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BLACKOUT ▬ II. HEURES SOMBRES [05 MAI 2214 - 17h56]
Le Régisseur
Le Régisseur
PNJ



12.03.18 20:42
CONTEXTE ACTUEL

BLACKOUT ▬ PART II


05 MAI 2214
17h56.

La journée avait été remarquablement calme jusque là : les gens avaient passé celle-ci à vaquer à leurs occupations, tentant de trouver de quoi manger, boire ou même s’occuper. Le bar était situé dans un coin assez calme de l’entre-deux : malgré son délabrement évident, l’endroit était propre et bien tenu. Il n’avait d’ailleurs pas beaucoup désempli de la journée ; étant donné que les congélateurs avaient rendu l’âme, son propriétaire avait décidé de l’ouvrir et de fournir à manger et à boire aux personnes y entrant. Les dettes seront payées plus tard.

La dispute avait donc tout d’abord commencé dans ce bar. La victime était tranquillement installée à une table, discutant à voix basse avec son voisin ; evolve du quartier, il était connu pour se tenir remarquablement à carreau, évitant systématiquement tout conflit et refusant d’utiliser son pouvoir. Pour cela, le meilleur moyen était d’éviter les autres personnes : une stratégie qui avait été payante la plupart du temps. Mais la faim n’était pas un ennemi contre lequel on pouvait lutter. Même si le bar était généralement fréquenté par des anti-evolves qui n’hésitant pas à agiter leurs convictions, le propriétaire exigeait un calme strict de la part de ses clients dans cette période troublée.

Le coupable, lui, était entré bien plus tard dans la journée, faisant grand bruit de ses activités de la journée : la vaine recherche du coupable de ce blackout, qui, après tout, “ne pouvait qu’être un de ces putains d’evolves”. Son regard s’était posé sur le couple étrange qui discutait tout doucement - cet evolve connu et sa fiancée, une fille “tout à fait normale” qui n’avait “rien à faire avec cette erreur de la nature”. Les insultes n’avaient pas tardé à fuser et si l’evolve tentait d’éviter le regard colérique et les mots violents, sa fiancée n’était pas imperméable à cette violence verbale. Le couple prit donc le parti de sortir, poursuivi par la hargne de l’inconnu.

Une fois à l’extérieur, plus rien ne retient le coupable ; rattrapant les deux jeunes gens, il écarta brusquement la fille pour s’en prendre physiquement à l’autre, commençant à le rouer de coups en l’invectivant, n’ayant que faire de son public.

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evolve
Ode A. Griffin
Ode A. Griffin
evolve



15.03.18 14:00
La ville était toujours plongée dans l'obscurité et ses petits habitants s'agitaient telles de petites fourmis ayant perdu leur fourmilière. Des rumeurs circulaient, des voix s'élevaient et la panique se faisait de plus en plus présente. Certains en profitaient pour des crimes de bas étage. Les vols étaient de plus en plus nombreux, les agressions également et les citoyens ne se sentaient à présent plus en sécurité dehors. La milice était débordée et ne pouvait être partout à la fois. Et puis, il y avait ces dires sur ce champ électromagnétique qui serait la cause de tout ce chaos. Évidemment, les anti-evolve s'en donnait à cœur joie avec cette nouvelle information. Vraie ou fausse, peu importait. L'important était la façon dont cette panne allait être utilisée.

Depuis plusieurs semaines, Ode passait énormément de temps dans les rues, vêtue d'une tenue pour passer incognito, et répandait la bonne parole de Searsmont. Il était facile de manipuler les gens en ces temps troublés. Ils étaient prêts à tout pour se sentir en sécurité et Ode, dont la générosité était bien évidemment un de ses traits de caractère, répondait à leurs désirs. Tous ne se laissaient pas berner mais ça ne saurait tarder. Au moins la majorité des evolves, que leurs voix s'élèvent parmi celles de tous ces faibles et ignorants. La femme d'affaires ne s'inquiétait pas pour son entreprise. Certes, leur production avait fortement diminué à cause des récents événements mais le profit était toujours là, notamment dû aux nombreuses usines présentes sur le continent.

Réajustant ses lunettes de soleil ainsi que sa veste en cuir, l'héritière Griffin parcourait cette rue de l'entre-deux qui était étrangement calme. Il manquait clairement quelque chose. A ses côtés se trouvait Alycia, son assistante, qui participait également aux activités de Searsmont. Officiellement, elle était là pour l'aider dans son recrutement. Officieusement, elle l'avait amené uniquement pour apaiser son esprit. Elle n'avait pas énormément utilisé son pouvoir ces derniers temps mais les esprits étaient plus agités que jamais. Les murmures morbides ne cessaient qu'en la présence salvatrice de la grande blonde et elle comptait bien l'utiliser régulièrement.

Son regard balaya les alentours, à la recherche d'une proie potentielle. A force, elle avait appris à reconnaître les evolves. Ils courbaient l'échine ou à l'inverse faisaient grand bruit. De plus, dans l'Entre-Deux, les rumeurs allaient de bon train. L'identité des evolves étaient généralement connus et, pour ceux qui se cachaient, il suffisait de faire un tour dans les hangars abandonnés une fois la nuit tombée. C'était devenu plus difficile avec l'augmentation des patrouilles des erasers ainsi que le couvre-feu. Malheureusement, rien n'attira son regard. Le calme planait, atmosphère des plus anormale dans cette ville. Mais ceci allait rapidement changer.

Alors que les deux passaient devant un bar miteux, trois personnes y firent éruption, l'une d'elles vociférant des insultes à tout va. Et la bagarre débuta. Ode comprit rapidement la situation, identifiant sans mal le genre des protagoniste. Un evolve qui ne voulait pas faire d'histoire et un anti-evolve qui cherchait un coupable. La fille tentait d'arrêter ce dernier par des paroles mais ces dernières étaient juste vides, creuses, rien pour arrêter la brute. Un sourire se dessina sur les lèvres de l’égyptienne. C'était le moment idéal pour faire passer les evolves pour des victimes et leurs ennemis comme des bourreaux. D'ailleurs, une foule s'était formée autour d'eux, remplie de curieux qui cherchaient à comprendre ce qui se déroulait sous leurs yeux.

« - Ce pauvre homme n'a rien fait et regardez comment il est traité, c'est tout bonnement injuste débuta-t-elle, assez haut pour être entendu par plusieurs personnes, et sur un ton qui se voulait outré ainsi que peiné. L'injustice : un terme fort dans cet endroit de la ville. Que quelqu'un lui vienne en aide ! »

Bien sûr, elle détestait ces evolves qui se laissaient marcher dessus comme de simples déchets. Ceux qui n'exploitaient même pas un tant soit peu leur pouvoir. Ils étaient faibles mais malheureusement, elle avait besoin d'eux. Seasmont avait besoin d'eux. On pouvait leur insuffler de la haine, de la colère, le désir de se venger. Tout ce qu'elle avait réussit à se donner plusieurs années auparavant.

Elle préféra rester légèrement en retrait parmi la foule, attendant de voir comment les événements allaient se dérouler. C'était comme ça qu'elle fonctionnait. Elle attendait la bonne heure, tapie dans l'ombre, semant possiblement la discorde sur son passage.
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evolve
Alycia Taylor
Alycia Taylor
evolve



16.03.18 23:08
Un véritable fiasco. Ce Blackout est un véritable fiasco. Perdre une bonne partie de mon travail était une chose, après tout des pannes de courant ça arrive tout le temps et ce n’est pas vraiment prévisible. Mais là, ça traîne beaucoup trop et je commence à en avoir marre. Les gens qui sont supposés gérer cette crise s’en sortent comme d’habitude, ce qui veut dire comme un poisson qui tente de grimper. En plus, la population et surtout le M.R.E. en a profité pour accuser les Evolves et empirer notre situation, comme si elle n’était pas déjà assez difficile … Bref, ce chaos nuit à tout le monde.

