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Le prix de la peur: Quand vient l'Aube
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Varig Cross

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16.05.15 0:20
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Journal


J'ai fermé les yeux. Dormi.
Ou bien est-ce que je dors encore? Mon esprit est si confus, je suis si perdue dans le noir... Est-ce un rêve?
Non. Un cauchemar.

Je suis perdue dans ces ténèbres depuis... Je ne sais pas combien de temps. Je suis terrifiée, mais j'ai oublié par quoi. Les bruits raisonnent dans ma tête, le haut et le bas perdent leur sens. Les ombres sont partout, mouvantes, mauvaises. Je retombe à genoux. A moins que je sois debout? La tête en bas...

Une idée effleure ma conscience. Je dois me rappeler de quelque chose... C'est comme une épave prises entre les vagues déchaînées d'un ouragan. Cette phrase qui apparait aux limbes de mes cauchemars.

Je lutte pour l'atteindre, je combat l'océan de ténèbres, je fixe les lambeaux de mon esprit vers cette illusion. Et elle traverse soudain mes pensées...
Une voix qui me murmure des mots de silence.
Elle me dit que je ne vais pas mourir ici. Que je ne dois pas mourir ici.

J'ouvre les yeux. Ça fait mal, j'ai du mal à respirer.
J'ai faim. J'ai soif, mon corps me brûle. J'ai mal.
Je suis vivante.

Un sol blanc. Je suis attachée. Il y a des traces de sang. Mon sang?
Un miroir... Non, une vitre réfléchissante. On me regarde.
Qui me regarde?
Est-ce que je suis réveillée ou n'est ce qu'une hallucination de plus?
Mon esprit est comme une feuille morte chassée par le vent, qui menace à chaque instant de retourner dans les ombres... Mais je lutte.

Je suis Marie Greene. Je ne mourrais pas ici.
Non je ne vais pas mourir ici.

Je regarde devant moi. Mes yeux se ferment et ma volonté de lutter disparaît, noyée par un océan de douleur.
Sur mon ventre, un monstrueux appareil de métal tranchant plonge dans mes entrailles, comme une monstrueuse bête bourdonnante. Des dents et des griffes s’enfoncent dans mon crane. Mes veines brûlent.

Une voix hurle. Ma voix?
Elle hurle si longtemps...
Et puis tout redevient noir.




23 avril 2213, 8h53
Il reste 22 heures


Varig s'était réveillé avec la désagréable impression qu'un inconnu avait profité de son sommeil pour piquer chaque centimètre carré de sa chair avec des aiguilles. Il resta de longues secondes immobile à grimacer, jusqu'à ce que la sensation reflue et se fasse plus diffuse.

L'agent finit par se frotter les yeux avant de se lever, l'arme au poing. Quelques larmes avaient coulées sur ses joues alors que la piqure se concentrait dans sa rétine. Après quelques secondes l'étrange douleur disparue elle aussi, et il se laissa à nouveau tomber sur le canapé.

Sa nuit avait été agitée de cauchemars à demi-conscient dont il ne gardait qu'un souvenir vague. Pourtant il se sentait reposé, à nouveau capable d'affronter Madison et les obstacles dressés pour faire barrage à l'enquête.

Tenant toujours son pistolet il se laissa aller en arrière, les bras en croix étendis sur le dossier du divan. A mesure qu'il se réveillait une foule de pensées l'assaillaient et il dut faire un tri délicat dans un véritable chaos. Ramener un peu d'ordre dans son esprit lui prit de longues minutes.
Finalement, quand tout eu à peu près retrouvé sa place, il tourna la tête vers le couloir et la chambre de Nora. Elle devait encore dormir. La veille elle semblait plus épuisée encore que lui. Rude nuit. La pire qu'ai connu l'agent depuis Saint-Pétersbourg quelques mois... Siècles plus tôt.
Il chassa cette pensée. Saint-Pétersbourg avait failli être un échec, et causer la destruction du Cabinet Noir malgré son succès. Mieux valait se concentrer sur son travail actuel plutôt que de ressasser de mauvais souvenirs...

En tâtonnant un peu, il diminua l'opacité des fenêtres, assez pour apercevoir un soleil déjà levé et les rues mornes mais paisibles du quartier résidentiel. La journée avait commencée sans eux, et l'orage de la veille avait laissé place à un ciel bleu. La température extérieure affichée sur le verre -étrangement tiède- restait pourtant fraiche. L'été n'était pas encore là...

L'agent décida de profiter du sommeil de la maîtresse des lieux pour utiliser la douche et se changer. Il lui restait juste assez de vêtements propres dans son sac pour ça. Un peu mieux familiarisé avec la technologie de 2213 qu'à son arrivée quelques jours plus tôt il réussi à faire fonctionner l’appareil sans trop de difficultés. Quand il quitta la sale de bain il portait un pull noir vaguement militaire et un jean. Rasé et propre il se sentait frais et dispo. En bien meilleure forme qu'à son réveil il frappa en passant devant la chambre de l'Eraser.

-Nora? Il est temps de se réveiller! lança-t-il en passant.

Il ne s'arrêta pas, pratiquement certain que son éclair de douceur de la veille s'envolerait avec les brumes cotonneuses et agréables d'un repos trop court.
Restait maintenant à savoir ce qu'elle en ferait. Grognerait-elle deux fois plus pour le faire oublier? Cela dépendrait sûrement de son humeur au saut du lit.
Suivant sa mémoire absolue, l'agent traça sur la cuisine et commença à préparer un petit déjeuner. Le café et la nourriture ne seraient pas du luxe, pas seulement pour amadouer la jeune femme. Il était affamé et n'avait rien avalé depuis la veille...

En une minute un liquide sombre exhalait une bonne odeur et une dizaine de pancakes réchauffés gisaient sur une assiettes. Plutôt que de dévaliser le frigo, l'agent avait préféré s'en tenir à des choses qu'il reconnaissait et ne risquaient pas de brûler.

Quand il vit la porte de la chambre s'ouvrir il sourit, du même sourire amusé qu'il avait souvent sur le visage. Un signe de bonne humeur évidente, qui, l'espérait-il, se communiquerait à l'Eraser.

-Salut, bien dormi? demanda-t-il avec un entrain mesuré.

Obéissant à un signal invisible, la télévision s'activa soudain, laissant apparaitre un homme blond dont le sourire brillant aurait put faire griller la caméra.

-... Les évènements de la nuit dernière, lança avec gravité Jimmy Jones un journaliste que l'agent avait déjà vu à l'écran. Tout de suite la déclaration de son avocat, maître William McSwiggin.

L'image fut remplacé par un homme en costume, la cinquantaine, élégant malgré ses cheveux blancs et un léger surpoids.

-Mon client est un homme d'affaire respectable, et toute cette affaire n'est rien d'autre qu'un inqualifiable abus de pouvoir, un ratage complet de la milice! Nous réclamons que toute la lumière soit faite au plus vite sur les bavures de la nuit dernière. Je ferais d'ailleurs une conférence de presse à ce sujet pour midi...

L'image se scinda en deux, tandis que Varig délaissait la nourriture pour s'approcher de l'écran. Le journaliste blond réapparut, doublé dans une autre case par Isabelle la présentatrice de la chaîne d'information. Derrière Jones, l'agent reconnu le quartier général de Leng. Le bandeau titrait "la nuit sanglante: carnage dans l'entre-deux".

-Je rappelle pour ceux qui nous rejoindraient la principale info de la matinée: une descente effectuée par la milice dans un club de l'entre-deux a aboutit à plus d'une demi-douzaine de morts. Tôt ce matin plusieurs autres cadavres ont étés découvert dans un véhicule incendié sur un terrain vague, ainsi que le corps du Major James Lee, assassiné dans son véhicule... La milice nie toute responsabilité dans le carnage. Jimmy que pouvez vous nous dire de plus?

L'agent serra le poing, suspendu aux lèvres des journalistes. Le major Lee, mort?
Des images de cadavres évacués sur des civières bâchées qui flottaient au dessus de la rue et d'un cordon de sécurité d'Eraser autour du club apparurent.

-Eh bien Isabelle, tout ceci est encore assez trouble. La milice n'a encore fait aucune déclaration officielle. Il y a peu d'informations qui circulent, mais comme vous venez de l'entendre par la voix de son avocat l'administrateur du club nie toute implication dans ces tragiques évènements. Une source anonyme au sein des Erasers a en revanche affirmé qu'une lutte entre gangs criminels serait à l'origine de cette flambée de violence. Cette dernière information est à prendre avec prudence mais...

Le visage du journaliste disparu, remplacé par celui de la présentatrice.

