une alarme ou un piège. En silence, il referma la porte derrière lui. L'alarme était désactivée, il avait le champ libre.

Une petite pièce rectangulaire tenait lieu de vestibule, tapissée de portes de placard. Le sol était revêtu d'une moquette impeccable, que l'on devait sans doute à un serviteur robotique zélé programmé pour traquer le moindre grain de poussière.

L'agent s'approcha de la porte coulissante en bois qui donnait sur le reste de l'appartement et tira très légèrement le battant pour ménager un espace de quelques centimètres. Ceci fait, il tendit l'oreille en quête d'une éventuelle présence.

Rassuré de ne rien repérer de suspect, il fit coulisser la porte pour de bon, s'avança et referma derrière lui avant de balayer les lieux du regard.

Une baie vitrée occupait tout le mur en face de lui, et de la lumière filtrait des fentes du store pas totalement refermé. C'était peu, mais les yeux de l'agent étaient déjà assez habitués à la pénombre pour distinguer le contenu de l'appartement.
À sa droite, une porte ouverte donnait sur une petite cuisine impeccablement rangée, séparée du reste de l'appartement par un mur. Devant lui il avait un salon presque totalement vide à l'exception d'une banquette circulaire, d'un plan de travail et de quelques chaises de bureau repoussées avec soin sous ce dernier. Cachée derrière une porte vitrée opaque, la salle de bain se trouvait à sa gauche, en parallèle de la cuisine.

Satisfait de son examen, Varig s'avança dans le salon, vers le plan travail. De chaque côté, deux portes coulissantes donnaient sur deux chambres. À en voir le contenu il aurait été difficile de prédire laquelle était celle de l’occupant des lieux et laquelle était la chambre d'amis: on y trouvait le même ameublement qui semblait attendre un peu de personnalité, les mêmes lits faits au carré, la même table de nuit vide. Les lieux donnaient la même impression froide et impersonnelle qu'une suite hôtel n'attendant qu'un client pour en prendre possession.

Sans se presser, Varig tira l'une des chaise et ôta son blouson, qu'il installa sur le dossier. Puis il s'étira et se dirigea vers la cuisine pour y prendre de l'eau. Le robot de ménage ronronnait, en train de se recharger sur une prise murale, et l'agent se baissa pour lui caresser la tête amicalement, comme à un animal domestique.
Vaguement agacé par cet accès de solitude, il se redressa et ouvrit le frigo.

C'était l'Agence qui lui avait fournit l'appartement déjà deux semaines plus tôt. Pourtant il ne savait toujours pas comment le qualifier. L'endroit était plutôt agréable, meublé du minimum et situé dans le quartier résidentiel du centre ville. Il avait connu des planques bien pires. Malgré cela il se sentait comme un intrus, ou un hôte de passage à peine toléré. Peut-être parce que les rares endroits où il s'était sentit chez lui étaient restés dans un autre monde dont il était séparé par une barrière infranchissable de près de deux cent ans.
Quand à l'église de Madison, il ne voulait pas y retourner pour le moment. Ou plutôt il aurait aimé s'y rendre, mais il ne s'en sentait tout simplement pas capable.

Une fois sa soif étanchée, il reposa la bouteille d'eau dans le frigo, jetant un rapide regard aux plats préparés alignés sur les rayonnages. L'agent ouvrit un des casier à légume et en tira le pistolet à impact qui y était rangé. En quelques gestes il vérifia l'arme et la remit à sa place. Une précaution, juste au cas où.

Pensif, il grimaça. Les placards étaient pleins de vaisselle, les armoires d'habits et la salle de bain contenait tout ce dont il pouvait avoir besoin. L'endroit avait peut-être l'air d'un logement normal, mais Varig aurait parié que Sofia y avait fait installer des caméras miniatures et des micros. Caché derrière un miroir mural de la salle de bain, un petit cagibi contenait le matériel fournis par l'Agence.
Définitivement, l'endroit était tout sauf normal. Et ce n'était pas chez lui. Ça ne le serait jamais. Il n'était là que pour remplir une mission de plus.

Sa soif étanchée, Varig alla dans sa chambre. Le store qui protégeait la fenêtre y était complètement fermé et il dut cette fois allumer la lumière.
Rangée avec le même soin maniaque que le reste de l'appartement, la pièce n'avait rien de particulier ou de personnel, si ce n'était un gros carton qui attendait d'être ouvert, posé contre un mur. Sa présence attirait immédiatement l'attention car c'était le seul objet qui n'ait pas été rangé à sa place.

L'agent lui lança un regard indéchiffrable, puis haussa les épaules.

-Plus tard, lâcha-t-il d'un ton las.

Il ressortit de la chambre en éteignant derrière lui et se dirigea vers la salle de bain.
Après s'être douché et changé il revint dans la chambre, ses affaires dans les bras. Il posa le tas de vêtements au pied du lit mais récupéra son pistolet ses lunettes qu'il posa sur la table de nuit.
Prit d'une subite inspiration, il reprit l'arme dans sa main et s'assit sur les couvertures avec, la soupesant.

Pistolet WH-17:

Le pistolet laser était lourd dans sa main. Il le fit tourner pour l'observer sous tous les angles. Un éclat de lumière froid se refléta sur le métal du canon.
Lentement, il fit pivoter l'arme jusqu'à voir ses yeux dans la courbure.

Un moment, il fixa les deux ronds bleus, qui l'observaient avec détachement. Les yeux d'un tueur.
Combien de temps avait-il prétendu avoir changé alors qu'au fond il lui suffisait d'une bonne excuse pour refaire les mêmes erreurs? Impitoyable, sa mémoire absolue répondit aussitôt. Sept ans.
Pour un autre, il aurait été facile de trouver des justifications à son acte. Mais lui savait que ce n'était pas le paradis qu'on disait pavé de bonnes intentions.

Qu'importe la raison, il avait prit une vie, froidement décidé de tuer. Dans un monde normal, il aurait été jeté dans une cellule pour payer cet acte. Et cette fois, ça risquait bien d'arriver.
Lorsque Sofia n'aurait plus besoin de lui, qu'est-ce qui l'empêcherait de renier sa parole? Il avait trahit l'Agence en exécutant un prisonnier qu'elle comptait utiliser. Difficile de croire qu'ils le laisseraient partir bons amis après ça...
Peut-être qu'on l'emprisonnerait. Ou bien ils le tueraient, ou arrangeraient sa mort.

Mais au fond il s'aperçut qu'il s'en moquait. Ou pire, une part de lui désirait qu'enfin, on le laisse payer pour ses actes.
Son pouce vint caresser les sélecteur de tir du pistolet. Paralysie. Anti-émeute. Désintégration.
Un rayon de lumière mortel, une fraction de seconde et ce serait finit.

Pourtant il reposa doucement le pistolet sur la table à côté de lui, et éteignit la lumière d'un geste.
Dans le noir, l'agent se coucha.

Sa punition était ailleurs. C'était de continuer à se débattre même en sachant qu'il ne rattraperait jamais ce qu'il avait fait. Continuer à survivre, à agir. Et peut-être un jour trouver la rédemption. Mais n'était-ce pas justement ça qui l'avait amené à tuer encore, et ferait à nouveau de lui le tueur qu'il avait été? Parce que si c'était à refaire, il referait sûrement le même choix.

Ces dernières semaines avaient étés éprouvantes, même pour quelqu'un comme lui. Peut-être qu'il avait juste dépassé sa limite, et depuis longtemps. Il en avait trop fait pour ne pas douter, ressasser ses remords et ses regrets... Et peut-être que son échec à rattraper sa cible l'avait plus affecté qu'il ne l'aurait cru.
Demain serait un autre jour. L'homme au capuchon ne perdait rien pour attendre.

Ses yeux se dirigèrent vers le carton posé près du lit dans l'obscurité, sans le voir.
Oui, il devait continuer.

Ce soir là il mit longtemps à s'endormir, plongeant dans un sommeil agité et plein de cauchemars.
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06.09.15 1:29
Madison, 7 juin 2213
56 jours après l'arrivée des Anciens


Assise dans un des luxueux canapé, Sofia rajusta sa jupe, agacée. Pour s'empêcher de commencer à pianoter sur l'accoudoir avec ses doigts, elle regarda autour d'elle.
Le salon que l'ambassade avait mit à sa disposition pour son rendez-vous était destiné à recevoir les invités de marque. Les lieux étaient donc meublés avec un luxe tapageur. Chaque objet dans la pièce coûtait très cher et ne laissait aucun doute sur son prix, comme un rappel de la richesse et de la puissance du pays auquel il appartenait. Si elle comprenait très bien le procédé, Sofia ne pouvait s'empêcher de considérer cet étalage clinquant comme futile. Le vrai pouvoir résidait ailleurs, plus discrètement...

L'arrivée de celui qu'elle attendait interrompit ses réflexions. Elle se leva pour l'accueillir, plus par réflexe que comme marque de respect. Après tout elle était la plus gradée.
Alors qu'ils échangeaient une rapide poignée de main, elle détailla l'homme sommairement avec une précision toute professionnelle. La quarantaine, pas très grand, le front vaguement dégarni et avec un beau costume ayant peu servit. Sa poignée de main était franche, mais moite.
Tout en souriant, Sofia se rassit en tentant de refréner sa répulsion instinctive pour le nouveau venu. L'agacement qu'elle éprouvait à propos de ce rendez-vous n'y était sans doute pas étranger, et elle ne pouvait pas se permettre le luxe de le faire connaitre à son interlocuteur.

-Et si nous commencions? proposa-t-elle une fois échangée les salutations indispensables.

Son ton était ferme, mais posé, et elle se félicita de n'y dicerner aucune trace d'agacement. Retenir la remarque sèche à propos de son emploi du temps lui avait demandé un réel effort...
Tout en s'asseyant en face d'elle, l'autre acquieça de la tête.

-Très bien, allons y, répondit-il d'un air neutre. Est-ce qu'on vous a informé de la nature de cet entretien?

Le sourire de son interlocutrice disparu, remplacé par un visage plus sérieux mais dénué d'hostilité. La discutions devenait professionnelle.

-Le directeur des opérations, Blake, veut un deuxième avis à propos de l'agent Cross afin de... Confirmer le profil que j'ai établi.

Elle avait lâché cette dernière phrase après une courte pause, ce qu'elle regretta. Sofia soupçonnait son supérieur d'avoir surtout envoyé ce psychologue pour la tester, en remettant en cause son jugement de directrice de la station de l'Agence à Madison. Vu sa gestion du dossier jusqu'à présent, son agent ayant commit un meurtre de sang froid sur un prisonnier, elle s'en tirait à très bon compte avec une simple évaluation secondaire. Raison de plus pour faire profil bas.

Son interlocuteur hocha poliment la tête, sans commenter, et sortit une paire de lunettes fournie par l'agence. Version moderne du bloc note en réalité augmentée...

-Vous pouvez me donner un résumé de son profil?

Sofia ouvrit la bouche pour s'insurger contre cette perte de temps, mais elle se ravisa. Cela ferait une bonne introduction.

-L'agent Cross vient du XXIème siècle. On ne sait de son passé que ce qu'il veut bien nous en dire. En tout cas c'est quelqu'un de très entraîné et expérimenté. Il est intelligent, déterminé et sait improviser. Il est capable de changer de comportement avec une grande facilité pour manipuler les autres autour de lui. De plus on a relevé plusieurs cicatrices effacées sous des rajouts de peau, du travail chirurgical de pointe pour l'époque, même si on fait mieux de nos jours. Grâce à cela on peut en déduire qu'on lui a tiré dessus plusieurs fois, poignardé et on a des micro dommages sur les os. Pas de tatouage ou de piercing, pas de tache de naissance ni de cicatrice visible. Bref c'est un agent de terrain confirmé, rompu au combat. Son profil génétique est...

Le psychologue l'interrompit avec un sourire contrit.

-Excusez moi, mais je m’occupe surtout de l'évaluation psy. Que pensez vous de son histoire? Il prétend être un agent illégalement ramené en territoire américain, effacé à l'époque de tout registre officiel pour espionner Madison. Il agirait ainsi pour le compte d'une fraction de l'Agence ignorant ce qui se passait dans la ville.

Son interlocutrice ne se formalisa pas, et enchaîna sur la nouvelle question.

-Son histoire est vraisemblable et a le mérite d'expliquer pourquoi il n'existe pas dans nos archives. Tout ce qu'on a put vérifier s'est révélé exact.

L'autre hocha la tête. On pouvait presque entendre les rouages de son cerveau cliqueter.

-Ce changement d'époque a dut franchement brouiller ses repères, non?

Sofia acquiesça. Pour le moment, les questions s'enchaînaient comme elle s'y attendait, plus rhétorique que sournoises.

-Je dirais qu'il était très désorienté. Dès son arrivée, ses réflexes l'ont poussé à fuir en éliminant les obstacles sur sa route. Peut-être parce que n'existant plus officiellement et ne devait surtout pas être capturé. La CIA ne doit pas agir en territoire américain, c'est une règle très forte... Il s'est raccroché à ça dans un premier temps. Mais même après que nous l'ayons récupéré, il semblait surtout chercher à un point d'ancrage, quelqu'un pour donner des ordres. À mon avis il coopérait avant tout parce qu'il n'avait pas d'alternative. Quand nous lui avons finalement appris qui nous étions, peut-être que c'était trop tard pour espérer qu'il nous fasse vraiment confiance. De fait actuellement il n'a pas de véritable allégeance. Pas envers l'Agence en tout cas.

Le psy hocha distraitement la tête.

-En résumé c'est un type surentraîné qui n'agit plus que pour lui même, parce qu'il est trop perdu pour retrouver une place dans l'Agence. C'est vraiment ce que vous pensez de lui?

Sofia sentit que son interlocuteur la poussait à la faute. Elle sentit revenir son agacement.

-Je pense qu'il ne fait confiance à personne depuis qu'il est... Maintenant. Mais il n'agit pas pour servir son intérêt. Ce type est une névrose ambulante. Il dort le strict nécessaire et fait des cauchemars presque à chaque nuit d'après sa puce. Dès qu'il laisse son caractère naturel remonter il est renfermé, quasi-sociopathe. Il ne joue pas, il ne boit pas, il ne baise pas. Au lieu de ça il lit des manuels techniques, se fait des contacts dans la pègre et il prie. Il applique son entraînement, cherche à prendre le contrôle de sa situation et à maîtriser son environnement. Mais je crois que si il a tué notre atout, c'est pour chercher une sorte de rédemption.
-Drôle de rédemption que d'assassiner un scientifique désarmé et prisonnier de sang froid.

Sofia sourit, un vrai et franc sourire pourtant inquiétant.

