Le Deal du moment : -29%
DYSON V8 Origin – Aspirateur balai sans fil
Voir le deal
269.99 €
Le Deal du moment : -17%
SSD interne Crucial SSD P3 1To NVME à ...
Voir le deal
49.99 €

 :: Un jour, ailleurs... :: Dans le passé :: Rps clos Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Jeux d'ombres [PV Genesis Garner]
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



06.10.14 20:16
Précédemment

Journal


9 juillet 1993, plateau du Haut-Karabagh, Sud Caucase

Thème: civille bellum (Company of Heroes 2 - main thème)


La journée était magnifique. Le soleil brillait dans un ciel bleu qu'aucun nuage ne venait troubler.
Comme dessinée au milieu du paysage par un géant, une longue route de terre battue traversait. Mais ce n'était pas le seul signe d'une présence humaine.
Niché dans une vallée entourée de montagnes, un village s'était bâtit au milieu des champs de blé. Il se dressait là depuis des années, peut être des siècles.

Pourtant un jour ou l'autre même les endroits comme celui-ci étaient rattrapés par la marche inéluctable de l'histoire. Et ses habitants découvraient alors que la paix qu'ils avaient connu n'était pas destinée à durer pour toujours. Dans le monde des hommes, tout finit par changer. Et le changement se fait trop souvent dans la souffrance.

Bien que les cadavres aient étés évacués hors du village, on sentait encore l'odeur de la mort dans l'air. L'odeur de la guerre.
Quelques camions militaires étaient garés sur la place principale, en face de l'église. Des blindés avaient pris position à la lisière des champs. Des impacts de balles avaient troué les façades de pierre et fait exploser certaines fenêtres. Du sang maculait encore le sol et les murs là où les morts étaient tombés, témoignage sinistre de ce qui s'était produit quelques heures plus tôt.

La guerre avait rattrapé ce paisible village et l'avait détruit. Les maisons se dressaient toujours, mais ses habitants n'étaient plus. Bientôt les maisons deviendraient silencieuses et tomberaient en ruine. Un village fantôme Que resterait-il alors des générations ayant vécu ici?

Le père Johann Bergsen secoua la tête. Quel gâchis.

Devant lui, dans un large terrain en friche, une cinquantaine de tombes avaient étés improvisées par les soldats arméniens et russes. La plupart s'étaient regroupés près de leur camions, qui leurs avaient servit à transporter les corps. Ils l'observaient de loin, discutant à voix basse.
Ils étaient arrivés trop tard, et ces tombes étaient tout ce qu'ils pouvaient faire pour les habitants.

Le prêtre leva doucement la tête vers les montagnes, plissant ses yeux noisette pour ne pas être ébloui. Il arrivait à la fin de la cinquantaine, mais les premiers signes de l'âge s'étaient déjà manifestés. Ses cheveux avaient blanchis, coupé courts comme celui d'un soldat. L'impression était renforcé par le gros gilet pare-balle qu'il devait porter en plus des ornements qu'il avait sortit de leur valise pour donner un enterrement chrétiens à tous les morts de cette triste journée. Seul le discret col romain qu'il portait prouvait qu'il s'agissait bien d'un prêtre.

Ses yeux se baissèrent vers un monticule à l'écart, dont la terre avait rougit.

Les soldats ennemis n'avaient pas eu le droit à une tombe, seulement à une fosse commune. Le prêtre avaient dut menacer l'officier russe commandant le détachement pour que leurs cadavres ne soient pas mutilés puis laissés à pourrir sur place. Ce dernier avait finit par hausser les épaules et ordonner à ses hommes de creuser un trou de plus.
Une trentaine de jeunes Azéris, bourreaux anonymes de ce village étaient enterrés et ne reverraient sans doute jamais leur patrie. Ensevelis en terre ennemie, bénis par une religion qui n'était pas la leur et menés à leur dernière demeure avec mépris, haine ou indifférence. Désormais ils reposeraient dans la terre même dont ils avaient tué les habitants, à quelques pas de leurs victimes.
Malgré leurs crimes le prêtre les plaignait et avait prié pour eux comme pour les victimes villageois. Cet enterrement ne lui laissait finalement qu'un sentiment de vide, de tristesse aussi.

Quel effroyable gâchis que la guerre.

Johann dit une ultime prière à voix basse avant de retourner vers les camions, que les miliciens et les mercenaires avaient hérités de l'époque soviétique. Quelques minutes plus tard il était de retour sur la place du village où les autres "humanitaires" l'attendaient, eux aussi vêtus d'un lourd gilet pare balle marqué d'une croix blanche.
L'un d'eux vint à sa rencontre.

-On est prêts à partir. Comment tu te sens? lui lança-t-il en allemand.

Le prêtre lui sourit. La présence d'un ami peut réduire le fardeau qui pèse sur ses épaules, et même vous faire croire qu'il n'existe tout simplement plus. Surtout quand on a investit dans cet ami des années de confiance et d'épreuves.
L'homme en face de lui se faisait passer pour le médecin qu'il aurait put être, mais c'était en réalité un soldat. Un garde du corps qui l'accompagnait avec une loyauté aveugle dans les pires endroits du monde. Là où l'Eglise avait besoin de jeter un coup d’œil discret, et parfois d'un peu plus que de simples observateurs...

-Je ne sais pas trop Luc. MAis je crois que j'ai fait ce que je devais faire. Ils reposent en paix...

Au loin un grondement sourd se fit entendre, faisant s'agiter les soldats autour d'eux. Les humanitaires levèrent des regard inquiets vers l'est. La direction des lignes Azéries.

-Les morts sont bien les seuls en paix dans ce coin. C'est la ligne de front. On devrait partir. De toute façon on ne peut plus rien faire ici, commenta son interlocuteur, pragmatique.

Un sous officier aboya un ordre et les soldats se précipitèrent vers leurs véhicules.
Le prêtre hésita une seconde puis hocha la tête. Ils se dirigèrent vers le camion dans lequel les autres humanitaires avaient déjà embarqués. Comme pour l'aller il monta dans la cabine côté passager tandis que son "garde du corps" prenait le volant.
Un enfant était déjà assis sur le siège entre eux, et tourna ses yeux bleus vers Johann quand il fit son entrée. Ce dernier jeta un regard interrogateur à Luc.

-Il avait pas l'air de vouloir monter derrière et pas un de ces types ne parle un russe correct, se justifia-t-il. Et puis de toute façon il ne risque pas de nous ennuyer il n'a pas lâché un mot depuis qu'on s’occupe de lui.

Le garçon suivait la conversation, son regard allant de l'un à l'autre. Interrogatif. Manifestement il ne comprenait pas l'échange qui se faisait en allemand, la langue maternelle des deux hommes.

-Ça peut se comprendre, il est le seul survivant de ce... Massacre. Il va lui falloir du temps pour s'en remettre, capitaine.

Luc referma sa portière et démarra le camion, un modèle américain, plus récent et plus rapide que ceux des militaires. L'engin tournait comme un moulin, si on exceptait le lecteur de cassette définitivement hors d'usage.
Le garde du corps jeta un regard indéchiffrable vers l'enfant.

-Si Dieu veut mon père. Si Dieu veut.

Le camion démarra et le véhicule quitta le village. Les soldats partaient dans l'autre sens. Vers le front. Vers l'absurde massacre qui continuait.

Le prêtre ne put s'empêcher de regarder longtemps dans le rétroviseur, bien après que les maisons aient disparu dans le miroir. Cet endroit le hanterait sans doute de longues années.
A côté de lui l'enfant regardait le paysage en silence, le visage indéchiffrable. Il ne souriait pas. Il ne pleurait pas. Il se contentait de regarder en avant, scrutant les montagnes et les champs de ses yeux bleus si clairs.

Le voyage durerait encore de longues heures. Autant pour l’occuper que pour se changer les idées, Johann se mit à lui parler en russe, lui expliquant ce qu'il voyait, parlant de tout et de rien. Luc fixait la route leur jetant un coup d’œil de temps en temps.
Le jeune garçon ne répondait rien mais tournait parfois la tête vers lui pour lui montrer qu'il écoutait. Petit à petit il sembla insensiblement se détendre.
Finalement au bout d'un moment le prêtre se décida à aborder un sujet délicat.

-Dis moi mon garçon... Tu es capable de parler?

L'enfant hésita quelques secondes avant de hocher la tête.

-Oui. Je peux parler, dit-il avec une lenteur précautionneuse, comme si cette simple phrase nécessitait un gros effort.

Le prêtre le récompensa d'un sourire, et Luc sourit à son tour devant cette petite voix timide.

-On risque de devoir passer encore longtemps avec toi tu sais, et je ne peux pas t'appeler "mon garçon" tout le temps. Comment t'appelle tu? Moi c'est Johann.

Il avait essayé une première fois de l'interroger au village, sans succès. L'enfant s'était contenté de le fixer sans répondre.
Mais cette fois il semblait sur le point de dire quelque chose. Il semblait plongé dans une réflexion intense, qui le désorientait. Une foule d'expression passaient sur son visage et ses yeux passaient rapidement d'un côté à l'autre de la cabine.

-Eh, bonhomme, intervint soudain leur chauffeur. Tu n'as pas à t'inquiéter. Personne ne va te faire de mal, si tu ne veux pas dire ton nom c'est pas grave. Tout le monde a ses secrets, pas vrai Johann?