Pourtant, Ode a réussi à exploiter cette situation à notre avantage ! À Searsmont, je veux dire. Elle dit vouloir en profiter pour recruter des partisans dans le groupe et puisque ça aide énormément les gens comme elle et moi, j’ai immédiatement proposé de l’aider, Ode est tellement intelligente ! Comme ça, en plus de faire le bien, on gagne de l’influence, c’est un plan parfait. C’est donc pour ça que je marche à ses côtés, vêtue de manière discrète à la recherche de personnes à aider en ouvrant les bras protecteurs de notre groupe pour eux. La faim commence à tirailler mon estomac et mes jambes m’élancent, mais Ode continue de marcher avec son rythme rapide, son énergie est admirable, même si en ce moment, j’aimerais bien qu’elle ralentisse un peu …

Le destin, cruel, certes, sembla répondre à ma demande silencieuse. Trois individus sortirent en trombe d’un bar a à peine quelques mètres devant nous, l’un d’entre eux lançant des insultes à tout-va et la bagarre se déclencha en moins de deux. Je recule d’un pas devant cette violence inattendue, les souvenirs de mon enfance commencent à refaire surface dans le temps de le dire et cela me pétrifie, me rendant impuissante devant la scène. Un Evolve se faisant battre par quelqu’un d’haineux tandis qu’il avait sûrement rien demander, c’était sûrement ça, rien ne pouvait justifier de tels gestes. Après, ce sont les Evolves qui sont dangereux, bien sûr ! La copine de ce pauvre Evolve est aussi déstabilisée que moi, elle essaye désespérément de convaincre l’agresseur d’arrêter, mais rien n’y fait, cet homme n’est pas sur le point de se calmer.

Je ne sais pas si cela fait quelques secondes ou quelques minutes que cette scène se déroule sous mes yeux ébahis, mais la voix d’Ode me ramena à la réalité. Ode sait se battre et ça lui arrive d’avoir le sang chaud … Pour l’instant elle essaye simplement d’être persuasive, mais ça pourrait changer rapidement et je ne veux absolument pas la voir se battre … Pas son beau visage ! Ce qu’il y a de mieux à faire, c’est de suivre sa cadence, à deux, on pourrait peut-être parvenir à convaincre l’agresseur de lâcher sa victime !

- Monsieur, cela ne vous mène nulle part, je vous en prie arrêtez ! Vous ne pouvez pas l’accuser de tous les maux qui frappent Maddison, ce pauvre homme n'a rien demandé à personne, il est dans la même situation compliquée que nous tous !

Ma voix est parfaitement sereine, voire angélique. Mon cœur bat la chamade, mais si je me montre calme, ça peut l’inciter à se calmer à son tour. Si on règle ce problème de manière diplomatique, on préserve la beauté d’Ode et on recrute un nouveau membre, ce n’est pas du tout le moment de douter.
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lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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Enoch Livingston
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19.03.18 23:51
Il ne traînait pas dans les bars, d'ordinaire.
Et ce jour non plus, d'ailleurs.
Il était dehors – à plusieurs mètres de là, même, errant sans nonchalance, perdu comme à son habitude entre une lassitude douloureuse et un dépit sévère, à traîner sa carcasse d'adulescent à la maigreur ombragée. Dans sa poche, il triturait le ticket de rationnement qui lui octroierait dans quelques heures le droit à un dîner, certes peu roboratif, mais suffisant dans son état à le faire patienter jusqu'au prochain service du lendemain. Il détestait s'en tenir à ces cycles alimentaires ; contraint par les nécessités à se plier aux règles – celles grâce auxquelles il était en mesure de se nourrir et donc de ne pas mourir de faim –, il n'en rêvait pas moins de s'y soustraire et, par un miracle biologique, d'arrêter de devoir se sustenter pour survivre. S'il avait eu un pouvoir, en ce moment, il aurait opté sans hésitation pour celui-ci. Car c'était pour lui tellement humiliant, faire la queue avec les gens du commun, prendre part à la soupe populaire, s'intégrer à cette longue file d'humains avides d'une boîte de lentilles supplémentaires et prêts à mordre pour un morceau de pain – quoiqu'il aurait mordu aussi si on lui avait volé le sien. Il avait l'impression d'entendre sa mère soupirer chaque fois qu'il s'immobilisait à son tour derrière un dos aussi affamé que lui, et l'écouter lui rabâcher comme des siècles en arrière qu'il ne ferait jamais rien de bien de sa vie s'il ne se mêlait pas aux autres et s'il persistait à trouver son seul réconfort dans les livres et la solitude.
Pourtant il avait essayé de se mêler aux autres.
Et voilà où il en était à présent : hagard parmi des rues cent fois connues, incertain du lendemain, réduit à un demi-spectre dont l'iris ne flamboyait plus qu'à grand-peine à la faveur d'un souvenir enfui.
Joie.

Il s'était engagé sur le boulevard sans conviction, refusant de rejoindre si tôt le centre de distribution, cogitant sur la teneur de sa future soirée ; rentrer chez les Hawkes et dormir dans un vrai lit, squatter la Cabane désertée par ses petits compagnons d'infortune ou bien aller vagabonder du côté de l'aquarium dans l'espoir de s'y faufiler juste avant la fermeture et s'y laisser emprisonner jusqu'au matin ? Son esprit hésitait. Il hésitait encore lorsque, crevant l'espace à quelques foulées de son corps, un trio vint ébranler l'environnement à coup de poings, de peur et d'insultes crachées à la cantonade. Soudain, Enoch se pétrifia. Il n'eut pas l'occasion d'agir autrement face à ces deux jeunes gens jaillis de l'enseigne un peu plus bas, poursuivis par un homme dont le comportement lui rappelait – oh, bien trop fort – celui de quelqu'un qu'il aurait souhaité oublier.
En une seconde, alors qu'aucun des protagonistes ne l'avait encore approché, l'Ancien se revoyait projeté des mois dans le passé, en compagnie de sa Lou, et la scène inversée se reproduisait sous ses yeux effrayés : lui l'humain, elle l'Evolve, l'autre le monstre. Tous les trois à s'invectiver sur le pavé, méprisés, agressés, frappés au nom de valeurs qu'il ne reconnaissait pas.  
Cependant, il était incapable d'intervenir, et ce nonobstant les cris surgis de la foule qui commençaient à s'agglutiner autour du terrifiant spectacle. Injuste, oui, un pauvre homme, oui aussi, mais de l'autre côté la contradiction se dresse, sauvage :
« C'est de leur faute si Madison en est réduit là ! entend-on fuser à droite.
À cause d'eux, plus rien ne fonctionne..., proteste à mi-voix une femme sur la gauche.
Et après ils s'imaginent continuer de vivre comme si de rien n'était », acquiesce un troisième larron, prêt à dégainer.
Le couple se défend comme il peut – l'homme lève les bras pour se protéger, la demoiselle en retrait qui le tire par la veste pour le dégager en vain de la poigne de leur agresseur – et Enoch aux premières loges qui voudrait reculer mais qui se heurte aux reliefs acérés d'un groupe arrêté juste derrière, quatuor de badauds curieux et prompts à s'enflammer pour une castagne gratuite. Le coin n'attire pas les Erasers ; il serait facile de régler l'affaire en moins de cinq minutes.

Puis la fille se retourne vers lui. D'une main, elle accroche toujours le vêtement de son fiancé : de l'autre, elle tente d'ouvrir une voie pour s'échapper – un passage qui transperce le ventre d'Enoch et remonte l'allée à travers ses intestins jusqu'au carrefour. À croiser son regard de biche affolée, il en a la nausée.
« Aidez-nous ! »
Elle piaille, une boucle de cheveux bruns coupant son visage en deux. Sauf que le garçon freine des quatre fers, sans aucune envie de participer à cette échauffourée, tandis que les gaillards dans son dos poussent pour approcher d'une façon qui ne laisse guère entendre leur bienveillance. Au contraire, il aurait plutôt tendance à se transformer en un dérisoire rempart la séparant des gars appâtés par le rassemblement, et l'idée de finir écrasé entre de gros bras d'humains intolérants et la gorge palpitante d'une amoureuse éplorée est loin, très loin de le réjouir.  
S'il avait eu un pouvoir, en ce moment, il aurait voulu se transformer en souris et déguerpir. Pour l'instant, il est tétanisé – cette main tendue au secours vers lui, ce mec violent à la silhouette jessienne, le cercle intéressé des passants qui n'attend que d'imploser... Oh, il voudrait juste disparaître.

Spoiler:
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Le Régisseur
Le Régisseur
PNJ



21.03.18 22:17

L’habit ne fait pas le moine ; mêmes ceux se déclarant justiciers n'osent sortir de la prostration quand une injustice se déroule devant eux. Même si l’injustice se hurle corps et âme, détourner les yeux et accepter le fait qu’on ne peut rien y faire est la solution la plus naturelle, après tout. Mais la jeune femme refuse - prenant à partie la population, parfaitement consciente que par son gabarit elle ne peut rien contre eux. Et pourtant, elle essaye, irradiant de volonté et de désespoir face à ces spectateurs anonymes. Elle attrape le bord de la veste de la jeune femme à la peau cuivrée, levant ses yeux humides vers la figure indistincte à travers ses larmes, cherchant une aide qu’elle ne trouve pas. Elle abandonne, passant à la figure suivante - reflets dorés qui n’ont de cesse de l’ignorer. Homme, femme, tous détournent les yeux devant sa douleur, tous reculent. Alors elle n’a plus qu’une seule issue - se lancer seule à l’assaut. Qu’importe les coups, qu’importe la douleur - après le pire viendra toujours le meilleur. Et son meilleur, c’est celui qui ne fait que subir, parce que se défendre ne fera que donner raison à cette ignorante population.


