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Au bout du rêve [PV Morphée Finigan]
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Varig Cross

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17.01.16 19:30
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Journal

9 juillet 2001, Manoir Bergsen, Suisse

Luttant contre le vertige, Varig longeait le mur de pierre en prenant garde à ne pas se rapprocher du bord de l’échafaudage. Malgré son épais manteau et le soleil qui brillait, le vent froid d'altitude semblait s'infiltrer partout, et il était glacé jusqu'aux os. Son corps n'avait plus l'habitude du climat rigoureux des montagnes suisses, à l'opposé de la chaleur étouffante de Hong-Kong, la ville où il séjournait encore il y a peu.

Depuis sa rencontre avec Johann Bergsen huit ans plus tôt jour pour jour, il avait suivi celui qui était devenu son père d'adoption dans tous ses voyages, et habité dans de nombreux pays, parfois pendant des années. La dernière adresse en date n'avait duré que quelques mois, une période plutôt courte comparée aux précédentes, mais le départ avait été précipité. On les avaient pris en chasse jusqu'à l'aéroport, et ils avaient purement et simplement pris la fuite hors du pays. La police politique chinoise leur en voulait, sans aucun doute...
Au fil du temps, même si ses questions restaient sans réponse, Varig avait compris que son père adoptif faisait bien autre chose que le travail humanitaire et diplomatique pour lequel il était officiellement missionné sur plusieurs continent par l'Église Catholique. Parfois il saisissait une conversation où il était question de négociations secrètes, d'espionnage, de complots... Ces mystères avaient quelque chose de grisant, et ne faisait qu'alimenter la loyauté proche d'une quasi adoration qu'il vouait à son mentor.

Entre deux voyages, ils revenaient généralement au manoir Bergsen, dont le cardinal avait hérité des années plus tôt à la mort de son frère. Il s'agissait d'une ancienne forteresse médiévale, rénovée plusieurs fois pour s'adapter aux nouveaux besoin d'une riche et ancienne famille. Aujourd'hui Johann était le dernier à porter son nom, et la demeure toute entière était en travaux. Le cardinal avait donné son accord pour y créer une fondation, destinée à accueillir des orphelins aux aptitudes remarquées, et à leur offrir la meilleure formation possible en utilisant sa fortune personnelle. Une façon comme une autre de laisser un héritage... Mais pour l'heure, la grande demeure était presque vide d'habitants. Les ouvriers n'étaient même pas là, profitant d'un jour de repos.
Varig ressentait une pointe de jalousie à l'idée que cet endroit qu'il considérait comme son foyer devienne celui d'une ribambelle d'inconnus. Et surtout, il avait peur que son père adoptif ne le place parmi eux. Le cardinal avait toujours été très clair; même s'il était son protégé, il ne pourrait jamais devenir officiellement son héritier. Ça aurait été contraire aux lois de l'Église. Mais cela, au fond, l'adolescent s'en moquait. Son père adoptif et lui savaient quel lien les unissaient, peu importe ce que disait la loi. Mais ce projet de fondation inquiétait Varig plus que de raison.

C'était sans doute cette crainte qui l'avait menée sur cet échafaudage, à un petit mètre cinquante d'une chute vertigineuse, et forcément mortelle.
La journée avait pourtant bien commencée. Ignorant sa véritable date de naissance, l'adolescent avait toujours fêté son anniversaire le 9 juillet, la même date à laquelle il avait rencontré Johann Bergsen, dans un village détruit, quelque part dans une des ex républiques satellite de l'URSS ayant sombré dans la guerre. Orphelin, c'était là qu'il s'était lié à son mentor, qui avait lui aussi perdu ses parents très jeune. Depuis ecclésiastique lui tenait lieu de père.
La matinée de ses quatorze ans, il avait eu le privilège de la passer avec le cardinal. Ils avaient discuté pendant des heures dans son bureau, ce qui était finalement  assez rare pour que l'adolescent considère ça comme un vrai cadeau.

Mais le père Gabriel, le secrétaire de son père adoptif, était arrivé au manoir en début d'après-midi, avec un homme impressionnant. La moitié de son visage était marquée d'une large cicatrice, et il avait quelque chose d'inhabituel. Un sentiment de force et de danger, qui émanait peut être de sa carrure athlétique, ou bien de sa façon de se déplacer parfaitement en silence.
Aussitôt après, le duo était allé dans le bureau du maître des lieux, et Varig avait dut sortir. Mais avant de retourner dans sa chambre, l'adolescent avait put saisir au vol une pochette brune.
Gabriel portait son dossier sous le bras, marqué d'une suite de chiffre qu'il avait mémorisé grâce à sa mémoire absolue, une particularité dont il était atteint depuis l'enfance. Mais impossible d'écouter quoi que ce soit au travers de la porte de bois massif; la mort dans l'âme, il avait dut s'éloigner.
L'adolescent de quatorze ans était anormalement discipliné pour son âge. Jamais il ne remettait en cause un ordre de son père. Pourtant il pouvait aussi se montrer très audacieux, voir très imprudent, et personne ne lui avait interdit d'espionner la conversation.
Décidé à apprendre tout ce qui pourrait l'éclairer sur son avenir, et peut-être empêcher les adultes de décider sans lui, il avait escaladé une fenêtre sans hésiter et s'était aventuré sur les échafaudages qui couvraient la façade du manoir après avoir enfilé des affaires chaudes et s'être emparé d'un stéthoscope dans la trousse de premiers secours de la cuisine.

De là il pouvait atteindre le bureau et coller son outil au verre pour entendre ce qui se disait. Si l'idée lui avait semblé simple à réaliser quelques minutes plus tôt, il en était autrement une fois qu'il fallait évoluer sur des planches à plus d'une centaine de mètres de haut.

-Allez, un peu de courage, s’exhorta-t-il en reprenant son avancée.

Le panorama était impressionnant, mais il n'avait pas le loisir d'en profiter, et d'ailleurs il lui aurait donné le vertige. Concentré sur ses mouvements, il avançait encore trop lentement à son goût. Ses sens le trompaient, lui donnant l'impression morbide d'être attiré vers le vide. Le vent qui sifflait à ses oreilles n'arrangeait rien. Pourtant il s'entêtait.

Varig connaissait le manoir comme sa poche, et avait rapidement établi son itinéraire. Au bout de quelques minutes d'une progression angoissante, il parvint à la verticale du bureau. Restait un dernier obstacle à franchir: deux grandes échelles de métal. L'adolescent fit une courte prière pour se rassurer, puis il s'éloigna de l'appui rassurant du mur pour saisir le premier barreau. Sans ses gants, la peau de ses doigts serait restée collée au métal glacé.
Gravissant la première échelle avec détermination, il se hissa d'un étage. Soufflant un peu en s'adossant au mur, il regarda au dessus de lui. Chaque instant perdu rendait peut-être ses efforts vains. Il devait continuer à monter, au plus vite s'il ne voulait rien manquer de la conversation.
Il exécuta un exercice de respiration enseigné par le cardinal pour se calmer et résister au stress avant d'attaquer la seconde échelle.

Varig en était au troisième barreau, quand soudain son pied dérapa sur une fine couche de glace, qui couvrait le métal. Sa jambe partit dans le vide, et il lâcha un bref cri alors que tout le bas de son corps quittait l'échelle. Resserrant désespérément la prise sur de ses doigts, il évita la chute dans le vide de peu.
Ballotté par le vent, sa hanche revint frapper contre le métal de l'échelle, et il émit un grognement de douleur. Malgré lui il regarda vers le vide, et lâcha un nouveau gémissement. La hauteur était vertigineuse, hypnotique.
L'adolescent se plaqua de toute ses forces contre la structure, respirant à toute vitesse, les yeux dans sa manche.

Il resta ainsi de longues secondes, avant de finir par se reprendre. Épuisé par l'ascension, il franchit les derniers mètres qui le séparaient de la fenêtre du bureau. Là il leva le stéthoscope d'une main tremblante, en restant hors de vue de l'intérieur. Dès que le rond de métal toucha le verre, il entendit ce qui se passait à l'intérieur avec une acuité étonnante.

-... Vous devriez reconsidérer votre décision votre Éminence,disait le père Gabriel. Cet homme était le meilleur de tous ceux que nous avons vu... Et il y en avait beaucoup. Varig acceptera si vous le lui demandez...

Un grincement retentit soudain, si proche que l'adolescent l'entendit malgré le vent. La seconde d'après, une main s'abattit sur sa nuque et il perdit totalement le contrôle de son corps. La douleur enflait, écrasante. Il se sentit tomber vers l'abime sans pouvoir l’empêcher.
Juste avant de perdre connaissance, il entrevit un visage, alors qu'on le traînait loin du vide.
Un visage balafré qui souriait étrangement.


Il revint à lui un peu plus tard, plongé dans une douloureuse confusion des sens. C'était la première fois qu'on l’assommait. D'abord il entendit des voix, sans parvenir à démêler les mots. Péniblement il reconnu du russe, sa langue maternelle.

-... Ne soyez pas stupide Johann. Donnez le moi et je ferais de lui l'agent dont vous avez toujours rêvé.

Le propriétaire de la voix était inconnu, mais ses inflexions graves laissaient à penser qu'il avait une forte carrure. Sans doute l'homme balafré.

-Je n'ai jamais voulu de ce genre de vie pour Varig. Il a le droit à autre chose. Il a le droit à mieux, répondit le cardinal, un brin sèchement dans la même langue. C'est non.

Restant immobile, Varig stabilisa sa respiration. Son père adoptif était tout près, et il n'aurait put rêver meilleur poste d'écoute.

