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.So close to life. [Lexus & Shane]
lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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Enoch Livingston
lost in the grey urban woods



31.07.16 21:40
Il était sorti plus tôt ce jour-là, non pour faire montre d'une redoutable ponctualité, mais poussé par l'envie d'effectuer un détour avant d'arriver au point de rendez-vous. Malgré son impatience, il ne pouvait pas faire grand-chose contre la vitesse du temps, ni l'accélérer ni la ralentir, alors il avait décidé d'utiliser les quelques heures qui lui étaient imputées depuis son réveil afin de flâner le long des rues d'hiver plutôt que de rester chez lui à végéter sur le tapis. Il avait de la lecture en retard, pourtant, seulement il savait que s'il se mettait à lire à cette heure-ci, il était capable de laisser filer la journée entière sans s'en rendre compte ou, pire, de s'endormir le nez entre deux pages, les théories sur la quadrature du cercle dans la constellation du cygne étant dotées d'un pouvoir soporifique hors du commun. Détrompez-vous : ce livre était excellent. Il avait juste le malheur de posséder un  très long paragraphe sur ces réflexions échevelées, fumeuses plus que fameuses, qui empêchaient le garçon d'en continuer la lecture sans risquer l'endormissement soudain. Et comme il avait ses lubies littéraires, parmi lesquelles ne jamais sauter un chapitre, il était coincé. Son astronef manquait de puissance pour franchir ce cap difficile, cette ceinture d'astéroïdes ; il lui aurait fallu un plein de café intergalactique, et encore, il craignait que ce ne soit pas suffisant pour avoir raison de ce concentré de thèse astronomique. Non, vraiment, il avait préféré sortir, s'aérer le crâne, et arriver à l'heure pour attendre son ami.

Les mains dans les poches de son éternel sweat gris, son écharpe claire enroulée autour du cou et dans laquelle il aimait enfoncer le museau, il eut l'idée de s'aventurer du côté de la Cité académique, là où paraît-il Shane avait élu domicile, d'après leurs derniers échanges. Pas qu'il voulut sonner à l'appartement, d'ailleurs, et ainsi tirer son inséparable compagnon par la peau des fesses pour qu'il descendît plus vite – ils auraient tout aussi bien pu convenir d'un autre horaire, dans ce cas –, mais sans se l'expliquer, il avait eu le désir d'apercevoir de ses propres yeux l'environnement dans lequel le petit brun avait élu domicile. Du repérage, en quelque sorte. Avec son faciès d'adolescent chétif, sa dégaine d'étudiant fauché, il n'attira guère l'attention en franchissant les grilles du campus, quand bien même il ne possédait ni sac ni carte ni quoi que ce fût qui l'aurait aidé à se fondre efficacement dans la masse. Aucune importance de toute manière – personne ne le remarqua hormis un agent d'entretien des espaces verts mécontent de le voir marcher sur la pelouse au lieu d'emprunter les sentiers piétons et un professeur qu'il faillit bousculer mais qui, les nez dans ses copies corrigées, ronchonna sans daigner relever la tête. Infiltration réussie.
Il n'essaya cependant pas de tenter le Diable en s'introduisant dans les bâtiments, ces vastes constructions vitrées, dont les plaques de verre diffusaient des informations en temps réel sur à peu près tout ; les dernières informations télévisées, la météo, l'éphéméride, les objets perdus sur le campus, la vie étudiante. Un bon moyen pour empêcher les élèves de plaider l'ignorance. Dommage qu'aucun n'ait pensé à pirater le système pour faire défiler es réponses du prochain examen en gigantesque, sur l'ensemble de la façade. Et même s'il n'en aurait sans doute jamais l'utilité, Enoch méprisa aussitôt cette infrastructure pour ce qu'elle avait d'ostentatoire et d'arbitraire. Il haussa les épaules et poursuivit son chemin.

Plus loin, il longea ce qu'il devina, à l'odeur, être le réfectoire. Sur les tables intérieures, filles et garçons tapotaient sur leurs ordinateurs en buvant du chocolat chaud et en grignotant des muffins et des pancakes en sachet ; certains finissaient leur nuit, cuvaient leur alcool ou révisaient à la dernière minute ; d'autres draguaient les cantiniers – des jobs à mi-temps pour les universitaires – grugeaient sur les portions de caramel ou échangeaient des bons plans sur leurs tablettes. Tout ce que le fantôme, grand déserteur des bancs d'école, n'avait guère connu – et il n'en était pas mort, loin de là. Ce qu'il n'avait pas enduré ne pouvait lui manquer ; il ne ressentait ni ce pincement nostalgique au cœur ni ce réconfort d'avoir échappé à cette ruche gazouillante. Trop d'énergie, trop de vitalité. Ce n'était pas pour lui et il était satisfait d'y avoir échappé. Dire que Shane habitait à côté de ça.
Le plan d'eau, aménagé près des installations sportives, lui plut davantage. À cette saison, il était peu fréquenté et le gel de janvier avait rongé les bords de cet étang surmonté d'un petit pont de bois – imitation bois – que le garçon emprunta en sifflotant, l'esprit tout à coup submergé par ces images de romans dans lesquels les héros passent dans un univers parallèle en franchissant une passerelle. Néanmoins, en mettant le pied de l'autre côté de la rive, à peine eut-il le sentiment d'avoir avancé. Il délaissa l'endroit pour flirter devant la numérithèque avec le programme des conférences, sans succès. Il avait raté la section ouverte au public du trimestre précédent, celle lors de laquelle des scientifiques venaient discourir sur les Evolves et évoquer devant les étudiants les débouchés de leurs parcours dans les branches des départements d'Études evolviennes ou d'Industrie technologique. Un choix de carrière restreint. Heureusement, l'université de Madison proposait des cours dans toutes les matières possibles et imaginables, les plus prisés touchant bien évidemment à la génétique et à l'informatique tandis que le dernier de la liste, qui luttait chaque année pour ne pas être fermé, accueillait tant bien que mal trois à quatre passionnés d'incunables médiévaux. Il n'y a pas de secret. Enoch abandonna la banque d'archives numérisées. Avant de quitter le campus, il zigzagua un moment entre les logements jeunes, espèces de constructions aux allures de Lego mal finis, aux toits végétalisés et captant l'énergie solaire par un ingénieux système de fenêtres réversibles, sans essayer de deviner à quel étage habitait l'Ancien qu'il devait retrouver plus tard.

Revenu aux frontières du centre-ville, il s'enfonça dans une ruelle commerçante où il commanda un latte arôme noisette, sirota son gobelet devant une enseigne immobilière en se disant qu'il lui faudrait économiser au moins quinze ans pour pouvoir s'offrir le moindre appartement, glissa sous l'échelle d'un échafaudage en souriant des superstitions habituelles et crut discerner plus loin, à l'intérieur d'un véhicule chromé, le profil assoupi d'Anselme. Bizarre qu'il ne fût pas à l'école un vendredi matin, sans pour autant squatter la Cabane. Jetant un coup d'œil à son bracelet, le jeune homme constata qu'il lui restait encore une petite demi-heure avant de devoir se poster près du square pour y guetter le Treazler sauvage, si bien qu'il commença de s'y diriger sagement, le pas léger, songeant à ce que son ami avait de si important à lui dire pour qu'il ne voulût pas l'exprimer par message différé. Le ton de leur échange laissait toutefois présager qu'il ne s'agissait de rien de grave, bien heureusement, mais la curiosité du spectre était de cette texture sensible, fébrile à la moindre pique, et il lui tardait d'apprendre la nouveauté ; de son côté, il avait aussi son lot d'aventures à conter à l'Evolve, de même qu'une jolie surprise qu'il avait hâte de lui dévoiler, à la manière d'un éclat flamboyant. Campé à l'entrée du petit parc urbain, à demi-appuyé contre la grille où s'enroulaient des brins de liseron, il envoya un « J'y suis ~ » par sms au principal intéressé et se mit à patienter.
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evolve
Shane Treazler
Shane Treazler
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03.08.16 8:54
Shane n’était pas en avance ce matin. Il avait donné rendez-vous à Enoch au parc parce que cette fois, il avait quelque chose d’important à lui annoncer. Depuis qu’il avait retrouvé Alice et qu’il vivait avec elle, c’était probablement l’un des plus gros changements dans sa vie. Alors il avait voulu en avertir le principal concerné. Parce qu’en tant que compagnons de toujours, il y avait des choses qu’ils devaient se dire. Et ce même s’il avait tenté de le rencontrer une bonne dizaine de fois et qu’ils n’avaient jamais réussi à se trouver. Ne cédant pas à la facilité de le lui apprendre par sms, il avait donc pris son mal en patience jusqu’à aujourd’hui. Et puis il savait que son ami, discret, lui cachait également probablement des choses, parce qu’il n’était pas du genre à parler aussi facilement sans qu’on l’interroge. Le genre de personne à ne pas dévoiler qu’elle a pensé à votre anniversaire avant de vous offrir un cadeau, même si ce n’est pas le jour J.

En arrivant au point de rendez-vous, il vit Enoch tranquillement assis sur un banc. Il l’attendait probablement depuis un petit moment, Shane s’approcha saluant son compagnon. Mais, en s’asseyant à côté de lui, après qu’ils aient un peu discuté, Enoch lui parut hésitant. C’était plutôt étrange de sa part. Alors Shane s’assagit, se muant dans le silence pour écouter sagement.

« Écoute Shane… Il faut que je te dise… J’ai rencontré quelqu’un… »

Alors que ses mots sortaient de la gorge Shane comprenait bien le sens de rencontré quelqu’un. Un immense bonheur se diffusa dans les veines de Shane. Ce ton ne pouvait signifier qu’une chose.

« … Une personne à laquelle je tiens beaucoup et que je tenais à te présenter. C’est… »

La fin de sa phrase fut happée par une autre voix provenant de devant lui.

« Moi. »

Shane se tourna vers ladite personne curieux et se statufia. Il aurait reconnu ce blond au sourire carnassier entre mille. Alors que Jesse s’avançait vers lui et qu’Enoch se blottissait contre lui, Shane sentit son cœur cesser de battre.