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tonight the foxes hunt the hounds
Warren C. Grayson

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Warren C. Grayson
tonight the foxes hunt the hounds



22.03.18 2:13
La faim l’avait poussé dans ses derniers retranchements, ces derniers jours. Capable au contraire de ses pairs novaiens de l’ignorer une bonne journée, voire deux, faisant fi des envahisseurs noircissant son champ de vision aux plus loin de sa diète, les derniers mois avaient entamé cette aptitude pour lui redonner vaguement goût à l’alimentation suivie. Depuis l’extinction des feux généralisée et mystérieuse, ce talent dangereux lui permettait d’errer plus longtemps et de partager plus facilement avec ses semblables sa pitance glanée tant bien que mal dans une temporalité devenue aussi galère et non moins dangereuse que sa situation aux alentours de la rentrée précédente. Les combats à l’arène avaient temporairement cessé, faute de moyens de paiement et de paris fonctionnels, et n’y traînaient plus que des individus en mal de cogne et surtout de victimes à tabasser. Un endroit charmant à éviter, qui permettait à tout les combattants réguliers de cicatriser tranquillement.
Retranché avec un groupe réduit dans l’une des planques, privé de courant comme de ressources primaires, il passait le plus clair de son temps dehors et en mouvement, évitant les Erasers trop occupé avec la délinquance émergente et débordés par leur manque de moyens d’identification, qui ne le cédait en dangerosité qu’aux bandes promptes à blâmer les Evolves plus rapidement que le gouvernement en place de ce qui prenait des allures de catastrophe.

La solidarité s’organisant tant bien que mal pour les gens normaux, les possesseurs de capacités activement disparus des radars comptaient encore plus sur les réseaux comme Nova, et à moindre échelle Sociis où les volontaires fermaient trop peu les yeux sur l’identité des demandeurs de victuailles. La rumeur émergente d’un mouvement pro-evolve plus extrémiste rajoutait de l’huile sur le feu couvant sous les braises d’une colère des habitants contre l’anormalité, et Warren se faisant comme en son temps le coursier aux oreilles traînantes, captant la moindre bribe d’information pour Jens tout en cherchant de quoi ne pas mourir de faim en quelques jours. Un rapide crochet en fin d’après-midi chez Ruben et sa petite, pour s’enquérir de sa santé et surtout de leur sécurité, et ses pas l’avaient emporté dans l’Entre-deux relativement calme vers une enseigne ayant récemment proposé gratuitement son stock périssable pour ne pas le perdre. Une aubaine non sponsorisée par les différents camps, donc accessible aux hors-la-loi comme lui.
Une foule était massée bien à l’extérieur, entourant d’un voile compact des éclats de voix indisctints aux sonorités plaintives. Un petit air de déjà vu, surtout. Fendant la haie des badauds d’une démarche habituée pour rejoindre le premier rang, il resta d’abord en retrait pour comprendre la situation et identifier la possibilité d’accéder à l’établissement. Sans se faire prendre ou juste vraiment prendre parti.  Apparemment aucun Eraser dans le coin, personne pour disperser le groupe qui grossit à vue d’œil. Les échos se faisaient accusateurs, anti-Evolve, sans aucune surprise, personne n’osant prendre parti pour stopper un individu passablement encoléré qui s’en prenait à un autre beaucoup plus passif qui tentait de se protéger sans pour autant répliquer. Evolve. Il l’avait déjà vu, le connaissait, lui et sa fiancée. Il entendait les insultes de l’autre. Le pauvre.

Le pyrurgiste s’apprêta à tourner les talons, refusant d’intervenir sans être directement concerné, pourtant légèrement agacé de la situation trop répétitive. La jeune femme qui jaillit aux côtés de l’evolve surpassé changea la donne, surtout quand elle essaya d’alpaguer n’importe qui pour venir les aider sans succès. Il protégeait quelqu’un et tous détournaient le regard, spectateurs d’une bagarre de rue non interactive, encourageant l’agresseur en ignorant la main tendue. Désespérée, la femme s’arrêta avant d'arriver à lui, sans réponse de l’adolescent tétanisé à côté de lui qui semblait vouloir être à mille lieues de tout ; avant d’aller jeter ses forces dans une bataille perdue d’avance contre l’agresseur qui la dépassait d’une bonne silhouette et rouait allègrement de coup son compagnon. Ses larmes n’avaient encouragé personne.

« Ca suffit ! »

Mais échauffé le Disparu qui bouscula le jeune homme aux cheveux clairs pour rattraper la femme, la dépasser et surtout foncer enfoncer un poing brûlant directement vers le visage du Goliath pour l’éloigner de son punching ball. Comptant plus sur la surprise et l’impact que sa propre force, l’homme accusa le coup ou surtout sa température, arrêtant net sa ruade, avant de vérifier l’impact sur sa mâchoire. Surpris, mais toujours en colère. L’Ancien avait parlé d’une voix forte, secouant sa main engourdie qui aurait tout aussi bien rencontrer un mur de béton malgré ses derniers exploits à l’arène. Lançant un regard à la ronde, plus pour défier quiconque de l’arrêter ou de se joindre à lui, il reprit la parole rapidement. Quand même en garde. « Personne n’va intervenir ? Vous préférez l’r’garder tabasser sans rien faire, et la laisser s’défendre seule? C’est tout c’que vous voulez d’nous, non, un spectacle ?!»
Nous.
Nous, les Evolves.
Soudain prêt à épauler l'un de ses camarades.
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lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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Enoch Livingston
lost in the grey urban woods



28.03.18 22:52
Personne ne bouge et pourtant tout vibre d'une même tension diffuse, presque hypnotique, à l'affût de l'étincelle qui rompra le fragile équilibre entre ce calme que tous savent éphémère et cette violence déjà répandue par éclaboussures, si prégnante qu'elle électrise l'ensemble de la scène, mais trop rêche encore pour abîmer l'œil au-delà de la raison. La brutalité agit comme le reflet d'une flamme ; elle fascine et l'on n'ose pourtant s'approcher de celui qui en détient la lumière, par peur du revers. Ils observent. Scrutent. Ne touchent pas.
Même quand la demoiselle s'embrase à son tour, que les sourcils se froncent en la voyant lever ses poings frêles contre l'agresseur, il n'y a personne pour se précipiter vers le nouveau feu et le couver entre ses bras. Personne sauf, peut-être, ce garçon qui tout à coup jaillit de l'amas nerveux de badauds, piqué au vif par cette catatonie latente. Bousculé sans vergogne, Enoch range son squelette à l'écart, trop heureux de ne plus être sur la médiane de l'attention qu'il en oublie de demander pardon – la silhouette échaudée lui est familière, sans qu'il sache d'où il en sort le souvenir. Ce petit blond famélique et irritable, l'air d'avoir survécu à l'Enfer – ou de l'avoir créé de ses propres mains – lui rappelle quelqu'un.
Anonyme.
Il hurle et frappe, dans un ordre ou l'autre, et le fantôme disparu frissonne comme s'il était jugé par ce regard vairon, accusé à raison de n'être qu'un spectateur impotent et inutile ; il n'a toutefois pas le temps de baisser la tête qu'un homme dans son dos pénètre le cercle ainsi formé et s'avance vers la crevette ; non loin, le premier Anti a cessé de marteler son ennemi pour le laisser tomber à terre avant que l'amoureuse ne s'agenouille auprès de son amant meurtri, et les deux complices de la haine se jettent un clin d'œil entendu par-dessus le crâne du nouvel arrivé.
« Mais si, bien sûr qu'on va intervenir. Regarde. »
Et ni une ni deux, le gaillard lui décoche son poing dans la joue. Pas assez fort pour le mettre au sol, à moins qu'il n'ait affaire à un habitué de la baston, mais suffisamment puissant néanmoins pour le faire reculer, par surprise ou instinct. Dans son dos, le second en profite pour passer ses coudes sous ses aisselles et lui bloquer les épaules tout en le soulevant légèrement, de quoi lui retirer la stabilité du bitume et le préparer à se recevoir une mandale supplémentaire.
Quelqu'un dans l'assemblée a le réflexe de vouloir filmer avec la caméra de son bracelet, et se résigne en percutant que l'électronique est morte depuis longtemps. On entend des : « Vas-y, éclate-le c'nabot ! », des « Ici c'est notre rue, qu'ils s'en aillent ! », des « Il y a toujours des problèmes là où il y a des Evolves... » et un :
« Arrêtez...! »
qui ne croit même pas en lui-même.
Parce que c'est Enoch, qu'il ne sait pas ce qu'il dit, ni ce qu'il fait, et qu'il vient d'attraper la flamme à pleines mains, emporté par un élan qu'il n'a pas vu surgir, agrippant de ses maigres forces le bras que le belligérant s'apprêtait à lancer dans la gueule du blondinet, propulsé là au milieu de la foule alors qu'il aurait au contraire désiré plus que tout s'en extraire, en panique pour la suite.
À peine le temps de croiser les iris furax de sa prise, de capter quelques mots – « Qu'est-c'tu veux, toi ? Dégage ! » – qu'il se mange une rouste et relâche son étau sous l'effet du choc et sous les rires grossiers.
Au moins aura-t-il essayé.
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evolve
Ode A. Griffin
Ode A. Griffin
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30.03.18 10:34
La situation dégénérait. Elle avait surestimé l'opinion publique, n'avait pas pris suffisamment en compte les événements récents. Injustice ou non, les Evolves restaient une cible, responsables de tous les maux de la ville. La jeune femme, désespérée, chercha alors un quelconque soutien dans la foule mais c'était peine perdue. Certains reculèrent même avec une grimace de dégoût, comme si elle transportait un virus dangereux. Des ignorants et des imbéciles. L'envie de leur faire ravaler leurs paroles picotait le bout de ses doigts et elle pouvait sentir les esprits s'agiter. Décidément, la mentalité de Madison ne cessait de se dégrader. La petite amie se retrouva alors devant elle, ses grands yeux remplis de larmes qui lui demandaient son aide. Ode se fichait bien de sa détresse, simple humaine sans talent particulier, même pas celui de venir en aide à son compagnon, préférant ramper pitoyablement devant des inconnus. Cela aurait pu être intelligent si tous ici ne rejetaient pas les Evolves sauf que ce n'était absolument pas le cas.