-Le problème ne se pose en ces termes pour Cross. Il a éliminé un homme qui était un salopard, pour être sûr qu'il soit bien hors d'état de nuire. Il a risqué la prison, en prenant le temps d'y réfléchir, estimant que la mort de ce type valait ce risque. Sans doute n'est-ce pas clair dans son esprit, mais mon avis est qu'il cherche aussi un châtiment, une auto flagellation permanente par la culpabilité. C'est pourquoi je pense que la puce ne le tiendra pas longtemps. Si on veut que ça marche, il faut qu'il intériorise sa mission pour nous, qu'il en fasse son devoir sacré. En lui faisant comprendre qu'il peut sauver de nombreuses vies et ainsi se racheter on en fera le plus loyal des agents. En le gardant sous contrôle uniquement par chantage, il trouvera un moyen de nous échapper tôt ou tard.

Satisfaite de sa conclusion, Sofia se redressa légèrement. Elle exprimait là l'avis professionnelle d'une experte et n'attendait aucune contradiction.
En face d'elle, celui qui aurait été un de ses confrères quelques années plus tôt dodelina de la tête. Pensif? Cherchant une faille dans son exposé?

-Je vois. Un cas d'école de stress post-traumatique en somme, avec un report sur la religion et une forte culpabilité? Cela en fait un individu très dangereux et plutôt imprévisible.

Son interlocutrice ne put acquiescer, attendant la suite qui ne tarda pas.

-Voyez-vous, beaucoup de gens parmi les hautes sphères font plus confiance à la technologie qu'aux gens comme nous. Comment les en blâmer? Une puce tueuse en guise de garantie et pour eux, toutes notre expérience dans l'art de gérer, de comprendre et de prévoir les agents devient obsolète... C'est simple concret, quantifiable. Contrairement à notre travail. Fort heureusement pour nous ce n'est pas l'avis du directeur Blake. Dans le monde des services secrets, il faut savoir miser sur l'humain plutôt que de se reposer sur des machines.

Il se leva et rangea ses lunettes avant de tendre la main à Sofia. Celle-ci se leva à son tour et la serra avec un sourire de connivence. Elle sentait qu'elle avait réussi à convaincre son collègue de la justesse de ses vues.

-Ce fut un plaisir.
-Plaisir partagé, répondit son interlocuteur en lui rendant son sourire. Vous pouvez compter sur moi pour appuyer votre analyse de la situation dans mon rapport.

Le psychologue se dirigea vers la porte, mais s'immobilisa sur le palier avant de la franchir, comme si une idée venait de lui traverser subitement l'esprit.

-Je ne suis pas habilité à connaitre tous les détails de la mission future de Cross, mais je me demande une chose... Pensez-vous sincèrement qu'il puisse réussir?

Sofia lui rendit son regard, vaguement surprise.

-Prince l'a désigné comme inflexion, lâcha-t-elle comme une évidence. Personne d'autre ne peut.

L'autre hocha la tête, à nouveau pensif. Puis il sortit tout à fait.

Sofia quand à elle resta de longues secondes immobile. La question n'avait rien de fortuite. Elle était même sans doute la raison d'être de l'entretien.
C'était elle avait fait pression pour maintenir Varig en activité malgré son meurtre, au point que Blake avait mis en doute son objectivité. Elle aurait dut comprendre bien plus vite.

Ce n'était pas Cross que ce psychologue était venu évaluer.

C'était elle.
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Varig Cross

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13.10.15 17:36
Varig s'était levé après une mauvaise nuit, plus las que vraiment fatigué. Il s'était préparé rapidement, et attendait qu'on veuille bien lui transmettre ses ordres de la journée.
Généralement Sofia le contactait entre 8 et 9 heures, mais aujourd'hui il était presque 10 heures, et il n'avait toujours rien reçu. Peut-être que quelque chose accaparait son attention, à moins qu'elle n'ai tout simplement pas besoin de lui. Après tout tant qu'on avait pas localisé l'homme qui lui avait échappé la veille, l'agent ne servait pas à grand chose...

Pour passer le temps plus que par nécessité, il décida de reprendre les éléments dont il disposait.

Utilisant son omniphone à travers ses lunettes de réalité augmenté et déploya différentes photo et fichiers tout autour de lui. Ceux-ci semblaient flotter dans le salon quand au centre de la pièce, Varig laissait courir son regard sur les données.

La CIA était implantée depuis longtemps à Madison, et avait de nombreux contacts parfois hauts-placés au sein de la milice Eraser. C'était une de ces sources qui avait été le point de départ de cette nouvelle mission.
D'après le milicien, un homme politique du parti anti-Evolve transférait discrètement de l'argent, de façon régulière via une de ses fondations. Au début les enquêteurs s'étaient contentés de penser à un simple détournement, mais récemment, quelque chose les avait inquiété. Non seulement les sommes avaient augmentées, mais en plus la qualité du cryptage sécurisant la transaction s'était anormalement renforcée. Mais à mesure que l'enquête avançait, l'Eraser s'était sentit surveillé. Le parti anti-Evolve comptait de nombreux sympathisants dans la milice, et il craignait pour sa sécurité.
Le politicien finançait quelque chose ou quelqu'un, et "on" se donnait beaucoup de mal pour que personne ne découvre de quoi il s'agissait.

L'Agence avait donc décidé d'aider leur source. Les analystes avaient remonté la piste électronique qui ne leur avait pas résisté longtemps, et il s'était avéré que l'argent était régulièrement récupéré via un serveur anonyme, celui d'un restaurant.
Tous les détails n'avaient pas étés expliqués à Varig, mais Sofia avait fait de ce travail une priorité.

Leur meilleure piste lui avait échappée la veille, mais rien n'était perdu. Difficile de se cacher dans une ville cernée de murs...
Arrivé à ce point de ses réflexions, l'agent se tourna vers un groupe de dossiers isolés, sur sa droite.

-Il y a quelque chose de pas logique...

En plus de sa formation accélérée à l'espionnage futuriste, l'Agence lui avait fournie une couverture. Il était Mike Wagner, agent du FBI à Chicago. Il portait un nouveau bracelet d'identité, et avait docilement mémorisé toutes les informations demandées. Pourtant on ne lui avait encore rien dit du pourquoi de cette mise en scène.

Si l'objectif de Sofia était de faire tomber le politicien ou d'enquêter sur là où l'argent allait, un autre agent aurait sans doute fait du meilleur travail.
Il en revenait toujours à la même question. Sa supérieure semblait toujours vouloir que ce soit lui. Elle prenait même la peine de lui implanter une puce tueuse qui enregistrait chacune de ses paroles, chacune de ses constantes vitales. Un investissement d'après ce qu'il avait lu de ces dispositifs, très coûteux. Depuis son arrivée à Madison elle l'utilisait comme agent sans aucune garantie de sa part. Et voilà qu'on lui construisait une identité sur mesure, comme pour l'infiltrer quelque part.
Mais pourquoi?

Une voix familière retentit directement dans son oreille interne.

-Varig? On a une piste sur ton fuyard. Retrouve moi en bas de ton immeuble dans cinq minutes.

L'agent fronça les sourcils. Habituellement c'est Sofia qui le contactait, pas Drake.

-Bien reçu, répondit-il en attrapant son manteau.

À l'heure dite il était dans la rue. Son "collègue" était ponctuel, et un aéroglisseur aux vitres teintées s'arrêta bientôt devant lui. Il monta à bord, sans se poser de question, et eu la surprise de trouver Drake sur le siège conducteur.

-On a scanné tous les appels dans le secteur où vous vous trouviez hier au moment où quelqu'un a appelé ta cible pour la prévenir de la filature, expliqua-t-il sans introduction alors que le véhicule s’enserrait silencieusement dans la circulation. Et on a un gagnant. Harry Rice. On a pas put identifier son correspondant, mais ce gars est fiché comme activiste pro-Evolve par la milice.

Varig fronça les sourcils.

-C'est pas logique. Le financier qu'on a tracé est un anti-Evolve, pourquoi un pro serait impliqué dans ce qu'il finance?

Drake eu un sourire carnassier.

-Ça c'est à nous de le découvrir. On part rendre une petite visite à Harry.

Son passager se contenta de hocher la tête, sans faire de commentaire sur le "on". Ils avaient une piste, la mission se poursuivait, mais la présence de l'autre agent l'inquiétait. Drake était plus gradé, et surtout Sofia lui faisait confiance, contrairement à lui. Les lunettes de réalité augmenté et la puce ne lui suffisait plus à le surveiller? Peut-être craignait-elle qu'il ait laissé s'échapper sa cible à dessein la veille. Ce serait logique qu'elle veuille alors une "garantie", et de bonne guerre après son échec.

Sans étonnement ils quittèrent rapidement le quartier résidentiel du centre-ville pour diriger vers l'entre-deux, qui concentrait une majeure partie de la population et la quasi totalité des pro-Evolves de la ville.

Varig jeta un regard vers Drake, qui gardait le silence. Il avait du mal à le cerner, mais avait déjà put déduire quelques éléments. Beaucoup d'indices permettaient de penser à un ancien soldat. Peut être un Navy Seal, les forces spéciales des marines. Il était gradé au sein de l'Agence, en tout cas pour une personne sur le terrain. C'était sans doute lui qui accomplissait les tâches dangereuses ou de confiance. Taciturne, il parlait peu, rarement sans raison. Il ne cherchait pas à paraitre amical, contrairement à Sofia, et l'agent trouvait cela étrangement rassurant.
Un mystère persistait. Il semblait être le candidat idéal pour accomplir le travail qu'on avait confié à Varig. Or on ne l'avait même pas mis sur un autre coup. Il se contentait de le surveiller. Ce mystère tracassait l'agent au plus haut point.

Quelque chose clochait dans toute cette histoire, un élément central qui lui échappait encore.

Le voyage s'acheva au bout de quelques minutes, devant un immeuble pourri de l'entre-deux. Encore plus délabré que ceux qui l'entouraient, le bâtiment devait être vide. Un univers qui devenait familier...

Drake laissa le soin à l'IA de leur véhicule de se garer, mais ne fit pas mine de descendre.

-C'est quoi le plan? demanda finalement Varig.
-On attend que Harry se pointe. Les techniciens lui ont envoyé un faux message pour qu'il vienne ici.

L'agent hocha la tête, satisfait de cette explication. Ils avaient attiré leur cible dans un endroit propice, restait à attendre qu'elle se montre.
Pendant un moment, aucun des deux hommes ne reprit la parole. Drake n'était jamais très loquace, et son coéquipier était plongé dans ses pensées.

-T'as été dans l'armée non?

Surpris par cette subite tentative d'entamer une conversation, Varig ne répondit pas immédiatement. Sofia avait déjà fait le bilan complet de ses états de service plusieurs fois. Était-ce une sorte de test? De piège?
Il jeta un coup d’œil vers son voisin. Drake était plutôt inexpressif, et regardait toujours la rue.
Peut-être se contentait-il de meubler leur temps de planque. Ils n'avaient jamais eu vraiment l'occasion de parler.
À moins qu'il n'ai précisément organisé l'opération dans ce but.

-Quatre ans dans les Rangers, finit-il par lâcher. Et toi?

Il avait largement les connaissances requises pour rendre cette couverture crédible et se contentait de répéter ce qu'il avait déjà dit.
Sa réponse ne fit pas varier l'expression de son coéquipier, pourtant il aurait juré que ce dernier c'était légèrement détendu.

-Les marines, huit ans.

L'agent n'était pas surpris. Le corps d'élite à la discipline de fer convenait parfaitement à "Drake". Les forces spéciales étaient aussi un bon moyen d'approcher l'Agence.

-T'avais du monde en 2013? Une famille? Des amis? ajouta-t-il soudain.
-Pourquoi me parler de ça Drake?

La réponse avait fusée, glaciale. D'habitude Varig se maîtrisait mieux que ça, cherchait le meilleur angle d'approche. Pourtant cette simple question avait suffit à faire monter en lui une colère froide, qu'il avait jusque là soigneusement refoulée.
Ignorant son hostilité, l'autre répondit calmement:

-On fait équipe et on est coincés dans cette voiture. L'occasion de...

Varig le coupa, d'un ton froid.

-Tu veux savoir comment je me sens? J'ai une putain de puce tueuse dans la caboche. Vous espionnez tout ce que je dis, tout ce que je fais et j'ai aucun foutu moyen de vous en empêcher.

Il marqua une courte pause, conscient que dire franchement ce qu'il pensait n'était sans doute pas la meilleure solution. Pourtant il continua, incapable de se retenir:

-J'ai fais ce que j'avais à faire en tuant Corbyn et j'en paie les conséquences, c'est mon problème. Toi et le troupeau de connards qui écoute ce que transmet ma puce, laissez moi faire mon job ou explosez moi la tête, mais arrêter d'essayer de fouiller dedans. C'est clair?
-Compris.

Le silence revint, lourd comme un ciel d'orage. L'agent le laissa s'épaissir en ruminant la colère qu'il avait pourtant si bien contenu jusque là.
Il avait envie de détruire quelque chose. De frapper quelqu'un, de frapper encore jusqu'à le mettre en miettes. Et surtout de tout oublier.
La puce tueuse, Sofia, Corbyn, 2213 et même tous ses souvenirs.

Juste oublier. Deux mots qui tournèrent un moment dans sa tête, comme une mélodie.

Et puis, lentement, sa respiration s’apaisa et sa rage reflua peu à peu. Malgré lui il avait l'impression de se sentir un peu mieux.
Ironique il se souvint de la devise inscrite sur le mur du quartier général de la CIA à Langley, une citation de saint Jean. "Vous connaîtrez la vérité; et la vérité vous rendra libres". Sans doute une plaisanterie qui amusait les professionnels du mensonge occupant les lieux.

Il jeta un rapide regard vers Drake. Ce dernier n'avait pas bougé et restait silencieux. Peut-être était-il agacé, à moins que la situation ne l'indiffère. Impossible de savoir.

-Désolé. Je suis à cran, lâcha Varig.

Il était temps de redevenir malin, et se mettre à dos son coéquipier était tout sauf intelligent. Ce dernier se tourna vers lui.

-T'excuse pas, à ta place je deviendrais dingue. Crois-le ou non mais je voulais juste parler, pas te fouiller le crane.

Cette fois l'agent garda le contrôle de ses nerfs, et c'est d'un ton calme qu'il répondit:

-Ce job rend parano.

Drake hocha la tête.
Un silence s'installa à nouveau, moins tendu. Les deux hommes fixaient la rue et les rares passants.
Un homme, une casquette vissée sur la tête, finit par attirer leur attention, non loin du bâtiment qu'ils surveillaient. Il s'était installé sans bouger pour fumer une cigarette, jetant des regards nerveux aux alentours.

-C'est notre client, commenta Drake en l'observant avec une petite paire de jumelles.

Comme pour souligner ses propos, leur suspect marcha droit vers le bâtiment abandonné, où il s'engouffra après un dernier regard en arrière. La porte avait été arrachée depuis longtemps.
Drake ouvrit la portière.

-T'es derrière moi Cross?

Varig vérifia son arme avant de descendre à son tour.

-Semper fi marine. On y va quand tu veux.
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Varig Cross

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Varig Cross
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16.10.15 0:01
Harry Rice n'avait aucun entraînement au combat, tout juste une méfiance héritée d'années de militantisme au profit de la cause Evolve. Face aux deux agents surentraînés et armés, il n'avait aucune chance.