L'enfant s'arrêta de gigoter, fixant toute son attention sur le pilote. Impossible de savoir ce qui se passait dans sa tête. Il baissa les yeux.
Puis il sourit.

-Je m'appelle Varig, articula-t-il avec application.

Le prêtre lui rendit son sourire avec joie, et lui tapota gentiment la tête.

-Alors enchanté de faire ta connaissance Varig.

Luc souriait lui aussi, fixant la route. La déclaration semblait avoir rendu le petit garçon la joie de l'enfance. Son air réjoui communicatif contrastait étrangement avec la froideur peureuse qu'il avait gardé jusqu'alors.

-Je m'appelle Varig, répéta-t-il doucement, comme pour lui même. Va-rig.

Aucun des deux adultes ne remarqua vers quoi il regardait.
Soigneusement alignées près du levier de vitesse, une dizaine de cassettes étaient soigneusement alignées, inutile puisque le lecteur du camion était hors service. Des morceaux classiques, hérités de l'époque soviétique achetés sur un marché local.
Un couvercle avait été posé sur la boite, mais une cassette émergeait encore du boitier. L'étiquette griffonnée au stylo s'était abîmée à cause de l'humidité, mais un mélomane aurait reconnu une sonata pour piano de Wagner en écoutant la bande. Du "Rikhard Vagner" écrit à l'origine il ne restait que quelques lettres lisibles.


Jeux d'ombres [PV Genesis Garner] Varig_name

-J'ai un nom. Je m'appelle Varig, répéta doucement l'enfant en souriant.



16 avril 2213, Entre-Deux de Madison, 4 jours après l'arrivée des Anciens

D'un geste rapide et précis, Varig acheva le dernier trait qui manquait à son dessin et leva son crayon. Il observa le résultat, critique.
Sur la page du carnet, on reconnaissait une route et des montagnes comme si vues à travers le pare-brise d'un camion. Une scène qu'il avait  déjà vue il y avait déjà longtemps. Très longtemps. Satisfait de sa production, il rangea le crayon dans une de ses poches. Sa mémoire était absolue, et chaque détail était gravé dans son esprit. Il aurait facilement relevé la moindre inexactitude.

Qu'est ce qui l'avait fait penser à ce souvenir précis, d'où lui était venu ce dessin? Il ne saurait l'expliquer lui même. Assis sur un quai de métro à attendre la rame suivante, la scène s'était imposée à lui comme une évidence. Une pulsion aussi inexplicable qu’irrépressible l'avait poussée à la coucher sur le papier.

Une sensation désagréable lui traversa l'échine, interrompant ses réflexions. Quelqu'un l'observait.
Un coup d’œil lui suffit pour repérer la cause de son malaise. A quelques pas de lui un autre voyageur le regardait fixement. Sans doute à cause du carnet. Le papier n'avait plus la côte à Madison depuis un siècle au moins et Varig avait d'ailleurs eu du mal à se procurer ce simple accessoire pourtant vital.
C'était le seul moyen pour que Sofia et ses sbires ne puissent pas espionner ce qu'il faisait, dessinait ou écrivait. L’électronique, si facile à surveiller...
Quoi qu'il en soit il n'aimait pas attirer l'attention, et c'était précisément ce qui était en train de se passer.

L'agent referma sèchement le carnet de cuir et fit disparaître l'objet dans la poche intérieure de sa veste, avant de tourner légèrement la tête vers l'inconnu. Le visage de Varig était en partie caché par le col de son manteau et sa casquette, mais le message était clair. L'autre voyageur détourna le regard, feignant l'indifférence.

Le métro arriva quelques secondes plus tard et les voyageurs montèrent aussitôt à bord.

Varig avait vite découvert que les transports publics permettaient de se rendre à la plupart des lieux de Madison rapidement et discrètement, aussi n'hésitait-il pas à s'en servir. Il n'était qu'un anonyme au milieu d'une foule de citoyens. Il n'y avait pas de meilleure protection quand on était recherché que de bouger dans une foule.
Machinalement il choisit de prendre une rame différente de celle dans laquelle le type qui l'avait regardé montait. Deux sécurités valaient mieux qu'une.

L'entre-deux était surtout desservit par le métro souterrain, et pas par les lignes les mieux entretenues. Il arriva toutefois à destination en quelques minutes et ressortit à l'air libre, se mettant en route sans hésiter.
Il avait assez sillonné le dédale de rues et de ruelles du "Quartier résidentiel" de l'entre deux pour commencer à s'y retrouver. De toute façon il en avait étudié le plan. Et il allait bientôt être en retard...

Après un peu de marche plus rapide que prévue, il pénétra dans un des rares bars ouverts du quartier, le genre d'endroits que ne fréquentaient que les personnes désireuses de rester à l'écart du centre-ville.
Il enleva sa casquette en franchissant le seuil et balaya la salle du regard. L'établissement était plutôt fréquenté et personne ne faisait attention à lui. Si ce n'était...
L'agent cligna des yeux. Les lentilles marron qu'il avait acheté un peu plus tôt le piquaient désagréablement.

Un des clients qu'il reconnu instantanément lui faisait un signe de main et Varig se dirigea aussitôt vers lui avec un grand sourire aux lèvres. L'autre se leva de sa table à son approche et vint lui donner une grande accolade.

-Varig, amigo mio!

L'agent se crispa un peu mais lui rendit l'étreinte avant de reculer, tapotant son interlocuteur sur l'épaule dans un geste amical. Celui ci parlait portugais et anglais, avec un accent qu'il avait sans doute appris à imiter pour revendiquer ses origines.

-Bom-dia Esteban, como vai? répondit-il dans la même langue.

Les deux hommes s'assirent. L'agent scruta rapidement les traits de son "ami".
Tatoué sur les biceps, Esteban était un spécimen caractéristique des gangs locaux. A moitié brésilien et à moitié américain, il était aussi totalement inséré dans la mafia locale. Ce n'était ni le dernier des sous fifre, ni un chef de bande. Plutôt un homme de main.
Varig lui avait sauvé la mise en l'entraînant avec lui dans sa fuite à travers les égouts pendants que la milice Eraser perquisitionnait les locaux de son gang. L'agent n'avait pas hésité. L'occasion de se faire un allié inconnu de ses mystérieux employeurs et bien introduit dans la pègre n'avait pas de prix.
Leur rendez-vous s'était fixé au téléphone pour "boire un verre", mais en réalité le motif de leur entrevu était tout autre.

-Tu bois quelque-chose? demanda-t-il en anglais.
-Non merci. Tu as les infos que je t'ai demandé? répondit l'agent en portugais.

Esteban secoua négativement la tête.

-J'ai mieux. Quelqu'un qui sait ce que tu cherche. Une revendeuse de médicaments qui bosse en freelance, expliqua-t-il dans la même langue, rendant leur conversation aussi privée que possible. Elle est discrète et pas trop chère. Je lui ai filé rendez-vous ici, dans cinq minutes. Reste à cette table, elle viendra te voir.

L'agent sourit tandis qu'Esteban se levait. Son nouvel ami avait fait vite en besogne.

-Obrigado amigo mio! Tu me rend un fier service.

L'autre lui sourit et lui fit un signe de tête.

-On est quittes. Appelle moi si tu veux faire la fête un de ces soirs migo'!

Quelques secondes plus tard il se fondit au milieu des autres consommateurs et se dirigea vers la sortie. Varig lui s'installa pour attendre cette mystérieuse informatrice et commanda un verre. Celle-ci ne devrait plus tarder.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



08.10.14 16:30
C’était parti pour une autre journée merdique. J’me réveillais d’jà avec le mal de crâne dû à la grosse cuite que j’m’étais tapée hier soir – j’y peux rien, quand j’suis seule, l’alcool arrive comme un ange, prêt à m'soutenir quand ça va pas. Boarf, après, on pourrait pas dire que j’vais mal, j’avais juste envie de m’retourner la caboche à cause d’une p’tite connerie d’ma part. Rien de grave, mais ça m’a quand même fait perdre un putain de contrat. Du coup autant gâcher le reste de tunes que j’ai dans de la pisse en boîte, qui explose et m’fait oublier pendant un temps qu’j’ai raté mon coup. Surtout si ça permet d’ramener quelques spécimens intéressants dans mon pieu.  

C’est d’ailleurs plutôt amusant d’voir tout c’qu’on peut dégoter dans c'coin pourri d'Madison : derrière la majorité d’abrutis dégueulasses et drogués, j’ai réussi à trouver quelques perles rares, des paumés comme moi qu’ont rien à foutre là mais qui z’y sont quand même parce que… bah… pas le choix. Les raisons sont diverses. Et très souvent complètement hilarantes. Tiens, par exemple, hier soir j’ai eu affaire à c’genre de cas (c’qui a plutôt sauvé ma soirée en solitaire, ça faisait un moment qu’j’avais pas rencontré de cul assez mignon pour m’faire sortir d’mon trou) : un p’tit brésilien fourré dans la pègre qui m’avait d’jà servi d’intermédiaire dans une affaire d’calmants récupérés d’une cargaison volée. Un bon gars, pas assez con pour s’laisser prendre, pas assez intelligent pour s’rebeller contre son gang. Bon, à long terme, c’était un mec relou, mais on s’aidait mutuellement – travail contre soirée pépère – et ça nous permettait d’pas péter une durite quand on sait très bien qu’on n’est qu’des pions au service d’enfoirés blindés d’argent sale.

