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Le chien des Baskerville: La Traque [PV Nora Stampton]
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Varig Cross

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25.12.15 0:12
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Journal

6 novembre 2001, localisation classifiée, quelque part en Europe de l'est

La nuit tombait tôt dans la vallée. La lumière du soleil, qui peinait déjà à percer le couvert des arbres la journée, ne survivait pas au soir. Les ombres inquiétantes des branches se densifiaient peu à peu, jusqu'à engloutir la forêt dans les ténèbres. Et avec elles, venait le froid.

Profitant d'une courte pause dans la marche, Varig s'était adossé contre un arbre. Les lanières de son sac lui sciaient les épaules, surtout celle qui supportait en plus la sangle de son fusil. Les yeux levés vers le ciel, il reprenait péniblement son souffle, produisant de petits nuages de vapeur à chaque expiration. L'air sentait l'humus et la terre mouillée.

-Il n'y a rien à voir là-haut, lui lança sèchement en russe l'officier qui l'accompagnait, penché sur le sol. Viens plutôt voir ça.

L'adolescent baissa aussitôt la tête, avant de s'approcher. La discipline était plutôt naturelle chez lui, et de toute façon l'enseignement brutal pratiqué avec les soldats de la vallée ne laissait aucune place à la contradiction. Un ordre était un ordre, surtout quand il venait du commandant du camp d'entraînement.

Mettant à son tour un genou à terre, il se pencha sur ce que son chef éclairait à l'aide d'une petite lampe. On voyait distinctement les marques de bottes militaires restées imprimées dans l'humus, ainsi que d'autres empreintes, superposées à celles de la colonne, plus récentes.

-Des loups... Pour eux aussi c'est une belle nuit pour chasser.

L'officier sourit, carnassier.

-On a beaucoup à apprendre d'eux, poursuivit-il. Les loups sont des chasseurs nés. Ils marchent en file indienne pour ne laisser qu'une seule trace quelque soit leur nombre -ce que ces douraks de recrues ont étés incapables de faire-, s'adaptent au terrain et utilisent des tactiques élaborées pour piéger leurs proies. Tu savais qu'un loup peut parcourir près de 100 kilomètres en une seule nuit?
-Non chef, répondit laconiquement Varig.

Au fil des mois qu'il avait déjà passé dans la vallée, il avait entendu toutes sortes d'histoires qu'échangeaient les soldats à propos du redouté Alexandre Varko, commandant du camp d'entraînement. L'une d'elle prétendait qu'il s'agissait d'un "Bodark", l'équivalent russe du loup garou.
Une autre rumeur, plus crédible, racontait qu'il avait fait partie d'une unité des Spetznaz, les forces spéciales de l'ex URSS, et qu'il avait combattu les insurgés en Afghanistan avec les soviétiques.

Quoi qu'il en soit, c'était un instructeur impitoyable, qui poussait les hommes au bout de leurs limites... Et n'hésitait pas à aller lui même sur le terrain, où il déployait une énergie qui semblait inépuisable. Comme cette nuit.

-Retiens la leçon. Ce qui fait un bon chasseur, c'est l'observation, la patience et l'endurance... reprit-il. Que ce soit dans une forêt, un désert ou une ville, l'ennemi laisse toujours des traces. Tu dois écouter ton environnement, le comprendre, le sentir. Alors tu prendras l'avantage... Les loups remontent la piste le temps nécessaire. Ils observent leur proie, attendent l'instant idéal, repérant les proies les plus vulnérables. Et alors... Ils frappent.  

Varig écoutait avec attention cette description de la chasse en meute. Elles correspondaient parfaitement à la tactique qu'on lui avait enseigné à propos des forces russes en Afghanistan. De petites unités spéciales étaient larguées dans le désert et suivaient la piste des insurgés, vivant comme eux, sur leur terrain, souffrant des mêmes conditions de vie éprouvantes. Une fois leur cible rattrapée, ils appelaient les renforts et attaquaient en force, mettant en pièce les rebelles comme une meute de loups. Une stratégie redoutable qui avait fait ses preuves...

C'était pratiquement le même scénario que rejouait Alexandre Varko. Depuis deux jours ils poursuivaient toute une section de recrues à une cadence infernale. Les soldats avaient eu une demi journée d'avance. Le commandant et son jeune équipier n'étaient maintenant qu'à une heure ou deux de rattraper le détachement.
Ses membres pensaient effectuer une marche de replis après avoir remplis un exercice. Ils n'avaient aucune idée qu'ils avaient étés pris en chasse...

Depuis qu'il était dans la vallée, Varig n'avait jamais été seul avec le commandant Varko. C'était un homme rude, mais juste, et un vrai puits de science militaire. Il n'était pas difficile de comprendre pourquoi l'homme à la figure balafrée, son mentor sans nom, voulait qu'il exécute cette marche aux côtés du commandant. D'ailleurs ils semblaient bien se connaitre, et seul leur amitié pouvait expliquer qu'un simple adolescent puisse s'entraîner au côté de soldats professionnels d'un pays étranger.
Il aurait put en profiter pour lui poser des questions sur son mentor, mais la vitesse de progression et l'attention constante qu'exigeait la traque ne lui en avait pas laissé l'occasion.

-Allez on repart, lâcha l'officier en se redressant. Ils ne tarderont pas à s'arrêter pour bivouaquer. Je veux qu'on attaque avant l'aube et qu'on profite de la couverture de la nuit pour les distancer s'ils nous poursuivent.

Varig acquiesça en silence, et se remit en route derrière son chef. Tout en marchant, il leva les yeux vers le ciel et saisit un fragment de ciel étoilé. L'air froid piquait sa gorge, et les ténèbres semblaient avoir amplifié son ouïe qui lui ramenaient chaque bruissement de la forêt.

Plus loin, dans la montagne, le long hurlement d'un loup résonna.
Malgré la fatigue, l'adolescent sourit. Varko avait raison; c'était une belle nuit pour chasser.



20 juillet 2213, ruines de la piscine municipale, entre-deux, Madison, 212 ans plus tard

Le bâtiment où la puce de Nathanael Reck avait cessée d'émettre, connu ses heures de gloires au début des années 2150, sous la dictature brutale de Luke Standon. C'était un Eraser qui s'était approprié le pouvoir, et qui terrorisait indistinctement Evolves et opposants politiques.
Profitant de la manne technologique, la ville avait les moyens de lancer des projets d'ampleur, comme celui de bâtir un centre nautique en plein milieu de l'entre-deux. L'établissement avait fait recette un moment, mais faute des travaux appropriés, l'endroit était peu à peu devenu insalubre. Refusant d'engager les sommes colossales nécessaires à une remise aux normes, le Conseil avait finalement décidé de fermer purement et simplement l'endroit. Les locaux étaient devenus pendant un moment le paradis des pratiquants d'overboard et autres acrobates urbains, mais après plusieurs accidents, le site fut rasé pour laisser la place à des habitations. Seul le dôme du bassin principal resta en place, sorte de réplique miniature de l'Opéra de Sidney.
Depuis quelques années, c'était un endroit mal famé, réputé pour abriter diverses sortes de trafics et entrevues clandestines. Mais malgré des patrouilles aléatoires de la milice, personne n'avait été arrêté, et la décision de détruire les derniers vestiges du parc serait prise tôt ou tard.

Varig n'eut bien entendu pas le temps de passer en revue toutes ces informations, se contentant d'une lecture en diagonale et de l'étude des plans des lieux. Les suspensions du véhicules grinçaient de douleur en subissant les brusques pointes de vitesse et les virages serrés infligés par Nora. Manifestement, elle était motivée à arriver sur place au plus vite... Ce qui n'aidait pas beaucoup son passager à se concentrer.
Des voyants rouges clignotaient presque en permanence sur le tableau de bord, pour prévenir d'une collision imminente ou d'une violation flagrante des règles de conduite. Mais soupçonnait Nora d'avoir sciemment déconnecté les avertisseurs sonores et les bridages avant même de monter à bord en sa compagnie.
Heureusement la plupart des usagers voyageaient en mode automatique, et s'écartaient automatiquement au passage du véhicule d'intervention, sur lequel étaient apparus les marquages de la milice. Sans ça, l'accident aurait été presque inévitable à cette vitesse.

-Je ne sais pas ce qui est le pire. Me dire que je ne suis même pas surpris de te voir conduire avec la subtilité d'une frappe aérienne de l'OTAN, ou m'apercevoir que tu pilote mieux que moi, grinça l'agent en serrant les dents, alors que sa coéquipière achevait une manœuvre particulièrement audacieuse.

Deux minutes et cinquante secondes après être passé en pilotage manuel, l'aéroglisseur exécuta un dérapage contrôlé parfait, juste devant leur objectif. Le blanc des murs était passé depuis longtemps à des nuances de crasse peu flatteuses, et la lumière du soleil n'épargnait rien de la décrépitude des lieux.

Varig prit une seconde pour s'assurer qu'il était bien vivant et entier, avant de déployer son omniphone. L'appareil prit la forme d'une tablette holographique, sur laquelle l'agent afficha le plan des lieux tel qu'enregistré.

-C'est grand, mais on a la position de Reck au mètre près. Il a cessé d'émettre ici, dans le bassin principal. Je pense qu'on devrait se séparer; tu pourrais traverser les vestiaires femme et déboucher à couvert derrière les tribunes ouest, pendant que je fais de même à l'est par les vestiaires homme. De cet façon on pourrait flanquer d'éventuels hostiles. Ça te conviens?

Une fois les détails du plan d'assaut rapidement mis au point, les deux agents quittèrent leur voiture et s'approchèrent rapidement du grillage, l'arme au poing. La piscine était entourée par un petit terrain vague de mauvaise terre. Une simple chaîne à cadenas fermait le portillon. Varig eu un instant d'arrêt, se remémorant la dizaine de façons qu'on lui avait enseigné d'ouvrir le dispositif sans laisser de traces. Puis il haussa les épaules, poussa le cran de son arme sur le mode de désintégration et fit sauter l'obstacle d'une décharge laser.

-On reste en contact radio.

Les deux Erasers franchirent en courant la vingtaine de mètres à découvert qui les séparait de l'entrée de la piscine. Les portes vitrées avaient étés brisées depuis longtemps et les débris balayés par le vent ou les squatteurs. Il ne restait plus que des cadres en plastique branlants.
Sinistre dès que le soir se couchait, le hall était pour l'heure bien éclairé par les rayons du soleil qui traversaient une verrière craquelée. Un vague parfum de clore et d'humidité flottait encore dans l'air, accroché aux murs et incrusté au carrelage en mosaïque, qui représentait des scènes marines. Les dauphins étaient encore reconnaissable, mais ils avaient connus des jours meilleurs.

Varig fit signe à sa coéquipière, désignant une porte à gauche du hall, tandis que lui même rasait les murs et enjambait les débris de la réception pour arriver devant le couloir donnant sur les vestiaires des hommes, à l'autre bout de la pièce.

Le battant d'origine avait été arraché et sans doute traîné ailleurs. Le corridor était donc progressivement plongé dans l'ombre, si bien qu'on ne voyait rien à dix mètres de l'entrée. Dos au mur, à couvert, l'agent activa le mode de vision nocturne de ses lunettes, et gratifia sa coéquipière d'un signe de tête avant de plonger dans les ténèbres.
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27.12.15 12:27

« J’ai de la pratique ~ » Lança-t-elle en essayant de cacher sa fierté d’être arrivés en moins de temps qu’il ne l’avait prévu. C’était puéril, aussi elle se contenta d’ajouter. « Mais ravie de voir que tu n’as pas gerbé, ça t'aurais fait tomber dans mon estime. » Plaisanta-t-elle à moitié.

Parce que ouais, ça lui été déjà arrivé d’avoir un collègue qui rendait son déjeuner après une course poursuite dans les rues de Madison. Les véhicules trafiqués, ça se trouvaient presque à tous les coins de rue, malgré les contrôles des forces de l’ordre ; alors évidement pour arrêter un suspect, fallait agir rapidement. A croire que certains Erasers étaient réellement fait pour rester derrière leur bureau...

Elle reprit son sérieux et porta son regard sur le bracelet de son partenaire pour enregistrer ce qu’elle voyait et ce qu’il lui disait. Ordinairement, ils auraient pu faire ça en même temps que la conduite mais il lui aurait été impossible de quitter la route des yeux sans faire d’accident. Reflexes ou non, c’était humainement impossible. Elle enregistra les plans de la piscine, du moins, les lieux où elle devrait se rendre seule et les entrées et sorties que l’endroit possédait. Evidement, elle pourrait elle-même sortir le plan sur son bracelet mais ça lui ferait perdre du temps. Et le temps que ses yeux seraient posés sur l’hologramme, ils ne le seraient pas ailleurs et elle n’aimait pas ça. La jeune femme hocha la tête en signe d’approbation et vérifia rapidement son arme de service. Elle la savait opérationnelle pour l’avoir inspectée sous tous les angles le matin même mais c’était plus fort qu’elle. Enfin, elle avait remarqué que Varig faisait la même chose, alors ce n’était pas forcément que de la paranoïa... Ils étaient prudents, voila tout.

Nora jeta un regard rapide aux alentours une fois qu’ils furent descendus de la voiture. Evidement, ce n’était pas assez précis pour qu’elle y trouve un quelconque indice mais si quelque chose devait attirer son attention, elle espérait bien le voir. Mais ce ne fut pas le cas et elle suivit son partenaire jusqu’à la porte cadenassée. Elle hocha de nouveau la tête sous la logique de Varig. Bien évidement qu’ils resteraient en contact via la radio. Sans un mot de plus, le duo s’élança vers le bâtiment. Chacun savait ce qu’il avait à faire sans avoir à consulter l’autre ou se demander si cela sera bien fait. L’avantage d’avoir risqué sa vie en sa compagnie et en être ressentie vivante grâce à lui, à plusieurs reprises, c’était qu’elle avait une confiance plus ou moins aveugle sur ses capacités une fois sur le terrain. Elle espérait simplement ne pas faire une connerie. Mais pas le temps d’y penser, surtout que ça ne serait pas productif.

Se plaçant sur la gauche, le regard alerte et la respiration calme, l’Eraser fit un rapide signe de tête à son partenaire avant de disparaitre dans les vestiaires qui étaient auparavant destinés aux femmes. Elle savait qu’elle allait détester ce passage. Trop de cabine à inspecter, trop de recoin qui pouvait donner l’idée de se cacher. Bref, elle allait devoir être sur ses gardes -comme d’habitude en fait- et être minutieuse pour ne rien laisser passer. Dès son passage de la porte à moitié défoncée, le lieu donnait le ton : sombre et à moitié glauque. Elle faillit soupirer mais se retint, supposant que les sons seraient probablement intensifiés dans cette partie vide et qui résonnait déjà en temps normal.

Nora logea le premier mur avant de tomber sur la première porte. Le bon côté avec un endroit en ruine comme ça, c’était que les portes étaient déjà toutes défoncées, ou à défaut, elles n’existaient même plus. Pas de risque supplémentaire en l’ouvrant. Mais elle prenait tout de même garde à vérifier derrière celles qui tenaient encore. Le premier vestiaire collectif fut passé, sans rien de notable, si ce n’était des aiguilles qui trainaient ça et là ; signe d’un passage plus ou moins récent de drogués. Mais ce n’était pas qu’ils cherchaient alors elle ne prit pas la peine de faire examiner l’ADN qui pouvait se trouver sur ces seringues. Elle ressortie prudemment de la pièce pour se diriger vers le second vestiaire collectif mais elle ne trouva rien de plus. Vint ensuite les cabines individuelles, avec leur porte pas toutes ouvertes. Nora se figea l’espace de quelques secondes. L’image des vestiaires se remplaça par une autre suite de porte, plus imposantes ; le silence ambiant fut remplacé par un bruit de fond. L’Eraser se frappa la tempe de la crosse de son flingue pour se sortir de ce souvenir. Qu’est-ce qui lui prenait de penser à un truc pareil ?! Dans un endroit pareil ? Elle grimaça légèrement sous la douleur passagère qu’elle s’était infligée. Et se mordit la lèvre pour chasser tout ça de son esprit. Elle ne pouvait pas se permettre de flancher comme ça, surtout après tant de semaines après, ça n’avait pas de sens. Nora jura entre ses dents avant de se remettre en marche, comptant mentalement jusqu’à 10 pour calmer son rythme cardiaque. N’importe quoi.

Reprenant la maîtrise d’elle après un coup de pied au cul mental, l’Eraser inspecta les cabines une par une. Jusqu’à entendre un aboiement puissant venant de l’extérieur. Elle tourna aussitôt le regard dans cette direction mais les portes qui menaient au bassin -et à ce qui se passait de l’autre côté- lui bouchaient la vue. Elle s’en rapprocha rapidement, longeant un mur pour ne pas faire une cible facile au cas où on déciderait de passer par ces portes. Alors qu’elle s’apprêtait à ouvrir ces dernières, elle entendit le bruit caractéristique de pas rapides. Une course ? Varig avait-il trouvé leur suspect ? Elle se mit sur la pointe des pieds pour pouvoir voir à travers les trous que formait l’emplacement des anciennes vitres. Elle distinguait les tribunes mais seulement celles au plus loin. Pour le reste, elle devait maudire sa taille.

« Varig ? Ca vient de toi ? » Murmura-t-elle. Non, elle n’allait pas sortir à découvert sans avoir un minimum d’infos sur ce qu’il se passait. Encore moins sans savoir si on pouvait lui couvrir ses arrières.
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27.12.15 20:05
Les lunettes de réalité augmenté coloraient légèrement la vision d'un halo verdâtre, mais à part ce détail, Varig y voyait pratiquement comme en plein jour.
Malgré ça l'endroit avait quelque chose de profondément dérangeant. Comme isolé de tout, on entendait plus la rumeur rassurante de la cité. En fait le couloir sombre et les vestiaires désertés lui rappelaient la ville fantôme ukrainienne de Prypiat, près de la centrale de Tchernobyl. À la notable exception que la piscine, elle, recevait encore la visite d'êtres vivants, autres que des touristes nucléaires.
Divers détritus témoignaient d'un passage récent, et un matelas crasseux laissait même penser que quelqu'un avait put utiliser les lieux comme abri. Sombres et froids les vestiaires n'avaient pourtant rien d'accueillants. Alors que son arme balayait une ancienne salle de douche collective, l'agent trouva la probable explication de ce désir de solitude ténébreuse qu'avait eu l'occupant des lieux: des seringues usagées. Sans doute un SDF drogué...
Sans perdre de temps sur sa découverte, Varig continua vers les bassins. Il avait été entraîné à se déplacer et à se battre dans le noir complet, et bougeait naturellement en silence, rasant les murs par habitude, sans même y penser. Sa respiration était régulière, mais maîtrisée. Il avançait à petits pas, stable, l'arme pointée en avant, prêt à tirer.
Dans les ténèbres, la lumière et le bruit étaient les deux ennemis à combattre. Mais si on ne produisait ni l'un ni l'autre, on devenait invisible.

L'agent progressait en longeant des cabines individuelles, quand soudain un puissant aboiement retentit, parfaitement audible malgré l'épaisseur des murs. Toujours silencieux, l'Eraser accéléra, franchit une porte à moitié défoncée en se plaquant au mur pour atterrir dans le dernier couloir avant la salle où se trouvait le bassin.
La lumière du soleil entrait par l'ouverture qui donnait sur les tribunes, et l'agent fut ébloui un instant en sortant, avant que ses lunettes ne repassent automatiquement en filtrage des UV.

Il avait atterri dans une immense salle dont le plafond était entièrement vitré. Un grand bassin vide occupait une bonne partie de la pièce, cernée par des gradins pouvant abriter des centaines de spectateurs. La ville avait fait les choses en grand...
La température était élevée, à cause des vitres qui causaient un effet de serre, qui faisait un désagréable contraste avec le froid des couloirs sombres.
Le battant censé séparer les vestiaires de la piscine avait disparu, et l'agent avait débouché en bas des gradins, mais pouvait voir la porte par laquelle Nora allait probablement arriver d'une seconde à l'autre.

Soudain, un bruit de course se fit entendre, puis Varig vit apparaitre un homme portant un pantalon kaki et un débardeur crasseux de l'autre côté de la piscine. Il courait droit vers la porte des vestiaires des femmes. Paniqué, il semblait ne pas l'avoir vu.
La voix de sa coéquipière lui parvint presque aussitôt à travers le communicateur implanté de sa puce, branché sur son omniphone. Quand ils travaillaient ensembles, les Erasers étaient automatiquement reliés par leurs bracelets.

-Varig? Ça vient de toi? demanda-t-elle.

Il grimaça. Dans le feu de l'action, elle avait oublié d'utiliser son prénom de couverture. Heureusement les conversations opérationnelles n'étaient pas enregistrées.
Levant son arme, il aligna la cible mouvante et ôta le cran de sûreté. Presque cinquante mètres... Un tir hasardeux, surtout que le fuyard avait une course mal assurée, presque trébuchante, bien que rapide, ce qui rendait sa trajectoire difficile à prévoir. Il mit son omniphone devant sa bouche.

-Négatif, et c'est Mike. J'ai un suspect qui court droit dans tes bras, on dirait qu'il a le diable aux trousses. Tu t'en charge? Il ne m'a pas vu, je vais vérifier le périmètre.

Quelques secondes plus tard, l'inconnu disparu derrière la porte des vestiaires, inconscient qu'il fonçait sur une Eraser armée, pour qui les concepts de mesure et de diplomatie n'étaient que de vagues idées très théoriques. S'il l'avait su, nul doute qu'il aurait choisit une autre sortie...
Toujours l'arme levée, Varig s'avança en longeant les gradins, prêt à riposter à toute attaque. Long d'exactement cent mètres et assez profond, le bassin avait été vidé il y a longtemps et rebouché avec du béton pour ne présenter une hauteur uniforme de deux mètres. Une façon d'éviter les accidents graves, courants avec les six mètres de fond qu'atteignait à l'origine la piscine.
Au bout de la grande salle, des portes donnaient sur un ancien jardin, aujourd'hui un terrain vague. Les doubles portes étaient fermées mais bougeaient au rythme d'un courant d'air, comme si on venait de les traverser et qu'elles n'avaient pas encore retrouvé une position fixe. La piscine semblait déserte, et l'agent en déduisit que quelqu'un était sortit.
Ou quelque chose. Alors qu'il s'approchait, il avait soudain remarqué de grosses empreintes irrégulières sur le sol entre le bassin et les portes.

Des traces rouge sang.

Son regard remonta la piste, et il s'approcha du bassin pour en chercher l'origine. Qu'il ne tarda pas à trouver...
Evolve pensa-t-il aussitôt, ainsi qu'à une bordée de jurons.

-Merde! jura-t-il avant de balayer les environs du canon de son arme à la recherche d'une cible. Pouvoir! Nora, assomme ton type avec une décharge, tout de suite!

