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La flic, l'agent spécial et le cadavre [RP Nora Stampton: univers alternatif]
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01.05.20 18:16

Entrer dans l'Histoire

Prologue.


Abottabad, Pakistan, 2 mai 2011

Le calme qui enveloppait la banlieue endormie fut soudain fracassé par un vacarme de fin du monde.
Alors que le pilote luttait avec les commandes, la queue de son hélicoptère Black Hawk modifié à quarante millions de dollars venait de percuter le mur d'enceinte; l'appareil s'écrasa au sol et glissant le long de l'obstacle, labourant la poussière tandis que le métal hurlait contre le béton. L'hélico sembla hésiter puis s'immobilisa enfin, gisant sur le côté tandis que son rotor arrière tenait en équilibre au sommet du mur. Les pales ralentirent puis s'arrêtèrent enfin et la rumeur paisible de la nuit reprit ses droits alors que des silhouettes menaçantes s'extrayaient de l'épave.

Silencieux comme des ombres, la douzaine de commandos aux visages couverts par des lunettes de vision nocturne se déployait. Ils pointaient leurs armes vers la maison dont les trois étages dominaient la propriété; eux avaient "atterri" dans une grande cour voisine, et un haut mur les séparait encore de leur cible.
Le chef de groupe vérifia rapidement l'état de ses troupes avant de poser la main sur sa radio.

-Commandement ici Red One. Tous mes gars se sont tirés du crash sans trop de casse.
-Reçu Red One. Poursuivez la mission.
-Compris commandement. En progression vers le bâtiment principal.

Il fit quelques signes à ses soldats qui se mirent en colonne le long du mur d'enceinte.

-Plutôt rudes vos atterrissages, commenta l'homme derrière le chef de groupe, que rien ne différenciait des autres commandos.
-Si vous vouliez de la douceur, vous avez choisi la mauvaise équipe Mister CIA, répliqua le sous-off. Restez derrière moi.

Les commandos progressèrent à travers un petit bâtiment servant de salle de prière sans rencontrer âme qui vive. La vision nocturne disséquait les ténèbres en nuances vertes, éclairées de la lumière invisible des lampes infrarouges et des pointeurs lasers. Ils avançaient méthodiquement, balayant chaque angle de leurs armes.

Une grille solide leur barra la route; une explosion étouffée brisa à nouveau le calme de la nuit et les commandos franchirent l'obstacle, progressant à travers la cour, armes épaulées. D'autres silhouettes identiques se déployaient déjà de l'autre côté du bâtiment. Les fenêtres à l'étages étaient protégées par de hauts murs, ne laissant pas d'angle de tir.
Le groupe de l'hélicoptère écrasé se rassembla silencieusement autour d'une porte, dont ils vérifièrent prudemment qu'elle était verrouillée avant d'y poser une charge explosive. Plus loin, de la lumière était apparue aux fenêtres de certains bâtiments. Pas étonnant vu le vacarme du crash.

-Red one, prêt à entrer, indiqua le chef de groupe à voix basse.
-Gold one, prêt à entrer, ajouta le chef de l'autre équipe d'assaut à la radio.

De l'autre côté du bâtiment l'aboiement d'un fusil automatique déchira la nuit. Le crépitement de rafales étouffées par les silencieux répliqua aussitôt, puis ce fut le silence. Un dernier coup de feu assourdi retentit.

-Gold one, un tango à terre, on avance dans le bâtiment, annonça le leader de l'équipe qui venait de se faire tirer dessus par l'un des occupants de la résidence.
-Reçu. Red One, entrez.

Le chef de groupe fit un signe à son artificier et la porte s'ouvrit avec fracas. Les soldats s'engouffrèrent aussitôt à l'intérieur. Une femme criait plus loin dans la maison.
L'équipe d'assaut vérifiait méthodiquement pièce par pièce en s'enfonçant dans le bâtiment, progressant avec régularité. Les habitants étaient encore choqués, incapables de vraiment comprendre ce qui se passait ou de mettre au point une résistance efficace contre ce raid nocturne; il fallait avancer vite pendant que c'était encore le cas.

Les commandos s'engagèrent dans un escalier. Des tirs étouffés retentirent, et un homme vêtu d'une longue tunique s'effondra dans les marches, sans arme visible. Le chef de groupe l'acheva d'une balle dans la tête avant de l'enjamber et de poursuivre l'ascension.

-Commandement de Red one, un tango éliminé, on a atteint le deuxième niveau, annonça-t-il à voix basse.

La résidence avait été conçue comme une forteresse et l'escalier suivant se trouvait à l'autre bout de l'étage. La colonne avança, vérifiant pièce par pièce. Il y avait des chambres, mais la plupart étaient encombrés d'armoires pleines de documents, d'ordinateurs et de matériel.

-Jackpot, siffla un commando.

Une ampoule tremblotante éclairait le bout du couloir; ils l'éteignirent avant de continuer. Les ténèbres leurs donnaient l'avantage.

-Red one, on monte au troisième niveau.

Cette fois une rafale de gros calibre les accueillit. L'homme de tête répliqua aussitôt en se baissant à couvert alors que les balles frappaient dans un vacarme terrifiant, projetant de la poussière de béton. Il se plaqua contre le mur en se tassant de l'escalier pour échapper aux tirs alors que le chef d'équipe tirait une brève rafale à l'aveugle avant de dégoupiller une grenade qu'il balança à l'étage.
Les tirs cessèrent puis un flash illumina un instant la pénombre en produisant une détonation assourdissante.

-Go, go, go! cria le chef de groupe.

Lui et "Mister CIA" se précipitèrent en haut des marches en lâchant quelques tirs pour se couvrir, suivis par le reste de la colonne.
Une femme sortit d'une pièce en criant; Mister CIA la cueillit d'un coup de coude en plein visage et la jeta à terre en lui balayant les jambes avant d'abattre l'homme qui se cachait derrière elle un fusil d'assaut à la main. Le soldat balaya rapidement la pièce de son canon et acheva l'homme de deux balles avant de braquer son arme sur la femme qui pleurait et gémissait en arabe. Il palpa ses côtes de sa main libre en la gardant en joue, cherchant une ceinture explosive sous ses vêtements.

-Un tango à terre! cria-t-il. Bouge pas toi! Ahda, ahda!

Il confia la prisonnière à un autre commando et rejoignit le chef de groupe pour encercler la seule porte encore fermée, tout au bout du couloir. Quelqu'un parlait à l'intérieur. Le chef de groupe posa la main sur la poignée, attendit deux seconde et l'ouvrit en grand.