Ma cuisine délabrée avait vraiment l’apparence d’une déchetterie. Pourri, champignons (tiens, c’est possible qu’il y en ait hallucinogènes dans c’bordel ? J’me souviens avoir foutu n’importe quoi sur la pizza en passant par mon labo…), crottes de souris, et puis toute l’odeur qui s’accompagne… j’cherchais rageus’ment ce sachet d’café, la clope au bec et à moitié mâchouillée, quand mon tel’ s’mit à gueuler qu’Esteban – c’était son nom, au gigot brésilien – essayait d’me contacter.

« agrblb… Quoi ? » Dis-je en m’cognant la tête au placard et en répondant maladroitement. J’étais pas spécialement contente, curieuse et gênée d’cet appel.

« Holà, ça y est ! J’ai trouvé un cadeau pour ta mère, comme promis, poulette. » (mais non, ça, c’est LE code suprême, ça veut dire : « eh ! y’a un gars qui a un travail illégal et sous-payé pour toi, qui risque de t’exposer à la prison à vie, mais t’as pas mal de fric à la clé ! » Question de sécurité.)
« M’appelle pas comme ça gros tas. Tu veux qu’j’aille le chercher du coup ? »
« Ouaip, un pote t’attend au bar de la 5ème pour 21 heures, histoire de t’aider à le transporter, parce qu’il est assez… volumineux. Le mec est brun, moyennement grand, jeune, gueule standard. T’inquiète. Tu le reconnaitras vite. »

Bon là c’est un bug du code, j’ai pas trop capté c’qu’il voulait entendre par là, mais j’me doutais qu’y’avait un p’tit souci pour moi. J’répliquais donc avec un ton sceptique et presque menaçant. « Ca promet c’t’histoire… J’y vais, merci cocotte. »

J’raccrochais sans plus de précisions. J’étais inquiète. Qu’est-ce qu’il entendait par « volumineux » ?

L’heure fatidique était arrivée d’puis un moment quand j’décidais enfin d’sortir de mon terrier ; mais comme le rendez-vous s’passait dans un bar, et non pas dans un truc plus discret, j’avais préféré m’habiller comme une civile pas trop négligée (eh, y’a même pas d’trous dans mon t-shirt, et c’est un décoll’té). J’habitais pas loin du bar en question ; l’un des seuls trucs du coin qui croulait pas encore sous les dettes et qui servait même d’la vodka.

Le bar était bondé quand j'suis arrivée. Des gens debout s'bousculaient pour avoir un verre ou tenter d'faire quelques mouvements aguichants sur la musique criaillante, lourde, agressive que passait le vieux dj défoncé que j'voyais au fond à droite d'la salle. C'était petit, crade, mal éclairé, bref, l'ambiance parfaite du bar de seconde zone qui attire pas les autorités. C'était une bonne idée, mon gars, sauf que le monde m'empêche de voir clairement à qui j'dois parler. Sa description un peu trop vague m'foutait dans un sentiment d'inquiétude et de frustration qui m'emportait doucement vers l'énervement pur et dur - surtout qu'avec toute cette foule, j'avais juste envie d'en prendre un pour taper sur l'autre. J'suis vraiment pas faite pour ca. Grands espaces, plein de monde, mon cul, j'préfère mon verre de whisky dans mon plumard, point barre !

En parlant de whisky, j'arrivai à m'faufiler jusqu'au comptoir pour en commander un tout en cherchant la tête brune que j'recherchais. Et au final ce fut moins difficile que prévu d'le trouver: un jeune gars, assis seul à une table dans l'fond (et dans l'ombre), scrutait les gens comme s'il attendait quelqu'un. Son oeil vif me fit tout d'suite comprendre que c'était lui mon client.

J'pris mon verre et m'déplaçai agilement vers la table ; plus d'chaises (toutes accaparées par les connards bruyants à coté) ; j'en attrapai une en ignorant les protestations du groupe et posai mes coudes sur la table, mon verre serré entre mes mains, les épaules droites, le menton haut, l'œil dur, histoire d'en imposer un minimum malgré mon gabarit d'crevette.

« C'toi Varig ? Le pote d'Esteban ? » dis-je en remuant l'museau d'un air agressif.

J'avais pas envie d'faire dans la finesse, cet endroit me mettait trop mal à l'aise pour qu'mon coté rentre-dedans soit inhibé par mon professionnel légendaire. J'emmerde les lieux publics. J'gueule si j'veux - mais bon pour le moment j'l'ai pas trop fait. Juste assez pour qu'il m'entende dans c'brouhaha de tapettes hilares.

La violence sonore qui m'entourait me renfrognait d'plus en plus ; pour passer mon malaise, j'avalai d'une traite l'reste d'mon alcool et attendit qu'il réchauffe encore un peu mon corps d'jà bien tendu (et encore un peu déglingué de la veille).

L'était pas mal, ce p'tit mec ; il d'vait être plus jeune que moi, mais j'arrivais pas vraiment à lui donner un âge , parce que son regard méfiant l'assombrissait extraordinairement (y'avait anguille sous roche, j'en étais persuadée maint'nant), et ca m'titillait d'savoir pourquoi ; dépressif ? Naaaan, pas de poches morbides sous les yeux ; evolve ? Bien plus probable... Et ca m'emmerdait. Ils sont souvent pauvres et apeurés. Donc ça fait du boulot chiant et mal payé. Mais après tout s'il connaissait Esteban... Ce bougre devait avoir un rapport avec la mafia locale... Et donc un paquet de tune difficilement accessible en jeu.

Du coup j'ai pas attendu qu'il me confirme son identité pour lui rentrer encore dedans. Avec mon beau sourire de garce autoritaire, j'continuais (un peu moins fort) ma lancée bourrue, tout en jouant machinalement avec une mèche de mes ch’veux :

« Tu veux quoi, alors ? Fais gaffe, j'ai quelques soucis avec les couillus d'neo-hippies, ils m'emmerdent 'vec leur herbe, j'suis encore en négociation pour être fournie. » J’pointai alors comme une menace mon index vers lui. « Eh, pas d’conneries gars, j’ai pas qu’ça à foutre de m’trimbaler des commandes merdiques. Si tu peux pas payer tu dégages. Capiche ? »
Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



09.10.14 12:40
Varig n'aimait pas cet endroit.
Il n'avait déjà pas une grande affection pour les boite de nuit en général. Trop de bruit, trop de gens, trop d'alcool, trop de criminels et pas assez de tranquillité. Malheureusement son travail l'amenait souvent à devoir rencontrer la "faune locale" dans des lieux de ce genre.
Celui-ci concentrait absolument tout ce qu'il détestait. Crasseuse, surpeuplée et diffusant un ersatz de musique en guise de bruit de fond.
Malheureusement il tenait suffisamment à l'information que son "contact" devait lui apporter pour prendre son mal en patience devant un verre auquel il n'avait pas touché. Du coin de l’œil il scrutait la foule, détaillant particulièrement ceux qui entraient.

Une activité qui pouvait vite se révéler écœurante. Décidément les lieux étaient mal fréquentés.
Des gros bras décérébrés des gangs, des prostituées, deux dealers, un pickpocket... Même un type dont la veste était bombée de façon suspecte près du cœur. Sans doute armé.

Un des groupes attablé non loin vint "emprunter" les chaises libre de sa table, ce qui le laissa totalement indifférent. Il avait d'autres sujets de préoccupation.

Mis à part que son informatrice était une femme Esteban ne lui avait donné aucune indication. Sans doute viendrait elle le trouver d'elle même.
C'est ce qui arriva quelques minutes plus tard. Une blonde décolorée fit son entrée et commença à regarder de tous les côtés comme si elle cherchait quelqu'un. Ni petite ni grande, elle était plutôt mignonne si on aimait le style "maigrichonne".
Un fin sourire se dessina sur le visage de l'agent. Si c'était elle son informatrice, on pouvait dire qu'elle n'avait pas la tête de l'emploi. Elle, une dealer freelance?

Et pourtant. Après avoir prit un verre au bar elle piqua droit sur lui à travers la foule et s'appropria une des chaises et s'installa à sa table en lui jetant un regard noir.
L'agent remarqua que ses yeux avaient exactement la même couleur que les siens, quoi que pour l'heure ses lentilles de contact cachent la teinte d'origine: bleu glace.

-C'toi Varig ? Le pote d'Esteban ? lança-t-elle d'un ton rogue en guise d'introduction.

L'agent plissa les yeux, sans chercher à adoucir son expression. C'était bien son informatrice, et elle lui déplaisait déjà.
Enfin il avait fait des affaires avec de nombreuses ordures dans le passé. Une de plus ou de moins, cela ne changeait pas grand chose.

-Les gens polis disent bonsoir et se vouvoient, répondit-il d'un ton sec autant pour s'affirmer face à son interlocutrice que pour passer ses nerfs.

S'écraser était rarement une bonne solution avec les criminels avec qui on était en affaire. Au mieux ils prenaient leur interlocuteur pour un pigeon, ou pire pour une proie.
Elle prit une gorgée de son verre -du whisky?- et Varig en profita pour continuer.

-J'ai besoin d'un... Service et Esteban m'a dit que vous pourriez me le fournir, continua-t-il d'un ton plus poli.