-Toujours votre morale toute neuve, lâcha le russe avec mépris en faisant quelques pas. J'ai connu une époque où vous n'auriez pas hésité à faire ce qu'il fallait. D'ailleurs je crois même que c'est exactement ce que vous aviez en tête quand vous l'avez trouvé. L'entraîner. Le former. En faire un agent parfait. Votre agent... Gabriel le pense aussi.

Il y eu un long silence. Varig sentit la main de son père adoptif repousser doucement ses cheveux.

-Vous avez raison. Nous nous connaissons depuis trop longtemps pour prétendre le contraire. Mais j'ai changé, si Dieu veut. C'est mon fils. Jamais je ne lui imposerait cette vie d'agent du Cabinet Noir, cette vie que j'ai vécue... Il finira sa scolarité dans la fondation que je vais créer ici et vivra une existence normale. Cette discutions est terminée.

Plus que tout le reste,ce furent ces quelques phrases qui décidèrent l'adolescent. C'est à ce moment précis que son monde bascula. Avant même d'ouvrir les yeux, il savait ce qu'il allait dire.
Quoi que soit le Cabinet Noir, quoi que signifie être un agent, c'était ce à quoi il était destiné depuis toutes ces années. Depuis que le cardinal l'avait trouvé dans ce village, c'était ce pour quoi il était fait...
Sa vie prenait enfin un sens.

Le soir même il quitta le manoir en compagnie du russe au visage balafré pour un long, très long voyage.



9 juillet 2213, centre-ville de Madison, 212 ans plus tard

Lorsque Varig pénétra dans le club, il balaya les lieux d'un regard rapide. Son visage resta détendu, et ce réflexe hérité d'une expérience d'agent secret déjà longue ne dura pas pas assez longtemps pour attirer l'attention. Non d'ailleurs qu'il y ait beaucoup de gens à le scruter: on était en début de matinée, et l'endroit était pratiquement désert. Il était trop tard pour que d'éventuels noctambules traînent encore, et trop tôt pour que les clients de la journée n'arrivent.
Les lieux dégageaient une impression de calme profond, le genre qu'on ne peut trouver qu'après l'agitation extrême. Mais finalement cette ambiance convenait parfaitement à l'agent et son humeur.

Le 9 juillet avait souvent été une journée propice à une dangereuse mélancolie pour lui. Le matin même il s'était levé très tôt, encore un peu fatigué par les restes du virus T8G7 dans son organisme, et s'était rendu au quartier général de la milice. Au moins, la perspective d'une longue journée de travail sans temps mort lui laissait l'espoir de ne pas avoir l'occasion de penser.
Malheureusement, il avait commis l'erreur de donner le 9 juillet comme date de naissance pour sa couverture, plus par habitude que par calcul. Éviter de trop changer de détails permettait de rendre une fausse identité bien plus solide.
Son supérieur, le capitaine Hobbes, avait donc décrété qu'il avait besoin d'une journée de repos, et que son anniversaire constituait un prétexte suffisant pour le renvoyer chez lui.

Docilement, Varig était rentré "chez lui", un appartement confortable et ordonné, remplis de photos qui ne lui appartenaient pas, celles de sa couverture. Son visage y avait été ajouté informatiquement par les techniciens de la CIA, au milieu d'inconnus souriant dont il avait mémorisé les noms, les liens avec "Mike Wagner", ignorant seulement s'ils existaient vraiment. Tout un petit monde de mensonges et d'illusions...

Il avait pourtant essayé de mettre son temps libre à profit. Le temps...
Trop de temps pour penser. Trop de souvenirs venaient envahir son esprit comme un poison, anéantissant ses efforts de concentration ou de repos. Impossible de dormir, de lire ou de réfléchir.

De guerre lasse, l'agent avait donc finit par ressortir, marchant sans but dans les rues. L'air lui faisait du bien, et les rues colorées du centre-ville offraient des paysages nouveaux. Il ne connaissait pas encore vraiment Madison, et oscillait encore entre la fascination et une franche détestation pour l'endroit. Malgré ces nombreuses missions risquées, il avait rarement été autant mis sous pression qu'ici, menacé de toute part et risquant sa peau avec une régularité défiant toute statistique. Et pourtant une part de lui aimait ce danger permanent.
En marchant dans les rues, il ne voyait plus la jungle urbaine, ou un monde futuriste inconnu. Il voyait un champ de bataille, un échiquier qui aiguisait ses sens et apaisait son esprit, l'aiguisant comme une lame.
Le saut dans le temps lui avait prit tout ce qu'il connaissait, mais aussi donné une sorte de pureté, celle que ne peut atteindre qu'une arme. Il n'était plus que cela maintenant: un agent, un pion inconnu pris dans un jeu complexe, un scalpel prêt à frapper avec précision.
Au fond était-ce si mal? Les armes au moins ne souffraient pas d'état d'âme. Elles n'avaient ni responsabilités, ni regrets, ni remords. Contrairement à lui.

Au bout d'un moment, il s'aperçut qu'il avait envie de parler à quelqu'un, n'importe qui au fond, et de n'importe quoi. Il jeta un œil pensif à la courte liste de contacts de son omniphone. Esteban, un petit criminel qui le renseignait parfois ne retint pas son attention plus d'un quart de seconde. Les membres de l'unité Delta, ou ses autres connaissance plus ou moins vagues au sein de la milice Erasers travaillaient tous. Et de toute façon que leur dire sans mettre en danger sa couverture? Il avait également rencontré un prêtre, mais le nombre de mensonges qu'il devrait déverser le découragea. Prier l'aiderait peut-être plus tard, mais pour l'instant il ne s'en sentait pas le courage. Trop de fautes et de regrets qui pesaient sur sa conscience et le ciel insolemment bleu de cette journée.

Il avait donc choisit de parler à un inconnu. Il y avait plusieurs moyens pour ça, mais il avait jeté son dévolu sur un des bars des rues piétonnes, un endroit sans doute festif la nuit venue. Un peu par hasard, il était entré dans l'établissement, avait observé les lieux d'un regard critique, avant d'aller s'installer au comptoir d'un pas nonchalant.
Sa main gantée se posa sur le bois du bar. Il portait toujours sa tenue de travail, un costume cravate et une petite veste noire qu'il garda sur lui pour éviter de révéler le holster de son arme.

-Bonjour, lança-t-il à l'unique employée visible, une barmaid à l'air fatigué.

Il attendit que celle-ci se rapproche pour poursuivre, arborant un sourire engageant bien qu'on puisse sans doute lire la lassitude sur ses traits.
Sans doute le jaugerait-elle du regard. Avec sa tenue, il ressemblait à n'importe quel employé de bureau, et sans doute s'attendrait-elle à ce qu'il commande du café.

-Je ne suis pas très familier avec tout ça, lâcha-t-il avec un signe de tête vers le panneau lumineux listant les différentes boissons servies. Vous conseillerez quoi à quelqu'un qui a trop de souvenirs?

Tout en parlant, il étudia rapidement la barmaid, sans insistance. Brune avec de longs cheveux, plutôt petite elle semblait très jeune. Elle avaient des yeux d'un bleu sombre, à l'opposé des siens, très clairs. C'était une jolie fille, même si ce n'était pas à la recherche de ce genre de compagnie qu'il avait pénétré dans le bar. N'importe qui aurait fait l'affaire au fond.
Tout en écoutant sa réponse, il lança un rapide coup d’œil par dessus son épaule, avec la sensation désagréable d'être observé. Un homme chauve entre deux âges qui regardait vers le bar se détourna pour se replonger dans la lecture de journaux électroniques sur son bracelet, tenant une tasse de café dans l'autre main.

-Vous avez peu de clientèle, remarqua-t-il en ramenant son attention sur l'employée devant lui. Ça doit vous changer de la nuit. Vous trouvez cela reposant ou ennuyeux, ce calme?

Parler de tout et de rien n'avait jamais été son fort, quoi que son entraînement lui ait fournit toute une palette de façons d'engager la conversation. Mais, outre qu'elle faisait écho à sa propre humeur, sa question était surtout un moyen de laisser une façon polie à la jeune femme de refuser de parler.
Tout en attendant sa réponse, il jeta un nouveau coup d’œil vers le client au café grâce à un miroir au dessus du comptoir. L'homme qui lisait sagement. Rassuré sur le fait qu'il ne cherchait plus à le fixer, il ramena sa pleine attention sur la barmaid, à laquelle il sourit poliment.
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17.01.16 22:28
Au bout du rêve...
On n'échappe pas aux fantômes de notre passé.
Voilà plusieurs années que Morphée travaillait dans ce bar. Un peu plus de deux ans en fait, mais aujourd'hui elle avait l'impression que cela faisait plus d'un demi siècle. Depuis le temps elle s'était parfaitement familiarisée avec l'endroit, ses collègues et même certains habitués. Et c'était précisément pour cette raison qu'elle se trouvait ici au lieux de roupiller tranquillement dans son appartement miteux de l'Entre-deux. Clara, une femme d'une trentaine d'année travaillait avec elle depuis longtemps déjà et elle avait eu un soucis avec l'un de ses gamins qui l'avait conduite à se faire remplacer. Les heures supplémentaires n'étaient clairement pas dans ses habitudes et les heures en journée rapportaient bien moins que celles de nuit, mais après tout elle lui devait bien ça.
Elle éprouvait une désagréable sensation de faux raccords, la nuit pendant son service habituel, elle avait affaires à des fêtards qui venaient dans l'unique but de se saouler. Ça ne la dérangeait pas du tout, plus ils étaient nombreux et plus ils étaient saouls, mieux c'était pour les affaires. Elle devait parfois essuyer quelques avances maladroites voir salaces et avinées mais elle ne s'en formalisait pas, se contentant de les ignorer tout simplement. 
Mais là en journée, la faune du bar était bien différente, pas de cocktails à base de vodka ou de bière pression à servir, seulement des cafés, et parfois un petit verre de vin, rien qui ne soit vraiment susceptible de vous décrasser le cerveau (ou de vous l'engluer à forte dose). Même la pièce en elle même semblait un tout autre endroit. L'obscurité et les lumières stroboscopiques agrandissaient davantage l'espace que la lumière du jour. L'imposant comptoir en bois sculpté réfléchissait si bien les chauds rayons du soleil qu'on aurait dit qu'il brillait de l'intérieur. Les bouteilles, verres et autres ustensile se tenaient parfaitement en ordre sur leur étagères respectives, la musique rock jouait à un niveau tout à fait acceptable, personne ne s'agitait dans tous les sens, ni ne courait derrière le bar, personne ne braillait, c'était tellement calme que ça lui filait des frissons dans le dos.
On voyait très distinctement les marques laissaient par les danseurs sur la scène repeinte en noire l'année dernière, elle ne les avaient jamais remarqué.