Mister CIA s'engouffra dans la pièce, suivit par les commandos. Tout se déroula en une fraction de seconde; il y eut plusieurs coups de feu étouffés, et le bruit d'un corps s'effondrant sur le sol.

Deux balles supplémentaires vinrent frapper le cadavre encore animé de spasmes. Puis ce fut le silence.

-Commandement de Red One, le bâtiment est sécurisé, informa le chef de groupe.

Il se tourna vers Mister CIA, qui fixait le cadavre en silence.

-Commandement de Red Six, lâcha-t-il après de longues secondes. Confirmation visuelle, Geronimo est E-K-A. Je répète, cible principale tuée.
-Bien reçu Red One et Red Six. La première phase de l'opération Neptune's Spear est accomplie. À toutes les équipes, fouillez le bâtiment. Embarquez tout ce que vous pouvez et rejoignez l'extraction dans six minutes avec les corps et les prisonniers. Les jets pakistanais ont décollés, vous devrez avoir quitté leur espace aérien avant qu'ils rappliquent.
-Reçu commandement.

Le chef d'équipe alluma la lumière de la chambre et releva ses lunettes de vision nocturne, révélant une barbe rousse bien fournie. Il se mit aussitôt au travail, fouillant le bureau sans ménagement en vidant les tiroirs directement sur le sol, aidé de ses hommes habitués à la manœuvre.
Mister CIA retira lui aussi ses lunettes mais resta immobile, fixant toujours le corps du dernier terroriste abattu. Le barbu le tapa amicalement sur l'épaulette pare-balle son uniforme, pile sur le drapeau américain qui y était cousu.

-C'est vraiment lui alors? demanda-t-il.
-Seul l'ADN nous le confirmera à 100% mais... Ouais. C'est lui.
-Alors on l'a fait. On vient de tuer Ben Laden putain! On est rentré dans l'Histoire!

L'agent secoua la tête.

-Tu viens de tuer Ben Laden. Moi j'ai jamais été là.
-Reçu 5 sur 5 Mister CIA. Mais aide nous quand même à fouiller la baraque. On aura jamais le temps de tout rafler avant de devoir se tirer de ce trou à rat, et se faire descendre par un jet après tout ça ce serait vraiment une fin de merde.




La flic, l'agent spécial et le cadavre

Premier chapitre

New York, un an plus tard

Le Lieutenant Edgar Hobbes avait fermé les stores de son bureau. Sa longue expérience dans la police de New York lui disait que si le capitaine Price prenait la peine de venir le voir au lieu de le convoquer dans son bureau, ce n'était pas pour lui apporter une bonne nouvelle. Quand il vit la boite de donuts il se demanda carrément qui était mort; heureusement il constata que c'était des pâtisseries industrielles bas de gamme et pas celles du magasin au bout de la rue. Donc c'était désagréable, important, mais pas trop grave quand même déduisit-il. Depuis le temps, il avait établi son propre barème des mauvaises nouvelles.

-Bon vous savez comment ça marche Hobbes, lâcha l'officier en s'asseyant sur le bord de son bureau. Le Maire et le directeur de la police m'ont filé le sale boulot pour que je vous le refile à vous.
-Et que moi je le refile à mon inspecteur-chef qui le refilera à un inspecteur, compléta Hobbes. Je vous écoute chef, de quoi il s'agit?

Il hésita à piocher directement un donut, mais se retint. Difficile de hurler la bouche pleine et il soupçonnait que ce soit justement le but de la manœuvre sans jamais en avoir eu la preuve formelle. À moins que son supérieur ne se dise simplement "comme Hobbes est gros, il aime forcément les pâtisseries, le sucre calmera ses envies de crier".

-Pas quoi, qui. On nous colle un agent spécial du FBI dans les pattes. Vous devrez le mettre en binôme avec un de vos inspecteurs pour qu'il observe nos techniques d'enquête dans le but d'améliorer celles du Bureau.

Le teint de Hobbes changea légèrement de teinte, annonciateur de l'éruption à venir.

-C'est... Une blague? C'est quoi cette nouvelle connerie chef? lâcha-t-il finalement avec toute sa délicatesse naturelle.
-Ordres d'en haut.

Le capitaine conclut cette affirmation d'un signe qui signifiait "qu'est ce que j'y peux et de toute façon c'est votre merde maintenant alors n'en parlons plus". Hobbes grimaça de façon à ce que son supérieur puisse lire sur ses traits "non mais vous croyez quand même pas que vous allez vous en tirer comme ça?"

-La moitié des agents du Bureau sont d'anciens flics et ils passent leur temps à traiter la police locale de crétins incompétents! Ça ressemble plutôt à une excuse bidon des fédéraux pour nous enquêter sur nous. Collez le dans une autre brigade.
-Excuse bidon ou pas c'est les ordres du directeur de la police, alors on obéit et c'est tout, asséna le capitaine. Il sera dans votre brigade, point. D'ailleurs doit arriver en fin de matinée; vous avez un inspecteur sans équipier depuis quelques temps je crois non?

Les rouages du cerveau du Lieutenant tournaient à plein régime, et une lueur de compréhension s'alluma enfin.

-Stampton? Vous voulez que je le colle avec Stampton?
-Si les nécessités du service vous y obligent je soutiendrai votre choix, lâcha le capitaine d'un ton entendu.

Pour que ce soit plus clair il aurait pu ajouter un clin d'œil appuyé.

Hobbes pesa mentalement le pour et le contre. Nora était une excellente flic et il l'aimait bien, mais c'était la pire tête brûlée de la brigade avec qui aucun inspecteur disposant d'un peu d'instinct de survie ou du moindre espoir de monter en grade ne voulait bosser. Son dernier coéquipier attitré avait profité du prétexte pratique d'une blessure par balles suivit d'un accident de voiture pour rester au bureau ces deux derniers mois; depuis elle bossait seule, ce qui ne semblait pas complètement lui déplaire.

Le capitaine voulait l'agent du FBI en binôme avec elle et ça embêtait un peu Hobbes parce qu'il n'était pas certain duquel des deux il punissait. Le fédéral allait en prendre plein la tête avec elle, mais sa présence allait sacrément perturber les habitudes de franc tireur de Stampton.
D'un autre côté ce n'était pas vraiment une mauvaise chose. Peut-être qu'il pourrait enfin se débarrasser de la pile de formulaires pré-remplis à son nom sur les incidents en service qui occupaient la moitié d'un de ses tiroirs.