L'autre sourit, méprisante. Manifestement elle n'avait pas appréciée sa rebuffade. Elle rajusta une mèche indisciplinée et l'agent plissa les yeux. Intéressée? Nerveuse? En train de réfléchir?

-Tu veux quoi, alors ? Fais gaffe, j'ai quelques soucis avec les couillus d'neo-hippies, ils m'emmerdent 'vec leur herbe, j'suis encore en négociation pour être fournie.

Elle pointa un index menaçant sur lui, ce qui le fit plisser un peu plus les yeux. Néo-hippies? Sans doute de la concurrence...
La dealer continua sur sa lancée.

-Eh, pas d’conneries gars, j’ai pas qu’ça à foutre de m’trimbaler des commandes merdiques. Si tu peux pas payer tu dégages. Capiche ?

Pendant une seconde il se contenta de la regarder sans rien dire. Puis finalement il se détendit et se laissa aller contre le dossier de sa chaise, avant de lui faire un petit sourire.

-Pointer son doigt sur quelqu'un de la sorte est extrêmement impoli. Recommencez et je vous le brise, lança-t-il d'un ton badin.

Varig n'avait jamais aimé les criminels, pas plus que les gens impolis. Malheureusement il n'était pas là pour régler les problèmes de cette ville mais pour obtenir un renseignement.
Il était temps de passer aux choses sérieuses.
De sa main gantée il sortit un petit paquet de sa veste et le posa sur la table. C'était un sachet étanche transparent, qui laissait voir un gros pansement parcouru de veinules bleutées.
Le seul point réellement intéressant pour l'agent était la petite étiquette marquée d'un code barre et d'une immatriculation.

-Une poche de collagène, expliqua-t-il. Ça sert à soulager la douleur et accélérer la guérison. Pas le genre de truc qu'on trouve facilement sans ordonnance... Elle provient d'un stock numéroté. Je suppose que je ne vous apprend rien?

La poche était une des rares pistes que Sofia lui ait laissée avec le téléphone, et recourir à un hacker pour analyser le précieux engin était probablement plus risqué que de suivre ce maigre indice. Si Sofia travaillait pour le gouvernement, sans doute ce stock était-il encore enregistré. Dans le cas contraire, les gros revendeurs au marché noir n'étaient pas si nombreux, et le collagène une substance plutôt rare dans la rue. Quelqu'un quelque part devait avoir des informations sur Sofia, surtout si comme il le pensait ses employeurs avaient acheté au gros.

-Je veux savoir qui a acheté ça. Combien ça va me coûter? Lâcha-t-il, d'un ton fataliste, bien conscient que la dealer ne travaillerait pas pour rien.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité



22.10.14 15:38
« Les gens polis disent bonsoir et se vouvoient. »

Alors là. J'm'attendais pas à tomber sur un connard d'conservateur. Y m'demande d'êt' poli, le mioche gringalet, là? L'est sérieux ?! J'sentais en plus l'alcool échauffer mes joues et mon irritation - mauvais timing mon gars, faut pas trop m'titiller 'vec ça quand on est dans un putain d’bar. Il a vraiment cru qu'j'allais l'traiter comme une princesse ou quoi ?!

Il plissait les yeux, dédaigneux, mal à l'aise. Ah voui d'accord, t'aime pas non plus cet endroit mon coco ! Hahaha passe pas tes nerfs sur moi comme ça et tu passeras une bonne soirée en ma compagnie ! J'pourrais même être sympa si tu t’sors les doigts du cul !

... 'fin sérieusement, son comportement m'laissais perplexe. Il est jeune, pas dégueulasse, mais y'a un truc qui cloche. Même si c'pas une généralité, j'connais bien l'milieu des ados qui s'croient d'jà grands avec mon taff, et plus ça va, plus la violence entre dans nos p'tites habitudes - autant dire qu'son côté super clean cache un gros, groooooos secret. L'est trop normal pour être normal. Qu'esse que tu caches tête d'ange ? Un don catastrophique, un gang, un passé meurtrier ? Hein ? Hein ? À moins qu'tu sois un eraser... Prêt à m'buter... Ou un connard d'aristocrate qui m'a r'trouvé pour m'faire un coup d'bâtard ? Plus j'me posais des questions, et plus j'me sentais attirée par l'mystère qui entourait ce zozo aux allures vieillottes. Mais en même temps j'commençais à flipper. S'il m'en voulait à moi en particulier, j'me mettais dans la merde.

Et puis j'me rendis compte que ça faisait un bon moment que j'fermais ma gueule, comme si ses piques ultra-polies m'avaient cloué le bec ; naaan maiiiiis gringalet de merde ! Qu'est-ce que tu fous ? Et tu m'veux quoi ?

« Ça fait bien un siècle qu'on n’avait pas fait c'te blague. La politesse, c'pour la politique ou les erasers. » (bon, c’était pas exactement vrai, évidemment, mais j’essayais d’le piéger au cas où ce serait un étranger infiltré ou une magouille du genre.)

A mon tour d’plisser les yeux. Allez, on joue les bourrins jusqu'au bout. S'il décide de m'buter ou d'me torturer, ce sera tant pis pour lui: j'survivrais. Pas lui. (Tiens. Pour la première fois. Mon don a réussi à m'rassurer. BREF.) J'approchais mon visage du sien - au max, avec la table entre nous, j'pouvais pas aller très loin. J'souriais plus. J'suis sérieuse, là, p'tite salope.

« Tu risques d'avoir une très très mauvaise surprise si tu m'fais l'moindre mal, et toutes tes chances de trouver tes p'tits amis s'envol'ra en même temps qu'ta vie merdique. Alors, maint'nant, tu m'assures une protection, et on pourra s'occuper d'ces connards d'néo-hippies. » J'posais mon index sur la poche d'collagène tout en continuant d'le fixer d'un air renfrogné. « Voui, voui, j’connais bien c'te chose, et c'est justement à cause de cet' connerie que j’suis en froid avec les z'autes couillons. Tu vois, même si j'suis pas polie et nia nia nia d'mon cul là, j't'aide déjà, alors m'emmerde pas, ou j'vais fouiner là où tu veux pas qu'on aille avec mes copains. D'acc ? »

Apres une dernière œillade vers l'blanc-bec, j'me mis à étudier un peu plus serieus'ment c'colis étrange que j'connaissais un peu trop bien. J’tapotais pensiv’ment le paquet, cherchant une solution pour leur parler sans s’faire démonter la gueule, et le prix qu’ça pourrait lui coûter. Parce que forcément ça allait être un minimum dangereux.

« Bon. Voilà l’topo : concurrence avec eux égal moi mal barré y’a deux mois, du coup j’ai dû m’débrouiller pour rétablir une… euh… sorte de paix approximative entre nous. Autant t’dire que Charly - leur chef -  m’porte pas trop dans son cœur. Cette grognasse f’ra tout pour essayer d’me mettre hors jeu – d’une façon ou d’une autre. »

J’restais vague, forcément, parce qu’y avait un gros paquet d’embrouilles qui maint’nait pourtant un équilibre très très instable dans nos relations (et pour éviter une guerre des deux clans dans l’quartier, étant donné qu’j’avais quelques amis qui lui plaisaient pas trop) ; genre, qu’elle savait qu’j’étais une foutue evolve qui voulait s’débarrasser d’cette puce merdique, qu’j’étais un danger public si on m’blessait, et surtout qu’j’ai eu l’malheur d’finir dans son lit une fois où j’avais trop bouffé d’ecsta – précisément la daube qu’elle vend. Elle m’avait eue cette sale sorcière ! Mais j’m’étais pas laissée faire, et comme on partageait un peu le même business, au lieu de s’entre-aider comme on l’avait prévu à la base, j’me suis juste barrée sans donner de nouvelles – et forcément ça lui a pas trop plu.

« Donc, compte rendu de ce p’tit souci, j’mont’rait la facture à… 5000 dollars. Bon, c’est bon ? On peut s’mettre au boulot alors ? Des suggestions ? »

Héhéhé autant profiter d’ce pigeon pour s’faire pas mal de marge. Vu ses allures pouet-pouet, y’a possibilité qu’il ait d’la thune. Bon, analyser sa réac’ m’permettrait aussi d’en savoir un peu plus long sur lui, d’connaître ce personnage un peu trop réservé à mon goût. Et si en plus j’pouvais m’débarrasser du problème Charly… J’commençais à bien apprécier c’t’histoire, final’ment.
Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



22.10.14 23:51
Les quelques remarques coupantes de Varig semblaient avoir coupé sa langue à la dealer, et elle rougit violemment. A moins que sa peau pâle ne renforce cette impression. L'alcool ou la colère?
Elle se calma rapidement mais resta un moment à ruminer avant de lâcher:

-Ça fait bien un siècle qu'on n’avait pas fait c'te blague. La politesse, c'pour la politique ou les erasers.

L'agent haussa les sourcils. "C'est tout?" semblait dire son regard dans lequel brillait une lueur d'amusement.
Un siècle et même plus... Avait elle compris quelque chose? Enfin ça n'avait pas encore d'importance. Une dealer ne le livrerait pas tout de suite. De toute façon la foule de clients louches présents dans le bar lui permettait de disparaître rapidement.
Son interlocutrice plissa méchamment les yeux et se pencha par dessus la table. Si elle avait eu plus de forme cela aurait été un mouvement gênant mais heureusement ses vêtements protégeaient encore sa "vertu".