Alors que Varig s'assurait de l'état de leur victime, proprement assommée par l'arme de Drake, ce dernier se connectait à son bracelet d'identité. À distance, les techniciens de l'Agence pourraient alors pirater l'appareil pour lui faire cracher tous ses secrets. Pourquoi perdre son temps dans un interrogatoire? L’électronique, elle, ne mentait pas.

Finalement, après quelques minutes de patience, la voix de Sofia se fit entendre dans l'oreille interne de l'agent pucé.

-Bonjour Varig.

Son ton était posé, à la fois doux et autoritaire, en un mot conforme à ce qu'elle voulait laisser paraître habituellement à ses interlocuteurs. Si elle avait espionné la conversation dans la voiture comme Varig l'en soupçonnait, elle n'en parla pas.

-J'écoute, répondit-il, laconique.
-On ne peut pas remonter le signal du coup de fil que Rice a passé hier, même depuis son bracelet. Mais ça confirme que c'est bien notre homme.

Méfiant et d'humeur changeante, Varig ne put s'empêcher de commenter cet échec.

-Retour à la case départ donc. La CIA n'est pas en mesure de passer les sécurités d'un activiste pro-Evolve? Ça arrive souvent?

Mais Sofia ne mordit pas à l'hameçon. Elle avait l'air sincèrement préoccupée de la question.

-Trop à mon goût ces derniers temps. Les groupes de Madison ont des sympathisants doués avec la technologie, et pas seulement pour retirer les implants GPS installés par le Conseil... Heureusement on a encore de l'avance sur eux.

L'agent plissa les yeux. Qu'essayait-elle de lui dire? Qu'elle se doutait qu'il essaierait tôt ou tard de faire retirer sa puce tueuse et que personne n'aurait les compétences pour l'y aider chez les pro-Evolves? Oui c'était sans doute une menace voilée. Elle retournait sa provocation contre lui.

-On a installé un filtre vocal basé sur la voix de Rice au répondeur de son bracelet dans ton omniphone. Tu vas appeler notre correspondant mystère et lui fixer rendez-vous.

Varig ne répondit rien, durant plusieurs secondes.
Ses yeux étaient clos alors que dans son esprit, des chiffres défilaient.

1, 2, 3, 4. Inspirer.
1, 2, 3, 4. Expirer.
1, 2, 3, 4. Inspirer.
1, 2, 3, 4. Expirer...

Il rouvrit ses paupières.

-Compris. Ça ne devrait pas me causer de problème.


Moins d'une heure plus tard, Varig et Drake étaient à nouveau installés dans l'aéroglisseur aux vitres teintées, guettant l'arrivée de leur proie. Ils avaient quitté l'entre-deux pour le centre-ville, et s'étaient garés non loin de la terrasse de café où leur contact pensait retrouver Harry Rice.
Cette fois ils n'échangèrent pas un mot. L'ambiance était pourtant moins lourde qu'elle n'aurait dut l'être.
Drake n'était pas d'une nature loquace et son coéquipier appréciait le silence. Il était concentré sur l'opération en cours. Trop de temps pour penser à autre chose, c'était dangereux. Mieux valait rester focalisé sur cette unique occupation.
Les doutes, la colère et la peur reviendraient plus tard de toute façon. Dans ses cauchemars.

En ce tout début d'après-midi où le temps était plutôt clément, de nombreux clients se pressaient en terrasse. Le contact avait choisi les lieux lui-même, sans doute pour la protection relative qu'offrait la foule.

Varig scrutait méthodiquement les passants, utilisant le zoom intégré aux lunettes fournies par Sofia. Il avait un souvenir flou, saisit au vol, du visage de sa cible. Sa tactique consistait donc plutôt à rechercher quelqu'un ayant sa corpulence, sa démarche ou ses vêtements. Malgré les images transmises la veille par ses lunettes au QG de l'Agence, il était le mieux à même d'identifier leur cible.

-Je l'ai. À trois heures, signala-t-il soudain. Jeune homme brun, pull bleu, sacoche noire.

À côté de lui, Drake braqua ses jumelles de poche dans la direction désignée.

-Vu. Il est jeune, commenta-t-il.

La veille l'agent n'avait put voir son fuyard que rapidement, pourtant il était sûr de reconnaître sa silhouette, et surtout la sacoche noire que portait celui qu'il avait prit en chasse.
Jeune, il l'était. Seize ans, peut être un peu plus ou un peu moins. La voix qu'il avait entendu au téléphone était trafiquée. Difficile d'évaluer son age exact.
Varig se concentra sur sa démarche, la mettant en parallèle avec son souvenir de filature ratée de la veille.

-Pas d'erreur, c'est lui, se borna-t-il à confirmer.

L'adolescent s'approcha du café et regarda autour de lui d'un air dégagé avant d'aller vers une table libre. Soudain, il se figea, comme saisit par un sixième sens animal.

L'homme en train de discuter avec une femme à la table derrière lui détourna les yeux, mais trop tard. Leurs regards s'étaient croisés, juste un instant.
De là où ils étaient, Varig voyait parfaitement la scène, et comprit ce qui allait se passer.
Bousculant un serveur, le gamin se précipita au milieu de la circulation, alors que le faux couple de consommateurs se levait en criant, avant de se lancer à sa poursuite avec un léger retard.

Peut-être l'adolescent aurait-il eu une chance si l'un des passants, qui semblait jusque là plongé dans une discussion téléphonique, ne s'était pas mis brusquement en travers de sa route, l'arme au poing. Face au canon du pistolet, l'ado s'arrêta, hésita une demi-seconde de trop. L'instant suivant il était plaqué au sol et menotté sans ménagement par ses deux premiers poursuivants.
L'homme au pistolet leva bien haut son bracelet, faisant apparaître l'insigne holographique de la milice Eraser. Les passants détournèrent rapidement le regard, gênés, indifférents et parfois effrayés. Ou furieux...
Varig remarqua tout de même deux témoins en train de filmer la scène.

L'adolescent fut relevé manu militari, et entraîné vers une voiture banalisée qui démarra avant de s'éloigner rapidement. Quelques secondes plus tard, la rue avait retrouvé son calme.

À côté de lui Drake rendit compte.

-La milice a bien intercepté la cible. Mission accomplie. On rentre.

Varig se laissa aller contre le dossier de son siège alors que son coéquipier programmait leur itinéraire.
Mission accomplie disait Drake. Elle ne faisait que commencer en vérité.

Juste après qu'il ait fixé le rendez-vous au contact en se faisant passer pour Rice, Sofia lui avait expliqué une partie de son plan. Leur source dans la milice avait désormais assez de preuves pour incriminer le politicien qu'ils surveillaient et le menacer de le faire tomber s'il ne coopérait pas. Avec Rice ils disposaient d'un premier élément tangible.
Mais l'Eraser voulait plus. Il voulait ce fameux coursier, le chaînon manquant qui lui permettrait de relier ses suspects à d'éventuels dissidents. Et Sofia le lui avait offert sur un plateau d'argent.

Officiellement ces arrestations découleraient d’informations reçues de sources anonymes, mais officieusement le rôle des services de sécurité américains serait bien évoqué. En échange de son aide, Sofia avait négocié une chose qu'on ne pouvait lui refuser: l'intégration d'un enquêteur américain aux opérations.

En théorie, ce n'était pas envisageable. Le Conseil répugnait à reconnaître la présence d'agents américains dans sa ville, sans parler de les autoriser à agir... En pratique il arrivait que des agents du FBI ou d'autres officines soient engagés comme membre à part entière de la milice Eraser. La sacro-sainte indépendance de la ville-État était donc sauvée, du moins en apparence, et les employés de l'Oncle Sam pouvaient agir sous l’œil vigilant de leurs "collègues" Erasers.

Alors qu'ils se rendaient au point de rendez-vous, Varig comprenait mieux ce qui se passait. Toute cette fameuse couverture qu'on lui avait faite apprendre, cette enquête où on l'impliquait au lieu d'utiliser un agent plus qualifié, son effacement complet des registres de la ville et même la puce tueuse... C'était pour le faire intégrer à la milice.
Depuis son arrivée en 2213, il jurerait que Sofia visait ce moment précis. Tellement de ressources dépensées dans ce seul but... Qui n'était qu'une étape vers quelque chose de plus gros. Pourquoi? Et surtout pourquoi lui?

Ça donnait le tournis.

Ses réflexions l'emportèrent si loin en lui-même qu'il s'aperçut à peine de l'arrêt du véhicule.
Drake patienta poliment quelques secondes, et l'agent finit par sursauter, comme un gamin prit en faute.

-Essaie de pioncer un peu. T'as l'air crevé, lui lança-t-il en guise de salut.

Varig descendit de l'aéroglisseur sans répondre. Il sentait poindre une migraine. Le conseil avait dut bon, mais ses cauchemars persistants perturbaient ses nuits.

Une fois seul chez lui, l'agent resta désœuvré quelques minutes avant de marcher jusqu'à la salle de bain.
Quelques jours plus tôt, le docteur O'Connell lui avait fait parvenir une boite de somnifères puissants, censés faire disparaître ses cauchemars et lui assurer un sommeil idéal. Il l'avait vidée et regardé les pilules disparaître dans les toilettes. Pas question de s'accorder le luxe de dormir comme un bienheureux après les semaines éprouvantes qu'il venait de vivre. Il avait peur de ce qui arriverait si il faisait disparaître cette "soupape de sécurité" qu'étaient ses cauchemars. À moins qu'il ne paie ainsi de toute la culpabilité qu'il portait dans un marchandage ridicule avec lui même.

Mais aujourd'hui sa tête lui faisait mal et toute la fatigue accumulée semblait lui tomber dessus au mauvais moment.

Pris par une subite inspiration, il avait tout de même gardé deux de ces pilules. Au cas où, peut-être parce qu'il pressentait que ce moment viendrait.

L'une des petites capsules blanches rescapées reposait maintenant au creux de sa main gantée. Assis sur le lit de sa chambre, Varig la regardait avec un mélange de dégoût et de fascination.
Son arme était posée sur la table de nuit.

Pour l'heure il se sentait fatigué, et oppressé. La solution le dépassait; malgré toutes ses capacités, il n'était qu'un homme. Et il était sur le point de se retrouver entre deux grosses machines à broyer sans même savoir pourquoi.

Varig était fatigué de tout ça, une lassitude que quelques pilules ne suffirait pas à effacer. Pourtant, chacune de ses cellules se rebellait contre sa résignation.

Il avait encore un but. Une mission à remplir. Il n'avait pas le droit d'abandonner. C'était ainsi qu'il avait toujours vécu, avec cette constante et impérieuse nécessité d'avancer. Pas une envie ou une conviction; un besoin irrépressible de continuer.

L'agent avala le somnifère avant de se mettre au lit, ignorant la lueur du début d'après-midi qui filtrait par les stores.
Un sommeil chimique ne tarda pas à venir le cueillir.

Cette fois ci il ne fit pas de cauchemars.
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Varig Cross

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05.12.15 0:19
Varig s'était réveillé après presque neuf heures d'un sommeil réparateur. Levé tôt, il s'était découvert en pleine forme et de bien meilleure humeur que la vieille, les idées claires, frais et dispo.
Le remontant du docteur O'Connell était plus qu'efficace. Il se félicita de n'en avoir plus qu'un cachet en réserve. Même si le gâchis qu'avait représenté la destruction des médicaments aurait dut l'agacer, la tentation d'abuser du produit miracle était écartée.

Il venait de se doucher quand son omniphone se mit à sonner. L'appareil était accroché en permanence à son poignet. C'était à la fois sa carte d'identité, son téléphone, sa carte de crédit et son ordinateur, un gadget futuriste qui faisait fureur chez les technophiles. Mais Sofia et Drake ne prenaient plus la peine de passer par l'appareil depuis qu'ils lui avaient révélé l'existence de la puce implantée dans sa chair.
L'agent vérifia donc ce qui s'affichait avant de décrocher.

-Ici Wagner, lâcha-t-il sans hésiter, en accord avec son nouveau nom de couverture.

Une des premières choses qu'apprenait un agent secret était de s'attacher à une identité fictive. Cela n'avait pas empêché nombre d'espions de se trahir stupidement, mais Varig avait eu une très longue carrière pour apprendre à éviter les erreurs de débutant.

-Bonjour, je suis le capitaine Tomas Hobbes, de la brigade d'enquête spéciale, milice Eraser, se présenta son correspondant. C'est moi qui serait votre supérieur direct à Madison. Je sais que tout avait déjà été organisé avec le Bureau de Chicago pour votre intégration la semaine prochaine, mais les circonstances m'obligent à faire appel à vous plus vite que prévu. Si vous êtes d'accord j'envoie quelqu'un vous prendre. La douane vous a bien laissée votre arme de service?

Tout en allant dans la chambre pour préparer ses affaires tout en parlant, l'agent fronça les sourcils. Sa couverture ne prévoyait pas de contact avec la milice avant plusieurs jours, et officiellement il venait d'arriver en ville. Même si ce changement de programme était loin de l'ennuyer, il se demandait ce qui se passait.

-Oui mon capitaine. Je vous envoie l'adresse. Que se passe-t-il?
-Je l'ai déjà. On se voit tout à l'heure Wagner.

L'officier avait ignoré la question, et raccroché manu militari. Quoi qu'il se passe, ça semblait rendre le bon capitaine excessivement pressé... Qui connaissait déjà son adresse.

Durant les semaines écoulées, il avait établi une "procédure" avec Sofia. Celle-ci s'abstenait d'interventions inopinées propres à le rendre fou et lui faisait des rapports dès que nécessaire, retransmis à sa supérieure par l'opérateur qui l'écoutait et surveillait ses indicateurs vitaux en permanence. Il résuma les nouveaux éléments tout en s'habillant. Étrangement cette tache lui laissa une impression profondément rassurante, et il se surprit même à se réjouir d'entendre les quelques mots lâchés par son "ange gardien" pour confirmer qu'il avait bien tout compris.

Une fois son rapport fini, Varig termina rapidement de se préparer, enfilant un des costume cravate noir qu'on lui avait fournis. Des tenues identiques remplissaient la moitié de "sa" penderie. Même en 2213 le FBI restait fidèle à l'uniforme civil en vigueur depuis sa fondation... Et de ce qu'il savait c'était aussi le cas de la brigade d'enquête spéciale de la milice.
Son holster s'ajustait parfaitement à sa veste, et il vérifia son pistolet laser avant de la mettre dans son étui. Il enfila ensuite un long manteau et quitta son appartement d'un pas vif.

La fraîcheur de la nuit régnait encore dans la rue, mais l'agent n'eu pas à attendre bien longtemps. Quelques minutes après le coup de fil de l'officier, un véhicule banalisé aux vitres teintées s'arrêta devant son immeuble. La portière s'ouvrit, l'invitant à monter à bord.

De l'intérieur il semblait évident que le véhicule appartenait à la milice. De l'équipement de surveillance ou de communication occupait une bonne partie du tableau de bord, et une odeur de cendres froides trahissait les heures de planques émaillées de cigarettes.