Sa voix était précipitée, et une goutte de sueur coula sur son front. Gisant abandonné sur le sol dans une mare de sang, Varig venait de découvrir un cadavre mis en pièces. On l'avait démembré, le coupant en deux et arrachant un bras et sa tête. Les restes étaient en mauvais état, comme si on s'était acharné dessus. Les restes étaient espacés de plusieurs dizaines de mètres, et le sang avait été projeté plus loin encore. Sans l'odeur persistante de clore, avec la chaleur, l'agent aurait d'ailleurs immédiatement reconnu l'odeur de la mort qui flottait, comme un arrière goût dans l'air.
Mais plus inquiétant que ce massacre inhumain, de grosses empreintes imprimées dans le liquide rouge entouraient le corps.
C'était des pattes de chien, mais elles ne pouvaient correspondante à un canidé; de loin, l'Eraser les estima plus grandes que celles d'un ours. L'agent se mit ensuite à courir vers l'unique sortie, et s'arrêta une seconde pour passer son gant sur le sang qui avait laissé une piste au sol. Il était encore chaud et poisseux, et devait dater de moins de quelques minutes. La chose qui avait fait ça venait de sortir.
Bien que la forme de l'empreinte corresponde bien à un chien, elle était quatre fois plus grosse que sa main. Même les plus gros ours n'atteignaient pas ce diamètre. Il hésita une seconde à sa lancer à sa poursuite, mais il ne connaissait pas assez les Evolve pour se risquer seul sur sa piste.

-On a un cadavre ici, signala-t-il à sa coéquipière dans son bracelet. Et un énorme problème. J'ai besoin de toi d'urgence, laisse ton prisonnier. Il va nous falloir des renforts.

Tout en attendant Nora, il scanna un peu de sang sur le sol. Le résultat ADN fut presque instantané: il correspondait sans erreur possible à Nathanael Reck, l'Evolve qu'ils recherchaient.

-Au moins on sait pourquoi sa puce ne répond plus... grinça-t-il en se redressant.

Il jeta un œil vers le massacre. Malgré la lumière du soleil qui tombait en cascade du plafond, Varig sentit un frisson lui parcourir le dos. Quelque chose en lieu réactivait une peur ancestrale: celle d'être mis en pièce et dévoré par un prédateur. Ses yeux s'arrêtèrent sur l'une des empreintes.

Quel genre de monstrueuse créature pouvait causer de tels dégâts?
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29.12.15 0:17

Nora serra les dents sous ce rappel. En effet, elle avait légèrement merdé en n’utilisant pas le bon prénom. Une erreur de débutante qui ne lui ressemblait pourtant pas. Elle redescendit sur le plat de ses pieds en entendant cependant sa réponse, se préparant déjà à intercepter l’individu. Elle se recula jusqu’à un petit interstice dans les vestiaires, callant son dos contre le mur, son arme levée et le cran de sureté retiré. Positionné sur le premier cran, le tir sonnerait assez le fuyard pour qu’elle n’ait plus qu’à le cueillir. L’Eraser entendit alors le fracas des deux portes battantes contre le mur et vit bientôt passer l’individu en question. Elle attendit qu’il ait dépassé sa position avant de lui tirer dans le dos. L’homme s’écroula aussitôt sur le sol dégueulasse, comme prévu, assez sonné pour ne plus être capable de mettre un pied devant l’autre. Il se mit pourtant à se débattre à même le sol, comme pour échapper à quelque chose ou quelqu’un. La jeune femme soupira et lui donna un violent coup de pied dans les côtes pour le calmer après s’être annoncée. Ca n’avait pas eu l’air de l’apaiser alors elle avait aussitôt opté pour la manière forte. L’autre se mit sur le ventre et elle en profita pour mettre à genou entre ses omoplates et prendre une prise sur sa nuque d’une main.

« Arrête de bouger putain. »
Maugréa-t-elle en le frappant de la crosse de son arme sur l’arrière de la tête.

La respiration de l’inconnu était toute saccadée et même maintenant sur le sol et immobile, il ne parvenait pas à se calmer totalement. Qu’est-ce qui avait bien pu lui foutre une trouille pareille ? Parce que c’était bien de ça qu’il s’agissait : de la peur. Elle était parfaitement visible dans son regard et dans les tremblements de l’ensemble de son corps. Un bruit leur parvint alors derrière eux, impossible pour l’Eraser de définir d’où il provenait vraiment mais cela eut pour effet de déclencher une nouvelle crise chez cet homme. Il se mit de nouveau à se débattre, bougeant assez fort pour que Nora doive se lever pour ne pas se retrouver le cul par terre. A ce même moment, la voix de son partenaire lui parvenait. Pouvoir ? Elle grimaça à ce simple mot et elle ne se posa pas plus de question pour la suite : elle activa le second cran de son arme et tira sur l’homme. Le corps de ce dernier se détendit aussitôt et tomba inerte pour de bon. Là, elle était sûre qu’il resterait sage pour les quelques heures à venir. Moins si son esprit était réellement perturbé par ce qui l’effrayait tant. Elle aurait d’ailleurs bien aimé savoir ce que c’était. Sans ranger son arme, elle attrapa un poignet puis l’autre, de l’homme. Elle voulait mettre la main sur son bracelet, pour obtenir quelques informations mais elle jura en découvrant qu’il n’en avait pas, ou plus. Ou il n’était pas à portée de vue. Pourquoi ça n’était jamais si simple dans ses enquêtes ? La réponse était claire : ça ne serait pas si drôle sinon... Alors qu’elle soupira et se mit à fouiller dans les poches d’Evolve, la voix de Varig résonna de nouveau. Si ça avait été quelqu’un d’autre, peut-être qu’elle aurait hésité à se relever aussi rapidement mais elle doutait que son partenaire utilise les termes besoin de toi d’urgence, à la légère, surtout avec ce ton. Elle se releva donc dans la foulée et laissa son suspect dans l’état pour s’élança dans la direction que lui indiquait son bracelet, localisant son partenaire avec plus ou moins de précision. Elle n’aimait pas des masses l’idée de laisser un potentiel témoin sans défense et surveillance mais elle n’avait pas d’autres choix. Et elle se voyait mal le trainer pour aller rejoindre Varig.

« J’arrive. »
Lança-t-elle alors qu’elle passait les portes désormais ouvertes.

La lumière du soleil l’éblouit quelques secondes, le temps à ses yeux de s’habituer à ce changement brutal de luminosité ; ce qui ne l’empêcha pas de jurer contre ce phénomène logique. En moins de deux minutes l’Eraser était sur place et découvrit à son tour le cadavre en question. Elle fronça les sourcils face à ce spectacle macabre et à l’odeur qui allait avec.

« Sympathique tableau. Tu sais qui c’est ? »


Parce qu’elle doutait qu’il soit resté sans bouger en l’attendant. Et quand elle eut la réponse, elle jura. C’était quoi ce bordel ? C’était quoi ces traces sur le sol ? L’inconnu trouillard avait-il vu ce qui s’était passé ici ? Probable si la scène avait été assez violente pour ça faire.

« Tu portes la poisse mec. »
Lança-t-elle à son coéquipier en se reculant de plusieurs pas pour passer un appel et ne pas souiller les environs du corps.

« Agent Stampton, j’ai besoin de renfort. L’ancienne piscine municipale, dans l’Entre-Deux. Un cadavre et un suspect -ou témoin-. Bref. Magnez-vous le cul. »


***

Le site était maintenant encerclé de plusieurs dizaines d’Erasers. Ceux de la brigade Anti-Evolve et la criminelle. Evidement. Nora les engueula d’être sur leur terrain, qu’ils n’avaient rien à faire ici, avant de se taire en sentant un bras passer autour de ses épaules. Elle voulut aussitôt donner un coup de coude en arrière pour qu’on la lâche mais elle ne rencontra que du vide. Quand elle se retourna, elle fronça les sourcils en découvrant le sourire amusé de Seth Tucker trôner sur ses lèvres. Il était fier de lui, ce connard. Mais en voyant le regard assassin de l’Eraser, il leva les mains en signe d’abandon.

« J’ai pas pu m’empêcher de venir taquiner ma petite eraser ~ »

Nora serra les dents et se massa la tempe pour se contrôler. Elle ne pouvait pas lui tirer dessus, pas devant tous ces témoins du moins.

« Va te faire Seth. Et ne m’appelle pas comme ça. D’ailleurs, fous moi le camp d’ici, c’est notre ju- »

Le fait qu’il était en train de secouer la tête en signe de désapprobation alors qu’elle parlait la fit taire. Qu’est-ce qu’il allait lui sortir comme excuse à la con pour récupérer l’enquête ?

« La victime est un Evolve. C’est pour la crim’. »


« Que dalle ouais. On ne sait pas encore si c’est un Evolve qui a fait le coup, ou un animal al- »

« Ya une différence ? »
La coupa brusquement Seth.

Nora le fusilla du regard. C’était franchement pas le moment, ni le lieu pour faire ce genre de commentaire ! Surtout pas avec toutes les oreilles qui pouvaient entendre leur conversation. Qu’est-ce qui lui prenait merde ?!

« Alors c’est pour nous. Jusqu’à preuve du contraire. Et le Major est du même avis. Il nous faut cette enquête. »
Elle désigna son supérieur d’un coup de tête, alors qu’il s’approchait d’eux.

« On vous laisse 24h, en souvenir du bon vieux temps ~ »
Commença-t-il avant que Nora ne le réprimande une nouvelle fois. « On attend les résultats des prélèvements pour décider à qui revient l’enquête. »

C’était déjà un peu mieux mais ça ne lui plaisait toujours pas. Elle jeta un coup d’œil à Varig, qui avait suivit la conversation mais dont la jeune femme avait presque oublié sa présence.

« T’as toujours su choisir tes partenaires. »
Plaisanta Seth avant que Strauss ne se pointe pour mettre les choses au clair.
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Varig Cross

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29.12.15 17:03
L'appel de Nora avait été entendu, et les renforts n'avaient pas tardé à boucler la scène de crime. Plusieurs techniciens s'affairaient à mettre en place l'équipement capable de numériser chaque détail de l'immense bâtiment, alors que des agents en uniforme ou en civil interdisaient l'accès aux lieux depuis l'extérieur.
Les Erasers de la brigade anti-Evolve avaient été les premiers sur les lieux, mais ils n'avaient pas tardé à avoir de la compagnie. L'unité criminelle s'était invitée à la fête, et l'ambiance entre les frères ennemis était vite devenu tendue. La brigade anti-Evolve n'avait compétence que pour les crimes commis par des Evolves, alors que la criminelle pouvait se charger des enquêtes dès lors qu'ils n'étaient que victimes. Cela causait souvent des problèmes de juridiction, une question jamais vraiment tranchée par le Conseil.
Le major Strauss était arrivé peu après, et parlait dans son bracelet, un peu à l'écart. Une conversation qui semblait orageuse...
Varig quand à lui se tenait légèrement à l'écart de l'agitation. Nora s'était éloignée quelques minutes plus tôt, et il réfléchissait seul, debout au bord du bassin, observant la scène de crime. Du coin de l’œil, il vit soudain deux Erasers sortir des vestiaires et s'approcher de lui. Malgré la chaleur, ils portaient tout deux un costume cravate, qui semblait particulièrement faire souffrir le plus jeune. L'agent n'était pas dans la milice depuis longtemps, mais il déduisit à leur apparence qu'il avait probablement affaire à des membres de l'unité criminelle.

-Inspecteur Seth Tucker, unité criminelle se présenta le plus âgé en lui tendant une main gantée, un sourire poli sur le visage. On m'a dit que c'était vous qui aviez trouvé le corps?

Nouvellement transféré et s'estimant en dehors des guerres internes, l'agent serra la main de son interlocuteur et lui répondit sans hésiter.

-Mike Wagner, détaché à la brigade anti-Evolve. En effet, j'ai découvert le cadavre, ou ce qu'il en reste... Voyez vous même.

L'Eraser se pencha légèrement pour mieux voir le corps qui gisait en contrebas, entouré de projecteurs. Le sang avait commencé à brunir, mais différents équipements avaient étés installés pour figer parfaitement les restes.

-C'est vraiment moche, constata l'agent qui accompagnait Tucker, l'air affecté.
-Si vous voyez un jour un beau cadavre, appelez moi tout de suite Craig, je ne raterais ça pour rien au monde. Allez plutôt voir si les techniciens ont quelque chose d'utile, lâcha son supérieur d'un ton acide en se redressant. Les bleus de nos jours... Trop de diplômes et pas assez de cervelle. Vous avez remarqué quelque chose qui pourrait nous aider dans notre enquête agent Wagner?

Varig croisa les mains derrière le dos. Craig était partit au quart de tour, mais il ne chercha pas à l'arrêter. Nora était justement un peu plus loin, en train d'interroger le technicien chef de la brigade. Il doutait que l'un ou l'autre laisse l'Eraser mettre son nez dans les indices, une jeune recrue d'une unité concurrente qui plus est. Le pauvre allait vraisemblablement passer un sale quart d'heure...

-Ne vendez pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Ce n'est pas encore votre enquête, inspecteur Tucker.

L'inspecteur le toisa sans rien dire pendant plusieurs secondes. Il avait des yeux bleus, des cheveux bruns, et dépassait le mètre quatre-vingt de plusieurs centimètres. Malgré son grade plutôt élevé, surtout pour un homme qui ne devait pas avoir dépassé la trentaine depuis longtemps, il avait un physique athlétique, parfaitement adapté à du travail de terrain. Souriant au premier abord, il avait troqué son air amène contre un visage plus sérieux. Presque hostile...
Varig soutint calmement son regard. Finalement, Tucker lâcha:

-Ce n'est manifestement pas un suicide, et de ce que j'en sais vous n'avez aucune preuve qu'un autre Evolve soit impliqué dans ce meurtre. C'est donc notre juridiction.

L'agent haussa les sourcils puis sourit, ironique.

-La scène de crime est pleine d'empreintes de pattes démesurées. Notre suspect est un chien, qui mesure deux mètres cinquante à trois mètres au garrot. Je crois que notre patron estime que c'est un indice qu'un Evolve est peut-être impliqué dans ce meurtre. C'est donc notre juridiction. Vous ne croyez pas?

Tucker accusa le coup. Manifestement, il ignorait cet élément... Il se préparait à répliquer, quand des éclats de voix attirèrent soudain son attention. Varig resta impassible, reconnaissant la voix de Nora. Le malheureux Tucker semblait en prendre pour son grade.
Essayez de prendre son os à un chien aussi teigneux, et vous finirez fatalement par vous faire mordre, pensa l'agent en souriant intérieurement.

-Excusez moi, lâcha l'inspecteur avant de se diriger vers les lieux de l'altercation.

Varig lui emboita le pas, moins pour soutenir sa coéquipière, qui n'aurait sans doute pas besoin de lui pour se faire respecter, que pour la voir recadrer vertement leur confrère, un peu trop sûr de lui à son gout.
Ce dernier s'approcha d'elle, mais au lieu de s'annoncer, il fit une chose totalement imprévue, pratiquement suicidaire: il saisit Nora par les épaules.
L'agent haussa légèrement les sourcils. Sans surprise, l'Eraser réagit avec violence, expédiant un bon coup de coude vers l'importun. Mais ce dernier semblait avoir prévu l'attaque, puisqu'il avait reculé jusqu'à temps.

Elle se retourna vers l'inspecteur et le fusilla du regard. Aussitôt ce dernier leva les mains, un sourire amusé sur les lèvres. Cette espièglerie ne ressemblait pas du tout à la façon très professionnelle avec laquelle il avait abordé Varig... L'agent comprit que les deux Erasers devaient déjà se connaître.

-J'ai pas put m'empêcher de venir te taquiner ma petite Eraser, lâcha Tucker, manifestement très fier de lui.

La plupart des gens seraient morts après une telle entrée, mais Nora se contenta de se masser la tempe. Craig essaya d'en profiter pour se rapprocher du technicien un peu plus loin, mais Varig se mit discrètement en travers de son passage et le dissuada d'un regard d'aller plus loin.

-Va te faire Seth. Et ne m'appelle pas comme ça. D'ailleurs, fous moi le camp d'ici, c'est notre ju- commença-t-elle avant de s'interrompre.

L'intéressé secouait la tête. Apparemment il n'abandonnait pas la partie.

-La victime est un Evolve. C'est pour la crim' lâcha-t-il, catégorique.

Nora ne l'entendait pas de cette oreille, et contre attaqua aussitôt.

-Que dalle ouais. On ne sait pas encore si c'est un Evolve qui a fait le coup, ou un animal, al-

À nouveau elle ne termina pas sa phrase, cette fois car elle fut interrompu sans ménagement.

-Y a une différence? cracha Seth avec mépris.

Craig ne broncha pas malgré l'extrême violence de la remarque. Varig quand à lui observa la réaction de Nora. Elle jeta un regard assassin à l'inspecteur, et l'agent se demanda comment elle aurait réagit seulement deux mois plus tôt, quand elle était encore humaine. Manifestement la haine des Evolves était bien implantée au sein de la milice, même en dehors de la brigade anti-Evolve. Ce qui rendait encore plus difficile l'enquête sur LPH et ses membres...

-Alors c'est pour nous. Jusqu'à preuve du contraire. Et le Major est du même avis. Il nous faut cette enquête.

Tucker sembla soudain hésiter, sans même jeter un regard vers le supérieur des deux enquêteurs. Il ne lui fallu que quelques secondes pour capituler, à la grande surprise de Varig. Son langage corporel et son expression à nouveau souriante trahissaient sa décision avant même qu'il n'ouvre la bouche.

On vous laisse 24 heures, en souvenir du bon vieux temps, lança-t-il. On attend les résultats des prélèvements pour savoir à qui revient l'enquête.

Nora jeta un rapide regard à son coéquipier, qu'il ne sut pas interpréter. Peut-être qu'elle lui expliquerait plus tard quel "bon vieux temps" évoquait leur collègue... À moins qu'elle ne souhaite qu'il s’éclipse un moment?
L'inspecteur s'aperçut lui aussi du mouvement des yeux de l'Eraser, et sembla jauger Varig, avant de lancer:

-T'as toujours su choisir tes partenaires.

Il n'était pas très difficile de comprendre ce que sous entendait exactement l'inspecteur, mais avant que quiconque ajoute quoi que ce soit, il tourna les talons et fit signe à Craig de le suivre. Ce dernier s'empressa de le rejoindre, laissant Varig et Nora seuls. Ils n'eurent pas le temps de discuter tous les deux, puisque le major Strauss les rejoignit. Sa conversation téléphonique était terminée, mais il regarda les deux enquêteurs de la criminelle s'éloigner avec inquiétude.

-Que voulaient-ils?
-Notre affaire. Nora a discuté avec eux...

Le major sourit et secoua la tête.

-Je vais encore recevoir une plainte pour outrage, menaces...? Enfin au moins elle ne leur a pas tiré dessus.

Varig toussota discrètement, masquant un sourire. Avant que la jeune femme ne puisse protester, il intervint.

-En fait elle a obtenu que la criminelle attende 24 heures avant de réclamer l'enquête.

Strauss écarquilla les yeux.

-Là, vous m'impressionnez. Bon, le temps nous est compté, alors je vais faire court. Notre brigade a connu une période difficile. Le meurtre de son chef, le major Lee, et mon prédécesseur qui dort en cellule, et maintenant l'épidémie... Cette affaire, c'est l'occasion de redorer notre blason.

Il marqua une pause.

-Je ne peux pas exiger de vous que vous boucliez l'enquête en 24 heures, mais j'attends de vous un zèle exemplaire. Laissez tomber la paperasse. La labo devrait avoir fini les analyse dans l'après-midi. D'ici là, interrogez le gars que vous avez arrêté. À ce sujet, était-il absolument indispensable de lui casser deux côtes et de le frapper à la tête avant de lui tirer dessus pour la deuxième fois? Non, surtout ne répondez rien. Il est dans un fourgon de détention, devant la piscine. Je vous envoie tout ce qu'on a sur lui. Les techniciens ont trouvé son bracelet planqué dans une conduite des vestiaires... De mon côté j'ai une réunion qui m'attend, avec mon homologue de la brigade criminelle. Je vais essayer de vous faire gagner du temps. S'il vous faut quelque chose d'autre, faites le moi immédiatement savoir.

Le bracelet du major se mit à sonner, et il grimaça.

-Je dois prendre cet appel. Je veux du boulot rapide, et propre. Essayez de ne tuer personne et de ne pas trop piétiner la procédure, compris?

Sans attendre de véritable réponse, le gradé décrocha.

-Major Strauss à l'appareil, lâcha-t-il en s'éloignant. Quand? Ok, dites lui de passer par le bureau 9, du DEPMAT...

Varig suivit leur supérieur du regard, avant de se tourner vers Nora.

-Un compte à rebours de 24 heures? Ça me rappelle quelque chose... lâcha-t-il avec un soupir. Pourquoi personne ne nous dit jamais "prenez votre temps, rien ne presse"?

Après avoir écouté la réponse de sa coéquipière, il désigna le technicien en chef, qui était penché sur une grosse console.

-J'ai entendu un tech' dire qu'ils avaient trouvé des poils d'animal sur ce qu'il restait du cadavre de Reck, lâcha-t-il. Et je connais justement quelqu'un à la brigade spéciale qui va pouvoir nous analyser ça plus vite qu'en passant par les voies officielles. Le temps de récupérer un échantillon...

Quelques instants plus tard, il avait en main un tube à essai qu'il glissa dans sa poche. Il rejoignit rapidement Nora, et ils se mirent en marche vers la sortie de la piscine, pour interroger leur prisonnier.

-Au fait, lança Varig d'un ton dégagé alors qu'ils traversaient les vestiaires, déserts mas illuminés par les lumières des drones qui numérisaient le site, je serais curieux de savoir d'où tu connais Tucker. C'est vrai, la minute d'avant il avait l'air de tenir à cette enquête un chien à son os, et il a suffit que tu lui demande pour qu'il abandonne la partie. C'est un... Ami?

Il avait légèrement laissé traîné sa dernière phrase, comme s'il cherchait le terme approprié. Elle n'avait pas été très amicale, mais c'était pratiquement une seconde nature chez elle. Difficile de dire si Nora prendrait bien la question, mais sa réaction lui en apprendrait déjà beaucoup. Car plus que les sous entendus et l'apparente décontraction de l'Eraser avec la jeune femme, c'était son commentaire méprisant sur les Evolves et les animaux qui avait retenu son attention. Décidément, débusquer les membres de LPH allait être difficile, au milieu d'une milice qui semblait pathologiquement hostile aux porteurs de dons.
Mais avant que Nora ne réponde, leurs bracelets émirent une sonnerie.

-Sauvée par le gong, plaisanta-t-il. C'est le dossier de ton prisonnier... Roy Cahill, ce n'est pas un Evolve, 33 ans, avec un beau casier. Sortit de prison il y a deux ans après une peine récoltée pour une affaire de stupéfiants. Pas d'adresse fixe depuis, arrêté deux fois pour détention et usage de drogues illicites. Divorcé, un fils avec une injonction qui l'interdit de les approcher. Tu l'as bien amoché mais il a eu les premiers soins, et vu ses analyses de sang, il doit être redescendu de son petit nuage chimique. Ou sur le point d'en redescendre. Ça ne devrait pas être trop difficile de le faire parler, qu'en penses tu?