-Tu risques d'avoir une très très mauvaise surprise si tu m'fais l'moindre mal, et toutes tes chances de trouver tes p'tits amis s'envol'ra en même temps qu'ta vie merdique. Alors, maint'nant, tu m'assures une protection, et on pourra s'occuper d'ces connards d'néo-hippies.

Varig haussa un sourcil et pencha sa tête sur le côté. Les menaces, mauvais calcul... Si elle était capable de le mettre en danger elle n'aurait aucun besoin d'aide. En outre il avait de nombreux autres moyens d'obtenir l'information qu'il lui fallait. Toutefois elle posa un index péremptoire sur la poche de collagène et il la laissa continuer, désireux d'entendre ce qu'elle dirait. Peut être en venait-elle enfin au cœur du sujet?

-Voui, voui, j’connais bien c'te chose, et c'est justement à cause de cet' connerie que j’suis en froid avec les z'autes couillons. Tu vois, même si j'suis pas polie et nia nia nia d'mon cul là, j't'aide déjà, alors m'emmerde pas, ou j'vais fouiner là où tu veux pas qu'on aille avec mes copains. D'acc ?

La menace lui arracha un petit soupir mais la discutions prenait un tour intéressant et la dealer se penchait sérieusement sur l'objet. Aussi se contenta-t-il d'agiter la tête de façon vague ce qui pouvait passer pour une capitulation.

-Bon. Voilà l’topo : concurrence avec eux égal moi mal barré y’a deux mois, du coup j’ai dû m’débrouiller pour rétablir une… euh… sorte de paix approximative entre nous. Autant t’dire que Charly - leur chef -  m’porte pas trop dans son cœur. Cette grognasse f’ra tout pour essayer d’me mettre hors jeu – d’une façon ou d’une autre.

L'agent sourit en coin, vaguement méprisant. Certaines choses ne changeaient pas. Les criminels... Il y avait toujours quelqu'un à intimider, assassiner, voler. Le "travail" qu'elle lui proposait était simple, classique et sûrement dangereux. Toutefois il avait put s'apercevoir face à la milice qu'avec l'effet de surprise, les gadgets du futurs ne suffisaient pas à arrêter un homme déterminé et bien entraîné.
Oui, certaines choses ne changeaient pas.

Bien involontairement son interlocutrice lui avait aussi donné une arme intéressante à utiliser contre elle.
Inconsciente de ce fait elle continuait à réfléchir, manifestement à autre chose qu'à la poche posée sur la table. Elle finit par lâcher avec un air satisfait:

-Donc, compte rendu de ce p’tit souci, j’mont’rait la facture à… 5000 dollars. Bon, c’est bon ? On peut s’mettre au boulot alors ? Des suggestions ?

Là l'agent sourit franchement. D'un geste il récupéra la poche de collagène et croisa ses mains devant lui.
Elle proposait un chiffre délibérément grotesque pour le tester. Il n'allait donc pas se défiler. C'était le moment idéal pour "contre attaquer".

-Tu devrais arrêter de taper dans ton stock de médicaments, c'est mauvais pour ton sens de la négociation. Si tu représentais un véritable danger tu n'aurais pas besoin de moi pour... "Discuter" avec tes concurrents. Voilà comment je vois les choses.

Il se leva sans se presser. Varig estimait le moment venu de mettre fin au débat. Un plan s'était rapidement mis en place dans son esprit, présentant de multiples avantages et risques.
Encore fallait-il convaincre la dealer d’accepter. A défaut d'avoir un sens moral, il espéra qu'elle avait le sens de ses intérêts. Et qu'il serait assez effrayant face à ses ennemis pour qu'elle tienne parole.

-Deux options. Soit on va régler ton souci de concurrence, tu me donne mon information et tout le monde se quitte bons amis. Soit je vais voir cette Charly, elle m'offre ce que je veux et quand nous nous reverrons, ce sera sans doute un moment extrêmement désagréable pour toi. En ce qui me concerne j'ai une nette préférence pour la première parce qu'elle est plus rapide, mais je n'hésiterai pas à passer au plan B si nécessaire.

L'agent sourit une nouvelle fois. Si Charly n'était pas seule et dangereuse comme la dealer semblait le redouter en cherchant à l'embaucher, il lui faudrait de quoi renverser le rapport de force avec eux. Et il avait justement une idée en tête.

-Si tu es partante, fais ce que je dis. Dans exactement une deux minutes tu vas aller voir le baraqué avec une veste qui est en train de draguer la blonde en rouge au comptoir. Insulte le, traite le de salaud, joue la harpie furieuse hystérique et jalouse. Ou barre toi, et alors il ne te restera plus qu'à choisir entre un lit d’hôpital et une cellule. Te rendre à la milice calmerait peut être tes ennemis?

Sans rien ajouter ni laisser le temps à son interlocutrice de répliquer il se fondit dans la foule, se dirigeant vers les toilettes. Le bruit commençait à entamer sa bonne humeur et sa concentration. Vivement qu'il retourne dehors, loin de la lumière et des odeurs trop fortes qui saturaient ses sens.
Il était impatient de voir si son "informatrice" ferait ce qu'il lui avait dit de faire ou pas. A ce stade il ne bluffait même plus, pourtant il craignait un peu le côté imprévisible qu'avaient tant de criminels. D'un autre côté il avait besoin qu'elle provoque l'homme à la veste pour se charger de Charly et ses sbires éventuels.
La balle était dans son camp, pour le moment du moins.
Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



24.04.15 13:56
Une fois dans les toilettes, Varig alla aussitôt s'enfermer dans une des cabines. C'est à peine s'il avait jeté un regard en entrant, simple analyse visuelle de son environnement devenu un réflexe inconscient. Les lieux correspondaient au reste de l'établissement: sales, mal éclairés et trop fréquentés. Même ici la rumeur lourde de la musique alourdissait l'air.
Ignorant l'odeur putride en respirant par la bouche, l'agent consulta l'omniphone à son poignet, qui affichait l'heure sous forme d'un hologramme. Encore plus d'une minute trente avant d'atteindre le délais laissé à la dealer n'expire. Il avait largement le temps...

Il enleva un de ses gants et le mit dans une de ses poches pour être certain de ne pas le faire tomber sur le sol, hébergeant probablement assez de microbes et de bactéries pour faire le bonheur et la richesse d'un trafiquant d'armes biologiques.
Sa main gantée vint bloquer sa paupière tandis qu'il enlevait rapidement ses lentilles de contact marrons avant de les laisser tomber dans la cuvette. Il cligna plusieurs fois des yeux pour chasser le léger picotement qu'il y ressentait puis remis son gant et enclencha l'évacuation pour faire disparaître pour de bon ce dont il venait de se débarrasser.
Une seconde plus tard il ressortit, avant d'aller se planter devant le miroir crasseux accroché au dessus des lavabos.
Ses yeux bleus clairs étaient de nouveau visibles, la seule chose qui soit vraiment reconnaissable dans son visage banal.

Varig se détourna pour replonger dans l'ambiance surchauffée du bar.
La dealer n'était plus à la table, et l'agent alla calmement se rassoir en la cherchant du regard. Sans succès. Était-elle partie? Ou s'était-elle fondue au milieu de la foule trop nombreuse?
Tout en contemplant son verre -vidé comme par magie pendant son absence- il réfléchit quelques secondes. La jeune femme qu'il venait de rencontrer n'avait pas l'air du genre à obéir à un ordre, quel qu'il soit. Le genre arrogant et incontrôlable plutôt. Il émit un petit claquement de langue agacé, alors que le temps passait sans aucun signe d'elle.

Le type qu'il lui avait désigné continuait tranquillement son entreprise subtile de drague de bar, laquelle semblait consister à abreuver sa conquête de regards explicites tout en parlant avec de grands gestes. L’intéressée semblait plutôt réagir positivement, puisqu'elle souriait, et émit même un petit rire.
Pourtant l'agent la vit grimacer en cachant son expression dans une gorgée d'alcool. Cela le fit sourire. Il était assez probable que l’intérêt de cette femme n'ait pas grand chose à voir avec la conversation du type au pistolet.

Après un dernier regard à son omniphone, il se leva. Trois minutes de retard. Inutile de rester ici plus longtemps.
L'agent commença à se frayer un passage vers la sortie, contournant la piste de danse improvisée en se rapprochant du bar. C'est là qu'il la vit.
Contrairement à ce qu'il avait cru la dealer n'avait pas quitté les lieux. Elle s'était installée près de la porte, comme si elle hésitait à le faire.
Elle repéra presque immédiatement Varig, et fronça les sourcils. Il lui rendit son regard, et elle articula silencieusement une insulte. Puis elle fonça droit sur l'homme qu'il lui avait désigné un peu plus tôt.

-Hé!

Avant que quiconque ne réagisse elle frappa l'homme d'un magnifique revers, suffisamment puissant pour le faire reculer en titubant. Surpris il failli même tomber à la renverse.
Varig grimaça. Elle en faisait un peu trop à son gout, et la surprise allait vite laisser place à la colère. Il se rapprocha rapidement.

-Espèce de sale petit fils de pute! lui lança la dealer avec une hargne non feinte. C'est qui cette salope!?

