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| | 30.10.12 0:11 La matinée venait de se lever. Un petit vent caressait les arbres remuant les feuilles du mois d’octobre, arrachant ces dernières de leur socle. Les branches tentaient tant bien que mal de les conserver pour parer au froid hivernal qui s’annonçait déjà. Les lueurs du jour pointaient à l’horizon depuis un bon moment maintenant mais les trottoirs gris étaient quasiment dénués du moindre passant les parcourant habituellement de long en large. Seule une ou deux personnes se donnait la peine de marcher lentement sur le goudron de manière à accorder à l’horizon de vagues formes sinueuse se déplaçant lentement à la manière d’ombres glissant sur la chaussé. Quelques véhicules circulaient sur les routes mais ils représentaient là la seule forme de son audible dans ce paisible début de journée. Il faut dire que la plupart des habitants étaient déjà au travail ou cloué au lit par une quelconque maladie. Rare étaient les personnes circulant par ce froid saisissant qui menaçait de mordre si l’on s’aventurait sans avoir pris la précaution d’enfiler quelque chose de chaud et confortable.
Shane faisait parti de ses ombres dessinées par le soleil. Le jeune garçon portait un jean et un T-shirt à manche longue qu’il avait doublé d’un sweet noir qui lui avait été prêté il y a peu pour lutter contre les risques de baisse de sa chaleur corporelle. Ces vêtements lui procuraient une sensation de chaleur et de douceur non négligeable pour le jeune homme. Qu’est-ce qui l’avait amené à se lever par cette matinée si froide ? Il revenait de l’école qui avait finalement concrétiser les formalités pour l’admettre en son sein, mais qui nécessitait tout de même un petit autographe du personnage en question. Shane, bien trop impatient de pouvoir enfin retrouver la société, avait décidé de s’y rendre le plus rapidement possible afin de pouvoir reprendre son éducation le lendemain. Après tant de temps, enfin il allait pouvoir reprendre le cours de sa vie qui s’était interrompu lors de sa séparation avec ses parents… Il revenait donc maintenant de l’établissement et se dirigeait chez lui, main dans les poches pour les conserver bien au chaud. Il ne pouvait pas rentrer en transports, il n’avait aucun titre avec lui, lui permettant de revenir rapidement à son domicile. Il ne souhaitait pas non plus faire du stop après un malheureux épisode qui avait eu lieu quelques temps plus tôt et qui lui avait laissé quelques séquelles. Il ne lui restait plus qu’une solution : rentrer avec un moyen de transport sur et efficace, ses jambes. L’avantage, c’est que Shane n’avait pas une profonde aversion à la pratique de la marche, bien au contraire. Il se plaisait à aller là où ses jambes le menait, jusqu’à présent, c’est ce qui lui avait permis de faire les rencontres qu’il avait fait, et aucune de ses rencontres n’avait été mauvaise : Molly, Moira, et surtout Alice… Il se demandait ce que devenait cette dernière. Il avait pris la peine de lui déposer, la veille, un sac plastique rempli de nourriture qu’il avait ramené chez elle comme ils l’avaient convenu entre eux. Il se demandait si la jeune fille avait eu l’occasion d’aller chercher le sac en question pour profiter de son contenu.
Pourtant plongé au plus profond de ses pensées, et alors qu’il longeait une baie de buissons qui semblait infinie, Shane remarqua alors une petite grille verte, usée par le temps, d’un vaste espace de verdure sur sa droite. Il se stoppa pour contempler les informations sur le panneau suspendu à celle-ci. « Horaires d’ouverture : Du lundi au vendredi 9h-17h ; Samedi, Dimanche, et jours fériés : 10h-20h » Ils étaient un Mardi. Shane jeta un coup d’œil rapide à sa montre pour vérifier l’heure, et poussa la grille grinçante, lui donnant accès au parc. À peine entré, il remarqua qu’il foulait maintenant un petit chemin de terre et de gravillon qui crépitait à chaque pas. Il pût voir sur sa droite, devant un plan d’herbe humidifié par la rosé du matin, un garage à vélo dénué de fonction à l’heure de son arrivée. Au loin, il pouvait voir un nouveau plan d’herbe, jonché de banc laissant place à un carrefour au centre duquel se situait une fontaine à eau. Il marcha un peu le long du chemin de gravier pour parvenir à cette fontaine. En appuyant sur le bouton, par curiosité de voir ce mince filet d’eau sortir du robinet pour aller se loger dans des petits trous permettant son évacuation, il fut surpris de ne rien voir sortir. Apparemment, La municipalité s’était décidée à priver les gens d’eau pour l’hiver. Peut-être était-ce là une mesure de sécurité pour éviter que les gens n’attrapent froid, ou peut-être était-ce tout simplement une question d’économie. Les temps étaient durs et tout le monde le savait. Shane décida donc de changer d’occupation. C’est alors qu’il vit au loin une petite aire pour enfant. Toujours personne à l’horizon, il pouvait donc se permettre de braver l’interdit d’âge pour faire des vas et viens sur cette balançoire qui semblait le supplier de venir l’essayer.