« Alors, je t’ai manqué Shane ? »

Shane bondit de son lit en poussant un petit cri. Il jeta un œil autour de lui alors que de la sueur perlait encore sur son front. Prenant le temps de fermer les yeux et tentant de calmer sa respiration, le garçon s’occupait de baisser son rythme cardiaque encore trop élevé. Un cauchemar… Ce n’était juste qu’un cauchemar. Le jeune brun poussa un soupir en appuyant sa tête contre ses mains. Bordel mon cerveau, tu ne me fais plus jamais ça… S’il te plait… Ce n’est pas comme si Enoch avait ce genre de relation avec ce… Monstre… Alors n’imagine pas n’importe quoi. Le petit brun enleva alors ce qui restait de couette avant de passer ses jambes de l’autre côté de son lit. Il lui fallut un peu de temps en position assise, de quoi récupérer de ses émotions, avant de pouvoir se relever définitivement. Il chercha du regard la salle de bain, de quoi se passer un coup d’eau sur le visage. Il se sentit alors apaisé. Il s’acclimatait lentement au fait qu’il vivait avec Alice, cette réalité ne le frappait que quelques minutes après son réveil, comme s’il vivait un rêve journalier auquel il avait lui-même du mal à croire. Mais pourtant c’était sa vie à présent. La repérant du regard, il s’y dirigea lentement. Jetant un coup d’œil à un réveil qui trainait sur la table il remarqua qu’il avait encore largement le temps avant son rendez-vous avec Enoch. Le vrai cette fois… Ce n’était pas comme si son ami allait lui annoncer pareil nouvelle après tout. Prenant le temps de s’humidifier la truffe, il se prépara ensuite un café. Versant le contenu dans un bol, il ferma les yeux et laissa le liquide chaud couler au fond de sa gorge. Son esprit se fit plus clair et il put commencer à réfléchir à ses pleines capacités. Alice avait dû se lever avant lui. Si lui avait une journée de congé, ce n’était pas le cas de tout le monde. Elle n’avait probablement pas voulu le réveiller en s’en allant et avait fait le plus discrètement possible pour se lever. Cela lui ressemblait bien. Même si de toute manière, il aurait probablement dormi comme une pierre en tous les cas. Sur lui, il sentit son bracelet vibrer. Les nouvelles du matin sans doute. Prenant le temps de prendre une dernière gorgée, il jeta un œil à ce qui y était inscrit. Et là il se statufia.

J’y suis ? Comment ça j’y suis ? Pourquoi Enoch y était ? Et puis où ? Il voulait dire qu’il était sorti de chez lui ? Ou bien dans le bus peut-être ? Non, il était trop tôt, il ne pouvait pas vouloir dire… Shane jeta un coup d’œil au réveil regardé plus tôt et un sourire crispé se dessina sur son visage. Pourquoi les aiguilles étaient dans la même position ? Pourquoi l’heure n’avait-elle pas bougé ? Il se trouvait dans une faille spatio-temporelle ? Il s’était découvert le pouvoir de stopper le temps ? Non… Après tout, on entendait encore l’agitation dehors. Sauf si tous les humains s’étaient transformés en evolve capable de stopper le temps, c’était peu probable. Alors quoi ? Shane jeta un coup d’œil à l’heure inscrit sur son bracelet. Son sourire se transforma en grimace alors qu’il constatait l’horrible vérité.

« Bordel ! Mais je suis complètement à la bourre ! »

Cette foutue horloge détraquée ! Elle n’aurait pas pu lui dire qu’elle ne marchait plus ? Non, non ! Madame l’horloge avait décidé que non, qu’elle allait rester silencieuse et bouder sans jamais le prévenir. Mais quelle horloge de… Shane se rua dans son placard, il y tira les premiers vêtements qui passait pour les enfiler – dieu merci, ils n’étaient pas trop mal accordés – avant de poser son bol dans le lave-vaisselle et fuir en courant.

« Toi je te jure que je te retiens ! »

Le réveil s’en sentirait coupable à coup sûr. Fermant la porte à clefs, il dévala alors les marches quatre à quatre avant de se ruer dans la rue. Depuis ce point, il se mit à courir comme un dératé, bousculant quelques personnes sur son passage en s’excusant. Il ne prit pas le temps de réfléchir et se dire qu’il pourrait-être judicieux de prévenir Enoch de son retard. Il se contenta de courir aussi vite qu’il le pouvait, comptant inconsciemment sur sa chance et l’anticipation de son camarade. Enfin parvenu au parc, il chercha Enoch du regard et le repérant fonça vers lui. Il se stoppa alors devant le banc complètement essoufflé. Peinant à retrouver son souffle, il s’adressa tout de même à lui.

« Désolé… De… T’avoir… Fait attendre… Le réveil… M’a… Complètement lâché… »

Il se laissa alors littéralement tomber sur le banc à côté d’Enoch en poussant un soupir de soulagement. Il allait encore lui falloir une bonne minute pour récupérer.
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lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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08.08.16 16:56
Mais que faisait donc Shane ? Ils avaient pourtant dit onze heures. Voilà ce qui arrivait lorsqu'on était trop ponctuel : on se retrouvait à attendre sur le trottoir, mieux planté qu'un poireau, et le temps se mettait à s'étendre d'horrible manière jusqu'à ce que la plus petite minute écoulée prît des proportions d'éternité. Enfin, pas tout à fait, n'exagérons rien, mais pas loin. Quand bien même Enoch aurait été d'une grande patience, il eut de quoi s'agiter sur place, marcher trois ou quatre pas vers la gauche, trois ou quatre pas vers la droite, revenir à son emplacement précédent – au cas où son ami serait arrivé à cette seconde précise – et se tourner les pouces de nouveau. De bonne guerre, il décida d'entrer à l'intérieur du parc pour y guetter cette apparition qui n'apparaissait pas. Il jetait de temps à autre un coup d'œil à son bracelet afin de vérifier qu'il n'avait pas reçu de message envoyé en catastrophe, une justification quelconque à ce retard, telle que des ralentissements dans les transports en commun, un embouteillage piétonnier à un passage clouté ou un touriste perdu qui aurait demandé son chemin au garçon, le jugeant sympathique et avenant. Rien, pourtant. Silence radio. Et le fantôme se demanda s'il ne s'était pas produit un incident dont il n'aurait pas pu être au courant, un désastre imputant directement le jeune Evolve. Après tout, comment savoir si son pouvoir ne s'était pas déclenché par mégarde, s'il ne s'était pas renversé une armoire dessus en essayant d'attraper un tee-shirt ? Non, il préférait ne pas y penser. Depuis qu’ils se connaissaient, et probablement depuis que le mutant avait découvert son pouvoir, Shane avait toujours veillé à retenir son don, à restreindre les émotions qui auraient pu le provoquer ou à ne l’exprimer qu’involontairement, en tentant de produire le moins de dégâts possible. Aucun risque donc qu’il ait tué quelqu’un sur le chemin.
La plaisanterie ne prit pas.

Sous ses yeux, le parc accueillait de jeunes familles ou des vieillards fatigués ; un groupe d’enfants jouait avec un hélicoptère téléguidé et un bébé, couvé du regard par deux hommes, goûtait pour la première fois des brins d’herbe. Pas de bruits autres que les exclamations joyeuses de la marmaille ou le babil emphatique des mères. Un jour paisible, au ciel entaché de quelques nuages rondouillards et cotonneux. Pour un peu, l’Ancien se serait assoupi. Mais alors qu’il se laissait aller au calme, un mouvement affolé se déclencha soudain à la périphérie de sa vision et il tourna la tête dans cette direction pour découvrir Shane, essoufflé et à demi débraillé, qui fonçait sur lui. L’envie lui vint aussitôt de partir en courant à son tour pour lui faire une blague, à la manière d’un inconnu qui craint de se voir bousculé par un gosse haletant, cependant il resta sagement assis pour accueillir son ami avec un sourire amusé. Fidèle à lui-même, le Shane. Il n’avait pas changé d’un iota.
« Eh bien, tu es tombé du lit », répondit-il aux excuses saccadées de son compagnon. Sacré réveil. Même deux cents ans plus tard, les pannes arrivaient toujours et personne n’était à l’abri de ce genre de contretemps fâcheux, de quoi vous épuiser pour le reste de la journée. Il ajouta, tapotant distraitement l’épaule de son voisin, un pouffement dans la gorge : « Prends ton temps, respire. » Après tout, ils avaient attendu suffisamment longtemps avant de se revoir qu’ils pouvaient bien patienter deux minutes de plus – ce n’est pas comme si un piano allait se fracasser sur leur crâne ou une explosion retentir à deux mètres d’eux. Tout était calme. Serein. D’une tranquillité limpide, ce qui étonnait Enoch autant que cela le réjouissait, car jusqu’à lors il avait vécu tant d’aventures en compagnie du petit brun qu’il aurait fini par croire que, dès qu’ils étaient ensemble, il leur arrivait une crasse. Un systématisme fatal.
Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, c’était chocolat chaud et papotages, rires et partage. Obligé.

La respiration de Shane retrouva peu à peu sa régularité tandis que les couleurs de sa course quittaient doucement ses joues. Affalé sur le banc, mou comme une chique, il inspira une petite plaisanterie au fantôme, qui ne se fit pas prier pour assouvir sa curiosité par la même occasion :
« Alors ? Quelle est donc cette nouvelle pour laquelle tu pulvérises le record de Carl Lewis ? » Ce qui, pour des Anciens, était clairement un exploit.
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Shane Treazler
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26.09.16 13:21
Il avait beaucoup de mal à retrouver sa respiration. Bien qu’assit. Et en réalité, ce n’était pas tout à fait anormal. Pour commencer, il avait énormément couru, de quoi largement le mettre en haleine. Puis, il n’avait pas pris le temps de marcher, de quoi interrompre brutalement son métabolisme et se couper les jambes. Et puis, pour ne rien arranger, il était tellement pressé de parler qu’il ne parvenait pas à se concentrer sur sa récupération. Son souffle saccadé l’empêchait donc à la fois de s’exprimer ou de se remettre. C’est ainsi, erreurs accumulées, que d’une minute il passa à cinq plus impatient encore de pouvoir s’adresser à son partenaire de toujours.
Et d’ailleurs, son ami devait lui aussi être impatient de l’entendre puisqu’à peine récupéré, il alla droit à l’essentiel, sans passer par la case papotage classique. Il lui sourit alors.