Mais, contre toute attente, un héros se démarqua de la foule, surgissant telle une flamme et se jetant sur l'assaillant. Le bruit de la foule se fit plus fort, plus brutale. Le blond se tourna ensuite vers le public pour les accuser, tous, sans distinction. Un développement intéressant. En voilà un pour qui l'injustice résonnait différemment dans son âme. Il avait soif de justice. Evolve lui aussi ? C'était fort probable mais il pouvait tout aussi bien être un simple humain qui ne pouvait fermer les yeux sur ça. Malheureusement pour lui, un grand gaillard s'échappa de la foule pour se rendre sur le ring et rejoindre les rangs de la brute qui avait débuté tout ceci. Ils se mirent à deux pour tabasser le nouvel arrivant et là, un petit gringalet se ruait sur eux, tentant vainement de les empêcher avant de se faire écarter violemment. Un inconscient qui ne semblait pas vraiment savoir ce qu'il faisait. Voulait-il son heure de gloire lui aussi ? Leurs actions allaient-elles insuffler un quelconque désir parmi la foule ?

Dans tous les cas, c'était un développement intéressant, mais Ode ne pouvait décemment plus rester dans l'ombre si elle voulait tourner la situation à son avantage. L'opinion publique n'était plus à l'ordre du jour, a présent elle devait se concentrer sur l'Evolve, sa petite amie et les deux autres qui étaient intervenus. Si elle pouvait gagner leur respect et leur confiance, elle serait sur la bonne voie. Comment faire donc ? Simplement foncer dans le tas et prendre part à la bagarre ? C’était risqué, son identité pouvait être facilement révélée et elle ne le souhaitait pas, pas comme ça. Pourtant, un simple regard à ses hommes et ils feraient dans leur pantalon. Elle pouvait tout aussi bien les maudire pour ensuite les voir se tortiller de douleur. L'idée était tentante, très tentante. Cela pourrait faire fuir toute celle foule, apeurée par la simple idée de se voir subir le même sort mais cet effet pouvait très bien se retrouver chez ceux qu'elle voulait ranger de son côté. Réaction qui serait stupide de leur part mais elle ne pouvait pas se permettre de faire de la sélection. Dans tous les cas, le risque était là. Ils cherchaient des héros et elle allait en être un, à sa façon.

Son regard glissa sur Alycia, comptant sur son joli minois pour venir perturber les agresseurs. Elle savait que cette dernière n'hésiterait pas une seule seconde à venir la protéger si l'un d'eux s'en prenait à elle. La blonde pouvait parfaitement agir de cette manière, elle n'avait aucune réputation à protéger, n'était pas la tête d'une des plus grandes entreprises au monde. Si elle était découverte, elle improviserait, tournerait la chose à son avantage, mais elle ne pouvait pas laisser passer une telle occasion en or de renforcer Searsmont.

Ainsi, elle attrapa la main d'Alycia, lui fit un signe de tête et l'entraîna à sa suite, au cœur du combat. Elle comprendrait sans doute d'elle-même son plan, pas si bête que ça, et agirait en  conséquence. De son côté, l’égyptienne s'approcha du gringalet tout en toisant les deux brutes qui s'étaient arrêtées suite à son arrivée, serrant toujours fermement le courageux, sans doute intrigués malgré leur manque flagrant d'intelligence. Elle s'adressa dans un premier temps au garçon inconscient.

« - Vous devriez rester à l'écart si vous ne voulez pas vous faire blesser. Vous pouvez aider la jeune femme avec son petit ami. »

Bien qu'au fond, elle se fichait de ce qu'il pouvait lui arriver. L'héritière Griffin se tourna ensuite vers les agresseurs, soudainement intimidante, imposante et majestueuse malgré son accoutrement qui ne payait pas forcément de mine, comme elle avait l'habitude de l'être sous les projecteurs.

« - Une patrouille d'Eraser va bientôt arriver, je les ai croisés à quelques rues de là il y a peu de temps. Les Evolves valent-ils que vous preniez ce risque ? »

S'ils pouvaient partir suite à ça, ce serait parfait. Ils pouvaient être du genre téméraires et prêts à relever des défis, et, dans ce cas-là, ils se ficheraient bien de ce qu'elle pouvait leur raconter. Ou alors, ils avaient un minimum de jugeote et ne souhaitaient pas se voir coffrer juste pour une bagarre. Sans doute plaçait-elle trop d'espoir en eux mais le risque devait être pris.
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Le Régisseur
Le Régisseur
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02.04.18 12:58

Le miel des mensonges n’atteignent que ceux qui y croient. Le visage du Goliath se fendit d’un sourire intéressé. “ Les erasers, ici ? J’aimerai voir ça, ma jolie. Tu vas bien nous tenir compagnie jusqu’à ce qu’ils arrivent, hein ? “ Il se frotta sa joue endolorie, attrapant le col de sa victime, le secouant comme une poupée de chiffon - “ Je pensais vraiment que cet enculé se défen - ah, putain ta gueule toi “ cracha-t-il, infligeant une gifle monumentale à la jeune femme qui tentait de lui faire lâcher prise, l’envoyant mordre la poussière au sol. Ignorant les larmes qui striaient son visage, sa joue écarlate du coup et ses doigts ensanglantés d’avoir tant essayé, il l’attrapa par les cheveux de sa main libre, se sachant puissant - après tout, une fois que la foule est derrière soi…  Il tira un peu plus fort, approchant sa bouche de son oreille, ses chuchotements inaudibles pour la foule provoquant de nouvelles larmes et de nouvelles supplications - non pas pour elle, mais pour qu’il le laisse en paix, qu’il le laisse en vie. Il se leva, poussant la fille une nouvelle fois au sol et infligeant un nouveau coup dans les côtes de l’evolve inconscient au sol, s’adressant cette fois à la foule “ Vous voyez ? C’est comme ça qu’il faut traiter ces putains d’evolves qui parasitent les honnêtes gens comme nous ! C’est à cause de types comme ça - il ponctua sa phrase d’un nouveau coup, décroché dans le thorax de l’homme au sol - que notre ville se retrouve dans le noir et qu’on a plus rien ! Et c’est à cause de salopes comme elle - il pointa cette fois son doigt sur la fille qui s’était à nouveau trainée auprès de son petit ami - que ces parasites se multiplient !