L'arrivée du fichier envoyé par Strauss offrait à Nora une bonne occasion de changer de sujet, et Varig n'en tirerait rien en insistant trop. Il reviendrait à la charge plus tard si nécessaire... En attendant ils avaient un meurtre à résoudre. Et au plus vite.
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30.12.15 16:55

Mais qu’est-ce qu’il lui prenait de dire des trucs pareils avec des oreilles autour d’eux ? Surtout une paire qu’elle soupçonnait être plus attentive que les autres. Mais Nora ne pouvait pas lui en vouloir, parce qu’elle le connaissait assez bien pour savoir que quoi qu’elle lui dise, s’il avait envie de la taquiner -ou la faire chier du point de vue de l’intéressée- alors il ne se gênerait pas. Du coup, l’Eraser laissa tomber non sans soupirer ouvertement et il regarda s’éloigner. Elle reprit cependant une attitude un peu plus professionnelle face à son supérieur qui arrivait vers eux, histoire de ne pas trop entendre de commentaires désobligeants. Varig prit les choses en main et pour une fois, ce n’était pas plus mal, ses pensées étaient légèrement tournées vers autre chose que l’enquête pour le moment. Mais dès que la voix de Strauss lui parvint et surtout les paroles qui allaient avec, déclarant littéralement qu’elle avait encore été insupportable, Nora fronça les sourcils et fut toute attentive à la conversation. Elle foudroya son coéquipier, qu’elle soupçonnait ne pas être malade pour un sou lorsqu’il toussa mais cette démarche masquait une quelconque réaction qui ne lui plairait pas. Mais honnêtement, elle avait déjà bien ouvert sa gueule par le passé avec des collègues pour savoir que leur supérieur n’était pas totalement dans le faux. Elle se contenta donc d’hausser les épaules, de manière totalement désinvolte et pas le moins concernée. C’était ça ou elle répliquait quelque chose qui n’allait pas plaire à Strauss et vu les sourcils froncés qu’elle avait aperçu lorsqu’il s’était approché du duo, quelque chose lui disait qu’elle ne devrait pas trop l’asticoter.

La jeune femme écouta la suite de son discours, ouvrant la bouche par moment pour répliquer ses propres arguments mais la refermant devant l’ordre express de son interlocuteur, qu’il soit verbal ou non. Et bien sûr que son traitement sur leur suspect avait été nécessaire ! Au vue de son comportement, c’était le moins qu’elle pouvait faire pour le faire tenir tranquille... Même si elle reconnaissait intérieurement que le coup des côtes l’avait surprit. Elle n’avait pourtant pas frappé aussi fort. Ou du moins, elle n’en avait pas eu conscience. Enfin, dans le feu de l’action... Bref, pour sa part, ce n’était pas grand chose, surtout en sachant qu’il avait toujours l’individu à leur disposition. C’était ça le principal non ? Nora émit un faible « Oui chef. » lorsqu’il leur glissa -probablement plus à l’intention de la jeune femme que son homologue- de respecter la procédure. Il n’était pas là depuis longtemps mais il avait réussit à cerner ses subordonnés avec plus ou moins de précision. Ou alors, elle était trop prévisible ? Probablement les deux, en fait.

Bon, ils avaient maintenant 24h pour obtenir assez d’informations pour que l’enquête reste entre leurs mains, parce qu’elle savait que Seth ne leur ferait pas de nouvelle fleur. Même à elle. Dans l’immédiat, ils devaient aller interroger leur type, essayer d’en tirer le max d’info possible et... Elle jeta un coup d’œil à son partenaire, laissant apparaitre un faible sourire au coin de ses lèvres.

« Parce que ce ne serait pas drôle sinon ? »
Répliqua-t-elle naturellement sans savoir s’il attendait une réponse ou non.

Nora hocha la tête en ce qui concernait les poils, en effet, c’était ce que le technicien lui avait dit quand elle avait été le voir. Mais que pour le moment, il n’avait pas encore de résultat. Ou du moins, rien de satisfaisant pour l’enquête parce que l’analyse était tombée sur rien de connu. Alors évidemment, il leur fallait des machines plus poussées. Elle regarda en coin Varig pour la suite et fronça les sourcils à l’idée de donner une partie de leur enquête à la brigade spéciale. Si tout le monde s’y mettait, les Erasers allaient finir par se foutre sur la gueule pour obtenir gain de cause.

« Ok. Fais. »


Avec un peu de chance, il demanderait à la personne en question de faire ça discrètement ? Elle l’espérait sincèrement sinon ça lui donnerait matière à gueuler. Ca faisait longtemps. Elle le regarda s’avancer vers le technicien et revenir avec un échantillon quelques instants plus tard et elle lui emboita le pas pour se diriger vers la sortie de la piscine. Alors qu’elle pensait profiter de ce silence pour réfléchir un peu, la voix de son partenaire s’éleva à ses côtés. Et évidement, le sujet abordé ne lui plut pas le moins du monde. Mais ça ne l’étonnait presque pas de l’entendre lui poser une question là dessus. D’autres auraient pu ne pas s’en formaliser mais pour quelqu’un d’aussi observateur et calculateur que Varig, évidemment, ça ne passait pas. Elle haussa les épaules pour toute première réponse, comme si elle ne savait pas pourquoi Seth aurait fait ça. Mais évidement, elle en avait une petite idée. Tout comme son comportement qui n’avait pas été aussi agressif qu’il aurait pu être avec un autre collègue qui l’aurait asticoté comme l’avait fait l’Eraser de la crim’. Mais avant qu’elle ne décide de répondre ouvertement, ou non, à la question, leur bracelet se déclencha et elle ouvrit aussitôt le dossier, sans prêter attention au commentaire qui suivit. Puis de toute manière, Varig n’avait pas besoin de savoir ce genre de chose. Ca ne le regardait pas et ils n’étaient foutrement pas assez proches pour avoir ce genre de conversation. Ils pourraient bien parler de flingues et de techniques de combat pendant des heures s’ils le voulaient mais il y avait des sujets qui... Nora soupira intérieurement en se disant qu’elle se prenait trop la tête pour rien. Il avait juste voulu se montrer curieux, comme un simple partenaire pourrait l’être. Alors qu’il parlait, lisant les informations qu’ils avaient sous les yeux, ils sortirent de l’enceinte de la piscine. Ca paraissait être un bon petit gars, ce Roy, ils allaient s’amuser avec lui.

« Avec un peu d’intimidation, il devrait pouvoir nous dire ce qu’on veut savoir. » Répondit-elle sans chercher à masquer les méthodes un peu douteuses dont elle pouvait se servir parfois.

La jeune femme ne prit pas la peine de revenir sur le sujet précédent. Parce qu’elle n’aimait tout simplement pas se rappeler de ce passé. Et même si elle pouvait dire certaines choses à son partenaire actuel, il y en avait d’autre qui ne lui plaisait pas d’aborder. Elle avait une image à garder merde !

Inspirant faiblement, ils passèrent la porte du fourgon pour trouver l’homme les mains liées, assis sur un siège plus ou moins confortable, au fond du véhicule. Il sursauta légèrement en reconnaissant la jeune femme, qui leva un sourcil de son côté. Serait-il possible qu’il se soit souvenu d’elle ? Alors qu’il était en plein délire ? C’était assez amusant comme idée. Et évidement, il ne lui en faudrait surement pas beaucoup pour lui faire peur.

« Vous aviez le feu au cul tout à l’heure. Pourquoi ? »
Attaqua aussitôt Nora.

Non, elle ne prenait pas la peine de passer par les présentations, ils n’avaient pas de temps à perdre avec ce genre de chose. Elle activa aussitôt son bracelet pour enregistrer l’interrogatoire. Histoire qu’on ne vienne pas la faire chier avec ses méthodes. Quoi que Varig pourrait aisément témoigner ? Le drogué se figea et perdit toutes couleurs qu’il avait regagnés depuis peu. On pouvait voir dans ses yeux la terreur que lui inspirait le sujet et il finit par lâcher, la voix tremblante.

« Le chien. Un énorme chien. Noir. Avec des yeux rouges et ses narines... Elles... crachaient du feu ! » Le corps de l’autre se mit à trembler légèrement, comme s’il était parcourut de frissons incontrôlables.

« Tu étais défoncé ? »
Demanda Nora tout naturellement, en sachant bien que la réponse était positive.

Mais évidemment, avec les empreintes, les poils retrouver près du corps et les marques de lacération, la théorie du chien collait. A un détail près : la taille. Comment un chien pouvait être aussi gros ?

« Oui... Non ! Je sais ce que j’ai vu. Il a... C’était horrible ! Le sang... Les hurlements... » Sa voix se cassa légèrement sur la fin, un peu comme un hystérique mais sans le volume sonore très important.

« La victime, tu la connaissait ? »


Il fallut plusieurs bonnes minutes avant de comprendre qu’on s’adressait encore à lui et Nora se massa la tempe droite pour garder contenance et ne pas se mettre à lui gueuler dessus pour qu’il réponde. Elle fit un signe de tête à son partenaire pour qu’il prenne la relève.  
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Varig Cross

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31.12.15 0:32
Sans surprise, Nora n'avait pas opté pour une méthode très compliquée: mettre la pression à leur prisonnier et voir ce qui en ressortait. Pas très subtil, mais généralement efficace.
Malheureusement pour elle, Roy ne faisait pas partit de ceux sur qui cette approche pouvait fonctionner. Crasseux, maigre et avec un gros pansement sur la tête, menotté à l'arrière d'un fourgon de la milice, le pauvre peinait à seulement produire des réponses cohérentes. L'intimider ne servait finalement pas à grand chose, si tant est qu'il parvienne encore à comprendre les menaces...

En désespoir de cause, excédée par les réactions de son prisonnier, l'Eraser se tourna vers Varig. Ce dernier acquiesça d'un signe de tête et s'approcha de l'homme menotté. Il exhalait une odeur repoussante, mais l'agent n'en tint pas compte et se mit à la hauteur de l'homme.

-Roy? appela-t-il doucement.

L'intéressé regarda autour de lui, avant de baisser la tête comme un gamin pris en faute.

-C'est pas moi. C'est le chien, marmonna-t-il. Le chien de l'enfer...

Varig pianota sur son omniphone et le déploya en tablette, faisant apparaître devant le clochard une image en trois dimension de Nathanaël Reck, avant son décès.

-Je te crois, Roy. J'ai besoin que tu me dise si tu connais ce gars.
-J'ai rien fait, répondit simplement le drogué en relevant la tête.

Patient, l'agent tapota la tablette de son doigt ganté.

-Tu connais ce gars Roy?

Le clochard regarda l'image pendant plusieurs secondes. Varig remarqua que ses yeux étaient presque entièrement rougis par les produits qu'il prenait.
Cette fois, l'image sembla provoquer un sursaut chez le clochard.

-Le chien de l'enfer est venu frapper à la porte... Il hurlait, et tout ce sang... Tellement de sang... lâcha-t-il d'une voix faible et plaintive.

Il retomba presque aussitôt dans son mutisme. De toute évidence ils n'en tireraient rien de plus de cette façon.
Puisque les méthodes classiques ne donnaient rien, l'agent décida de recourir à une stratégie d'interrogatoire moins orthodoxe. Il éteignit la tablette et se plaça face à leur témoin, avant de planter ses yeux dans les siens. L'autre déglutit, mal à l'aise, mais ne chercha pas à regarder ailleurs.

-Roy?
-Oui? répondit aussitôt l'intéressé, stressé par ce contact visuel prolongé.
-Tout va bien. Je veux que tu te concentre sur ma voix. Ferme les yeux.

Après une seconde d'hésitation, le drogué s'exécuta, trop heureux d'échapper aux pupilles bleu glacé. Varig se mit à frapper du doigt le sol du fourgon, avec régularité, produisant à chaque fois un petit écho métallique.

La plupart des gens n'étaient que moyennement réceptifs à l'hypnose, rendant le processus très aléatoire. Il fallait une démarche volontaire, de la préparation et un cadre approprié...
Mais il existait aussi d'autres méthodes, bien plus brutales et intrusives, faisant appel à des conditionnements chimiques et l'intimidation. Lorsqu'il étudiait les différentes façons d'interroger un "sujet", allant de celles consistant à se faire passer pour un compagnon de cellule, jusqu'à celles faisant appel la torture à coup de décharges électriques, on lui avait enseigné les bases de l'hypnose.
Sa mémoire absolue lui permettait de retrouver facilement ce qu'on lui avait appris, et la lumière tamisée du fourgon ainsi que les tapotements réguliers formaient un cadre de fond acceptable. Les quantités de drogues hallucinogènes que prenait Roy Cahill avaient dut considérablement affaiblir la barrière entre sa conscience et son inconscient. Malgré tout le protocole restait très aléatoire... Il pouvait fonctionner comme ne rien donner.

-Oubliez tout le reste. Il n'y a que ma voix... Et le noir. Tout va bien. Tout est calme.

Varig continua à parler d'une voix douce, jusqu'à ce que les muscles de son prisonnier se détendent, et que son souffle devienne régulier, comme s'il dormait. Estimant qu'il n'obtiendrait pas mieux en quelques minutes, l'agent commença à poser les questions qui l'intéressaient.

-Quand vous ouvrirez les yeux, je veux que vous fouillez dans votre mémoire. Retournez quelques heures en arrière... Quand vous avez vu cet homme.

Il replaça la tablette avec le visage de Nathaneël Reck en face de leur témoin.

-Ouvrez les yeux.

Roy s'exécuta docilement, et regarda le visage en 3D.

-J'étais en haut des gradins, lâcha-t-il d'une voix calme. Il est entré et je me suis caché.

L'état hypnotique le rendait à la fois clair et rapide. Ses réponses étaient cohérentes et précises, puisqu'il se contentait de décrire le souvenir qu'il était en train de revivre. Le véritable interrogatoire pouvait commencer.
Varig jeta un rapide regard vers Nora, avant de se concentrer à nouveau sur son interrogatoire. Sa séance improvisée tenait à un fil, et la moindre perturbation pouvait faire sortir son sujet de son état de grâce.

-Concentrez vous sur lui. Que fait-il?

Roy sembla hésiter, comme il avait sans doute tergiversé à risquer un œil hors de sa cachette.

-Il risque de me voir. C'est trop risqué de regarder, je dois rester caché...
-Juste un coup d’œil, l'encouragea Varig.

Plongé dans son souvenir, le drogué regarda le plafond du véhicule, comme une souris fascinée par un cobra.

-Il cherche quelque chose sur le sol du bassin, murmura-t-il enfin. Près de la bonde d'évacuation du bassin...

Varig haussa les sourcils, sans rien dire. Ils venaient de recevoir leur première piste...

-Il se passe quelque chose, poursuivit Roy d'une voix soudain inquiète.Du bruit. La porte vers l'extérieur... Quelque chose tente d'ouvrir la porte!

Sa respiration s'était subitement accélérée, et il suait abondamment, revenu dans un souvenir qui tournait au cauchemar.

-C'est bon, vous pouvez vous réveiller, lâcha Varig en cessant les tapotements sur le sol et en se redressant.

Indifférent à ce qui se passait autour de lui, Roy continua à parler au rythme de son rêve hypnotique.

-Il est entré! C'est le chien, le chien de l'enfer! Il court vers le bassin, il saute vers le gars là en bas... Il est si grand... Mes membres sont comme figés... Je veux crier, mais rien ne sort... C'est un cauchemar... Tellement de sang... Des yeux rouges... Les hurlements...

Le drogué se mit à trembler, et il se pencha en avant, cherchant plus d'air que ce que ses poumons ne pouvaient lui en fournir. L'agent jugea que le moment était venu de mettre fin à l'expérience, d'urgence.

-Réveillez vous Roy. Revenez au présent, tout de suite! ordonna-t-il plus fermement.

Mais le prisonnier semblait avoir dépassé le stade de l'obéissance. Terrifié, il tirait sur ses menottes, entaillant cruellement ses poignets, sans même sembler en avoir conscience.
Incapable de le tirer de son cauchemar, Varig le plaqua au mur du fourgon pour l'empêcher de se blesser plus sérieusement, aidé par Nora. Malgré sa maigreur, il déployait une force impressionnante, et ils n'étaient pas trop de deux pour le maintenir.

-Calmez vous!
-Le chien! Le chien de l'enfer! Il m'a regardé avec ses yeux rouges! cria Roy pour toute réponse.

Puis soudain il cessa toute résistance et s'effondra comme un pantin dont on aurait soudain coupé les fils. Craignant le pire, l'agent prit son pouls.

-Vivant, lâcha-t-il, laconique.

Quelques secondes plus tard, le médecin légiste qui avait examiné Roy fit son entrée dans le fourgon, encadré par deux Erasers en uniforme, qui devaient garder le périmètre. Varig et Nora furent promptement écartés, avant d'être purement et simplement mis dehors.
Ils n'eurent pas à attendre longtemps, car le patricien ne tarda pas à ressortir, sans sa trousse de matériel.

-Il va s'en tirer, annonça-t-il, les mâchoires serrées, retenant manifestement sa colère. Mais j'interdis formellement qu'on interroge à nouveau cet homme sans mon accord. Si vous essayez, je rend compte au major Strauss, et je dépose plainte contre vous. Il a besoin de repos, d'un repas chaud et d'une douche, pas d'être malmené par deux b...

Conscient qu'il allait franchir la ligne, il s'arrêta avant de lâcher le qualificatif peu élogieux qui lui venait. Brutes, barbares?
Il sembla chercher comment conclure sa phrase plusieurs secondes. Varig jugea prudent d'intervenir avant que sa coéquipière ne le fasse.

-Je vous assure que ce qui vient de se passer n'est qu'un malheureux incident. Monsieur Cahill est à vous, tous le temps nécessaire à son rétablissement. Nous en avons fini avec lui. Êtes vous satisfait docteur?

Il avait parlé d'une voix calme, avec un sourire poli, mais la remarque contenait comme une subtile mise en garde.
Le patricien garda le silence et sembla hésiter quelques instants avant de lâcher:

-Restez loin de ce type.

L'agent hocha simplement la tête, sans que son expression ne varie. Le médecin lui jeta un regard dégoutté avant de remonter dans le véhicule.

Varig le suivit du regard, pensif, et attendit un éventuel commentaire de sa partenaire.

-On devrait aller jeter un coup d’œil à la bonde d'évacuation du bassin, lâcha-t-il finalement en tournant les talons vers le grand bâtiment abandonné.
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06.01.16 23:12

Voila pourquoi elle ne faisait que très rarement les interrogatoires : Nora n’avait pas la patience pour ça et ça la faisait clairement chier. Même si tous les miliciens recevaient une formation pour gérer quelque soit la situation, elle n’avait eu de bonnes notes que parce qu’elle jouait le jeu et prenait sur elle pour ne pas être recalée. Alors qu’aujourd’hui, elle avait sous la main un partenaire qui semblait tout désigné pour ce boulot. Inutile de leur faire perdre plus de temps, non ? Enfin, elle fut presque satisfaite de voir que la première méthode de Varig ne semblait pas fonctionner plus que la sienne. Parce qu’il fallait bien reconnaitre que ce qui sortait de la bouche de ce drogué ne voulait rien dire. Mais ce qui suivit la laissa suspicieuse et réellement surprise. Pour l’avoir également étudié, la jeune femme sut ce qu’il s’apprêtait à faire et fut toute attentionnée à la suite. Maintenant, celui qui avait le droit d’être surveillé n’était pas Roy mais Varig. Ce type sortait toujours de nouveau tour de sa botte... Elle constata le changement d’attitude chez leur témoin et leva les yeux au plafond en voyant que ça allait donner plus de résultat que leurs premières approches. Au coup d’œil échangé, Nora leva les mains en signe de paix. Oui, elle fermerait sa gueule durant l’interrogatoire. Pour ce qu’elle s’en souvenait, c’était déjà un exploit d’avoir réussit à mettre Roy dans cet état, elle n’allait pas prendre le risque de l’en sortir en faisait un commentaire. Elle n’était pas stupide. La bonde d’évacuation ? Elle nota cette première info dans un coin de sa tête. Les techniciens n’avaient pourtant rien trouvés en scannant les lieux... De quoi attirer leur attention.

Mais impossible de s’attarder sur les hypothèses qu’engendraient cette information : parce que Roy refusait de revenir parmi eux. Son partenaire avait beau lui répéter qu’il n’avait rien à craindre et tout le bordel pour le faire sortir de son hypnose, ça ne marchait pas. Et vu ses réactions violentes, Nora jura avant de venir donner un coup de main à Varig pour maitriser le junkie. C’était à se demander où il allait chercher la force qui le possédait pour tenter de les repousser. Les produits ingérés ? Ou c’était simplement la peur qu’il ressentait ? Les deux possibilités ne devaient pas être loin de la réalité.

« Eh bah. J’aurais surement pas fait mieux. Félicitations ~ »
Lança-t-elle avec un sourire moqueur sur les lèvres avant que les portes ne s’ouvrent sur eux pour laisser voir le médecin.

Et évidement, ils se firent passer un savon pour cet homme. Il prenait vraiment à cœur son boulot, mais s’il savait à qui il parlait, sa menace d’aller rapporter cet incident à leur supérieur tombait à l’eau. Nora ne comptait même plus les fois où elle avait entendu une phrase similaire. Alors elle ouvrit la bouche pour lui dire presque poliment d’aller se faire foutre, mais son partenaire prit les devants pour répondre. Evidement, c’était beaucoup plus calme et sympathique que ce qu’elle aurait pu sortir. Une fois l’homme disparut dans le fourgon, la jeune femme lança un :

« Evite ce genre de réponse, sinon Strauss va me dire de prendre exemple sur toi. »
Avant de tourner les talons.

-On devrait aller jeter un coup d’œil à la bonde d'évacuation du bassin.


Il lisait dans ses pensées. Nora hocha simplement la tête pour prendre cette direction. C’était la seule piste qu’ils avaient et comme les techniciens n’avaient rien trouvé de ce côté, il y avait deux hypothèses : soit il n’y avait rien, soit ils allaient être surprit par ce qu’ils allaient trouver. La bonde était facilement reconnaissable vue sa taille et Nora remercia la ville pour avoir rebouché une partie de la piscine. Déjà qu’elle appréciait moyennement que ce soit à deux mètres du bord, parce que disons le clairement : elle devait foutre une main à terre pour pouvoir sauter ensuite dans le bassin. Tout ça parce qu’il lui manquait plusieurs foutus centimètres ! Mais passons. La bonde ne fit pas long feu, puisque la jeune femme désintégra les boulons qui maintenaient la grille en place. Elle aurait surement pu faire ça avec plus de délicatesse mais elle n’avait pas envie de perdre du temps.

« Bah merde. Nos équipements seraient-ils devenus moisis ? »
Commenta-t-elle en voyant ce qui se cachait dans la bonde d’évacuation.

Devant leurs yeux se trouvait une mallette et ce qui ressemblait de loin à un traceur. Pour en avoir vu pas mal dans les réserves de la milice, elle savait en reconnaitre presque chaque modèle. Elle scanna l’ensemble mais rien ne se passa, aucune trace d’explosif caché ni même la détection de la mallette. Alors elle décida de s’en emparer pour l’examiner sous tous les coins.

« Sécurisée, évidement. »


Elle se parlait plus à elle-même qu’à son partenaire. Parce qu’il ne pourrait surement pas faire plus. Quoi que... Elle soupira en voyant le petit cadran tactile qui servait de sécurité. Devaient-ils perdre du temps à envoyer ça au labo ? Ils n’avaient que 24h et même en faisant passer la mallette dans les priorités... L’Eraser s’adossa finalement au mur de la piscine, tenant d’une main l’objet, essayant de trafiquer le système électronique de l’autre.