« Oui enfin… Carl Lewis n’avait pas littéralement des réacteurs à la place des jambes. »

Ah… Mais peut-être que le fantôme n’était pas au courant pour ce détail. Enfin, ce n’est pas comme si le brun avait déjà eu l’occasion de lui en parler.

« Par contre t’abuse ! Normalement on est censé préparer l’ambiance pour ce genre de déclaration. Tu sais, genre aplanir le terrain, te demander comment tu vas… Tu sais, dire des banalités, et puis d’un coup, paf ! On ralentit la parole, on prépare le discours et on amène le plat de résistance ! Enfin… Ce n’est pas comme si on était dans un film. Je me doute que tu n’as besoin de ça. Alors… »

Shane s’enfonça un peu plus sur le banc, chose pourtant difficile lorsque le banc en question était fait d’une matière dure. Il jeta un regard à son compagnon, pris une inspiration, poussa un soupir avant de fixer le ciel, n’osant pas tenir les yeux d’Enoch. Peut-être était-ce dû à un peu de honte… La phrase peina un peu à sortir.

« J’ai… J’ai repris les études. Des études de psychologie. »

Il se frotta l’arrière de la tête un peu gêné.

« Je sais, quand on connait mon tempérament, c’est presque absurde. Mais en même temps… Je veux pouvoir écouter et aider les gens. C’est plus fort que moi. Et je sais que certain en ont besoin. Surtout depuis l’arrivée des evolves. Un peu comme tu l’as fait pour moi à une époque quand j’en avais besoin. »

Il essaya de se détendre un peu, mais malgré lui, il sentit ses poings se resserrer sur ses jambes. Parce que l’avis d’Enoch était quelque chose de très important pour lui… Et qu’il savait que son compagnon serait honnête, quoi qu’il en pense.

« Ne m’en veux pas. J’aurais pu te le dire bien avant mais… Je n’avais pas le cœur à le dire simplement en passant par une machine. C’est le genre de chose qu’on dit de vive voix ! Et du coup… »

Shane laissa cette phrase en suspens. Parce qu’il ne savait pas ce qu’allait en penser son ami, et qu’il ignorait s’il avait bien fait de le faire languir. Et bien qu’il s’agisse d’une nouvelle importante, pour ne pas dire un tournant dans sa vie, peut-être que ce n’était pas le cas pour tout le monde, ou que son compagnon fantomatique ne le voyait pas comme tel. De toute façon il allait rapidement le savoir.

HRP:
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Enoch Livingston

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Enoch Livingston
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06.10.16 21:55
Oh, d'une certaine manière, pour le commun des mortels, Carl Lewis possédait bel et bien des réacteurs à la place des jambes. Ce n'était certes en apparence qu'un amas de muscles, d'os et de tendons mieux huilés que la moyenne, mais s'il fallait voir dans la réplique de Shane une plaisanterie à l'encontre de sa propre condition, Enoch ne la révéla pas – après tout, le petit brun n'avait pas non plus des hélices greffées aux mollets, donc pourquoi le faire remarquer de cette façon ? Parfois, le fantôme ne saisissait pas très bien l'humour de son meilleur ami. Il ne saisissait pas toujours l'humour tout court, d'ailleurs. En revanche, il s'amusa davantage du reproche que ne manqua pas de lui asséner son compagnon à propos de la rudesse de ses questionnements ; préparer l'ambiance, aplanir le terrain ? Se prenait-il pour une damoiselle du siècle passé, prompte à s'évanouir au moindre aveu un tantinet délicat et qu'il eût fallu protéger au mieux d'une déclaration quelque peu remuante ? C'était lui demander un effort considérable que de vouloir qu'il agisse comme tout un chacun, en suivant le sens ordinaire des conversations mondaines. Dieu que cela paraissait barbant, artificiel et inutile. Dire des banalités. Pour qui le prenait-il ? Un étudiant en économie ? Et en parlant d'études...
Au fond, Shane avait plus parlé de son point de vue que de celui de son acolyte ; pour preuve sa méthode d'orateur en train de mettre en pratique sa théorie – ralentir la parole, préparer le discours, et voilà le plat de résistance, tout frais tout chaud, sans même prendre la peine de se répandre en menus propos ordinaires. Comme quoi, cela avait du bon de ne pas être dans un film ; les choses allaient beaucoup plus vite que s'il fallait endurer un interminable duel de regards. Beaucoup plus vite et avec beaucoup plus d'énergie, aussi, car rien ne remplacerait jamais la présence humaine. Tout en écoutant le brunet lui apprendre la Grande Nouvelle, Enoch constatait que, durant tout ce temps où ils ne s'étaient pas vus, Shane ne lui avait pas manqué – il ne lui avait pas manqué non pas parce qu'il ne l'aimait pas assez, mais parce qu'il avait tellement eu peur de le perdre lors du transfert dans le futur, tellement peur de ne plus le retrouver après cela, que le fait de le savoir loin de lui ne l'affectait plus autant. Sentiment chaleureux et âpre à la fois que de se sentir proche dans l'absence, de savoir qu'il était là, quelque part, et que c'était suffisant à son existence. Certes, le revoir en chair et en os lui causait un plaisir évident qui lui mettait le rire au bord des lèvres. Néanmoins il n'éprouvait plus cette douleur creusée à même le torse, ce gouffre insondable dans lequel il avait cru s'enfoncer en avril. La vie lui souriait de nouveau, ainsi qu'il l'annoncerait bientôt à son ami ; en attendant il se réjouissait de cette décision, stupéfiante quoique rassurante.

« Tu n'as pas besoin de te justifier autant, tu sais », commença-t-il par répondre, avant que son cadet n'embrayât de nouveau sur d'autres explications. Lui en vouloir de ne pas lui avoir dit plus tôt ? Quelle idée saugrenue. Il aurait dû n'être qu'un égoïste capricieux pour prendre la mouche pour si peu. En tout cas, la prudence qu'entretenait Shane dans son discours se voulait presque une insulte à la confiance qu'ils partageaient – on eût dit que celui-ci se méfiait de la réaction de son partenaire, bien qu'il n'en montrât rien. Il se contenta de sourire dans un premier temps, une mince courbe réconfortante sur son visage blême, avant d'exposer son point de vue complet :
« Ne t'en fais pas, je te suis reconnaissant d'avoir voulu me le dire en face. Et tu as du courage d'avoir repris des études, surtout dans une branche aussi complexe que celle-ci. Je ne crois pas qu'un diplôme en psychologie te soit indispensable pour écouter et aider les gens dans le besoin, puisque c'est quelque chose que tu peux faire tous les jours en agissant naturellement, néanmoins je suis certain que tu y trouveras ton compte. »
Oui, sans doute l'Evolve cherchait-il une autre légitimité à ses agissements, un enjeu différent ; désir de faire ses preuves, gratitude envers quelqu'un, enjeu humanitaire... Les raisons abondaient sans que l'Ancien ne pût mettre le doigt sur une seule d'entre elles – un peu de tout, certainement. Mais pas le simple vœu d'aider son prochain et de jouer les catholiques, ça non, c'était trop sommaire, trop vulgaire pour expliquer une telle voie.
« Cela dit, je n'ai pas l'impression d'avoir été à tes côtés lorsque tu en avais besoin... » ajouta-t-il alors, une note amère sur la langue, en baissant les yeux sur ses genoux. D'un geste, il rassembla ses paumes, s'accouda par-dessus ses genoux et se pencha en avant comme pour se mettre à réfléchir – sans pour autant cogiter ardemment. Il relâcha un soupir puis, relevant le front en direction de son ami : « Du coup, tu as dû faire des rencontres parmi tes camarades, non ? »
Eh oui, les cours, c'est bien, les potes, c'est mieux. Même si cette question portait une nuance de crainte que le spectre n'avait aucun mal à dissimuler ; pour un Ancien, Evolve de surcroît, il était peut-être difficile de se lier avec des gens de son âge ancrés dans leur époque, de nouer des relations avec des adolescents à mille lieues des préoccupations d'un exilé sans famille. Et c'est ce qui inquiétait le plus Enoch, sans qu'il ne l'exprime clairement : l'idée que son meilleur ami n'en ait pas d'autres, lui.
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Shane Treazler
Shane Treazler
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18.10.16 23:38
Le petit brun attendait avec une certaine impatience l’avis de son ami. Pourquoi ? Simplement parce qu’il était son ami. C’était parfaitement absurde mais c’était la seule explication qu’il pouvait trouver. Alors quand celui-ci lui exprima qu’il n’avait pas besoin de se justifier, il se relâcha. Il le savait en réalité, mais il avait besoin de lui expliquer la réalité des choses. Pas parce qu’il craignait un quelconque courroux de la part du fantôme. Simplement parce qu’il lui montrait ainsi que les choses avait une raison d’être et qu’il tenait plus que tout à lui. Une preuve que son amitié n’avait jamais été entamé, que jamais il n’avait oublié son compagnon. Et que, plus que tout, il tenait à lui.