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lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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Enoch Livingston
lost in the grey urban woods



03.04.18 0:12
De près ou de loin, et de quelque angle de vue qu'il la prît, la situation se résumait peu ou prou à cela : il n'avait rien compris et il avait mal.
Il s'était attendu à bien des réactions de la part des gros bras qui s'attaquaient à – aux ? – l'Evolve, selon une gradation allant du propos mesquin à la tacle agressive, de l'avertissement latent à la menace patente. Mais qu'il soit frappé pour ce qu'il avait cru être du courage, et qu'il aurait mieux fait de cataloguer avant usage dans la catégorie de la démence, s'évitant ainsi une douloureuse et authentique humiliation, il n'en revenait pas. L'effet de groupe avait-il à ce point abattu le raisonnement de ce lourdaud pour qu'il juge amusant de taper dans le tas sans réfléchir à qui se trouvait devant lui, et ce en vue d'écarter quiconque aurait l'imbécillité de s'interposer entre sa cible et lui ? Néanmoins, ce n'était pas tant cette violence incongrue – prévisible pour tout le monde sauf pour lui, apparemment – qui effrayait le plus Enoch. Il lui aurait en effet suffi de filer sans demander son reste pour se trouver hors de portée d'une nouvelle gifle, sain et sauf autant qu'il pût l'être. Non. Ce qui le terrifiait davantage que cet enclos de bétail où ses pas l'avaient mené à son insu, c'était la tonalité chicanière qui avait affleuré à l'arrière de son crâne, cette réminiscence amère qui avait sifflé c'est bien fait, bouffon en lui mordant la nuque.
Il n'avait pas eu le temps de la chasser complètement qu'une belle et grande dame dans la foule, accompagnée d'une demoiselle des plus élégantes – mais que venaient donc faire dans ce merdier deux créatures aussi sophistiquées ? – s'approcha de lui et l'invita, ou lui ordonna, il ne sut trop quelle modalité elle avait employée, de s'occuper du couple malmené. S'il avait eu toute sa tête, il aurait refusé. L'histoire se serait d'ailleurs arrêtée là. Mais sa joue rosie par le coup demeurait chaude et, sans qu'il ne sût vraiment expliquer pourquoi, il sentait que le bon choix consistait à obéir, quitte à s'attirer les foudres de l'agresseur, et à se ranger dans le camp de ces femmes à l'aura... comment aurait-il pu la qualifier... mystique. Et pernicieuse. Mais indubitablement envoûtante.

Le garçon s'essaya donc à sa tâche, avec une certaine appréhension qui tenait autant à sa fonction désignée – aider – qu'à l'environnement – qui l'assurait qu'il ne s'en prendrait pas une seconde pour se comporter de cette manière ? Il n'eut néanmoins pas le loisir de se pencher ou même d'ouvrir la bouche que déjà, l'homme commençait à la violenter sans paraître vouloir s'arrêter. Au contraire, il semblait qu'il n'en aurait jamais assez, que sa haine ne retomberait qu'avec la dernière tête du dernier mutant, et il mettait un soin brut à haranguer une foule toujours plus avide de se défouler par procuration. Affolé pour sa survie, Enoch eut d'abord un mouvement de recul, avant de heurter du coude l'un des badauds qui le poussa de nouveau au centre du cercle avec un grognement écœuré ; le prendrait-on pour un Evolve lui aussi ? Ses rotules ne le portaient plus tellement il craignait que le lynchage ne s'étendît à sa personne, par erreur de jugement, et pour camoufler sa détresse il s'agenouilla près de la fille qu'il tenta d'agripper.
Elle sanglotait affreusement, criant un nom qui s'avérait celui de son fiancé, la voix entrecoupée de hoquets d'horreur ; les paumes qu'elles tendaient vers celui-ci étaient égratignées et ses cheveux défaits s'étaient par endroits couverts de poussière ou – le Disparu ne souhaitait l'affirmer – de sang. Que pouvait-il faire ? Que pouvait-il dire ? Elle ne l'entendrait même pas dans ce brouhaha de rage.
Tout au plus l'attrapa-t-il à l'instant où un pied ennemi faillit lui écraser le flanc et, l'ayant redressée contre lui, étreignit ses épaules d'un geste défensif quoique vain. Aussitôt elle planta ses ongles dans les bras qui l'enveloppaient, griffant et se débattant, causant à Enoch une souffrance qu'il reflua derrière une grimace et un étau resserré. La laisser partir l'exposerait sans aucun doute à de nouveaux coups, ce qu'il n'aurait pas été capable d'endurer.
À défaut, il supporterait bien quelques entailles sur ses avant-bras.

Spoiler:
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tonight the foxes hunt the hounds
Warren C. Grayson

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Warren C. Grayson
tonight the foxes hunt the hounds



04.04.18 20:33
Œil pour œil. Aussitôt sa déclame criée, la réaction ne se fait pas attendre, et s’il se méfiait surtout de celui qu’il avait voulu déstabiliser un instant plus tôt pour l’éloigner de sa cible, il n’est pas prêt pour le renfort qui se détache de la foule. Le poing qui s’écrase sur son visage a la force d’un camion et lui coupe le souffle, alors qu’il résiste sur ses deux jambes quelques pas en arrières, de toute la force dont il est capable grâce à son échauffement. A peine le temps de rétorquer que le premier l’harangue sans sommation,  le Disparu se retrouvant soudainement quelques horizons plus hauts et lâchement retenu dans un étau de bras faisant chacun le double d’une de ses jambes. Ca s’annonce mal. Incapable de prendre appui sur le sol à cause de sa taille réduite, il rue en grognant pour se dégager, goûtant peu à ce qui risque de suivre s’il ne peut parer la prochaine claque. « R’lâchez-moi…! » crie-t-il en pure perte, noyé dans les sifflets et quolibets qui enflent dans la foule, encourageant les agresseurs, faisant si peu de cas pour la pauvre victime à terre et sa compagne éplorée ; les huées montent pour encourager le justicier pourfendeur d’Evolve, et Warren ne doit son salut qu’à l’adolescent effacé qui tente de s’interposer en pure perte. Celui-ci encaisse le coup qui lui était initialement destiné, recevant presque une ovation de son public mesquin qui s’écarte alors que le fantôme courageux recule.

Deux femmes bien trop élégantes pour le quartier entrèrent en jeu, fendant la foule sans mal qui réclamait du sang plus que des explications. La plus brune se mit à menacer dans le plus grand des calmes les deux brutes, officiant par la manière la plus simple et la plus connue de tous les Evolves : la menace Eraser. Sûrement trop occupée à régler des problèmes plus importants qu’une simple rixe xénophobe dans le climat actuel, mais suffisamment efficace pour faire redescendre le flot tumultueux alentour et hérisser lesdits Evolves, qu’ils soient puçés ou non. Les deux femmes ne bougeaient pas, bien trop sûres d’elles et complètement déplacées dans l’environnement ; tous se questionnaient sur leur provenance, bien avant leur génétique. Evolves ou humaines, elles venaient de relancer la lutte et le plus grand des agresseurs, peu impressionné par ce déploiement de classe ou d’influence, reprit la parole d’une voix forte pour se faire entendre de tous. Sûr de son bon droit et de ses privilèges, ayant déjà prouvé son non-respect en agressant sans distinction femme ou homme –comme celui à l’origine de tout dans lequel il écrasa son talon en ponctuant son discours de menace. L’effet de groupe est pernicieux, la foule est prompte à acclamer le plus fort, et les plus faibles, les perdants, les accusés ne sont bons qu’à détourner les yeux ou tenter de se relever. Baisser les yeux et survivre, ou se battre, rien n’avait changé en deux siècles. Ils étaient la risée de la foule, et le roi au centre canalisait leur haine à l’encontre de malchanceux de la génétique qui devaient juste subir, moralement ou physiquement.

Passablement échaudé, Warren sentit son épiderme recuire en protestation, incapable de se libérer de l’étau de muscles mais bien déterminé à finir à coup de savate le pivot central de la bataille –ne serait ce que pour se calmer. Que débarquent les Erasers et leurs moyens impuissants, sa rage montait graduellement en obscurcissant son jugement face à une injustice mille fois revue, et surtout face à des accusations honnies. La femme au sol, meurtrie, continuait à sangloter alors que la brute l’avait relâchée après quelque horrible confession, et son petit ami gisait non loin, inconscient et sûrement passablement abîmé par le déchaînement inhumain de violence. « On a pas choisi c’qui nous arrive ! C’est à cause d’gens comme vous qu’tout ça s’passe... ! »Déployer une capacité mutante au milieu de la place bondée aurait été la chose la plus stupide à faire, en plus de donner de l’eau au moulin de la majorité, et en serrant les dents pour réfréner une brusque envie de flammes l’adolescent tentait de se libérer en gigotant, comptant sur l’effet secondaire de sa condition infernale sans succès.