-Merci Jimmy, le coupa-t-elle en souriant. Nous reviendrons un peu plus tard sur cette affaire. Tout de suite une page de publicité.

Une musique joyeuse retentit tandis qu'un joli paysage censé vanter les mérites d'un énième substrat chimique emplit l'écran.
Le cerveau fonctionnant à tout vitesse, Varig regardait l'image sans la voir. Pour un agent il y avait peu de choses pire que de voir ses opérations étalées au journal...

-Quelle merde, finit-il par lâcher avec une élégance digne de sa coéquipière.
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25.05.15 2:55


La nuit avait été difficile et bien trop courte à ses yeux. La jeune femme avait commencé à se réveiller, lentement, lorsqu’elle avait entendu du bruit dans son appartement et plus particulièrement dans sa salle de bain. L’espace de quelques secondes, son arme de service s’était retrouvée dans sa main droite, activée et prête à servir. Jusqu’à ce que Nora se souvienne de l’identité probable de l’individu qui était en train de prendre une douche chez elle. Elle n’avait pas l’habitude d’avoir de la compagnie et ça avait bien faillit foutre la merde. Soupirant paresseusement, l’Eraser retomba dans son lit et reposa son arme sur la taie d’oreiller à côté d’elle. Le bon côté, c’était que même avec une nuit courte et agitée, elle avait toujours ses réflexes d’activés. C’était toujours bon à prendre lorsqu’on savait ce qui les attendait pour le reste de la journée. Elle grogna lorsque son regard se porta sur son horloge numérique. Bientôt neuf du matin. Elle n’eut pas le courage de compter combien d’heures elle avait dormi, à tous les coups, ça allait la mettre de nouveau poil. Elle s’étira longuement et grogna de nouveau en entendant frapper à sa porte et les propos de son partenaire. Pour le coup et si l’enquête n’était pas si importante, elle se serait foutu sous la couette et n’y aurait pas bougé de la journée. Malheureusement, ce comportement puéril n’allait pas être toléré et même elle l’exécrait un peu. Elle resta encore une ou deux minutes étendue dans son lit, à regarder le plafond. Une ou deux minutes de calme et de sérénité avant de reprendre le boulot où ils l’avaient laissé. Bon, il faudrait encore qu’elle prenne une douche avant de sortir et un café mais ça ne prendrait pas plus de quinze minutes à tout casser. Alors qu’elle se levait et enfilait un tee-shirt trop grand pour elle comme simple vêtement, couplé à sa culotte, quand même, Nora commença à sentir l’odeur alléchante de son breuvage préféré. Son ventre répondit plutôt au parfum de la bouffe. Chacun ses priorités. En tout cas, elle ne pouvait que remercier Varig pour ce qu’il venait de faire. Pour le coup, elle n’avait aucune envie de lui gueuler dessus pour avoir fait comme chez lui, sans sa permission. A croire que le café avait raison de quelques uns de ses traits de caractères, parfois. Elle sortie de sa chambre, arme à la main, par habitude et se dirigea vers sa cuisine. Peut-être qu’elle aurait dû porter autre chose, mais ce n’était pas là une de ses priorités et puisqu’il n’y avait rien de tout ça entre eux, elle n’allait pas changer ses habitudes. Bien dormi ? Nora haussa simplement les épaules avec un « Autant que toi, je suppose. » comme réponse. Difficile de véritablement bien dormir avec une enquête en cours, qui prenait autant la tête. Ses doigts glissèrent sur son mur, activant la télévision à distance. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle espérait gagner en l’écoutant, mais c’était presque une habitude, pour les fois où elle se réveillait chez elle.

Nora arriva du côté de la cuisine, prenant la tasse que son partenaire avait eut la bonté de lui servir et la porta quasiment aussitôt à ses lèvres, un sourire sur ces dernières, preuve que ça lui plaisait. Accroc à la caféine ? Juste un peu. Sauf qu’elle n’eut pas le loisir d’en boire plus d’une gorgée que les propos débités par le journaliste, reporter ou elle-ne-savait-quoi attirèrent son attention. Elle ne perdit pas une miette de ce qui se disait, sentant son sang ne faire qu’un tour lorsque la milice fut accusée. Cette baleine avait franchement du culot pour leur faire porter le chapeau vu ses activités ! Mais là, c’était surement une autre histoire. La jeune femme avait les mains autour de sa tasse fumante lorsque la présentatrice fut son résumé. Son visage perdit quelques couleurs lorsque l’information sur son supérieur tomba. Le Major. Meurt ? Assassiné ? Putain de bordel de merde. Cette fois, l’Eraser descendit son café d’une traite comme certains le ferait avec un verre d’alcool, se brûlant au passage. Ca ne pouvait surement pas pire tomber comme timing. La remarque de Varig la fit porter son regard sur lui, outre cette charmante exclamation, il n’avait pas l’air heureux par ce qu’ils venaient d’apprendre et de voir.

« Ouais. Je vais appeler mes collègues pour voir ce que ça donne du côté du Q.G. Vois si tu ne peux pas trouver d’autres infos. »
Déclara-t-elle en activant la commande pour gérer la télé, sur le plan de travail de la cuisine.

Elle se rendit alors dans sa chambre, non sans oublier son arme, et activa la communication vers le quartier général. Après avoir donné son numéro d’identification, elle fut mise en ligne avec Evan Miller. Un collègue qu’elle avait plus ou moins l’habitude de côtoyer et sa prise de parole ne se fit pas attendre.

« Bordel Nora, tu étais passée où ? Le Major est mort, c’est le bordel à la milice. Reviens au Q.G sur le champ. »

Evidement. La jeune femme garda le silence quelques instants. Elle ne pouvait pas se permettre de retourner là-bas, pas pour le moment du moins.

« T’es toujours là ? »


« Ouais. » Répliqua-t-elle avec désinvolture avant de reprendre. « Vous avez des pistes concernant le Major ? Qui aurait pu le buter ? »

Evidement, ça faisait surement une liste plus ou moins ligne étant donné son appartenance à la milice, couplée à son rang.

« Des représailles. Vu le nombre de cadavres laissés à ce club, ça ne peut être que ça. Mais ramène toi, on a besoin de tous les agents pour répliquer. »

Ouais, mais... Non. Ca n’allait pas être possible pour le moment. Décidant de bluffer un peu, elle répondit sur un ton égal à elle-même.

« Impossible. Lee m’a mise sur une affaire. Oui, justement parce qu’il m’a coupé toute communication avec le réseau de la milice. C’était fais exprès. C’est pas vraiment une affaire officielle. J’ai besoin de toutes les infos que vous avez sur Lee et ce qu’il a fait avant de mourir. »

Le silence au bout de la communication ne lui plut guère. Et si Miller ne la croyait pas sur parole ? Après tout, même s’il y avait bien un agent de Lee sur le coup, ce n’était pas elle et vu son absence depuis de nombreuses heures alors que la merde s’installait dans leur camp.

« J’ai pas de temps à perdre Miller. Files-moi ces putains d’infos. Plus vite j’ai fini, plus vite je vous rejoindrais. »

« Et ça ne peut pas attendre ? Bordel Nora, on a besoin de tout le monde ici. Sin- »


« Non. C’est lié à l’affaire actuelle mais j’vais pas t’en dire plus. Fais-moi juste confiance. »

Nouveau silence du côté de son interlocuteur. Il était probablement en train de peser le pour et le contre de ce qu’elle venait de dire. Nora brûlait d’envie de lui hurler dessus qu’il se bouge le cul pour lui donner ce qu’elle voulait, mais au lieu de ça, elle commença à sortir ses affaires pour sa douche prochaine.

« Sache alors que le Major voulait coincer Leng depuis un moment. Ca remonte à des années. L’histoire n’est pas très nette et complète pour le moment, les mecs sont dessus. On mettra ça sur le réseau. »


Elle le remercia rapidement avant de se souvenir d’un détail que lui avait communiqué Candrana.

« Dis moi, tu ne saurais pas qui était le coéquipier du Major, à l’époque où il n’avait pas encore son garde ? »

« Pas de mémoire. Pourquoi ? Tu penses que ça pourrait être lui ? »


Evidement, ça n’allait pas être aussi facile de demander des infos sans en donner en retour.

« J’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que j’ai besoin de savoir ça. Rapidement. »

Elle faillit lâcher un s’il te plait mais elle se retint, fallait pas pousser non plus trop loin sa coopération.