Aussi, lorsque le verdict tomba, Shane l’écouta sagement. Il ne trouvait pas cela particulièrement courageux que de reprendre là où il s’était arrêté. C’était plutôt une manière de vivre en son temps. Il ne pourrait pas rester éternellement le jeune garçon qu’il était. Parce qu’il devait pouvoir vivre par ses propres moyens à son tour, et qu’il avait une personne à protéger désormais. Bien entendu, Enoch mis immédiatement le doigt sur un détail important : la nécessité de la chose. Cependant, de son point de vue, il se méprenait sur un point. Il n’était pas nécessaire d’être médecin pour soigner des gens, pas nécessaire d’être peintre pour pouvoir faire de l’art, pas plus qu’il fallait être romancier pour pouvoir écrire ou mécanicien pour vouloir réparer des objets. Cependant, dans chacun de ces métiers il y avait une chose importante : la passion que l’on prenait à mettre du cœur à l’ouvrage, ainsi que les compétences que l’on développait par l’apprentissage. Ainsi, même si pour écouter une personne il n’y avait pas besoin d’être psychologue, pour l’aider après l’avoir écouté, il était probable que les études et la formation jouent fortement en sa faveur. Alors pourquoi s’en priver ? C’était peut-être d’ailleurs ce que l’autre ancien voulait dire par « trouver son compte ». Et puis, qui mieux qu’un ancien evolve pourrait écouter d’autres evolves ?

La suite fit lever les yeux à Shane, même s’il ne le montra pas. Enoch se sous-estimait grandement. Il n’imaginait pas à quel point il l’avait sauvé. Et pas qu’une simple fois, bien au contraire. Il en comptait au moins trois sans faire le moindre effort. Alors que lui ait du mal à s’en souvenir, c’était assez dépitant. Et le pire, c’est que cela semblait l’ennuyer. Cela amusa Shane en un sens qui cacha un sourire en détournant le regard. Parce qu’il n’y avait nullement besoin de penser pour savoir.

C’est alors que la seconde question tomba. Question en somme anodine, mais qui allait peut-être surprendre le fantôme. Car la réponse était aux antipodes de ce que le jeune evolve avait l’habitude de montrer. Celui-là sourit d’ailleurs à son camarade, signe que tout allait bien.

« Oh tu sais, des rencontres j’en ai faite oui, mais on ne peut pas dire pour autant que j’ai eu énormément de camarades. »

Il plaça un doigt sur ses lèvres et leva la tête au ciel, signe qu’il réflechissait.

« Et ce n’est pas tant surprenant, un evolve doublé d’un ancien, ça doit être un peu vieux jeu. Et vu comment je me dépatouille avec la technologie… Il y en a pas mal qui fuient. »

Il reposa son coude sur sa jambe et appuya sa tête sur sa main ainsi stabilisée. Il fixa alors son ami.

« Enfin, il y en a bien une qui a franchi le cap. Une dénommée Wendy qui ne suit malheureusement pas les mêmes cours que moi, mais que je retrouve à l’occasion de certains cours communs. Elle est adorable, même si un peu tête en l’air. Et elle a une sœur qui est tout aussi gentille bien que tête brûlée. »

Il marqua une pause pour reprendre son souffle et voir si Enoch suivait avant de continuer.

« Au moins, ça me permet de savoir rapidement ce qui sont mes vrais amis. Et pour le moment ils se comptent sur les doigts d’une main. Et même Alice, tu dois te souvenir que je ne peux plus la considérer comme une amie à présent. Enfin… Je m’en ferai probablement d’autres un jour, je ne m’inquiète pas à ce niveau. »

Il rayonna davantage en prononçant ces paroles.

« Mais je parle, je parle, et toi dans tout ça ? Que deviens-tu ? As-tu trouvé des camarades ? »

Un sourire pour ponctuer qu’il le charriait en passant.
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lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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21.11.16 23:14
Que Shane lui répondît qu'il ne s'était pas fait de nouveaux amis et Enoch ne l'aurait peut-être pas cru ; il lui paraissait si invraisemblable qu'on pût ne pas apprécier le petit brun, ne pas lui reconnaître d'excellentes qualités qui forgent les liens les plus solides, telles que l'empathie, la générosité, la sincérité et quelques autres encore qu'il n'aurait pas énoncées à haute voix de crainte de le faire rougir. Pour l'avoir côtoyé tout ce temps – et dans des circonstances plus extravagantes les unes que les autres – le fantôme était sûr d'une chose : s'il lui était donné la possibilité de tout reprendre de zéro, de faire table rase de ces douze derniers mois et poursuivre une existence normale, il aurait refusé pour ne pas supprimer cette amitié-là de ces souvenirs, et sans nul doute aurait-il souhaité la revivre de nouveau, dans chacune des dimensions parallèles qu'il aurait pu visiter, dans chacun des arcs temporels que sa vision aurait exploré. C'était pourtant un peu présomptueux de les croire, ainsi qu'un œil extérieur l'aurait peut-être compris, des âmes-sœurs ; d'aucuns auraient même pouffé à cause de ce qu'ils n'attribuaient à cette dénomination qu'une valeur amoureuse – ce n'était pas le cas, à l'évidence. Mais enfin, c'était aussi fort, plus puissant même, qu'une banale relation sentimentale. Il y avait entre eux une confiance telle qu'elle paraissait bâtie dans un diamant brut, sculptée dans un marbre de Carrare, un lien plus massif qu'un séquoia fossilisé et plus vaporeux qu'une brume d'hiver. Invisible. Intangible. Incompréhensible, fatalement. C'était là, un axiome, un truisme, tellement vrai que cela en devenait risible et dérisoire, mais c'était là. Leur amitié. Envers et contre tout.
C'est pourquoi le fantôme ne pouvait s'empêcher de sentir une infime aiguille de jalousie lui piquer le cœur en entendant parler de Wendy. Il se trouva idiot – comme si une fille pouvait mettre deux cent ans de fidélité en péril – et s'empressa de chasser ce ressentiment pour se réjouir au mieux de ce que lui racontait Shane. Adorable et tête en l'air. Soit. Qui se ressemble, s'assemble, dit-on, et l'Ancien ravala un petit rire en songeant que son ami était probablement tombé sur son double au féminin et qu'il ne s'en rendait même pas compte. L'annonce de la sœur, en revanche, l'étonna, en ceci qu'il fut envahi d'une certaine curiosité à l'égard de cette « tête brûlée » anonyme. Néanmoins, il laissa mûrir ses questions et continua d'écouter le petit brun, au bord des lèvres duquel se profila bientôt la silhouette d'Alice. C'est vrai qu'il lui avait avoué naguère, pour eux deux. Cette pas-si-surprenante évolution avait enthousiasmé l'aîné, à l'époque, car l'aura de Shane à cet instant exhalait tant de bonheur qu'il aurait été impossible de ne pas se réjouir avec lui ; pour autant, Enoch ne pouvait être de ceux qui auraient vanté les qualités extraordinaires de la jeune fille, son incommensurable douceur ou son infinie tendresse. Et pour cause, il ne connaissait d'elle qu'un aspect sévère, suspicieux, assez morose en définitive, qui n'empêchait de juger impartialement de cette demoiselle. Cependant, il reconnaissait sans mal que cette impression n'était due qu'aux circonstances de leur seule et unique entrevue, et que s'il était amené à revoir l'Evolve dès à présent, son jugement serait tout à fait en mesure de changer pour le mieux. Après tout, Shane l'aimait et elle aimait Shane ; par cette simple réciprocité, elle ne pouvait être une mauvaise personne.

La pensée d'Alice, ou plutôt des sentiments d'Alice et du récent statut de son meilleur ami, eut tôt fait d'entraîner Enoch vers ses propres émotions et, lorsque son complice de toujours lui retourna l'interrogation en accentuant sur le dernier mot, nulle figure amicale ne flottait dans son crâne mais bien une lueur chaleureuse, mystique, au rire rouquin et aux yeux d'océan. Le sourire de Shane ne le rassura pas – aurait-il deviné ce qu'il allait dire avant même qu'il ne le prononçât ? Aurait-il été victime d'une flambée inopinée de sixième sens ? Non, impossible. L'Evolve n'était pas devin, juste taquin. Quoique peut-être un chouïa chaman tout de même, car le spectre dut avouer que, dans son questionnement, il avait lancé sa canne dans la bonne direction, n'attendant que de ferrer le gros poisson. La belle sirène, en l'occurrence.
« Heu... oui... oui, on va dire ça » commença Enoch, subitement embarrassé à l'idée de déclarer ce genre de choses. Pas qu'il craignait que Shane ne se moquât de lui ou quoi que ce soit dans ce goût-là – cela aurait été tellement improbable de la part de l'étudiant – mais il n'avait toujours pas pris l'habitude de voir Lou envahir d'un seul souffle toutes ses pensées, de se rendre compte que tout, absolument tout le ramenait à elle, la ramenait à lui, et qu'on lui aurait parlé de chou-fleur ou d'embouteillages sur l'autoroute qu'il aurait été capable d'y trouver de quoi associer les circonstances à la jeune femme, et ainsi la convoquer de nouveau à sa conscience. C'était effrayant, en un sens. De savoir qu'elle avait pris une place aussi gigantesque durant un laps de temps aussi court, et avec autant de délicatesse et de discrétion ; le jour d'avant, elle n'existait pas, et ensuite plus rien n'était pareil. Il vint rabattre une mèche de cheveux derrière son oreille, geste pudique témoignant mieux que les mots de son état d'esprit, tandis qu'un sourire timide s'était mis à flotter sur sa bouche.
« C'est pas vraiment un camarade, non, mais... j'ai rencontré quelqu'un. Enfin, rencontrer, je veux dire... tu vois. » Heureusement qu'il était capable de voir, parce que ce n'est pas avec ces paroles hésitantes, trébuchantes, qu'il aurait pu comprendre quelque chose. « Je ne sais pas trop comment décrire cela... C'est la première fois que je ressens quelque chose de la sorte. C'est bizarre. » Il eut un bref rire, une raillerie destinée à lui-même, à son ignorance, et une tentative furtive pour balayer sa maladresse, sans guère de succès. Sous le banc, ses jambes commencèrent de s'agiter au fur et à mesure qu'il la dessinait en paroles : « Elle est... raisonnée, vive, curieuse de tout, appliquée dans ses travaux, consciencieuse. Avec le sang chaud, certes, mais elle est tout à fait capable de prendre du recul et d'analyser la situation sous un autre angle, d'en discuter. D'écouter. Tu la connaîtrais que tu trouverais cela drôle mais... c'est une fille lumineuse. »
D'accord, le jeu de mots était merdique et, depuis le temps, il aurait dû apprendre à ne plus l'utiliser. Sauf qu'il trouvait toujours cet adjectif terriblement juste lorsqu'il lui fallait qualifier Lou : lumineuse. Étincelante. Flamboyante dans ses colères, et cependant bienveillante, apaisante à la manière d'un feu naissant, tantôt légère comme une flammèche ou hostile comme un brasier, tantôt aussi vulnérable que des braises exposées. C'était Lou, son Loup, sa Lou, et chaque fois qu'il parlait d'elle le moineau entre ses poumons palpitait doucement, fébrile, gêné et exalté à la fois, en un mot comme en cent – amoureux. Avec le temps, même la réalité de sa condition, une Evolve, avait fini par disparaître de ses considérations, et c'est pourquoi il n'en fit pas mention. Elle était Lou, pas Evolve, et Shane n'avait pas besoin de connaître ce détail pour comprendre qu'aux yeux de son ami, c'était tout ce qui importait.