Un homme portant un long imperméable clair était assis sur le siège conducteur. Il lui tendit la main. Bien qu'il ne porte aucun uniforme à proprement parler, il était évident qu'il s'agissait d'un Eraser.

-Major Neil Wright, se présenta-t-il, confirmant cette première impression.

Sa poigne était ferme et franche, tout à fait ce qu'on pouvait attendre d'un soldat-policier dun futur.

-Mike Wagner, répondit son passager alors que leur véhicule repartait déjà dans la circulation.

Le major Wright était un homme bien bâtit, au visage marqué de plusieurs cicatrices, résultant sans doute d'une attaque au couteau. Ses cheveux étaient coupés courts, déjà blancs bien qu'il n'ai probablement pas dépassé la cinquantaine. Varig évita de le dévisager trop longuement ou de prolonger la poignée de main, ce qui aurait put passer pour une provocation. Il ignorait encore à qui il avait affaire, mais vu son grade ce n'était pas un simple agent de la circulation que le capitaine Hobbes lui avait envoyé. Ignorant sa place exacte dans la milice, l'agent préféra jouer l'humilité. Une multitude de grades et de fonctions coexistait selon les brigades, ce qui rendait difficile de situer exactement son chauffeur.

-On va directement à la caserne. Votre accréditation est dans la boite à gant, lui expliqua le major. Bienvenue parmi nous, major Wagner.

Varig sortit une petite clé de données de la boite à gant. Quelques secondes suffirent pour en télécharger le contenu sur son omniphone. Son nouveau grade s'afficha aussitôt dans ses données d'identité. Malgré lui, il sourit.

-Merci major Wright. On m'a dit que le programme avait été bousculé. Vous savez ce qui se passe?

L'autre haussa les épaules.

-On m'a transféré à la brigade spéciale d'enquête ce matin, en avance, répondit-il avec un détachement étudié. J'en sais autant que vous Wagner, sans doute moins.

Varig hocha la tête. Manifestement, Neil Wright avait été tiré du lit en même temps que lui, sans doute pour la même raison. Il faudrait attendre de voir le capitaine Hobbes pour mieux comprendre ce qui se passait.

-Vous venez de quelle brigade Wright? lança l'agent pour éviter que son nouveau collègue ne lui pose des questions.
-Anti-Evolve. Et vous? Vous faisiez quoi au FBI?

Le major savait d'où il venait, sans doute mis au courant par leur supérieur.

-Les enquêtes spéciales pour le Bureau de Chicago.
-Ça ne devrait pas trop vous changer alors...

Varig regarda par la fenêtre, fixant l'horizon au delà du flot d'aéroglisseurs et des buildings futuristes.

-Sans doute. Pourtant j'ai l'impression que cet endroit est à des siècles de chez moi...


Le véhicule des Erasers se faufilait avec agilité dans la circulation de ce début de matinée, et ils ne tardèrent pas à arriver à la caserne. Située dans le centre des Congrès, véritable cœur de Madison, l'austère bâtiment avait de quoi impressionner. Varig n'avait vu que des photos, mais aucune ne retranscrivait bien la sensation d'écrasement qu'on ressentait devant les hauts murs de la forteresse. Si la ville était un château entouré de remparts, la caserne était sans nul doute le donjon.  L'architecture semblait précisément refléter cela: on aurait dit une prison destinée à créer la peur plus qu'un poste de police.

À moins que ce ne soit le stress normal qu'on ressent quand on se prépare à infiltrer les lieux avec pour seule garantie de ne pas être jeté au sol et arrêté un petit bracelet falsifié et la parole de la CIA que tout se passera bien, se dit Varig avec une pointe d'ironie.

Après avoir garé leur véhicule au sous sol, ils montèrent dans les étages au milieu d'autres Erasers. Wright connaissait bien les lieux, et s'orientait sans hésitation.
Varig remarqua que, conformément à ce que lui avait dit Sofia, les mesures de sécurité étaient presque toutes automatisées, évitant de perdre du temps. Elle était bien renseignée... Malgré l'heure matinale, la caserne était déjà en pleine effervescence. De ce qu'en avait vu l'agent, l'endroit était plus proche d'un commissariat que d'une base militaire. Les uniformes des Erasers étaient souvent remplacés par des tenues civiles et les miliciens avaient l'air de travailler en open-space.

Le duo arriva à l'ascenseur menant aux quartiers de la brigade d'enquête spéciale en quelques minutes. La structure se composait un grand tube de métal à l'esthétique plus que douteuse, posé au milieu d'un hall désert comme si on l'avait oublié là. Quatre portes d'ascenseurs bardées d'avertissements holographiques permettaient de descendre dans les entrailles de la caserne. Des caméras étaient braquées sur le hall, mais il n'y avait aucun garde de visible. À quoi bon au milieu de la caserne?

La cabine s'ouvrit à leur approche, et se referma aussitôt après leur entrée.

-Un ascenseur intérieur... Ingénieux. La caserne s'étend loin sous terre? demanda Varig à son guide.

Ce dernier ne se tourna par vers lui, gardant les yeux fixés sur la porte.

-On descend niveau moins sept. Trente mètres sous terre, lâcha-t-il entre ses dents.

L'agent hocha distraitement la tête. On l'avait un peu briefé sur son futur lieu de travail, notamment sur le fait que sa puce serait incapable d'émettre si loin en sous-sol. La question servait avant tout à prévenir l'opérateur qui le surveillait à distance qu'il disparaîtrait bientôt de ses écrans.

Les portes s'ouvrirent après quelques secondes de descente presque imperceptible, et Wright sortit le premier. Sans hésiter, il se dirigea dans un couloir aux murs de verre, bardés de capteurs qui brillaient doucement. Varig le suivit avec un petit temps de retard.

Le corridor faisait une bonne cinquantaine de mètres de long, et se terminait par un sas dans lequel ils pénétrèrent tous les deux.
Une porte étanche se referma derrière eux tandis qu'une autre s'ouvrait sur une pièce circulaire agréable, qui ressemblait à l'accueil d'une entreprise. Le plafond était haut, avec une promenade au dessus d'eux, des portes, des couloirs et des escaliers s'ouvraient autour de la salle. Tout était impeccable, des murs crème à la moquette qui couvrait le sol. Malgré l'absence de fenêtre, on aurait eu du mal à se croire sous terre.
Un bureau de réception circulaire occupait le centre de la pièce, faisant face au sas. Des sièges qui semblaient confortables étaient installé pour former deux "salons". Malgré ça les deux miliciens avec gilet pare-balle et casque qui montaient la garde restaient debout, figés au repos réglementaire. Wright les salua d'un signe de tête avant de tracer vers la réceptionniste, une jolie brune qui portait l'uniforme noir et rouge réservé aux bureaux. Varig allait lui emboîter le pas, quand un des deux gardes se mit au milieu de sa route.

-Attendez un instant monsieur, lâcha-t-il d'un ton égal.
-Un problème?

Malgré toute son expérience, l'agent sentit la peur lui serrer la gorge. Coincé à trente mètres sous terre, il n'avait aucune chance de fuite. Et si quelqu'un l'avait reconnu?
L'autre ne fit pas mine de s'écarter, ou de répondre et c'est finalement la réceptionniste qui intervint d'un ton ferme.

-D'après le scanner, vous possédez une puce implantée, et ce n'est pas mentionné dans votre autorisation temporaire d'accès, major Wagner. Navrée mais vous ne pouvez pas aller plus loin.

Wright lui jeta un regard interrogatif, et Varig claqua de la langue, agacé.

-C'est un transpondeur intradermique, indiqué dans mon dossier transmis par le FBI à vos patrons. Le capitaine Hobbes m'attend, il est au courant.

La secrétaire brune s'empara d'un gros classeur et en tira une feuille imprimée, ce que l'agent ne manqua pas de remarquer avec étonnement. A l'ère des ordinateurs surpuissants et des hologramme, le papier faisait office de relique.
Pourtant sa photo d'identité fournie par Sofia s'étalait sur une bonne partie de la page, ainsi que divers précisions illisibles à cette distance.

-Le capitaine a remplis ce formulaire, mais pas mentionné votre puce. Sans le document conforme je ne peux pas vous faire accéder aux locaux. Sergent...

Le major Wright intervint à son tour.

-C'est sans doute une erreur administrative. Le capitaine m'a personnellement donné ordre de l'amener au plus vite et...

La femme se leva, se tournant vers son contradicteur d'un air agacée, bien qu'il soit nettement plus grand et fort qu'elle.

-Pas de formulaire correctement remplis, pas d'accès. La règle est faite pour être appliquée, c'est clair?

Sans attendre de réponse, elle se rassit, et remit le formulaire dans son classeur avant de ramener son attention vers Varig.

-Le sergent va vous retirer votre arme. Ensuite allez vous assoir et attendez.

Le soldat qui avait barré le passage à l'agent tendit la main. L'agent resta sans bouger quelques secondes, son regard allant de la secrétaire à Wright, avant de revenir sur le sergent.
Puis il décrocha son pistolet et le holster de sa ceinture et le garda quelques secondes de plus, avant d'obéir.

-J'aurais dut me douter que vous n'alliez pas me souhaiter la bienvenue quand j'ai vu le mur géant dehors, lâcha-t-il, ironique, en remettant son arme au soldat.

Le sergent ne répondit rien, mais il crut le voir brièvement sourire sous sa visière tandis qu'il prenait le pistolet et son étuis.

-La sécurité avant l'hospitalité Wagner, lâcha Wright de son côté. Je vais voir le capitaine pour qu'il règle ça.

Varig ne répondit pas mais lui fit un signe de tête avant d'aller s’asseoir dans un des sièges.

Quel perte de temps ces bureaucrates, pensa-t-il en jetant un regard à la réceptionniste qui pianotait sur son ordinateur. Si un kamikaze débarquait avec une ceinture d'explosifs, je suis sûr qu'elle essaierait de lui faire signer un formulaire.

Repoussant l'agacement, il réfléchit. Cette histoire de papier mal remplis pouvait cacher une arrestation en douceur? On lui avait prit son arme... Bien sûr ça pouvait être un simple excès de zèle de la secrétaire brune.
À moins que...
Il abandonna cette idée suggérée par sa paranoïa. Si c'était le cas, il était de toute façon à leur merci. Inutile de faire toute cette mise en scène.
Peut-être était-ce une façon de lui signifier qu'il n'était que toléré en tant qu'agent américain, qu'il n'était pas le bienvenu. Mais le capitaine semblait pressé de le voir lui et Wright. Perdre du temps de la sorte serait idiot...

En tout cas son infiltration commençait de façon plutôt ennuyeuse. Une minute s'écoula, puis dix. Quelques Erasers franchirent sans encombre le sas, saluant les soldats et la secrétaire de la réception. Varig se prit à scruter les visages, à la recherche de traits familiers. Nora ne travaillait pas dans la brigade spéciale, et n'avait aucune raison de se trouver là, de même que la plupart des agents qu'il avait croisé. En revanche ceux qu'il avait vu arrêter "son" suspect la veille...

Finalement la première face connue à apparaître dans le hall fut celle du major Wright. Il traça droit vers la réceptionniste, un formulaire dûment remplis à la main.

Quelques instant plus tard, Varig récupérait son arme et emboîtait le pas au major à travers les couloirs.

-Vous avez l'air de bien connaitre les lieux Wright, remarqua-t-il.

L'Eraser acquiesça distraitement.

-J'ai travaillé sur une enquête conjointe avec la brigade spéciale il y a quelques mois. Sûrement ce qui m'a valu ma promotion et ce transfert... Voilà, c'est ici.

Le duo s'arrêta devant une porte de métal, lisse et chromée. Wright présenta son bracelet et elle coulissa, révélant une salle de réunion de bonne taille, occupée en bonne partie par une grande table autour de laquelle plusieurs Eraser avaient déjà pris place.
À leur entrée, tous les visages se tournèrent vers les nouveaux arrivants, mais Varig se concentra uniquement sur un seul.

L'homme assis en bout de table ne pouvait être que le plus gradé, isolé qu'il était du reste des participants. Sans doute un peu plus âgé que Wright, il avait lui aussi un visage marqué, mais par des rides profondes plutôt que par des cicatrices. Il portait une petite moustache poivre et sel, ainsi qu'une raie soignée. Plutôt mince voir maigre, il n'avait rien de très notable sinon des yeux vifs qui semblaient tout scruter avec une grande attention.

-Officiers Wright et Wagner, au rapport selon les ordres mon capitaine, lâcha Wright en saluant, confirmant ce que son nouveau collègue soupçonnait déjà.

Il avait devant lui son nouveau chef. L'homme dont il avait reçu ordre de gagner les faveurs...
Pour mieux le trahir?

Seul l'avenir le dirait...
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06.12.15 2:19
En réponse au salut du major, le capitaine Hobbes se leva et se mit lui aussi au garde à vous. Varig remarqua qu'il s'appuyait sur une canne, comme s'il avait été récemment blessé.
Tout en adoptant une posture militairement acceptable, l'agent laissa son regard courir sur les autres participants à la réunion assis autour de la table, trois hommes.

C'était très probablement les membres de l'équipe avec qui il allait travailler, mais il n'en reconnu aucun. Sofia avait refusé de lui confier la moindre information à propos de son affectation, en dehors d'un vague briefing sur l'enquête. Elle entendait ainsi préserver le naturel de ses réactions, évitant qu'il n'oriente les investigations de façon suspecte. Varig avait vite renoncé à réclamer plus ou chercher des motifs cachés derrière ce manque de coopération. De toute façon, sa supérieure avait été catégorique et définitive. Protester ne servait à rien...

Il ramena son attention sur le capitaine Hobbes, alors qu'il prenait la parole.

-Merci major. Asseyez vous, vous n'êtes pas les derniers, ajouta l'officier. Il nous manque encore...

La porte de la salle de réunion s'ouvrit à cet instant précis, livrant passage à une femme essoufflée portant deux volumineux sacs de sport à chaque bras. Manifestement elle venait de courir, et faillit s'étaler en pénétrant dans la pièce.

-... Mademoiselle Stillman, acheva Hobbes, imperturbable.

L’intéressée, se mit aussitôt au garde à vous, tout en essayant de maintenir ses sacs à bout de bras. Le résultat était plus comique que réglementaire.

-Présente! lança-t-elle d'une voix un peu trop forte à l'énoncé de son nom. Euh... Présente chef! Patron. Monsieur.

Plusieurs paires de sourcils se haussèrent à cette entrée fracassante, mais Varig saisit l'ombre d'un sourire passer sur les lèvres du capitaine Hobbes.

-Repos Stillman, lâcha-t-il d'un ton amusé en s'asseyant. Vous pouvez prendre place.

Huit fauteuils étaient placés autour de la table. Il semblait évident que personne de s'installerait en face de leur chef. Deux des inconnus avaient déjà pris place à sa gauche, et Wright avait complété la rangée. Varig quand à lui alla s'installer à côté de l'homme à la droite de Hobbes.
Avec un temps de retard, la jeune femme vint s'asseoir à côté de lui, une moue gênée sur le visage.