Sans presser le pas outre mesure, Shane se dirigea donc vers l’outil permettant de faire ce mouvement de balancier, pour s’installer bien confortablement sur le siège et toucher les froides chaines qui le soutenait. Il se souvenait de la dernière fois qu’il s’était permis de s’amuser sur ce type de jeu. Ils étaient ensembles, avec ces parents et ces sœurs. Celles-ci se battaient pour le pousser dans le dos tandis que ses parents les regardaient tendrement. Il s’agissait là d’un souvenir qui rendit le sourire à Shane qui commença à se balancer, les yeux clos, lançant ses jambes en avant et les ramenant en arrière dans ce mouvement de balancier qui permet le mouvement du siège. Il sentit la caresse du vent sur son visage mais garda les yeux clos. Il flottait littéralement dans le ciel. Dans cet état, il pouvait vider sa tête de tous soucis pour se fixer sur ce que ses pensées tendaient à lui proposer. Il voulait profiter encore un peu de cet instant de quiétude qui lui était offert…
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| Jesse McMillanburn the bitch down, I never will cross that bridge again
30.10.12 10:27 Il était sorti de la caserne en douce, fuyant les baraquements et la promiscuité forcée qu’ils induisaient. Traverser la forêt avait été une partie de plaisir ; et avec un sourire étrange, il songeait à tous ces feux de forêts que lui et ses acolytes avaient failli laisser en souvenir, de si nombreuses fois. Qu’étaient-ils devenus, ces types avec lesquels il passait la plupart de ses journées, toujours fourrés dans les coins les plus glauques de la ville, en quête de sensations fortes et de situations dangereuses ? Un rapide tour au commissariat avait mis les points sur les i : certains étaient morts, overdose ou accident, d’autres en prisons. Lui seul avait eu la chance de s’en sortir, de passer de l’autre côté de la barrière, même. C’était bien ce que ses parents désiraient, n’est-ce-pas ? Qu’il se range, qu’il se calme… Quels doux et vains espoirs.
Il déambulait à travers la ville, notant mentalement ce qui avait changé et ce qui restait tristement et fatalement identiques à ses souvenirs. Quelques rides sur des visages qui le reconnaissait parfois, quelques fissures… Il avait l’impression d’être immergé des années en arrière, quand le temps était encore aux jeux d’enfants. Aller le plus loin dans la provocation, au mépris du danger, de la honte de sa famille, des pleurs de sa mère. Son rêve avait toujours été de s’enfuir d’ici. De Madison. De cette ville qui l’aurait, à coup sûr, transformé en un de ces zombies dégoulinants de bons sentiments comme ses parents. L’école militaire avait eu du bon… Mais il l’avait détestée aussi, cette école. Les mauvais traitements, les vexations et autres punitions, les cadets plus âgés qui s’en prenaient à eux, les nouveaux arrivants. Il l’avait hais et en même temps, il s’en était servi. Pour aller plus loin que les autres, poussant le vice jusqu’à s’inscrire dans l’armée à ses dix-huit ans, conscient que c’était sa seule chance pour ne pas finir en prison.