Le fantôme revint à la charge pour s’interposer une fois de plus, et plusieurs personnes retinrent leur souffle en attendant de le voir subir le même sort en protégeant la damoiselle échevelée et tremblante. Le cerbère de Warren commit l’erreur de relâcher légèrement sa prise alors que celui-ci se débattait dans son giron, et aussitôt que ses pieds trouvèrent prise sur le bitume l’Ancien en profita pour s’y appuyer pour mieux se libérer. D’une poussée, l’arrière de sa tête heurta le nez de son gardien à pleine vitesse, et le craquement conséquent à l’impact arracha un bruit écœuré à certains badauds. Glissant au sol, libéré, il n’hésita qu’un court instant entre aller vérifier l’état de son comparse Evolve inconscient ou se jeter dans la mêlée. Personne ne semblait vouloir s’impliquer, de toute manière, et la colère caractéristique avait déjà fait son chemin pour le diriger dans la bonne direction. Il se jeta sur le roi du ring avant que celui-ci frappe l’adolescent–bouclier de la jeune femme, l’interceptant à mi-chemin dans une envolée de flammèches incandescentes. Tant pis pour la retenue, il mourrait d’envie de lui faire payer malgré la différence de gabarit. Un souvenir frais de l’arène alors qu’il l’eut chargé au flanc, assez pour le renverser sous la surprise avant de se mettre à le frapper, poing surmonté d'un phoenix déployé.
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evolve
Alycia Taylor
Alycia Taylor
evolve



10.04.18 7:41
La situation dégénéra très rapidement. Déjà que tout ça n’était pas beau de base, l’intervention d’Ode et de moi-même régla rien du tout. Je ne suis pas du tout habituée à ça et j’ai rapidement perdu le fil des évènements, incapable de saisir l’évolution générale de l’environnement et comment je dois agir. Mon cœur me dit de séparer l’agresseur de ses victimes, mais ma tête m’en empêche avec une tonne d’arguments plus valables les uns que les autres. Je n’ai pas la carrure pour faire ça et je risquerais d’abîmer mon visage … Je ne veux pas prendre ce risque en ayant aucune garantie que cela réglerait la situation. En plus, Ode est là pour étendre l’influence de Searsmont, je ne suis pas sûr que ça se fait en jouant des poings.

Les pleurs de la jeune femme et la violence de l’agresseur me font hésiter de plus en plus, mais deux jeunes hommes sont intervenus avec un succès mitigé. Plus il y aura de personnes qui vont intervenir et plus il y aura de chances qu’une bagarre générale éclate et c’est la dernière chose qu’il doit arriver en ce moment … Je cherche un signe d’Ode du coin de l’œil, elle doit bien avoir une idée, un plan ou n’importe quoi d’autre ! Après tout, c’est elle qui voulait venir ici, je suis complètement larguée moi !

Mes regards se font plus insistants à l’intention d’Ode et, finalement, elle finit par poser ses yeux sur moi avec ce regard qu’elle seule peut avoir. Ce regard qui me rassure tout le temps, peu importe la situation. Elle sait quoi faire et c’est tout ce que je demande, c’est elle qui doit faire le premier pas. Mon rythme cardiaque accéléra un peu lorsqu’elle prit ma main. Je dois me reprendre, ce n’est pas du tout le moment de me laisser emporter par ces sentiments, mais c’est difficile. Je prends une grande inspiration tandis que la brune m’attire vers le combat. Elle ne va pas se battre, pas vrai ? Bien sûr que non, ce serait bien trop idiot … Elle ne compte sûrement pas sur nos pouvoirs non plus, ce ne serait pas sage de s’afficher ouvertement en tant qu’Evolve là maintenant. Très bien, je ferais mieux de la laisser faire pour le moment, même si je n’aime pas du tout la voir si près d’une bagarre …

Ode prit la parole, elle tente toujours de calmer le jeu, mais vu qu’elle ne veut pas se dévoiler son charisme s’en trouve limité … Oh. Je crois avoir compris. Je retire mes lunettes fumées pour dévoiler mon visage à tous, je contiens à peine les tremblements de mes mains, je ne sais pas si c’est l’adrénaline ou le stress, mais je dois rester confiante. Si ma beauté n’est pas suffisante pour dévier l’attention, nos mots feront le reste du travail. Ode termina à peine de parler que l’agresseur entreprit un monologue qui fit bouillir le sang dans mes veines. Premièrement, on ne parle pas de ma Ode comme ça. Deuxièmement, j’en ai plus que marre de ces gens limités d’esprits qui s’attaquent verbalement et physiquement aux gens comme ce pauvre homme, moi et tant d’autre dans cette putain de ville. Je me contiens de mon mieux, c’est sûrement peine perdue, car je sens ma main se serrer encore et encore autour de celle d’Ode. Je commence à perdre le contrôle, je le sens. Je ne sais même pas si je la fais souffrir en ce moment, toute mon attention est sur cet homme que j’ai envie d’étriper. J’ai de plus en plus chaud, mais au moment où je me sens prête à me lancer dans le tas, l’un de ces jeunes qui s’est interposé il y a quelques secondes en remet de plus belle. C’est juste assez pour que je puisse contenir. Bon, une ultime tentative. Un dernier essai de régler tout ça avec des mots, même si je n’y crois pas vraiment. Je m’exclame d’une voix forte et neutre, espérant attirer le plus de regard possible.

- C’est vraiment ce que vous voulez ? La violence envers les Evolves va rien régler du tout ! Ce sont eux qui sont persécutés et tant qu’ils le seront, ils vont se défendre. Vous devez savoir une chose, vous tous ! Searsmont veut aider les Evolves à s'en sortir contrairement à la majorité de cette ville. Comment pensez-vous qu'un groupe protecteur réagirait en voyant tant de violence gratuite ? La violence emmène la violence et Searsmont sera obligée de les défendre comme elle le peut tant que ce cycle ne sera pas brisé et cela commence par la fin de la persécution des Evolves !

Je crache cette dernière phrase avec haine et dédain avant de me retourner vers la foule, mon regard enflammé balayant chaque individu présent.

- Et vous, vous faites quoi là ? Intervenez bordel ! Faites quelque chose ! Si vous ne voulez pas vous risquer dans un combat allez avertir les autorités ! C’est à cause des foules silencieuses comme vous aussi si tous ces crimes haineux sont si peu punis et tant répandus !

Mon ton de voix avait de plus en plus augmenté au fil de mes paroles, au point qu’à la fin, j’étais presque en train de crier sans m’en rendre compte. Les gens ne vont pas se disperser après ça, ils sont sûrement trop choqués pour à peine bouger, mais c’est ce que je voulais, j’espère avoir fait sonner une petite cloche dans leur petite tête. Pour ce qui en est de l’Agresseur, j’espère presque qu’il me charge, cela montrerait bien à quel point ce ne sont pas les Evolves les sauvages et Ode pourrait avoir une belle ouverture pour conclure mes paroles en beauté.
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Le Régisseur
Le Régisseur
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11.04.18 21:24

L’histoire ne retient que la version des vainqueurs. Les perdants deviennent les effacés, les oubliés ; leurs histoires ne deviennent plus bonne à raconter, leurs leçons ne sont plus à tirer. L’être humain a toujours eu peur de ce qui était différent de lui : celui qui vit différemment, celui qui agit différemment, celui qui est différent. Les evolves ne sont pas une exception - incompris, incapables de maîtriser une évolution arrivée trop vite, ils en sont réduits à tenter de survivre sans se tuer ni tuer leur entourage. Une situation qui n’a jamais rien eu d’enviable. De même, l’histoire a parfaitement démontré que prendre une foule à parti n’encourage jamais les autres à intervenir - l’instinct grégaire étant ce qu’il est, l’être humain trouve la sécurité dans le nombre et la paix dans le “quelqu’un d’autre le fera pour moi”. Un beau discours qui aurait pu trouver un quelconque impact si l’attention de la foule n’avait pas été captivée par un garçon se prenant pour un chalumeau ambulant ; même si Goliath fut surpris au début, cela n'entama pas sa volonté d’en découdre - tout au plus oublia-t-il le couple qui avait attiré sa colère, se trouvant un nouvel ennemi, une nouvelle victime ; un garçon dont le corps famélique recelait plus de courage qu’une foule désœuvrée. L’un des individus (appelons le B) recula, préférant reporter son attention sur la jeune fille et son chevalier servant qui tentait tant bien que mal de la garder à l’écart du combat, même si cela devait la garder loin de son cœur. “ Besoin d’aide, gamin ?