« Faites rien de trop stupide les mecs, j’vous rejoins au plus vite. »


*Dès que j’ai retrouvé Marie.*

Nora raccrocha sans plus de cérémonie et se dirigea aussitôt vers sa salle de bain. Elle avait besoin d’une douche, même si maintenant, son cerveau était parfaitement réveillé. Il en allait juste un peu moins pour son corps, encore embrumé de la courte nuit. Dix minutes après son entrée sous l’eau brûlante, elle ressortie, fraiche. Elle s’habilla rapidement, dans le même ton que son partenaire et ressortie en se dirigeant vers ce dernier.
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Varig Cross

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Varig Cross
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29.05.15 13:33
Sofia allait vraiment détester les infos ce matin. L'agent baissa les yeux vers l'omniphone accroché à son poignet, avec la nette impression que l'appareil chauffait. Elle devait avoir laissé des dizaines de messages.
Soudain il se rappela que Esteban, un de ses informateurs de la pègre avait tenté de le contacter la veille. A ce moment il était au prise avec l'urgence et une fois au calme son état d'épuisement lui avait fait oublier ce détail.

-Ouais. Je vais appeler mes collègues pour voir ce que ça donne du côté du Q.G. Vois si tu ne peux pas trouver d’autres infos, lâcha Nora en coupant la télévision.

Elle se dirigea vers la chambre tandis que son coéquipier retournait sur le canapé et posait son omniphone devant lui sur le table basse.
Il inséra une nouvelle batterie dans le petit cube et en tira les extrémités, formant en quelques gestes un petit ordinateur. Un clavier holographique apparut ainsi qu'un écran.
Ignorant les messages de Sofia, il écouta celui d'Esteban. Ce dernier lui proposait d'aller boire un verre, leur "code" pour échanger des informations. Plus tard, décida-t-il.
Il jeta un regard vers la chambre. La voix de Nora lui parvenait, assourdie par le mur. Elle devait téléphoner à un de ses contacts au QG. Avoir une Eraser dans son équipe avait vraiment du bon.

Varig hésita quelques secondes, puis appela sa chef, si on pouvait encore l'appeler ainsi. Il avait frontalement défié ses ordres et coupé toute communication.

Il fallu quelques secondes avant que son correspondant ne décroche.

-Salut Cross, lança la voix de Drake. Tu m'as pourri ma nuit.

L'agent failli claquer de la langue, agacé.

-Je t’offrirai de jolies fleurs pour me faire pardonner. Où est Sofia?
-Occupée. Je te briefe?

Varig émit une onomatopée vaguement affirmative, dont Drake se contenta.

-Si t'as pas vu les infos, le QG de Leng a été pris d'assaut par la milice qui a "trouvé" un tas de cadavres de membres du gang. Arme laser dans la plupart des cas. En gros c'est le bordel total chez les grands pontes jusqu'au conseil. Ça ressemble pas à un règlement de compte, plutôt à une bavure. Ça aurait put se tasser mais ils ont aussi un de leurs gars sur le carreau, le Major... Lee, c'est ça Lee. Du coup les Erasers veulent la peau de la grosse baleine. Qui a pas vraiment l'intention de servir de Moby Dick à la milice...

La référence à un grand classique littéraire dans la bouche de Drake surprit son interlocuteur. Il nota l'information quelque part dans son esprit.

-J'ai vu les infos, lâcha-t-il. Des trucs nouveaux à m'apprendre?
-Les gangs. Leng a des "partenaires". Sauf qu'il est en position de faiblesse. Ça commence à s'agiter... Une putain de guerre des gangs se prépare. Si le gros tombe, ça va faire pas mal de dégâts si tu vois ce que je veux dire. En temps normal il tient son monde, mais avec la milice sur le dos, sa marge de manœuvre est réduite... Sans compter ce "Jack".

L'agent soupira. Magnifique. Il ne manquait plus que ça. Une guerre des gangs.

-La milice va être déployée pour occuper le terrain. Ça va pas te faciliter la tâche, même avec une Eraser dans la poche. Voilà en gros pour la situation.
-Et concrètement pour nous? Quelle position a adoptée l'organisation...?

Il y eu quelques secondes de silence. Ce "nous" ou encore l'évocation de "l'organisation" étaient peut-être déplacés, mais il tenait à montrer sa bonne volonté malgré les événements de la nuit.
Varig attendait le visage tendu, redoutant qu'on change sa mission. Marie Greene n'était peut-être plus la priorité de Sofia.

-Tu n'as pas besoin de le savoir. Tes ordres restent les mêmes. Et si tu peux mettre la main sur ce Jack... Remet le nous. Ni Leng ni la milice ne doivent s'en emparer. On gère le reste.
-Compris.

Drake coupa la communication. Au même moment la porte de la chambre s'ouvrit, laissant le passage à Nora. Elle ne fit qu'une apparition, toujours aussi courte vêtue qu'un peu plus tôt, disparaissant dans la salle de bain.

Alors que l'eau commençait à couler, Varig chaussa ses lunettes de réalité augmentée et se connecta à différents sites d'information en continue. Il survola différents articles, quand une phrase retint son attention. Il plissa les yeux et suivit cette nouvelle piste.
Quelques articles plus tard il plissa les yeux, ayant enfin trouvé ce qu'il cherchait.

-Peter Ward... murmura-t-il.

Il rédigea rapidement un message et l'envoya à Drake. Il n'avait plus le luxe de se passer de leur aide et mieux valait donner des gages de bonne volonté.

Puis il se laissa aller en arrière en regardant les articles qui flottaient tout lui dans l'appartement. Ses yeux étaient perdus dans le vague, alors qu'il laissait les nouvelles pièces du puzzle se mettre en place dans son esprit. Tout devenait soudain beaucoup plus clair, et en même temps soulevait de nouvelles questions.
C'est à peine s'il entendit Nora sortir de la salle de bain, ne s'apercevant de sa présence que quand elle ne fut qu'à quelques pas du canapé.

-J'ai trouvé Jack, annonça-t-il en scrutant ses réactions. Candrana ne t'avais pas mentit en fin de compte...

Il tourna l'écran holographique de l'omniphone vers elle puisqu'elle ne pouvait pas voir la réalité augmentée sans ses lunettes, laissant apparaitre une photo d'un Eraser en tenue de parade qui les regardait d'un air sérieux. Ses yeux étaient d'un vert profond. Le genre difficile à oublier même sans mémoire absolue. Le même regard qui l'avait fixé en le privant d'oxygène jusqu'à ce qu'il sombre dans son pire cauchemar à l'appartement de Candrana.

-J'ai fait quelques recherches. Il s'appelait Peter Ward. C'était un Eraser et un Evolve qui travaillait avec le major Lee comme coéquipier. C'est lui qui a écrit son discours d'hommage pour sa nécrologie.

L'agent saisit un autre article pour le faire passer au premier plan.

-Peter Ward est officiellement mort en service il y a trois ans dans l'explosion de sa voiture. Un des lieutenants de Leng est tombé pour ça, et à peu près la moitié de son personnel le plus violent. Le gros a dut s'en tirer en lâchant du lest. Ça manque de détails, mais ça correspond à la version de Candrana. Pour un mort, l'officier Ward se porte remarquablement bien. Et il a une bonne raison d'en vouloir à Leng...

Il se leva pour laisser sa coéquipière accéder librement aux articles exposés sur l'écran holographique.

-Essayons une hypothèse. Il y a trois ans Lee et Ward veulent faire tomber Leng mais n'aboutissent pas faute de preuves. Ils mettent en scène la mort de Ward et la collent sur le dos de leur baleine blanche, commença-t-il en reprenant sans vergogne l'expression de Drake. Sauf que ce dernier manœuvre habilement pour faire échouer leur tentative et s'en tire. Ward reste planqué quelques temps, mais son échec tourne à l'obsession. Il met en scène ces enlèvement pour permettre à Lee d'enquêter sur Leng depuis sa nouvelle position. Ça explique pourquoi on ne trouve pas les corps, pourquoi le dossier d'enquête est vide et pourquoi il nous a épargné. Sa guerre est dirigée contre le gang, pas contre les autres, et Lee nettoie ses traces. Un vrai fantôme...

Réfléchissant au fur et à mesure il se mit à faire les cent pas.

-Marie a dut découvrir quelque chose qu'elle n'aurait pas dut découvrir. Pour Lee c'était facile de piéger discrètement sa subordonnée en l'envoyant chez Candrana, Samuel Greene nous a dit que c'était son chef. Quelque chose a dut mal se passer, et ils ont eu peur que le témoin de l'enlèvement ne reconnaisse ce fantôme. Ensuite tout c'est accéléré... D'où la descente et tous ces efforts pour la récupérer. Le meurtre de Lee... D'après les articles il a été abattu par une arme laser dans sa voiture. Dans sa voiture... Exactement comme Ward. Une mise en scène? Ou peut être la vengeance de Leng? Ce qui est bizarre c'est que le meurtre a eu lieu avant qu'il ne récupère Candrana.