-Je n'ai personne d'autre à lui attribuer, conclut-il sans préciser s'il parlait de son inspecteur ou de l'agent.
-Très bien. Le FBI nous a envoyé un dossier sur lui, je vous l'ai transmis par mail.

Hobbes attendit d'être seul pour s'emparer d'un donut. Tandis qu'il mâchait, ses doigts boudinés pianotèrent sur son clavier.

-Bon, voyons ce que les fédéraux nous envoient fouiner...


TR:

Hobbes fronça les sourcils. Là, il avait du mal à suivre. Ok il n'attendait pas beaucoup d'infos du FBI et le mail était carrément famélique, mais le peu qu'on lui donnait n'avait pas grand sens.

Si on en croyait ce CV le type qu'on leur envoyait était un gros bras venu de l'armée avec à peine trois ans au FBI, un diplôme à la con et aucune expérience des forces de l'ordre. En prime il venait de Portland, à l'autre bout du pays. Pas mal de points que le capitaine avait "oublié" d'évoquer. Ça expliquait les donuts... Quelque chose là dedans n'était vraiment pas net.

Hobbes passa ses nerfs sur une seconde pâtisserie, constata qu'il était toujours autant en rogne et décida qu'il était largement temps de crier sur quelqu'un.

-Banks, mon bureau, tout de suite! rugit-il.

L'inspecteur chef Richard Banks n'avait jamais été un très bon flic. Non pas qu'il n'ait pas les capacités requises; il préférait simplement se la couler douce. Ironiquement, cela l'avait poussé à faire de gros efforts pour monter en grade puis pour conserver sa place. Il avait comprit le plus important: un bon cadre devait gérer un maximum de choses sans emmerder son supérieur et ensuite seulement il avait le droit de ne rien foutre. Aussi longtemps qu'il appliquerait cette règle d'or, il resterait dans les bonnes grâces du lieutenant Hobbes, qui fermait les yeux sur ses autres défauts et le notait bien au dessus de son travail à chaque évaluation annuelle.

-Ferme la porte, ordonna ce dernier. Le capitaine nous colle un agent du FBI dans les pattes, soit disant pour "observer nos techniques d'enquête". Il fera équipe avec Stampton, tu garde un œil sur les deux.

Banks hocha la tête.

-Compris patron. Vous pensez qu'il vient faire quoi?
-Si je le savais je te demanderais pas de le surveiller.

Jugeant la mauvaise humeur de son supérieur à un stade pré-explosif, Banks estima préférable de dégager avant l'éruption. Quelqu'un frappa à la porte vitrée masquée par les stores, offrant une diversion bienvenue.

-Entrez! cria Hobbes.

Le lieutenant reconnu immédiatement le nouveau venu, bien que ne l'ayant jamais rencontré. Après tout il avait eu sa photo sous les yeux quelques minutes auparavant... Et s'il avait le moindre doute, son badge visiteur et son costume cravate typique du FBI le lui aurait vite retiré.

-Bonjour messieurs, lança-t-il. Je suis l'agent spécial Mike Wagner.
-Agent Wagner. On ne vous attendait pas si tôt.

L'intéressé eu une seconde d'hésitation face à cet accueil pour le moins... Mitigé.

-Je dérange, peut-être?
-Non, non, l'inspecteur chef Banks et moi venions juste d'être informés de votre arrivée et nous préparions votre accueil dans la brigade. Banks vous pouvez aller chercher Stampton?
-Okay patron. Heureux de faire votre connaissance Agent Wagner.

Il tendit la main à l'agent qui la serra fermement, le gratifiant d'un sourire amical.

-Plaisir partagé inspecteur chef. Vous pouvez m'appeler Mike.
-Et moi Ricks.

Il s'éclipsa en fermant la porte, laissant l'agent seul avec son supérieur.

-Je ne vous sert pas la main, le sucre ça colle aux doigts, lâcha le lieutenant avec un geste négligent vers ses pâtisseries. Bienvenue à la 33ème brigade; je ne suis pas très sûr d'avoir compris pourquoi vous êtes là?

Resté debout, Mike balayait machinalement le bureau du regard, comme pour décrypter le style de son occupant.

-Je dois étudier vos procédures de travail de l'intérieur pour déterminer celles qui pourraient être utiles au Bureau, répondit-il. Rassurez vous je ferais en sorte d'être aussi peu perturbant que possible pour vous et vos hommes. C'est même une partie essentielle de ma mission. J'espère que nous pourrons mener cette collaboration en toute cordialité.
-Chouette speach. Vous l'avez répété?

Cette fois Mike fronça les sourcils, perdant un instant son sourire aimable. Un éclat froid passa dans ses yeux bleus.

-J'imaginais que la perspective d'avoir un enquêteur supplémentaire payé sur des fonds fédéraux vous serait plus agréable, lieutenant. Ou vous cachez très bien votre enthousiasme ou j'ai l'impression que vous ne m'aimez pas beaucoup.

Le lieutenant le fixa une seconde puis se mit à sourire largement.

-Holà, ne montez pas sur vos grands chevaux... Je vous assure qu'on est heureux de vous avoir agent Wegner. Aussi longtemps que vous ne causez pas de soucis dans mon service. Prenez donc un donut de la paix, je suis sûr que vous n'en avez pas de comme ça à Portland. Vous avez fait bon voyage d'ailleurs? Vous êtes à New York depuis longtemps?

Mike doutait que le type ait écorché son nom par accident, mais il ne releva. Après tout ce n'était pas vraiment le sien, juste un emprunt. Comme sa carte d'agent du FBI d'ailleurs.
Le changement soudain de ton du gros lieutenant était sans doute destiné à le déstabiliser, mais il s'y attendait un peu; une coopération entre le département de police de la ville et le FBI, c'était contre nature, les tensions étaient prévisibles. À lui d'être plus malin et de savoir s'intégrer.

-Depuis hier, merci le voyage s'est bien passé. Je suis encore en plein jet-lag, d'où mon arrivée en avance ce matin...

Quelqu'un frappa à la porte du bureau, interrompant un dialogue qui frôlait dangereusement la banalité.