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Shane Treazler
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28.12.16 18:47
Shane souriait encore de sa précédente taquinerie. Pour une raison qui était encore obscure, celle-ci avait eu l’air d’avoir de l’effet. Plus qu’escompté en tout cas. Le jeune garçon face à lui ne semblait pas savoir où se ranger, ni quoi dire. Et lorsqu’il répondit à la positive, Shane redoubla de sourire, ne parvenant plus à masquer ses dents, forçant même ses paupières à se plisser légèrement. Parce qu’il connaissait son compagnon, et que même s’il savait que celui-ci n’était pas le plus sociable, s’il montrait sa vraie nature à quelqu’un, il le prendrait dans ces filets. Alors certes l’image était mal trouvée, ça et le fait que le fantôme n’en avait nullement la prétention. Mais les faits étaient là. Enoch était ce genre de jeune homme. Une personne discrète, trop discrète même. Ce genre de gars qui ne cherchait pas à se rapprocher de quiconque. Un fantôme en somme. Mais il partageait avec les esprits bien plus qu’une apparence spectrale. Tout comme eux, une fois que quelqu’un reconnaissait son existence, il ne pouvait plus en détacher le regard. Il ne s’agissait pas d’effroi, ça non, mais d’une contemplation naturelle pour une curiosité de la nature. Il suscitait tout d’abord de l’intérêt. Puis, une fois que l’on avait passé cette frontière entre réel et irréel, que l’on avait mis un pied dans l’inconnu, alors on découvrait l’étendue de ce que l’on avait toujours ignoré. On redécouvrait la vie de manière différente. On appréciait les choses les plus simples. On se délectait de chaque situation nouvelle. Aussi facilement que ça. Et lorsque l’on revenait sur terre, on était changé. Définitivement et pour le meilleur. C’était tout ça, ce Livingston.

En revanche, ce que le petit brun n’avait pas anticipé, c’était ce qui avait suivi. Cette rencontre avec « quelqu’un ». Parce que Shane était naïf certes. Mais il ne s’agissait pas non plus d’un abruti fini. N’importe qui aurait compris de quoi parlait Enoch, même les plus jeunes. Et si Shane resta un instant les yeux écarquillés et la bouche en « o », ce n’était pas par rejet, ni par dédain. Simplement d’une surprise assez prononcée. Parce que cela avait dû se faire très vite, et qu’en plus cela s’était produit dans cette nouvelle époque. Et puis, au fur et à mesure que son compagnon avançait dans ses explications, sa bouche s’étira en un sourire incertain, avant de s’affirmer plus encore. A tel point que, lorsque vint la description de sa sensation, Shane détourna le regard pour contempler droit devant lui et pouffer d’un rire léger. Alors comme ça tu as réussi, tu as trouvé quelqu’un. Shane ne parvenait pas à dissimuler son bonheur. Il le sentait affluer en lui sans qu’il n’en comprenne le sens. Après tout, il n’était pas du tout concerné par la situation, bien plus en retrait. Mais pourtant c’était là, indéniable et immuable. Une empathie ferme et définitive qui refusait de le quitter. Alors il l’écouta affluer en paroles indistinctes, et il remercia intérieurement cette jeune inconnue. Parce qu’il n’avait jamais vu de mémoire son ami aussi heureux. Et que cela lui permettait de découvrir une autre facette chez l’ancien. Celle d’un garçon amoureux.

Lorsque son ami acheva de décrire la créature de ses rêves, Shane ne put se retenir de passer un bras autour de son épaule pour le secouer vigoureusement de droite à gauche.

« Ah ah ah ! En voilà une sacré nouvelle ! Ça me fait ultra plaisir pour toi ! Il va falloir que tu me la présente un de ces jours. »

Il arrêta de le secouer pour le regarder dans les yeux, un sourire bien plus léger sur le visage.

« Enfin, bien entendu le jour où tu en ressentiras l’envie. Mais sache que j’ai hâte de la rencontrer. »

Il relâcha sa prise se reconcentrer.

« Lumineuse, hein ? Tu dois vraiment avoir beaucoup d’affection pour elle. »

Il sourit en baissant la tête pour ne pas qu’on voit son visage.

« Mais elle ne le sera jamais autant qu’Alice, j’espère que tu en as conscience. »

Petite taquinerie, Shane savait pertinemment que lorsque l’on aimait quelqu’un, il était improbable que quelqu’un d’autre puisse être mieux. Et donc dans ces conditions, tout était relatif. Shane était véritablement heureux. Même s’il ne l’avoua pas, il n’avait jamais douté un instant que le fantôme puisse plaire, il avait tout pour lui. En revanche, c’était le contraire qui lui avait émis des doutes. Il ne savait pas si Enoch allait parvenir à trouver quelqu’un qui lui convienne, mais surtout, s’il oserait se lancer dans ce genre de relation. Après tout, au contraire de deux adolescents normaux, ni l’un ni l’autre n’avait jamais abordé le sujet des copines et de ce que cela impliquait. Il aurait été peu étonnant qu’ils leurs failles chacun des années pour comprendre et apprendre comment se comporter ou quoi faire. Mais finalement, chacun avait trouvé une partenaire patiente et suffisamment gentille pour ne pas les critiquer sur leur inexpérience. Et c’était probablement pour cela que chacun avait pu s’engager sur cette voie.

Finalement Shane se frotta la tête légèrement, ce n’était pas comme s’il n’avait rien à dire, pas comme s’il ne savait pas quoi faire, mais il ne s’était jamais retrouvé dans une situation si calme auprès du fantôme. Alors les choses qui paraissait naturel avec d’autres ne l’était peut-être pas tant avec lui. Et pour autant l’inverse était vrai. Ils auraient dû affronter un dragon dans la seconde qu’il n’aurait eu aucune surprise et se serait contenté de coller son poing à celui de son partenaire de toujours avant de se lancer dans la mêlé. Mais aujourd’hui n’était pas ce genre de jour. Aujourd’hui était un jour de repos. Un jour où ils allaient faire des choses que tout bons amis font ensemble. Et même si aucun ne savait réellement comment s'y prendre, ils y arriveraient, tous les deux. Alors Shane bondit finalement pour se remettre sur ses deux pieds avant de lancer à son compagnon.

« Et que dirais-tu qu’on aille poursuivre cette conversation autour d’un chocolat chaud ! Ou d’un café si tu veux ! C’est moi qui régale pour fêter ça ! »

Bon… Il ne savait pas où en trouver un, mais marcher aléatoirement, ça fonctionnait aussi. Il attendit donc sagement que son compère se redresse à son tour.

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Enoch Livingston

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07.01.17 13:43
Ça y est, il l'avait dit. Avec maints balbutiements, une brassée d'hésitation et une gêne évidente, en constatant à la fin de son monologue qu'il n'avait pas effleuré un millième de ce qu'il aurait pu avouer, qu'il n'avait pas décrit plus d'un atome de ce qui constituait Lou, mais enfin, il l'avait dit. Il ne s'en sentait pas libéré – il l'était déjà avant même d'ouvrir la bouche – car jamais la jeune femme n'aurait pu représenter un quelconque poids à ses yeux, au contraire. Elle était, d'une certaine manière et à bien des égards, un souffle salvateur, une brise libératrice dans ce monde souvent oppressant. Même si, au fond de lui, Enoch s'en voulait de ne réussir qu'à dresser un portrait aussi fade, aussi minimaliste de la demoiselle ; elle aurait mérité mieux que ces quelques mots, mieux que ces phrases malhabiles. Que le langage est impuissant à traduire les sentiments ! Il lui aurait fallu créer un dictionnaire entier pour espérer toucher du bout des lèvres l'essence de la rouquine, pour la rendre intelligible au commun des mortels. Cependant, ce maigre aperçu semblait convenir à son ami, qui ne fut pas en reste. Son geste amical, qui surprit le fantôme, témoignait de son enthousiasme, voire de son euphorie à l'idée d'imaginer son complice de toujours en couple. Hu. [i]En couple.[i] Quelle bête expression. Elle ferait pourtant l'affaire.
Lorsque le petit brun avança une éventuelle rencontre, les images se précipitèrent, nombreuses quoique floues, dans l'esprit de l'Ancien. À l'évidence, Shane se montrerait plein de curiosité et d'interrogations envers la fée, tout en ménageant peut-être une certaine émotion, le genre qui vous fait sourire sans comprendre, rire aux éclats pour des broutilles, une joie partagée, en somme. De même s'il annonçait son bonheur et son impatience tandis qu'il secouait son malheureux compagnon, il en ferait sans aucun doute une démonstration similaire devant Lou, allant jusqu'à coller sur ses iris des décalcomanies en forme d'étoiles. Ce serait amusant. Souriant pour lui-même, Enoch se demanda comment Lou, elle, réagirait face à cet adolescent surexcité ; s'il était impensable qu'ils ne s'entendent pas – il n'avait pas pour habitude de choisir comme connaissances des êtres diamétralement opposés –, un léger doute subsistait. Toutefois, ils étaient aussi, tous deux, des Evolves. Peut-être ce trait commun les rapprocherait d'une façon à laquelle le petit Poucet ne pourrait jamais prétendre, en tant qu'humain. Peut-être en éprouverait-il une étincelle de jalousie. Mais non. Il préférait ne pas y penser. Evolve ou non, cela ne faisait aucune différence.