Une fois tout le monde en place, le capitaine repris la parole.

-Maintenant que nous sommes au complet, il est temps de tous vous briefer. Je suis le capitaine Hobbes, de la brigade des enquêtes spéciales, et je commanderais cette unité. Nous avons reçu la désignation d'équipe Delta, et notre travail consistera à résoudre des cas impliquant un haut niveau de confidentialité et d'expertise. Avant de vous expliquer le pourquoi de cette soudaine convocation, un rapide tour de table s'impose, puisque nous allons travailler tous ensembles, et que la plupart d'entres vous ne se connaissent pas.

L'officier balaya son assistance du regard, et parut satisfait de l'attention qu'on lui accordait.
Il se tourna ensuite vers les deux hommes assis à sa droite. Le premier était un afro-américain aux cheveux coupés ras, dont la musculature impressionnante semblait comprimée dans un costume cravate impeccable. Son voisin avait le teint hâlé et des cheveux blonds mi-long d'un côté de la tête. De l'autre il avait pratiquement le crane rasé et les nuances de sa coupe formant un motif complexe. Sa posture avachie et sa moue amusée tranchait avec le sérieux affiché de son collègue.

-Voici les agents Aaron et David Smith, qui travaillaient déjà avec moi avant que l'équipe Delta ne soit constituée.
-Je suis David, précisa l'Eraser blond. Et avant que quelqu'un ne pose la question, on a été adoptés. Ravis de bosser avec vous tous, j'espère que...

Le capitaine Hobbes toussota.

-Tu permet que je continue David ou tu as quelque chose à ajouter? demanda leur supérieur d'un ton excessivement poli.

Comme pour punir l'interruption, Aaron gratifia son frère d'une tape derrière le crane.

-Aïe, grommela sa victime, pour la forme. Désolé capitaine.

L'officier leva les yeux au plafond, avant de reprendre les présentations.

-L'agent Neil Wright nous vient de la brigade anti-Evolve. Il a déjà coopéré avec la brigade des enquêtes spéciales...

L’intéressé fit un signe de tête en direction de ses nouveaux collègues.

-Enchanté, lâcha-t-il simplement.

Continuant son tour de table, le capitaine Hobbes se tourna ensuite vers la seule femme de l'unité, que Varig vit se tordre discrètement les mains sous la table.

-Mademoiselle Kelly Stillman à présent, qui nous a été détachée depuis l'IT... Elle a une habilitation de très haute sécurité et deux diplômes de criminologie, ce sera notre experte scientifique.

Varig l'étudia rapidement, sans insister pour ne pas paraître gênant. Un instant d'observation lui suffisait pour la détailler. La scientifique avait un visage ovale, encadré par ses cheveux marrons assortis à ses yeux, dont la plus grande partie était tassée dans une coiffure à mi-chemin entre le chignon et la queue de cheval, fixée par un ruban rouge. Elle ne portait pas de maquillage, laissant apparentes quelques taches de rousseur autour de son nez.
Plutôt petite, elle portait une veste noire et un pantalon, cachant son décolleté sous un T-shirt blanc. Elle ne portait ni maquillage, ni parfum ou bijoux.
Autant lire un livre ouvert. Mentalement, Varig la classa comme la membre la plus vulnérable de leur équipe. Une information précieuse quand on menait une infiltration.

-À côté d'elle, l'agent Wagner a été détaché par le FBI. Il nous aidera particulièrement si des investigations doivent mener au delà du mur, mais c'est aussi un enquêteur de terrain et je compte bien l'employer comme tel.

Varig passa son regard sur l'assistance, et rajusta ses lunettes en souriant poliment.

-Bonjour. C'est un honneur de travailler avec la fameuse milice Eraser, et avec tous.

Il craignait un peu d'en avoir fait trop, mais il aperçut avec une certaine satisfaction plusieurs sourire amicaux apparaître sur les visages de ses nouveaux collègues.

-Et enfin, reprit Hobbes, Voici monsieur Zane Atwood.

Le dernier membre de l'équipe était un jeune homme blond aux yeux bleus, portant une paire de lunettes de réalité virtuelle. Grace aux cours qu'il avait reçu lors du mois écoulé, Varig put évaluer que le pull fin qu'il portait valait très cher, et de toute façon sa coupe trahissait la fréquentation assidue d'un coiffeur. Une tablette électronique était aussi posée devant lui. Un ou deux mois plus tôt il aurait eu du mal à se rendre compte qu'il avait affaire à une personne riche, mais aujourd'hui ça lui crevait les yeux.
Étrangement, le capitaine Hobbes sembla hésiter au moment de le présenter.

-Je travaille au bureau exécutif du Conseil, compléta l’intéressé.

Il sourit en dévoilant deux rangées d'impeccables dents blanches -blanchies?- avant de poursuivre.

-Les hautes autorités de la ville s'intéressent de très près au travail de notre équipe. Aussi ais-je été envoyé pour faciliter autant que possible les éventuelles démarches légales...

Nous surveiller, déduisit Varig. Même si un politicien est impliqué, c'est étrange que cette affaire soit remontée jusqu'au Conseil aussi vite, surtout après tous les efforts faits par Hobbes pour garder ça secret...
Il saisit au vol un coup d’œil hostile de David Smith en direction de Zane. Intéressant.
Le capitaine Hobbes reprit la parole avant qu'il ne puisse réfléchir plus en avant.

-Maintenant que les présentations sont faites, il est temps de se mettre au travail. Voici ce pour quoi je vous ai fait venir avant la date prévue...

Il pianota sur la table et le visage en trois dimension d'un homme apparut. Varig se pencha légèrement en avant pour mieux le voir.
Les traits énergiques malgré une quarantaine sur le déclin, l'homme avait quelque chose de très reconnaissable, une sorte d'énergie soigneusement mise en valeur. Il fallu plusieurs secondes à l'agent pour reconnaître l'individu.

-Andrew Falkner. Atwood, vous voulez bien nous le présenter en quelques mots pour ceux qui, comme l'agent Wagner, ne seraient pas familiers avec le monde de la politique à Madison?

L’intéressé se leva et s'empara de la tablette posée devant lui. Pour s’occuper les mains sans doute, estima Varig. Ce type a reçu une formation de communiquant. Pas un simple gratte-papier... Sofia me donnera peut-être son dossier.

-Pour faire bref, monsieur Falkner est l'un des chefs de file du parti anti-Evolve. Il est classé parmi les radicaux, mais c'est un de leurs éléments les plus prometteurs, avec de grands talents d'orateur, de l'argent, et surtout le réseau d'amis qu'il faut pour aller loin. Ingénieur à l'origine, marié, deux enfants, il joue volontiers la carte du père de famille stable et irréprochable dans sa vie privée comme dans ses affaires.

Sa tirade terminée, il se rassit. Hobbes le remercia d'un signe de tête.

-Je me souviens de lui, intervint Wright. Il a proposé d'équiper les Evolves et les criminels condamnés avec des puces intégrant un système de neutralisation non-létal. Les pro-Evolves lui ont fait une guerre personnelle par média interposé...
-Il a fait plus que des propositions, ajouta à son tour la voisine de Varig. Falkner a breveté plusieurs modèles de puces ou des système pour le compte de l'IT et de sociétés privées. Il a gagné une petite fortune avec ça, et ses créations sont utilisées dans au moins une dizaine de pays, dont les États-Unis et la Fédération Européenne...

Le capitaine hocha la tête, approbateur, tandis que Varig réfléchissait à toute vitesse.
Des puces. Le politicien sur lequel il enquêtait était un aussi ingénieur, créant des puces piour l'exportation. Peut-être même avait-il conçu la sienne... Pourquoi Sofia lui avait-elle caché ça?
Il masqua son trouble dans un discret raclement de gorge, alors que son nouveau chef se tournait vers les deux frères assis sa gauche.

-Aaron...?

L'afro-américain se leva, dominant l'assistance de sa haute stature.

-Oui mon capitaine, lâcha-t-il d'une voix étrangement douce pour un homme aussi massif. Avant la formation de l'équipe Delta, nous enquêtions sur un groupuscule anti-Evolve du nom de LPH, la "Ligue Pour l'Humanité". Une centaine de membres, l'organisation dispose de quelques antennes en dehors de Madison et prône la séparation stricte entre Evolves et humains, de façon plus extrême que les partis traditionnels. Certains échanges de messages interceptés il y a deux mois laissaient à penser que certains de ses membres envisageaient de recourir à la violence. La décision de former notre équipe a été prise à ce moment.

Il appuya sur un point de la table, et le visage fut remplacé par des séries de chiffres.

-Nous avons remonté le financement d'une de leur cellule ici, à Madison. Certains Erasers pourraient être membres de LPH, c'est un groupe traditionnellement lié aux forces de l'ordre et aux déçus des réponses légales face aux Evolves. L'affaire a donc été confié à la brigade spéciale. Il a également fallu le concours du bureau du FBI de Chicago, dont est issu l'agent Wagner, pour remonter certains mouvements d'argent. Une des fondations du parti anti-Evolve finance bien LPH mais de façon légale et sur de petites sommes, directement sur demande de Falkner. Mais quelque chose d'autre a retenu l'attention de nos collègues fédéraux... David?

L'intéressé resta assis et fit changer l'hologramme d'un geste, faisant disparaître les chiffres au profit de deux visages; Varig reconnu instantanément Rice et l'adolescent arrêté la veille.

-Falkner a également demandé le financement de quatre autres organisations, qu'on a étudié en détail. Sur le papier, elles reçoivent environ un demi million de dollars chaque année. En pratique en fouillant leurs comptes, nous ne retrouvons que les deux tiers de cette somme soit... Un gros trou.

Kelly intervint, sans hésiter.

-Ça fait environ 166 000 dollars, soit presque 14 000 dollars détournés par mois.

David sourit et siffla.

-Et moi qui croyais toutes les nanas nulles en maths. Un cours de rattrapage en tête à... Aïe!

Aaron venait de soupirer avant de lui décrocher une tape derrière la tête, le coupant net dans son discours.

-Désolé. J'ai beau le frapper, je ne parviens pas à lui inculquer les bonnes manières, lança-t-il avec un sourire en direction de la scientifique.

Cette dernière lui rendit son sourire. David ouvrit la bouche, mais Hobbes fut le plus rapide.

-Smith, si j'entend encore quoi que ce soit qui ne concerne pas le briefing sortir de ta bouche, je t'assomme à coup de canne.

La menace sembla inquiéter le blond au plus haut point.

-Quel Smith mon capitaine?
-Les deux. Allez au fait.

Atwood sourit discrètement, manifestement amusé de ce petit jeu, avant que l'Eraser ne reprenne.

-Bon, l'oseille disparaît, chaque mois. Ça pouvait coller avec un financement occulte de LPH, mais on a rien trouvé qui puisse les incriminer. Ils n'étaient pas destinataires de l'argent. On pensait à un banal détournement quand les ricains ont découvert...

Aaron frappa à nouveau son frère derrière la tête, qui s'interrompit avant de reprendre.

-Désolé Wagner. Je disais donc que le FBI a réussi à tracer les fonds jusqu'à ces deux individus qui servent de relais physique à l'argent. Là où ça devient vraiment étrange c'est que le premier, Harry Rice est activiste pro-Evolve fiché, et que le second, Scott Cormier est le fils de Sally Cormier, une porteuse de don. Vous vous en souvenez peut-être, elle est en prison pour avoir tenté de tuer les Erasers venu l'arrêter après avoir utilisé son pouvoir contre son patron.
-J'étais là, signala Wright. Elle avait complètement perdu les pédales et surchauffait l'air. Un collègue a bien failli y rester. Au final elle s'est rendue, et récolté une douzaine d'années de prison. Il doit bien lui en rester huit à faire...

Varig jugea opportun de rompre le silence assourdissant qu'il gardait depuis le début de la discutions. Malgré le peu qu'il savait, il pouvait néanmoins faire des remarques pertinentes.

-Le FBI a aussi établi que l’algorithme utilisé pour crypter les fonds suspects était bien plus élaboré que ce dont on l'habitude avec les groupes comme LPH. Les sommes sont transférées de façon régulières, chaque mois, mais récemment le montant a augmenté, de même que la qualité de leurs défenses. Pas d'infos sur le destinataire, mais une fois Rice et Cormier arrêtés les preuves étaient suffisantes pour obliger Falkner à se mettre à table. Mais je suppose que ça n'a pas put se faire?

Étonnamment ce fut Atwood qui reprit la parole pour conclure.

-Malheureusement ce dernier a disparu cette nuit. Les hommes chargées de le surveiller ont étés proprement assommés. Notre cible savait qu'on allait l'arrêter... Manifestement il y a eu une fuite quelque part. L'équipe Delta a donc été convoquée avec un peu d'avance, pour se concentrer sur une seule et unique mission: retrouver Falkner. Et vite.
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07.12.15 1:24
Après ce court briefing, le capitaine Hobbes avait répartit les tâches entre les différents membres de l'équipe Delta.
Tandis que les frères Smith reprendraient les interrogatoires de leurs deux suspects, Varig, Wright et Stillman allaient s'installer dans leurs bureaux et étudier le dossier Falkner jusqu'à le maîtriser parfaitement. Quand à Atwood, il annonça qu'il allait se renseigner sur Sally Cormier, au cas où elle puisse les aider.
Bien qu'il ait demandé l'aval de leur chef avant de quitter la pièce, l'agent s'aperçut que sa première impression quand à la relation d'autorité entre l'envoyé du Conseil et le capitaine Hobbes semblait exacte. L'officier hésitait sur la façon de le traiter, manifestement incertain sur le réel pouvoir dont disposait le jeune homme. Une prudence qui trahissait peut-être d'anciennes expériences malheureuses avec d'autres agents du Conseil...?
Encore une observation qui intéresserait Sofia.

Une fois sortis de la salle de réunion, David guida Varig et Wright à leur bureau, voisin de celui qu'il partageait avec son frère.

La pièce n'était ni petite ni vraiment spacieuse, occupée en bonne partie par deux bureaux simples et fonctionnels, sur lesquels étaient posés deux ordinateurs flambant neufs. Une paire de casiers et d'armoires avaient aussi été installée. Vu l'état de propreté de la pièce, il était difficile de dire si elle avait un jour servit...

-Je vous laisse, mon "suspect" m'attend, lâcha David avant de disparaître dans le couloir.

Wright le suivit des yeux, tandis que Varig allait s'installer le premier, au bureau le plus au fond de la pièce. Il posa sa veste sur le dossier de son fauteuil et se mit au travail, entreprenant de synchroniser son ordinateur à son omniphone. L'Eraser finit lui aussi par s'asseoir, avec un temps de retard, et retira son imper. Il portait son arme de service côté gaucher, un détail que l'agent qui partageait son bureau nota sans même y penser.

-Le matériel est meilleur qu'à la brigade anti-Evolve, remarqua-t-il en allumant son ordinateur.

Son collègue hocha la tête, sans quitter son écran des yeux.