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Nora Stampton
Nora Stampton



01.05.20 23:55
La flic, l'agent spécial et le cadavre


« Je m’en bats les ovaires de tes états d’âme. Que tu viennes ou pas, j’y vais. »


Mon ton est sans appel. S’il ne daigne pas porter ses couilles et entrer dans ce bar réputé pour appartenir à un gang, alors il n’a rien à faire dans mes pattes. Je me démerderais seule et je suis sûre que ce sera très bien. Je le vois du coin de l’oeil soupirer, lever les yeux au ciel, se mordre la lèvre inférieure et acquiescer. Il n’arrive pas à se résoudre à me laisser pénétrer là-dedans seule, même s’il a parfaitement conscience que c’est une mauvaise idée. Après tout, combien d’entre eux, nous avons envoyé en taule ? Un petit nombre. Mais c’est la meilleure piste que je dispose en ce moment, alors mauvaise idée ou pas, il est hors de question que je fasse demi-tour. Je sens sa main sur mon épaule et je lui jette un oeil. C’est quoi ce regard là ? Il essaye de me convaincre de renoncer ? Il se fout de moi ? Je secoue la tête.

« Tu sais ce que cette piste représente. »

Il hoche la tête et finit par m’ouvrir la marche. En d’autres circonstances, je lui aurai sûrement dit que je n’ai pas besoin qu’on passe devant moi, sauf que je vais pas pousser dans ma connerie. Dans le fond, j’apprécie qu’il n’ai pas tourné les talons, même si je ne vais pas lui dire. Ca risque de le conforter dans ses idées et c’est pas une bonne chose. Bref.

Nous pénétrons dans le bar, sombre malgré l’heure matinale de la journée. Et aussitôt les regards se tournent vers nous, les attitudes se figent et je vais le barman poser sa main sous le comptoire. Il doit très probablement tenir un flingue, un fusil d’un calibre légalement interdit très certainement. Mais on est pas là pour vérifier les permis de détention d’arme d’ici. Comme un seul homme, on se dirige vers le bar, du moins, je m’y dirige le temps que Jeff observe les alentours et mes arrières. Je dépose les mains sur le bois vernis légèrement dégueulasse en signe de paix. Mon interlocuteur crache dans l’évier à côté de lui pour montrer toute sa répugnance à notre présence.

« Ton boss a rencontré Braen hier dans la journée, j’ai besoin qu’il m’en parle. »


Avec une évidence même, l’autre se met à rire, comme si je venais de lui sortir la meilleure blague de l’année. Ca doit être le cas pour lui. Je me mets à pianoter de l’inde et du majeur sur le bois, en signe d’impatience et surtout, pour ne pas l’ouvrir. Un point pour mon self-control.

« Et moi, j’ai bien besoin d’une pipe. »

Plus rapide que je ne l’aurai espéré, je prends appuie de la main gauche sur le bord du bar, une petite impulsion au niveau des jambes et ses cheveux se retrouve entre mes doigts. La seconde d’après, c’est sa tête qui rencontre violemment le bois. Vu le craquement significatif, je dirais qu’il a le cartilage pété. Mon flingue se retrouve machinalement dans ma main, comme s’il ne quittait jamais cette place et se pose contre sa tempe. De l’autre côté de la pièce, je sais que Jeff fait le nécessaire pour maintenir l’ordre.

« J’peux aussi revenir avec un mandat et vous faire tomber pour proxénétisme. J’suis pas certaine que la gamine au fond de la pièce soit majeure. »

Et comme le bar n’est pas qu’un bar… Bref, l’autre lève les mains en signe de non résistance et je le lâche pour lui rendre la liberté de mouvement, non sans le garder en joue.

###

Assise à mon bureau, les écouteurs dans les oreilles, je rédige un énième rapport sur une enquête qui date de quelques temps. Puisqu’il n’y a aucune piste et que l’extérieur semble calme aujourd’hui, je dois rattraper mon petit retard dans toute la paperasse. Ca ne m’enchante pas mais j’en ai ma claque d’entendre mon supérieur me faire chier avec ça. J’attrape ma tasse de café et jure en la voyant vide. Quoi ? Déjà ? Mais je viens d’aller la remplir putain ! Ok. Je me lève, direction la machine à café, faisant fi des regards des collègues qui ne semble pas apprécier le son qui leur parvient. Qu’ils continuent de faire leur taff et qu’ils ne viennent pas me faire chier.

Ma tasse enfin remplie, je me retourne et tombe sur Richard. Son regard semble rieur et ça me court déjà sur les nerfs. Je n’encadre pas ce type. Il serait tout aussi bien à travailler dans une banque, ou n’importe quel autre boulot de bureau, qui ne nécessite aucun effort physique et permet de déléguer son taff à ses subordonnés.

« Hobbs te veut dans son bureau, maintenant.»

« P’tain sérieux ? J’ai dit que je lui donnerais ces putains de dossiers ce soir. »


Mon interlocuteur secoue la tête, m’indiquant que ce n’est pas le sujet de la convocation. Oh ? Mon cerveau essaie de faire le tour des dernières emmerdes que j’ai pu avoir, avec ou sans mon badge de flic. Étrangement, rien ne me vient l’esprit. Serait-ce plus ancien ? Sans perdre plus de temps, je me dirige vers le bureau indiqué, terminant ma tasse dans la foulée pour la déposer sur mon bureau en passant.

Je frappe à la porte et entre après mon quatrième coup, sans attendre la permission. Je suis attendue de toute façon, non ? Je me stoppe en voyant un inconnu, un peu plus grand que moi, habillé en pingouin avec un badge visiteur. Il pue le fédéraux à plein nez, trop droit pour n’être qu’un citoyen lambda et son regard est aussi inspecteur que le mien.

« Vous vouliez me voir Hobbs. »

Autant rentrer dans le vif du sujet, j’ai pas toute la journée. Enfin si mais il n’est pas censé le savoir. Et il doit être occupé, vu son interlocuteur.

« Inspectrice Stampton, voici l’agent Wagner, du FBI. Ce sera votre coéquipier pendant quelques temps. »


Haussement de sourcil et dévisagement total de l’individu pour ensuite reporter mon attention sur mon supérieur, qui n’avait pas l’air plus ravi que moi de la nouvelle, du moins pour quelqu’un qui le côtoie depuis des années, ça se voit.

« C’est une blague ? En quel honneur j’devrais avoir dans les pattes un pingouin ? »


Offenser l’inconnu ? C’est loin d’être mon problème. Non, mon problème c’est bien de devoir avoir un coéquipier, imposé et en plus un fédéraux. C’est pour me punir ou quoi ?


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02.05.20 1:06
En fait de "frapper à la porte", l'expression "tambouriner à la porte" aurait été nettement plus exacte. L’agresseur n'attendit pas qu'on l'invite à entrer pour ouvrir.