Il s'arrêta, tirant les conséquences de sa théorie. Il passa sous silence une question pourtant essentielle: pourquoi Sofia se mêlait-elle de cette affaire? Pourquoi se concentrer sur Greene si Ward était la clé de tout? Et si Ward avait travaillé pour l'organisation comme lui?
Mais ça Nora n'avait pas besoin de se le demander.

-Si Leng fait cracher Candrana il sait pour Ward. Et qu'un ex-Eraser Evolve sans existence légale n'a pas put organiser ça seul. Avec Lee c'est sa seule piste qui disparait... La bonne nouvelle c'est que les filles enlevées et Marie doivent toutes êtres en vie. Mais si Leng met la main sur Ward, ou qu'il le tue... On perds notre seule chance de savoir où elles sont. Si on veut sauver Marie et toutes les autres il faut le retrouver avant eux! conclut-il.

Il se tourna vers sa coéquipière, les yeux brillants. Enfin ils avaient un objectif, enfin ils pouvaient comprendre.

-T'es avec moi? demanda-t-il.
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16.06.15 17:42


Voir un homme sur son canapé, aussi décontracté avait quelque chose de perturbant. Mais ce n’était plus vraiment l’heure pour ce genre de réflexion. Ils avaient autre chose à faire, de bien plus important. Elle s’assit presque sur le rebord de son canapé, de profil face à Varig et son sourcil droit se leva devant une telle révélation. Trouvé Jack ? Si cette information aurait dû lui plaire, ce n’était pas totalement le cas. Comment avait-il fait pour trouver maintenant ? Ses supérieurs ? Ou les Erasers étaient des incapables pour le coup ? Elle lui fit un signe de tête comme pour l’enjoindre à continuer sur sa lancée. Nora voulait en entendre plus et pourquoi pas, ses hypothèses ? Elle regarda la photo qu’il lui montra et elle fronça les sourcils. Difficile d’oublier la raclée qu’elle s’était prise par de tels yeux. Elle le détailla des pieds à la tête, hochant sensiblement cette dernière pour confirmer l’identité de ce Jack. Sa corpulence allait de paire. La jeune femme écouta attentivement les explications trouvées par Varig, c’était rare qu’elle soit aussi sérieuse mais parfois, il le fallait. Involontairement, elle fronça les sourcils en entendant que ce mec avait été un Eraser mais surtout un Evolve. Que foutait la milice pour laisser ce genre de type rentrer dans leur rang ?! Putain. La fin de la phrase de son partenaire passa aux oubliettes. Ce n’était pas le moment de s’énerver pour quelque chose qui était déjà passé.

« Des infos sur son pouvoir ? »
Demanda-t-elle une fois calmée.

Pour l’avoir affronter, tous les deux, peut-être qu’à défaut d’avoir de réelles informations dans X dossiers, ils pourraient voir des similitudes et en tirer une conclusion ? La seule chose qu’elle se souvenait en ayant rencontré ce type, à part avoir mangé la poussière, c’était qu’elle avait revu ce jour. Une coïncidence ? Surement pas. Et pour le coup, elle était intriguée de savoir si Varig avait lui aussi été confronté à un passé douloureux. Si oui, lequel ? Nora ferma les yeux quelques instants. Ce n’était pas vraiment le moment de se poser ce genre de question. Et encore moins sur le compte de son partenaire de fortune. Pour le coup, elle en oubliait presque l’évènement qui s’était passé entre lui et ses collègues. C’était pas vraiment bon. Il ne faisait pas parti de la milice et ils n’étaient qu’associés temporairement. Il fallait croire que cette affaire l’affectait sur plusieurs plans. Fait chier. Heureusement que l’intéressé reprit la parole pour continuer sur sa lancée. L’Eraser lut en diagonale l’article qu’elle avait devant les yeux et détailla la photo qui l’accompagnait en écoutant les propos de Varig.

« Une bonne raison d’en vouloir à Leng ? Si c’est cette tentative de meurtre, ya pas à fouetter un chat. Pour chercher à faire tomber ce type, il fallait s’attendre à ce qu’il ne reste pas sans rien faire de son côté. »
Lâcha-t-elle. Pas vraiment touchée par le fait qu’un ex membre de la milice ait été prit pour cible.

Probablement parce qu’il s’agissait d’un Evolve également. Il y avait des limites à sa compassion. Et elle se foutait royalement de ce que Varig pouvait penser d’elle à cet instant. Elle avait des principes et bosser avec ou sous les ordres d’un être qu’elle exècre depuis des années, ça n’en fait pas parti. Elle attrapa alors l’objet pour pouvoir faire défiler ce que son partenaire avait déniché. Dire qu’ils n’avaient ça que maintenant. Ca faisait quand même chier. Un jour, ce serait pas mal, d’avoir une affaire simple à résoudre où une vie n’était pas en jeu. Ca changerait. Nota buta sur sa description de la baleine. Pourquoi blanche ? Leng était loin de porter cette couleur. C’était une référence qu’elle ne captait pas ? Probablement et dans le pire des cas, elle lui demanderait des précisions, si ça devait avoir son importance. L’Eraser se souvint alors d’un terme que lui avait dit le major Lee de laisser tomber l’affaire de Marie parce qu’il avait un homme de confiance sur le coup. Alors il parlait de ce Ward ? C’était plausible mais elle n’aurait pu la possibilité de le confirmer. Elle continua d’écouter Varig, se faisant ses propres réflexions silencieusement.

« Aller jusqu’à faire enlever Marie pour ne pas qu’elle parle de ce qu’elle a découvert ? Sous témoin justement. C’était pas très malin de leur part. »
Commenta-t-elle.

Pourquoi ne pas tout simplement avoir fait arrêter Marie, pendant quelque temps ? Ca aurait été beaucoup plus simple. Du moins, en théorie. En pratique, c’était autre chose. Nora acquiesça pour la suite de son hypothèse.

« Le problème c’est qu’il attire beaucoup trop l’attention sur lui. Et avec Lee qui n’est plus là pour nettoyer derrière lui, c’est dangereux de sa part d’agir en solo. Qu'est-ce qu'il cherche en faisant ça ? Leng ne doit pas si stupide... »


Ou alors il était très sûr de lui.

« Et si c’était Ward qui avait descendu Lee ? Parce qu’il se sentait trahit ? Il était censé être le seul à s’occuper de la baleine et voila que Marie et ensuite moi, on s’incruste dans cette histoire... Alors que c’est sa mission... Et puis, je vois mal le Major se faire tirer dessus, dans sa voiture par un inconnu. La situation n’était pas à l’imprudence, il devait forcément connaitre son meurtrier. »


Lui communiqua-t-elle sans aucune preuve. C’était bien là tout leur problème. Ils ne faisaient qu’émettre des suppositions qui ne tenaient même peut-être pas la route. Elle écouta le reste, hochant vaguement la tête alors qu’une autre interrogation lui venait à l’esprit. C’était bien beau tout ça, une histoire de gang et d’Erasers... Mais...

« Et toi là dedans ? Qu’est-ce que tes supérieurs.. Employeurs, ont à voir avec Marie ? Je ne comprends pas la valeur qu’elle a pour eux. Ils seraient plus gagnants d’avoir Candrana s’ils veulent des infos... A moins que Marie bosse pour eux ? »


Sa dernière question était davantage rhétorique qu’autre chose. Mais Nora ne comprenait vraiment pas ce que foutait Varig dans cette histoire. S’il avait été de la milice, elle aurait comprit. Là... Ce n’était pas le cas.

« Tu me caches des choses Varig ? » Sans cacher ses suspicions à son encontre.

Voila, qui était dit. Quant à savoir si elle était avec lui ou non pour la suite...

« Evidement que je suis avec toi. » Déclara-t-elle presque naturellement.

Même s’il n’était pas tout à fait honnête avec elle, Nora n’était pas assez stupide pour ne pas voir qu’il était d’une aide non négligeable. Et même si elle n’apprécierait pas ses cachoteries, elle concevait parfaitement qu’ils n’étaient pas de véritables partenaires et qu’il ne lui devait rien.


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Varig Cross

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17.06.15 23:42
L'échange d'hypothèses entre les deux coéquipiers de circonstances leur avait certainement permis d'y voir un peu plus clair. Mais les clés de l'énigme leur manquaient encore pour atteindre la vérité...
La spontanéité avec laquelle l'Eraser se déclara partante pour poursuivre l'enquête ne surpris pas l'agent. Elle était déjà allée très loin pour sauver son amie et collègue. A moins qu'elle ait elle aussi des motivations cachées? Non, sûrement pas. Il l'avait sélectionnée à dessein, sans lui laisser le temps de se répandre en machinations.
Elle semblait lui faire confiance, de façon limitée. Autant qu'il comptait sur elle, rapprochés par les difficultés et les dangers. Varig croisa les mains dans son dos, et se tourna vers le paysage de la ville, masquant ainsi l'ombre qui passa sur son visage.