-Question de budget j'imagine.

Les deux hommes se plongèrent ensuite dans le dossier, n'ouvrant plus la bouche pendant près d'une heure.
Varig se contenta de survoler les fichiers dont il disposait sur la LPH, et se concentra rapidement sur Falkner. Un mémo au sujet de ses partenaires commerciaux retint particulièrement son attention.

Outre l'IT et une dizaine d'entreprise, on y évoquait le K-Group, une multinationale basée à Madison, spécialisée dans l'exportation de puces et de logiciels liés à la sécurité. Apparemment Falkner avait travaillé pour eux durant les six derniers mois. Il était pratiquement certain que le modèle que la CIA lui avait implanté venait de cette entreprise... Peut être même de leur "client"? Au moindre prétexte il faudrait pousser l'enquête vers eux. Mais avec Sofia à l’affût du moindre geste suspect de sa part, ce ne serait pas chose facile.

Ses réflexions s'égaraient dans de complexes tactiques destinées à tromper la surveillance de l'Agence, quand la voix de Wright le ramena dans le bureau.

-Dites moi Wagner, lâcha-t-il soudain. Je peux vous demander pourquoi on vous a envoyé ici, vous plutôt qu'un autre je veux dire?

L'agent se tourna vers lui, abandonnant temporairement l'écran holographique. Il avait déjà soigneusement préparé sa réponse, avant même le début de sa mission d'infiltration.

-J'ai fais deux voyages à Madison, expliqua-t-il avec détachement. Et après ma dernière enquête j'étais dans les bonnes grâces du chef de Bureau à Chicago, alors quand le capitaine Hobbes a demandé un agent de liaison c'est moi qu'il a désigné... Le gros des gens qui avait travaillé sur le dossier LPH appartiennent aux services financiers ou technologiques. Aucun ne faisait l'affaire.

Satisfait de son explication, l'Eraser hocha la tête. Il semblait pensif.

-Donc vous avez un œil neuf, comme moi. Et qu'est ce que vous pensez de notre cas?

Varig se laissa aller en arrière et croisa ses mains derrière sa nuque, rassemblant ses idées.

-Après avoir vérifié les documents, ça semble pratiquement impossible que quiconque d'autre que Falkner ait détourné les fonds, et improbable que le staff de la fondation ait put s'en rendre compte... À moins d'avoir flairé la combine. Donc on peut partir sur le fait que Falkner a bien volontairement escamoté l'argent, et qu'il a pu le faire seul. La question à 160 000 dollars, c'est pour qui a-t-il fait disparaître ces sommes? Le deuxième élément intéressant, c'est que d'après le rapport des agents chez lui, il avait au moins un complice pour l'aider à s'échapper. Aucun signe de lutte, il est partit en faisant attention de ne pas réveiller sa femme ou ses enfants, et a embarqué un petit sac d'affaires. Si c'est une mise en scène de fuite, elle est parfaite. Rice et Cormier sont hors de cause, ça fait donc trois complices, plus Falkner quatre personnes... Ce n'est plus une arnaque, c'est une conspiration.

Wright l'avait écouté en silence, et se mit à suivre sans y penser le tracé de sa cicatrice du bout de l'index, plongé dans ses propres réflexions.

-Ça colle aux faits, mais ça n'explique pas pourquoi des pro-Evolves étaient impliqués. Peut-être qu'on devrait essayer de regarder ça sous un angle différent...? Et si Falkner agissait sous la contrainte? finit-il par proposer. Venez voir ça.

Intéressé, Varig se leva pour venir observer l'écran de son collègue. Il était couvert de lignes de chiffres, les comptes de la fondation, avec en surbrillance les mouvements suspects.

-Mettons qu'il finance un groupe, qui a besoin d'acheter du matériel, de louer un local... Dans ce cas pourquoi fournir des sommes régulières et fixes toujours aux mêmes dates, chaque semaine? Et pourquoi augmenter soudainement le montant? Ça ressemble à autre chose...
-Vous pensez à un chantage?

L'Eraser ne répondit rien mais se recula en fixant son écran.

-Ça expliquerait pourquoi des pro-Evolves sont impliqués. Quoi qu'ils aient découvert, révéler l'affaire nuirait à leurs adversaires politiques, mais ça tuerait aussi la poule aux œufs d'or. Si c'est le cas on pourrait avoir affaire à toute une cellule clandestine. On a déjà eu des cas impliquant des cryptages aussi sophistiqués... En tout cas je crois que ça vaut le coup de creuser la piste.
-Mais dans ce cas, une fois Rice et Cromier arrêtés, pourquoi ne pas tout révéler, et pourquoi aider Falkner à disparaître? Il nous manque une...

Soudain, sans avertissement, la porte du bureau coulissa, surprenant les deux Erasers en pleine discutions.

-Euh... Désolée, s'excusa Kelly Stillman en pénétrant dans la pièce, les lèvres pincées. Je crois que mon bracelet a déclenché l'ouverture quand j'ai voulu frapper.

Varig lui fit un sourire poli, mais c'est Wright qui lui répondit.

-Il n'y a pas de mal. On peut vous aider?

La scientifique balaya le bureau du regard avant de répondre.

-Le capitaine m'a demandé de lui amener l'agent Wagner avant de remonter à mon labo.

L'intéressé échangea un rapide regard avec son coéquipier.

-Je devrais en profiter pour lui parler de votre hypothèse. À moins que vous ne préfériez le faire vous-même? lança l'agent.

Il avait adopté une approche conciliante. Hors de question de s'approprier les déductions de Wright devant leur supérieur, et ainsi de se le mettre à dos dès le début de son infiltration.
Heureusement ce dernier comprit parfaitement le message.

-Non, pas de problème, vous pouvez le faire. De mon côté je vais passer quelques coups de fil et creuser la piste du chantage pour voir s'il en sort quelque chose. À tout à l'heure!

Varig le remercia d'un signe de tête avant de faire signe à sa guide qu'ils pouvaient se mettre en route. Cette dernière attendit qu'ils se soient éloignés dans le couloir et soient seuls pour poser la question qui semblait lui brûler les lèvres.

-Le major a une théorie?
-Il pense que Falkner aurait put être victime d'un chantage de la part d'un groupe pro-Evolve, dont nos suspects feraient partie, résuma-t-il. Vous savez ce que me veut le capitaine?

La scientifique réfléchit quelques secondes avant de répondre, sans doute le temps d'intégrer cette nouvelle hypothèse.

-J'imagine qu'il veut vous faire passer une sorte d'entretien, comme pour moi. Savoir pourquoi vous avez voulu rejoindre l'équipe, vous poser des questions sur votre parcours, ce genre de choses... Enfin je ne sais pas si vous avez vraiment voulu venir ici? Ou est-ce qu'on vous a juste envoyé ici?
-J'étais volontaire, confirma l'agent tout en mémorisant inconsciemment le trajet. Et vous mademoiselle Stillman?

Son interlocutrice lui fit un petit sourire.

-J'ai toujours rêvée de travailler pour la milice, depuis gamine. Mais je me suis vite aperçue que j'étais bien plus à l'aise dans un labo que dans un uniforme. J'ai quand même passé des diplômes de crimino avant d'accepter un poste à l'IT... Cette unité, c'est vraiment ma chance d'être une Eraser, même si je bosse seulement sur la partie scientifique. Ça doit vous paraître stupide que je vous parle de tout ça, mais quand je suis stressée je ne peux plus m'arrêter...

Un bon infiltré devait gagner la confiance de ses équipiers sans attirer leur méfiance, et les subites révélations de la scientifique lui offraient une ouverture parfaite pour ça.

-C'est loin d'être stupide, au contraire. Vous saviez où vous vouliez aller, et vous y êtes parvenue en mettant en valeur vos compétences. Je suis sûr que vous serez un atout pour notre équipe, mademoiselle Stillman. Vous n'avez vraiment pas à vous en faire.

L'insistance qu'il avait à placer son nom à la moindre occasion, ainsi que sa réponse amicale porta finalement ses fruits.

-Merci beaucoup. Au fait vous pouvez m’appeler Kelly, agent Wagner.

Varig saisit parfaitement le message. Comme il le pensait, elle serait sans doute une de celle dont il serait le plus facile de gagner la confiance. Et son poste d'experte scientifique la rendait particulièrement utile dans sa tâche d'infiltré.

-Seulement si vous m’appelez Mike, répondit-il d'un ton égal, mais en souriant lui aussi.

Quelques instant plus tard, le duo arriva devant une porte ornée d'une plaque au nom du capitaine Hobbes.
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14.12.15 13:59
Avant de disparaître dans le couloir, Kelly avait lâché un avertissement sibyllin quand aux goûts "originaux" de leur chef en matière de design. Mais rien ne pouvait vraiment préparer l'agent à ce qu'il découvrit.

-Vous m'avez fait demander mon capitaine? lâcha-t-il tout en observant les lieux avec intérêt.

Le bureau de l'officier était plongé dans une lumière douce, vaguement teintée, bien que Varig n'aurait pas su dire en quelle couleur exactement. Loin d'être simple et fonctionnel comme dans la pièce qu'il avait quitté un peu plus tôt, le mobilier formait un étrange mélange d'ancien et de moderne, de rétro et de futuriste. L'ensemble était pourtant étrangement cohérent.
Une bibliothèque en bois vernis faisait ainsi se côtoyer des livres aux belles reliures ouvragées, avec des disques de données modernes. Les boiseries étaient teintées de veines électroniques, tandis que derrière le capitaine, un grand tableau laissait voir un complexe système de rouages et de ressorts dorés ou chromés, qui tournaient de façon presque hypnotique. Varig admira quelques secondes la structure, mais ne parvint pas à déterminer s'il voyait une image d'un réalisme incroyable, où si le mécanisme existait vraiment.

Sans surprise, il constatât que le maître des lieux s'intégrait parfaitement à cette ambiance. Sa mise en scène excentrique le faisait ressembler à une sorte de deus ex machina, et il laissa quelques instants à son visiteur pour s'en imprégner, avant de l'inviter à s'asseoir.

-La décoration de mon bureau vous plait? attaqua-t-il.

Varig leva les yeux vers les rouages qui tournaient en silence.

-Beaucoup. Très originale. Mais j'imagine que ce n'est pas pour cela que vous m'avez fait venir?

L'officier sourit un instant avant de répondre.

-Le Bureau m'a envoyé votre dossier, et je dois dire qu'il est très complet. Quand à votre vie personnelle je n'ai pas à en prendre connaissance, aussi pathologique que soit ma curiosité. Déformation professionnelle je suppose... Nous apprendrons à nous connaître en travaillant ensembles, vous ne croyez pas?

Son subordonné plissa légèrement les yeux. Les circonvolutions de langage du capitaine Hobbes l'agaçaient profondément. Toutefois il réagit avec patience. Le monde dans lequel il évoluait autrefois lui avait appris à supporter ces "préliminaires" avec fatalisme. Forcer les choses donnait rarement de bons résultats avec ceux qui, comme son nouveau chef, aimaient se mettre en scène. Et s'écouter parler.

-Tout à fait. On m'a affecté ici dans la durée, et je suis ravi que l'affaire Falkner nous donne l'occasion de tous faire nos preuves... répondit-il d'une voix aussi policée que celle de son hôte.
-C'est justement ce dont je voulais discuter.

Les rides de l'officier se creusèrent plus profondément, tandis qu'il prenait une expression soucieuse. Cela avait dut arriver de nombreuses fois, déjà, au cours de sa longue carrière...

-Vous n'êtes pas habitué à cette ville, Wagner. À notre façon de faire... Je ne vous en blâme pas. Vous avez le temps d'apprendre. Mais en réalité, notre affaire est plus complexe qu'il n'y parait.

Concentré au maximum, Varig attendit la suite. Qui ne tarda pas à venir...

-La politique dans cette ville est un mal nécessaire. Les hommes comme Falkner ont beaucoup de pouvoir, et ces dernières années lui et son parti ont beaucoup fait pour que la milice garde des fonds et une liberté d'agir confortable. Malgré l'opposition des pro-Evolves et d'une partie croissante de la population. L'époque de la Red Week et des carnages est révolue, et je m'en félicite, mais avec la paix civile, beaucoup de gens en viennent à penser que nous sommes un problème plutôt qu'une solution. Or notre enquête risque de changer la donne. Vous voyez où je veux en venir?

L'agent réfléchit à la question, prenant le temps d'organiser ses idées. Contrairement à ce que pensait Hobbes, les cours dispensés par Sofia comprenaient un volet sur la politique de Madison, notamment sur les relations entre le conseil et la milice. C'était l'occasion d'impressionner son supérieur... Il était donc bien au point sur le sujet.

-Nous enquêtons sur un politicien, et ses amis risquent de ne pas apprécier que nous ayons mis le nez dans leurs affaires, surtout s'il disparait sans que nous puissions prouver quoi que ce soit quand à l'usage des fonds. Vous pensez qu'Atwood travaille pour eux? ajouta-t-il, prit d'une subite inspiration.

Hobbes sourit largement, avant de lever le pouce.

-Je pense que quelqu'un de haut placé nous suit de très très près, et qu'au moindre faux pas, les têtes tomberont. Vous comprenez bien plus vite que je ne le pensais, Wagner... Mais je ne tiens pas à attendre que ça arrive. Ce n'est de l’intérêt de personne dans cette équipe, et ce n'est pas l’intérêt de cette ville que la milice soit montrée du doigt et perde ses soutiens. C'est là que vous intervenez. J'ai un plan de secours, officieusement approuvé par mes supérieurs, au plus haut niveau de la milice, au cas où ça tourne au désastre. Et il repose sur vous.


-Très bien, concéda finalement Sofia. Ça ne me plait pas, mais Hobbes a raison. L'échec n'est pas une option.

Varig grimaça, mais ne répondit rien.
Juste après l'entretien qu'il avait eu avec le capitaine, il était remonté à l'air libre, avant de s'isoler sur l'un des toits de la caserne. La vue y était à la fois magnifique et impressionnante, mais l'agent n'avait pas vraiment eu le loisir d'en profiter. En passant par l'opérateur qui surveillait sa puce, il avait rapidement pris contact avec Sofia, fait son rapport sur les événements de la matinée, avant de lui présenter le "plan B" de l'officier. D'abord réticente, elle s'était finalement rangée aux arguments de son agent.

-Et en ce qui concerne ton infiltration, comment compte tu procéder? poursuivit-elle.
-Gagner la confiance de Kelly Stillman ne devrait pas être trop difficile. Pour Neil Wright, les occasions seront nombreuses aussi. Le service que vous allez rendre à Hobbes devrait me gagner ses faveurs. Je m'inquiète plus des frères Smith, et de Zane Atwood.

Ce n'était pas la première infiltration qu'il menait, et il maîtrisait bien les techniques sournoises de cet art. Le fait de se trouver dans une équipe toute nouvelle l'aidait, mais le solide binôme formé par les deux frères pouvait lui résister longtemps. Quand à Hobbes, malgré ses airs affables, il semblait particulièrement intelligent et expérimenté, une combinaison dangereuse.
Il y eu un silence de réflexion.