Mike découvrit que la coupable n'était autre qu'une jeune femme dont le look gothique semblait franchement décalé pour le lieu. Pendant qu'elle le jaugeait de la tête aux pieds, l'agent se demanda s'il avait affaire à une suspecte en train de s'évader, mais il estima cela peu probable vu qu'elle avait un pistolet dans son holster sanglé sous son bras gauche. Ou alors, c'était franchement inquiétant. L'alternative logique serait qu'il s'agisse de l'inspecteur Stampton.

-Vous vouliez me voir Hobbes, confirma la jeune femme sur un ton de reproche.

Elle empestait le café. Tout en parlant elle se tourna ostensiblement vers Mike, le dévisageant sans chercher aucunement à se cacher. Ce dernier décida de ne pas lui adresser le sourire amical qu'il dégainait d'ordinaire; cette fille avait l'air d'une vraie furie. Il adopta une expression neutre, lui rendant son regard sans ciller à travers ses lunettes.

-Inspectrice Stampton, voici l’agent Wagner, du FBI, le présenta Hobbes pendant leur échange silencieux. Ce sera votre coéquipier pendant quelques temps.

Le moins qu'on puisse dire c'est que son ton manquait d'enthousiasme. Clairement, il lui refilait une corvée. Au moins cela ramena l'attention de sa subordonnée sur lui.

-C’est une blague ? En quel honneur j’devrais avoir dans les pattes un pingouin ? cracha-t-elle.

Mike vit le lieutenant rougir sensiblement d'un seul coup. Se dernier leva un doigt comminatoire.

-Aux dernières nouvelles c'était encore moi le lieutenant de cette brigade, alors vous allez pas commencer à me les briser Stampton! Vous aviez besoin d'un coéquipier, ce sera lui, fin de la discussion!

Mike se racla la gorge comme pour rappeler aux deux autres protagonistes sa présence dans la pièce.

Hobbes se tourna vers lui pour lui hurler dessus aussi, avant de se souvenir qu'il n'était pas strictement son supérieur. Il pesa rapidement le pour et le contre et estima que le coller avec Nora Stampton pour toute la durée de son stage représentait une punition tout à fait suffisante. Il reporta donc sa mauvaise humeur sur cette dernière.

-Vous, vous allez bosser avec lui ou je vous colle quatre mois à la paperasse en horaire de nuit, menaça-t-il. C'est clair!?

Il se laissa soudain aller en arrière comme si sa séance de hurlement avait pompé toute son énergie. Mike se demanda s'il ne faisait pas une attaque en le voyant pâlir, mais il ne faisait que retrouver une couleur plus normale.

-Allez voir Banks, une affaire d'homicide est tombée tout à l'heure, ajouta-t-il.Laissez tomber la paperasse et concentrez vous là-dessus pour le moment. Tâchez de me boucler ça en vitesse les chiffres du mois sont déjà assez mauvais.

Dispensée de paperasse: sans doute sa façon d'enterrer la hache de guerre avec sa subordonnée... Mike grimaça un sourire qui n'aurait pas trompé un gamin bigleux.

-Merci de votre... Accueil chaleureux, lieutenant Hobbes. Cette coopération s'annonce sous les meilleurs auspices, je suis impatient de me mettre au travail. Inspecteur Stampton, après vous.

Hobbes rougissait à nouveau.
Mike ne fit pas mine de lui tendre la main, d'abord parce qu'elle risquait fortement de l'ignorer, ensuite parce qu'il n'aimait pas beaucoup être qualifié de pingouin par une personne qui le connaissait depuis moins de trente secondes. D'ailleurs il comptait rapidement mettre les choses au point avec sa nouvelle "coéquipière forcée", mais pas ici. Pas en public.

Bon Dieu, qu'est-ce qu'ils pouvaient bien mettre dans leur café ici pour être aussi à cran?

Codage par Libella sur Graphiorum
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Nora Stampton
Nora Stampton



02.05.20 12:30
La flic, l'agent spécial et le cadavre


Ce doigt. C'est comme un signe de plus que je dois fermer ma gueule parce que je suis déjà allée trop loin. Pourtant, je n'ai fait que poser une putain de question. Pas la peine de se mettre dans tous ces états. Si je suis de mauvaise foi ? Bien sûr.  Le ton employé pour lui demander pourquoi moi montrait clairement que ça me les brisait. En fait, j'ai même pas besoin de raison, j'en veux même pas, pour avoir de nouveau un coéquipier. Je pensais sincèrement qu il l'avait comprit.

Alors je ferme ma gueule, enfouie mes mains dans les poches arrières de mon jean noir et j'attends que l'orage passe. Évidemment, petit speech sur le fait que c'est le chef mais c'est surtout sa menace qui me fait légèrement tiquer. Je fais une petite moue avant d'inspirer. Non, je ne vais pas crier au scandale. Bien que j'en ai terriblement envie. Mais comme il est assez difficile de la fermer totalement, un petit « Comme de l'eau de roche. » Filtre à travers mes lèvres.

J'hoche la tête, légèrement plus à l'écoute au sujet de l'enquête. Encore un meurtre. En même temps, j'ai pas choisi cette ville pour rien, en dehors de mon but personnel, c'est la ville où il y a un mort tous les jours depuis des années. Des centaines de mort. Et ça ne semble jamais s'arrêter.

Je n'aurais donc pas plus d'explications. En même temps, je l'ai cherché. Je suppose que je vais devoir converser avec le pingouin pour savoir ce qu'il faut ici. Super.

Sans attendre plus longtemps et sous la voix de mon… coéquipier je sors la première du bureau. Quelques regards se tournent vers nous, même s'il est de notoriété public d'entendre Hobbs beugler quand je suis avec lui. Je les ignore royalement et me dirige vers le bureau de Banks. Absent. Où est-il encore parti ce flemmard? Machine à café? Sans me préoccuper de la présence dans mon dos, j'avance jusqu'à tomber dans l'ouverture de la porte. Je vois Banks devant plusieurs autres flics. Ils ont l air de bien se marrer.

« Aller 100$ il a l'air plus costaud d'Andrew ! 48h maxi. »

Il ne m'en faut pas plus. Ils parient en toute normalité sur le temps que restera le fédéraux en ma compagnie. Les enfoirés. Je me racle la gorge et ils se retournent, certains perdent un peu de couleur. L'idée de leur tirer dessus m'est venu à l'esprit. Mais comment faire passer ça pour de la légitime défense ? Compliqué. Alors j'abandonne l'idée.