Un raclement de gorge attira l'attention de Morphée. Un homme d'une quarantaine d'années qui semblait perdre son combat contre la calvitie la reluqua de haut en bas. Ouais, le haut serré noir et partiellement transparent qu'elle portait n'était certainement pas plus adapté à la situation que son pantalon en simili-cuir ou que ses cuissardes à lacets, mais c'était le genre de tenue qu'elle devait bien porter en tant que barmaid, et ses vieux sweats déformés n'étaient pas vraiment de meilleure circonstances pour la journée que ces tenues du soir. Elle rejeta la tête en arrière, renvoyant ses longs cheveux derrière son épaule et faisant danser les boucles fluos qu'elle portait aux oreilles, ajoutant au tout un claquement de langue sec. Le numéro eu l'effet escompté et le client ramena son regard au niveau du visage de Morphée. Elle haussa un sourcil.

- Il vous fallait quelque chose ?
- Euh … je... oui... un-un café s'il vous plaît.

*Tu peux bafouiller et rougir autant que tu veux bonhomme, c'est ce qui arrive quand on a une conduite déplacée.* Se dit elle en regardant la boisson sombre et brûlante tomber dans la tasse immaculée. Alors que le quadragénaire aux yeux baladeurs lui tendait de la petite monnaie, elle remarqua une silhouette qui passait le seuil de ce temple de la déchéance humaine. Le client détailla les locaux d'un air perplexe, rien qu'à ce qu'il dégageait, Morphée aurait parié ses fringues qu'il n'était pas coutumier de ce genre d'endroit. Ramassant le pourboire et la tasse souillée abandonnée par un jeune coursier, elle s'appliqua à la tâche habituelle de laver et d'essuyer la vaisselle. Quelqu'un la héla. Elle s'approcha du nouveau venu, jetant le chiffon rouge sur son épaule.

-Je ne suis pas très familier avec tout ça ... *et bien et bien quelle surprise* Vous conseillerez quoi à quelqu'un qui a trop de souvenirs ?

La jeune evolve cala sa hanche contre le comptoir et l'observa plus attentivement. Plus grand qu'elle, il arborait des cheveux aussi sombres que les siens. Derrière des lunettes rectangulaires elle apercevait des yeux bleus... terriblement las. Son regard démentait son apparente jeunesse, à cette instant elle l'aurait pensé aussi vieux que le monde. Elle soupira

-C'est peut être un peu matinal pour ça, mais quand il faut, il faut.

Il se retourna et guetta furtivement quelqu'un au fond de la salle. Elle fronça les sourcils, pourquoi diable ce mouvements lui faisait il tellement penser à une gazelle prise en chasse par un lion ? Quoi qu'il en soit elle posa le verre de whisky qu'elle lui avait servi à côté d'une main ganté. Mh. Bizarre quel métier pouvait exiger le port de gangs en dehors de celui de cambrioleur ou d'assassin ? Il n'avait pourtant pas l'air bien dangeureux dans son costume ridiculement banal. C'était presque comme s'il cherchait à coller au stéréotype de gratte papier. Qu'importe de toute façons ça n'était pas ses oignons. Il lui sourit de manière avenante et reprit :

-Vous avez peu de clientèle. Ça doit vous changer de la nuit. Vous trouvez cela reposant ou ennuyeux, ce calme?

-Ah ça c'est sûr que ça change. C'est trop calme, bien trop calme, je pourrai presque m'endormir sur place... *un instant mais ?!* Comment est ce que vous savez que je travaille la nuit d'habitude ?! *le quadragénaire impoli lui revient en mémoire* ...ah. Laissez moi deviner, tenue un brin trop dévergondée pour l'horaire ?

Il avait l'air de vouloir parler à quelqu'un, du genre à n'importe qui. Morphée comprenait ce sentiment, et puis de toute façons elle n'avait que très peu de clients. Elle attendit qu'il ai vidé son verre sans le quitter du regard avant de lui parler à nouveau.

-Vous êtes claqué hein ? Vous devriez peut être prendre des vacances, vous avez une mine affreuse vous savez ; on dirais qu'on vient de vous frapper en pleins visage, ou que vous avez heurté un semi remorque.

Une sensation horriblement désagréable saisit la jeune fille. Un lent frisson glacé lui remonta le long de la colonne vertébrale, suivi d'une série d'étranges impulsions électriques comme si ses nerfs essayaient de s'échapper son corps. Perturbée elle cligna rapidement des yeux avant de jeter un rapide regard à la ronde. Rien ne semblait pourtant sortir de l'ordinaire excepté l'étrange impression de se tenir à des mètres et des mètres au dessus du sol. Son malaise lui paraissant totalement infondé elle se concentra sur son interlocuteur.

HRP:



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18.01.16 17:20
La barmaid n'hésita pas longtemps avant de lui répondre. Après tout, parler avec les clients faisait aussi partie de son travail: un minimum de sociabilité devait être requis, au moins pendant les heures de service. Varig avait travaillé plusieurs fois à ce poste en mission, aussi connaissait-il un peu les habitudes qui y étaient liées. Deux siècles ne semblaient pas y avoir changé grand chose.

-Ah ça c'est sûr que ça change. C'est trop calme, bien trop calme, je pourrai presque m'endormir sur place... répondit-elle avec franchise avant de marquer une pause, comme frappée par une idée subite. Comment est ce que vous savez que je travaille la nuit d'habitude ?!

L'agent eu un petit sourire amusé et saisit son verre de whisky, faisant tourner le liquide ambré dans le verre. Le geste fit tinter les glaçons.
Il buvait rarement, plutôt par obligation que par goût en général, et finalement il se demandait s'il allait vider ce verre. Après tout, qu'est ce qui pressait?

-Ah, lâcha l'employée après réflexion. Laissez moi deviner, tenue un brin trop dévergondée pour l'horaire ?

À nouveau, Varig sourit à son interlocutrice, avant de poursuivre sur le ton de la conversation.

-Ça et votre teint immaculé, malgré le beau soleil qui brille dehors, ainsi que vos pupilles légèrement rougies par une nuit de travail. Sans compter qu'aucun patron compétent ne place une jeune et jolie barmaid sur un service de jour, où les clients sont rares. Je crois même que vous remplacez un ou une collègue au pied levé, puisque vous avez précisé que vous bossez la nuit "d'habitude".

Il replongea le regard dans son verre. Il sentait le froid de la glace à travers la fine couche transparente, et se décida soudain à boire le whisky. Il le vida d'une traite, grimaçant à peine alors que l'alcool brûlant envahissait son organisme.

-Outch. Ça réveille, lâcha-t-il avant de se frottant les yeux de sa main libre.

La barmaid, qui avait gardé ses yeux braqué sur lui. Elle reprit soudain la parole.

-Vous êtes claqué hein ? Vous devriez peut être prendre des vacances, vous avez une mine affreuse vous savez ; on dirais qu'on vient de vous frapper en plein visage, ou que vous avez heurté un semi remorque.

Si vous saviez... pensa Varig sans le dire à haute voix, avec un sourire qui ressemblait à une grimace. Mais je doute que des vacances suffisent à me faire oublier tout ça... Ce qu'il me faut c'est un bon somme, sans cauchemars, et assez d'action pour me garder l'esprit occupé.

-Vous dites ça, mais je m'en sors bien. Vous n'avez pas vu ce qu'il reste du semi-remorque, plaisanta-t-il en levant son verre dont le contenu brilla un instant au soleil.

La barmaid cligna soudain des yeux et regarda un instant à la ronde, comme si elle était désorientée. Varig agita pensivement le whisky, faisant tinter les glaçons. Le son résonna étrangement à ses oreilles, comme légèrement amplifié, mais il n'en tint pas compte.
De l'autre côté du comptoir, la jeune femme sembla reprendre rapidement ses esprits, et ne tarda pas à ramener son regard sur lui.

-Je crois que je ne vais pas tarder à rentrer dormir. Il n'y a guère que comme ça que ça s'arrangera... Et vous? lança-t-il avec sérieux. Vous avez l'air presque aussi claquée que moi, enfin le semi-remorque en moins.

Il attendit sa réponse, et jeta un nouveau coup d’œil vers l'homme chauve qui buvait son café. Sa table était vide, mais le café fumant était toujours posé dessus, ainsi que le journal électronique.
L'agent balaya le regard de la salle, sans le trouver. Peut-être était-il partit au toilette?
La lumière du soleil tombait en cascade dans l'entrée, et les hauts-parleurs diffusaient du rock à un niveau si faible qu'il n'était plus qu'un bruit de fond. Que ce soit à cause de l'alcool ou de cette ambiance feutrée, Varig se sentait étonnamment bien.