L'autre se massa la joue, un éclair meurtrier dans le regard. La femme en rouge suivait le dialogue avec flegme, tandis que le barman surveillait leur manège du coin de l’œil. Ce n'était sûrement pas la première scène du genre dans le coin...

-Elle est complètement cintrée cette nana!

L'agent estima qu'il devait intervenir et tout de suite. Pour le moment les autres clients n'avaient pas compris ce qui se passait à cause du bruit, mais il ne voulait pas trop attirer l'attention. Il traça droit vers sa "cliente", s'interposant entre elle et sa victime.

-C'est de ma sœur que tu parle connard.

Bien qu'ils ne se ressemblent pas vraiment, leurs yeux avaient exactement la même couleur, et de toute façon il n'avait pas besoin de soigner beaucoup sa mise en scène pour obtenir ce qu'il voulait.
L'autre ferma les poings et ouvrit la bouche pour répliquer mais le barman intervint sèchement.

-Pas de bagarre ici les gars! Vous faites ça derrière... leur lança-t-il en désignant une porte.

L'homme au pistolet eu une sorte de sourire mauvais.

-Nan pas besoin chef. Ils vont s'excuser, me payer un verre et dégager. Pas vrai les débiles?

Les deux hommes se défièrent du regard. Soudain la dealer s'empara du verre qu'il avait abandonné sur le comptoir et le jeta sur son propriétaire.

-A ta santé, connard.

L'alcool avait tâché le visage et la veste de sa cible, coulant lentement sur le vêtement pour venir couler goutte à goutte sur le sol. Il resta une seconde interdit, aussi surpris que Varig. La fille en rouge gloussa, et il la fusilla du regard.

-... Dehors, rappela le barman avec inquiétude.
-Vous êtes morts... articula-t-il avec lenteur, plein d'une rage contenue.

Quelques clients avaient commencé à s’intéresser à la scène, mais aucun ne les suivit dehors. Dans le coin mieux valait s'occuper de ses affaires... Au risque de prendre un mauvais coup.
La fille en rouge resta sagement au bar, contrairement à la "sœur" de Varig.

La porte arrière donnait sur une ruelle mal éclairée, où était garée un véhicule qui avait connu des jours meilleurs. Comme presque tout dans le quartier.
Varig observa son adversaire. Massif, au moins 80 kilos pour la même taille que lui. Armé, et énervé, mais probablement mal entraîné vu sa démarche pesante et sa posture mal équilibrée dans le bar après avoir reçu un coup. Probablement alcoolisé.
Bref une proie facile.

Ils s’avancèrent dans la lumière d'un lampadaire, tandis que la dealer restait en arrière. Les deux hommes étaient à moins d'un mètre l'un de l'autre, pile à la bonne distance pour frapper.

-Putain... lança le type au pistolet. Je vais me faire plaisir.

Varig lui sourit.

-Tu sais faire autre chose que parl...

Il ne termina jamais sa phrase. L'autre était passé à l'attaque, une droite dirigée droit sur son visage. Le coup était prévisible, et il avait prit son élan pour frapper le plus fort possible. L'agent évita le coup, se baissant et pivotant sur lui même pour passer sous le bras. Son coude remonta brutalement, frappant son adversaire en plein nez. Avec un certain plaisir il sentit le cartilage se briser. Après le petit entraînement pratiqué un peu plus tôt, ses réflexes étaient affutés. Ce crétin imbibé d'alcool n'avait aucune chance.
L'autre lâcha un grognement de douleur et recula en se tenant le nez, en sang, tandis que son opposant se mettait en garde, prêt à frapper à nouveau.

-Bordel de... lâcha-t-il.

Le regard de Varig avait totalement changé. Il était froid, concentré. L'homme en face de lui n'était qu'un obstacle à faire tomber. Il se demandait simplement où frapper et comment faire mal pour mettre rapidement son adversaire hors de combat.
L'autre se mit en garde et se rapprocha, revenant dans le cercle de lumière. Il sembla hésiter sur l'endroit où frapper, et l'agent en profita pour prendre l'initiative. Il fit un petit bon en avant, bloqua un coup haut lancé par réflexe et expédia un coup de poing dans le plexus de son adversaire. Ce dernier toussa et s'affaissa à quatre pattes, cherchant son souffle.
Varig recula d'un pas et frappa l'homme déjà bien amoché à la tempe. C'était un coup puissant, de bas en haut, qui acheva de mettre le type au pistolet hors de combat.

L'agent balaya les alentours du regard. A part sa "sœur" personne n'était venu observer la rixe. Tant mieux vu ce qu'il allait faire.

-Woh, siffla la dealer. Tu l'as pas raté ct'enflure. Ça doit faire mal, remarqua-t-elle sans une once de compassion.

Sans répondre Varig se pencha sur l'homme inconscient et vérifia que son pouls était stable. Après quoi il ouvrit sa veste pour récupérer le pistolet qu'il portait dans un holster sous le bras. Il ferait rapidement une recherche plus tard pour savoir de quel modèle il s'agissait, vérifiant seulement qu'il n'y avait pas de verrouillage digital.
Il enleva sa propre veste et s'équipa de sa "prise de guerre", fauchant sans vergogne le holster et les munitions. Puis il lança la poche de collagène à la dealer qui la rattrapa au vol.

-Dis moi où je peux trouver cette Charly. Pendant que je me charge de leur cas trouve ce que tu peux là dessus.
Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



11.05.15 17:43
Une heure plus tard, Varig déambulait au milieu de bâtiments abandonnés depuis longtemps. Dans ce secteur, l'éclairage public était incertain et la nuit reprenait ses droits, menaçante et mystérieuse.
Contrairement à ce qu'on aurait put croire les lieux n'étaient pas déserts. Les laissés pour compte et les marginaux ne manquaient pas à Madison, et les ruines formaient autant d'abris pour se reposer... Et se livrer à toutes sortes d'autres activités moins avouables.
C'était d'ailleurs la raison de sa présence ici.

L'agent marchait vite, le dos légèrement courbé, sans regarder autour de lui, se contentant de coups d’œil rapides à la périphérie de son champ de vision. Un peu plus tôt il avait acheté une sorte de cape crasseuse et trouée à un homme occupé à fouiller une poubelle. Le vêtement puait, mais au moins il passerait relativement inaperçu, cachant son visage et ses vêtements presque neufs.

Les dealers concurrents de son informatrice squattaient une ancienne usine. Celle-ci lui avait donné l'adresse ainsi que le résultat qu'elle voulait obtenir.
Varig toucha la crosse de l'arme qu'il portait sous sa veste. Cette mission ne lui plaisait pas, mais il n'avait pas vraiment le choix pour obtenir l'information qu'il voulait. Son plan était relativement simple: s'infiltrer dans le bâtiment, localiser "Charly" et l'emmener discuter dans un endroit où ils ne seraient pas dérangés. Ça ne manquait pas aux alentours... Son employeur avait parlé d'un groupe de cinq ou six criminels. Rien d'ingérable, mais il n'avait pas prévu de les affronter.
Ce n'était pas la première fois qu'il se trouvait obligé de frayer avec des criminels pour réussir une mission, mais il ne se sentait pas à l'aise. Cette gêne persistait désagréablement malgré l'évidente nécessité d'agir.

La silhouette massive de l'usine apparut soudain devant lui, et il se concentra à nouveau. Rasant les murs, il s'approcha d'un pas rapide et silencieux, main sur la crosse de son arme.
Tassés autour d'un brasero improvisé dans un vieux bidon, trois individus se chauffaient en profitant de la lueur des flammes. L'entrée principale était derrière eux. Difficile de dire s'il s'agissait de clients, de la "faune locale" ou d'hommes de main de Charly...
L'agent recula dans l'ombre et s'engouffra dans une ruelle, longeant le mur de l'usine à la recherche d'une autre entrée.
Malgré le manque de luminosité il bougeait avec aisance. L'ombre était une alliée traître qui pouvait cacher des obstacles autant qu'elle le protégeait du regard... Son pas était prudent et silencieux.
Un mur de près de deux mètres de haut transformait la ruelle en impasse. Au sommet des barres de métal avaient sûrement servies à maintenir en place des barbelés mais ceux ci avaient disparu. L'agent hésita quelques secondes, regarda derrière lui puis se hissa au sommet de l'obstacle avant de se laisser retomber souplement de l'autre côté.
Quelqu'un rit non loin et il se plaqua instinctivement contre le béton couvert de tags pour se fondre dans l'ombre. La ruelle s'achevait sur un grand mur, sûrement l'arrière d'un immeuble. L'escalier de sécurité était tombé et s'entassait dans un tas de ferraille aux formes agressives. Plusieurs fenêtres mal calfeutrées par des planches laissaient filtrer une lumière incertaine et des voix indistinctes.
Varig longea silencieusement le mur jusqu'à une des ouvertures et risqua un coup d’œil à travers les fentes lumineuses.

-Bingo, murmura-t-il.

L'intérieur de l'usine avait été vaguement aménagé avec des bâches et ce qui restait de matériel. Un générateur ronronnait, alimentant deux gros spots électriques. Un gros tas de déchets était entreposé à l'écart.
Des matelas crasseux avaient étés installés et l'agent pouvait voir plusieurs camé "profiter" de trips chimiques, parfois derrière des bâches trouées pour rester seuls. Certains semblaient plongés dans une heureuse léthargie alors que d'autres s'agitaient ou discutaient entre eux. Il y avait quelques seringues futuristes, mais surtout des fumeurs.