« J'ai besoin du dossier sur l'homicide. »


Ma voix est froide mais je suppose qu'ils s'attendaient tout sauf à ça. Sûrement à ce que je leur gueule dessus combien ce sont des connards finis qui n'ont rien à faire dans la police. Mais non. Cette fois, ce coup bas à quelque chose de blessant. Et je repense à lui que tout le monde semble avoir oublié. Bref. Je tourne les talons pour rejoindre mon bureau. J'attrape une chaise au passage pour la glisser jusqu'à destination, pour le fédéraux. Si j'ai envie de lui parler ? Pas spécialement mais je sais qu'il va bien falloir. Autant temporiser un peu. Je commence à ranger mon dossier en cours, sur une plainte concernant une prostituée. L'instant d'après le dossier actuel tombe sur la table, déposé sans ménagement par Banks. Je crois que mon intervention, pourtant calme, a brisé son jeu. Le pauvre petit.

« Vous commencez facile. Encore un camé qui s'est fait trop plaisir. Trainez pas à résoudre ça. »


Sans lui répondre, j'ouvre le dossier. Première image: la photo de notre victime, en tenue militaire.

« Et merde. » J'inspire et cette fois, je réplique. « C'est donc là tout votre respect pour un ancien combattant ? » Connard.

Banks observe le fédéraux, comme pour se dire que sa remarque était déplacée. Un peu tard pour s'en rendre compte. Et il ne cherche pas non plus à s'excuser. Comme un lâche qu'il est. Je lis rapidement le dossier pour avoir les infos principales, notamment l'adresse et les noms de quelques personnes en lien avec lui. Puis je me tourne vers Wagner.

« Vous avez autre chose à vous mettre ? C'est pas un quartier où votre style va passer inaperçu. »

Et même si en tant que flic ça peut être compliqué, habillé ainsi, il passera pas la cage d'escalier. Mais forcément, je peux toujours me brosser. Alors j’hausse une épaule, on verra bien le moment venu et s’il reste bloqué en bas, ce sera pas mon problème.

Je lui demande s’il a terminé de lire le dossier, histoire qu’il s’y intéresse aussi un peu, quitte à avoir un coéquipier forcé, autant qu’il mette un peu la main à la patte dans cette affaire. J’attrape ma veste en cuir, mon badge et les clés de voiture, dans le tiroire et on est parti.




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02.05.20 14:57
L'agent et sa nouvelle coéquipière avaient quitté le bureau du lieutenant "donut". L'inspectrice n'avait pas tardé à mettre la main sur celui qu'elle cherchait, manifestement en train de rire de ses mésaventures avec d'autres collègues. Inutile de préciser que l'arrivée des intéressés jeta un froid.
Glaciale, elle réclama son dossier sans faire de commentaire avant de retourner à son bureau en embarquant une chaise au passage qu'elle projeta dans la petite pièce avec un peu plus de force que nécessaire.

Mike préféra rester debout, étudiant les lieux comme il avait l'habitude.
La pièce laissait à peine assez de place pour se déplacer entre deux bureaux et une armoire à dossiers. Pas de photos ou d'objet personnels visibles, assez rare mais pas inutile quand on recevait des suspects; plusieurs dossiers s'alignaient indistinctement sur les deux bureaux. L'inspectrice referma rapidement le seul ouvert, qui rejoignit sa place sur une pile.
Deux bureaux. Un seul ordinateur. Un coup d’œil à travers les vitres apprit rapidement à Mike qu'elle était la seule dans ce cas.

Banks débarqua avant qu'il ne puisse s'interroger plus avant sur cette bizarrerie, un dossier à la main et le visage fermé.

-Vous commencez facile, commenta-t-il. Encore un camé qui s'est fait trop plaisir. Trainez pas à résoudre ça,

Nora ouvrit le dossier et jura en découvrant une photo en uniforme.

-C'est donc là tout votre respect pour un ancien combattant? lâcha-t-elle avec une agressivité non dissimulée.

Banks jeta un regard vers Mike qui ne chercha pas non plus à cacher son hostilité. Jugeant préférable de battre en retraite, l'inspecteur chef s’éclipsa avec une mauvaise grimace.
Stampton parcourait déjà le fin dossier avec l'aisance d'une habituée, extrayant les infos clés sans effort.

-Vous avez autre chose à vous mettre ? C'est pas un quartier où votre style va passer inaperçu, lança-t-elle.

Mike ravala un commentaire acerbe sur les choix vestimentaires de l'inspectrice et attrapa le dossier. Autant éviter d'ouvrir les hostilités au milieu du commissariat.

-Philip Greene, déchiffra-t-il à haute voix. Vingt trois ans, bossait pour une entreprise de construction.

Le dossier n'était pas très rempli; des états de service, une fiche de personne à joindre sûrement obsolète depuis des années, une copie de permis de conduire et un casier pour une bagarre alcoolisé trois ans plus tôt. Le rapport de police mentionnait qu'il avait été trouvé mort ce matin chez lui par une voisine et qu'une patrouille avait sécurisé les lieux.

-On peut y aller? demanda Stampton, impatiente.
-Je vous suis.

La jeune femme attrapa une veste, ses clés et son badge avant de quitter la pièce, son coéquipier sur ses talons. Mike attendit que les portes de l'ascenseur se referment sur eux pour reprendre la parole.

-Pour votre information, je n'ai pas demandé cette mission, déclara-t-il froidement. Mais maintenant que je suis là, je vais faire mon job: aider et observer. Ça sera plus vivable pour tous les deux si vous arrêtez de passer vos nerfs sur moi et que vous comportez en professionnelle.

Après un instant il ajouta avec le même sérieux en rajustant ses lunettes:

-En plus je suis quasiment sûr que critiquer mon costume et me qualifier de pingouin sont des délits fédéraux.

La porte de l'ascenseur s'ouvrit à ce moment sur le parking souterrain du commissariat. Mike s'avança en regardant les véhicules alignés.

-Donc, laquelle est votre bolide? demanda-t-il.
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Nora Stampton
Nora Stampton



02.05.20 21:40
La flic, l'agent spécial et le cadavre


Adossée contre la paroie de l’ascenseur, sur le côté pour ne pas être en face des portes, je commence à me perdre dans mes pensées, juste l’espace d’une seconde mais pas plus car voila que le pingouin semble prendre la parole. Je me disais aussi que son silence était relativement étrange. En général, les gens, et notamment les hommes, préfèrent répliquer rapidement plutôt que de laisser l’interlocuteur penser avoir le dessus. Est-ce que je pense avoir le dessus ? Pas spécialement non.