« Quoi ? Je ne suis pas qu’une bourrine. »
Cracha-t-elle à l’intention de Varig, comme pour qu’il arrête de la suspecter quant à ses intentions.

Croyait-il qu’elle allait tirer sur la sécurité si elle lui résistait ? Ca pouvait évidemment être une option MAIS elle ne le ferait pas ! Elle ne pouvait pas se permettre de bousiller un truc pareil. Et puis, elle n’avait pas envie de se prendre la tête avec les techniciens qui lui gueuleraient dessus parce qu’elle avait niqué la mallette et donc probablement une partie de leurs analyses possibles. Nora devrait surement remercier Evan, pour l’avoir tellement saouler avec ses connaissances poussées en électronique, qu’elle en avait récupéré des informations. En plus des cours qu’on leur donnait. Elle jura plusieurs fois, en voyant que ce qu’elle faisait ne fonctionnait pas ; elle faillit balancer la mallette sur le sol, mais elle tint bon. Et une dizaine de minutes plus tard, un clic de déverrouillage se fit entendre.

« Mais c’est quoi ce bordel ? »


Elle montra quelques puces monétaires, où était indiqué le montant sur chacune d’entres elles et haussa un sourcil après avoir fait le calcul. 25 000 dollars. Rien que ça. Mais ce qui attira ensuite et surtout, son attention, fut des feuilles de papier. Elle lui à voix haute les premières lignes :

« A148-B758 B1/4A ... C165-A868 A5/1C ... Ca ne me dit rien pour le moment. Et toi ?  Et ça continue, avec les premières lettres de l’alphabet, jusqu’à D. Des fractions de petits chiffres... »


Elle n’était pas idiote, mais à froid comme ça, c’était comme lui demander de réciter son manuel par cœur : impossible.

« On va prendre ça avec nous. Je laisse la mallette aux tech’. Ils trouveront p’tre d’où elle vient et pourquoi on ne l’a pas détecté. »


Elle foutue le tout sur le bord du bassin et soupira attrapant ce dernier pour se hisser hors de la piscine. Evidement, elle aurait pu passer par l’échelle un peu plus loin. Mais pourquoi faire simple quand on pouvait faire compliquer ? Surtout que l’échelle en question était à l’autre bout du bassin et leur ferait perdre du temps pour rejoindre la sortie.

« Bon. On va voir ton contact maintenant ? »


Elle réfléchirait en route à cette suite de chiffre.
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07.01.16 20:00
Varig n'était pas certain d'être fier de son interrogatoire de Roy Cahill. Certes il avait dit tout ce qu'il savait -et même un peu plus-, mais l'agent avait omis d'inclure une "sécurité" lors de son hypnose, un moyen de réveiller instantanément son sujet. La panique du drogué aurait bien put le tuer... Là où Nora n'avait vu qu'une réponse diplomatique au médecin furieux, il y avait de la culpabilité.
Quoi qu'il en soit, ses méthodes leur avait donné un résultat: cachée dans la bonde d'évacuation, les deux Erasers trouvèrent une mallette. La jeune femme se l'appropria, et l'étudia, manifestement en vue de l'ouvrir. L'agent allait faire un commentaire, mais elle le devança.

-Quoi ? Je ne suis pas qu’une bourrine.

Varig ne se risqua pas à contester l'affirmation.

-Évite juste de la démolir, lâcha-t-il, fataliste.

Mais après quelques minutes d'efforts, l'Eraser ne tarda pas à ouvrir l'objet, avec une dextérité dont Varig l'aurait à peine cru capable. Manifestement elle avait d'autres cordes à son arc qu'un don pour la violence... Des talents bien utiles pour couvrir une série de meurtres.

-Mais c’est quoi ce bordel ?

Elle avait presque crié en découvrant le contenu de la mallette, et son coéquipier émit un sifflement admiratif, plus neutre, mais tout aussi étonné.

-On dirait que ce bon vieux Nathan avait touché le jackpot. observa-t-il. Un peu trop pour ce qu'on sait de lui...

Nora ne s'arrêta pas longtemps sur l'argent, et désigna une des feuilles de papier.

-A148-B758 B1/4A ... C165-A868 A5/1C ... Ça ne me dit rien pour le moment. Et toi ? Et ça continue, avec les premières lettres de l’alphabet, jusqu’à D. Des fractions de petits chiffres...

Varig observa quelques secondes la feuille, puis les suivantes, retenant instantanément chaque caractère tracé sur le papier.

-Ça pourrait correspondre à un livre de compte, codé bien sûr, avec des entrées successives. Il faudra voir si c'était un trafiquant connu. Une somme ronde, ce n'est pas sa recette du jour. C'était peut-être une sorte de coffre fort pour Nathan, où laisser les plus grosses sommes... observa-t-il, pensif. Mais je ne m'explique pas le traceur. Il est trop visible pour servir d'antivol et vu le temps qu'il t'a fallu pour l'ouvrir, ça ne m'a pas l'air très sécurisé...

L'agent s'interrompit. Il avait déjà récupéré des mallettes pour Sofia. Peut-être Nathan n'était-il qu'un coursier? Mais ce serait tout de même un hasard étonnant qu'il tombe justement sur un agent de la CIA.

-On va prendre ça avec nous. Je laisse la mallette aux tech’. Ils trouveront p’tre d’où elle vient et pourquoi on ne l’a pas détecté.

Varig hocha la tête, pensif. La jeune femme rejoignit le bord du bassin, et s'y hissa d'un bond. L'agent se fit la remarque qu'elle était finalement un peu en dessous de la taille moyenne, un élément que la mauvaise humeur et l'énergie qu'elle déployait laissait vite oublier. Même s'il la dominait d'une bonne demi-tête, elle l'avait déjà mis hors de combat...

-Bon. On va voir ton contact maintenant ?

Avec un temps de retard, son coéquipier sortit lui aussi de la fosse. Il enleva une goutte de sueur qui perlait à son front, à cause de la chaleur des lieux. Sa veste légère et ses gants étaient encore trop pour la température.

-Oui, je doute qu'on trouve quoi que ce soit d'autre ici. Allons nous en...

Les deux Erasers retrouvèrent bientôt l'air libre, plus frais que l’atmosphère surchauffée aux relents de chlore de l'ancienne piscine. Des gardes étaient toujours en place, mais Varig remarqua qu'une bonne partie des agents avaient quitté les lieux, en même temps que les curieux du voisinage.
Le duo se dirigeait vers leur véhicule -climatisé- quand l'omniphone de l'agent se mit soudain à vibrer à son poignet.

-Pars devant, je te rejoint, lança-t-il à Nora en reconnaissant l'identité de l’appelant.

Il déploya l'appareil, avant de le porter à son oreille, ce qui laissa le temps à sa coéquipière de prendre un peu de champ.

-Kelly, justement j'allais t’appeler. J'aurais besoin que tu jette un œil à des indices que je vais te faire parvenir. Officieusement bien sûr.

La scientifique poussa un petit cri, dans lequel l'agent cru pouvoir détecter un mélange d'exaspération et de fatigue.

-Tu crois que j'ai que ça à faire!? cracha-t-elle. Vous essayez tous de me tuer à la tâche, c'est ça!?

Varig haussa les épaules.

-Désolé. J'avais pensé que des poils de chien géant des enfers, ainsi qu'une mystérieuse suite numérique crypté en lien avec l'assassinat brutal d'un Evolve te tenterait... Mais je peux toujours donner ça à quelqu'un d'autre si tu n'es pas intéressée.

L'agent avait assez fréquenté la scientifique pour connaitre son attrait pour l'étrange et les enquêtes de la milice. Pour elle, c'était sans doute Noël avant l'heure.

-Pourquoi tu n'as pas commencé par là? Envoie moi ça, je t'analyse le lot en priorité. Bye!

Avant que son correspondant ne puisse dire quoi que ce soit, elle raccrocha. Ce dernier haussa les sourcils, et attendit sans bouger. Moins de trente seconde plus tard, la scientifique rappela.

-J'ai failli oublier, lança-t-elle. Hobbes veut te voir dès que possible, à propos de Stampton.

Varig jeta un rapide coup d’œil vers la voiture où sa coéquipière devait l'attendre.

-Qu'as-tu découvert à son sujet? demanda-t-il d'un ton neutre.
-Comment tu sais que...?
-Le capitaine est assez grand pour me téléphoner, et tu es débordée. Si tu m'appelles, c'est qu'il te l'a demandé juste après que tu l'ais contacté. Et tu ne l'aurais pas contacté sans avoir rien trouvé non?

Il y eu un court silence.

-Ok, ok Sherlock, tout juste. Mais le patron me fera la peau si je t'en parle au téléphone.
-Compris. Je viens dès que possible.

L'agent raccrocha, et rejoignit Nora dans la voiture.

-Ma contact, va analyser les indices en priorité. On devrait repasser au QG pour que je lui dépose... annonça-t-il. Pendant que je m'en charge, tu pourrais faire une recherche sur Nathanaël Reck? Si c'est un trafiquant, peut-être que quelqu'un en a entendu parler.

Il marqua une pause alors que le véhicule démarrait.

-J'avoue que je suis curieux. Ce Seth Tucker, qui est-ce? Ça ne semble pas être un grand fan des Evolve et de notre brigade, mais il a l'air de bien t'aimer, lâcha-t-il d'un ton badin.

Si la remarque pouvait vaguement passer pour de l'insistance vaguement teintée de jalousie, en réalité l'appel de Kelly préoccupait l'agent, qui espérait avoir quelque chose d'un peu plu consistant à rapporter que ce qu'il avait. Et son instinct lui disait de creuser du côté du trop conciliant inspecteur...
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09.01.16 0:36

« ... et vu le temps qu'il t'a fallu pour l'ouvrir, ça ne m'a pas l'air très sécurisé... »

Nora lui jeta un coup d’oeil rapide et teigneux et sa réponse ne se fit pas attendre.

« Parce que tu ne peux pas concevoir que je ne suis pas qu’une brute ? »


Elle n’était pas la seule à avoir plus d’une flèche à son arc merde. Elle ne savait p’tre pas hypnotiser comme il l’avait fait précédemment mais elle avait de bonnes bases dans d’autres domaines. L’Eraser tourna les talons rapidement, changeant de sujet aussi sec. Mais s’il daignait lui répliquer quelque chose, elle ne donnait pas cher de son cul. Partenaire ou non.

Alors qu’ils allaient rejoindre le véhicule, elle lui jeta un regard en coin en voyant qu’il touchait du bout du doigt son bracelet. Un appel ? Et vu la façon diplomatique qu’il eut de lui demander de se barrer, elle en conclu facilement qu’il ne voulait pas qu’elle entende la conversation. Bah tiens. Il avait toujours des secrets à cacher donc ? Ca n’étonnait pas des masses la jeune femme, aussi ne chercha-t-elle pas à en savoir plus et continua sa route.

Une fois seule dans sa voiture, où elle régla la clim’ pour ne pas mourir chaleur, elle reposa sa tête sur le haut du siège et ferma les yeux quelques instants. Pour faire le vide. Nora avait beau vouloir se concentrer, elle sentait encore ce geste fugace sur son épaule et revoyait ce putain de sourire de merde. Elle posa sa main sur cette même épaule et serra rapidement très fort, jusqu’à se faire blanchir les jointures. Elle jura un ensemble de doux noms avant de se reprendre. Il fallait toujours que ça la mette dans cet état. Sauf que là, elle ne pouvait pas se permettre de montrer quoi que ce soit, qu’elle ne pouvait pas rentrer chez elle suite à cette rencontre. Alors elle envoya chier son ressenti et croisa les bras en attendant l’autre trainard.

Quand il arriva dans la voiture, Nora avait retrouvé sa mauvaise humeur habituelle et normale. Elle sélectionna l’adresse du quartier de la milice dès qu’elle en reçu l’information par Varig, ne cherchant pas à discuter puisque c’était là leur plan.

« Entendu. »
Lâcha-t-elle sur un ton laconique alors que la voiture se mettait en marche pour les ramener à leur point de départ.

Pourquoi fallait-il que les enquêtes deviennent toujours plus compliquées quand elle était en sa compagnie ? A croire qu’il portait véritablement la poisse... Elle faillit lui demander combien de miroir ou de chat noir il avait croisé au cours de son ancienne vie, mais elle n’en eut pas le temps. Et pour le coup, elle le regrettait presque. Elle se tourna vers son interlocuteur pour le dévisager mais comme à son habitude, il ne laissait rien voir. Nora le maudit de remettre ce nom sur le tapis mais fronça les sourcils devant le ton qu’il avait employé. Il ne lui ferait pas ce coup, pas à elle alors il pouvait remballer cette pseudo-jalouse sous-jacente. Il n’y avait rien de tout ça entre eux, qu’il ne la prenne pas pour une conne.

« Parce que je t’ai donné l’impression d’aimer les Evolves p’tre ? »


Fut la première réponse de Nora, pouvant donner une première hypothèse de réponse à Varig. Sauf qu’elle ne s’arrêta pas là, parce que pour qu’il repose la question, de toute évidence, il ne la lâcherait pas tant qu’elle ne lui en aurait pas donné une qui lui convienne. Alors...

« On a baisé ensemble plusieurs fois. Et il est plutôt bon, si tu veux tout savoir. » Ce qui était la parfaite vérité mais elle voulait voir s’il jouerait son jeu jusqu’au bout. « Et on a arrêté, comme on a commencé : en restant en bon terme. »

Ce qui n’était pas tout à fait la vérité cette fois. Mais Varig n’était pas le genre de personne à qui elle voudrait lui révéler ce qu’elle avait sur le cœur concernant Seth. Elle lui avait peut-être avoué ce qu’elle ressentait vis-à-vis de sa nouvelle condition d’evolve mais ça allait s’arrêter avec les révélations. Il n’était pas sa copine et les discussions sur l’oreille ce n’était pas pour elle non plus. Seth était l’une des rares personnes à l’avoir vu sous un autre jour que celui de la chienne enragée qu’elle pouvait être et cette information restera secrète. Comme tout ce qui entourait cet homme la concernant.

Une fois arrivés au QG, Nora fit garer la voiture et ils prirent deux chemins différents une fois devant un ascenseur. Cette fois, puisqu’elle était seule à se rendre à sa destination, elle alla prendre les escaliers. Plus longs et fatiguant mais elle s’en foutait. Elle préférait toujours les escaliers et prétexterait préférer faire de l’exercice par ce procédé. Elle prit la direction du bureau d’Evan. Elle aurait évidement pu faire ces recherches toute seule mais l’eraser savait que son collègue serait plus rapide qu’elle. Et plus doué pour trouver des dossiers qui n’étaient pas censés être accessibles à leur niveau d’accréditation.

« J’ai besoin d’un service. »
Commença-t-elle en arrivant à côté de son bureau.

Chopant une chaise d’un autre qui se trouvait vide, elle s’assit à côté de lui alors même qu’il n’avait pas encore assimilé son apparition soudaine.

« Salut Evan. Comment ça va ? Ca te dit de prendre un café pour ta pause ? Oh avec plaisir Nora, ça fait CINQ heures que je bosse sur le même dossier. »
Répondit-il finalement, quelque peu irrité, semblait-il.

L’intéressée haussa un sourcil devant cette attitude qui ne ressemblait pas à Evan. Il n’était pas celui qui péter les plombs très facilement.

« Ouais ouais, on verra ça plus tard. »
Coupa-t-elle avant de lui faire apparaitre une photo du cadavre de Nathanaël Reck. « Je sais, c’est crade. J’ai besoin que tu me trouves tout ce que tu peux sur lui. Et notamment s’il est fiché dans des affaires de trafic de stup’. Ou n’importe quoi qui n’est pas inscrit dans son dossier. »

Et le sous-entendu fut rapidement comprit par l’homme, Nora le sut quand elle vit cette petite lueur dans ses yeux briller. Celle de la curiosité qui l’animait dès que ça touchait les secrets des gens. Ca avait beau être moche, il s’en fichait, il voulait savoir ce qu’on voulait cacher. L’une des raisons pour lesquelles il était devenu Eraser, d’après la jeune femme. Mais il était encore jeune et devait faire preuve de détournement d’information pour se tenir au courant des choses.

« Reste pas là. Va te prendre un café. »


Nora ouvrit la bouche pour répliquer qu’il n’avait pas d’ordre à lui donner mais le regard qu’il lui lança la fit capituler et soupirer. De toute manière, il avait raison, il lui fallait de la caféine. Et s’il ne voulait pas qu’elle le regarde faire, alors elle acceptait cette excentricité si ça lui permettait d’avoir des infos supplémentaires.

Adossée à un pan de mur, elle laissait se balader son regard sur les bâtiments alentours, à la partie de ville qu’elle pouvait voir. Perdue dans ses pensées, c’est à peine si elle entendit son bracelet lui indiquer qu’elle recevait un message. Elle grogna en découvrant que plusieurs dizaine de minutes s’étaient écoulées sans qu’elle ne s’en rende compte. De quoi lui donner envie de se foutre un coup de pied au cul ! Nora alla rejoindre son collègue, qui avait l’air plus mal à l’aise que d’habitude. Avait-il  trouvé quelque chose d’intéressant ? Si oui, quoi ? Et pourquoi cette tête ?

« La prochaine fois, dis moi que c’est aussi compliqué de choper des infos sur ton mec. » Maugréa-t-il une fois qu’elle fut de nouveau assise à côté de lui. Mais le gobelet de café qu’elle déposa à côté de sa main lui délia la langue.

I
l lui expliqua combien de sécurité il avait du passer pour trouver ça, combien de dossier il avait du recouper pour que ça donne du sens. Il avait même du faire appel à l’un de ses informateurs, douteux, disons-le clairement, pour confirmer le tout.

« Accouche Evan. »


Nathanaël Reck n’était pas un trafiquant, du moins, pas de drogue. Mais un bookmarker. Elle ne l’interrompit pas, écoutant et enregistrant tout ce qu’il allait lui révéler. Il prenait des paris -d’après l’informateur- sur un club de combat clandestin. Apparemment, il se faisait appeler L’Arène. Rien de très exotique du point de vue de Nora mais elle n’en fit pas la remarque à voix haute. Ce même club était dirigé par un certain Monsieur M, d’après sa source. Mais Evan avait réussit à trouver une trace de ce supposé type, un baron de la pègre dont les dossiers étaient plus souvent classés que mené à leur terme.

« Je ne sais pas où il se trouve, ce club. Je n’ai rien trouvé et mon informateur ne veut rien me dire. Mais c’est surement pour ça que... La milice le tolère... Plus ou moins ? Puisqu’on n’a aucun moyen d’agir dessus... »


* Ou qu’on graisse la patte de certains de nos supérieurs.*
Pensa Nora sans lui en faire part.

L’instant d’après son bracelet émit un bip discret. Un appel. De Varig.

« Timing parfait. » Elle se leva mais se pencha vers l’oreille d’Evan. « Merci. » Avant de décrocher. « Ouais ? »
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Varig Cross

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10.01.16 19:37
-Parce que je t’ai donné l’impression d’aimer les Evolves p’tre ? lâcha l'Eraser d'un ton rogue après un cours silence.

Varig sourit, amusé. Du moins en apparence.

-Non, pas exactement. Contrairement à ce gars, que t'avais l'air de plutôt apprécier, je me trompe?

Cette provocation frontale n'était pas dans son style habituel, mais la façon dont l'Eraser avait dévié sa question mettait son instinct d'agent en alerte. Son travail était d'obtenir des renseignements sur sa coéquipière; tout secret était une piste potentielle. D'où son entêtement à ne pas lâcher prise.
Finalement cette insistance paya.

-On a baisé ensemble plusieurs fois. Et il est plutôt bon, si tu veux tout savoir. Et on a arrêté, comme on a commencé : en restant en bon terme.
-Merci de l'info, mais ce n'est pas vraiment mon type, plaisanta Varig en réponse. Enfin je m'en souviendrais si je dois le recommander...

Abandonnant la conversation, il fixa la ville qui défilait par la fenêtre du véhicule. Sa coéquipière semblait vouloir garder le silence à présent, et cela lui convenait.
Les explications de Nora tenaient la route, mais la colère qu'il percevait dans sa voix lui donnait un indice intéressant. Malgré l'agacement que lui causaient ses questions, elle ne l'avait pas rabroué, et avait fournit une réponse alors que rien ne l'y obligeait. Du peu qu'il connaissait d'elle, il aurait juré qu'elle ne l'aurait pas fait à moins de cacher autre chose à propos de l'intéressé... Peut-être même qu'elle mentait. A moins qu'elle ne veuille juste se débarrasser du sujet au plus vite.
Difficile de dire si cela avait le moindre intérêt pour l'enquête, que ce soit celle sur le meurtre de la piscine ou celle sur LPH.

Ses pensées dérivèrent, et le trajet jusqu'au QG se passa sans même qu'il y prête attention, perdu dans un nuage d'indices et d'hypothèses. Les deux enquêteurs se dirigèrent vers les ascenseurs ensembles, mais Nora s'éloigna seule vers les escaliers.

-À tout à l'heure, lança Varig avec un temps de retard, sans obtenir de réponse.

Il la suivit du regard quelques instants, pensif, avant de monter dans la cabine qui venait de s'ouvrir.
Une fois séparé de son équipière, l'agent traça droit vers le niveau de la brigade d'enquêtes spéciale. Il traversa le couloir garnit de capteurs d'un pas alerte, et déboucha dans le hall du niveau moins sept, où David Smith semblait l'attendre.

-Salut cow-boy, l'accueillit ce dernier. Le patron m'envoie réccupérer les échantillons pour Kelly.
-David, répondit Varig en guise de bonjour, tout en cherchant le sac d'indices dans ses poches. Le capitaine Hobbes t'envoie jouer les coursiers? Fais attention, s'il se met au café, tu risque d'être le premier au courant.

L'Eraser blond fit main basse sur le paquet et gratifia son collègue d'un clin d’œil.

-Erreur. Il m'envoie jouer les coursiers chez la plus jolie fille de l'équipe. La seule aussi. Et ça, ça change tout! lança-t-il avant de s'éclipser.

Varig vit distinctement un des soldats en faction, qui suivait l'échange discrètement, sourire sous son casque. Quand à la réceptionniste, dont les cheveux changeaient chaque jour de couleur et qui arboraient aujourd'hui un rose festif, elle se contenta de secouer la tête avec consternation.
C'était en réalité la responsable de la sécurité des lieux, surnommée "Cerbère" de façon plus ou moins instituée. Elle même vivait très bien son sobriquet, dont elle usait volontiers comme une reconnaissance de sa rigueur professionnelle.
L'agent lui adressa un discret signe de tête alors qu'il s'enfonçait dans les couloirs du niveau moins sept.

Il se repérait désormais très bien dans le dédale de couloirs, et atteint le bureau du capitaine Hobbes en un temps record. Varig frappa brièvement, mais la porte coulissa presque aussitôt.

-Entrez, entrez Wagner, invita le maître des lieux. Et asseyez vous.