« Oh, si, je crois bien... » plaisanta-t-il à la comparaison de son ami d'avec Alice. Il n'ignorait pas que cette dernière, en posture d'amoureuse, se plaçait au sommet de l'univers selon la conception de Shane ; toutefois, cet adjectif ne pourrait guère être pris au sens littéral de la chose, et c'est précisément sur ce point qu'Enoch faisait jouer les mots. Certes, Lou n'avait aucune chance de rivaliser avec Alice dans l'imaginaire de l'étudiant, mais d'un point de vue empirique, la rousse détrônait de loin la blondinette. Puériles batailles d'humour.
L'invitation pour un chocolat chaud – un café, un latte, un cappuccino, qu'importe tant qu'il y avait de la noisette dedans – le réjouit et le garçon acquiesça. Il faisait froid à cette période, début janvier, alors se réfugier à l'intérieur d'un salon de thé pour y siroter une boisson chaude était tout à fait approprié. D'autant que, comme le faisait si justement remarquer la description dans le post de Shane, les deux acolytes ne s'étaient encore jamais livrés à une occupation aussi... banale et tranquille que prendre un café en se racontant leurs non-aventures. Ou plutôt, leurs exploits sentimentaux respectifs, c'est-à-dire le fait d'avoir trouvé chacun une fille qui veut bien d'eux. Hé, c'était peut-être un fait extraordinairement ordinaire pour quiconque, néanmoins c'était presque un miracle selon leur perspective – eux-mêmes n'avaient pas dû y croire les premiers temps. Après tout, qui pourrait affirmer, dès la première seconde de la première minute, en apprenant que ses sentiments sont réciproques, y croire avec la fermeté du marbre, en être sûr avec la robustesse de l'airain ? Il n'y a bien que dans les films qu'un regard échangé suffit à dessiner une certitude éternelle. Et puis bon, Shane et Enoch, quoi. Moi même, j'ai encore du mal à me dire que c'est vrai.

« Tu régales ? Avec ton salaire inexistant ? » La moquerie était légère, sans méchanceté. Le mince sourire sur le visage du spectre en attestait. Au fond, il ignorait si Shane était en possession d'une bourse pour sa reprise d'études, s'il avait trouvé un job à mi-temps comme la plupart des bacheliers ou s'il avait piqué un peu de sous dans la tirelire d'Alice – l'origine de cet argent ne le préoccupait pas plus que cela. En revanche, il s'en voulait un peu de s'inquiéter pour cela, et de juger désagréable une telle proposition. Il ne souhaitait ni passer pour un pauvre ni paraître abuser de la gentillesse de son allié de la dernière heure. Sans doute celui-ci avait-il beaucoup de frais pour couvrir ses études, son loyer, sa nourriture, ses dépenses annexes et tout le toutim. Mais refuser était hors de propos ; il ne se serait probablement pas laissé faire et aurait déniché un moyen de payer dans son dos, à son insu, ou de prendre toute la – petite – place devant le guichet afin d'empêcher le fantôme de régler la note. Technique ninja. Ou bien aurait-il donné un coup de pouvoir pour le faire trébucher et lui passer devant, à la manière d'une course ridicule effectuées par un couple de vieillards devant un paquet de chips ? N'importe quoi. La faim devait le faire délirer.
« Je te suis, déclara-t-il enfin en se redressant. Est-ce que tu connais un endroit particulier ou bien on marche et on avise lorsque quelque chose nous tape dans l'œil ? »
Il y avait de fortes chances pour que ce soit la seconde option. Ce qui ne dérangeait pas outre mesure l'Ancien.

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evolve
Shane Treazler
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17.02.17 23:43
En le connaissant, certains auraient pu penser que le garçon était complètement fauché. Ils auraient eu raison. Pour autant, en entendant le fantôme lui faire la réflexion, Shane sourit dans le vide en se souvenant qu’Enoch, en plus d’être attentionné, avait la sale habitude d’être pertinent. Et quoi de plus agaçant que quelqu’un qui sait toujours exactement ce qui se passe devant lui lorsqu’il s’agit de cadeaux. À cette allure, Shane était condamné à ne jamais pouvoir lui faire plaisir ou le surprendre, cela devenait de plus en plus compliqué. Et pourtant, une part de lui-même savait qu’il serait toujours capable de lui apporter du neuf en trifouillant du vieux. Parce qu’il aimait à croire que le jeune garçon et lui-même ne serait pas aussi proche s’il en était autrement. Il ne savait pas exactement ce qui faisait ainsi tourner les choses, ni même pourquoi lui-même se sentait aussi proche de cette créature de la nuit. Mais les faits étaient là. Ils étaient amis.

Alors, fixant son camarade, il lui jeta un regard complice avant de poursuivre.

« Oh ! Tu n’imagines pas tout ce que je peux faire pour de l’argent, et tu ne veux pas savoir d’où il peut venir. Après tout, ce n’était pas évident d’arracher son sac à cette grand-mère ! »

Belle tentative qui aurait marché, avec Enoch c’était une certitude, si les paiements se faisaient autrement que par bracelets. En réalité, Shane avait bénéficié d’un peu d’argent découlant de la bourse qu’il obtenait en tant qu’ancien étudiant. Ça, et le fait qu'il avait en effet croisé une grand-mère généreuse qu'il avait aidé dans un magasin... Certes ce n’était pas grand-chose, mais c’était assez pour un chocolat de plus. Le garçon n’était pas très matérialiste, après tout, l’argent servait à être dépensé au final. Pourquoi tenter de le conserver ?

Quant à la question qui suivit, Shane s’amusa qu’elle lui soit posée. Cela étira un sourire qui ne l’avait pas encore lâché.

« Bien sûr qu’on va aviser ! Je ne sais pas toi mais je ne connais pas encore cette ville par cœur ! On peut faire de belles découvertes ! »

Shane le pensait vraiment, en se baladant on pouvait voir de nombreuses choses auxquelles on ne prêtait d’ordinaire pas attention. Donc le fait de devoir trouver un café était à la fois une véritable envie, mais également un sacré prétexte pour pouvoir se promener avec son meilleur ami. Et il n’allait pas passer à côté d’une telle occasion de pouvoir passer un peu de temps avec lui. De mieux connaitre cette personne dont il ne connaissait pas toutes les facettes. De tester de nouvelles choses ensemble. Alors tournant la tête et levant le doigt loin devant lui, il failli hurler un « Objection ! » mais préféra opter pour un bon vieux :

« Allons-y ! »

Et il se mirent en chemin. En commençant par sortir du parc pour retrouver la civilisation. Une trop grande civilisation. Shane remarqua qu’il n’avait jamais assez prêté attention à ce qui l’entourait. Ces voitures qui ne roulaient plus, ces hologrammes qui prenaient vie à droite à gauche. Toutes ces choses nouvelles qui l’entourait. Et ces gens qui marchaient sans regarder devant eux. Les gratte-ciels qui s’élevaient plus haut que jamais. Il était d’ailleurs compliqué de savoir à quoi ressemblait un café de ce temps. S’agissait-il d’une petite bâtisse rappelant la maison ? Ou de quelque chose de plus imposant ? Existaient-ils seulement encore ? Probablement… Et c’est au milieu de tout ce mouvement, de toute cette vie qui se manifestait que Shane se rendit compte pour la première fois de la poussière qu’il était à l’échelle du monde. Une poussière qui avait vécu hors du temps. Qui s’était laissé porter, n’ayant finalement que très peu d’influence sur sa propre vie. La contrôlait-il ? Il n’en était plus si sûr. Ce ne fut qu’en sentant Enoch à ses côtés, plongés dans ses réflexions, que le petit brun sourit. Peut-être qu’à l’échelle du monde, il n’avait aucune importance. Probablement que cette poussière n’avait aucune influence, pas même sur sa propre existence. Mais si à cette échelle il était insignifiant, et s’il se laissait porter où le monde voulait le mener, il suffisait de se rapprocher. Le plus près possible. De changer cette échelle trop lointaine. Et de se rendre compte. Se rendre compte que cette poussière avait une petite influence, un poids, une signification pour les autres poussières de ce monde qui l’entourait. De même qu’elles en avaient pour lui. Et ça, c’était le bien le plus précieux que ce désert avait à offrir. Cela seul justifiait son existence.

Shane s’arracha à ses réflexions, se rendant compte que, dans sa contemplation, il avait laissé son esprit s’égarer et avait perdu de vue son premier objectif. Curieusement, Enoch était resté silencieux tout ce temps. Non pas qu’il n’avait rien à dire probablement, peut-être même que Shane ne s’était pas rendu compte qu’il lui avait parlé. Le garçon se reconcentra. Il détailla avec une attention plus grande ce qui l’entourait. Et soudain, il se stoppa. Parmi la foule, une chevelure rosée inhabituelle. L’une de celle qui ne laissait aucun doute quant à la personne à qui elle appartenait. Une autre poussière.

« Enoch, je crois que je connais cette personne là-bas. Je vais vérifier ! »

Alors Shane pressa le pas, s’assurant sans le regarder, qu’il ressentait toujours la présence du fantôme non loin de lui. Zigzaguant au milieu de la foule, il s’approcha suffisamment prêt de la jeune femme afin de pouvoir lui mettre une main sur l’épaule.