Il soupira légèrement, sa main effleurant une plaque où le nom de la rue était marqué. Il ne devait pas être loin du parc, qui devait être vide à cette heure-ci. Avançant lentement, comme s’il prenait le temps de s’immerger dans ses souvenirs tout en avançant, ses yeux bruns furetaient à droite à gauche, notant les quelques détails qui lui sautaient aux yeux. Il ne devait pas se laisser grignoter par ça. Il devait se concentrer sur sa mission : ces espèces de monstres aux capacités anormales qui voyaient le jour sans prévenir, au sein d’êtres tout à fait humains. Certains disaient qu’ils ne voulaient pas faire de mal… A ceux-là, Jesse opposait les dégâts causés, les gens blessés, et tout ceci dans un simili d’esprit bien-pensants. Parce qu’à la vérité… Jesse les détestait, ces êtres. Ils n’étaient pas humains, pas normaux. Ils devaient être effacés, éradiqués, disséqués. Des choses pareilles étaient des abominations sans nom et tous ceux qui pensaient l’inverse devaient aussi être châtiés. Mais… Plus tard.
Le blond bailla, poussant la grille du parc d’un coup de pied, faisant trembler la porte en fer sur ses gonds rouillés par le temps et les intempéries. Rien n’avait changé ici aussi : les mêmes arbres, les mêmes poubelles, les mêmes chemins. Madison était une ville dans laquelle rien ne bougeait : l’impression fugace que son père allait surgir au coin du chemin pour le tirer jusqu’à la maison le traversa, amenant un rictus de dégoût sur ses lèvres. Il devait penser à autre chose et le garçon qui squattait impunément une balançoire pour enfant était la chose parfaite pour changer le cours de ses pensées. Il était brun, l’air pas très costaud, mais pire que tout, il avait ce sourire apaisé et doux qui fit frémir Jesse. Il détestait ce sourire et instinctivement, il détesta ce garçon qui pouvait se permettre de sourire de cet air tellement tranquille, comme si tout le poids du monde ne l’effleurait pas, comme s’il était enveloppé dans une douce et chaude quiétude qui pouvait lui permettre de s’apaiser ainsi.
La balançoire grinçait sous le poids du garçon et les légers mouvements, masquant les quelques bruits qu’aurait pu produire le blond en s’avançant. Le gravier de l’air qui crissait sous ses pas, le bruissement de ses vêtements, tous ces éléments qui auraient pu le trahir à quelqu’un de plus expérimenté… Sa colère injustifiée grandit encore. Il enroula soudainement son bras autour du cou du garçon, collant presque sa joue à la sienne tandis qu’il le regardait en biais, un sourire un peu fou au coin des lèvres, ses yeux bruns étrangement brillants.
« Quel délinquant, dis-moi… Alors, c’est comment le frisson de l’interdit ? Braver un panneau qui interdit aux gosses d’plus d’dix ans de jouer ici, ça doit être tellement excitant ! »
Il eut un léger ricanement, le coin de ses lèvres méprisemment soulevé en une ébauche de sourire facile, sa voix glissant des aigus aux graves, dissimulant mal la colère qui l’étouffait. Il ne connaissait pas ce gars, mais il le détestait déjà. Et c’était de sa faute. Il n’avait pas à sourire comme ça. - Spoiler:
Désolée, c'est plus court que toi ! XD
| | | 30.10.12 15:16 Shane se balançait tranquillement, son esprit vide de toute inquiétude et loin de se douter de la menace qui s’approchait de lui à grands pas. Dans son mouvement de demi-cercle, il se fit alors stopper net, par un bras glissé autour de son cou. Une vive douleur se propagea le long de son cou dut au frottement sur celui-ci du bras qui l’étreignait. Il se sentit rabattu vers l’avant et ouvrit les yeux d’un coup pour comprendre ce qui se passait. Il ne put retenir l’expression de surprise se dessinant sur son visage, laissant même un sursaut le saisir. Là, à quelques centimètres de son visage, se trouvait un jeune homme blond portant un rictus désagréable et un sourire étrange. Son visage semblait en colère. Qu’est-ce que Shane avait pu faire qui puisse le rendre ainsi ? Il se le demandait bien lui-même. Les yeux écarquillés, son cerveau tournait à plein régime pour tenter de comprendre ce qui avait bien pu le conduire à une telle situation, mais rien n’y faisait, il ne parvenait pas à trouver le pourquoi du comment. L’homme prit alors la parole.