Il se sentait froid et fatigué, comme vide d'émotions.

La base du travail d'espion, si on ôtait tous les artifices, tout le romanesque, c'était de trahir la confiance qu'on avait préalablement gagné. En mentant et en manipulant le plus souvent. Il haïssait cet aspect de sa vie, mais il était pratiquement né pour ça. Pour faire ce qui était nécessaire, sans même la sensation rassurante d'avoir bien agit. Rien que l'étreinte glacée du devoir.
Derrière ses lunettes, ses yeux bleus se fermèrent une seconde. Faire ce qui est nécessaire. Faire son devoir. Aucune chaleur dans ses mots froids comme une lame et qui avaient tailladé son âme. Saint-Pétersbourg revenait à sa mémoire, encore. Et combien d'autres fantômes qu'il avait trahis ou abandonné alors qu'ils lui faisaient confiance?
L'agent observa son reflet dans la vitre et se demanda froidement s'il devrait recommencer avec l'Eraser.
Plus il avançaient, plus il les cadavres s'entassaient. Quoi que soit l’enjeu de la partie qui se jouait, de nombreuses personnes étaient prêtes à tuer pour l'emporter.

Il ferma les yeux. Trouver Marie Greene, obéir aux ordres de Sofia. Et ensuite? Trop de zones d'ombres demeuraient pour espérer répondre à cette question.

Pour le moment il n'avait pas d'autre choix que de marcher résolument vers la solution.

A nouveau souriant, le visage et le corps détendu il se retourna vers Nora. Il pensait avoir suffisamment contrôlé son langage corporel pour qu'elle ne suive pas ses pensées, ou les mettent sur le dos d'autre chose.

-Lee ne nous dira pas ce qu'il savait, mais si j'ai bien étudié votre système on a peut-être nos chances de mettre la main sur notre "justicier" avant qu'il ne passe à la suite de son plan. En tant qu'Evolve puçé un de vos scientifiques a dut le suivre, pendant des années probablement. Si quelqu'un peut nous en dire plus sur Peter Ward...

Il laissa le soin à la jeune femme de compléter sa pensée et marcha à travers l'appartement pour récupérer ses affaires, sans oublier son précieux omniphone auquel il fit reprendre son format d'origine.

-On va gagner du temps en se séparant. Un de mes contacts a peut-être du nouveau. Ce n'est pas un grand fan de la milice, autant y aller seul pendant que tu t'occupe d'aller au centre de recherche.

L'agent ne jugea pas utile d'ajouter que les lieux étaient trop gardés et surveillés pour qu'il y mette lui même les pieds. l'idée de se balader aux côtés d'un criminel recherché sous l’œil vigilant de dizaines de caméras ne devait pas non plus enchanter l'Eraser.

-Le premier qui a quelque chose contacte l'autre, conclut-il en se dirigeant vers la porte.

Juste avant de sortir, il se ravisa et se retourna pour lancer:

-Merci de m'avoir hébergé... Et sois prudente.

Sur ces mots il quitta l'appartement, un infime sourire aux lèvres. Mais ses yeux eux, étaient glacés. Cela faisait trop longtemps que son esprit fonctionnait sur plusieurs niveaux à la fois.
Il ne jouait pas un rôle, il appréciait sincèrement l'Eraser. Pourtant il la mettrait hors jeu sans hésitation si nécessaire, et même s'y préparait. Et pour ça il ne lui suffirait que de la demi-seconde où sa confiance en lui se battrait avec le besoin de se défendre.



Une fois dans la rue, il pianota un message pour fixer un rendez-vous à Esteban, son contact dans la pègre. Puis il appela ses employeurs pour la deuxième fois en moins d'une heure.
Cette fois, Drake décrocha avec célérité.

-J'ai identifié Jack, annonça-t-il avant que son correspondant ne parle.
-J'écoute, répondit son interlocuteur avec son laconisme habituel.

L'agent ne se formalisa pas de son manque d'enthousiasme. Il n'appelait pas pour recevoir des fleurs.

-Il s'agit de Peter Ward, Ex-Eraser et Evolve officiellement mort il y a deux ans.

Il y eu quelques secondes de silences, puis un ordre incompréhensible donné d'une voix sèche.

-C'est confirmé? finit-il par lâcher d'un ton aussi aimable que celui d'un dogue allemand s'adressant à un intrus.

Varig leva les yeux au ciel, agacé.

-Évidemment. Tu c...

Avant qu'il n'ajoute quoi que ce soit, Drake raccrocha.
L'agent resta une seconde interdit et s'arrêta sur place, surpris de cet empressement. A moins que Drake ne soit d'un plus mauvaise humeur que lors de leurs dernières missions? Possible, sinon probable. Il avait parlé d'une mauvaise nuit...

Varig haussa les épaules et se remit en marche.

Presque aussitôt son omniphone se remit à sonner.
Drake.
Agacé, l'agent décrocha.

-Varig? Ici Sofia. Ward, c'est confirmé? J'ai besoin de savoir exactement comment tu es parvenu à lui.
-Je vais bien, merci de demander, railla son correspondant pour passer ses nerfs.

Un soupir agacé se fit entendre à l'autre bout du fil.

-On a remonté la piste laissée par Candrana, et identifié l'individu d'après photo. C'est lui.

Un silence pensif lui répondit, et pendant une seconde il craignit de se faire raccrocher au nez. Mais sa supérieure finit par reprendre la parole:

-Excellent. On se rapproche. As-tu besoin de quelque chose?

L'agent hésita à répondre "une bonne nuit de sommeil", mais jugea plus prudent de rester professionnel.

-Mille ou deux mille dollars. J'ai un informateur qui aime les sommes rondes.
-Bien sûr, approuva distraitement Sofia, comme s'il venait de demander un nouveau stylo. Autre chose?

Il décida de pousser son avantage.

-J'ai besoin de savoir pourquoi nous cherchons Marie Greene. Et comment tu as établis le délais de 48 heures.

Cette fois sa demande rencontra un silence lourd. A nouveau Sofia soupira, et il crut détecter de la lassitude dans sa voix. Apparemment il n'était pas le seul à avoir passé une mauvaise nuit.

-Je te l'ais déjà dit. Tu n'as pas besoin de le savoir...

Elle hésita, puis ajouta.

-Je vais être franche, on ne te fais pas suffisamment confiance pour te donner certaines infos.

L'agent garda un ton égal et répondit avec aplomb:

-Est-ce que c'est Greene qui bossait pour vous, ou Ward?

Avec une sécheresse et une autorité qui le surprit, Sofia lâcha:

-Ça suffit Cross.

Étrangement, ces trois mots le firent aussitôt taire. Soudain la voix de sa supérieure était devenue assez glacée pour s'imposer sans effort à n'importe qui ou presque.

-Remplissez votre mission agent. Et contactez moi si vous avez du nouveau. C'est clair?

Varig serra l'omniphone dans son poing. Aussi désagréable que soit ce rappel à l'ordre, il était exact et justifié. Il n'y avait rien d'autre à faire que d'obéir.

-Oui madame, lâcha-t-il entre ses dents, détachant chaque mot.

Apparemment satisfaite, elle ajouta:

-Vous faites du bon travail agent Cross. Si ça continue vous pourriez bientôt être un des nôtres.

Sans attendre de réponse, Sofia raccrocha.
Son correspondant resta immobile une bonne minute, le visage indéchiffrable.

Un des nôtres.