« J’en étais sûr ! Comment ça va Lex’ ?! »
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Lexus Shepard

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23.02.17 16:22
La journée s'annonçait paisible aujourd'hui. Le soleil faisait acte de présence entre les quelques rares nuages blancs dans le ciel et il ne faisait ni trop froid, ni trop chaud. Le temps idéal pour se promener un peu en ville, ce que Lexus n'allait pas se priver de faire. C'était son jour de congé alors elle allait en profiter un maximum. Cassandra travaillait aujourd'hui mais elle lui rendrait sans doute visite ce soir, et elle s'occuperait de promener Bahamut une fois qu'elle aura eu sa dose de commerce pour la journée. Pour l'instant, elle flânait dans les rues piétonnes de Madison, se demandant où elle allait pouvoir grignoter. Son regard s'accrochait sur les différentes vitrines de différents restaurants, qui semblaient succulents mais cela ne l'aida pas à faire son choix, bien au contraire. Elle avait toujours du mal à trouver de quoi ravir son estomac. Si seulement elle pouvait manger à différents endroits en même temps, cela résoudrait le problème. Mais c'était impossible, en plus d'être ridicule. Elle n'avait plus six ans, normalement elle ne devrait plus être aussi gourmande !

Son regard fut alors attiré vers une enseigne, un petit restaurant qui ne payait pas de mine mais dont le nom lui rappelait vaguement quelque chose. Si ses souvenirs ne la trompait pas, elle avait déjà mangé là-bas, en compagnie de ses parents et de sa sœur. C'était il y a quelques années mais en y repensant, les saveurs assaillirent son palet à tel point que son ventre grogna, réclamant ainsi son dû. Inutile de tergiverser plus longtemps, c'était là qu'elle allait se rendre. Et, alors qu'elle allait combler les quelques mètres qui la séparaient du restaurant, une main se posa sur son épaule, la stoppant dans son mouvement. En même temps qu'elle se retournait voir savoir ce qu'on lui voulait, une voix familière s'adressa à elle et elle tomba nez à nez avec Shane qui affichait un air radieux.

« - Oh Shane ! Ça va bien et toi ? répondit-elle avec un sourire. »

Elle ne s'était pas attendue à le trouver ici mais, après tout, elle ne s'attendait jamais à croiser une connaissance durant ses petites escapades. Elle pourrait, bien sûr, mais elle avait mieux à penser. Et puis, garder un peu de surprise ne faisait pas de mal. Elle aimait bien ce genre de rencontre surprise, où elle trouvait un visage familier dans les rayons d'un magasin, au milieu d'un parc ou même dans les transports en commun. Parfois, elle se demandait vraiment si c'était dû au hasard ou si, au contraire, le destin avait déjà pris sa décision. A vrai dire, elle ne savait pas vraiment si le destin existait bel et bien. Avait-elle sa route de toute tracée ? Y avait-il une sorte de force supérieur qui décidait de sa vie à sa place ? C'était étrange et difficile à imaginer mais elle avait entendu bon nombre de personnes parler d'histoires qui n'étaient pas crées par hasard. Elle préférait néanmoins se dire qu'elle avait le choix et qu'elle seule décidait de son existence, c'était bien plus rassurant.

« - Qu'est-ce qui t'amène ici ? »

Sans doute que l'étudiant profitait du beau temps également, en traînant dans les rues commerçantes. A moins qu'il ne soit accompagné. A cette pensée, elle jeta un coup d’œil par-dessus l'épaule de son ami et remarqua qu'un garçon pas très grand et à l'air fantomatique s'approchait d'eux avant de venir s'arrêter à côté du brun. Un ami à lui, sans doute. En y repensant, à part sa cadette, elle ne savait rien des autres relations qu'avait le jeune Evolve. Après tout, c'était un Ancien, avait-il réussit à se nouer des relations mis à part celle qu'il entretenait avec Wendy ? Ou alors peut-être qu'il avait retrouvé des personnes de son époque, tout était possible. Madison ne cessait de la surprendre.

« - Et je vois que tu es accompagné. Enchantée, je m'appelle Lexus dit-elle en tendant sa main à l'inconnu. J'allais manger un morceau, ça vous dit de m'accompagner ? »

Elle n'allait pas cracher sur un peu de compagnie, surtout que de revoir Shane lui faisait plaisir. Elle n'avait pas encore totalement digéré leur première rencontre, malgré les semaines écoulées, qui avait été légèrement chaotique et qui aurait pu très mal tournée mais qu'importe, cela appartenait au passé. Ils étaient sains et saufs.
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lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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Enoch Livingston
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24.07.17 17:38
Oh non, il ne voulait pas savoir. Pas savoir comment son ami avait ramassé cet argent ni comment il l'utilisait ensuite, pas savoir d'où provenait le fonds disponible sur sa carte ID – puisque les billets n'existaient désormais plus que dans de rares endroits jugés rétrogrades par le commun des mortels – ou les ruses déployées par l'Evolve pour le dissimuler. D'ailleurs, une seconde avant que Shane ne fasse allusion à une éventuelle grand-mère malmenée et, par là-même, ne rassure le fantôme sur son degré de sérieux – guère élevé, pour le coup –, ce dernier s'imaginait déjà le petit brun en train de participer à d'obscurs combats de boxe souterrains, de vendre son corps à des scientifiques peu scrupuleux ou de trimer comme un dingue la nuit dans les sous-sol d'un casino de troisième zone. Heureusement, il ne faisait que chaparder les sacs des vieilles dames. Quant à la question de sa connaissance du cadastre, Enoch préféra la garder pour lui ; les premières semaines livré à lui-même qu'il avait passé à son arrivée dans cette époque lui avait laissé tout le temps nécessaire à l'exploration de cette nouvelle et cependant familière ville, de sorte qu'il avait eu le loisir d'en apprendre les rues et les institutions en les arpentant autant de fois que nécessaire jusqu'à assimiler la carte comme s'il l'avait ingurgitée. Pourtant, on lui aurait demandé la laverie la plus proche qu'il aurait été incapable de la nommer ou même de la situer : sa vision de la Cité demeurait exclusivement immobile, glacée, un planisphère privé de densité, de réalité. Il était ainsi, Enoch – si opaque en surface qu'on ne s'apercevait pas des cavités sous la laque, des nids-de-poule sous le vernis – et il prenait un soin féroce à camoufler ces creux et ces vides qui revenaient ensuite le hanter dans sa solitude, là précisément où nichait la Chimère.
La présence de Shane, par chance, déviait ses pensées de ces vertigineux gouffres. Il acquiesça donc à son enthousiasme avant de lui emboîter le pas en silence, mais sans morosité. Leur marche se déroula sans mot dire, cependant ce mutisme n'était pas causé par quelque maladresse ni quelque embarras ; chacun de leur côté, ils expérimentaient de nouveau la compagnie de l'autre – depuis combien de temps le fantôme n'avait-il pas été en présence de son meilleur ami ? Il ne s'en était sans doute pas rendu compte jusqu'à aujourd'hui, mais à l'évidence ce dernier lui avait manqué plus qu'il n'oserait jamais le prétendre. Ses récents déboires avaient beau lui avoir ôté de la tête l'amitié de l'Evolve, au point qu'il aurait pu se croire seul au monde si on l'avait interrogé à ce sujet, cet instant lui rappelait avec une assurance neuve que malgré l'éloignement, en dépit de la distance et de l'absence, ils restaient liés l'un à l'autre par un sentiment plus solide que n'importe quel autre prétexte. Ils étaient amis – un terme qu'Enoch ne s'était guère attendu à utiliser de son vivant, et qui au regard de cette méfiance contenait plus de signifiance que n'importe quel autre mot – et il y avait tout dans cette occurrence, tout ce qu'il ne pourrait jamais exprimer, tout ce qu'il ne pourrait jamais comprendre lui-même. À cet instant, il fut certain que rien, absolument rien ne serait en mesure de fissurer cette évidence.

Ils cheminèrent ainsi jusqu'à ce qu'à l'angle d'une rue, une silhouette captât l'intérêt du petit brun et ne l'obligeât à se stopper. Aussitôt, son compère l'imita, scrutant la foule à la recherche de cette personne que l'étudiant avait repérée – en vain. Il ne put deviner vers qui se tournait le regard de celui-ci jusqu'à l'apercevoir aborder une jeune femme à la chevelure pour le moins remarquable, quoiqu'elle ne fut certainement pas la seule dans cette ville à exhiber une teinture si sucrée. Demeurant en retrait, Enoch observa les deux connaissances se saluer – leur familiarité ne lui permettant toutefois pas de définir leur véritable relation. L'inconnue ne lui semblait toutefois pas antipathique, bien au contraire ; le caractère de l'Ancien l'empêchait certes d'accorder sa confiance sur une première impression, néanmoins la joie de son acolyte conjuguée à l'apparence amicale de la fille lui indiquaient qu'il n'avait pas trop à s'en faire sur ce point. Peut-être une collègue d'études ou bien une autre Evolve ? L'avenir le lui dirait.
Il inclina un soupçon le buste afin de lui rendre sa bienveillance, complétant un sourire gêné d'un « Enoch. Ravi de faire votre connaissance. » Pour un peu, il lui aurait tendu la main en vue de serrer la sienne, mais il se retint au risque de passer pour un personnage trop guindé – ce qu'il était pourtant. Ainsi avait-il été éduqué. Néanmoins, pour faire écho à la spontanéité de son compagnon, il relégua au placard l'habituelle rigidité des présentations avant de guetter l'approbation de celui-ci quant à la suite des événements.
« Pourquoi pas ? Nous allions justement nous poser quelque part ; autant y aller tous ensemble. »
Et tandis qu'il annonçait cela, il lui revenait en mémoire qu'un an auparavant, il n'aurait jamais proposé à quiconque une telle suggestion – preuve irréfutable qu'il avait changé. En bien, peut-être. Du moins l'espérait-il.