L'agent repéra deux hommes de main parmi eux. L'un d'eux avait un gros revolver enfoncé dans un pantalon trop large pour lui -une façon de compenser un complexe?- tandis que l'autre avait posé une grosse batte de base-balle dotée d'un boitier électronique sur son épaule. Sans doute électrifiée vu ses gants en caoutchouc épais. Tous deux avaient des cheveux très longs et des vêtements étrangement anachroniques. Varig voyait mieux pourquoi sa "cliente" parlait de "néo-hippies". C'est en effet la première choses qui venait à l'esprit en voyant ces types. Les armes en plus et...

Un choc métallique retentit soudain à quelques mètres de l'infiltré qui dégaina aussitôt en se plaquant au mur, dans l'ombre.
Une porte s'était ouverte au fond de l'impasse, livrant passage à deux silhouettes. L'agent les suivi de son arme, immobile.

L'une des deux referma la porte tandis que l'autre lâchait un gloussement féminin. Les deux ombres se plaquèrent contre un des murs en émettant des bruits qui ne laissaient aucun doutes sur ce qu'ils faisaient et ce qu'ils allaient faire.
Tous deux très occupés, ils ne repérèrent pas qu'un troisième protagoniste s'approchait en silence. Du moins jusqu'à ce que ce dernier assène un bon coup de crosse sur le crane de l'homme.
Ce dernier s'effondra aussitôt, proprement assommé. Il n'avait pas encore touché le sol que Varig avait déjà calé un bras sous sa gorge et posé une main gantée sur sa bouche.

-Si tu te débat ou que tu hurle, je te tue, chuchota-t-il d'un ton impitoyable, conscient que l'ombre l'empêchait de voir son visage. Où est Charly?

Il enleva un peu sa main, mais la fille ne cria pas. Au lieu de ça elle pouffa, sans doute complètement défoncée.

-Où est Charly... Où est Charly... répéta-t-elle d'un ton pâteux.

Elle pouffa à nouveau, prise d'un début de fou rire. L'agent resserra douloureusement la pression sur sa gorge, agacé. Forcément, en s'en prenant à des dealers il devait s'attendre à tomber sur des camés.
Il changea son arme de main et plaça le canon sur le visage dont il discernerait vaguement les contours.

-Où? siffla-t-il.

L'autre s’étrangla à moitié et l'agent relâcha assez la pression pour qu'elle respire. Il ne manquerait plus qu'elle tombe dans les pommes.

-Pfffr... Dans l'usine au fond, dans les bureaux... Pffr... L'étage. Ouais Charly est dans les bureaux à l'étage, répondit-elle en retenant visiblement une nouvelle crise de fou rire.

L'agent recula en la gardant en joue, regardant derrière lui. Il avait la localisation de sa cible. Il n'avait plus qu'à assommer cette camée et à...

-Mmmm, lâcha une voix masculine à côté de lui. Elle tabasse cette herbe!

Varig pivota avant de lever les yeux au ciel une fraction de seconde. Le type qu'il avait assommé s'était réveillé étonnamment vite et s'était mis à quatre pattes encore sonné.
Il fit un pas et l'expédia à nouveau aux pays des rêves chimiques d'un vigoureux coup de crosse. A côté de lui la fille pouffa franchement.

-Pfffrt... Où est Charly...

L'agent braqua à nouveau le pistolet sur elle, hésitant. Finalement il la frappa d'un petit coup de poing au plexus qui vida ses poumons et l'étrangla avec son bras, dosant sa force. Une fois sûr qu'elle avait perdu connaissance il l'étendit contre le mur, tête sur le côté pour être sûr qu'elle ne s’étouffe pas dans son sommeil. Il fit subir le même sort à l'homme, puis rengaina son arme et se dirigea vers la porte.

D'instinct il se plaça sur le côté, comme si un fusil avait été pointé de l'autre côté du battant.
La porte donnait sur un couloir et un escalier. Il était désert et sombre, mais la lumière de la grande salle filtrait jusque là.
Après avoir repoussé la porte derrière lui, l'agent prit l'escalier, main sur son arme cachée par sa cape. Là il déboucha sur un open space éclairé par une lumière tamisée.

L'étage avait dut servir à traiter la paperasse de l'usine, et abritait maintenant la "zone vie" des skateurs. Une sorte de cuisine était installée ainsi que des "box" contenant des lits de camp. Varig repéra aussi une sorte de mini laboratoire et une plantation dans une grosse machine. La drogue qui y poussait ne ressemblait pas à celles du XXIème siècle: il s'agissait de plantes grises, aux feuilles typiquement tropicales. Une odeur lourde flottait, la même qui imprégnait les deux néo-hippie neutralisés à l'arrière.
Une grande baie vitrée donnait sur la pièce principale, plusieurs mètres en dessous d'eux.
Étrangement les lieux étaient déserts.

L'agent s'avança vers la porte du fond, le bureau du patron, négligeant les toilettes.

L'arme au poing il se colla au mur, et fit lentement pivoter le loquet.
Avec lenteur il contourna l'ouverture. Elle donnait sur une pièce sombre et exiguë, sans doute le bureau du secrétaire du patron, protégée de la lumière d'en bas par d'épais stores. Son regard mit quelques secondes à se réhabituer à la faible luminosité, et il finit par distinguer de gros sacs transparents remplis de feuilles sombres hachées. Des conteneurs de produits chimiques et des lots de seringues attendaient contre un mur. La réserve de drogue... Sa propriétaire ne devait pas être loin.

Silencieux, il tira le battant derrière lui et répéta l'opération avec la porte suivante.

Il déboucha dans une grande pièce plongée dans l'ombre. Un écran holographique sur lequel dansaient des héros cartoon diffusait une lumière crue mais aucun son.
Le grand lit circulaire était vide et défait, les stores tirés. Ici tout semblait neuf et bien arrangé et la puanteur de la drogue laissait place à quelque chose de plus doux.
Un petit gémissement s'échappa du canapé.
Toujours sans bruit, Varig contourna le meuble, arme pointée sur son occupant.

Couché sous une couverture, un garçon d'une dizaine d'années dormait d'un sommeil agité, tête sur l’accoudoir. Un couteau à cran d’arrêt était posé à côté de sa tête, en guise de doudou. Peut être le frère, le fils ou le protégé de la chef de gang. En tout cas quelqu'un qu'elle avait prit la peine de bien installer.
L'agent baissa son arme et balaya à nouveau la pièce du regard. Contrairement à ce qu'avait prétendu la fille, Charly ne semblait pas être là. Mais où alors?

Mut par une soudaine inspiration, il s'empara du petit ordinateur posé sur la table basse, qui contrôlait l'écran de la pièce. Il se mit à taper un court texte et reposa l'objet à sa place. Puis il s'empara du couteau et fit jaillir la lame. Son regard froid passa sur l'enfant.
Il avait un travail à faire.



En bas de l'escalier, "Salomon", le bras droit de Charly venait d'achever de négocier avec deux habitués et remontait chercher les doses nécessaires. Alors qu'il entraient dans l'open space, il sentit comme une présence. Dégainant un "fuseur", pistolet laser artisanal, il s'avança, tous ses sens en alerte. Il y aurait dut y avoir un garde... Où était Rixk? Et sa patronne?

-Y a quelqu'un? appela-t-il d'un ton moins maîtrisé qu'il ne l'aurait voulu.

Un bruit de chasse d'eau lui répondit et il failli tirer dessus par réflexe. Un néo-hippie émergea de la pièce adjacente, mais ce n'était pas Rixk.

-Où est ce con de Rixk, et Charly? demanda Salomon d'un ton sec en baissant son arme.

L'autre le regarda d'un œil vide, puis contempla la pièce avant de sourire béatement. Complètement défoncé déduisit-t-il avec agacement en caressant sa longue barbe blanche.

Prit d'une subite inspiration, Salomon s'avança jusqu'à la porte de la réserve. Elle était entrouverte...
Silencieusement il se glissa dans la réserve. L'esprit clair, la main sur son arme, il écouta. Pas de bruit.
Il ouvrit la porte de la chambre de Charly d'un coup, l'arme au poing et balaya la pièce, doigt sur la détente.
Personne. La lueur de l'écran attira une seconde son regard.
Il fit un pas en avant, puis la douleur explosa dans son crane et il tomba sur le sol.

Caché derrière la porte, Varig contourna le corps du hippie assommé et traversa l'open-space, sous le regard vide du gardien assis sur un lit, qui ne remarqua même pas sa présence, perdu dans un trip au pays des merveilles chimiques et incapable de reconnaitre sa propre mère du père noël.
L'agent descendit l'escalier quatre à quatre, l'arme au poing. Il ressortit de l'usine par là où il était venu, sauta le mur d'enceinte et disparu dans la nuit.



Charly se réveilla au bout de la cinquième claque assénée par un de ses sbires.
Elle papillonna des yeux quelques secondes. Puis avec retard, la douleur afflua. Elle avait mal à la gorge... Entre autres.

-Putainnnnnnn t'es enfin réveillée. Désolé pour les baffes, je commençais à...