Puis il se remit en marche. Il avait un rendez-vous qu'il ne voulait pas manquer.
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18.06.15 3:17


Rien. Aucune putain de réponse de sa part. Juste un silence qui s’étendit dans tout l’appartement. Nora sera les dents devant cette réalité. Elle détestait faire équipe avec quelqu’un en qui elle ne pouvait pas avoir totalement confiance. Oui, il l’avait sorti de ce club alors qu’elle était dans un état lamentable. Mais c’était probablement davantage pour lui qu’il l’avait fait. L’Eraser se passa une main sur le visage, et coinça l’arrêt de son nez entre son pouce et son index. Ca ne serait strictement à rien d’avoir ce genre de pensées parasites. Elle savait pertinemment ce qu’était Varig et surtout, ce qu’il n’était pas. Qu’est-ce qu’elle espérait, au juste ? Une fois cette affaire terminée, elle allait avoir besoin de vacances pour se remettre d’aplomb. La femme ne chercha pas à prendre la parole pour l’enjoindre à lui répondre. Ca ne servirait à rien et elle ne ressentait pas le besoin de parler. Elle se contenta donc de le regarder, de dos. Pour le coup, elle aurait apprécié pouvoir savoir ce qu’il pensait. Elle chassa rapidement cette idée de sa tête, penser qu’un Evolve pouvait avoir cette faculté... L’Eraser le détailla des pieds à la tête mais elle ne chercha pas à lire en lui. De toute manière, elle n’était surement pas assez bonne pour ça, ou objective. Elle ne lui rendit pas son sourire, lorsqu’il finit par lui faire face. Ils n’avaient pas besoin de ce genre d’artifice entre eux. Qu’il se donne cette peine exaspérait Nora, qui garda pourtant le silence. Ce qui suivit était clair et logique, aussi hocha-t-elle la tête pour lui faire comprendre qu’elle était du même avis. Et même si la dernière fois qu’ils s’étaient séparés, ça avait mal tourné -la fois d’avant aussi d’ailleurs- elle ne chercha pas à le contre dire. Varig du côté des labos ? Avec les contrôles et caméras qui trainaient ? C’était la meilleure solution pour foutre en l’air leur mission.

« Je m’en occupe. » Répliqua-t-elle pour sceller le sujet.

Nora le regarda avancer dans son appartement, ne se faisant pas à l’idée d’avoir laisser quelqu’un dormir chez elle. Ce qui aurait pourtant dû ne pas la préoccuper tant que ça. Ce n’était pas bon, elle n’était pas assez concentrée et ça ne pouvait que lui jouer un mauvais tour. Fait chier. Hochant la tête pour sa remarque concernant le partage d’informations, elle fut néanmoins surprise de le voir s’arrêter à la porte. Il avait encore quelque chose à lui dire ? Elle pensait pourtant que tout avait été dis. Merci et sois prudente ? Il ne pouvait pas faire plus bizarre comme instant. Elle n’avait pas eu vraiment le choix que de l’héberger. Même elle, elle n’aurait pas pu se résoudre à le foutre dehors pour la nuit. La suite était plus étrange à cause du contraste qui se lisait sur le visage de son partenaire. Son sourire laissait supposer qu’il pensait ce qu’il disait. Mais ses yeux n’exprimaient rien. Comme un avant de goût de ce qui pourrait se passer s’ils venaient à ne plus bosser ensemble.

« Evidement. » Répondit-elle avant que la porte ne se referme.

Dans le fond, elle le remercia de l’avoir regardé ainsi. Pour ne pas lui faire oublier avec qui elle bossait pour le moment. Qu’elle ne devait surtout pas prendre à la légère cet homme. Mais se remettre à douter de lui maintenant, serait de la pure stupidité. Elle verrait ça quand Marie sera sauve.

L’Eraser alla dans sa cuisine, se servit une autre tasse de café avant de mettre son holster et sa veste. Ranger son arme à l’endroit prévu. Cette sensation de l’avoir contre elle lui fit du bien mais savoir qu’elle en avait encore besoin la fit grimacer. Jurant entre ses dents, elle quitta à son tour son domicile. Direction le Centre de Recherche. Elle prit un taxi pour s’y rendre, mettant à profit ce laps de temps pour réfléchir. Comment Ward avait pu se laisser emporter dans cette histoire ? A ce point ? Et pourquoi Lee ne l’avait pas arrêté plus tôt ? Ils n’avaient rien pu faire à l’époque. Pourquoi ça serait différent maintenant qu’il était seul sur le terrain ? Nora soupira alors que ses yeux se portèrent sur le paysage qui défilait devant ses yeux. Elle était lassée de cette mission et du bordel qu’elle produisait. C’était exactement ça : comment cette affaire avait pu autant déborder en si peu de temps ? Elle regarda son bracelet pour y lire l’heure. Il leur reste une petite vingtaine d’heures avant que le compte à rebours donné par Varig ne soit à zéro. Ca ne faisait que le double qu’ils bossaient sur l’affaire et l’Eraser avait l’impression que ça faisait des semaines. Elle jura au moment de descendre, payant rapidement en passant son bracelet devant l’écran. Elle reçu un dossier d’Evan Miller, le collègue avec lequel elle avait parlé plus tôt dans la matinée. Il lui filait un dossier, sur Peter Ward, ce que la milice savait sur lui. Et notamment, le nom du scientifique qui s’était occupé de lui pendant des années. Roan Corbyn. Elle nota cette information dans un coin de sa tête alors que ses yeux lisaient en diagonale le dossier. Elle apprit rapidement qu’il avait fait équipe avec Lee pendant des années. Mais elle ne prit pas la peine d’en lire davantage. Pour le moment, elle devait aller voir ce Corbyn.

Arrivée devant le grand bâtiment, elle resta quelques secondes à le regarder et soupira. Elle n’appréciait pas spécialement cet endroit. Non pas pour ce qui pouvait être fait sur les Evolves, mais bien parce qu’il y avait ce genre d’individu. Cette pensée lui donna un frisson le long de l’échine et elle porta sa main instinctivement à son arme, pour la toucher du bout des doigts. Pestant de nouveau, la femme se dirigea vers l’entrée du bâtiment. Elle brandit son bracelet avec son identité et surtout son statut. Eraser. Une fois à l’intérieur, elle se dirigea aussitôt vers la réception. Il y avait une petite queue mais elle s’en cogna totalement et arriva au comptoir sous les remarques et regards furieux des personnes qui attendaient. La réceptionniste la regarda elle aussi surprise et Nora pouvait presque savoir ce qu’elle pensait « elle n’est pas gênée celle-là. » Pas le moins du monde. Elle fit comme précédemment, montrant son identité, comme si ça pouvait lui ouvrir toutes les portes. Pas toutes, mais une bonne partie, notamment lorsqu’il s’agissait d’Evolve. Et pourquoi une membre de la milice se pointerait ici si ce n’était pas une question d’Evolve ?

« J’ai besoin de parler à un scientifique de la branche E.E. Corbyn. Rapidement. »


S
a voix ne laissait pas la place à la contradiction. Elle n’avait peut-être pas de rang au sein de la milice -et c’était surement mieux- mais elle savait se faire comprendre. Nora vit la jeune femme appuyer sur un bouton ou deux de l’appareil à son oreille.

« Désolée de vous déranger mais un Eraser voudrait vous parler... Oui... Oui... Très bien Monsieur. »


Nora espérait pour cette fille que la réponse serait positive. Elle n’était pas forcément d’humeur à patienter et sortir son arme pour menacer la réceptionniste ne ferait pas avancer les choses plus rapidement. Même si c’était très tentant.

« Monsieur Corbyn va vous recevoir d’ici une trentaine de min- »


« Son bureau ? » La coupa sèchement Nora. Elle pensait vraiment qu’elle allait attendre une trentaine de minutes ? Elle avait vu jouer ça où ? « Répondez ou je vous fais bouffer vos dents. »

Voila, on en venait quand même aux menaces ! Alors qu’elle était encore plutôt calme. L’Eraser vit la femme déglutir, comme si elle prenait la menace au sérieux alors que l’homme qui était en train de lui parler avant son arrivée essayait de prendre sa défense.

« Vous n’avez pas le droit de la menacer de la sorte. C’est intolér- »


Il se tut en voyant le regard de Nora. S’il commençait à vouloir jouer au bon samaritain, il aussi, il allait bouffer ses dents. Et cela dû se lire dans ses yeux froids parce qu’il se recula d’un pas. Voila qui était mieux. Affichant un sourire satisfait, elle reporta son attention sur la jeune femme qui avait pâlit entre temps.

« Alors ? » La pressa-t-elle avant de lever les yeux au plafond.

Cette fille était du genre à se faire bouffer par plus dominant qu’elle et ne cherchait même pas à changer ça. Bafouillant maladroitement, elle parvint tout de même à lui sortir l’étage et le numéro du bureau de ce Corbyn.

« Merci ~ »

Ce n’était pas si difficile en fin de compte ! Pestant de nouveau, elle prit la direction de l’ascenseur. Elle n’aimait pas spécialement ça, mais ça allait plus vite et elle préférait ne pas faire plus d’effort que nécessaire. A tous les coups, elle faisait bien de se préserver. Arrivée devant le bureau, elle prit tout de même la peine de frapper -chose presque étonnante- et clencha aussitôt. Porte fermée. Qui fermait sa porte dans un endroit pareil ? Jurant, elle donna un coup de pied dans la porte, ignorant les regards de quelques individus plus loin dans le couloir. Il rigolait là ? Il n’allait quand même pas la faire attendre ces trente putains de minutes ? Alors qu’elle commençait doucement à s’énerver, un homme vint dans sa direction et vu le regard qu’il posait sur elle, il n’avait pas envie de la dépasser.