« Quel délinquant, dis-moi… Alors, c’est comment le frisson de l’interdit ? Braver un panneau qui interdit aux gosses d’plus d’dix ans de jouer ici, ça doit être tellement excitant ! »
Mais de quoi parlait-il ? Où voulait-il en venir ? La peur qui commençait à saisir le jeune garçon, ainsi que le sang qui battait à ses tempes, et la monté d’adrénaline qui s’en accompagnait l’empêchait de réfléchir comme il aurait aimé le faire. Il comprit alors finalement ce que voulait dire cet inconnu. Apparemment, il lui en voulait pour être monté sur la balançoire qui était censé être réservée aux enfants. Mais était-ce là une raison suffisante de lui en vouloir ? Shane l’ignorait mais mieux valait ne pas vexer l’individu qui lui faisait face. La dernière fois qu’il avait vu quelqu’un avec une telle expression sur le visage, c’était pour lui récupérer son argent, et encore, même ces types là faisaient moins peur. De plus, il n’aurait peut-être pas autant de chance que la dernière fois à être sauvé par une parfaite inconnue…
Shane se releva machinalement en tentant de retirer le bras de son agresseur afin de prendre un peu de distance et pouvoir respirer et parler correctement. Il saisit le poignet profondément ancré sur son cou et en le reculant légèrement, laissa juste assez d’espace pour baisser la tête et passer en dessous. Il recula de deux pas et inclina la tête devant l’homme. Il avait fait quelque chose d’interdit, même si cela n’était pas un réel crime, et ne voulait pas s’attirer trop d’ennuis. Il n’aurait jamais du monter sur cette balançoire pour commencer, même si la façon de l’en dégager avait été des plus rudes.
-Je… Je suis vraiment désolé ! Je n’aurai jamais du monter dessus vous avez raison… Je ne pensais pas que ce serait si grave… Vraiment désolé.
Il releva la tête pour observer son interlocuteur, puis, sans prendre plus le temps de prêter attention aux détails qui caractérisait l’homme en question, il détourna les talons, lui tournant le dos.
-Au revoir, passez une bonne journée ! Encore désolé de vous avoir dérangé !
Il priait pour que l’homme ne remarque pas la peur qu’il peinait à cacher, et qu’il n’ait pas vu les tentions de son visage avant qu’il ne se retourne. Il commença alors à se diriger vers l’entrée du parc pour quitter les lieux et rentrer chez lui. Il ne voulait pas s’attarder plus longtemps avec cet homme. Shane ne comprenait pas pourquoi, mais son instinct le lui soufflait : cet homme était dangereux, il ne fallait surtout pas rester avec lui, surtout dans un lieu dénué de la moindre autre personne que lui et cet homme. À ce moment précis, il sentait la présence pesante du blond dans son dos, ses membres tremblaient malgré tout ce qu’il faisait pour les contrôler. Il fallait qu’il s’en éloigne à tout prix… | | Feuille de personnage Objets Possédés: Points de Vie: +10 Points de Force: +0
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31.10.12 15:23 Créer la peur chez les gens. La sentir naître, s’épanouir, planter ses racines dans leur cœur et le serrer, serrer, serrer… Jusqu’à l’étouffement. Il aimait ça. Et jamais il ne fut plus douce récompense que la vive panique qui traversa les yeux du garçon tandis que le blond lui faisait violemment son mouvement de balancement. Un éclat de terreur, un tesson d’horreur : c’était parfait. Ils ne se connaissaient pas, mais Jesse détestait déjà ce brun et ledit brun avait peur désormais : rien ne pourrait plus frôler la perfection que cet instant béni où il avait toutes les cartes en main, où il pouvait décider du sort de chacun des pions. Il vit la panique, la confusion, l’ignorance puis la peur. Un cocktail d’émotion qui lui brûlait le ventre, répandant une chaleur comparable à l’alcool dans tout son corps. Le blond se lécha les lèvres, la pupille de son iris ocre se dilatant très légèrement.
