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burn the bitch down, I never will cross that bridge again
Jesse McMillan

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Jesse McMillan
burn the bitch down, I never will cross that bridge again



17.10.15 17:35
Cox ne venait plus. Il aurait dû en être soulagé depuis leur dernière rencontre, mais en vérité… C’était étrange – il se sentait presque… Abandonné. Alors il errait dans sa chambre, comme une âme en peine, douloureusement conscient du bourdonnement du drone voletant autour de lui. Il savait pertinemment ce que la machine fabriquait : par intervalle de deux heures environ, l’appareil analysait les données du check-up complet de son organisme au moyen de la puce implantée dans son corps. Il le savait, ou plutôt le sentait, parce qu’un frisson désagréable le prenait à ce moment-là, glissant le long de sa hanche pour serpenter le long de sa colonne, lançant des éclairs douloureux à travers son corps. Pas assez pour le faire tomber à genoux, mais bien assez pour le faire vaciller et le garder sous le contrôle prudent des infirmières. L’une d’elle avait même pris la peine de lui expliquer le processus – avant de s’enfuir d’un air courroucé quand il avait lâché une flopée d’injures.

De sa fenêtre, il voyait une espèce de cour où des baladaient des patients mais également des infirmiers. Parfois, il pouvait voir ce qu’il devinait être un médecin, entouré d’une nuée de ce qui devait être des étudiants, traverser en diagonale la cour pour rejoindre un bâtiment quelconque. Depuis combien de temps était-il ici ? Il avait tenté de garder le cours des jours, mais c’était difficile, tellement difficile. Et fatiguant, aussi – ses journées étaient totalement vides, surtout depuis que l’on avait drastiquement réduit ses heures de sorties. Depuis l’incident avec l’autre demeuré de pyromane, il avait été consigné dans sa chambre. Son indignation, une fois qu’il l’avait découvert, n’avait eu absolument aucun impact sur la décision.

C’était comme si tout lui échappait, comme si une part de ce qu’il avait été et de ce qu’il aurait pu être s’était enfuie pour ne jamais revenir. Il lui semblait parfois voir un miroitement du passé, un morceau de temps se glisser dans un coin de son regard quand des hanches graciles passaient à la portée de ses yeux, dans de longs cheveux sombres ou de courts épis clairs. L’envie d’interpeller, d’attraper – de tirer, de griffer, de mordre. Une violence qui naissait au bord de son cœur pour s’éteindre tout aussi brutalement, le laissant dans un état hagard et désemparé. Ses poings qui se resserraient dans le vide, ses yeux qui se troublaient et un morceau de son cœur qui s’effritait. L’inaction et la lenteur de la vie ici l’enlisait lentement, le poussant à chercher une sortie, n’importe laquelle. Et il y avait quelque chose d’effrayant qui rôdait dans un coin de sa mémoire. Une peur latente de ce blanc qui existait au fond de sa tête, de cette page sans mot qui s’étalait devant ses yeux quand il tentait de se souvenir de ce qu’il avait été auparavant.

Il n’avait pas été quelqu’un de gentil, il en était certain : les pulsions violentes qui l’animaient par moment, la haine viscérale qu’il avait éprouvé dès qu’il avait été mis en contact avec l’autre blond… Ce n’était pas le genre de choses que l’on utilisait pour décrire quelqu’un de gentil au sens commun du terme. Mais il le vivait bien, comme si c’était quelque chose d’inscrit tout au fond de lui, comme s’il n’avait aucune autre certitude que d’être ce ramassis de violence et de haine. Inscrit dans son ADN, aurait-il même l’audace de dire s’il n’avait pas été parqué dans cette chambre avec des infirmières qui pensaient que son comportement était juste dû à la peur de l’inconnu. Il y avait de la peur, oui. Une peur animale, primaire, de perdre son identité et tout ce qu’il était. Mais en même temps, c’était un formidable sentiment de liberté qu’il éprouvait également – qui pouvait se vanter de pouvoir recommencer à zéro ? Mais pour pouvoir profiter de cette liberté, il devait sortir. Echapper à cet endroit où chacun de ses gestes était disséqué, où sa trop grande énergie ne trouvait aucun défouloir.

La puce était un problème dont il s’occuperait plus tard. Il y avait fort à parier que peu de monde se donnerait sérieusement la peine de rechercher quelqu’un comme lui : les infirmières l’exécraient, Cox ne venait plus le voir – il avait dû se trouver un nouveau jouet – et il n’avait même pas la possibilité de sortir plus d’une heure par jour. La seule chose qu’il lui fallait… était une occasion de mettre le nez hors de l’hôpital. Une drôle de coïncidence lui amena sa chance sur un plateau d’argent.

Il avait entendu les infirmières en parler d’un air inquiet, chuchotant rapidement au sujet d’une quelconque épidémie et de nombreux patients amenés en catastrophe à l’hôpital. Le nombre de personnes passant dans sa chambre diminua drastiquement encore, quelqu’un apportant chaque jour les repas à tout l’étage, sans plus – du moins pour lui supposait-il, n’étant pas un patient considéré comme « prioritaire », ce qui lui convenait tout à fait. L’épidémie s’était déclenchée depuis plusieurs jours quand un grondement le réveilla en plein milieu de la nuit. C’était un bruit feutré, un peu éteint, comme venant de loin – mais ça avait été suffisant pour le sortir de son sommeil. Ça et les pas précipités dans les couloirs. Curieux, il glissa la tête hors de sa chambre dans le couloir non éclairé, apercevant parfois quelques silhouettes au gré de la lumière nocturne. C’était sa chance. Et il la saisit, se glissant hors de sa chambre et longeant les murs, repassant devant la salle de repos où il avait acculé la jeune fille – Lexie, s’il se souvenait bien ? Elle n’était jamais revenue, d’ailleurs.

Il ne s’arrêta pas, sachant pertinemment ce qu’il cherchait – un escalier menant à l’arrière du bâtiment. Il savait qu’il était là – une voie d’évacuation en cas d’incendie, sa porte de sortie. Et contre toute attente, il finit par y arriver, longeant les murs dans le silence le plus total, certain que personne ne ferait attention à lui – ils étaient tous paniqués à cause de la panne des lumières, comme si se retrouver dans le noir le plus complet était quelque chose d’inhabituel, comme s’ils avaient encore besoin de veilleuses pour effrayer les monstres sous les lits. La panique ambiante ne le gagnait pas – parce qu’il n’était pas habitué à ce siècle où il y a toujours une lumière à portée de main, où le monde est au bout des doigts par le biais de l’électronique. Il n’était pas habitué à ce monde – et quelque chose lui disait qu’il n’était pas non plus habitué au précédent.

Il souffla et poussa la porte. L’air frais caressa son visage, il s’autorisa un sourire.
Il était dehors. Dehors. Enfin…
La partie la plus facile était finie : il allait devoir trouver comment se faire retirer sa puce, se trouver une identité, quelque chose pour survivre… Mais il était libre.
C’était le plus important.
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