-Jusqu'ici, j'ignorais qui seraient tes collègues, et j'espérais avoir quelques jours de plus pour le découvrir. Mais en me concentrant sur ces trois là, je dois pouvoir t'obtenir les dossiers.
-Bien. Recontactez moi quand ce sera fait. Terminé.

Il attendit quelques secondes supplémentaires pour être certain que la conversation était finie, avant de ranger son omniphone. L'objet était strictement inutile pour communiquer avec sa patronne, mais s'il était observé ou filmé, il aurait donné le change.

Pensif, il vint s'accouder à la rambarde.
C'était une belle journée d'été. Le soleil brillait au dessus de la ville, dont la mosaïque urbaine s'étalait jusqu'à l'horizon fermé du mur.

Les réflexions de l'agent auraient dut se concentrer sur l'enquête et son infiltration, pourtant il se surprit à apprécier simplement le panorama. À s'approprier un instant de paix, avant la tempête qui viendrait inévitablement. Son ciel ne restait jamais bleu bien longtemps...

Il resta un long moment ainsi, seul sur le toit désert, alors que ses pensées dérivaient, loin, très loin de Madison.
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Varig Cross

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27.12.15 21:18
-Vous admirez la vue Wagner?

La voix de David Smith tira  Varig de ses souvenirs, le ramenant à Madison aussi brutalement que si on l'avait réveillé en sursaut.
Il cligna un peu de yeux, un instant désorienté par les fragments de souvenirs qui s'accrochaient encore à son esprit. Ce genre de réminiscences lui arrivaient déjà autrefois, mais elles s'étaient accentuées ces derniers mois. Au point de dangereusement le distraire...
Avec un temps de retard, il se tourna vers l'Eraser qui s'approchait, une bouteille d'eau à la main.

-En quelque sorte, répondit-il d'un ton neutre. Comment saviez vous que j'étais là Smith?

David vint s'accouder à la rambarde de métal, à un mètre de son interlocuteur, et se mit lui aussi à observer le panorama.

-C'est mon boulot de trouver les gens, vous vous souvenez? D'ailleurs en parlant de ça vous ne devriez pas être en train de potasser le dossier Falkner, mister FBI?

La voix était plus amusée qu'accusatrice. Varig ne répondit rien et coula un regard pensif vers David. Celui-ci évitait tout contact visuel, rendant difficile toute analyse de son comportement. Était-ce une provocation? Un simple trait d'ironie tel qu'il devait en décocher régulièrement? Un reproche? Ou bien... Un test?
Bien sûr il aurait put parler de l'ordre du capitaine Hobbe, mais ça aurait été chercher à se justiffier. L'agent décida donc de purement et simplement ignorer la question.

-Rice et Cormier ont lâché quelque chose?
-Harry n'ouvre sa gueule que pour réclamer un avocat et prétendre qu'il est innocent... Le truc habituel quoi. Le gamin, lui, a lâché un truc intéressant.

La plupart des "grandes gueules" aimaient particulièrement être le centre de l'attention. Aussi Varig n'hésita-t-il pas à encourager son nouveau collègue.

-Vraiment? Intéressant... Qu'est ce qu'il a dit? demanda-t-il, sans en faire trop.

L'Eraser se tourna vers son nouveau collègue, un grand sourire aux lèvres.

-Rien du tout.

Manifestement très content de lui, il attendit la réaction de Varig. Mais ce dernier réfléchit quelques secondes avant de faire la déduction qui s'imposait:

-Si ce n'est pas quelque chose qu'il a dit... C'est une chose qu'il n'a pas dite?
-Ouais tout juste, lâcha David sans cesser de sourire. Il a pas dis un mot. Même pas pour se plaindre ou réclamer d'aller aux chiottes. Rien que dalle. On a essayé d'être sympas, d'être méchants, on l'a cajolé, menacé... Une vraie tombe. Espérons que Stillman obtienne de meilleurs résultats en examinant ses affaires. D'après ce qu'on sait, c'est lui qui récupérait les versements sur sa tablette.

L'agent hocha distraitement la tête.
Si le gamin n'avait pas nié, pas dis un mot, pas même protesté, c'était que non seulement il savait pourquoi on l'avait arrêté, mais que quelqu'un lui avait préalablement donné des instructions précises sur la façon de se comporter face aux enquêteurs de la milice. Il doutait qu'une personne aussi méticuleuse prenne le risque de laisser un moyen de remonter jusqu'à elle via du matériel. Enfin, ça ne coûtait rien d'essayer. Peut-être auraient ils de la chance...
Rice opposait un déni plausible: les apparences étaient contre lui, mais il n'y avait pas de preuves formelles, contrairement à celles qui incriminaient Cormier. D'où la différence de tactique.
À côté de lui, David s'étira.

-Déjà midi, grogna-t-il. Je redescend manger un morceau et prendre de quoi ravitailler Aaron, avant d'aller l'aider à secouer un peu Rice. Sans élément nouveau, on va pas pouvoir le garder beaucoup plus de 24 heures... Vous venez avec moi, ou vous restez ici à vous tourner les pouces cow-boy?

Varig hésita. Il avait du mal à cerner David. Son côté grande gueule et son ironie masquaient ce qu'il pensait vraiment, mais sa déduction quand au mutisme de Scott Cormier était vraiment bien vue. Manifestement il n'avait pas volé sa place dans l'équipe Delta, et son côté spontané et inoffensif n'était probablement qu'une façade.

-Quel américain digne de ce nom refuserait un repas aux frais de son employeur? lâcha-t-il avec dérision.

La plaisanterie fit rire son nouveau collègue, qui lui lança une bonne claque dans le dos.

-On va peut-être s'entendre en fait. Mais t'emballe pas, j'ai pas encore décidé. Quand au repas... Tu verras bien.

Les deux Eraser redescendirent ensembles au niveau moins sept, et Varig suivit son guide à travers les couloirs jusqu'à une petite salle de repos, où une douzaine d'agents discutaient par petit groupes. Il remarqua que la plupart portaient de gros gobelets fumants.
La pièce semblait confortable et accueillante, mais David ignora les fauteuils pour tracer droit vers une grosse machine à l'air menaçant.

-Comprimés nutritifs solubles, expliqua-t-il à Varig en s'emparant d'un gobelet. Je ne mange que ça quand je suis sur une affaire. Sans cette machine, une bonne partie de la brigade serait morte de faim y a longtemps.

L'agent haussa les sourcils, et hésita quelques secondes avant d'imiter son collègue. L'idée que tout un repas puisse tenir dans quelques cachets lui semblait un peu suspecte, mais il ne perdait pas grand chose à faire l'essai.
La machine cracha deux pastilles bleutées au fond du récipient en carton avant de déverser un demi litre d'eau fumante sur eux. Le résultat n'était pas très engageant, une sorte de mélasse brune, dégageant une puissante odeur chimique. Alors que Varig examinait la mixture avec suspicion, David avait attaqué la sienne, apparemment sans hésiter. Question d'habitude?

-C'est pas aussi mauvais que ça en a l'air, l'encouragea-t-il entre deux gorgée.

Son collègue tergiversa encore quelques secondes. Au cours de sa carrière il avait eu à avaler des choses répugnantes, depuis les insectes de jungle jusqu'à la cuisine douteuse d'un mafieux croate dont il devait infiltrer le gang. Finalement, il leva son verre et en avala une longue gorgée avant de grimacer. Il toussa, écœuré.

-... En fait c'est pire que ça en a l'air. Enfin, surtout quand on ne met pas de sachet aromatisé dedans, c'est imbuvable compléta David, hilare, avant de s'écarter de la table à laquelle il était adossé, masquant la boite remplie des composés censé donner un goût acceptable à la mixture chimique.

Varig alla se servir, mais alors qu'il tournait le dos à son collègue, ce dernier lui lança:

-C'est drôle que vous vous soyez fait prendre. C'est comme si c'était la première fois que vous voyez un de ces trucs!

Le ton était amusé, mais la question était franchement gênante.
Sans paniquer, l'agent continua à se servir tranquillement.

-J'ai eu mon compte de nourriture lyophilisée quand j'étais dans l'armée, avant le Bureau. D'habitude je préfère commander des plats solides, lâcha-t-il avant de se retourner.

Il observa une seconde David en souriant calmement. Ce dernier était parvenu à subtiliser un sachet et à le mettre dans son gobelet pendant que Varig se servait à la machine. Il avait aussi prit soin de faire écran pour qu'il ne remarque pas les additifs. La blague avait beau être enfantine, il avait réussi à tromper la vigilance d'un agent, qui ne l'avait quitté des yeux qu'une ou deux secondes. Cela ressemblait furieusement à un test... L'Eraser ne l'avait peut être pas trouvé sur le toit par hasard en fin de compte.

-Je vais rejoindre Wright, annonça-t-il en remplissant un second gobelet. On se voit plus tard?

David exécuta une parodie de salut militaire avec un doigt avant de prendre sa place à la machine.

-Ça marche. Aaron doit se demander ce que je fais, et je risque d'en ramasser une si je n'apporte pas son déjeuner assez vite...

Varig lui fit un signe de tête amical avant de s'éloigner. Pourtant son sourire artificiel disparu aussitôt qu'il se trouva seul dans le couloir.
L'échange qu'il venait d'avoir l'inquiétait au plus haut point. Il aurait au moins S'il n'y prenait pas garde, l'Eraser pourrait bien être celui qui le démasquerait.


Quelques minutes plus tard, Varig franchit la porte du bureau qu'il partageait avec Neil Wright. Ce dernier était toujours plongé dans les dossiers, et leva la tête à son entrée.

-Vous en avez mis du temps! remarqua-t-il d'un ton neutre.

Son coéquipier posa un gobelet fumant devant lui avec un franc sourire.

-Je vous ai pris à manger pour me faire pardonner, lâcha-t-il avant de sortir trois sachets aromatisés de sa poche. Poulet thaï, spaghettis bolognaise ou steak en sauce. Bon appétit.

Il alla s'asseoir à son propre bureau et posa son manteau sur le dossier de son fauteuil, avant d'entamer son gobelet, tandis que Wright préparait le sien.

-C'est comme si vous aviez toujours bossé ici, constata son coéquipier avec enthousiasme. La brigade entière carbure à ça...
-David m'a montré la machine. Alors, qu'est ce que vous avez trouvé de neuf?

Wright haussa les épaules.

-Beaucoup d'informations et pas peu d'indices. J'ai quand même découvert quelque chose; presque toutes les semaines, Falkner participe à des négociations avec le parti pro-Evolve. C'était dans le rapport de surveillance. Mais je n'ai pas trouvé de note de frais correspondante dans ses comptes, alors j'ai creusé. La réunion se passe dans le grand hôtel du centre ville, et c'est son assistant qui se charge de réserver la suite où se déroulent les débats. Mais ce dernier loue systématiquement une deuxième suite. Avec champagne.

Varig haussa les sourcils et réfléchit tout en avalant une généreuse portion de son gobelet.

-Vous pensez qu'il se servait de ces réunions pour retrouver quelqu'un, et de son assistant pour se couvrir? finit-il par lâcher. Ça se tient. Votre hypothèse d'un chantage trouve son mobile s'il avait bien une maîtresse. Vous pensez qu'on devrait passer à l’hôtel enquêter? Peut-être qu'un des employés se rappellera de quelque chose...
-J'en ai déjà parlé à Hobbes. Il a envoyé des gars la brigade de la sécurité publique s'en charger. De notre côté, Atwood nous a décroché un rendez-vous avec la femme de Falkner. J'espère qu'on aura du nouveau avant de la voir, sinon on va devoir y aller au bluff. Je vous attendait pour y aller.

L'agent acquiesça, pensif. Wright était décidément un très bon flic... Mais la confrontation avec la femme de Falkner serait sans doute difficile. Ancienne avocate chargée de défendre les Erasers, elle était parfaitement rompue aux interrogatoires et disposaient de nombreux soutiens politiques ou dans la milice. A la moindre erreur, toute leur équipe pourrait le payer cher.
Il termina son gobelet d'une traite puis se leva et récupéra son manteau.

-Alors en route.

Les deux Erasers sortirent de leur bureau en même temps qu'un de leurs voisins, Aaron Smith, rentrait dans le sien. Ce dernier les salua de la tête.

-On part interroger la femme de Falkner, lui lança Wright. Quelque chose de nouveau de votre côté?
-Rice a son avocat. On en tirera rien. Je vais me chercher quelque chose à manger et étudier le dossier, puis passer quelques coups de fil pour me renseigner.
-Ok, à plus tard.

Tandis que le duo s'éloignait vers le sas, Varig sentit un picotement sur sa nuque.
Aaron n'interrogeait plus Rice. Peut être que ce n'était qu'une coïncidence... Mais David avait prétendu aller lui porter à manger. Pourtant son frère ne semblait pas au courant.
Alors où était allé l'Eraser?


La brigade spéciale disposait d'un budget conséquent, et à ce titre, elle avait put aménager ses propres laboratoires. Peu spacieux mais suréquipés, il contenaient du matériel à la pointe de la recherche technologie criminelle et technologique.
Kelly Stillman avait hérité d'un de ces laboratoires, et avait passé plus d'une heure à aller d'un appareil à l'autre comme une gamine découvrant ses cadeaux de Noël. Plus que jamais, elle se félicitais d'avoir accepté ce poste...
Elle s'était ensuite mise au travail et plongée dans l'analyse des indices qu'on lui avait livré tout en lisant les grandes lignes du dossier Falkner. La tablette utilisée par Scott Cormier pour passer les fonds résistait étonnamment bien. L'ingénieure avait prit soin d'en faire des copies virtuelles avant d'essayer de la forcer, et en avait déjà perdu sept en autant de tentatives, sans même ébrécher les barrières numériques de l'appareil.

Plongée dans son travail, elle n'entendit pas qu'on se glissait dans son labo. Le nouveau venu alla se placer juste derrière elle.

-Euh miss? lâcha-t-il soudain.

Surprise, la scientifique bondit de son tabouret avec un petit cri et failli s'étaler. David la rattrapa in extremis avec un grand sourire.

-Je... Vous... Pourquoi vous n'avez pas frappé!? bafouilla-t-elle en reculant, avant de froncer les sourcils, l'air courroucé.

L'Eraser continua à sourire.

-Mais j'ai frappé ma chère. Vous étiez si absorbé que vous n'avez pas dut entendre. Je vous ai dit que j'adorais les filles en colère?

Avant que Kelly ne réplique, l'ordinateur émit soudain un bip et l'écran fut balayé par une vague rouge. Sa nouvelle propriétaire bondit sur le clavier, avant de se retourner vers son visiteur, franchement hors d'elle.

-Oh non! Vous voyez ce que vous avez fait?! Cette saleté a effacé le code d'intrusion!
-Ça n'a pas l'air d'une bonne nouvelle, admit David, l'air ennuyé. Désolé.

La scientifique soupira.