L’inconnu se leva, luttant un instant pour desserrer une poigne de fer que le blond consentit à relâcher, lui laissant une ouverture dans laquelle il s’engouffra allègrement, probablement persuadé d’avoir accompli son exploit sans aide. Il l’observa incliner légèrement la tête, agacé par ces mèches brunes qui dissimulait le regard du brun. Il devait se moquer de lui, à s’excuser ainsi. Quelle personne saine d’esprit s’excuserait d’avoir squatté un parc pour gosses ! Oui, il devait se foutre de lui. Le blond serra les poings avant de se détendre en croisant le regard du brun : aucun mépris dans ces yeux, juste une très légère inquiétude. C’était satisfaisant. Mais pas assez. Le garçon tourna les talons, sans doute décidé à mettre le plus de distance possible entre lui et le militaire – sauf que le blond n’était absolument pas d’accord. Il se devait d’expérimenter son nouveau jou… Camarade de jeu.
Avec un sourire glacial, le blond fut à nouveau à la hauteur du brun en quelques enjambées, enroulant à nouveau son bras autour du cou, avec plus de force, le poignet écrasant très légèrement la trachée tandis qu’il le forçait à s’arrêter, l’air totalement indifférent à la douleur qu’il pouvait causer. Parce que ce n’était pas important : la seule chose qui l’était, en cet instant, c’était que ce foutu brun ne le fuit pas et se prête au jeu, sous peine de le regretter. Un sourire à demi rêveur aux lèvres, le blond ne relâcha que superficiellement sa prise, lui laissant juste assez pour respirer convenablement.
« Voyons, c’est mal d’fuir les gens… A moins que t’aies quelque chose à te reprocher. Mais t’as absolument rien à t’reprocher, n’est pas ? Rien à cacher, hein ? Parce que cacher quelqu’chose à un militaire, ça peut te coûter cher… Pas vrai ? »
Il eut un ricanement, l’éclat ricochant étrangement dans cette matinée, dans ce parc déserté.
« Mais t’as rien à cacher, hein ? »
Il le posait comme une affirmation, une question rhétorique : qui serait assez fou pour admettre avoir quelque chose à cacher ? Parce que le mensonge et la vérité pouvaient tous deux être insatisfaisant, avec un être tel que lui. Il le tenait toujours, son bras encerclant son cou, prêt à le relâcher ou n’attendant qu’un mot de travers de la part du brun pour se resserrer impitoyablement. Il voulait le sentir trembler, sentir qu’il dominait totalement ce gosse qui devait crever de peur. Se sentir supérieur – juste un peu. Encore un peu. Sans aucun témoin, pour son simple plaisir personnel. Pour montrer qu’il était le meilleur, comme un gosse qui pousse ses adversaires pour demeurer le roi de la colline. Sauf qu’il n’avait ni colline, ni adversaire : juste un égo un peu trop surdimensionné. Il approcha sa bouche de l'oreille, sa voix glaciale perçant à nouveau.
« Et puis, on vient juste de se rencontrer, ce serait dommage de ne pas en profiter pour faire connaissance, hein ?»
Quoique rien ne soit moins sûr que le brun soit de cet avis. | | | 02.11.12 23:45 Alors même qu’il s’éloignait, Shane entendit le fripement de vêtements lui indiquant qu’une personne bougeait. Ils n’étaient que deux en ce lieu, nul doute quant à savoir de quelle personne il s’agissait. Celui-ci priait pour que le son s’éloigne de lui, mais, bien au contraire, il s’approchait lentement de plus en plus près. Le rythme cardiaque de Shane s’accéléra d’un coup pour revenir au plus haut. Il allait au-devant de graves problèmes. Pourtant, Shane s’accrocha à de vains espoirs qui lui permettaient de continuer d’avancer. Peut-être que le blond allait sortir lui aussi, peut-être voulait-il simplement rentrer chez lui. Mais bien sûr ça ne pouvait pas être le cas…
Il sentit cette même brulure qu’il venait de se faire quelques secondes plus tôt, exactement au même endroit. Une nouvelle étreinte… Mais cette fois-ci plus puissante encore. Tellement intense que le brun sentit sa peau se détacher par endroit à cause du frottement. Pire encore ! Il sentit sa trachée se faire compresser, sa pomme d’Adam entré au plus profond de son gosier. La difficulté à respirer commençait à s’accentuer et il n’en devenait que plus difficile de se dégager. Impossible de tenter le même mouvement que précédemment, clairement, la strangulation ne pouvait être de celle à laquelle on s’échappait. Il eut pourtant le réflexe de placer ses deux mains sur le poignet du personnage pour chercher de l’air. Il était totalement à la merci du blond qui affichait un sourire froid sur les lèvres… La prise se relâcha légèrement et une violente toux s’empara de Shane.
« Voyons, c’est mal d’fuir les gens… A moins que t’aies quelque chose à te reprocher. Mais t’as absolument rien à t’reprocher, n’est pas ? Rien à cacher, hein ? Parce que cacher quelqu’chose à un militaire, ça peut te coûter cher… Pas vrai ? »
Un militaire ? Shane se tendit. Ce rustre ? Un militaire ? Un vrai de vrai ? Comment était-ce possible ? Les militaires étaient les garants de la paix, il s’agissait de gens calmes serein mais dur et froid. Enfin pas pour une simple montée sur balançoire pour enfants ! Rien à se reprocher ? Rien à cacher ? C’était vrai, à moins que d’aller sur l’aire pour enfant et agir comme il l’avait fait ne soit un crime passible d’emprisonnement… À moins que Alice… Le jeune garçon ne laissa pourtant pas l’idée aboutir, cet homme ne l’avait pas arrêté pour ça, mieux valait faire abstraction de tout chose hors du sujet actuel, au risque de les condamner tous deux. Shane appuya un sourire forcé.
-Absolument rien monsieur, absolument rien.
Le militaire fut pris d’un ricanement terrifiant. Ce ricanement semblait paranormal et sonnait aux oreilles de Shane come le ricanement d’un sorcier maléfique sortit tout droit des contes de fées… Sauf que nous n’étions pas dans un conte de fée… Ne l’avait-il pas cru ?
« Mais t’as rien à cacher, hein ? »
Sa phrase ne laissait aucun doute quant au type de réponse que celui-ci envisageai, il insistait, peut-être Shane avait-il eu la voix enrayée lorsqu’il avait répondu la première fois.
-Bien sûr que non ! Qui voudrait cacher quelque chose à un militaire ?
Il appuya sa réponse d’un petit rire pour répondre en écho à l’homme, mais se ravisa rapidement, s’il le prenait mal, mieux valait éviter le plus possible de le froisser. À nouveau, l’homme tout sourire s’approcha de son oreille.
« Et puis, on vient juste de se rencontrer, ce serait dommage de ne pas en profiter pour faire connaissance, hein ?»
Mauvais signe, très mauvais signe ! Le blond avait décidé de ne pas le laisser partir. Le pourcentage de chance que Shane annonce de mauvaises informations venait d’augmenté. Cependant, dû à l’écart de force qui opposait les deux, Shane du se raviser à tenter le moindre mouvement allant à l’encontre des souhaits de son oppresseur. Pour le moment, Shane n’avait pas les clefs de son destin en main, mais ce n’était que jusqu’à sa séparation avec le blond qui risquait de ne pas tarder, il n’allait tout de même pas le suivre toute la journée… Pas vrai ?
-Peut-être… Je t’invite à boire un verre pour me faire pardonner de la balançoire et on est quitte d’accord ?
Il s’agissait là de l’une des seules parades qu’il pouvait tenter. Il espérait que le blond renoncerait après avoir pu boire un coup et qu’il pourrait enfin s’en aller pour de bon…
-Si tu ne veux pas, je t’emmène où tu veux et on fait une croix sur cette histoire, d’accord ?
La tactique était de l’éloigner du parc pour atterrir dans un endroit avec plus de monde, cela limiterait les mouvements du blond à son égard, lui permettrait de garantir sa sécurité, mais ne surtout pas rester là si loin de tout. Il fit l’erreur de détourner la tête tandis que sa gorge était serrée pour regarder le jeune homme. La question lui apparut alors de quelle expression lui donner ? Lui faire un sourire ? Le regarder sérieusement et fixement ? Shane opta pour la première solution, il voulait rendre un avis amical à cette personne et ne voulait surtout pas l’offenser. Restait à savoir si le mouvement allait vraiment marcher…
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05.11.12 22:52 Des frissons. Ils remontaient le long de son dos, traçant leur chemin sur sa colonne vertébrale tandis qu’une agréable boule de chaleur fondait lentement au creux de son estomac, dispersant de bienfaisantes vagues de bien-être dans tout son corps. La perspective de lui faire peur le plongeait dans un incroyable océan de félicité, satisfaisant l’instinct primaire de supériorité qu’il se trainait. Depuis son arrivée dans l’armée, des années auparavant, rien n’avait vraiment changé : il avait besoin de savoir, de sentir qu’il avait le contrôle sur les autres. La peur était un de ces moyens de contrôle ; il n’existait rien de plus facile à contraindre que quelqu’un de terrifié, ni de plus plaisant. Et le visage apeuré de ce garçon était comme le plus doux et le plus exquis des breuvages : quelque chose à savourer jusqu’à la lie. Il était tellement attendrissant, avec son sourire tout sauf naturel et sa voix vacillante qui lui certifiait qu’il n’avait absolument rien à cacher et que, bon, qui cacherait quelque chose à un militaire ? C’est vrai ça, qui oserait dissimuler quelque chose à un représentant tout puissant du pays, n’est-ce-pas ? Il se rapprocha une nouvelle fois du garçon, sa voix éraillée par le rire brutal qui l’avait pris.
« Effectivement, qui voudrais mentir à un militaire, mis à part… Un fugitif ? Un traître au pays ? »
L’éclat de rire qui le prit fut presque joyeux en comparaison du précédent. Qui serait capable de travestir la vérité pour une autre cause que celle de cette si noble armée ? Qui oserait trahir son pays pour des… Monstres ? Un sourire éclatant aux lèvres, il s’approcha encore de l’oreille de son pauvre jouet, glissant quelques mielleux mots encore, insinuant que ce serait presque un crime s’ils ne faisaient pas plus ample connaissance. Après tout, quoi de mieux à faire en une aussi belle matinée ? Le brun accepta, à contrecœur, en même temps, avait-il vraiment le choix ? Les mauvaises langues diront que non, qu’il était forcé et contraint, mais Jesse le niait : le garçon pouvait tout à fait refuser… A ses risques et périls, certes. Mais la possibilité était toujours là, il n’avait juste pas su la saisir. Toujours est-il que le garçon accéda au désir du militaire, proposant même de lui payer un verre. Et ensuite, on osait lui dire que le crime ne payait pas ? Si la légère menace et intimidation avaient cet effet, il n’osait imaginer ceux qu’auraient de plus grands coups d’éclats… Le jeune homme se reprit très vite, glissant qu’il pouvait aussi faire une croix sur cette histoire en l’emmenant où il voulait. Le blond éclata à nouveau de son rire rauque et moqueur.
« M’emmener où j’veux ? Tu crois quoi gamin, en savoir plus qu’moi sur cette ville ? Dis-toi qu’j’pourrais t’emm’ner dans des coins où tu t’pisserais d’ssus tant t’en soupçonnes même pas l’existence… Mais va pour un café. Et enlève ce sourire de ta tronche, ça m’donne envie d’te taper d’ssus. »
Il le relâcha finalement, voyant apparaître sur le cou blanc des traces rouges uniquement de son fait : une merveilleuse vision pour quelqu’un comme lui. Il avait le contrôle. Une vie entre les mains, quelle situation pourrait être plus enivrante ? Il se sentait comme dans l’épicerie, des années auparavant. Les mains tremblantes non pas de crainte, mais d’excitation – de cette sensation proche de la jouissance qui le hantait les jours les plus calmes. Après tout, c’était bien pour ça qu’il s’était engagé dans l’armée, non ? Avoir le contrôle. L’entier, l’unique contrôle. Le respect. La supériorité. Montrer à tous ces imbéciles de sa ville d’enfance qu’il s’était élevé bien au-dessus de ce qu’on attendait de lui. Et surtout… Qu’il avait le dessus sur eux.
« Allez. On bouge. C’parc craint. Allez gamin, montre-moi un bon café, toi qui t’vantes d’connaître la ville par cœur. »
Bon. Certes, il extrapolait juste un peu… Mais qui oserait remettre sa parole en question ? Probablement ce type qui soupirerait bruyamment de soulagement dès que le blond ne serait plus à sa portée. Certainement pas lui, non.
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