-Ce n'est pas mal du tout ici, remarqua-t-il. Beaucoup mieux que les endroits que je visite d'habitude pour mon boulot. Vous avez peut-être raison pour les vacances.

L'agent vida à nouveau son verre, que personne n'avait remplis, mais cette fois, c'est une chaleur agréable qui le traversa. Peu à peu, son esprit s’éclaircissait, et une étrange impression de déjà vu s'installait. C'est presque comme s'il savait ce qu'il allait dire, ainsi que la réponse à sa question. Pourtant il ne chercha pas à l'éviter.

-Dites-moi, puisque nous en sommes à parler de vacances, que pensez vous du mur? Ce n'est pas trop dur de vivre "enfermé" dans cette ville? Comme vous devez vous en douter je ne suis... Pas du coin.
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19.01.16 0:44
Au bout du rêve...
On n'échappe pas aux fantômes de notre passé.
Morphée ne s'attachait jamais aux clients, et se cantonnait toujours aux simple dictas sociaux que lui imposait son métier. Mais étrangement, l'homme qui était entré ce matin là dans son petit bar lui inspirait une sorte de... d'empathie ? Non, plutôt un sentiment de familiarité. Le moins que l'on puisse dire c'est que c'était plus que rare la concernant, mais enfin, un peu de légèreté ne lui ferai pas de mal. Et puis ça la changeait bien des demis cerveaux de Neandertal baignant dans l'alcool qu'elle servait en général. Il était malin, en plus de deviner qu'elle travaillait le soir, il avait réussi à déduire qu'elle avait travaillée toute la nuit précédente et qu'elle avait remplacée une collègue. Il n'avait presque pas broncher en vidant son verre. Elle voulut se saisir du chiffon qu'elle avait en travers de son épaule... mais qui visiblement ne s'y trouvait plus. Elle avait dû le poser quelque part, la fatigue émoussant probablement sa mémoire. Oui, c'était forcément cela, parce qu'elle jurerait qu'un client se tenait à la table du fond y a quelques secondes à peine. Elle ne se rappelait pas non plus avoir resservit Sherlock Holmes mais c'était visiblement le cas. Elle n'avait pourtant pas l'impression d'être sur les rotules.

- Vous dites ça, mais je m'en sors bien. Vous n'avez pas vu ce qu'il reste du semi-remorque …
*Ah le sarcasme, un ami qui vous sauve votre journée et votre santé mentale par la même occasion.*
Je crois que je ne vais pas tarder à rentrer dormir. Il n'y a guère que comme ça que ça s'arrangera... Et vous? Vous avez l'air presque aussi claquée que moi, enfin le semi-remorque en moins.

- Oh moi vous savez, j'ai une préférence pour les caravanes.

- Ce n'est pas mal du tout ici. Beaucoup mieux que les endroits que je visite d'habitude pour mon boulot. Vous avez peut-être raison pour les vacances.  Dites-moi, puisque nous en sommes à parler de vacances, que pensez vous du mur? Ce n'est pas trop dur de vivre "enfermé" dans cette ville? Comme vous devez vous en douter je ne suis... Pas du coin.

*Elle haussa les épaules*  
- Je m'en serai doutée. Je suppose que c'est différent pour chacun mais... on ne s'habitue jamais, en fait c'est de moins en moins facilement supportable, mais enfin, y a pire je suppose.

Elle aurait bien voulu continuer à lui parler de la vie à Madison, mais soudain un sifflement strident lui vrilla les oreilles. Pendant un instant elle s'interrogea sur la provenance de cet étrange bruit blanc avant de se rendre compte, que c'était le silence, l'absence totale de bruit. Dès qu'elle en eu pris conscience l'atmosphère calme et feutrée sembla prendre matière autour d'eux, comme s'il lui suffisait de tendre la main pour la toucher. D'abord simplement palpable, elle devint oppressante, écrasante. Lorsqu'elle tourna la tête, ce qu'elle vit par la fenêtre n'avait aucun sens. La rue est jonchée de silhouettes inertes qui ressemblaient drôlement à des cadavres. Du sang, des marres de sangs s'écoulent entre les pavés. Il lui semblait apercevoir un brasier. Le temps d'un battement de cils et la scène avait disparue, on apercevait plus que le train train matinal habituel de la ville derrière le verre teinté. Un étrange tintement retentit dans la pièce.

- Bon sang vous avez vu ça ? C'était... C'était juste là.

L'air sembla se changer en un liquide épais, qui avalait les sons, étouffait les formes et enrobait les mouvements. Elle tourna la tête vers son client. Depuis quand le bar était il équipé de vitraux ?

C'est la dernière question qu'elle se posa. La scène se brouilla à un tel point qu'elle en eu la nausée, l'instant suivant elle était à plat ventre recroquevillée dans une toute petite cavité froide. Ses poumons se chargèrent de poussière et elle paniqua un instant persuadée d'avoir été enfermée vivante dans une sépulture. Mais très vite elle capta différentes odeurs, la seule qu'elle reconnu fut celle de l'essence. Un enfant. Il y avait un enfant tout près, tout près d'elle. Elle le savait, alors même qu'elle ne l'avait ni vu, ni entendu, ni même touché. Mais le petit garçon  -car c'était bien d'un garçon dont il s'agissait-  ignorait tout bonnement qu'elle se trouvait là elle aussi, sous un amas de pierre. Elle savait aussi qu'il était effrayé.
C'est alors que Morphée comprit.
Rien de tout ça n'était réel. Non, elle était entrée dans la tête de Varig. Car c'était son nom. Il lui avait donné ce matin en buvant son whisky, pendant leur discussion, peu de temps avant que chacun rentre chez soit, pour se pieuter. Bordel de merde ! Elle avait construit ce fichue pont entre leur deux esprits sans même s'en rendre compte par le biais de leur souvenir commun, ils avaient certainement du rêver de cela au même moment. Super. Il fallait qu'elle se tire d'ici et tout de suite ! Hors de question qu'il s'aperçoive de sa présence, il saurait alors exactement ce qu'elle était, il la reconnaîtrais à coup sûr. Mais alors que l'enfant s'extirpait de sa cachette, la curiosité de l'evolve la poussa à le suivre, elle avait envie de savoir ce dont pouvait bien rêver Sherlock Holmes.  
*Juste un petit coup d’œil et puis je me casse, promis*

Ce qu'elle découvrit au dehors du refuge improvisé lui fit remonter le cœur au bord des lèvres. Elle sentit le sang quitter son visage et son estomac se contracter violemment. Plaquant une main tremblante sur sa bouche elle réprima un haut le cœur qui secoua tout son petit corps. Seigneur, elle n'avait jamais rien vu d'aussi affreux. En fait elle n'avait jamais vu de macchabée de sa vie. Et là elle en contemplait beaucoup, beaucoup, beaucoup trop à son goût. Au beau milieu d'une église, qui était souillée de sang, de poussière, de fureur et de dégoût, elle le sentait sous sa peau. Le froid les saisit tous les deux.
La lumière colorée qui se déversait sur le massacre rajoutait au glauque de la scène. Elle aperçut une silhouette, et cru d'abord qu'il s'agissait enfin de Varig, mais lorsqu'il se retourna, elle se rendit compte de son erreur. Ce type était littéralement un mort vivant, recouvert de sang, la gorge tranchée visiblement reconvertie en arroseur automatique, les tripes presque à l'air, elle ne put s'empêcher de jurer encore et encore dans sa tête. Incapable d'aligner deux pensées ne serai-ce que d'apparence censées. Ils atteignirent ce qui était le comble de l'horreur pour Morphée lorsque tous les cadavres se levèrent et pointèrent leurs doigts accusateurs sur le pauvre enfant en pleure.

C'en était trop. Elle ne pouvait pas partir et laisser cet enfant là dedans, c'était monstrueux, cruel, et surtout au dessus de ses forces. Agrippant le bras du petit, elle se précipita vers la porte entrouverte, l'entraînant de force dans sa course. *Concentre toi ! Concentre toi ! Concentre toi ! Allez ! Quelque part de calme et d'apaisant, quelque part de calme et d'apaisant !*
Elle avait visiblement pensé à voix haute, car ils se retrouvèrent dans un décor qui lui était totalement inconnu. Elle avait eu beau visualiser le parc de la première périphérie de Madison avec autant de puissance dont elle était capable, les décisions de Varig prévalaient sur les siennes. Ce dernier se tenait debout derrière elle, bel et bien adulte cette fois ci. Elle fit volte face de manière à pouvoir prendre connaissance de chacun de ses mouvements et recula de quelques pas. Elle s'extasierait sur le décor plus tard.

- Bon écoute... Je sais que c'est dingue...Mais on est dans ta tête. Dans ton rêve plus précisément. Et si on est tous les deux là c'est … euh-c'est ma faute. C'est parce que je suis... *recule encore* je suis un evolve ok ? Voilà ce que tu vois ça n'est pas vraiment réel, c'est réel pour toi et moi là maintenant, mais en fait non … mais-mais je l'ai pas fais exprès !

Oh non, elle était tellement nerveuse et retournée après la vision macabre de l'église qu'elle s'embrouillait. Toute sa vie elle n'avait fait que subir le fait d'être « une mutante » comme le disaient si bien voisins et camarades d'école, elle avait voulu le cacher au jeune homme dans le bar et y était parvenu, mais maintenant elle était foutue.



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20.01.16 18:48
La question de Varig ne causa chez la barmaid qu'un haussement d'épaules désabusé.