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lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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Enoch Livingston
lost in the grey urban woods



17.04.18 12:30
Tout était chaud autour de lui ; les hautes silhouettes des badauds excités comme autant de merlons cerclant l'arène improvisée, la demoiselle affolée entre ses bras griffés, sa joue naguère meurtrie par une comète à cinq doigts – quand seul son cœur demeurait froid, sinon gelé, paralysé d'horreur et d'impuissance. Anarchiquement son sang cadençait, frappant sous ses tempes, filant le long de sa gorge étranglée, et il ne fit qu'un tour à l'instant où le colosse s'approcha d'eux dans l'intention évidente de finir son affaire. Déjà les spectateurs esquissaient un pas de recul, et si Enoch constata que l'espace vide alentour s'était élargi, ce n'était que pour mieux souligner le danger qui les auréolait, lui et la fille, menaçant de s'abattre tout à coup sur eux. Par réflexe, il se recroquevilla davantage tandis qu'il étreignait plus fort cette dernière, laquelle avait cessé de s'agiter pour gémir à travers ses sanglots mouillés maintenant que sa peur s'était consumée en détresse et sa déraison en résignation. Le gisant à quelques centimètres laissa échapper une drôle de plainte, inaudible derrière les cris lancés de-ci de là par la foule. Par ailleurs, les deux humains ne durent leur protection qu'à l'intervention du petit blond qui, une fois parvenu à se libérer de son brusque étau, sauta littéralement sur son agresseur – une attaque pas si surprise qui termina au sol avec un bruit mat, là où, dans une gerbe d'étincelles et de poings, les combattants se mirent à échanger frappes et grognements. Une confrontation déséquilibrée d'avance, tant leurs physiques évoquaient de plus antiques batailles au dénouement légendaire. Mais même sans invoquer les mythes profano-païens, le fantôme n'aurait pas donné cher de la peau – presque aussi pâle que la sienne – du garçon.
L'intervention de l'une des nymphes précédentes ne joua guère en leur faveur non plus. Aussi éloquente fût-elle, et si charismatique de par son aura, personne n'était réellement enclin à écouter ces discours cent fois entendus, encouragés par un gouvernement hypocritement soucieux de la paix sociale, teintés de cette même haine qu'ils tentaient pourtant de calmer. Cependant, un appel ne manqua pas de faire écho dans l'esprit d'Enoch, qui sentit aussitôt sa mémoire vriller sur ces syllabes familières – Searsmont – et à la seconde rejaillirent avec amertume les scènes de la mésaventure avec Chaze, la séance de racolage dans cet appartement assiégé, l'homme-vipère, la fiole de mutation, la planque des scientifiques, et toutes ces choses qu'il aurait aimé oublier sans jamais y réussir.
Searsmont. Les tarés manipulateurs au service de la suprématie evolvienne. Searsmont. Les pourfendeurs de l'autorité au profit de la domination des mutants sur la race humaine inférieure.
Elle avait bel et bien dit « Searsmont » ? Mais alors que l'Ancien sentit son échine se glacer sous l'assaut de ses souvenirs, un homme brandit le poing en direction de l'oratrice :
« Qu'ils viennent, ces Searsmont ! On les attend et on les accueillera comme il se doit ! » Une clameur affirmative s'empressa de soulever l'imprécation. « Où sont-ils maintenant ? Je ne les vois pas parmi nous ! Ici, il n'y a que des honnêtes gens que les erreurs des Evolves ont privé de leur confort, de leur foyer, de leur famille ! » Murmures approbatifs. À terre, Goliath avait emprisonné les poings de son adversaire dans ses paumes et écoutait d'une oreille intéressée le discours, acquiesçant avec moult satisfaction sonore tout en maîtrisant la crevette enflammée qui lui faisait face. « Cela fait des décennies que nous sommes obligés de les supporter, eux qui ne font rien pour s'intégrer, qui veulent nous assujettir avec l'aide de la bien-pensance du gouvernement ! Et maintenant, ils vont nous attaquer ! Et nous devrions les laisser faire ?! Nous devrions baisser la tête et reconnaître leur tort comme une justice ?! Moi je dis : ''Jamais !!'' » La foule s'empara de ce dernier mot pour le scander à l'unisson.

Enoch redressa la tête. Il aurait préféré la garder rentrée entre ses épaules et patienter ainsi jusqu'à la fin des hostilités – pas vu, pas pris – en position semi-fœtale, mais une présence à ses côtés l'avait soudain extirpé de sa prostration épouvantée grâce à une voix posée, grave quoique douce, qui contrastait avec toutes les autres. Personne ne semblait plus faire attention à eux, à présent que le sophiste avait captivé la foule par ses invectives. Bien qu'il n'appréciait guère d'être traité de « gamin », il s'interdit de répliquer et se contenta d'opiner sans trop y croire, les yeux glissant de ce faciès soigné à cette main tendue vers lui. Que faire ? Lui confier la fille et prendre la poudre d'escampette ? Saisir ce poignet pour se relever entièrement, mais sans se séparer de l'amoureuse ? C'est elle qui trancha :
« A-aidez-le... Ethan... Aidez-le. Je vous en supplie... »
Le nom de son fiancé, sans doute. Toujours affalé non loin sur le carreau, désormais négligé. Mais l'inconnu parut hésiter – peut-être réfléchissait-il à l'éventualité d'être pris à parti s'il tentait de s'occuper de l'Evolve ou ne serait-ce que d'être attaqué par le second larron, toujours debout au milieu. « Il n'a jamais rien fait de mal, il ne mérite pas ça... »
Et Enoch sentit sa poitrine se serrer lorsqu'elle enfouit son visage contre.
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evolve
Ode A. Griffin
Ode A. Griffin
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30.04.18 21:37
Une lueur de défi dans le regard, le fauteur de troubles ne semblait nullement impressionné par sa tentative de retour au calme. Au contraire, vu le sourire qu'il abordait, il se moquait ouvertement d'elle et le ton qu'il aborda ensuite ne fit que décupler l'agacement de la brune. Elle n'en montra rien pourtant, ses traits cachés sous un masque de neutralité. Mais Dieu, qu'est-ce que ça la démangeait de le détruire, là, maintenant, tout de suite, d'un simple claquement de doigt. Il se confondrait en excuses sous la douleur, assaillit par les esprits, et ramperait au sol comme la larve qu'il était. Un homme comme lui n'avait pas sa place dans son monde à elle, celui qu'elle cherchait à bâtir. Bien sûr, il était loin d'être faible et savait définitivement se battre mais il se trompait clairement de camp . Il n'avait pas la bonne force psychique. Il était un de ceux qui, autrefois, l'avaient hué et frappé.

Sans interruption, elle aurait sans aucun doute déchaîné toute sa haine contre lui. Il aurait pu goûter à une souffrance dont il ignorait tout alors qu'il s'affairait à écraser un peu plus la jeune fille et l'Evolve qui n'avait pas le cran de répliquer. Elle n'entendait plus les cris de la foule ni même les paroles de ceux qui avaient décidé d'intervenir. Son regard venimeux ne lâchait pas le mastodonte, un sourire cruel se dessinant sur son visage alors qu'elle voyait déjà ses pupilles exorbitées sous la douleur qu'elle lui infligerait. Malheureusement pour elle, le garçon téméraire se jeta à nouveau sur lui dans une volée d'étincelle. Et cette fois-ci, cela n'avait rien d'une métaphore. L'homme à terre, le blondinet n'hésita pas une seule seconde à lui décocher une volée de coups, visiblement hors de lui et lui sauvant probablement la vie. Sa soif retourna se terrer au creux de son estomac, patiente. Du coin de l’œil elle remarqua que le gringalet tenait à présent fermement la petite amie devenue victime, lui empêchant sans doute de retourner dans la mêlée. Et, pas très loin, l'Evolve gisait au sol, sonné par tous les coups qu'il venait de recevoir. Pendant quelques secondes, elle l'observa avec un air de dégoût et l'idée de le laisser se complaire dans sa médiocrité lui traversa l'esprit. Mais non, elle devait penser à Searsmont avant tout, bien que l'idée d'offrir une chance à ce genre de personne lui donnait la nausée.

L'idiot qui s'était joint au combat, du côté des plus ignorants, n'avait à présent plus aucune proie sous la main mais retourna rapidement sur le blond pour tenter de l'extirper de son nouvel meilleur ami. La foule les acclamait, véritable armée menaçante qui se dressait devant eux. Elle pourrait dire n'importe quoi, ils étaient à présent piégés et le seul moyen pour eux de s'en sortir était de les écraser. C'est alors qu'Alycia se décida à prendre la parole, sa voix bien que douce emplissait la foule. Ode l'écouta d'une oreille distraite, les voix en elle s'étaient de nouveau éveillées et criaient à la torture. Les esprits s'agitaient, vibraient au plus profond de son âme et n'attendaient plus que son ordre pour passer à l'attaque. Quel plaisir serait-ce de les lâcher, surtout en écoutant la réplique pathétique provenant de l'assemblée face aux paroles de sa secrétaire. Son regard se porta immédiatement lui, le transperçant à travers les verres sombres de ses lunettes. Un sourire sadique se dessina alors sur ses lèvres et elle fit quelques pas dans sa direction.