« Bonjour, je présume que vous êtes l’Eraser qui souhaite me voir ? »

« Non, je suis une pute qui fait sa tournée matinale. » Répliqua-t-elle avant de lever une main pour faire un vague signe pour lui indiquer de laisser tomber et lui montra son insigne d’Eraser.

« On peut entrer ? J’ai des questions urgentes à vous poser et je n’ai pas de temps à perdre. »

Surprit, tant par son attitude peu avenante que sa brusquerie, le scientifique lui ouvrit cependant. Il voulu la laisser passer avant lui mais le regard de Nora dû lui faire comprendre que ce genre de comportement n’avait pas lieu d’être avec elle. Ce qu’elle pouvait être conne quand elle voulait... Bref, Corbyn prit place à son bureau alors qu’elle inspectait du regard l’endroit après avoir fermée la porte. L’Eraser se posta sur le côté, pour ne pas donner directement son dos à cette dernière.

« Que puis-je faire pour vous ? »


Voila, il en venait au fait ! Ils allaient pouvoir s’entendre !

« J’aimerais avoir tous les renseignements que vous possédez sur Peter Ward. Antécédents en tant qu’Evolve et tout ce qui va avec. »


Le regard du scientifique se mit à briller, comme s’il se mettait maintenant sur la défensive. Parce qu’elle l’attaquait sur son terrain ? Allons bon, pourquoi d’autre serait-elle venue dans ce cas ?

« Je crains que ce ne soit pas possible Mademoiselle.... »

« Stampton. » L’informa-t-elle avant de se rapprocher du bureau. « On va pas tourner autour du pot. Si vous ne me donner pas ces putains d’infos, une Eraser va mourir et probablement quelques autres filles avec. Voulez-vous voir ce soir au journal télé ce massacre ? En sachant que vous auriez pu faire quelque chose pour l’empêcher ? »

La voix de Nora était froide mais claire. Même si Varig avait peut-être raison concernant le souhait de Ward de faire tomber Leng et non pas les filles, rien ne garantissait qu’il allait les garder en vie trois cent sept ans. Et Marie était sa priorité. Soudain mal à l’aise, comme s’il cherchait à savoir si l’Eraser disait la vérité, cette dernière le coupa dans ses réflexions silencieuses.

« Ne m’obligez pas à m’énerver Mr Corbyn. Je ne suis pas d’humeur à perdre du temps en sachant qu’une collègue risque de mourir dans les heures qui viennent. »


Peut-être que son interlocuteur décela une pointe d’émotion dans ses propos, quoi qu’il en soit, il hocha la tête et commença à pianoter sur son ordinateur en même temps qu’il se mit à parler.

« L’agent Ward était un patient des plus intéressant. Sous tous les aspects. Un spécimen que j’aimerais retrouver... »
En jetant un coup d’oeil à Nora, il comprit que ce n’était pas ce qu’elle voulait savoir. « Son pouvoir s’est déclenché lorsqu’il faisait équipe avec l’agent Lee, maintenant Major. »

« Maintenant mort surtout. » Le coupa Nora avant de lui faire signe de continuer. « Son pouvoir ? Faiblesses ? Contrecoup ? »

Peu satisfait de la voir si peu émotive, Corbyn reprit néanmoins ses explications. L’informant ainsi qu’ils avaient affaire à un individu puissant, qui pouvait faire revivre le pire souvenir à son adversaire. L’Eraser eut un frisson le long de son dos. Alors c’était bien lui ? Qui lui avait fait revivre ce moment ? Elle déglutit sans faire attention. Ce qui attira l’attention du scientifique.

« Vous ne pouvez pourtant pas l’avoir rencontré... Il est mort. »


« Tsss. Continuez plutôt votre discours. »
Répliqua-t-elle pour couper court.

Elle apprit ainsi que Ward aussi revivait son pire souvenir, à chaque fois. Merde alors. C’était hard comme truc. Mais ça s’accompagnait également de stress exacerbé et faiblesses physique.

« J’avais noté, à l’époque, qu’il semblait être sujet à des tendances obsessionnelles. Mais je n’ai pas eu l’occasion de déterminer si j’avais vu juste ou non. »


« Et son pire souvenir, c’était quoi ? »


Comme s’il revoyait une scène devait ses yeux, Corbyn eut un sourire étrange. A la limite entre la compassion et la fascination. Ok, ce type était barré. Mais il l’informa néanmoins : Ward avait du tué sa mère, une pute qui essayait de l’étrangler. A l’âge de 13 ans. Avec un couteau de cuisine.

« Et ce type, Evolve de surcroit, faisait parti de la milice ? On peut m’expliquer pourquoi ? »

Elle ne comprenait pas. Il devait lui manquer une case à ce type. D’abord pour avoir faillit mourir des mains de sa génitrice mais en plus pour l’avoir buté au couteau. Ce devait pas être joli à voir. Corbyn lui expliqua alors que l’agent avait passé les tests avec brio et qu’après examen psychologique, il était parfaitement apte à rejoindre la milice. Mon cul ouais !

« Mais peu avant qu’il ne meurt, l’agent Ward avait un peu changé. Lui qui était un sujet ouvert aux expériences psychologiques sur sa personne, a annulé petit à petit nos rendez-vous. Ne souhaitant plus continuer. Il réclamait des médicaments pour les nerfs, afin de dormir moins longtemps... »

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18.06.15 13:17
Assis à une table en mezzanine, Varig dominait le bar, surveillant les entrées et sorties des clients. Son agacement commençait à se muer en nervosité alors qu'il consulta l'heure sur son bracelet omniphone pour la troisième fois en quelques minutes.
Esteban était en retard.

On ne pouvait pas le qualifier d'habitué, mais il était déjà venu plusieurs fois dans ce bar, généralement pour des rendez-vous comme celui-ci. L'endroit était ouvert toute la journée, calme et agréable. La journée était le moment que l'agent préférait. Moins de clients.
Il coula un regard en coin vers le barman, qui astiquait un verre en attendant d'éventuels consommateurs. Pratiquement la première personne à lui avoir parlé après son arrivée.
Il lui avait mentit bien sûr. Mais ce bar avait été un endroit vaguement rassurant, qui lui avait permis de reprendre un peu ses esprits. C'était là qu'il avait rencontré la dealer venue lui donner des informations sur Sofia. Et voilà qu'il s'y retrouvait à nouveau, avec à côté de lui le sac contenant toutes ses possessions.
Bizarrement il semblait s'être attaché au lieu.
A nouveau il regarda sa montre.
Quinze minutes de retard. Il n'allait pas pouvoir attendre plus. Trop risqué... L'agent se leva, sa consommation automatiquement payée à la borne intégrée à la table. Il avait à peine touché son verre.
C'est ce moment qu'Esteban choisit pour franchir la porte du bar.

L'agent se rassit et l'observa tandis qu'il le cherchait des yeux. Il semblait fatigué, mais pas particulièrement nerveux. Fidèle à lui-même, il portait une chemise trop légère pour la température, sûrement pour le seul plaisir d’exhiber ses muscles, sa peau trahissant ses origines sud américaines et ses tatouages. Un éclair d'agacement passa dans les yeux de Varig. Criminel servant qui le payait plutôt que son propre gang, Esteban était une caricature ambulante. Et il en jouait pour se masquer.
Un allié utile parce qu'il avait pas mal de connaissances dans la pègre, mais désagréablement opaque. A moins qu'il ne soit exactement ce qu'il prétendait être.

Il finit par le repérer et monta à sa rencontre après un signe de main. Il s'écroula pratiquement sur sa chaise, faisant échapper son interlocuteur aux accolades habituelles, selon il lui su gré.
La fatigue se lisait sur son visage, et Varig se dit qu'il ne devait pas être beaucoup plus frais.

-J'ai besoin d'un verre, annonça-t-il en guise de bonjour.

Patient, l'agent hocha la tête et fit signe à l'unique serveuse, peu occupée. Quelques secondes plus tard, un verre d'alcool vint détendre les traits du sud-américain.

-Obrigado menina, lança-t-il à la serveuse en portugais, agrémentant la remarque d'un clin d’œil.

Il avait un léger accent anglais, presque indécelable, signe qu'il maîtrisait sans doute cette langue mais n'était pas né là-bas. Encore un masque...
La jeune femme n'avait sans doute pas compris sa phrase mais répondit par un sourire avant de retourner essuyer les tables. Distrait de son verre, Esteban suivit son déhanché des yeux. Varig le laissa faire quelques secondes puis décida de le recentrer.