- Je m'en serai doutée. Je suppose que c'est différent pour chacun mais... On ne s'habitue jamais, en fait c'est de moins en moins facilement supportable, mais enfin, y a pire je suppose, lâcha-t-elle avec fatalisme.

L'agent acquiesça distraitement. En effet. Il y avait pire, bien pire que ce mur et son climat sécuritaire étouffant. Ce pire là, il l'avait vu, et sous bien des formes...
Comme un écho à ses réflexions, le silence devint soudain inconfortable, tandis que la lumière du dehors semblait changer de nature. Alors qu'il regardait dans le miroir du comptoir, le décors à l'extérieur avait changé, l'espace d'un instant. Ce n'était plus Madison et ses rues tranquilles. C'était le chaos, la mort et la guerre. Des paysages qu'il ne connaissait que trop bien.
Fermant les yeux, il leva à nouveau son verre, mais l'alcool n'apporta cette fois aucun soulagement agréable à son organisme. L'illusion semblait rompue. Quand il rouvrit les paupières, le calme régnait à nouveau au dehors.
Les glaçons teintèrent à nouveau dans son verre toujours plein, émettant un bruit cristallin qui résonna étrangement dans le bar silencieux. Comme une balle tintant sur un sol de pierre...

-Bon sang vous avez vu ça? C'était... C'était juste là, lâcha la barmaid avec inquiétude.

Varig secoua doucement la tête. Cette phrase n'allait pas. Autour d'eux, la pénombre semblait se densifier, et le décor changeait peu à peu.

-Vous n'auriez pas dut dire ça Morphée. J'aurais aimé... Encore un peu... Croire que j'étais ici plutôt que là-bas.

L'agent posa le whisky sur le bar en bois avec douceur. Rien de tout ça n'était réel. Ce n'était qu'un refuge, un souvenir où son esprit avait fuit ses cauchemars. Son cauchemar. Mais cette protection n'était pas destinée à durer, et disparaissait déjà rapidement.

-Merci pour le verre, lâcha-t-il en regardant l'église autour d'eux. Je dois y aller...

Soudain, le bar céda pour de bon, en même temps que son bref éclair de conscience. Il était de retour dans son enfer personnel, l'ombres de ses mauvais rêves hantés de ses crimes et ses regrets...

L'odeur de sang, d'essence et de poudre sature l'air confiné de l'étroite anfractuosité. Pourtant l'enfant respire ce mélange fétide en silence sans bouger, se retenant de tousser ou de vomir.

Une part de lui a peur, aimerait se ruer hors de sa cachette et quitter cet endroit. Fuir vers le soleil et l'air pur, laissant le contact froid des éclats de pierre derrière lui pour toujours.

Mais sortir serait sa perte. Il le sait, même s'il a oublié pourquoi.

Alors il reste recroquevillé dans le noir, dans un espace à peine assez grand pour lui. Il fixe la petite ouverture qui l'a mené jusqu'ici et pourrait le faire sortir. Un espace étroit entre les rochers, qu'il devine plus qu'il ne le discerne vraiment.

Il a perdu la notion du temps. Est il là depuis quelques minutes? Des heures? Des jours?
Sa main effleure parfois la paroi de sa cachette, comme pour y chercher un réconfort. Il n'y trouve que le froid de la pierre, tantôt lisse, tantôt inégale et tranchante. Le froid s'est communiqué peu à peu à tout son corps. Pourtant il reste là, immobile de peur de faire un bruit qui le trahirait.

Tout ce qu'il a, c'est cette certitude qu'il doit rester caché.
Attendre. Encore, toujours. Est-il là depuis des années ou quelques secondes? Il ne sait plus. Il ne sait rien.


D'où vient ce sentiment? Cette impression... Cette certitude... Que quelque chose ne va pas. Quelque chose n'est pas à sa place.

Quand la voix se remet à chuchoter, l'enfant se penche déjà sur l'ouverture qui le fera sortir de sa cachette. Il rampe, obstiné. La lumière est là, devant lui.

La lueur du soleil qui traverse les vitraux l'aveugle un instant quand il sort de sa cachette.
Une église. L'endroit lui est familier pourtant il ne s'en souvient pas. Il se redresse, regarde autour de lui.

Son regard passe sur les corps gisant un peu partout autour de l'allée centrale sans manifester d'émotion. Ils n'évoquent rien en lui sinon la puanteur du sang et des formes grotesques que la vie a quittée, les privant de toute fonction.

Les odeurs sont plus fortes maintenant, bien que la porte de l'église soit entrouverte. Elle semble si loin... Et il y a tous les corps entre lui et la sortie. L'air pur et la lumière.
Il a un dernier sursaut d'hésitation, et se retourne vers sa cachette.


Définitivement, quelque chose ne va vraiment pas. Et à qui appartient cette silhouette qui a émergé à sa suite des décombres? Elle ne devrait pas être là... Sa présence réveille quelque chose. Un souvenir qui semble presque à portée, mais disparait en fumée entre ses doigts. La fin est connue. Inévitable. Comme la peur de cette fille...

Il se retourne et balaie à nouveau l'église du regard.
Cette fois, il le voit. L'homme lui tourne le dos. C'est un soldat. Il est à quelques mètres seulement, à l'écart des corps près d'un pilier. Il regarde quelque chose, immobile.

L'enfant hésite. Doit-il l'appeler? Tout serait si simple une fois qu'il aurait appelé...

Il ouvre la bouche, mais quelque chose le retient. Pas un son ne sort.
Tout cela il l'a déjà vécu. Et il ne pourra pas parler, il le sait. Parce qu'il n'a rien dit et ne dira jamais rien à ce soldat.
La peur s'empare de lui. Il sait... Il sent que ce n'est pas normal. La lumière si chaleureuse un instant plus tôt devient sombre, malsaine.

L'homme se retourne lentement vers lui. L'enfant sent qu'il devrait fuir mais il est cloué sur place, plein d'une peur irrationnelle. Incapable de bouger.

L'homme qui lui fait face n'est plus un soldat.
Il est gras et massif, porte des vêtements de luxe tâchés de sang. Son ventre a été lardé de coups de poignards, et le trou sanglant laissé par une balle se dessine à l'entrejambe.
De petits flots écarlates jaillissent régulièrement d'une ligne régulière tracée dans sa gorge quand il respire. Sa bouche est figée sur un rictus grotesque et effrayant.

Enfin l'enfant recule. Il aimerait hurler, appeler au secours ou supplier. Mais une nouvelle fois rien ne sort. Il sent la pierre contre son dos qui arrête sa reculade. Le sang, la poudre et l'essence. L'odeur de la mort et des massacres...

Le cadavre avance d'un pas. Tend le doigt. Accusatrice.

Et l'enfant a peur, et soudain il se souvient. Il l'a vu mourir.
Il l'a tué.

Son regard se tourne vers l'église, la sortie.
Tous les cadavres se sont silencieusement levés et le désignent du doigt, un rictus au lèvres. Ils désignent leur bourreau.
Il les a tous tués.


Soudain une main le saisit et l'entraîne vers la porte avec une énergie si forte qu'il ne peut résister. Une voix tonne, envahissant tout comme si les mots saturaient soudain tous ses sens. Un ordre, alors que la lumière de l'extérieur se rapproche toujours plus vite.

-Concentre toi ! Concentre toi ! Concentre toi ! Allez ! Quelque part de calme et d'apaisant, quelque part de calme et d'apaisant !

Presque malgré lui, un unique endroit s'impose dans son esprit. La seule maison qu'il ait jamais eue, le seul endroit qu'il puisse appeler de ces deux petits mots qui portent tellement de souvenirs et de sentiments agréablement mêlés: chez moi.

La lumière du dehors éblouit une seconde Varig, qui leva la main pour se protéger du soleil qui brillait. Désorienté, il regarda autour de lui.

Il se trouvait dans la cour intérieure du manoir Bergsen, entourée d'épaisses murailles médiévales. Derrière lui, la lourde porte en bois de la chapelle était bien fermée. Pourtant il lui semblait qu'ils venait de franchir la porte d'une église... Il repoussa les souvenirs effrayants qui cherchaient à remonter, se concentrant sur une unique chose: la fille.

Elle se trouvait à quelques pas de lui, et regardait autour d'elle. Il la connaissait, et son nom lui vint naturellement. Morphée, barmaid à Madison, en 2213.
Comme si elle avait sentit son regard, elle se retourna brusquement pour lui faire face.

-Qu'est-ce que tu fais là? demanda-t-il plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.

Elle n'était pas à sa place ici. La jeune femme ne répondit pas immédiatement, et recula, comme pour se prémunir d'une attaque.

- Bon écoute... Je sais que c'est dingue...Mais on est dans ta tête. Dans ton rêve plus précisément. Et si on est tous les deux là c'est … euh-c'est ma faute. C'est parce que je suis... Je suis un evolve ok ? Voilà ce que tu vois ça n'est pas vraiment réel, c'est réel pour toi et moi là maintenant, mais en fait non … Mais-mais je l'ai pas fais exprès !

Tout en parlant, elle avait continué à reculer.
Mais ses mots s'infiltraient dans le cerveau de Varig comme un vent qui dissipait un brouillard. Soudain ses souvenirs revinrent, et il sut exactement ce qui se passait. Après avoir rencontré la barmaid, il était rentré chez lui, et finit par sombrer dans le sommeil. Il avait revécu leur rencontre en rêve avant de plonger dans le cauchemar qui revenait régulièrement le hanter. Cauchemar dont elle semblait l'avoir tiré...
L'agent regarda autour de lui d'un œil neuf, sans rien dire. Si c'était un rêve, il était incroyablement réaliste, depuis la fraicheur de l'air jusqu'au détail des pierres. Son regard couru sur la muraille qui les entourait, le chemin de ronde, les créneaux et la tour de garde surplombée d'une anachronique antenne à liaison satellite, qui faisait l'angle. Puis il regarda vers le manoir en pierre grise, dont la silhouette massive dominait la cour ensoleillée. Tout était parfaitement reproduit, et cette prise de conscience qu'il rêvait lui permettait enfin de penser.  
Sans doute un effet secondaire de sa mémoire absolue. En tout cas, retourner au manoir lui laissait un sentiment de nostalgie difficilement descriptible. Ce lieu n'existait plus que dans sa tête maintenant.