L'agent s'exécuta, jetant un coup d’œil à la décoration fantasque du bureau, mélange hybride de technologie et d'ancien. Une pièce un peu à l'image de son propriétaire, qui accordait autant d’intérêt aux nouvelles technologies qu'aux bonnes vieilles méthodes policières...
Au dessus de lui, un large panneau couvert de rouages chromés et dorés tournait au rythme d'un invisible mécanisme, sans qu'on puisse déterminer si c'était un simple hologramme ou une œuvre d'art bien solide.
Malheureusement, le visiteur n'eut pas le temps de l'admirer.

-On a du nouveau, mais je ne voulais pas prendre le risque de discuter de ça par téléphone avec Stampton dans les parages. On ne sait jamais. Bonne idée d'avoir apporté ces échantillons pour nous ménager cette conversation.

Varig acquiesça de la tête.

-Merci mon capitaine. Mais on a peu de temps avant qu'elle ne se pose des questions. Une demi-heure maximum.

L'officier ne répondit pas immédiatement, et pianota sur la surface en bois devant lui, parcourue de veines électroniques. Un fichier ne tarda pas à apparaitre entre les deux hommes, que l'agent ne tarda pas à identifier comme un compte rendu des indices recueillis sur le lieu d'une enquête.

-Alors ne perdons pas de temps. En faisant des recherches sur nos Evolves assassinés, Aaron et David ont trouvé un détail intéressant. Un indice qui a été signalé perdu. La brigade anti-Evolve a transmis la totalité de ce qu'elle a trouvé sur la scène de crime, sauf cet objet, forcément ça a attiré notre attention. Il s'agissait d'un tube, contenant des cheveux prélevés pris dans un trou de grillage, à hors du périmètre réglementaire. Ce n'était pas une pièce majeure, personne n'en a fait de copie numérique, ni fait le rapprochement. Mais nous, si. Avec pas mal d'efforts, Kelly a réussi à accéder au système de traitement des indices. Le casier contenant les preuves a été manipulé par six agents, tous notifiés dans la fiche de perception et liés à l'enquête. Tous sauf...
-Nora Stampton, compléta Varig. Vous pensez qu'elle l'a fait disparaitre?

Hobbes tapa le fichier suspendu entre eux, faisant apparaitre un paragraphe précis.

-"Cheveux humains, longs, à faire analyser dès que possibles", lut-il à haute voix. Si l'agent chargé de cet indice avait eu la présence d'esprit de le scanner, elle aurait aussitôt été mêlée à l'affaire grâce à son ADN, grillée. Il y aurait eu une enquête, donc elle a prit les devants et fait disparaitre toute trac. En ce qui me concerne c'est plus qu'il ne m'en faut pour en déduire qu'elle est coupable. J'ai besoin que vous découvriez si elle est assez douée pour effacer ses traces du registre?

Varig repensa à la façon dont sa coéquipière avait ouvert la mallette de la piscine. Il avait la réponse, sans aucun doute.

-Compris, répondit calmement l'agent. Autre chose?

Le capitaine fit un geste, et l'holograme disparu.

-Oui. Je veux que vous ne la lâchiez plus d'un pas. Hors de question qu'elle tue à nouveau sous notre garde. Votre enquête de la piscine vous offre la couverture idéale non? Je viens de lire le rapport du major à ce sujet. Notre dossier est fragile, et ce que vous pourrez trouver pèsera sans doute lourd.

L'agent se leva et sourit, avant hocher la tête d'un air entendu.

-C'est compris mon capitaine. Si elle est coupable, je le découvrirais.

Mais avant qu'il ne sorte, l'officier l'arrêta.

-Au fait, vos contacts ont découvert quelle était cette affectation spéciale auprès de l'ambassade américaine dans son dossier? J'avoue que ça m'intrigue toujours.

L'agent haussa les épaules, l'air désolé.

-Non, mais ce n'était pas pour le Bureau. Pas sûr qu'on le sache un jour...  

Puis il sortit. Une fois dans le couloir, son bracelet émit une courte vibration, signalant la réception d'un message. Il s'agissait d'un mail de Kelly Stillman, que l'agent déchiffra en se dirigeant vers l'ascenseur permettant de remonter en surface. Le trajet lui permit de réfléchir.

Dès qu'il déboucha au niveau du sol, il appela le major Strauss, avant de contacter sa coéquipière. Celle-ci décrocha presque aussitôt.

-Ouais ? lança-t-elle avec sa bonne humeur habituelle.
-J'aurais bientôt du nouveau, ma contact analyse nos échantillons. Et Strauss veut faire un point sur l'enquête, on se retrouve à son bureau dans quinze minutes?

Il accéléra le pas et se dirigea vers les escaliers permettant de monter sur le toit. Il devait contacter Sofia au plus vite, avant de perdre le contrôle de la situation.

Reprendre le contrôle.
S'adapter.
Dominer.

L'entraînement reprenait le dessus, encore. Malgré lui, il sourit. Certaines choses ne s'oubliaient pas.


Une vingtaine de minutes plus tard, l'agent pénétra dans le bureau de son "nouveau patron".

-Excusez mon retard, lança-t-il.

Strauss soupira, mais ne releva pas, fataliste quand au retard que pouvaient accumuler ses agents.

-Alors, qu'avez vous à m'apprendre?

L'agent déploya son omniphone après un rapide signe de tête vers sa coéquipière, et le posa sur le bureau.

-Les poils sur la scène de crime sont ceux d'un chien, modifié génétiquement pour être énorme et plus dangereux, mais ça reste un chien, annonça-t-il. Cahill disait la stricte vérité. J'ai fait les choses discrètement, donc c'est à vous de décider si on donne l'enquête à la criminelle puisque le tueur n'est pas un Evolve.

Bénédict Strauss se leva, jetant à peine un regard aux données posées sur son bureau.

-Beau travail à tous les deux, lâcha-t-il. Nous avons encore 24 heures; utilisons les à fond. Pourquoi abandonner une enquête bien commencée? Nora, vous le brieferez sur vos trouvailles en sortant. Remettez vous au travail et n'hésitez pas à me solliciter. Cette affaire est prioritaire, je chargerais quelqu'un d'autre de la paperasse. Oh et... J'imagine qu'aucun de vous n'a d'enregistrement de l'interrogatoire de Roy Cahill? Il a fait une crise de panique pendant que vous lui parliez.

Varig se tendit. Sa coéquipière avait tout enregistré. Manifestement, leur supérieur n'était pas dupe, et il ignorait sa réaction s'il était confronté à ses méthodes peu orthodoxes...

-Rompez, conclut le major après quelques instants. Et Wagner? Un mot en privé.

Quand l'agent quitta la pièce quelques minutes plus tard, il rejoignit directement Nora.

-On peut se remettre au boulot. Qu'est ce que tu as trouvé? demanda-t-il.
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11.01.16 23:02

-J'aurais bientôt du nouveau, ma contact analyse nos échantillons. Et Strauss veut faire un point sur l'enquête, on se retrouve à son bureau dans quinze minutes?

« Ok. »

Nora avait d’abord hoché la tête, avant de se rendre compte qu’à l’autre bout de la communication, Varig ne pouvait pas la voir. Elle avait donc quinze minutes avant d’aller voir son boss, qui se trouvait non loin du bureau qu’elle venait de quitter. Peut-être qu’elle pourrait faire le tour des informateurs de chaque collègues pour trouver une piste quant à cette arène ? C’était surement ce qu’elle aurait fait si elle n’avait pas senti son bracelet vibrer et lui afficher un message de Strauss lui indiquant de passer dans son bureau dès maintenant. Sérieusement ? Alors qu’ils allaient se voir dans quelques minutes ? L’eraser soupira -évidement- mais se dirigea tout de même vers le bureau de son supérieur, frappa et attendit qu’il lui donne le feu vert pour entrer. Qu’est-ce qu’il lui voulait ? Pourquoi la faire venir seule ? Avait-il des soupçons sur l’identité de Varig ? Elle voyait pourtant mal l’organisation pour laquelle il bossait faire ce genre de connerie. Et puis, la meilleure façon de le découvrir, c’était encore d’y aller.

« Agent Stampton. Asseyez-vous. »


« Je suis bien debout, parait que ça fait grandir. »
Rétorqua l’intéressée sans pour autant manqué davantage de respect.

Son interlocuteur sembla retenir un soupir mais n’insista pas. A continuer à jouer la conne comme elle le faisait avec lui, elle savait que ça se terminerait mal, surtout pour elle. Alors elle garda le silence pour attendre de savoir ce qu’il lui voulait. Peut-être qu’elle pouvait la fermer de temps en temps ?

« Est-ce que vous allez bien Nora ? Vous avez l’air quelque peu différente ces derniers temps... Je me trompe ? »


L
a jeune femme marqua un temps d’arrêt, littéralement, devant cette question. Déjà, le fait qu’il l’appelle par son prénom, comme pour se montrer plus familier avec elle. Ensuite, qu’il suppose un truc pareil. Etait-il au courant ? L’information quant au déclenchement de son pouvoir avait-elle filtré de quelque part ? De l’organisation de Varig ? Nora senti son cœur se mettre à battre la chamade alors qu’elle prenait sur elle pour ne rien laisser paraitre. Du moins, pas plus que son bug passé.

« Je vais parfaitement bien Major et avec tout le respect que je vous dois, vous ne me connaissez pas pour constater si j’ai effectivement changé ou non. »


Une voix calme et posée ! Hourra pour Nora ! Alors qu’elle aurait pu l’attaquer avec un ton beaucoup moins avenant. Mais peut-être était-ce ce que cherchait à faire l’homme en face d’elle ? Mais dans quel but ? Non, elle devait simplement se faire des idées.

« Je suis pourtant très observateur, mais entendu. Vous allez bien... »


Son insistance sur ce dernier mot ne plut pas à l’eraser. Il cherchait manifestement à provoquer une réaction chez elle, mais elle en ignorait la cause et le but. Alors, autant ne rien lui donner ? Surement que le café qu’elle venait d’ingérer l’aidait à ne pas monter sur ses grands chevaux.

« Votre collaboration avec l’Agent Wagner, se passe bien ? Aucun problème à déplorer entre vous ? »


C’était quoi cet interrogatoire ? Cette fois, Nora ne put s’empêcher de lever un sourcil mais serra les poings pour ne pas répondre trop rapidement. Elle ne comprenait pas cette démarche. Quoi qu’il en soit, cette situation ne lui plaisait pas.

« On ne s’est pas encore mit sur la gueule, alors je suppose que c’est une collaboration qui se déroule bien. »


C’était surement ce qu’elle pouvait dire de plus soft. Et c’était toujours mieux que de s’énerver devant cette attitude. Ca lui aurait apporté quoi, qu’elle se mette à l’attaquer sur son terrain ?

« Si jamais vous avez besoin, sachez que je suis là. »


Là, c’était trop. Elle ne lui avait encore jamais cassé les pieds depuis son arrivée au poste et voila qu’il venait la gaver avec ce genre de comportement ? S’il avait était aussi observateur qu’il semblait le dire, alors il aurait du savoir qu’elle n’était pas du genre à parler à n’importe qui.

« Ok on arrête. J’ai ni besoin de parler, ni besoin de voir un médecin. Notre coopération se passe bien. Aucun problème entre nous, de toute manière, si ça avait été le cas, vous auriez été le premier au courant. »

Elle avait parlé vite pour lui éviter toute possibilité de réplique pendant son court monologue. Strauss sembla la jauger pendant quelques instants, se demandant peut-être s’il allait continuer sur sa lancée ou non. Mais il devait s’arrêter là ou sa subordonnée trouverait son attitude encore plus louche qu’elle ne devait l’être à son égard. Le silence tomba après une vague réplique de l’homme et après qu’elle ait décidé de lui révéler rapidement ce qu’elle avait trouvé et ils attendirent l’arrivée de son partenaire.

« Voyez, il prend même exemple sur moi. »
Ne put-elle s’empêcher de lâcher lorsqu’il arriva enfin.

Pour le reste, elle resta silencieuse et écouta ce que son partenaire avait à leur révéler, apprenant en même temps que Strauss des éléments pour l’enquête. Un chien... Et le fait qu’il ait été génétiquement modifié ne lui disait rien qui vaille. La génétique et elle, ça commençait à ne plus être très compatible. Est-ce que Lowell avait un rapport avec ça ? Pourquoi en aurait-il ? Elle sorti de ses pensées pour écouter la réponse de leur interlocuteur. Nora haussa simplement les épaules, pour répondre à la question concernant l’interrogatoire qui avait eu lieu dans le fourgon. Si Varig n’avait pas fait ce qu’il avait fait, peut-être qu’ils seraient littéralement passé à côté de cette mallette et donc de la seconde vie de leur victime. Donc elle n’avait rien à balancer à leur supérieur. C’était un fait. Elle marqua un temps d’arrêt en entendant Strauss vouloir parler à l’autre eraser. Les prenait-il à part pour une bonne raison ? Si oui, laquelle ? Et pourquoi ? La jeune femme attendit assise sur un coin de bureau d’un collègue. Qu’est-ce qu’il ne tournait pas rond avec ce major ? Elle ne saurait le dire et ce n’était pas pour lui plaire.

« Notre victime était un bookmaker, d’après ce que j’ai pu trouver. »


Enfin, ce que Evan avait pu trouver mais elle paierait assez de café à ce gars pour se faire pardonner de ce lapsus. Elle lui expliqua ensuite tout ce qu’elle avait apprit de ce même collègue, glissant par là que ce n’était pas son informateur perso mais celui d’Evan. Et oui, elle faisait confiance à cet eraser, si toutefois cette question avait effleuré les lèvres de son interlocuteur.

« Il reste maintenant à trouver où se trouve cette Arène et qui est ce Monsieur M. Il est p’tre de mèche avec cette modification génétique... »

Honnêtement, Nora avait trop d’hypothèse en tête, toutes sans réels fondements pour qu’elle les expose toutes à voix haute.

« L’Entre-Deux, c’est l’endroit idéal. Mais j’ai pas assez la fibre sociale pour avoir des informateurs. T’en dis quoi ? »
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13.01.16 11:37
Avec un petit effort de concentration, Varig focalisa ses pensées sur les explications de Nora. La jeune femme avait avancé très vite, utilisant ses relations avec ses collègues plutôt que des indics. Une méthode de travail peu orthodoxe, mais qui avait payée.

-Donc, on a un bookmaker travaillant pour un baron du crime et affilié à un club de combat clandestin. Notre homme se rend à la piscine désaffectée pour y chercher une mallette bourrée de fric et de codes inscrits sur une feuille de papier, mais un chien géant lui tombe dessus, avant de le mettre en pièce. On peut présumer que c'est un meurtre, ne serait-ce que parce qu'un animal aussi énorme ne peut pas se planquer seul et qu'aucun agent du secteur n'a repéré de monstre se baladant en liberté. Quelqu'un l'a déposé là puis récupéré. La question à 25 000 dollars: qui est le cerveau tordu qui a eu l'idée d'un truc pareil?

Sans poursuivre à haute voix, l'agent continua sa réflexion. L'Evolve était assez dangereux pour qu'un criminel hésite à l'approcher avec une arme blanche, même pour voler le magot. Mais pourquoi ne pas l'abattre, purement et simplement? Ou s'emparer de la mallette une fois Nathan ressortit avec elle? Peut-être les deux Erasers avaient ils interrompus la phase de récupération. Mais pourquoi une méthode aussi brutale et spectaculaire?
Ça n'avait aucune utilité. Pas pour voler l'argent, ou même pour brouiller les pistes. C'était pour envoyer un message. Mais lequel?

-Il reste maintenant à trouver où se trouve cette Arène, conclut Nora, et qui est ce Monsieur M. Il est p’tre de mèche avec cette modification génétique...

Varig acquiesça de la tête pensif. Oui c'était bien là où ils risquaient l'impasse. La milice semblait ne pas vraiment s'intéresser à cette "entreprise", et le trouver leur prendrait des jours, peut-être des semaines... Qu'ils n'avaient pas. Malheureusement Sofia ne semblait pas non plus familière avec le sujet. L'omniscience de la CIA à Madison avait ses limites, et c'était finalement quelque chose de profondément rassurant.

-Ce qu'il nous faudrait, c'est que quelqu'un du milieu nous mène à cette Arène, lâcha-t-il, les yeux dans le vague. Où au moins à une piste sur où chercher...
-L’Entre-Deux, c’est l’endroit idéal. Mais j’ai pas assez la fibre sociale pour avoir des informateurs. T’en dis quoi ?

L'agent sourit, amusé. En effet, pourquoi se faire des amis parmi les criminels quand il suffisait de "demander gentiment"?
Il se redressa du bureau vide sur lequel il s'était penché pendant l'exposé, peut-être celui d'un Eraser malade ou d'un bureaucrate réexpédié manu militari sur le terrain pour combler les effectifs.

-J'en dis que je l'ai type idéal, mais que tu risque de ne vraiment pas aimer mon idée. Retournons à la voiture, je téléphonerais de là-bas à Sofia pour savoir où il se trouve. Pas sûr qu'il nous accueille à bras ouverts...

Varig se mit en marche, en s'assurant que sa coéquipière le suivait bien à travers les bureaux.

-... Après tout, lança-t-il alors qu'ils étaient seuls dans le couloir, Chaï Leng n'est pas exactement notre plus grand fan.


Sans surprise, la supérieure de l'agent à la CIA savait exactement où se trouvait le criminel auquel le duo d'Eraser avait déjà eu affaire.
Il faisait des affaires avec l'Agence, des tractations forcément douteuses mais dont Varig ignorait la nature exacte. Quoi qu'il en soit, la mise hors d'état de nuire de Peter Ward, un ex-Eraser ennemi juré de Leng, au centre d'un complot démantelé par Nora et l'agent lui avait rendu un fier service. Sans cela les bandes rivales qui avaient commencées à s'emparer de son petit empire de prostitution et de boites de nuit auraient réussies leur entreprise, et il aurait sans doute été éliminé durant le processus.
Mais serait-il reconnaissant? Rien de moins sûr...
La dernière visite des deux coéquipiers dans ses locaux avait été plutôt violente, et ne relevait pas vraiment de la tractation pacifique.

Le voyage vers son nouveau QG de l'entre-deux prendrait un peu plus longtemps que celui effectué quelques heures plus tôt pour se rendre à la piscine désaffectée. Rien d'étonnant puisque le pilotage relevait de l'ordinateur de bord plutôt que de Nora. Du temps pour parler, à nouveau...

-Leng est une pointure, lâcha l'agent après avoir terminé son appel et rentré l'adresse fournie par Sofia. S'il n'est pas lui même impliqué dans le business de l'Arène, il sait qui peut nous y faire entrer... Espérons seulement qu'il sera dans un bon jour.

Il marqua une pause, et regarda quelques minutes par la fenêtre les rues du centre-ville et le flot de circulation.

-Strauss m'a demandé comment ça se passait avec toi, finit-il par ajouter après un moment, pensif. Il m'a semblé... Préoccupé. Enfin c'est vrai qu'en ce moment il a de quoi se faire du souci. Et au fait... Merci de m'avoir couvert pour l'interrogatoire de Cahill.

Tout en écoutant les réponses de sa coéquipière, l'agent consulta l'omniphone à son poignet.

-Bientôt l'heure du repas remarqua-t-il. J'espère qu'on interrompra pas celui de Leng. Ça ne pourrait que lui faire du bien tu me diras, mais je doute qu'il soit bien disposé après ça. D'ailleurs une suggestion sur la façon de le "convaincre" de nous aider? Et avant que tu propose il est hors de question de lui tirer dessus.
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20.01.16 15:04
Le type idéal ? Pourquoi d’un seul coup, Nora craignait de découvrir l’homme en question ? Non pas qu’elle n’avait pas confiance en Varig pour faire avancer l’enquête, mais ne connaissant pas tout -rien ?- de sa vie actuelle comme passée, elle avait quelques doutes sur ses fréquentations. Allait-elle devoir encore enfreindre le règlement en sa compagnie ? Faire passer sous silence des détails de l’enquête, pour que son supérieur n’en entende pas parler ? Sauf que cette mission était différente de la précédente : il n’y avait qu’un evolve à décompter comme victime. Pas de collègue à sauver des griffes d’un scientifique. Juste un criminel qui avait joué avec les mauvaises personnes. Pourquoi risquer sa vie pour ce genre d’individu ? Elle ne voyait aucune raison. Sofia pourrait lui donner un coup de main ? Evidement. Alors qu’ils se remettaient en marche, direction les sous-sols pour récupérer sa voiture, l’annonce de l’identité du type en question l’arrêta net au milieu du couloir, l’espace de quelques secondes. Leng ? Il n’était pas sérieux ? La jeune femme reprit la marche en se massant l’arrêt de son nez. Elle ne le sentait pas du tout, pour le coup. Entre le bordel qu’ils avaient foutu dans son club et les morts qui avaient suivis... Bon pas entièrement de leur faute, mais pas loin... Nora n’imaginait effectivement pas cette baleine volante de les accueillir et à plus forte raison, de les aider dans leur enquête. Il n’avait surement rien à y gagner. Alors il allait leur falloir trouver quelque chose ? C’était tout trouvé pour sa part : la manière forte. Elle était en pleine possession de ses moyens, cette fois, et armée...

« En fait, tu cherches juste une façon de nous faire tuer... »
Maugréa-t-elle alors qu’ils s’installaient dans le véhicule.

Mais elle devait reconnaitre que son idée n’était pas totalement mauvaise. Vu l’envergure du type -et pas seulement physiquement parlant- il ne faisait presque aucun doute qu’il ait des informations qui pourraient leur servir. Est-ce qu’il se souviendrait, qu’ils lui avaient débarrassé d’un ex-eraser devenu instable ? Probablement pas. Alors qu’elle faisait sortir la voiture, n’écoutant qu’à moitié la conversation qui se passait à côté d’elle, Nora regarda son bracelet pour constater le temps qu’il leur restait. Peut-être qu’elle pourrait arracher une heure ou deux, de plus à Seth, mais ce n’était pas garanti. Alors ils allaient devoir se bouger. Elle le laissa entrer l’adresse, y jetant tout de même un œil pour se faire une idée de l’endroit où ils se rendaient. Un quartier comme un autre, dans l’Entre-Deux. Un jeu d’enfant pour des erasers en somme.

« Dans un bon jour ou non, je doute qu’il nous donne des infos gratuitement. »


Et elle détestait l’idée de devoir marchander avec un criminel. La manière douce, c’était pas vraiment son truc, à elle. Mais elle essayait tout de même d’y réfléchir, supposant que Varig ferait de même et que le mutisme régnerait dans l’habitacle. Mais non. Encore une fois, il brisa le silence. Cette couverture lui montait tellement à la tête qu’il agissait comme Mick, même en sa présence ? Ce n’était pas vraiment pour lui plaire.