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evolve
Shane Treazler
Shane Treazler
evolve



02.04.18 22:10
Depuis quand Shane pouvait-il se montrer si amical envers une personne qu’il avait rencontré à peine quelques semaines auparavant ? … Depuis toujours probablement. Le garçon ne se prenait jamais vraiment le crane quant à savoir s’il devait rester poli, courtois, ou même respectueux. Tout cela dépendait d’une chose unique : son instinct. Or, la jeune eraser s’était montrée amicale avec lui. Elle avait su raccourcir la distance qui les séparait en quelques tours de bras. Ce n’était pourtant pas particulièrement évident aux vues de leurs conditions à tous deux, mais elle l’avait fait avec brio. Tant et si bien qu’elle apparaissait aux yeux de Shane comme l’une des rares nouvelles connaissances de cette époque qu’il voulait revoir et avec laquelle, moyennant un peu de temps passé ensemble, il pourrait être ami sans nul doute. Parce qu’elle avait ce naturel soucieux dont elle ne se cachait aucunement. Et parce que malgré son métier, la femme avait des convictions qui la guidait lui permettant de tracer son chemin à l’aide de ses principes. Là où beaucoup étaient trop bornés ou trop lâches pour assumer. Elle se battait pour ses idéaux, tendant la main à quiconque voudrait la lui saisir. C’était du moins l’impression qu’il en avait. Une supergirl des temps modernes.

La jeune femme lui posa une question qu’elle n’eu pas réellement besoin de développer. S’apercevant de la présence de son compère – dieu merci celui-ci l’avait suivi – elle se présenta et les invita tous deux à la suivre. Shane n’aurait pas accepté à la légère. Il n’était pas seul. Bien sûr, dans le cas contraire, il l’aurait suivi les yeux fermés, mais dans la situation présente cela signifiait également imposer sa décision au fantôme, et il ne le voulait pas… Mais avant que Shane ne puisse y réfléchir plus attentivement, Enoch répondit à sa place et surpris son ami. Non pas qu’il était impossible que le tipex accepte autre compagnie, mais sans même jeter un regard à Shane ni montrer la moindre once d’hésitation… Disons que quelques siècles plus tôt, jamais oh grand jamais l’evolve n’aurait vu ce brave Enoch rechercher tier compagnie. S’il se souvenait bien, même lui n’avait eu la chance d’être approché que par simple curiosité de la part de l’apprenti Tintin, et ce garçon préférait se tenir éloigné de la population et des ennuis, le social ne l’inspirait que très peu. Et c’était ce même homme qui se tenait à présent à ces côtés. À cette pensée, Shane eut un sourire qu’il masqua au mieux pour ne pas blesser son compagnon. Celui-ci avait énormément changé depuis qu’ils se connaissaient tous deux. Et s’il ne le disait pas toujours, Shane était extrêmement fier de compter auprès de lui un ami aussi fiable et aussi attentionné que lui. Le voir s’ouvrir signifiait qu’il allait à présent compter de très nombreux amis, sa personnalité ne pouvait en jouer autrement, n’importe qui gagnant tant à le connaitre. Et même si d’un côté contradictoire Shane craignait la jalousie que cela pourrait lui provoquer, – et si un jour le fantôme en venait à ne plus avoir une seconde à lui consacrer, et s’ils s’éloignaient tous deux, et si… – il était véritablement heureux que chacun puisse voir Enoch sous son vrai jour. Pas un gamin apathique et renfermé qui prenait tout le monde de haut, mais comme un jeune homme cultivé à la compassion et la tendresse infinie qui, malgré sa carapace d’insensibilité, se souciait toujours de ses amis.

« Et bien si mon meilleur ami a parlé, il n’y a aucune raison que je refuse ! Et comment que nous allons te suivre ! Je commençais à avoir faim également. »

Shane s’arrêta une seconde, se perdit dans ses pensées, repris alors en pointant un doigt vers le ciel.

« Ah ! Et tu veux que je régale ? Je te dois bien ça pour la dernière f… »

Trop tard, les mots avaient déjà franchi le pallier de sa bouche. Durant un court instant, il n’avait pas réfléchi à ce que prononcer ceux-ci pouvaient insinuer. Il jeta un regard du côté d’Enoch avant de tourner son regard une seconde fois vers Lexus.

« Je veux dire… Je me sens un peu redevable envers toi et ta sœur. »

À nouveau Enoch.

« Oui Enoch, je connais Lexus par le biais de sa sœur, je ne sais pas si je t’ai déjà parlé de Wendy, il s’agit d’une des rare étudiantes de la faculté qui ai bien voulu me supporter. Lexus ici présente est sa grande sœur. »

Noyer le poisson vite et bien. Son cœur venait de rater un battement et il avait le souffle un peu court tandis qu’il avait prononcé ses mots. Cependant, aller voir le juge et lui dire en le regardant dans les yeux « Je plaide coupable ! » ça le tentait assez peu finalement. Il ne doutait pas une minute qu’Enoch le connaissait bien, et connaissait également cette compétence qu’il avait à se fourrer dans toutes les embrouilles qu’il trouvait. Mais il ne voulait pas l’inquiéter plus que nécessaire. Restait à savoir comment Lexus allait réagir, mais de toute manière, même si elle vendait la mèche et que cela faisait s’embraser un incendie, Shane ne lui en voudrait pas. Un prêté pour un rendu d’une certaine manière.

« Enfin… On aura le temps de t’expliquer un peu plus tout ça devant un plat ! Tu voulais aller quelque part en particulier Lexus ? »

Puis écoutant sa réponse, Shane se plaça sur ses talons avant d’entrer dans un petit restaurant familial. Ils annoncèrent tous trois leur nombre exorbitant de… Trois… Puis allèrent s’asseoir à une petite table dans le coin du restaurant. La première chose qui frappa Shane en s’asseyant, fut le decalage entre ce à quoi il s'était attendu et le restaurant dans lequel ils se trouvaient tous en cet instant. L’ambiance générale demeurait paisible, il n’y avait pas forcément d’écrans dans tous les recoins, de casques virtuels proposés aux clients pour profiter d’un match de foot sur le terrain pendant qu’ils déjeunaient ou encore d’hologramme sur la table montrant des idoles se trémousser en entamant un refrain. Non, rien de tout ça. Et même si l’on devinait facilement que l’établissement était pourvu de nombreuses technologies relatives à l’époque dans laquelle ils se trouvaient, elles étaient suffisamment discrètes pour ne pas se montrer envahissantes, gardant ainsi un cadre chaleureux ou l’on pouvait diner avec la famille ou entre amis. Restait à présent à savoir ce qu’ils proposaient à la carte.

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Lexus Shepard

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Lexus Shepard
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24.06.18 20:19

So close to life


avec Enoch & Shane

Lexus écouta les deux garçons avec un sourire, ravie d'avoir un peu de compagnie. L'idée de passer un peu de temps tous ensemble ne sembla pas leur déplaire, bien au contraire. Une bonne ambiance en prévision donc. Mais avant qu'elle n'ait pu leur dire de la suivre, Shane la coupa avec son interrogation qui resta suspendue. Elle lui jeta un regard interrogateur alors qu'il l'observait elle, ainsi que son ami, comme s'il venait de dire une bêtise. Sauf qu'elle ne voyait pas quoi. A moins qu'il se sentait gêné par rapport à ce qui s'était passé la dernière fois ? Sans doute, vu sa réplique suivante, mais à vrai dire elle ne s'en préoccupait que peu. Son estomac grognait doucement, la remettant à l'ordre, pressé d'obtenir son du. Elle voulut tout de même mettre les points sur les i une fois que le garçon expliqua à son camarade les grandes lignes de leur rencontre.

« - Sincèrement Shane, tu ne nous dois rien, c'était sympa de t'avoir eu à la maison. Pour le reste, c'est une autre histoire. Allez, c'est moi qui vous invite, et inutile de chercher à refuser précisa-t-elle avec un sourire entendu. »

Sa bonne humeur s'accompagnait souvent d'une bonne dose de générosité et aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle. D'autant plus qu'elle le pensait réellement, Shane n'avait pas à se racheter ou quoique ce soit d'autre, la destruction du salon n'était pas du fait de sa volonté.

« - Y a bien le resto juste là où j'aimerais bien aller dit-elle en le pointant de son pouce. J'ai le souvenir qu'ils faisaient des plats sympathiques alors si ça vous va, allons-y ! »

Sur ces mots, elle se détourna des deux garçons pour combler les quelques mètres qui les séparaient du restaurant, évitant la foule au passage. Une fois à l'intérieur, le petit groupe s'installa à une table libre avant de recevoir les menus. Tandis que Shane semblait observer les alentours, l'Eraser se jeta immédiatement sur la carte, salivant déjà à l'idée de ce qui l'attendait. Le choix n'était pas particulièrement énorme mais suffisant pour varier les plaisirs. Et trop pour son estomac qui ne pouvait décidément pas trancher. Elle leva alors la tête vers les deux amis, se disant que quelques questions lui offrirait un peu d'inspiration.

« - Vous voulez qu'on prenne une assiette à partager pour l'entrée ? »

Les assiettes à partager, le secret d'un repas réussit. C'était tout bête mais cela suffisait, la plupart du temps, à amener les gens à s'ouvrir. Et c'était bien plus sympa que d'avoir sa propre assiette. Balayant à nouveau le menu du regard, elle opta finalement pour une ratatouille revisitée, plat qu'elle n'avait pas dévorer depuis longtemps. Le serveur ne tarda pas à revenir les voir, souriant et professionnel, sans en faire trop non plus, ce qui était parfait.

Ses bras à plat sur la table, elle reporta son attention sur les deux amis, prête à faire la discussion. Évidemment, ils n'allaient pas échapper à son interrogatoire, curieuse d'en apprendre plus sur leur relation et également sur la nouvelle tête. Elle adorait entendre les autres parler de leurs amitiés, découvrir comment une simple rencontre amenait à de liens plus forts. D'une certaine façon, ça lui paraissait beau. Preuve que les humains n'étaient pas que fait pour se taper dessus sans arrêt, bien que c'était d'un maigre réconfort.

« - Alors, comment vous vous êtes connus tous les deux ? Une rencontre trépidante ou vous tapez plutôt dans le classique ? demanda-t-elle avec un sourire en coin avant de prendre une gorgée d'eau. »

HRP:
Awful
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