Chez moi.

Toujours sans dire un mot, il ouvrit et referma sa main. Sa tenue était la même que dans le bar en 2213, peut-être parce que la barmaid le voyait ainsi, à moins que ce ne soit sa propre vision de lui-même.

Enfin il sembla se souvenir de la présence de la jeune femme et releva la tête vers elle.

-Tu es dans mon rêve... Je veux bien croire que c'est un accident et qu'on ne t'as pas envoyé là m'espionner, et même pousser ma reconnaissance jusqu'à ne pas te tuer pour m'assurer de ton silence, dans le monde réel j'entends, lâcha -t-il d'un ton au calme inquiétant. Après tout tu m'as tiré d'un cauchemar plutôt pénible. Mais maintenant, Morphée, je veux que tu rentre dans ta propre tête, et tout de suite. Mon esprit est plein de choses que personne ne devrait connaitre en dehors de moi... Pour ma sécurité et la tienne.

Il attendit les explications de son "passager clandestin" onirique, en se massant la tempe pour garder son calme. L'agent sentait le poids rassurant de son arme dans sa veste, et se concentra quelques secondes pour revenir dans le bar, sans succès. Il rouvrit les yeux et fronça les sourcils. Répondant à sa pensée, une rafale de vent balaya la cour.
Manifestement il n'avait qu'un contrôle limité sur son propre univers mental. Sans doute faudrait-il qu'il fasse des expériences pour trouver ce qu'il pouvait modifier. Sans doute en était-il de même pour Morphée, si c'était bien son vrai nom. Un patronyme bien adapté à son pouvoir...

Les rêves étaient des choses très complexes et s'y introduire devait être difficile; en sortir également. Sans compter qu'il ignorait comment son inconscient allait gérer son "évasion" de l'église et l'intrusion de l'Evolve.

Un nuage passa devant le soleil, faisait légèrement baisser la température. Varig leva les yeux vers le ciel, et remarqua un mouvement au sommet de la tour de surveillance à l'entrée.
La main posée entre les créneaux, une silhouette masquée observait le duo en silence. Un frisson parcouru l'agent alors qu'il la reconnaissait.

-On ne devrait pas rester là. Rentrons, lâcha-t-il sans explication avant de se mettre en marche vers le manoir proprement dit, attrapant l'Evolve par le bras au passage.

Une nouvelle rafale de vent froid balaya la cour, mais elle ne devait rien au rêveur cette fois. Il jeta un coup d’œil par dessus son épaule. La silhouette au sommet de la tour avait disparue.
Alors qu'ils avançaient vers le bâtiment principal, l'agent reprit la parole.

-Comment marche ton pouvoir? Tu peux agir directement sur le rêve? demanda-t-il. Par exemple t'habiller plus chaudement ou modifier l’environnement?

Son ton était plus amical, mais ses réflexes d'agents avaient pris le dessus. Il regardait régulièrement autour d'eux, bougeant la tête au minimum, prêt à dégainer son pistolet futuriste.
La température continuait de chuter rapidement, et le vent s'était mis à souffler presque sans interruption, charriant de gros nuages noirs. Alors qu'ils atteignaient la porte du manoir, un coup de tonnerre résonna au loin. Un orage n'allait pas tarder...
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26.02.16 13:26
Au bout du rêve...
On n'échappe pas aux fantômes de notre passé.
Varig reagit étrangement à la bombe que Morphée venait de lui faire éclater en pleine figure. En fait il ne réagit tout simplement pas. Pendant plusieurs minutes. Puis il sembla finalement se ressaisir. Reportant un regard glaciale sur la jeune fille il ouvrit enfin la bouche.


- Tu es dans mon rêve... Je veux bien croire que c'est un accident et qu'on ne t'as pas envoyé là m'espionner, et même pousser ma reconnaissance jusqu'à ne pas te tuer pour m'assurer de ton silence, dans le monde réel j'entends *un long frisson parcouru la colonne vertébrale de Morphée, Seigneur mais c'est qui ce type au juste un eraser de style 007 ?!*  Après tout tu m'as tiré d'un cauchemar plutôt pénible. Mais maintenant, Morphée, je veux que tu rentre dans ta propre tête, et tout de suite. Mon esprit est plein de choses que personne ne devrait connaître en dehors de moi... Pour ma sécurité et la tienne.

Elle déglutit, plusieurs fois. Oui quelle bonne idée, elle allait tout simplement rentrer dans sa propre tête et prier pour que l’événement ne soit jamais retransmit au scientifique qui lui était désigné, espérant le moins de conséquence possible. Elle eu cependant la très nette impression que rien ne se passerai aussi simplement que cela, et que ce qui suivrai par la suite les marqueraient tout deux de manière indélébile. La luminosité baissa lorsqu'un long nuage chargé de neige obstrua la lumière du soleil, au même moment souffle glacial balaya la courre.  Prenant soudainement conscience de son environnement, elle en resta bouche bée. Elle se trouvait visiblement dans la courre d'une sorte de... de … comment appelait on cela dans le passé ? D'un château ? Avec des remparts qui ressemblait à des version miniature du fameux mur de Madison. Et surtout ils était perchés en haute altitude. Plus elle prenait pleinement conscience de cela, plus la température semblait chuter.

Son hôte accidentel semblait nerveux et ne cessait de scruter les hauteur de pierres, il la saisi soudain par le bras, l’entraînant à sa suite. Elle se raidit mais le suivi, après tout elle n'avait pas vraiment le choix.

- Comment marche ton pouvoir? Tu peux agir directement sur le rêve? Par exemple t'habiller plus chaudement ou modifier l’environnement ?

Morphée cligna des yeux au ton moins agressif et plus chaleureux de son interlocuteur, une rupture de ton, pour le moins agréable décida t elle. Elle se racla la gorge et expliqua la situation de son mieux :

- Euh... Oui, oui je peux agir directement sur le rêve, et toi aussi, c'est toi qui nous a amener ici. Si je décide de... de n'importe quoi, de me trouver au beau milieu de la savane, alors on y sera, à moins que tu décide toi même qu'on se trouve au fond de l'océan, après tout c'est ton rêve. Pour partir il me faut retrouver le passage. C'est un genre de souvenir qui nous relie, comme un pont entre nos deux esprit si tu veux. Je crois que c'est le souvenir du bar. En fait j'en suis presque sûre.

Un coup de tonnerre fit sursauter Morphée. Varig l’entraînait vers la porte du manoir, aussi se concentra t elle autant qu'elle le put sur son bar si familier. Mais lorsqu'il poussa le lourd battant, c'est un hall aux allures médiévales qui les accueillit. Elle fronça les sourcils. Cette fois elle ferma les paupières, aussi fort qu'elle le put, mais toujours en vain. Elle ouvrit la bouche, la referma. L'ouvrit encore, et la referma à nouveau complètement perplexe.

- Varig, tu veux que je m'en aille n'est ce pas ? Tu, tu n'essaye pas de me retenir ici hein ?

Un ange passa, et l’intéressé répondit à Morphée, mais loin de la rassurer, cette réponse la plongea d'autant plus dans la perplexité.

- Quelque chose ne va pas, non ça ne va pas du tout. Normalement je suis libre de partir comme bon me semble, je suis complètement maître de mes allez et venus mais là... j'ai beau me concentrer je n'y arrive pas, quelque chose me retient ici, ça m'empêche de partir. Je n'arrive pas à rejoindre ce fichu bar tu comprends ? Et ça vient forcément de toi, c'est ton rêve et c'est dans ta tête. Mais si tu ne le fais pas exprès... Je ne comprends pas. Peu importe je ne m'en fais pas vraiment je n'ai jamais été blessée dans un rêve alors je suppose... que ça ne peut pas arriver... si ? En tout cas il faut que tu m'aide à rejoindre le pont vu que j'y arrive pas toute seule.

Une étrange pré-sentiment la saisi à nouveau, elle se revit debout dans l'Eglise, elle revu Varig, à la fois victime et bourreau. De toute évidence quelque chose clochait, mais quoi ? Devait elle avoir peur ? Y avait il un autre moyen de sortir de la tête du jeune homme sans passer par ce fichu passage ?
Une vague idée effleura son esprit et elle se pinça vivement le bras. Elle sursauta, surprise de ressentir la douleur et de ne pas s'être éveillée.
Parfait. Non seulement cette tactique, stupide soit, mais en désespoir de cause n'avait pas fonctionner, mais en plus elle venait de se démontrer à elle même que même en rêve, elle pouvait ressentir de la douleur.
Un coup de tonnerre retentit à nouveau et un rai de lumière vive sous la porte trahit l'éclair qui déchira le ciel.

- Est ce que tu as peur ?

Car si c'était le cas, alors elle devait être plus qu’effrayée elle aussi.






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07.03.16 10:39
Alors que l'orage grondait au dehors, le duo de rêveurs pénétra dans le manoir. Tout y était conforme aux souvenirs de l'agent: les vieilles pierres, les meubles fastueux, le mélange harmonieux de l'ancien et de discrètes touches de modernité. La lourde porte de bois se referma derrière eux, les isolant du dehors.
La jeune femme à côté de lui sembla se concentrer, sans doute pour influer sur le rêve. Mais ses efforts n'eurent aucun résultat visible, et elle fini par se tourner vers son compagnon de voyage onirique.