« Pareil. Probablement que ça l’étonne de ne pas avoir reçu d’appel de ta part, disant que tu ne peux pas bosser avec moi. »
Parce que vu le nombre de fois où ça avait pu arriver et qu’il en était fait presque mention dans son dossier... « On verra à la fin de tout ça s’il a eu les épaules assez larges pour gérer. » Répliqua-t-elle simplement, concernant l’état probable de Strauss. Sa place ne devait pas être facile, certes, mais il avait monté les échelons pour y parvenir, alors il était inutile de se plaindre, à ses yeux. « Pas de problème, ça n’aurait rien apporté qu’il le sache. »

Et puis, pour qu’on ne lui ait pas encore fait d’analyse concernant le gène evolve, ça voulait dire que l’information la concernant était encore sous silence. Peut-être qu’on pourrait s’en servir, plus tard, contre elle, mais pour le moment, l’organisation dont faisait parti Varig n’avait pas vendu la mèche. C’était donc une faible manière de ne pas faire peser les doutes sur lui également.

Disposé ou non, il allait surement faire une gueule de six pieds de long en les voyant débarquer chez lui. Un peu comme des oiseaux de mauvais augure. La fin des propos de son partenaire la fit sincèrement sourire et elle haussa les épaules, sans chercher à dissimuler le fait qu’elle y avait effectivement pensé.

« Tu me demandes de trouver une manière douce de lui soutirer des infos ? Je pensais pourtant que tu m’avais cerné : la douceur, c’est pas chez moi. »


Elle reporta son attention sur la route, même si elle n’avait pas vraiment besoin d’y faire attention, puisqu’elle ne touchait pas au volant, avant de poursuivre.

« Je n’ai pas d’idée. Je n’ai pas bosser sur le cas Leng depuis notre dernière collaboration, je n’ai pas la moindre idée de ce qui aurait de la valeur à ses yeux en matière d’échange d’infos. »


Elle n’était pas dans la section de la criminelle, c’était les evolves son truc. Alors s’il ne voulait pas qu’ils lui tirent dessus, Nora devait s’en remettre au bon jugement de son coéquipier. Plusieurs dizaines de minutes plus tard, ils finirent par arriver à destination. L’immeuble était entièrement loué par les bons soins de Leng et l’eraser appréciait déjà cette montée dans les étages pour aller le retrouver. A l’entrée, deux hommes, qui scrutaient les environs sortirent devant le bâtiment. Plus pour se la jouer qu’autre chose. Parce qu’ils faisaient de bonnes cibles. Le duo descendit du véhicule et alors qu’ils s’approchaient, la jeune femme eut un sourire discret mais amusé au coin des lèvres.

« Une chose est sûre : il s’entoure toujours des mêmes types. Ce nez-cassé va être le premier ravi de nous reconnaitre. » Elle désigna d’un rapide coup de tête discret l’un des hommes.

De mémoire, elle lui avait cassé le piaf à leur dernière rencontre et malgré une médecine bien avancée, il restait une petite bosse sur l’arrêt de son nez. C’était presque satisfaisant pour l’eraser. Il les reconnu alors et la tension dans son corps se vit aussitôt.

« Il se souvient de nous. »
Murmura Nora à son partenaire. « Tout doux, on vient en paix. » Lança-t-elle à l’homme, non sans une marque narquoise dans sa voix. « On voudra voir Leng, histoire de parler du bon vieux temps. »

[b]Bon, peut-être qu'elle devrait laisser Varig gérer l'approche ?
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25.01.16 18:09
À sa question de savoir comment aborder la rencontre avec Leng, Nora n’eut pas à réfléchir longtemps. En fait elle semblait plutôt amusée à l'idée d'ouvrir le feu sans discutions.

-Tu me demandes de trouver une manière douce de lui soutirer des infos ? Je pensais pourtant que tu m’avais cerné : la douceur, c’est pas chez moi.

Varig sourit lui aussi. Toute personne ayant échangé plus d'une vingtaine de mots avec l'Eraser devait forcément s'en être rendu compte. Et à la moindre hésitation, la lecture de son dossier n'aurait laissé aucune place au doute: c'était une adepte de la méthode dure, qui n'hésitait pas à aller au contact aussi souvent que nécessaire. Et même un peu plus.

-Je n’ai pas d’idée,  lâcha-t-elle finalement. Je n’ai pas bossé sur le cas Leng depuis notre dernière collaboration, je n’ai pas la moindre idée de ce qui aurait de la valeur à ses yeux en matière d’échange d’infos.

Son coéquipier acquiesça distraitement de la tête.

-J'ai gardé un œil dessus de mon côté. Il a eu quelques problèmes... Manifestement Corbyn et Ward n'ont servit qu'à affaiblir Leng et son organisation, et la descente de Lee dans leur quartier général a achevé le travail. Ses concurrents ont lancé une... Sorte d'OPA agressive. Dommage qu'ils n'aient pas su reconnaître une grosse baleine d'un requin. Aux dernières nouvelles, notre vieil ami a inversé la vapeur, sans avoir totalement repris le contrôle. Déjà une douzaine de cadavres confirmés, sans doute plus planqués ici et là. Les guerres de gang...

Ce qui au fond les arrangeait plutôt. Leng et ses hommes étaient tout sauf des tendres, mais ils n'étaient pas idiots au point de s'en prendre frontalement à la milice. La dernière fois, la mort de James Lee où ils n'étaient que suspects leur avait fait assez mal pour qu'ils comprennent la leçon. Du moins Varig l'espérait. Les gangsters aux abois étaient imprévisible.

Les deux équipiers arrivèrent près du nouveau QG de Leng quelques minutes plus tard. Tout en quittant leur véhicule, l'agent glissa:

-Quoi qu'il arrive, essaie de garder ton calme. On risque de nous provoquer... Ces gars sont rancuniers. Inutile de se faire plus d'amis dans la bande de Chaï Leng. Je ne sais même pas s'il en reste qu'on ne s'est pas mis à dos.

La jeune femme sourit imperceptiblement alors qu'ils se mettaient naturellement côte à côte pour faire front.

-Une chose est sûre : il s’entoure toujours des mêmes types. Ce nez-cassé va être le premier ravi de nous reconnaitre.

Varig grimaça discrètement. Lui aussi avait identifié l'asiatique qui semblait de garde devant le bâtiment.

-Peut-être qu'il ne se souvient plus de nous? lâcha-t-il d'un ton neutre en tournant sur lui même pour étudier les environs et pouvoir parler sans être vu. Avec une bonne thérapie et quelques drogues illégales ça doit être possible de nous oublier.

Et puis il croisa le regard hargneux de l'homme de main, qui fixait Nora. Son langage corporel était aussi éloquent que ses yeux. L'envie de meurtre.

-Il se souvient de nous, constata sa coéquipière à voix basse.

L'agent émit un grognement affirmatif. Ça, ça ne faisait aucun doute...
Quelques secondes plus tard, les deux Erasers arrivèrent au niveau des deux sentinelles, qui semblaient prêtes à en découdre.

-Tout doux, on vient en paix, lança Nora avec un soupçon de moquerie, contredisant ses paroles apaisantes. On voudrait voir Leng, histoire de parler du bon vieux temps.

Les deux asiatiques échangèrent un rapide regard, avant que "nez cassé" ne croise les bras. Varig fixait le second malfrat avec un regard indéchiffrable, qui imitait assez bien l'air impassible des deux hommes de main.

-Leng? J'connais pas, cracha-t-il. Vous devez vous tromper d'adresse mes poulets.

Bon public, son acolyte ricana discrètement. L'agent, quand à lui, leva les yeux au ciel. Ils n'avaient pas de temps à perdre.

-Tu es sûr de vouloir jouer à "qui a la plus grosse" avec elle? soupira-t-il d'un ton théâtral. On est venus parler affaire, alors fait ton boulot et dis à Leng qu'on veut le voir. Parce qu'il pourrait être très mécontent que tu ne nous ait pas laissé rentrer, et elle aussi. Et je ne crois pas que tu veuilles les énerver, pas vrai?

Le gangster lâcha une insulte en chinois -que Varig saisit parfaitement- et porta la main à sa poche. L'agent faillit bondir pour l'étendre d'un coup de poing, mais un sonnerie soudaine interrompit les prémices de l'affrontement. Renonçant à la violence, le criminel fusilla les Erasers du regard, avant de pianoter sur son bracelet, qui afficha un petit écran.

-Deuxième étage. Le patron vous attend, lâcha-t-il, brûlant d'une haine concentrée dans chaque syllabes.

Deux autres malfrats tatoués apparurent quelques instants plus tard, et les guidèrent sans un mot à l'intérieur de l'immeuble. L'un ouvrait la marche, tandis que le second surveillait les "visiteurs".

La nouvelle planque de Chaï Leng n'avait pas grand chose à voir avec le luxe tapageur des sous-sol de sa boite de nuit-bordel. Le chef du gang avait élu domicile dans un simple bâtiment résidentiel, devenu pour un temps son quartier général. Les appartements du dernier étage avaient étés considérablement renforcés avec des plaques de blindage fixées aux murs, formant une barrière primaire mais efficace contre d'éventuels assaillants. Mais à part ce détail, le bâtiment restait aussi insalubre que la plupart de ceux de l'entre-deux. De grandes taches de moisissures couvraient les cloisons, et le plafond était lézardé par le temps. Les graffitis un peu partout et une odeur désagréable achevaient le tableau. Aucun système de surveillance électronique n'avait été mis en place, à moins qu'ils ne soient invisibles.

L'appartement dans lequel on les fit pénétrer avait, en revanche, été meublé avec luxe. Un parfum lourd flottait, et l'ensemble était peint tout en nuances de rouge, du sol au plafond, jusqu'au mobilier et même les murs. L'agent cru aussi reconnaitre quelques pièces prélevées au "Plaisirs Céruléens", l'ancien quartier général de Leng.
Ce dernier se trouvait dans la pièce juste après l'entrée. Le maître des lieux était attablé devant un plateau couvert de plusieurs généreuses assiettes, un repas qui aurait put suffire à nourrir sans problème quatre ou cinq personnes. Il mangeait avec méthode, engouffrant une nouvelle bouchée aussitôt qu'il finissait de mâcher la précédente. L'arrivée des deux Erasers lui fit à peine lever les yeux. Regarder l'asiatique manger était quelque chose de fascinant, et de profondément répugnant à la fois. Il y avait presque de la beauté dans l'économie maximum des mouvements et sa façon de se goinfrer sans le moindre temps mort. S'il pouvait rappeler une tortue, pesante et goulue, Varig lui n'oubliait pas qu'il avait en face de lui un serpent, sournois et venimeux.
Malgré ce repas gargantuesque le criminel avait considérablement maigri. Lors de leurs premières rencontres, Chaï Leng devait dépasser les deux cent cinquante kilos. Incapable de se déplacer, il devait utiliser une chaise volante, puisque ses minuscules jambes atrophiées ne le portaient plus, et chaque sursaut faisait s'agiter un océan de graisse.
Aujourd'hui, l'homme de l'autre côté de la table était un colosse, largement en surpoids, mais plus un amas graisseux informe. Assis dans un fauteuil adapté à ses dimensions, pour ainsi dire un trône, il portait aussi de petites lunettes rondes, qui cachaient ses yeux et ne faisaient que réfléchir ce qui l'entourait. Il était vêtu d'une sorte de chemise rouge faite sur mesure, en partie cachée par une grande serviette blanche tachée à plusieurs endroits.
Varig nota surtout le faible nombre d'hommes de main mobilisés autour de leur chef. À peine une demi-douzaine, en comptant les gardes à l'extérieur et les deux hommes qui l'avaient accompagné. Peut-être par manque de personnel, ou par peur des trahisons.

Deux gardes se tenaient affalés dans un sofa dans un angle de la pièce, mais ne perdaient rien des mouvements de chacun et portaient des fusils courts sur les genoux. "L'escorte" des Erasers se plaça à quelques pas derrière les "invités" de leur patron, sans doute prêt à se jeter sur eux au moindre signe suspect. Les malfrats tatoués auraient semblé plus à leur place dans une ruelle sombre que dans le luxe de la pièce.
Tout aussi incongrue dans ce décor, une très jolie femme aux longs cheveux châtains attendait, debout, deux pas derrière le maître des lieux. Elle portait une tenue de serveuse, qu'on se serait plutôt attendu à trouver dans un grand restaurant que dans le quartier général d'un seigneur du crime. Vu le business de Leng, proxénète et trafiquant notoire, on aurait put douter de sa fonction réelle, mais un chariot de nourriture attendait à côté d'elle, et la jeune femme portait une serviette blanche sur le bras. Son maintien était parfaitement étudié, signe qu'elle avait reçu des cours dans l'art de servir.

Peu enclin à patienter, et craignant que sa partenaire n'ouvre la bouche la première, l'agent décida de prendre la parole dès que la porte de l'appartement se fut refermée derrière eux. Ils s'étaient à nouveau placés côte à côte sans avoir besoin de se concerter, laissant entre eux un confortable espace, comme pour enlever un peu de terrain aux criminels.

-On vient vous demander un service, annonça-t-il. En privé.

Leng ne réagit absolument pas, de même que le reste de son personnel. Le silence s'épaissit de longues secondes, seulement rythmé par les bruits de mastication du gangster. Manifestement il n'avait aucune intention de congédier ses sbires.

-L'Arène. On veut que vous nous aidiez à y entrer pour enquêter sur un meurtre.

L'introduction était directe, brutale même. Varig crut même voir la fourchette de Leng s'immobiliser pendant presque une seconde entière. Finalement ce dernier prit la bouchée suivante sans répondre.
Ceci fait, il déposa ses couverts sur le bord de l'assiette, s’essuya la bouche avec sa serviette avant de la plier et de la déposer sur la table avec une révérence presque religieuse. L'agent nota qu'il avait soigneusement croisé son couteau sur sa fourchette, un code indiquant dans un restaurant qu'on n'avait pas encore terminé son repas. Un des innombrables détails appris lors de ses missions... Et dont l'agent n'aurait jamais cru voir un criminel comme Chaï Leng se servir.
La serveuse jeta un discret coup d’œil vers les couverts, et compris le message, restant parfaitement immobile.

-Varig Cross et Nora Stampton... articula pensivement le gangster en orientant son regard masqué par les lunettes réfléchissantes vers ses visiteurs, avec une sorte de lenteur. Qui viennent me demander un service, dégoulinant tellement de mépris...

Le silence s'épaissit, plein de tension. L'agent pouvait presque sentir leurs deux "accompagnateurs" se préparer à se jeter sur eux si leur patron leur ordonnait. Ses propres muscles se tendaient aussi, prêts au combat. Mais manifestement c'était mal engagé.

D'un seul coup, Leng éclata d'un énorme rire, si puissant qu'il aurait put facilement faire tomber les fenêtres si elles n'avaient pas été murées. Varig resta parfaitement immobile, mais haussa très légèrement les sourcils.
L'accès d'hilarité de l'asiatique se prolongea bien plus que nécessaire. Le dos appuyé contre le dossier de son fauteuil, il semblait incapable de se contrôler. Alors que l'agent craignait une crise cardiaque, il se reprit soudain, gardant une expression amusée. Il ouvrit la bouche pour reprendre la parole, et lâcha un gloussement digne d'une collégienne avant de pouffer dans ses mains fermées.

-Un service... C'est tellement drôle.

Il repartit dans un gros rire. Varig manqua de grimacer. Une si forte réaction nerveuse, réelle ou simulée, ne présageait rien de bon. Dans la même minute, il pouvait sans problème rire à gorge déployée, puis ordonner à ses hommes de les tuer. Quatre contre deux, ça ne reposait guère que sur la chance... Une bonne part de ses calculs se basaient sur le postulat qu'il avait affaire à quelqu'un de redoutable, certes, mais de rationnel. Peut-être une erreur en fin de compte.
Finalement, Leng reprit le contrôle de ses nerfs et put à nouveau parler.

-Excuse moi Cross, mais la dernière fois que vous avez débarqué, ça a été... Une soirée difficile, lâcha-t-il d'un ton qui se voulait sérieux, mais où pointait encore l'amusement. Il failli pouffer à nouveau, mais se maîtrisa in extremis. Alors je me demandais vraiment ce que vous vouliez... M'emprisonner? M'assassiner? Me menacer? Mais vous venez juste... Pour enquêter sur l'Arène. Ok. Pas de problème. Mais vous ne connaissez pas grand monde là-bas. Moi en revanche j'ai des gens qui peuvent poser les questions... Et qui savent à qui ils doivent parler pour obtenir des réponses.

La discutions prenait un tour plus professionnel, mais la tension n'était toujours pas loin. La détente n'était que de façade.

-Vous savez ce que je fais comme affaires, lâcha-t-il d'une voix rusée, traînante, et soudain bien plus menaçante malgré son sourire.

Varig jeta un rapide regard vers sa coéquipière, espérant qu'elle résisterait à la tentation de répondre. Lui-même du retenir son envie d'ironiser. Côtoyer des gens comme le gros proxénète et trafiquant lui donnait envie de vomir, mais il avait appris à maîtriser ses pulsions premières depuis longtemps. Quoi qu'ai put faire Leng, il avait sans doute croisé de plus belles ordures. Trafiquants d'armes, d'êtres humains, terroristes, satanistes, mercenaires et même un tueur cannibale: les choix ne manquaient pas.
Aussi resta-t-il impassible en priant pour que Nora fasse de même.

-Je vends ce que les gens désirent... Ce que leurs bas instincts réclament mais que la société leur interdit. C'est pour ça que je suis si riche, que j'attire tant de convoitise et que tellement de gens viennent me voir... Ils veulent tous un service.

Soudain, Leng fit une chose à laquelle l'agent ne s'attendait pas du tout: il se leva, et contourna la table.
Il était nu en dessous du bassin, dévoilant de longues jambes cybernétiques qui cliquetaient doucement, portant sa carcasse sans effort avec une effrayante fluidité. Un instant, le regard de l'agent se fixa sur les accroches de métal plantées dans la chair comme des griffes d'acier, disparaissant sous un short rouge. L'opération était récente, et sans doute pas le fait de chirurgien légaux. Blessure grave? Caprice du criminel justifiant l'amputation? Ou l'impossibilité de remarcher sans assistance technologique?
Prenant son temps, comme s'il savourait chaque pas, Leng passa entre les deux Erasers, près de Varig, et lui tapota l'épaule, avant d'aller vers le fond de la pièce tout en parlant.

-Et vous voilà, les parangons de l'ordre si fiers, qui viennent encore une fois quémander mon aide. Qu'est-ce que ça fait de vous? Me croyez vous stupide et aveugle au point de ne pas voir tout le mépris que vous me portez? Vous venez ici sans respect... Comme si nous n'étions que les rats et vous les vertueux gardiens de cette putain de prison géante nommée Madison. Mais souvenez vous bien d'une chose. Je vends le vice uniquement parce qu'on me l'achète, et c'est vous qui vous en gavez jusqu'à vomir bandes de sales hypocrites!

Il avait crié cette dernière phrase, lâchant même quelques postillons au passage.

Comme répondant à un ordre invisible, un claquement sec retentit. Une fraction de seconde plus tard, la serveuse pointait un petit pistolet sur Varig, le pointeur laser droit sur son cœur. L'arme avait l'air d'un jouet, mais c'était du matériel de très grosse puissance, capable de traverser la plaque blindée d'une armure de combat comme une feuille de papier. Il avait appris à reconnaitre ce genre de flingues lors des cours de la CIA. Un pistolet militaire à balles ultra-perforantes, réservé aux forces spéciales américaines... Procuré par qui? Sofia ou les réseaux clandestins? En tout cas il fallait vite désamorcer le conflit avant que la fusillade ne démarre.
Les quatre autres hommes de main avaient aussi sortis des armes, tenant les deux Erasers en respect.

Malgré les canons braqués sur lui et les doigts à quelques millimètres de l'envoyer à la mort, Varig se sentait calme. Si calme... Froidement il se demanda si ça trahissait un désir de mort ou un goût du risque. Peut-être les deux.

Instinctivement, il aurait parié que Leng ne voulait pas les tuer. Mais il ignorait qu'une vraie bombe à retardement se trouvait dans la pièce. Si Nora perdait le contrôle de son pouvoir ici... Finalement, peut-être que cette visite était le coup de poker de trop. Mieux valait ne pas imaginer les énormes dégâts que causeraient les armes à feu futuristes dans l'espace confiné.

Les options étaient limitées. Le criminel cherchait manifestement à susciter de la peur, mais lui céder serait faire preuve de faiblesse, et perdre du sang devant un requin était tout sauf conseillé. Il pousserait son avantage et le risque qu'il mette l'Evolve hors d'elle était trop grand. Le défier ouvertement risquait de le pousser plus loin dans une confrontation pour ne pas perdre la face devant ses hommes. Après tout il avait la force. La marge de manœuvre était très mince...

-Monsieur Leng, lâcha-t-il d'une voix très calme. On nous paie pour parler affaire, pas pour discuter de respect. Vous avez ce que nous désirons, alors que voulez vous en échange? C'est la seule question qui vaille.

Il tourna légèrement la tête sur le côté, juste à temps pour voir Leng s'immobiliser face au mur du fond de la pièce. Un silence parfait s'installa pour peu de temps, et Varig en profita pour échanger un rapide regard avec sa coéquipière. Autant pour essayer de communiquer un peu de calme que pour essayer d'évaluer son énervement.

-J'ai ce que vous désirez, oui... répondit finalement l'asiatique de sa voix trainante, terriblement calme. Et j'ai le pouvoir de vous tuer, ici et maintenant. Mais vous m'amusez beaucoup. Après tout vous avez eu la peau de Jack pour moi.

Sans crier gare, il marcha vers Nora et se posta à côté d'elle, entre les deux Erasers. Il ôta doucement ses lunettes, révélant des yeux électroniques brillant d'une lueur rouge sang. Ses fausses pupilles en métal se contractèrent avec un petit frémissement mécanique alors qu'il approchait son visages à quelques centimètres de la joue de la jeune femme. À côté d'elle, le gangster avait l'air d'un géant.

-Si j'ouvrais ta petite tête, et que je regardais dedans... Je me demande bien ce que j'y trouverais, lâcha-t-il pensivement tout près de son oreille. Caché derrière ton insigne, ton flingue, ta mauvaise humeur et tes grands airs, sous la peau, la chair, le sang... Il y doit y avoir tellement de saletés et de vices que je pourrais vendre. Et je paie bien mieux que la milice.

Varig grimaça et calcula ses chances. Peut être qu'avec une diversion il pourrait atteindre un des plats et le jeter au visage de la serveuse, plonger derrière la longue table et sortir son arme. Mais les chances de réussir la manœuvre sans prendre une balle étaient très faibles. Sans compter qu'avec son poids et ses nouvelles augmentations cybernétiques, Leng devenait un adversaire très dangereux au contact.