« - Oh, tu les accueilleras comme il se doit, vraiment ? »

Il aurait mieux fait de garder son stupide discours pour lui. Ne lui avait-on pas appris à tourner sa langue trois fois dans sa bouche avant de parler ? Dommage pour lui, il allait le regretter amèrement. A présent, elle se fichait bien d'effrayer tous ces imbéciles, la tentation était devenue beaucoup trop forte. Ils méritaient tous de souffrir, ignorants qu'ils étaient. Aveugles et faibles.

Elle s'arrêta à quelques mètres de lui, sa stature toujours bien droite et menaçante.

« - Searsmont est juste en face de toi lui souffla-t-elle en se penchant vers lui. Où est donc le bel accueil que tu as promis ? »

Il s'apprêtait à répondre mais l'héritière Griffin ne lui en laissa pas le temps. Seuls trois mots résonnèrent dans sa tête. Trois petits mots qu'elle avait pensé un nombre incalculable de fois et qui suffirent à ouvrir la cage, déversant violemment un flot de rage et de désir malsain. Elle sentait les esprits s'échapper, ravis d'avoir une nouvel victime pour assouvir leur soif. Ils se jetèrent sur lui sans aucune retenue, lui griffant les bras afin de s'y agripper et de ne plus jamais le lâcher. Et la magie débuta. L'homme commença à se tordre de douleur, tomba à genoux tout en crachant des râles emplis de souffrance. Sous la surprise, les personnes aux alentours reculèrent de quelques pas et tous avaient le regard rivé sur ce misérable pour qui sa vie venait de prendre le pire tournant possible. L’égyptienne, de son côté, se délecta de ce spectacle mais conserva tout de même une mine normale, légèrement teintée de surprise. Cela ne l'empêcha pas pour autant d'asséner un coup de pied bien placé dans l'estomac du malchanceux, qui se retrouva à terre, à sangloter comme un moins que rien. Elle reporta ensuite son attention sur la foule, soudainement silencieuse et tendue. Oh, qu'est-ce qu'elle adorait sentir la peur enserrer le cœur des Hommes.

« - Regardez-vous, vous êtes pathétiques débuta-t-elle d'une voix calme mais forte. J'ai pourtant cru en vous, pendant quelques minutes. Je me suis dit que vous aviez tout de même une once d'humanité et que vous n'encourageriez pas ces actes immondes. Supporter les Evolves ? Depuis le commencement, ce sont eux qui supportent votre haine. Depuis le début vous êtes ceux qui les avez rejeté, chassé, battu. Vous leur avez craché au visage sans même chercher à comprendre. Vous avez tous agit comme des lâches, aveuglés par votre crainte infondée. C'est vous qui attaquez depuis le début, pas les Evolves. Vous pouvez vous amuser à le nier, les faits sont pourtant bien là. J'en ai assez de voir mes compagnons souffrir à cause de personnes comme vous. De rester les bras croisés en espérant que vous finirez par comprendre que vous vous trompez sur toute la ligne. C'est terminé à présent. Le prochain qui touchera à un seul de leurs cheveux, et elle désigna le fiancé à terre ainsi que le blondinet téméraire plus loin, ils subiront le même sort que cette larve déclara-t-elle en écrasant son pied sur l'omoplate de l'homme en pleures à terre près d'elle. »

Avec ça, elle allait peut-être pouvoir se faire entendre des Evovles et les fédérer. Ils pouvaient très bien se trouver dans la foule, se contentant d'observer, ou de regarder le spectacle de plus loin. Et, dans le pire des cas, il restait toujours le bouche à oreille, très efficace dans cette partie de la ville, mais sur lequel elle n'avait aucun contrôle. Un risque à prendre qui ne lui faisait pas peur. En cet instant, elle se sentait invincible, insufflant la crainte dans l'esprit de ses ennemis et la soif de sang des esprits vibrait en elle, en rythme avec les battements de son cœur. Tant pis pour la finesse, la discrétion et l'empathie, elle avait une mission à accomplir, un devoir. La voix de Searsmont devait se faire entendre et si elle ne pouvait pas avoir cette foule de son côté, elle la forcerait à la craindre.

Pivotant sur elle-même, elle reporta son attention sur le mastodonte, qui avait tourné la tête vers elle, enserrant toujours les poignets de son adversaire mais sans doute suffisamment assez distrait pour qu'il lui échappe.

« - Tu as l'intention de continuer ? demanda-t-elle d'une voix horriblement douce. »
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Le Régisseur
Le Régisseur
PNJ



01.05.18 20:52


On pouvait les craindre et les détester, mais on ne pouvait contester qu’il y avait un attrait particulier à ces evolves utilisant leurs pouvoirs aussi aisément que respirer. La jeune femme faisait parti de ce lot. Dangereuse et consciente de ses limites, elle installa sa domination aussi aisément qu’on marque du bétail au fer rouge - et dans l’esprit de Goliath, la voix le hanterait probablement jusqu’à sa mort. Les coups et les insultes, les menaces, il connaissait : on ne vivait pas toute sa vie dans l’entre-deux sans savoir survivre à ces pathétiques tentatives. Mais cette peur et cette douleur, ces atroces souffrances qui n’étaient pas tout à fait sienne… C’était nouveau. Effrayant. Terrifiant. La foule recula d’un pas, peur mêlée de superstition - une nouvelle histoire allait bientôt courir dans les bas-fonds, une nouvelle légende urbaine murmurant que Searsmont était là, qu’ils seraient libérés de leurs peurs et de leurs faiblesses. Mais pour le moment… Il n’y avait qu’eux et la foule. Ces êtres que rien ne liait - quatre personnes n’ayant presque rien en commun. Quatre personnes qui avaient décidé d’agir, pour des raisons qui ne se ressemblaient pas. La foule se détourna, prenant le parti d’ignorer la fin du spectacle. Très rapidement, il n’y eu plus qu’eux six - les victimes et les sauveurs. Même le Goliath tira sa révérence, tiré par deux copies presque conforme de ce qu’il était. Et le silence se fit, à peine rompu par les chuchotements derrière les ruelles.


****

Enoch ⇒ bravo, tu as bien veillé sur la jeune femme. Tu lui as donc évité une situation franchement horrible derrière la ruelle. Sachant pertinemment que ceux qui traînent dans le coin ne veulent généralement pas être reconnus, la jeune femme ne dira rien sur toi mais se souviendra de toi ; tu as donc désormais une infirmière chevronnée dans tes amis, prête à t'aider dès que tu en aura besoin.

Warren ⇒ félicitations aussi, tes coups portés vous ont permis de gagner des points. Malheureusement, plusieurs témoins peuvent jurer avoir vu un poing enflammé, donc il y a des chances que tu sois reconnu et pas mal embêté pour la suite. Mais c’est très probable qu’ils auront un peu peur de passer au grill.

Ode ⇒ on ne va pas mentir, Ode a été reconnue sur les lieux - après tout, on ne peut pas être une célèbre femme d’affaire et botter le cul des méchants sans être reconnue (sauf si on met des lunettes). La rumeur disant qu’Ode A. Griffin est une evolve aux pouvoirs terrifiants va donc courir, ce qui risque de nuire à quelques partenariats.

Alycia ⇒ de la même manière qu’Ode, Alycia a été reconnue. Personne ne se souvient trop de ce qu’elle a fait, même si c’était probablement la même chose que chaque jour : seconder Ode du mieux qu’elle le puisse.

Tous ⇒ Les secours arrivent peu après sur les lieux, prenant en charge le couple. Pas de mort cette fois-ci, beaucoup de peur et de mal. La jeune femme vous est reconnaissante de votre aide, même si vous l’avez ignorée au début. C'est pour cela que dans sa déposition, vos descriptions seront volontairement floues - après tout, on ne traîne pas dans l'entre deux si on désire être reconnus. Malheureusement, la rumeur elle, on ne peut pas vraiment l'arrêter, donc vous avez désormais une petite réputation dans le coin. Sinon, vous avez débloqués une scène spéciale, OH OH OH.

****

Deux silhouettes s’éloignaient - un adolescent sautillant et débraillé, ainsi qu’une femme d’âge moyen, à l’air grave. “Je ne pensais pas que ça tournerait ainsi”, chantonna l’adolescent. “Mais tant mieux, tant mieux ! Ils apprendront. Ils réaliseront. Un jour, ils sauront que…” “Non” le coupa la femme. “Ils n’apprendront jamais. Mais cette femme… Peut-être”, sourit-elle en se frottant le menton. “Oui, peut-être.”.
Deux silhouettes de plus, disparaissant dans les ombres des bâtiments abandonnés.




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