-Varig, tu veux que je m'en aille n'est ce pas ? Tu, tu n'essaye pas de me retenir ici hein ?

L'agent ne répondit pas immédiatement, réfléchissant. Il finit par lâcher, soucieux:

-Je veux que tu quittes ma tête. Je te l'ai dit non? Mais on dirait que ce n'est pas si simple.

Morphée secoua la tête. Loin de la rassurer, cette réponse elliptique sembla l'inquiéter encore plus.

-Quelque chose ne va pas, non ça ne va pas du tout. Normalement je suis libre de partir comme bon me semble, je suis complètement maître de mes allez et venus mais là... j'ai beau me concentrer je n'y arrive pas, quelque chose me retient ici, ça m'empêche de partir. Je n'arrive pas à rejoindre ce fichu bar tu comprends ? Et ça vient forcément de toi, c'est ton rêve et c'est dans ta tête. Mais si tu ne le fais pas exprès... Je ne comprends pas. Peu importe je ne m'en fais pas vraiment je n'ai jamais été blessée dans un rêve alors je suppose... que ça ne peut pas arriver... si ? En tout cas il faut que tu m'aide à rejoindre le pont vu que j'y arrive pas toute seule.

L'agent acquiesça de la tête mais ne répondit rien. Rejoindre le bar ne serait pas si simple; il connaissait parfaitement le manoir, et même en se concentrant, il doutait de pouvoir changer la disposition des lieux. Sa mémoire absolue l'en empêchait. Il faudrait y trouver une sortie, un passage vers un endroit susceptible de les ramener à ce "pont". Mais si une force retenait bien l'Evolve ici... Les laisserait-elle faire?
Un coup de tonnerre interrompit ses réflexions.

-On devrait bouger, lâcha Varig en se mettant en marche.

Mais Morphée ne bougea pas.

- Est ce que tu as peur ? demanda-t-elle.

Son compagnon de voyage onirique ferma un instant les yeux, et revit le visage masqué de la tour.

-Non. Ce n'est qu'un rêve, répondit l'agent. En route.


Varig se souvenait parfaitement de la disposition des lieux, et s'orientait sans hésiter dans les couloirs et les escaliers.

-Il y a une pièce... Particulièrement importante pour moi ici, expliqua-t-il tout en poursuivant sa marche. J'imagine qu'on y trouvera ce qu'on cherche.

Il jeta un oeil à l'extérieur à travers une des grandes fenêtres. À l'extérieur, l'orage se déchaînait, mais il ne tombait pas de pluie. La lumière électrique vacillait parfois, de plus en plus même.
Le duo venait d'atteindre le troisième étage quand elle s’éteignit complètement.
Malgré lui, l'agent se tendit, et un frisson électrique traversa sa colonne vertébrale. Quelque choe était en train de se produire.

Une sorte de vibration traversa soudain le couloir, faisant vaciller les vitres. C'était... De la rage.

Sans même y penser, Varig dégaina son arme et attrapa Morphée par l'épaule pour la placer derrière lui.

-Qu'est ce qui se passe? Ça vient de toi!?

Quand il se retourna, une silhouette était apparue soudain au bout du couloir plongé dans une semi-pénombre par la coupure de courant. Deux yeux rouges brillaient à travers un casque médiéval. Un éclair fit briller son armure, et la lame de l'épée que tenait la créature.
L'agent grimaça, plus surpris que vraiment effrayé, et braqua son arme sur la tête de l'armure. D'un mouvement du pouce, il passa son arme en mode de désintégration.

-C'est le pot de fer contre le pot laser. Aucune chance que tu nous arrêtes.

Un bruit de pas métalliques se fit entendre, et une demi douzaine d'armures d'exposition apparurent au bout du couloir. Dans leurs casques, des yeux rouges brillaient d'une lueur surnaturelle. Varig regarda rapidement par dessus son épaule. Un mur de soldats d'acier bloquait aussi le couloir derrière eux.
Les armures avaient bien choisies le lieu de leur embuscade; il n'y avait aucune porte, et aucune échappatoire. L'agent réfléchit rapidement, et une idée lui traversa soudain l'esprit.
Il changea brusquement de cible et pressa la détente, pulvérisant une des énormes fenêtres, déclenchant une pluie de verre brisé dans le couloir.

-Sur l'échaffaudage! ordonna-t-il à Morphée en la propulsant sans ménagement vers l'ouverture.

Obéissant à un ordre inaudible, les armures s'avançèrent vers eux d'un pas rapide. Sans hésiter, Varig balaya le premier rang en quelques tirs bien ajustés avant de faire volte face.
Il n'eut le temps de tirer qu'une fois, avant de devoir pivoter pour éviter un coup d'épée qui le manqua d'un cheveu. L'agent tourna sur lui même et tira à bout portant en plein casque.
Une autre armure vivante dégagea sans ménagement les restes et le rêveur dut se baisser pour ne pas recevoir une masse d'arme en pleine poitrine.
Il tira à nouveau pour se débarrasser de son assaillant, avant de bondir à travers la fenêtre brisée, évitant au passage une hallebarde acérée.
Comme il s'y attendait, il atterri sur les échafaudages. Bien qu'ils n'aient plus été en place depuis des années, il gardait toujours une certaine capacité rassurante à contrôler son rêve...
Le ciel présentait un noir dense, et les éclairs tombaient presque sans interruption. Un ciel d'apocalypse...
Une puissante rafale de vent fit vaciller l'édifice.

-On monte! ordonna l'agent à Morphée, avant de se retourner pour tirer sur la première armure à avoir franchit l'ouverture à leur suite.

Le pistolet laser traversait de part en part les protections médiévales, et semblait efficace pour tenir à distance les créatures oniriques. Mais alors que les munitions s'épuisaient, les armures semblaient arriver en nombre infini.
Varig commença à courir pour rattraper l'Evolve, quand de longues piques traversèrent les fenêtres qui les séparaient. Les armures semblaient autant chercher à les faire basculer dans le gouffre qu'à se frayer un passage... La situation semblait s’aggraver de seconde en seconde.
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Anonymous
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07.03.16 12:15
Au bout du rêve...
On n'échappe pas aux fantômes de notre passé.
Non. Ce n'est qu'un rêve. En route. Il y a une pièce... Particulièrement importante pour moi ici, j'imagine qu'on y trouvera ce qu'on cherche.

L'evolve emboîta le pas de son comparse improvisé. Il avait probablement raison, mais que pouvaient-ils bien chercher au juste ? Ils marchèrent un long moment lorsqu'un événement inattendu les prit de cours. L'atmosphère changea d'un seul coup et les lumières sautèrent. Une sonnette d'alarme s'égosilla au fin fond de l'esprit de la jeune fille. Alors que l'agent dégainait son arme et la poussait derrière lui, une silhouette de métal apparue. Elle eu vaguement conscience de la question que Varig lui posa mais toute son attention était focalisée sur la petite armée qui leur faisaient à présent face. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'était ces choses, elle n'avait jamais rien vu de semblable à Madison. Il était cependant clair qu'elles n'étaient pas venues pour prendre le thé.

-C'est le pot de fer contre le pot laser. Aucune chance que tu nous arrêtes.

Morphée n'en aurai pas mis sa main à couper, elle était suffisamment expérimentée sur ce plan là pour savoir que dans les rêves la logique et les lois de la physique étaient plus que chamboulées. Varig pulvérisa une fenêtre avant de l'y précipiter. Elle ne pu retenir un cri de terreur, certaine qu'elle allait basculer dans le vide, mais fut coupée dans son élan par ce qui ressemblait à un échafaudage. Oh, bien. Elle resta un instant pétrifiée par un mélange de surprise et de terreur. Se forçant à sortir de sa léthargie elle s'employa à s'éloigner de la fenêtre qui n'était plus qu'un trou béant semblable à une plaie sur la façade de la battisse. Des bruits de lutte s'en échappait, elle ne voulait pas abandonner son partenaire là dedans mais s'ils voulaient prendre la tangente, rentrer à nouveau au beau milieu d'un affrontement ne serait pas très malin. Une tempête surnaturel secouait le château et la ribambelle d'échafaudage sur laquelle elle se trouvait, la forçant à se cramponner à ce qu'elle pouvait.

_On monte !

Elle suivi l'ordre sans discuter. Jamais un rêve ne lui avait paru hostile et cela l'inquiétait franchement. L'agent émergea à son tour sur la structure métallique et se précipita vers elle, lorsque de longues piquent jaillirent des pauvres fenêtres qui les séparaient. Tout allait de mal en pire, s'ils ne réagissaient pas, dieu seul savait ce qui allait leur arriver. L'évolve se concentra tant bien que mal au bord de la panique, une idée vite, il lui fallait une idée. Les débris de verres toujours accrochait aux arcades se changèrent lentement en une matière opaque et visqueuse, dégoulinant jusqu'à recouvrir les ouvertures que les choses de métal tentèrent tout de même de traverser. La matière malléable se durcit instantanément, et ce fut comme s'il n'y avait jamais eu de fenêtre sur cette partie là du mur. Les piques ne servaient plus à rien, piégées dans le mur, tout comme quelques bras et jambes métalliques. Fière de son coup Morphée hurla à Varig de la rejoindre, espérant que ses paroles soient suffisamment audibles, malgré les rafales glaciales. Un éclair zébra le ciel, descendant en flèche pour rejoindre le sol trois étages plus bas, tout près de la jeune fille. La lumière l'éblouis un instant ce qui manqua de lui faire perdre l'équilibre. La nausée la saisi alors qu'elle pouvait encore sentir de l'électricité statique dans ses cheveux et sur sa peau. Personne n'avait jamais tenté de lui porter atteinte de cette manière.

Elle laissa passer son compagnon devant elle et ne dit rien avant qu'ils ne soient à l'intérieur à nouveau.

« Ce n'est qu'un rêve » alors que les paroles de Varig lui revinrent en mémoire elle s'interrogea. Certes s'étaient un rêve, mais visiblement elle pouvait ressentir la douleur, et donc être blessée. Pouvait elle … y mourir ? Et si c'était le cas, que se passerait il dans le monde réel, se retrouverait elle dans le coma, mourrait elle également, ou se réveillerait elle simplement ? Il était impossible d'en être certain aussi mieux valait ne pas prendre le risque. Elle en conclue que la meilleure chose à faire était dans un premier temps d'identifier le danger, de le contourner, et ensuite de quitter ce rêve. Ses tergiversions silencieuses closes, elle reprit à voix haute.

_Pour ce qu'il s'est passé dans le couloir, je n'y étais pour rien. Et je ne pense pas que ces trucs sont censés bougeait tout seul. Si disons, un autre évolve avec la même capacité que la mienne en était l'auteur, on l'aurai vu dans l'église. Ce qui veux dire qu'il n'y a qu'un responsable possible : toi.

Elle réfléchi quelque seconde, pourquoi diable Varig aurait il essayer d'attenter à sa vie, celle de Morphée passe encore, c'était une intruse, mais sa propre vie... C'était complètement illogique. Elle tiqua au mot « intru ».

_Attends une seconde, est ce que... peut être que... Oui c'est possible, mais quand même, c'est extrême comme réaction.

Elle se reprit devant l'air perplexe de son interlocuteur :

_Comment dire, c'est pas la première fois que je m'infiltre dans le rêve de quelqu'un. Et parfois il arrive que l'inconscient de la personne essaie de me mettre à la porte. Mais ça n'a jamais été aussi... violent. Je ne sais pas pourquoi c'est différent avec toi mais, il va falloir trouver un moyen de le contourner. C'est peut être un rêve, mais je suis pas sûre qu'on se réveillera sains et sauf si on se fait empaler ici !

Mais l'évolve ne se faisaient pas de faux espoirs, il y avait peu de chances qu'ils parviennent à lui échapper, ça n'était un élément extérieur, c'était l'esprit de Varig, et ils étaient en pleins dedans.  






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eraser
Varig Cross

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21.03.16 22:17
La lutte semblait perdue quand soudain, les armures et leurs lances furent comme englouties par les vieux murs du manoir. Varig ne prit pas le temps de s'interroger sur l'origine de ce miracle: il se fraya un passage entre les piques immobilisées pour rejoindre Morphée. Il avait presque réussi à l'atteindre, quand un éclair frappa soudain le sommet d'une des hallebardes piégée dans le mur dans un fracas terrible.
Le bois et le métal noircirent aussitôt, alors que l'impact faisait siffler les oreilles du rêveur, brouillant sa vision. Il aurait sans doute put basculer dans le précipice tout proche, s'il ne s'était pas agrippé à une autre pique, derrière lui.
Quand il put à nouveau y voir clair, il franchit les derniers mètres le séparant de l'Evolve, puis enjamba le cadre d'une des fenêtres épargnée par la bataille.
Le couloir était désert, mis à part les débris de leurs assaillants figés dans le mur, et après quelques secondes, Varig fit signe à son "invitée surprise" le suivre.

-On dirait que c'est terminé, pour le moment... lâcha-t-il, toujours l'arme au poing. Tu as une explication?

L'intéressée réfléchit quelques instants en silence avant de répondre.

-Pour ce qu'il s'est passé dans le couloir, je n'y étais pour rien. Et je ne pense pas que ces trucs sont censés bouger tout seuls. Si disons, un autre Evolve avec la même capacité que la mienne en était l'auteur, on l'aurai vu dans l'église. Ce qui veux dire qu'il n'y a qu'un responsable possible : toi..

Varig haussa les épaules.

-Tu crois vraiment que j'aurais recours à une armée en fer blanc si je voulais te faire du mal dans mon propre rêve? En plus ils n'ont pas vraiment cherché à m'épargner...

Il avait parlé sur un ton posé, et ses arguments semblèrent porter leurs fruits, plongeant la jeune femme dans une intense réflexion. Soudain Morphée sembla frappée d'illumination.

-Attends une seconde, est ce que... peut être que... Oui c'est possible, mais quand même, c'est extrême comme réaction.

L'agent haussa franchement les sourcils dans une moue interrogative. L'Evolve s'empressa de préciser sa théorie.

-Comment dire, c'est pas la première fois que je m'infiltre dans le rêve de quelqu'un. Et parfois il arrive que l'inconscient de la personne essaie de me mettre à la porte. Mais ça n'a jamais été aussi... violent. Je ne sais pas pourquoi c'est différent avec toi mais, il va falloir trouver un moyen de le contourner. C'est peut être un rêve, mais je suis pas sûre qu'on se réveillera sains et sauf si on se fait empaler ici !

Le rêveur réfléchit, s’accoudant au mur. Oui, cette explication se tenait... Et ce n'était pas vraiment rassurant. Car Varig lui comprenait mieux comment son inconscient pourrait réagir. Il ne chercherait pas à repousser l'intrusion, mais à détruire purement et simplement toute trace de l'élément étranger.
L'agent ne craignait pas de mourir ici. Pour lui ce n'était qu'un rêve. Mais qu'arriverait-il à Morphée si les avatars aux yeux rouges la tuaient, ou qu'il se réveillait?
Comme pour résonner à cette pensée, une puissante vibration traversa soudain le couloir, faisant trembler le manoir tout entier et manquant de faire tomber les deux endormis.

-On doit bouger d'ici!

Cette fois, l'assaut semblait bien plus violent, alors qu'au dehors, la brève accalmie de l'orage prenait fin. La tempête se déchaînait, et une pluie froide se mit à marteler les vitres, alors qu'un vent de fin du monde balaya les échafaudages.
Varig grimaça, alors que le couloir s'emplissait de bruits de bottes en métal. Lutter ne servait à rien; les armures finiraient par avoir le dessus, et leur résistance ne semblait avoir fait qu'encourager le cauchemar.
Il fallait partir. Mais comment trouver une sortie dans ce manoir qu'il connaissait par cœur, où chaque porte ne menait qu'à des pièces bien connues? Il n'y avait aucune échappatoire...
Ignorant Morphée, l'agent resta immobile. Les premières armures déboulèrent à chaque extrémité du couloir barrant toute retraire.
Mais elles n'attaquèrent pas. Un des rangs s'ouvrit soudain, révélant une silhouette masquée de blanc que Varig connaissait bien, une longue rapière à la main...

Ce dernier fixa l'apparition et serra la crosse de son arme... Ses yeux allèrent sur le côté et une nouvelle idée germa dans son esprit.
Soudain, il lâcha son pistolet sur le sol sans avertissement il attrapa solidement Morphée et la tira sans ménagement, alors que la silhouette masquée courrait vers eux, lame au clair.

Sans chercher à l'affronter, Varig entraîna la jeune femme avec lui et bascula à travers la fenêtre brisée.
Le déluge les entoura aussitôt alors qu'ils tombaient dans le vide. Alors que leur chute se prolongeait au milieu de l'ouragan, le rêveur ferma les yeux.

Je suis dans un rêve.

Sans même qu'il cherche à l'atteindre, un nouveau lieu s'imposa dans son esprit, et il heurta soudain le sol.
Un peu sonné par l'atterrissage brutal, l'agent roula dans la neige, lâchant son fardeau. Il resta quelques secondes immobile dans la poudreuse avant de se redresser tant bien que mal. Morphée était à quelques mètres de lui, indemne apparemment.

Varig se leva tout à fait et reconnu sans peine l'endroit où il se trouvait. Il faisait nuit, et la lune brillait sur le blanc de la neige. Les deux voyageurs oniriques se trouvaient dans un creux du relief, aux pentes dures mais qu'il était possible de grimper malgré la couche de neige qui la recouvrait. Un arbre tordu avait sinistrement poussé en son centre.

-On dirait qu'on a semé nos fans, lança l'agent à l'Evolve en lui tendant la main pour la relever. Mais ne traînons pas; je crois qu'il va falloir marcher...

Tandis qu'il l'aidait à escalader les pentes dures de la "Fosse", il lui expliqua sa théorie. Ils avaient put changer de lieu et semer leurs poursuivant en "sortant" des limites son souvenir, qui faisait office de mur. En en faisant de même ici, peut-être pourraient-ils matérialiser un couloir menant au bar...
Arrivé au sommet, l'agent laissa ses yeux courir sur le paysage enneigé d'une grande vallée, couverte d'une forêt dense et sombre. La Vallée, celle où on l'avait entraîné durant des mois pour l'endurcir physiquement et mentalement...
Il chassa ses souvenirs, et désigna un sommet.

-Je n'ai jamais dépassé ce col. Tu n'as rien contre une petite randonnée dans les bois j'espère?

L'agent fit quelques pas avant d'être frappée par une idée subite.

-Je ne suis pas très doué pour manipuler les rêves, mais ce que tu as fait aux fenêtres tout à l'heure... C'était incroyable. Tu penses que tu pourrais matérialiser un peu d'équipement? Des armes et des vêtements chauds pour nous deux. J'avoue que j'ai froid, et on est jamais trop prudent... Je doute que mon subconscient abandonne si facilement la chasse.
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