-Ce n'est que la huitième fois depuis ce matin que je recommence ce piratage. Qu'est ce que vous voulez Smith?

L'Eraser déposa un datapad sur le plan de travail, l'air plus sérieux.

-C'est une référence de dossier, et un code administrateur. J'aimerais que vous y jetiez un œil, pour me dire qui y a eu accès, qui l'a modifié, quand, et ce qui a été édité dans les informations.

Kelly jeta un regard au bloc note numérique.

-Ok, ça doit pouvoir se faire j'y jetterais un œil quand j'aurais craqué ce truc. Dans un ou deux ans.

David sourit à nouveau largement.

-Si je vous paie en nature, vous pouvez faire ça avant de reprendre le piratage? proposa-t-il.Avec de la nourriture, s'empressa-t-il d'ajouter devant l'air consterné de la jeune femme, avant de poser le gobelet nutritif à côté du datapad.

Cette dernière grimaça, puis soupira. N'ayant pas vu le temps passer, elle mourrait de faim, et le gobelet sentait bon les épices... Elle s'en empara, en même temps que de la tablette holographique, en évitant ostensiblement de regarder son visiteur.

-Merci, lui lança David avec un clin d’œil. Je t'adore.

L'Eraser s'esquiva avant qu'elle ne réplique quelque chose. Curieuse malgré elle, Kelly réduisit le programme de piratage et tapa les références données par David. Le dossier s'afficha aussitôt à l'écran.
Il s'agissait d'une mini base donnée d'enquête, sur un seul et même individu. Son regard passa rapidement sur de multiples photos et un portait robot numérique du suspect, qu'elle n'avait jamais rencontré. En revanche elle s'arrêta sur l'intitulé, en haut de la page.

Fichier confidentiel
Ancien n°042: Varig Cross
Individu recherché et extrêmement dangereux
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05.01.16 11:42
La maison d'Andrew Falkner présentait tous les attributs de la réussite. Située dans l'agréable quartier de résidentiel de la première périphérie, nichée au cœur d'un grand jardin bien entretenu, rien ne la différenciait vraiment des élégants pavillons du voisinage. Seuls les plus riches pouvaient se payer ce genre de résidences...
Alors que Varig et son coéquipier sonnaient au portail de la propriété, l'agent remarqua qu'aucun nom n'était inscrit sur la plaque gravée de l'entrée. Sans doute une mesure de protection. Après tout, le propriétaire des lieux avait beaucoup d'ennemis... Mais aussi des amis puissants. Malgré l'incident de la nuit passée, une nouvelle voiture banalisée de la milice, garnie de deux Erasers, était garée de l'autre côté de la rue. Le duo d'enquêteurs pouvait presque sentir les regards attentifs de leurs collègues braqués sur eux.

Après quelques instants d'attente, le portail s'ouvrit pour laisser entrer les deux visiteurs. Ils durent remonter une petite allée avant d'accéder à la maison proprement dite, une vaste demeure à un étage qui aurait parfaitement convenu à une carte postale ou un magazine d'architecture.
La maîtresse des lieux les attendait sur le pas de la porte, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle était loin de détonner dans le paysage. Un peu plus jeune que son mari, Éliza Falkner entamait sereinement la quarantaine. C'était une très belle femme, avec une longue chevelure rousse et une silhouette élancée. Ses yeux verts brillaient d'intelligence, et son sourire devait pouvoir faire fondre à peu près n'importe quel juge à l'époque où elle travaillait encore comme avocate. Mais pour l'heure elle affichait une mine grave, de circonstance puisque son mari avait disparu la nuit précédente.

Varig laissa son équipier s'avancer le premier puisqu'il était le plus expérimenté.

-Bonjour. Je suis l'Agent Wright, de la brigade spéciale, se présenta-t-il en tendant la main. Et voici mon équipier, l'agent Wagner.
-Éliza Falkner. Je vous attendait messieurs. Entrez, invita-t-elle après avoir salué ses visiteurs.

Le hall n'avait rien à envier à l'extérieur, mais le trio ne s'y attarda pas, et rejoignit rapidement un salon lumineux et meublé avec goût. Un homme dans la trentaine s'y trouvait déjà, vêtu d'un costume bleu marine. Ses cheveux blonds étaient coupés courts et dressés en petites pointes, ce qui le rajeunissait, mais malgré cette discrète excentricité, il semblait d'un sérieux à toute épreuve.

-Agent Wright, agent Wagner, voici Trent Dorane, l'assistant personnel de mon mari.

L'intéressé salua froidement les nouveaux venus d'un signe de tête. Il semblait sur les nerfs.

-Messieurs. J'espère que vous nous aiderez à éclaircir cette épouvantable affaire au plus vite... Seigneur je n'arrive toujours pas à y croire. C'est forcément un malentendu.

Tirant un petit mouchoir en tissu de sa veste, bordé à ses initiales -un accessoire atrocement kitch que Varig croyait disparu corps et bien- il s'épongea le front d'une sueur imaginaire, et resta raidement planté à sa place.
L'Ancien ressentit un vif agacement devant cet accueil, mais garda un sourire de façade qu'il maîtrisait parfaitement. Le capitaine avait donné pour consigne de mener l'interrogatoire avec fermeté si nécessaire, mais courtoisie.

-De quel malentendu parlez vous au juste, monsieur Dorane? demanda l'agent d'une voix douce.
-Mais... lâcha l'assistant, désarçonné par la question. Je parle de cette histoire de détournement. Oh et bien sûr de la disparition d'Andrew. C'est une vraie catastrophe...

Wright lança un rapide coup d’œil vers son coéquipier. Apparemment Zane Atwood n'avait pas tardé à mettre au courant l'entourage de Falkner... Peut-être même que l'intéressé avait eu connaissance de son imminente mise en cause, et que c'était ce qui l'avait poussé à s'esquiver. Manifestement, Trent semblait plus inquiet du scandale que de la disparition de son patron.
Malgré ce revers, les deux Erasers gardèrent leur sang froid.

-Nous aimerions vous interroger tous les deux, séparément si cela ne vous dérange pas, lança Wright d'un ton courtois, mais qui ne laissait pas vraiment place à la contradiction.

Dorane ne bougea pas d'un pouce et croisa les bras, comme pour défier les enquêteurs de lui ordonner de sortir, mais Éliza Falkner posa une main apaisante sur son épaule.

-Trent, et si tu téléphonais à Miles pendant que je parle aux agents? Je crois qu'il attendait des nouvelles.

L'assistant sembla hésiter une seconde, puis haussa finalement les épaules.

-Comme tu veux Lizzie. Après tout c'est toi l'avocate... Je serais dans le bureau si vous avez besoin de moi messieurs.

Sans rien ajouter, il quitta la pièce. Avec l'air de s'excuser, la maitresse des lieux alla s'assoir dans un des confortables fauteuils, invitant ses visiteurs à faire de même. Wright s'assit en face d'elle, mais Varig préféra rester debout, étudiant les objets qui meublaient la pièce.

-Monsieur Dorane est toujours aussi avenant? Je pensais les politiciens plus soucieux de plaire, lança le plus ancien des Erasers en guise d'ouverture, d'un ton amusé.

Son coéquipier apprécia cette entrée en matière, plus offensive que celle qu'il n'aurait lui même osé. Pas dupe de la manœuvre, l'ancienne avocate répondit de bonne grace.

-Excusez le. Trent est un proche, et cette affaire le touche vraiment beaucoup. C'est sa façon de le montrer. Vous savez, c'est lui qui a convaincu mon mari de se lancer en politique, et qui suit toute sa carrière depuis toutes ces années. Il admire beaucoup Andrew. C'est d'autant plus dur pour lui de l'entendre accuser.

Wright hocha la tête, comme s'il en avait fini avec ce sujet. Mais Varig aurait parié qu'il avait soigneusement noté chaque détail, et y réfléchissait déjà. L'agent nota surtout que contrairement à l'assistant, elle ne cherchait pas nier le détournement, du moins pour le moment.

-Parlez nous de votre mari madame Falkner. A-t-il eu un comportement inhabituel hier soir? Reçu un coup de fil?
-Comme je l'ai déjà dit à vos collègues, il m'a semblé un peu tendu, mais j'ai mis ça sur le compte de sa journée. Je n'ai rien remarqué d'anormal.

Varig décida de griller la politesse à son partenaire.

-Et de façon plus générale? Comment était monsieur Falkner ces derniers mois? demanda-t-il d'une voix neutre en détournant son attention des photos de familles qui défilaient sur un petit écran holographique posé sur une commode.
-Peut-être plus préoccupé admit-elle. Mais Andrew n'a pas besoin d'argent... Vous avez vu la maison, vous devez connaitre notre situation financière. Pourquoi aurait-il volé ces sommes? Ça ne lui ressemble tellement pas... Et je vous l'ait dit, même s'il semblait préoccupé, il était fidèle à ses habitudes.

Malgré toute son expérience d'avocate, la femme avait eu une demi seconde d'hésitation sur cette dernière phrase. Aussitôt les deux Erasers surent qu'elle leur cachait quelque chose. Elle niait, mais sans conviction, sans la véhémence qu'avait montré Trent. Le silence enfla inconfortablement.

-Madame Falkner, lâcha Wright avec une douceur que son physique ne laissait par présager. Pour retrouver votre mari, nous avons besoin de tout savoir, même les choses insignifiantes, ou que vous préféreriez nous cacher. Qu'est ce que vous ne nous dites pas?

Éliza Falkner baissa la tête et sembla débattre intérieurement pendant un court moment.

-Nous avions des problèmes, finit-elle par lâcher, péniblement.
-De quelle nature? demanda impitoyablement Varig en s'adossant à la commode.

Nouvelle hésitation, plus marquée. Sans doute pesait elle le pour et le contre une dernière fois...

-Sexuels, lâcha-t-elle finalement en relevant la tête. Mon mari ne me touchait plus depuis des mois. Nous faisions chambre à part, et nous nous disputions régulièrement à ce sujet. En fait je suis certaine qu'il voyait quelqu'un d'autre, même si Trent prétend le contraire pour le couvrir. Je gardais les apparences pour les enfants, mais je pense sérieusement à divorcer... Si Andrew revient.


L'assistant ne fut pas difficile à localiser: il se trouvait exactement où il l'avait dit. Assis dans un grand fauteuil de bureau, sans doute celui d'Andrew Falkner, Trent Dorane fit signe d'attendre aux deux Erasers alors qu'ils entraient dans la pièce.

-Je comprend parfaitement Miles. Ce serait fait. Embrassez votre femme pour moi et merci encore, lança-t-il à son interlocuteur invisible.

Il raccrocha d'un geste avant de toiser les deux nouveaux venus avec agacement.

-Vous ne devriez pas chercher Andrew au lieu de perdre votre temps à nous interroger? Il est peut être en danger à l'heure qu'il est, lança-t-il d'un ton peu amène.

Loin d'être impressionné, Varig décida de porter le premier coup.

-Chercher votre patron, c'est exactement ce qu'on fait en ce moment même monsieur Dorane. Et de ce qu'on en sait, c'est lui qui a choisit de s'en aller, on peut donc présumer qu'il va bien...

... Mieux que quand on l'arrêtera pour détournement de fonds se retint-il d'ajouter. Son interlocuteur leva les yeux au plafond, mais ne fit pas plus de commentaires.

-Finissons en alors. Que voulez vous savoir?

Wright alla se placer face à la fenêtre, juste à côté de l'assistant.

-Pour commencer, qui vous a parlé en premier des détournements, et quand?
-J'ai reçu cette information ce matin, vers midi. Après que Andrew ait disparu, j'ai appelé quelques amis. C'est l'un d'eux qui m'a prévenu. Hier soir encore j'ignorais tout de cette affaire.
-Admettons. Vous êtes le bras droit personnel de Falkner. Vous n'avez eu aucun soupçon?

Dorane fixa l'Eraser dans les yeux.

-Je n'aime pas vos insinuations agent Wagner. J'étais plus que son brat droit, j'étais son ami. C'était un homme droit et honnête. Jamais je ne l'aurais soupçonné d'une chose pareille, et d'ailleurs je n'arrive pas à croire qu'il ait fait ce dont on l'accuse. Je suis sûr qu'on l'a piégé. D'où mon inquiétude face a sa disparition si... À propos. Aucun de vous ne semble penser qu'il est innocent, et pendant qu'il est je ne sais où, qui le défendra?
-Vous le faites à merveille, intervint Varig en examinant tranquillement les ouvrages de la bibliothèque. Et au fait je suis l'agent Wagner. Il y autre chose qui m'ennuie dans ce que vous venez de dire. Si vous nous parliez de la suite d'hôtel que vous louez discrètement pour votre patron, en marge des réunions officielles?

Le politicien haussa les épaules.

-Il n'y a rien à en dire. Certaines négociations se poursuivaient en groupes plus restreints. Parfois on travaille mieux quand le cadre est officieux que pendant les véritables réunions.

Varig lui jeta un regard faussement surpris.

-Avec du champagne?

Dorane eu un sourire amusé, dévoilant des dents blanches parfaitement alignées.

-C'est un crime de commander de l'alcool, agent Wagner?
-Non, bien sûr que non, lança Varig d'une voix amicale en souriant lui aussi largement. L'adultère non plus d'ailleurs.
-Je n'ai plus envie de répondre à vos questions, lâcha soudain l'assistant en se levant. Je crois qu'il est inutile que je vous montre la sortie...

Wright abattit soudain sa main sur le bureau, faisant sursauter l'assistant.

-Nous n'en avons pas fini. Quoi que vous vous imaginiez, vous ne décidez pas quand cette conversation prend fin. Asseyez vous.

L'assistant rougit de colère et ouvrit la bouche pour répliquer, mais l'Eraser prit les devants.

-On peut en discuter calmement, ici et maintenant. Ou on peut débarquer à l'hôtel, poser nos questions, et on aura nos réponses. Mais tout le monde là bas saura ce qu'on cherche et ce n'est pas ce que vous voulez, pas vrai Trent? Assis.

L'indignation priva quelques instant l'homme de parole, mais il s'exécuta.

-La suite d'hôtel. Soyez convaincant.
-Écoutez, je sais de quoi ça a l'air, lâcha-t-il avec lassitude. Moi aussi j'ai eu des soupçons. Mais j'ai dut me rendre à l'évidence; le lit était toujours fait, le champagne presque intact, et à chaque fois que j'ai dut joindre Andrew pendant qu'il était dans la suite, il décrochait immédiatement. Il ne faisait que discuter avec elle, de quoi je ne sais pas exactement. Mais il n'a pas... Je vous l'ai dit. C'était la droiture faite homme. Jamais il n'aurait volé cet argent, jamais il n'aurait fuit la justice ou trompé sa femme. On l'a piégé, forcé à faire ça, c'est la seule explication.

Varig abandonna la contemplation des ouvrage pour se tourner vers Dorane. Il était entraîné à mentir, mais sa voix semblait dire la vérité; peut-être essayait-il aussi de se convaincre lui même?

-Et ce "elle", avec qui votre patron ne trompait pas sa femme, a un nom?
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