Tout reposait maintenant sur la réaction de Nora.
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25.01.16 22:26

Essayer de rester calme. C’était surement le meilleur conseil qu’il lui avait jamais donné. Si de nature, Nora avait un tempérament agressif, il fallait faire doublement attention depuis qu’ils étaient au courant pour son pouvoir. Evidement, elle n’avait pas vraiment eu l’occasion de tester ses limites. Avec qui aurait-elle pu faire ça ? Alors comment savoir à quel niveau il se déclenchait ? Jusqu’où pouvait-elle s’énerver sans que ça ne l’affecte, elle et les gens autour ? Evidement, elle aurait dû se poser toutes ces questions avant d’aller sur le terrain mais dans le pire des cas, elle faisait presque confiance à Varig pour l’arrêter avant de foutre tout en l’air. Mais bien sûr, l’un comme l’autre ignorait les signes de l’activation de son pouvoir, mis à part sa colère. Garder la tête froide, c’était tout ce qui importait pour résoudre cette putain d’enquête qui leur sera très probablement retiré dans plusieurs heures. Un jeu d’enfant en somme. L’eraser nota, dans un coin de son esprit, les informations dont disposait son partenaire sur l’homme qu’il allait voir. Leng allait sans nul doute être ravit de les voir, ça devait une évidence à chaque pas qui les rapprochaient de lui. Déjà, il fallait passer les deux gardes et vu comment c’était parti, Nora était bien tentée de les aligner dès maintenant pour avoir le champ libre. Mais le boss de ces types ne serait peut-être pas du même avis. Alors comme ils venaient un peu pour obtenir des infos que possédait cet homme... Bref, il allait surement falloir de la diplomatie dans cette situation. Pour un peu, la jeune femme plaindrait presque Varig de l’avoir comme partenaire. Se faisait-il la même réflexion ? Surement. Aussi, après avoir lancé les premiers mots, elle décida de le laisser mener la danse. Il leur fallait des infos, rapidement et s’ils ne pouvaient pas paralyser les gêneurs quelques heures pour être tranquille, le temps de tabasser Leng... Valait mieux laisser son coéquipier gérer. Elle s’étonnait presque de se montrer pragmatique pour cette fois !

Un faible sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle entendit la réplique de Varig. C’était ça, son approche en douceur ? Menacer un mec dont elle avait pété le nez pour l’enjoindre à les laisser passer ? S’il n’y avait que ça à faire, elle pouvait très bien le faire elle-même ! Bon, surement avec un langage plus fleuri que celui de son partenaire, mais ça reviendrait au même, non ? Dire que pour le moment, elle était relativement calme. A part le chronomètre qui défilait pour leur rappeler que leur temps sur cette affaire était compté, elle n’avait pas encore de raison de vraiment sortir de ses gonds. Ce qui était probablement une bonne chose quand ils savaient ce qui pouvait les attendre à quelques mètres au dessus d’eux.

Le duo suivit alors leur guide et Nora prit le temps d’observer les lieux rapidement. Varig avait sans doute raison lorsqu’il avançait que leur baleine avait renversé la vapeur, pour se montrer autant à découvert dans un coin pareil de la ville, il ne devait plus craindre beaucoup d’adversaire. Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose pour eux ? Ils le sauraient surement bientôt.

En arrivant dans la pièce, l’eraser ne put s’empêcher de froncer les sourcils et afficher une faible grimace de dégout. La vision de cet homme trop gros pour être supporter par ses jambes ne l’avait pas du tout manqué. Mais le voir en train de manger, c’était quelque chose de presque traumatisant. Alors elle reporta plutôt son attention sur le reste de la pièce, surprise de ne pas voir plus de garde que ça. A leur dernière rencontre, Leng était suivit à la trace par une dizaine de ses gars. Qu’est-ce qu’il en avait fait ? Se sentit-il plus en sécurité dans cet immeuble qu’à son club personnel ? Nora avait quelques difficultés à l’imaginer. Ce décor lui rappelait également quelques douloureux souvenirs, pas encore assez loin dans son esprit pour qu’elle puisse en faire fi lorsqu’elle le désirait. Alors que son esprit essayait d’analyser la situation, elle fut surprise d’entendre son partenaire attaquer aussitôt le sujet. La fois précédente, il lui avait semblé qu’il passait par plus de détour. A moins que son esprit ne lui joue des tours ? Evidemment, l’autre ne songea même pas à lever les yeux vers eux, trop occupé à s’empiffrer pour ça. Nora se mit à compter mentalement jusqu’à dix, pour ne pas hausser le ton et le faire réagir. Evidement, ce n’était pas la bonne solution. Avec les gros bras sur le canapé et ceux qui étaient en train de lui chatouiller la nuque, c’était vraiment une mauvaise idée de l’ouvrir. A 10, Varig reprit la parole pour attaquer de nouveau. Avait-il lu quelque chose sur son visage ? Aucune idée mais c’était toujours mieux qu’il soit celui qui prenait la parole. Tout ceux qui la connaissait, savaient parfaitement qu’elle n’était pas faite pour la discussion. La jeune femme senti sa mâchoire se resserrer lorsque Leng daigna enfin leur porter de l’intérêt mais la façon qu’il avait de prononcer leurs identités... Ca ne plaisait guère à l’eraser. Et ça ne disait rien qui vaille, par instinct. Elle bougea légèrement sa main droite mais elle perçu du coin de l’œil l’un des hommes réagir à ce mouvement. Très bien, elle resterait immobile. L’instant d’après, la tension s’empara totalement de ses muscles, sous le rire gars de chef de gang. Pétait-il finalement un câble ? Leur venue était-elle si hilarante que ça ? Elle ne l’aurait jamais imaginé. Inspirant profondément pour ne pas réagir à cette attitude qui leur faisait perdre du temps, Nora jeta un rapide coup d’œil à son partenaire. Au moins, il avait l’air aussi avancé qu’elle.  Ca faisait du bien, parfois, de ne pas être la seule paumée...

Son speech faillit être ce qui allait faire réagir l’eraser. Qu’est-ce qu’il croyait, ce porc ? Qu’ils étaient là pour le plaisir de le contempler ? Qu’il venait lui demander des informations parce qu’ils avaient envie de voir sa tronche ? Bien évidement qu’ils ne seraient pas ici s’ils avaient pu faire autrement ! Personne ne pourrait le nier et encore moins Nora. Il allait donner sa réponse oui ou merde ?  Inutile de se pavaner devant eux, alors qu’ils savaient très bien pourquoi ils s’adressaient à lui et pas à un autre malfrat de Madison. Varig avait vu juste, il essayait de les provoquer ouvertement et si elle n’avait pas conscience des dommages que son pouvoir pouvait faire, elle lui aurait déjà sauté au cou... Verbalement parlant. Alors elle se mit à compter mentalement, jusqu’à ce qu’elle soit certaine de ne pas ouvrir la bouche. Chose particulièrement difficile. Il lui faudrait un énorme gobelet de café après cette rencontre, ses nerfs étaient bien trop titiller ! Et ça ne devait être que le début... Mais elle parvint à garder ses lèvres fermées, non sans les pincer légèrement entre elles. La suite lui donna des fourmis dans la mâchoire, même si elle faillit rire à son tour en entendant le mot convoitise. Pouvait-elle se permettre de lui rire au nez ? Probablement. Son partenaire allait lui devoir de la caféine pour toutes les paroles qu’elle avait ravalées ! C’était presque un exploit à ce stade de la conversation.

La suite la laissa réellement sans voix. L’image des jambes trop courtes et fines pour supporter le poids de Leng était gravée dans son esprit, alors voir ce qui les avait remplacé... Elle ne cacha pas son froncement de sourcils significatif. Cette vision sentait le danger à plein nez. Etait-ce à cause de ses modifications, que l’homme n’avait pas plus d’homme ? Parce qu’il pouvait se défendre plus facilement ? Ou prendre la fuite ? Et dans ce cas là, attaquer le premier ? Nora n’aimait pas du tout cette idée. Ils avaient beau être bon, leurs adversaires ne les lâchaient pas des yeux et ils étaient trop nombreux pour eux. En le voyant s’approcher, visant l’espace qui la séparait de son partenaire, l’eraser eut la terrible envie de faire un peu de côté pour diminuer cette distance et l’empêcher de les séparer. C’était tout simplement idiot de sa part, elle le savait. Mais il était le seul sur qui elle pouvait compter dans cette situation et elle détestait l’idée de ne pas pouvoir voir les réactions de son coéquipier. Malgré tout, elle resta sur place, non sans se mordre l’intérieur de la lèvre pour s’obliger à ne pas bouger. Elle aurait largement préféré un bon échange de tir que cette atmosphère pensante de tension. Les deux camps étaient sur leur garde. Varig et Nora peut-être même plus étant donné leur infériorité numérique. Elle reprit son souffle lorsqu’il les dépassa, ne s’étant même pas rendu compte qu’elle l’avait retenu pendant quelques secondes. Se retenant à grande peine de ne pas tourner la tête pour garder un œil sur lui, il y avait trop de danger dans son angle mort depuis le début de cette conversation, la jeune femme mit un point d’honneur à maîtriser sa respiration. Avec ce qu’elle entendait, il lui fallait tout l’effort du monde pour ne rien répliquer. Surtout qu’elle lui donnerait tout simplement raison et ce n’était pas vraiment le moment de le mettre plus en boule qu’il ne l’était. Garder son calme... Cette phrase passait comme un leitmotiv dans son esprit. Elle devait simplement se concentrer là dessus, surtout en voyant les armes se braquer sur eux. Elle l’avait dit, Varig cherchait simplement un moyen de les faire tuer. Peut-être qu’elle aurait pu tourner son regard vers lui, pour essayer de lui communiquer le fond de sa pensée, mais elle sentait que si elle faisait le moindre geste, elle attraperait son arme. Ce qui était tout bonnement suicidaire au vue de la situation. Enfin, quitte à crever, autant ne pas se faire tirer comme un lapin ? Peut-être qu’elle pourrait toucher... Non. Elle n’était pas assez stupide pour penser pouvoir faire quelque chose. Alors qu’elle réfléchissait aux options, la voix de son partenaire la sortit de ses pensées. Il lui sortait du monsieur maintenant ? C’était clairement pas le genre de procédé qu’elle utiliserait... Elle tourna la tête dans sa direction, lui intimant du regard qu’ils sortent de là ou elle ne tiendra pas longtemps silencieuse. Ses yeux gris-bleu devaient briller d’une lueur de confinement sans précédent pour Nora. Elle allait devoir l’ouvrir, tôt ou tard. Valait mieux tard, en effet mais si Leng se mettait à s’adresser directement à elle et non pas au duo... La jeune femme reporta son attention droit devant elle et se mit de nouveau à compter. Lentement. Elle ouvrit la bouche lorsqu’il annonça pouvoir les tuer et se mordit la lèvre violemment pour se taire. Il en venait à ce qu’ils voulaient : de possible négociation...

Quand elle le sentit revenir vers eux, Nora espéra sincèrement qu’il passe rapidement à leur côté. Mais il fallait croire que ça ne serait pas aussi facile. La jeune femme détacha son regard pour le poser sur Leng, bien trop proche d’elle à son goût. Elle fixa son regard lorsqu’il retira ses lunettes, se demandant ce qu’il avait gardé d’humain en lui. L’eraser serra les dents en le voyant s’approcher encore davantage d’elle, serrant les poings pour ne pas le repousser d’un coup dans la gueule.

« Désolée mon gros, ça ne m’intéresse pas d’être l’une de tes catins. »

Elle réussit à garder une voix calme tout en faisant un signe de tête pour lui faire comprendre qu’elle ne parlait pas forcément de ses filles mais également de ses hommes de main. Même si la milice n’était pas toute blanche, elle la préférait à l’argent sale d’un gangster.

« Maintenant, est-ce que t’as fini de nous faire perdre notre temps ? On a comprit, c’est ton territoire, t’es le boss ici. On est tous d’accord avec ça. Mais nous, on a du taf et un meurtrier à arrêter. Alors t’es gentil, tu nous donne ta putain réponse : T’accepte de marchander avec nous ou non ? Pas la peine d’y aller par quatre chemins, on ne peut pas se piffrer mutuellement : j’aimerai bien te voir derrière les barreaux et toi nous voir probablement mort... mais on n’a pas tout ce qu’on veut dans la vie. »

Eh bah... Ca aurait pu être pire non ? Elle n’était pas si vulgaire que ça et sa voix tremblait à peine sous l’effet de la colère naissante. Garder son calme... Elle était en train d’atteindre ses limites, à tel point qu’elle sentait la morsure de ses ongles dans la paume de ses mains, à force de trop serrer les poings. Nora voyait déjà les demi-lunes se dessiner lorsqu’elle ouvrirait les mains... Maintenant, en avait-elle trop dit ? L’autre allait-il les descendre purement et simplement ? Elle s’excusait presque mentalement auprès de Varig, pour ne pas être parvenue à fermer sa gueule jusqu’au bout.
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Varig Cross

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28.01.16 18:02
Les dents et les phalanges serrées à se les briser, Nora sembla à deux doigts de frapper Leng, et Varig jura voir un infime sourire flotter sur les traits gras de ce dernier. Mais finalement elle se contenta de lâcher d'un ton méprisant:

-Désolée mon gros, ça ne m’intéresse pas d’être l’une de tes catins.

Elle l'a traité de... On va enfin savoir si son poids lui pose problème, constata son coéquipier avec un humour morbide avant d'ajouter mentalement: au moins elle ne lui a pas tiré dessus. Pas encore.

Il fallait aussi reconnaitre le sang froid des hommes de main de l'asiatique: pas un ne réagit à l'insulte. Leur chef quand à lui se recula légèrement et remit paisiblement ses lunettes, sans dire un mot. Mais le silence ne dura pas, et l'Eraser revint à la charge.

-Maintenant, est-ce que t’as fini de nous faire perdre notre temps ? On a comprit, c’est ton territoire, t’es le boss ici. On est tous d’accord avec ça. Mais nous, on a du taf et un meurtrier à arrêter. Alors t’es gentil, tu nous donne ta putain réponse : T’accepte de marchander avec nous ou non ? Pas la peine d’y aller par quatre chemins, on ne peut pas se piffrer mutuellement : j’aimerai bien te voir derrière les barreaux et toi nous voir probablement mort... mais on n’a pas tout ce qu’on veut dans la vie, lâcha l'Eraser d'une traite, en regardant droit devant elle.

Leng ne changea pas d'expression, et ne frémit même pas. De son pas lent, presque félin, il contourna la table avant de se laisser tomber dans son fauteuil. Varig croisa ses mains derrière son dos, attendant le verdict du maître des lieux.

-Tu as parfaitement raison, agent Stampton. C'est mon territoire. En revanche tu te trompe quand tu dis que je veux vous tuer... Vous seriez morts sinon.

D'un geste négligent de la main, il fit signe à ses hommes de rengainer leurs armes, ce qu'ils firent sans se faire prier. Satisfait, le chef de gang croisa les mains devant lui, et les posa sur son ventre gonflé.

-La culture occidentale a cette manie absurde du binaire. Gentil contre méchant, bien contre mal, pro contre anti-Evolves... Milice contre criminels. Vous passez votre temps à repeindre le monde en noir et blanc jusqu'à l'absurde. Les orientaux ne font pas cette erreur. Pour que les choses fonctionnent dans cette ville, chacun doit trouver sa place. Et vois-tu agent Stampton, je n'aime pas l'idée que la mienne soit derrière les barreaux. Un autre me remplacerait bien vite... Pour éviter que ça n'arrive j'offre assez de services pour qu'il y ait toujours des gens qui préfèrent me savoir où je suis que dans une cellule.

Leng parlait avec lenteur, mais ses mots contenaient un poison subtil, celui de la vérité. Une arme qui rongeait bien plus la certitude que les plus vicieux mensonges. L'image du serpent lui convenait vraiment très bien...
Varig avait assez frayé dans le monde des complots pour que ces observations cyniques n'heurtent plus ses propres convictions. Peut-être était-ce aussi le cas de Nora, à moins que les événements récents ne fassent résonner plus cruellement encore la philosophie du criminel... Car où pouvait-être la place d'une Eraser contrainte à cacher son pouvoir? Où était le monde simple de noir et de blanc qu'elle espérait sans doute quand elle s'était engagée?
Quoi qu'il en soit Leng semblait disposé à leur donner ce qu'il voulait.

-Je présume que vous ne comptez pas trop sur notre reconnaissance, ironisa Varig. Si vous êtes disposé à nous rendre ce service que voulez vous en échange?

Le criminel acquiesça distraitement de la tête, comme s'il était déjà passé à autre chose.

-Trois fois rien: je veux juste que vous m'aidiez à gagner une guerre.


L'après-midi touchait à sa fin, mais le soleil brillait toujours au dessus du mur de Madison. Levant les yeux de ses jumelles bardées d’électronique, Varig regarda autour de lui la silhouette grise et massive de l'enceinte. Les buildings du centre ville en cachaient une partie, mais ici, sur un toit d'immeuble, il ne faisait aucun doute qu'on était dans un espace clos. Malgré le vent tiède qui soufflait paresseusement et le ciel azur, il se surpris à repenser à l'expression lapidaire de Leng: cette putain de prison géante nommée Madison.

Il jeta un rapide coup d’œil à sa coéquipière, postée juste à côté de lui. Couchée sur le sol de béton, le bipied de son fusil de précision appuyé contre le parapet du toit, elle regardait à travers sa lunette.

Nul doute qu'elle s'était vue jusqu'ici comme une des gardiennes, empêchant la prison-Madison de sombrer dans le chaos. Mais aujourd'hui que son pouvoir faisait d'elle une résidente forcée, qui pouvait finir dans une vraie cellule si elle était découverte, voyait-elle toujours le mur de la même façon? Combien de temps durerait encore sa vie de mensonge, combien de temps avant qu'elle ne l'empêche seulement de respirer?
Plus longtemps estima Varig. Avec l'unité Delta sur ses traces, son camouflage s'effritait rapidement et tomberait bientôt en morceaux. Ironie du sort, ce qui causerait sa perte serait sans doute sa haine des Evolves. L'agent ignorait encore une chose: avait-elle commis les crimes dont on la soupçonnait? Tout indiquait que oui. Mais après tout ça n'avait pas vraiment d'importance: une arrestation, un test sanguin réglementaire et elle était finie. Et quand bien même elle passerait entre les mailles, ce ne serait qu'un sursit. D'une façon ou d'une autre elle finirait par être prise.

Chassant momentanément ses pensées silencieuses,  il dirigea à nouveau son regard vers leur objectif. Les deux Eraser avaient pris position au sommet d'un immeuble de l'entre-deux, se plaçant pour avoir le soleil dans le dos. Le poste de tir idéal, en hauteur, à près d'un kilomètre de leur cible.

-Il y a un autre personnel arrivé sur le toit, côté ouest, armé. Je le marque, annonça-t-il d'un ton neutre.

Il appuya sur un des boutons des jumelles, et l'homme qu'il visait avec l'appareil fut transmis à la lunette du fusil de son équipière.
Le silence retomba rapidement. Le duo n'était pour le moment qu'en observation, attendant que quelque chose se produise. Une tâche habituelle mais plutôt ennuyeuse du métier de policier... L'index de Nora devait la démanger, alors qu'elle observait leurs cibles à travers le grossissement confortable de la lunette, voyant les hommes de main totalement inconscients de leur présence. À cette distance, le rayon de lumière concentré frapperait instantanément, ne laissant aucune chance de riposte. Varig connaissait ce sentiment grisant que ressentait le sniper: celui de tenir totalement ses cibles à sa merci.
Il ne doutait pas du professionnalisme de la jeune femme, mais décida tout de même de la distraire un moment. De toute façon il devait en parler, tôt ou tard.

-On ne s'en est pas mal tiré avec Leng, lâcha-t-il d'un ton badin, concentré sur leur cible. On a notre ticket d'entrée pour l'Arène à moindre frais. Et personne ne nous a tiré dessus cette fois. Finalement le truc le plus dangereux que j'ai fait aujourd'hui aura été de te laisser le volant. Tu conduis toujours comme ça?

La provocation était lancée avec ironie, plus pour détendre l’atmosphère et meubler l'attente que par véritable reproche. Après tout il aurait été mal placé pour critiquer. La dernière fois que lui même avait pris les commandes en manuel, avec Liam Awen, une éternité plus tôt, sa conduite avait été largement aussi sportive. Mais ça, Nora l'ignorait.
L'agent attendit que sa partenaire réplique, avant de changer brusquement de sujet, d'un ton plus sérieux. Tout en parlant il ne lâchait pas le bâtiment cible des yeux.

-Je pense encore à ce que disait Leng... Qu'il était finalement un moindre mal, qu'il était utile à la milice. Qu'est-ce que tu en penses?

Il écouta sa réponse, avant de changer à nouveau brusquement de sujet.

-Tu crois en Dieu? Ou quelque chose d'approchant? Le type à l'est sort quelque chose. Ah, une cigarette, fausse alerte.

Varig marqua à nouveau une pause, le temps de vérifier la position de chaque malfrat qu'il avait repéré grâce à ses jumelles tout en écoutant sa coéquipière.

-Leng me rappelle une histoire lâcha-t-il soudain. En 1979 les russes se disputaient le partage du monde avec les américains. C'était un empire qui se moquait de l'individu, "l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques". Cette année là, ils ont envahi un morceau de désert et de montagne stratégiquement placé et remplis de pétrole, l'Afghanistan. Certains américains y ont vu une aubaine: ils ont armé et formé les résistants locaux, harcelé les russes de toutes les façons possibles sans jamais s'engager eux-même. Pendant dix ans le pays a été mis à feu et à sang, les russes ont perdu des milliers d'hommes dans un massacre stérile, et plus grave la guerre leur a coûté des milliards de roubles ce qui a mis leur économie à genoux. Ils se sont battus avec férocité, sans pitié pour les civils, mais ils n'ont jamais put gagner contre les rebelles. En 1989, les armées soviétiques se sont retirées d'Afghanistan. Minée par cette défaite, l'URSS s'est effondrée dans la foulée, comme un château de carte. Une des plus formidables victoires des États-Unis...

L'agent parlait non seulement pour Nora, mais aussi pour ceux qui écoutaient, ailleurs, la CIA... Et qui semblaient soutenir Leng, quoi que Varig ignore qui leur tenait lieu d'URSS, ici à Madison. Mais vu les moyens engagés, il avait compris une chose: les américains avaient un objectif dans cette ville, et étaient assez déterminés pour mettre en œuvre les mesures extrêmes dont il avait été témoin.

-Douze ans plus tard, le 11 septembre 2001, plus de 3000 américains moururent dans un attentat. Deux siècles plus tard vous vous souvenez encore. Ces mêmes rebelles armés pour combattre les russes ont étés payés pour prendre le pouvoir, en échange du pétrole Afghan. Mais certains se sont retournés contre un nouvel adversaire. Ils étaient des fanatiques de la pire espèce, mais les américains ont fermé les yeux, jusqu'à nier les preuves les plus évidentes que ceux qu'ils avaient formé et équipés serait l'ennemi de demain. L'erreur a sans doute été d'accepter un compromis qui semblait intéressant sur le moment, bénéfique même, sans penser aux conséquences, sans voir où ça menait. L'URSS était bien plus dangereuse que tous les terroristes, quelque part on peut toujours dit que le calcul avait du sens, peut-être même a-t-il évité une guerre nucléaire. Mais ce n'est pas le paradis qui est pavé de bonnes intentions. Aujourd'hui Leng est utile mais demain? Est-ce que tous les crimes qu'on la laissé commettre en toute impunité ne reviendront pas frapper à la porte un jour? Et où ça s'arrête? Quelles atrocités, quelles souffrances peut-on justifier parce qu'on en évite d'autres qu'on pense plus terribles? Est-ce que c'est bien de prendre mille vies pour en sauver dix mille? D'en prendre une pour sauver la sienne? D'en sacrifier dix pour en sauver onze? Quel genre de calculs de savant fou peut répondre à ça?

Sa voix se brisa, comme s'il ne parlait plus vraiment à Nora où à ceux qui l'écoutaient grâce à sa puce. Plongé dans ses propres souvenirs, il marqua une longue pause.

-Quand on parle de mal nécessaire, on essaie d'oublier que ce qu'on fait est mal. C'est un fruit empoisonné qui ne donne rien de bon. Rien que du malheur, lâcha-t-il enfin.
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29.01.16 22:01
Elle se serait attendue à une réaction presque vive de la part de leur interlocuteur, mais non. Rien. C’était évidemment une bonne chose, puisqu’il ne donnait pas l’ordre à ses gorilles de les descendre. Chose même encore plus surprenante, il en avait terminé avec la démonstration de force et ses hommes de main rangèrent leur arme. Mais l’eraser ne se sentait pas pour autant plus tranquille. Qu’avait-il maintenant derrière la tête ? Est-ce que ses propos l’avaient fait assez réagir pour qu’ils puissent parler de choses intéressantes et en personnes civilisées ? La suite lui donna presque raison. Nora l’écouta parler sans réagir, même si intérieurement, une part d’elle savait pertinemment qu’il avait raison. Combien de miliciens avaient déjà fermés les yeux sur les activités de Leng ? Combien avaient même déjà participé ou caché des faits ? Bien trop à son goût mais elle savait qu’il y aurait toujours des hommes comme ça. Et c’était pour ça, que des gens comme elle existait. Malgré son sale caractère, elle avait juré de travailler pour la justice et mettre derrière les barreaux les pires criminels. Evidement, en ce qui la concernait, il s’agissait plus facilement d’Evolves que de gens comme le chinois, mais en voyant combien il pouvait être influant dans son domaine... Disons que parfois, elle pourrait revoir son jugement.

Nora avait passé le plus clair de son temps à maugréer derrière le criminel, depuis qu’ils avaient quitté sa base. D’un côté, ça ne lui plaisait carrément pas de jouer un rôle dans la guerre de ce type. De l’autre, elle savait aussi que ça ne pourrait pas faire plus de mal à la ville. Même si elle n’était pas encore certaine du bénéfice que pourrait en tirer Madison et ses habitants.

Mais pour l’heure, elle devait faire le vide dans son esprit pour ne pas foirer son coup, ni même penser à la position peu confortable qu’elle avait adopté. Non pas que le sol du toit de cet immeuble soit réellement dérangeant, mais elle détestait l’idée de ne pas regarder ailleurs que dans et à travers, la lunette de son fusil de sniper. Trop d’angles morts à son goût et une quasi impossibilité de réagir assez vite si jamais on lui tombait dessus. Evidement, elle n’aurait surement pas accepté dans n’importe quelles circonstances. Ici, elle devait reconnaitre -sans trop se cacher- qu’elle avait assez confiance en Varig pour se retrouver couchée. Son index n’était pas posé sur la gâchette mais le long de son fusil. Elle avait pour habitude de ne pas le poser si ce n’était pas encore le moment. Elle avait déjà eu l’occasion de voir des collègues tirer par inadvertance parce qu’on les avait surprit ou une connerie comme ça et elle n’avait pas la moindre envie de faire la même erreur.

Dans ce silence relatif, la jeune femme ne lâchait pas de son viseur les hommes qu’elle allait devoir neutraliser avant l’arriver de l’aéronef de la milice. Rien de bien compliquer en soi. Dommage que le tuyau sur ce groupe de criminel ne vienne d’un autre malfrat. Ils allaient encore se débarrasser d’individus nuisibles à Leng. Pas étonnant que ce gars ne voulait pas les tuer. D’une façon ou d’une autre, ils lui rendaient service. Nora dû sortir de ses pensées pour ne pas avoir l’index qui lui chatouillait. Dire que Strauss avait également accepté. Comment passer à côté de cette occasion hein ? Heureusement, son partenaire prit la parole et elle pu se concentrer sur autre chose. Un homme de plus à neutraliser. Mais ce dont elle ne s’était pas attendue, fut la prise de parole de son coéquipier. Etait-ce vraiment le moment pour se tailler une bavette ?

« Hé ! J’te rappelle que c’est toi qui m’as mise au défi d’arriver en un minimum de temps sur les lieux ? » Sérieusement, il en avait du culot ! « Et non. Je ne conduis pas toujours comme ça. »

Evidement, ça lui arrivait. Mais seulement lorsque la situation l’exigeait. Elle n’était pas non plus totalement inconsciente ! Quoi qu’on puisse dire sur sa personne. La suite la fit hausser un sourcil, surprise qu’il se mette à parler de ça maintenant. Bon, ils n’avaient pas franchement eu le temps mais quand même. Surtout pour un sujet comme celui-ci où les avis pouvaient être assez divergents. Mais elle n’eut pas vraiment à réfléchir, parce qu’elle avait déjà eu l’occasion de le faire, lorsqu’ils étaient encore dans le bureau de Leng.

« Qu’il a en partie raison... Je ne dis pas que sa présence m’enchante, c’est même le contraire. Mais on sait dans les grandes lignes qui il est et dans quoi il peut tremper. Qui sait si son successeur ne sera pas pire que lui ? Je déteste l’idée d’avoir des criminels connus en liberté mais on sait à quoi s’en tenir avec celui-là. »
Elle marqua une courte pause, le temps de laisser échapper un soupir et reprit. « Si ce n’était pas un cercle sans fin, j’coffrerais bien tout le monde, mais il a raison, tôt ou tard, un autre prendra sa place... »

* Et rien ne garantit qu’ils finiront tous en taule.*

Mais ça, elle le garda pour elle. Déjà, parce que ce n’était pas son domaine. Elle n’avait pas choisi la crim’ mais la section des Evolves. Ensuite, son discours était déjà bien assez pessimiste pour en ajouter une couche supplémentaire. Elle pensait qu’ils allaient pouvoir se fondre de nouveau dans un mutisme respectif, avant de passer à l’action mais encore une fois, Varig en décida autrement. Et si elle n’avait pas peur de louper un truc en lâchant son viseur de l’œil, elle lui aurait surement jeté un regard mécontent. Qu’est-ce qu’il lui prenait d’être aussi bavard ? Surtout pour un sujet comme celui-ci.

« J’ai entendu la prière que tu as prononcé, ce jour là... »
Commença-t-elle, comme pour se mettre dans le bain, même si elle n’était pas fière de ce qui s’était passé pour qu’il en arrive là... « Mais non. J’suis pas du genre à croire en une puissance divine. Si ça peut en réconforter quelques uns, tant mieux pour eux mais j’ai passé l’âge d’être réconfortée. La vie est comme elle doit être : c’est une salope qui faut supporter. »

Sérieusement. Pourquoi ce genre de question ? Et surtout, pourquoi elle prenait le temps de répondre ? Peut-être parce qu’ils n’avaient rien d’autre à faire pour passer le temps ? Ou parce qu’il s’agissait de Varig ? Et qu’il en savait surement plus sur elle actuellement que la plus part des gens qu’elle pouvait côtoyer ? Ouais, c’était surement pour ça. Elle aurait pu, mais elle ne lui retourna pas la question. Elle doutait que ce genre d’information lui soit réellement utile pour sa relation avec lui.

Une histoire ? Nora se demanda où il voulait en venir en entendant tous ces mots s’enchainer. Voulait-il lui faire la leçon ? Elle connaissait vaguement ce qu’il lui disait, ou du moins, ça ne lui semblait pas inconnu, mais c’était un point trop lointain pour qu’elle se souvienne l’avoir étudié. Ca lui rappelait alors volontiers que son partenaire venait du passé et que ce qu’il racontait n’était surement pas si vieux pour lui. Au fur et à mesure qu’elle entendait le discours de son partenaire, l’eraser voulut lui demander à qui il s’adressait. A elle ? Pour la réponse qu’elle lui avait fournit plus tôt ? A ceux qui l’écoutaient, où qu’ils soient, qui le tenaient en laisse ? Ou à lui-même ? Pour s’efforcer de trouver une solution à un problème de conscience qu’il n’était pas le premier à ressentir ? Honnêtement, Nora ne savait pas quoi lui répondre. Si c’était pour l’intérêt du plus grand nombre, de la sécurité d’une plus grosse part de la population, alors oui, elle pourrait être prête à accepter ces agissements et ces morts. Mais dans le fond, elle trouvait ça détestable. Elle n’était pas devenue une Eraser pour sacrifier des vies mais pour en sauver ! Cette connasse de Sofia avait vu cruellement juste à ce sujet. La jeune femme se força à se changer les idées et sortir de ses pensées, ce n’était pas franchement le moment de se laisser aller.

« Alors quoi ? Tu veux tous les buter ? Qu’il n’y ait plus de victimes inutiles ? Sois réaliste deux minutes, ça ne sera jamais possible... »


Il n’était pas nécessaire qu’il connaisse le fond de ses pensées là dessus. Parce que ça ne changerait rien aux évènements. Et même s’il pouvait agir dans son coin ça ne prendrait jamais fin.

« Mais je suis d’accord avec toi. C’est détestable et un jour ou l’autre, on fera face aux conséquences de nos actions. »


Elle soupira un bon coup et ferma les yeux l’espace de quelques secondes. Ces discussions sur l’oreiller -sans l’oreiller- lui donnait mal au crâne.

« Dis... C'est ton caractère naturel, d’être loquace comme ça, ou tu prends le rôle de Mike Wagner vraiment à cœur ? »


Voila. Elle n’avait pas pu s’empêcher de poser la question. Mais ça la travaillait depuis un moment déjà. Depuis qu’il avait commencé à engager la conversation sur des sujets qui ne le regardaient pas, dans le fond. Et honnêtement, elle ne savait pas quelle réponse elle voulait entendre. Dans un sens ou dans l’autre, elle ne l’aimerait sans doute pas.

Plusieurs dizaines de minutes plus tard, une voix familière se fit entendre dans son dos. Qu’est-ce qu’il venait foutre ici ? Nora ne bougea pas de sa place, ni ne leva les yeux de sa lunette pour faire face à son supérieur.

« Je ne sais pas si je dois vous féliciter pour cette descente ou vous demander comment vous en êtes venus à aller trouver Chaï Leng en personne. »
Lança l’homme en s’approchant du duo.

« On était justement en train de se poser la même question. »
Répliqua-t-elle.

Le major les jaugea l’un après l’autre, gardant son regard un peu plus longtemps sur le dos de la jeune femme, probablement parce qu’elle ne pouvait pas lui en faire de réflexion.

« Notre aéronef ne devrait pas tarder à arriver. D’ici trois minutes. »


« Oh et vous êtes venu voir comment on s’en tirait ? Pas d’inquiétude à avoir je rate rarement une cible. »

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01.02.16 20:17
Sa tirade historique fut suivie d'un silence lourd de pensées. Finalement ce fut Nora qui reprit la parole la première.

-Alors quoi ? Tu veux tous les buter ? Qu’il n’y ait plus de victimes inutiles ? Sois réaliste deux minutes, ça ne sera jamais possible...

Varig plissa les yeux derrière ses jumelles. Il approchait de là où il cherchait à mener la discutions. Ce que venait de dire la jeune femme le rapprochait beaucoup du sujet de son enquête. Tous ces Evolves avaient étés assassinés pour une seule raison: ils constituaient une menace. Et pour le moment, la jeune femme prenait le contre-pied de ce qu'il s'attendait à entendre dire.

-Mais je suis d’accord avec toi, ajouta-t-elle. C’est détestable et un jour ou l’autre, on fera face aux conséquences de nos actions.

L'Eraser soupira, plongée dans ses propres pensées.
Était-ce le bon moment pour parler des soupçons visant la jeune femme? La confrontation directe, sans échappatoire? Soit elle avouait, soit elle niait tout. Le risque que son pouvoir se déclenche était aussi élevé.
Mais sans les tirs de neutralisation de leur équipe, la descente risquait d'être trop lente, laissant le temps aux criminels de détruire des preuves. Si les phéromones de colère se déclenchaient, ils risquaient de se trouver tous deux hors jeu, faisant rater toute l'opération.
D'un autre côté, elle était parvenu à garder son calme avec Leng, malgré le danger. Qui sais quand l'occasion de reposer frontalement la question se représenterait?

-Dis... C'est ton caractère naturel, d’être loquace comme ça, ou tu prends le rôle de Mike Wagner vraiment à cœur ? demanda-t-elle avant qu'il n'ait prit une décision.

Varig sourit franchement, sans lâcher le bâtiment des yeux.

-Qui sais... lâcha-t-il avec amusement. Peut-être que je m'habitue à ta présence. T'as un foutu caractère, tu conduis ta voiture comme si c'était un missile kamikaze, sans parler du fait que tu as plus de caféine que de globules blancs dans les veines. Mais tu ne m'as pas encore tiré dessus. Ça doit vouloir dire que t'apprécie ma conversation, non?

L'Eraser se contenta de répondre par une bordée de jurons suffisamment grossiers pour faire rougir Chaï Leng, mais qui firent seulement sourire l'agent un peu plus largement.
Le moment de parler de l'enquête de l'unité Delta était passé, et de toute façon il n'était pas sûr que ça aurait été la chose à faire. Il y en aurait sûrement d'autres occasions, de meilleures occasions...

Il se passa un bon moment, seulement rythmé par les remarques sur les mouvements des malfrats. Le reste du temps il régnait un silence confortable, complice même.
Quittant momentanément sa cible des yeux, Varig leva les yeux vers le ciel. Il faisait beau, et bon. La ville s'étalait devant eux, et le poids de son arme futuriste devenait familier. Bizarrement, il s'aperçut qu'il se sentait bien, sur ce toit. Apaisé. À sa place, même. Il se surprit même à ne pas penser, un moment, à tout ce qui les attendait. Tous les mensonges, les dangers, les trahisons. Et même tous les remords et les regrets...
Il n'y avait que le soleil et le panorama, la température agréable et la sensation de l'air qui venait remplir ses poumons au rythme de sa respiration.

Cet état de grâce fut brusquement interrompu par le grincement de la porte du toit. Porté par ses réflexes, l'agent réagit immédiatement: il pivota sur lui même et dégaina son pistolet laser, avec laquelle le nouveau venu tomba nez à nez.

-Hé, tout doux Wagner, lança le major Strauss en levant les mains en signe de paix. Ce n'est que moi.

Varig baissa son arme et la rengaina, laissant leur supérieur s'approcher.

-Je ne sais pas si je dois vous féliciter pour cette descente ou vous demander comment vous en êtes venus à aller trouver Chaï Leng en personne, lança ce dernier avec nonchalance.

L'agent se préparait à répondre, mais sa coéquipière fut la plus rapide.

-On était justement en train de se poser la même question, répliqua-t-elle avec sa franchise habituelle.

Strauss lança un regard à Varig, que ce dernier interpréta comme une question silencieuse "elle se fout de moi?"
Son subordonné se contenta d'une moue difficilement déchiffrable et se hâta de changer de sujet.

-Ils ont trois sentinelles sur le toit, résuma-t-il. On a aussi un visuel sur les deux derniers étages du bâtiment, mais ils ont opacifié les vitres. Quand l'assaut sera donné il faudra que l'équipe d'intervention les détruise pour nous dégager la vue.

Le major hocha distraitement la tête, attardant son regard vers Nora. Manifestement il était soucieux... L'agent se demanda brièvement ce qui amenait un officier aussi gradé ici plutôt qu'à superviser les opérations depuis le QG. Voulait-il être proche de l'action ou surveiller ses deux agents à problème, une tête brûlée et un enquêteur des affaires internes?

-Notre aéronef ne devrait pas tarder à arriver. D’ici trois minutes, lâcha-t-il.

L'agent dirigea ses jumelles vers le centre ville, et aperçut effectivement un appareil qui prenait de l'altitude.

-Oh et vous êtes venu voir comment on s’en tirait? demanda Nora avec un soupçon d'ironie. Pas d’inquiétude à avoir je rate rarement une cible.

Strauss mit un genoux à terre à côté d'elle, sortant sa propre paire de jumelles militaires.

-Je suis sûr qu'il y a une foule de gens qui peuvent en témoigner, répondit-il sur le même ton, plus enjoué même. Mais non je ne suis pas venu vous surveiller, seulement profiter du spectacle de près. La milice va réaliser un joli coup de filet aujourd'hui... Rageant qu'on le doive à Chaï Leng.

Varig acquiesça de la tête. Il passait rapidement d'un garde à l'autre, essayant d'en garder autant que possible en visuel pour repérer le moindre signe d'alerte. L'asiatique n'avait aucune raison de les induire en erreur, mais ça ne voulait pas pour autant dire que ses informations étaient fiables.
Soudain une communication arriva dans leurs oreillettes.

-Dague, ici Marteau. Temps estimé avant arrivée: une minute. Êtes-vous prêt à lancer le bal?

Strauss activa son propre communicateur.

-Ici Dague, on est en place. Attaquez à notre signal.

Varig réfléchit quelques instants, avant de s'adresser à Nora.

-Vu que tu es droitière on va faire ça d'est en ouest. Ton premier client est le gars à la coiffure ridicule, à l'extrémité du toit, qui est en train de s'en griller une.

Ils attendirent quelques secondes, dans un décompte silencieux, puis le major tapota l'épaule de Nora.

-À vous l'honneur. Ouvrez le feu quand vous voulez.

Quand elle presserait la détente, un aéronef de la milice sortirait de l'immeuble derrière lequel il se cachait et foncerait vers sa cible dans un parfait silence. Au même moment, deux autres équipes lourdement armées bloqueraient les rues, alors que des drones quadrillaient les égouts sous le bâtiment pour repérer d'éventuels fuyards. L'unité d'assaut débarquerait par le toit et neutraliserait rapidement tout résistance en faisant usage de son arsenal futuriste sans faire le moindre mort. Avec un peu de chance, ce ne serait même pas un affrontement. Les concurrents de Leng n'avaient aucune chance, et Strauss récolterait tous les honneurs.

Et quelques heures plus tard, Nora et Varig seraient dans l'Arène grâce à l'aide des complices du criminel.

La nuit s'annonçait longue.
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26.02.16 17:17

Le fait que son supérieur se mette à côté d’elle ne lui plut pas vraiment. Elle lui faisait plus ou moins confiance -moins que plus en fait- mais c’était pas une raison pour se foutre si près d’elle alors qu’elle devait se concentrer pour ce qui allait suivre. Elle faillit lui lâcher un « De l’air » cinglant mais étrangement, elle s’en abstint. Serait-ce possible qu’elle était en train d’apprendre à fermer sa gueule ? Cette idée la fit sourire et elle écouta la suite de la réplique de Strauss. Evidement, il ne leur dirait pas ouvertement qu’il était venu les surveiller, même si c’était le cas. Bonjour la confiance ensuite non ? Un coup de filet ? Nora émit ce qui ressemblait de loin à un grognement approbateur. S’ils avaient pu se passer de Leng pour réaliser ce coup, il était clair que la milice s’en porterait que mieux. Enfin, dans les grandes lignes, il n’y aurait pas mention du nom du chef chinois dans les rapports. Une source anonyme peut-être ou un informateur mais surement pas la véritable source. Il ne fallait pas déconner non plus. En le sentant se redresse, l’eraser senti ses épaules se détendre un peu et elle laissa échapper un soupir sans même essayer de le dissimuler. Elle reporta toute son attention sur ses prochaines cibles, gardant un rythme cardiaque lent et régulier. Une minute. Ils allaient bientôt pouvoir s’amuser un peu, faire tomber quelques têtes. La ville ne devrait s’en porter que mieux.

« Vu que tu es droitière on va faire ça d'est en ouest. Ton premier client est le gars à la coiffure ridicule, à l'extrémité du toit, qui est en train de s'en griller une. »


Dans la bouche de quelqu’un d’autre, ce commentaire aurait reçu une réplique cinglante ; ce n’était pas une gamine qui en était à ses premiers tirs. Pourtant, elle se contenta d’un faible hochement de tête pour lui signifier qu’elle avait comprit et entendu. Ca venait peut-être du fait qu’elle avait plus d’estime pour Varig que pour certains de ses collègues ? Parce qu’elle avait vu ce qu’il donnait sur le terrain, alors que les autres erasers, ce n’était que du vent à ses yeux. Le temps qu’elle ne pouvait pas constater d’elle-même les performances, elle ne croirait rien. Nora ferma les yeux lorsque la petite tape, presque amicale de son supérieur, arriva sur son épaule. Il lui faisait quoi là ? Pas la peine de se montrer familier dans ce genre de situation. Elle ne serait pas plus ou moins performante. Elle laissa échapper un faible claquement de langue avant d’ouvrir de nouveau les yeux et de mettre en joue sa première cible. En effet, la coiffure était toujours ridicule. Aucun remord de lui tirer dessus... Même s’il ne serait qu’assommé pour quelques heures. Trois hommes. En allant vite et bien, ça ne serait pas un problème.

Nora inspira profondément et lorsque tout l’air fut vidé de ses poumons, elle appuya sur la gâchette. Elle visait la gorge autant qu’elle le pouvait. Le premier, puisqu’il ne s’y attendait pas fut facile à toucher. Quant aux deux autres, le temps que le second se rende compte de ce qui était en train de se passer, il était déjà à genoux sur le sol et l’eraser visait la dernière sentinelle. Pour les minutes qui suivirent, elle ne faisait plus attention à ce qui se passait près d’elle, toute concentrer dans son devoir de neutraliser tous criminels qui passerait dans son viseur. Evidement, elle pouvait aussi entendre des commentaires venant directement dans son oreillette, lui indiquant une cible qu’elle n’avait pas pu voir, dans son angle mort. Elle ne ressentit aucune supériorité à tenir son fusil d’assaut, simplement un sentiment de travail accomplit qu’elle n’avait pas ressenti depuis quelques temps. Fallait avouer que ça faisait toujours du bien à l’estime de se dire que des pourritures allaient se retrouver derrière les barreaux. C’était évidement dommage que tous ne puissent pas suivre le même chemin, mais chaque chose en son temps. Il y aurait bien un jour, où la criminalité atteindrait des pics négatifs. L’eraser y travaillait pour.

Après l’assaut, elle grogna en se redressant et fit craquer dos et genoux comme pour les remettre en marche. Sa vue du également se réadapter à cette vision sans viseur, ce qui lui laissa le temps de ranger l’arme dans la mallette qui lui était réservée.

« J’ai mérité un café, hein ? »
Lâcha-t-elle, plein d’espoir, en direction de son partenaire.

Il ne pouvait pas lui refuser ça ! Elle n’avait rien foutu en l’air dans le bureau de Leng, elle l’avait à peine insulté et même pas menacé de son arme -un exploit !- et elle n’avait loupé aucune cible qu’on lui avait indiqué. Bon évidement, elle se trouvait des arguments alors qu’honnêtement, elle avait simplement besoin de sentir ce liquide amer et chaud lui brûler la gorge pour la préparer à ce qui allait suivre. L’Arène. Les deux erasers allaient pouvoir y pénétrer en un temps magnifiquement record. Dommage qu’ils devaient faire confiance aux connaissances d’un criminel pour ça. Enfin, le temps que ce dernier ne leur demandait pas encore de faire son boulot à sa place, ça lui allait parfaitement !
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