Au moins, n’est-il visiblement pas enchanté d’être dans les parages. Ses supérieurs essaieraient-ils également de le punir, pour une quelconque connerie qu’il aurait commise dans les semaines précédentes ? Je ne suis pas certaine d’obtenir une réponse, si tant est qu’elle m’intéresse pas vraiment. Je l’observe et ne cache pas un faible sourire aux coins des lèvres. Passer mes nerfs sur lui ? Pour le simple fait d’être appelé “pingouin” ?  Je pense qu’il n’est pas au bout de ses surprises s’il pense que ça c’est passer mes nerfs. Mais je le laisse terminer, non sans continuer de sourire ? Professionnelle qu’il dit ? Je crois qu’Hobbs a oublié quelques détails me concernant. Non pas que je ne sois pas professionnelle dans l’ensemble du terme mais… Il risque de tomber de haut s’il s’attend à plus.

« Pourquoi pensez-vous qu’ils pariaient sur votre endurance à rester mon partenaire ? Y’a rien de personnel contre vous. Fédéraux ou pas, j’vais vous traiter comme n’importe qui ici. »

C’est pas parce que Monsieur, a un badge de plus, certainement plus de décoration que moi à son actif -encore que ce n’est pas trop difficile pour ce point- qu’il peut penser obtenir un traitement de faveur. Je l’observe quant au délit et hausse les épaules.

« Quoi ? Vous n’aimez pas les animaux chez les fédéraux ? »


Serait-ce une tentative presque détournée pour faire de l’humour ? Faut croire. Bref, les portes s’ouvrent enfin, j’ai toujours l’impression que le temps s’arrête dans ce genre d’endroit exiguë. Je sors mes clés et active l’ouverture à distance. Les phrases clignotent au loin, une Ford puma noire nous attend bien sagement. Rien qui ne sorte de l’ordinaire, dans le budget d’une flic célibataire et assez spacieux pour toutes circonstances. Je monte dans la voiture et allume le contact après m’être attachée. Une bon point pour lui, je n’ai pas besoin de lui dire de s’attacher. Parfois des collègues oublient que les accidents de la route peuvent aussi les buter. C’est pas parce qu’on est flic qu’on est surpuissant. La musique, un groupe de métal que j’affectionne nous hurle dans les oreilles, mais puisque c’est ma voiture, je n’éteins pas. Je baisse juste assez pour qu’une conversation puisse avoir lieue.

Il nous faut à peine dix minutes pour atteindre notre destination, un quartier comme il y en a pas mal : pauvre avec une délinquance trop présente. Je me gare devant l’immeuble et m’attache les cheveux avant de descendre de la voiture.

« A deux rues d’ici, j’ai un indic, j’irai le voir quand on aura fait un tour là-haut. »

On sort alors, je referme la voiture et on entre dans l’immeuble. Oui, visiblement, le verrouillage n’est plus actif. C’est étonnant, même dans ce genre de coin. Troisième étage et cette fois, je prends les escaliers. Arrivés sur le palier la porte de l’appartement est facilement reconnaissable aux bandeaux de police qui interdit son entrée et un collègue en position devant. Personne ne peut entrer pour éviter de saloper les potentielles preuves présentes.

« Le docteur Graison devrait pas tarder à arriver. »
Nous informe-t-il avant d’ouvrir la porte pour nous laisser entrer.

Le flic jette un regard presque compatissant à Wagner, ce qui finit par me saouler et je pénètre dans l’appartement.
Les lieux sont propres et rangés, d’un premier coup d’oeil, rien ne semble déranger dans l’espace, sûrement faudra-t-il être plus précise par la suite. J’file des gants qui se trouvent dans mes poches quasi en permanence pour pouvoir toucher quelque chose au besoin.

« Vous avez dit “observer” tout à l’heure. Pourquoi vous êtes là au juste ? »


Je me dirige vers la chambre à coucher, l’endroit où doit se trouver le corps d’après les premières infos qu’on nous a transmis. Le temps de trouver la pièce, après un rapide coup d’oeil dans les autres, on sait jamais et on se retrouve devant Philip Greene. Tout en écoutant la potentielle réponse de Wagner, j’observe le corps dans son ensemble, sa position, l’état de ses cheveux et le reste. Forcément ses mains nous donnent l’origine de son décès.

« C’est moche de revenir de la guerre et finir comme ça. » Que ce soit intentionnel ou pas de toute façon. Car pour en arriver là, si c’est un suicide, c’est tout aussi triste. « Vos impressions Monsieur le fédéraux ? »






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02.05.20 23:38
Leur "mise au point" de l'ascenseur se terminait sur un statu quo, et il était temps de se mettre au travail.
Dès que l'inspectrice mit le contact de sa voiture un déluge sonore assaillit l'habitacle. Mike fronça les sourcils. Métal pur et dur, plein volume. Prévisible à bien y penser.

-Vous pourriez...? demanda-t-il en levant le ton pour être entendu.

Elle baissa le son.  L'agent envisagea de lui demander d'éteindre, mais elle risquait de remonter le volume juste par provocation. Aussi préféra-t-il tâcher d'ignorer cette ambiance sonore violente, observant les rues. Il faisait beau, les rues de la ville étaient animées et colorées. Les types en costume côtoyaient les SDF, travailleurs étrangers illégaux et les mères de famille.

Stampton conduisait tranquillement. Pas d'urgence pour leur client après tout, même si Mike aurait pu craindre qu'elle soit une enragée du volant vu ce qu'elle avait montré de son caractère et sa surcharge de café...
Au bout de quelques minutes, l'agent constata que le quartiers où ils se rendait n'était pas parmi les plus privilégié. Les façades étaient plus abîmées, les rues plus sales et des types franchement louches les regardaient passer sans bouger de leur "spot". Dealers sans doute, de drogues ou d'armes... Ils n'attendaient pas pour rien.
Stampton avait raison, son costard ne ferait pas très couleur locale. Mais après tout il ne cherchait pas à se cacher; être visible avait aussi ses avantages.

Ils ne tardèrent pas à arriver à destination.

-À deux rues d’ici, j’ai un indic, j’irai le voir quand on aura fait un tour là-haut, lança l'inspectrice en descendant de la voiture.