D'une droite monumentale elle fit taire le babillage du néo-hippie et se releva avec l'impression d'avoir prit la cuite de sa vie. Assommé, le dealer s'était effondré en arrière, mais elle ne s'en soucia pas.

-Merde, jura-t-elle en reconnaissant l'impasse derrière l'usine.

Les souvenirs commencèrent à affluer. Elle avait testé le nouveau mélange "spécial Salomon", un peu plus fort que prévu. Voyons. Confusément elle se revoyait descendre les escaliers avec Rixk après avoir laissé un autre gros bras veiller sur la drogue... Et puis un type très marrant était venu lui demander où elle était et...
Son regard tomba sur son amant du soir, proprement étalé. Et pas par elle.

-Merdeeeeeeeee, jura-t-elle la tête prise dans étau.

La panique monta d'un coup. Elle l'avait envoyé à l'étage voir si elle y était et sur le coup elle avait trouvé ça marrant. Parce que si elle était là elle était pas à l'étage, pas vrai?
Malgré sa tête qui tournait et une solide envie de vomir et courut jusqu'à la porte. Elle grimpa les marches quatre à quatre en se tenant au mur, ne gardant son équilibre que grâce à une longue expérience de ces états laborieux de réveil envahi de brumes chimiques.
Elle traversa l'open-space comme une fusée, sans remarquer son garde qui dormait paisiblement sur un lit.
La porte de la réserve était ouverte. Et derrière la réserve un corps éclairé par la lumière mouvante d'un dessin animé était étendu en travers de l'entrée de sa chambre.

-JOOOOOSHH! hurla-t-elle en déboulant comme une furie.

Sa main avait changée, et était maintenant dotée de longues griffes, prête à déchiqueter tout opposant.
Une petite voix endormie s'éleva du canapé.

-Quoi? Je pionçais moi...

Charly enjamba le corps de Salomon et se précipita sur le petit garçon avant de le saisir dans ses bras, manquant de le décapiter au passage.

-Josh! Ça va frangin?

Ce dernier essaya de se dégager en grognant et elle finit par le lâcher à regret.

-Putain... Tu m'as réveillé pour ça...

Le juron fit tiquer Charly, mais elle ne dit rien. Son regard avait été attiré par le cran d'arrêt, cadeau fait à son frère dont il ne se séparait jamais. L'arme était plantée dans la table basse.
Ses yeux montèrent jusqu'à l'écran où une phrase sinistre flottait par dessus les images enfantines que Josh regardait avant qu'elle ne le borde un peu plus tôt dans la soirée.

La prochaine fois il meurt
Revenir en haut Aller en bas
eraser
Varig Cross

Feuille de personnage
Objets Possédés:
Points de Vie: +10
Points de Force: +0
Varig Cross
eraser



04.06.15 13:10
Pour la deuxième fois de la soirée, Varig pénétra dans un bar. Manifestement sa "cliente" préférait un endroit public. Cela lui convenait: c'était moins propice aux embuscades et il pouvait utiliser l’environnement et la foule à son avantage si besoin.
En deux siècles les règles de ce genre de rencontres n'avaient pas vraiment changées.

Après le grabuge causé à leur premier lieu de rendez-vous, ils avaient convenu d'un autre établissement.
L'adresse indiquée par la dealer ne lui évoquait rien, mais dès qu'il arriva à proximité de il le reconnu. Il s'arrêta à distance, observant la façade, puis laissant glisser son regard sur la rue.
Le jour de son arrivée en 2213, il avait échoué dans ce même bar. Il était perdu, sans repères et fonctionnait à l'instinct. Le barman lui avait parut sympathique et offert un verre.
Aujourd'hui il voyait les lieux d'un œil différent. Il n'était toujours pas à sa place, mais il n'était plus aussi perdu; il reprenait le contrôle. Mais pour aller où?

Chassant ses pensées, il pénétra dans le bar.

Les lieux étaient conforme à ses souvenirs, mais plus animés qu'en journée. Malgré la présence d'une trentaine de clients, on n'avait pas le sentiment de promiscuité étouffante du premier bar. L'endroit était clairement mieux tenu et mieux fréquenté.
Les deux barman étaient des inconnus. Tant mieux. Après tout il était recherché...

Il repéra rapidement la dealer blonde. Elle s'était installée à la mezzanine, sans doute pour garder une vue dégagée sur l'entrée. Sans hésiter l'agent monta la rejoindre.

-Alors s'boulot? lança-t-elle dès qu'il fut à portée de voix.

Varig s'assit calmement.

-Tout dépends de ce que tu as pour moi.

La dealer s'esclaffa.

-Là tu rêve. Toi d'abord.

L'agent sourit poliment, réfléchissant. Au fond il n'avait pas grand chose à perdre à commencer.
Il fouilla dans sa poche intérieure, sentant la dealer se tendre. Un petit médaillon émergea de sa veste, qu'il posa sur la table.

-J'ai mis quelques gars KO et laissé un avertissement clair. J'ai prit ça à un de ses gars. Montre ça à Charly et elle saura que tu travaille avec quelqu'un qui ne plaisante pas..

La dealer posa la poche de collagène sur la table et fit mine de le prendre, mais Varig attrapa son poignet en la fixant dans les yeux. Elle soupira.

-Ok, ok, lâcha-t-elle avec mauvaise humeur. C'truc, ça vient pas d'Madison.

Elle ouvrit la main. L'agent fronça les sourcils.

-Tu te fous de ma gueule? Les trois quart des denrées de cette foutue ville sont importées. Faudra faire mieux que ça.

La blonde grimaça, et se dégagea d'un mouvement sec.

-C'est pas un stock importé. Ni d'la contrebande, le numéro de série correspond pas aux stocks qui s'revendent dans le coin. C'était pour quequ'chose, un hôpital, une infirmerie, un labo... Mais pas à Madison. C'est rare. Pas qu'jsois curieuse de comment t'as mis la main d'ssus hein... Si tu veux en savoir plus faudra parler à quelqu'un dl'extérieur.

L'agent réfléchit rapidement. Pas destiné à Madison? Donc ses employeurs venaient du dehors. Les Erasers et les criminels n'avaient aucune raison de se donner tant de mal. Donc des étrangers? Ça expliquait l'accent de Sofia. Des espions? Des privés?
A moins que le numéro de série ait été trafiqué exprès?
Il s'empara du médicament et l'empocha.

-Hum, lâcha la dealer en louchant sur le médaillon.

L'agent le laissa tomber sur la table et le fit glisser jusqu'à elle. Elle le fit aussitôt disparaitre et se leva. Varig l’attrapa par le bras alors qu'elle passait à côté de lui. Elle essaya de sa dégager, sans succès.

-Il vaudrait mieux que personne n'entende parler de moi ou de cette poche de collagène. Inutile de proférer de déplaisantes menaces, nous savons tous deux ce qu'il en est...

Il planta ses yeux dans les siens. Des yeux vides de toute émotion. Un éclair de peur passa dans ceux de la femme, une fraction de seconde, avant de reprendre une expression de défi. Cela lui suffit.
Il la relâcha brusquement la pression, détendant aussitôt ses traits.

-Ce fut un plaisir, lança-t-il d'un ton enjoué.

La dealer recula d'un pas pour se mettre hors de protée, les joues rougies par la colère.

-Va t'faire foutre, lâcha-t-elle en guise d'au revoir.

Elle agrémenta la remarque d'un doigt d'honneur et tourna les talons.
Varig ne se leva pas tout de suite, préférant commander un verre tout en réfléchissant à ce qu'il avait appris.
La piste n'était pas bien importante, et pouvait très bien avoir été laissée à dessin. Toutefois il tenait un indice important. Plus le temps passerait et plus il en apprendrait sur les opérations de ses employeurs...
Il jouait un jeu dangereux, mais n'avait pas le choix. Se rendre était exclu, si Sofia travaillait avec la milice ou disposait d'informateurs elle connaitrait immédiatement sa trahison. Et vu ses moyens, elle s'assurerait probablement de son silence d'une façon ou d'une autre.
De toute façon qu'aurait-il put dire? Il n'avait pas l'ombre d'une preuve de l'existence de ses employeurs.
Il regarda la lumière des plafonniers jouer sur le liquide ambré dans son verre.

Il n'avait jamais été un grand fan d'alcool, mais cela l’occupait et lui permettait de passer inaperçu.
Son regard glissa sur les anonymes autour de lui.
Des sourires. Des rires.
Un monde normal, où les gens vivaient dans un quotidien fragile. Un jeu en pleine lumière... Mais il n'en faisait pas partie, et au fond il en aurait été incapable. Il étaient depuis trop longtemps dans les jeux d'ombres. Le mensonge, la violence et les côtés sombre de l'âme humaine étaient son univers. On ne pouvait pas durer dans ce monde sans en être marqué... Pas de lumière pour lui.

Varig prit une gorgée de son verre, laissant la boisson se répandre sur son palais. Et il se demanda à quoi il travaillait: pour ces gens ou contre eux?
Cette nuit en tout cas, il était parmi les ombres, travaillant avec des criminels. Il avait frappé, mentit et menacé. Parce que c'était nécessaire, ou parce qu'il lui était difficile de se souvenir à quel point s'était mal quand l’excitation de l'action faisait frissonner son échine?

L'agent posa doucement le verre sur la table, incapable de répondre à cette question.


RP CLOS



A suivre dans:
Sous les toits
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 1
Sauter vers: