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| | 02.10.12 20:48 Fugitif... C'est ce que tu es, un fugitif. Il t'a fallu du temps pour l'accepter, toi le jeune homme sans soucis, tu es devenu aux yeux de ce monde un criminel. Pourquoi? Tu n'es qu'une victime d'un phénomène inexpliqué, tu ne fais que subir ces pouvoirs si instables que tu n'as jamais voulu. Tu vis maintenant reclus quelque part dans la forêt, bougeant sans cesse, loin du confort que tu as toujours connu et malgré tes nombreuses tentatives, la chasse n'est pas ton fort du tout, tu meurs de faim, ton ventre hurle son dû sans cesse et tu es résigné... Il faut que tu te rendes en ville si tu veux manger aujourd'hui. Evidemment dans ton départ précipité, tu n'as pas emporté d'argent avec toi, il va falloir voler. L'idée t'est insupportable, tu n'as jamais volé, c'est contre tes principes et bien loin de ce que tes parents t'ont enseigné mais tu n'as pas le choix, voler ou mourir. Tu sors de ton sac de quoi couvrir ton visage: une écharpe que tu enroules de manière à ce qu'elle te dissimule jusqu'en dessous des yeux et un chapeau afin que ta tignasse frisée disparaisse également. Tu t'enveloppe dans ton grand manteau noir masquant tes vêtements et tu te rends vers le quartier commercial. Tu te sens mal, comme si la menace était permanente, partout autour de toi. Sur les murs sont placardés des portraits de recherchés, ton coeur se serre alors que tu découvre que tu fais partie de ces visages, que ton nom est associé au banditisme par toute la population. Tu es à l’affût, tu tentes de rester calme, de ne pas trahir ton angoisse et ce stress qui presse tes organes, tu fixe tes pieds, tes mains recouvertes de bandages ont trouvé refuge au fond de tes poches. Une goûte glisse sur ta tempe et se fige d'un coup, givrée sur place. Tu la laisse en place, infime comme elle est, elle ne se voit pas. Tu vois l'épicerie se rapprocher, tu te sens déjà coupable de ce que tu vas faire. Tu tentes de te motiver, de te dire que tu n'as pas le choix et que ta survie passe avant tout mais le remord reste. Tu erres entre les rayons de l'épicerie, réfléchissant au plus discret à subtiliser, au plus pratique à cuisiner en vue de tes conditions de vie. Tu fuis les regards de peur d'éveiller les soupçons tout en sachant qu'un homme à moitié masqué sous un chapeau et dissimulé sous un grand manteau n'est pas des plus naturel non plus... Tu jettes ton dévolu sur quelques boites de conserve que tu glisses dans tes grandes poches, tu sens ton coeur palpiter dans tout ton corps, ta nervosité t'empêche de canaliser comme tu le voudrais tes pouvoirs et du givre se forme au bout de tes doigts, couvrant d'une fine pellicule blanche tout ce que tu touches. Trop mal à l'aise, tu décides de partir au plus vite, enfournant au hasard d'autres boites dans tes poches et tu te diriges vers la sortie. | | | 06.10.12 14:55 Mme Beddington trouvait le fond de l'air frais. Il ne faisait pas vraiment froid, mais elle resserra tout de même son châle de laine autour de ses épaules. A son âge, il ne s'agissait pas de d'attraper froid. Son sac de course à la main, la canne dans l'autre, elle quitta l'arrêt de bus et pris lentement la direction de l'épicerie. En passant devant une vitrine de magasin, elle lança un rapide coup d'oeil à son reflet, comme les femmes de tous les âges ont pris l'habitude de le faire. Elle redressa son chapeau avec un regard sévère avant de reprendre sa route. Combien de temps lui fallait-il, pour faire le trajet entre l'arrêt de bus et l'épicerie? Pas beaucoup, même à son allure de grand-mère. Alors pourquoi seigneur, pourquoi y avait-il autant d'affiches placardées sur les murs? Les visages de ces personnes recherchées, toujours plus nombreuses, de tous les âges, de tout les milieux sociaux... Violet regardait tout le temps ces affiches. Des personnes, qui, elle l'aurait juré, ne seraient un jour plus que des visages figés sur leur papier glacé. Ils avaient tous finis comme ça, les visages des affiches, à l'époque où elle avait 18 ans.. A 'époque, jamais elle ne regardait ces affiches et les noms qu'il y avait dessus. Elle n'était pas concernée, elle ne connaissait pas les traits de tous ces anonymes, elle ne les auraient jamais dénoncé. C'était facile de se défiler ainsi. Mais pas cette fois-ci. Personne ne savait comment allaient finir ces gens là, dont elle avait les photos et les noms sous les yeux, aussi, elle voulait connaitre leurs visages, ne pas faire comme à l'époque. Elle détacha enfin ces yeux fatigués d'un visage poupin aux cheveux blond, surmonté par un nom à consonance polonaise. Seigneur! encore la pologne!
L'épicerie était comme à son habitude, baignée de la lumière froide des néons blancs, si peu accueillante qu'on aurait juré rentrer dans un frigo. Violet avait toujours regretté les petits commerces qui existaient lorsqu'elle était jeune. Seigneur, c'est qu'il faisait réellement froid là dedans. Violet se dirigea vers le rayon "animaux". Les croquettes manquaient chez elle, et les chats de la véranda s'en plaignaient haut et fort. Une haute silhouette noire passa dans son dos, et Violet cru sentir un souffle glacé. Elle resserra encore son châle autour de ses épaules. Les frigos étaient-ils déréglés? Elle avisa même une fine couche blanchâtre sur certaines boîtes de conserve dans un rayon. Un homme apparu, qui passa un doigt sur le givre des boîtes. Perplexe, il fronça les sourcils, avant d'inspecter du regard le rayon cherchant d'où pouvait venir l'anomalie. Son regard se posa sur Violet, puis reparti vers l'autre extrémité de ce couloir aux murs de conserves. Au coin, la silhouette noire s'esquivait. L'Homme pris cette direction.
Une certaine silhouette allait avoir des problèmes. Violet frissonna et fît demi-tour vers les caisses. Les jeunes volaient tout et n'importe quoi de nos jours. Si l'homme voulait jouer au justicier, libre à lui. Mamie pendant ce temps là, cherchait dans son sac son petit porte monnaie plein de pièces cuivrées. La silhouette passa alors à côté d'elle, en direction de la sortie. Soudain, l'homme se précipita et lui arracha son chapeau. "Seigneur!" fît Violet en reconnaissant l'un des visages des affiches. Sans vraiment réfléchir, elle s'écria : "Edward! voyons, le monsieur à raison! On se découvre à l'intérieur!" Avec sa voix chevrotante et sa petite taille voûtée, elle était la parfaite petite grand mère vieillotte réprimandant son petit fils. Et c'était un peu son intention, les gens aimaient peu parlementer avec un petit vieille aigrie, et sans doute se diraient-ils qu'un ado un peu rebelle qui accompagne sa grand-mère pour faire les courses n'est pas un individu suspect. |
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