Elle semblait dans son élément, à l'aise. La porte d'entrée ne fermait plus; les deux policiers grimpèrent au troisième rapidement. Les parties communes étaient propres à défaut d'avoir été rénovées récemment. Un flic en faction les informa de l'arrivée prochaine du légiste, un certain Graison, avant de les laisser passer sous les bandes qui fermaient l'accès au logement.

-Vous avez dit “observer” tout à l’heure. Pourquoi vous êtes là au juste? lança l'inspectrice en enfilant ses gants.

Mike fit de même, balayant déjà les lieux du regard. Pas de traces de lutte ou d'effraction, clés sur la porte. Plancher propre, pas de poussière sur les meubles ni rien de dérangé. Peu de mobilier et une télé en bon état. Étrange pour un drogué; il aurait dû la revendre pour payer sa dose. Et l'agent aurait vu l'endroit plus en désordre, plus sale.

-Je suis là pour voir comment vous travaillez de l'intérieur, répondit-il distraitement. Et extraire ce qui pourrait être utile au Bureau; en échange je vous donne un coup de main. Gagnant gagnant.

Il suivit sa coéquipière dans la chambre. Elle était déjà penchée sur le cadavre qui gisait sur le lit fait au carré.

-C’est moche de revenir de la guerre et finir comme ça, lâcha-t-elle.

Mike acquiesça sans un mot. L'inspectrice semblait touchée par le fait d'avoir affaire à un vétéran; probablement qu'elle en avait un ou plusieurs dans son entourage. Ce n'était pas le moment de l'interroger là dessus.
Le cadavre tenait encore une petite boite cylindrique qui dégueulait des pilules qui l'avaient tué. Il était en bon état, mais avait manifestement passé un sale quart d'heure avant sa mort; il avait un beau coquart et la lèvre fendue. La blessure semblait déjà en train de cicatriser.
À part ça c'était un gamin athlétique, cheveux courts et sans barbe, il avait l'air d'un soldat malgré ses vêtements civils. Son teint livide et son immobilité parfaite disait qu'il était mort sans doute possible.
Quel foutu gâchis.

-Vos impressions Monsieur le fédéraux? demanda l'inspectrice en s'écartant.

Elle le testait. L'agent s'y plia de bonne grâce.

-Pas de trace de lutte ou d'effraction, des coups au visage mais plus anciens, bagarre avec un type ayant une sacrée gauche je dirais, observa-t-il. Les taches cyanosées sur les mains et le cou suggèrent un manque d'oxygène mais pas de traces de strangulation, donc compatible avec une overdose. Rigidité cadavérique avancée donc il est mort depuis plusieurs heures, mais pas d'odeur donc moins de deux jours.

Il récupéra le pot de pilules avec douceur. Pas question de fouiller le corps avant que le légiste l'ai examiné.

-Oxycodone, déchiffra-t-il. Un antidouleur, une vraie saleté. Trop tôt pour se faire un avis définitif mais... Ça ressemble pas à un homicide. Pourquoi Hobbes nous a envoyé ici?

Il se redressa en écoutant la réponse de sa nouvelle équipière, pensif.

Ça ne ressemblait pas à un accident non plus. Pas d'alcool à proximité du lit, pas même un verre d'eau. Les clés étaient sur la porte donc elle était déverrouillée, sans quoi il aurait fallut la défoncer pour entrer. Tout était trop parfaitement en ordre, le lit même pas défait, les stores ouverts... Plutôt un suicide qu'un bad trip mortel. Donc logiquement il devait y avoir une lettre ou un message quelque part. Il partagea ses remarques à voix haute.

-Cherchons ça, conclut-il. Je prend le salon-cuisine, vous faites la chambre et la salle de bain?

L'agent se dirigea dans la pièce à vivre. L'ordinateur posé sur la table était protégé par un mot de passe; il le referma. Il s'empara d'une photo dans un cadre, la seule qu'il ait vu depuis qu'ils étaient entrés; une demi-douzaine de jeunes soldats posaient en tenue de combat dans un paysage rocailleux, Philip Greene étant le plus à droite. Mike sortit la photo et la retourna.

-Avant poste de combat Echo 40, Escouade Charlie, 32ème d'infanterie, Afghanistan juillet 2009, déchiffra-t-il à haute voix.

Son unité de combat déduisit-il. Greene avait quitté l'armée après la fin de son "tour", quelques mois après cette photo. Rien d'étonnant à ce qu'elle soit à la place d'honneur, mais ce qui l'était plus c'était l'absence de famille qui la rendait remarquable. Pas de parents, pas de copine, même pas un chien.

Mike ouvrit un tiroir au hasard et tomba sur une mallette noire portant le sigle "Glock", ainsi qu'une boite de cartouches neuf millimètres.
Le matériel de nettoyage était à sa place mais pas l'arme censée s'y trouver, ni les chargeurs.

Étrange pour un ancien soldat de se foutre en l'air avec des pilules plutôt qu'avec son pistolet, nota-t-il mentalement. D'ailleurs ayant un casier il n'était pas censé pouvoir détenir d'arme même si il y avait trop de moyens faciles de s'en procurer une illégalement.

Suivant son instinct, l'agent vérifia le frigo et les placards; ils ne débordaient pas mais il y avait des produits encore frais en quantité suffisante pour plusieurs jours. Sa théorie initiale de suicide prenait encore du plomb dans l'aile; qui prévoit une semaine de courses avant de se supprimer? Et pas d'alcool pour se donner un peu de courage avant de se goinfrer de médocs?

Ça aussi ça clochait. Pas d'alcool. Nulle part. Il n'avait pas l'air musulman pourtant. Un converti? Quel genre de converti se camait jusqu'à la mort? Peut-être qu'il ne buvait pas. Ou qu'il ne buvait plus.

-Ça n'a pas trop l'air d'un suicide finalement, lança-t-il assez fort pour que Nora l'entende. Et on ne dirait pas non plus l'appart d'un camé.
-Ouais y en a de plus en plus des comme ça, intervint le flic en faction. C'est ces saloperies de médocs, on ramasse des cadavres d'accros à ces trucs tous les jours maintenant, des gens normaux je veux dire. Vraiment pleins. Ils s'en font prescrire pour des douleurs et puis ils deviennent addict et ça finit mal. Vous êtes nouveau inspecteur?
-On peut dire ça... éluda Mike.

L'inspectrice, la vraie, l'appela à ce moment. Elle aussi avait trouvé quelque chose.
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