-Tu as quelque chose pour moi l'ami? demanda-t-il dans un portugais impeccable.

L'autre prit une gorgée de son verre, savourant la boisson avant de répondre.

-Je me suis défoncé pour toi mec, mais tu vas pas être déçu.

Varig haussa légèrement les sourcils et se pencha en avant pour lui faire signe de continuer.

-Un de mes potes connait un type qui bosse pour un recruteur de Leng, poursuivit-il, manifestement ravi de cette attention. Bref j'ai eu quelques noms de filles qu'il connaissait. Tu m'avais pas donné grand chose pour creuser mais je leur ait parlé de ces disparitions et distribué un peu de pognon. D'ailleurs à ce sujet...

L'agent balaya la question.

-Mille cinq cent.

L'autre grimaça et posa sa main sur le cœur.

-Arg, tu m'égorge là mon pote! Deux mille?

Varig n'avait pas de temps à perdre a négocier. Il sourit.

-Qu'est ce qu'on ne ferait pas pour ses amis? Va pour deux mille.

Esteban sourit en retour.

-Clair. Bon, j'ai posé quelques questions. Un vrai flic modèle, me manquait que la plaque.

L'agent se retint de dire qu'il ne voyait pas du tout l'autre en Eraser. Quoi qu'à la réflexion il ferait un bon indic, malin et débrouillard.

-Là où ça devient intéressant c'est à propos une des filles dont tu m'as parlée, Lisa. Candice, une autre fille, m'a raconté un truc franchement utile, fin' je pense... Après tout c'est toi qui voit?

Varig eu un sourire forcé.

-Et qu'a dit cette Candice?

Il se pencha avec des airs de conspirateur.

-Candice a vu un mec ressortir de chez une des filles disparues. Elle a fini par vouloirs en parler aux Erasers, elle avait les jetons de ce "Jack" qui enlève les putes. Bref y a quatre jours une flic blonde est venue l'interroger juste après. Sauf que quelques minutes après, un autre flic a débarqué. Un asiat, peut être un mec de Leng. Il voulait savoir ce qu'elle avait dit et l'a menacée pour qu'elle ne parle plus jamais de ce qu'elle avait vu. Il lui a même mit un flingue sous le menton, t'imagine!

L'agent plissa les yeux. Le témoignage n'était nulle part dans le dossier, et c'était seulement deux jours avant sa disparition. Si la flic était Marie Greene et si celui venu intimider Candice était le Major Lee... Alors le puzzle prenait forme.
Lee couvrait les traces de Ward, mais cette fois il n'avait pas été assez rapide. Si Marie avait rentré le témoignage avec le signalement de leur suspect et qu'il l'avait effacé sous un motif quelconque elle avait dut commencer à se douter de quelque chose... Il suffisait d'attendre qu'elle soit chez Candrana et de laisser Ward jouer les kidnappeurs, en laissant assez d'indices pour suggérer qu'il s'était seulement trompé de cible. Quelque chose avait dut mal se passer et ils avaient étés forcés de passer à l'offensive contre Leng, d'où le côté précipité de toute leur opération.
Le major avait été tué, isolant Ward, mais Leng avait perdu pas mal d'hommes, et son QG. Il était plus vulnérable que jamais. Même face à un homme seul il était en danger.
Dans quelques heures sans doute, l'opération serait finie. Voilà pourquoi Ward manquait tant de prudence. Il se moquait d'être pris s'il réussissait à faire tomber Leng avec lui.
Sauf que s'il y restait, il n'y aurait plus personne pour dire où se trouvaient ses victimes. Quelque chose clochait... Pourquoi Lee aurait-il accepté ce risque pour autant d'innocentes et sa propre subordonnée?

Son interlocuteur toussota pour attirer son attention et fit glisser une puce monétaire sur la table.

-Woh, ça cogite grave! J'ai mérité mon fric alors? lâcha-t-il en anglais.
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18.06.15 16:00

« ... expériences psychologiques sur sa personne » Répéta-t-elle comme pour avoir plus d’informations sur ce sujet.

Elle ne s’était jamais beaucoup interroger sur ce qu’on pouvait bien faire aux Evolves, parce qu’elle s’en foutait royalement. Mais pour une fois, ça lui serait p’tre un peu utile. Est-ce que ce qu’on lui faisait ici pouvait avoir un rapport avec ce qui se passait aujourd’hui ? Un traitement trop lourd à porter ? En plus de son boulot ? Corbyn se massa l’arrêt de son nez, parcourant du regard un dossier sur l’écran plat de son ordinateur. Mais qu’il se magne ! Elle n’avait pas que ça à faire ! Comme s’il avait lut dans ses pensées, l’homme reprit la parole.

« Sa mère était une prostituée violente et instable d’après les rapports que nous avons sur sa personne. L’agent Ward revivait la scène la plus traumatisante de sa vie, à chaque fois qu’il venait ici. Il contrôlait de mieux en mieux les contres-coups de son don mais sa santé mentale en prenait sans doute un coup sans qu’on ne puisse le voir. »

Nora s’était légèrement arrêtée au fait que la mère de l’ex-Eraser soit une pute, elle aussi. Etait-ce pour ça, qu’il était autant obsédé par Leng ? Parce que sa mère bossait pour lui par le passé ? Ou bossait pour un type du même acabit ? Pourquoi pas. Ca pourrait expliquer pourquoi il ne tuait pas non plus les filles, si elles lui faisaient penser à sa génitrice... Qui avait voulu le tuer. Ce point non négligeable ne plus pas vraiment à la femme. A quel point Ward était obsédé par cette histoire ? Est-ce qu’une des putes ressemblaient à sa mère ? Marie ? L’esprit de l’Eraser était en train d’échafauder des hypothèses peu rassurantes.

« Comment ça, vous n’avez pas pu le voir ? N’était-il pas instable après vos séances ? »

L’homme secoua la tête, alors que son regard défilait toujours sur son écran. Et il finit par trouver ce qu’il semblait chercher.

« Je n’étais plus certain mais c’était bien ça... D’après mes notes, il avait une figure paternelle qui parvenait à lui montrer un idéal. Ou du moins un mentor. Probablement un père de substitution si vous voulez. »

Nora lui fit un rapide signe pour qu’il continue, qu’il lui donne le nom de ce type. Serait-ce une des clés qui leur manquait pour l’enquête ?

« Le major Lee. »

Evidemment. Ca ne pouvait pas être quelqu’un d’autre, de vivant. Mais ça confirmait néanmoins un point, ou elle aimait le penser comme tel : Lee devait bel et bien protéger les arrières de Ward. Et elle comprenait un peu pourquoi le pouvoir de l’ex-Eraser s’était déclenché suite à la blessure de Lee. Il n’avait pas de paternel et celui qu’il voyait comme tel ou qui s’en rapprochait, s’était fait tiré dessus. Elle se souvenait d’avoir lu ce passage dans le dossier, sans savoir le pourquoi du comment il était question de blessure faite à l’arme laser.

Le schéma se mettait petit à petit en place, mais il lui restait une chose floue : pourquoi Leng ? Pourquoi avoir continué dans l’ombre ? Pour plus de liberté ?

« Comment êtes-vous sûr qu’il soit bien mort, dans cette explosion ? »

La question, subite de l’Eraser surprit son interlocuteur, qui répondit néanmoins rapidement, sans avoir besoin de regarder les détails.

« Nous avons retrouvé sa puce d’identification sur le corps... »

Ouais, pourquoi ça ne l’étonnait pas ? Pourquoi avait-elle même posé la question ?

« Je vois. »

Pouvoir. Contrecoups. Causes. Suivis psychologique. Nora ne voyait pas quoi demander de plus au scientifique. Ward semblait plus instable qu’il n’y paraissait au premier abord. Mais rien d’étonnant quand on savait son passé. La femme se redressa et soupira. Toute l’histoire tournait autour de cette mère prostituée, comme vecteur d’obsession à Ward. Nora ne voyait que ça et elle espérait ne pas se trompée. Et si elle le faisait, elle espérait avoir une autre piste à suivre. Rapidement.

« Merci pour votre coopération. »

Sans plus de cérémonie, Nora tourna les talons pour quitter le bureau. Elle information aussitôt son partenaire qu’elle avait une piste. Et pendant le trajet, elle aurait le temps de trouver l’information qu’ils leur manquaient : l’adresse de la défunte pute.

« Rejoins-moi au centre commercial, devant le Lunatic Café. J’arrive dans une dizaine de minutes.»

L’Eraser prit de nouveau un taxi, elle voulait être tranquille pour lire le dossier, sans avoir à faire attention où elle mettait les pieds. Elle lut toujours en diagonal mais avec plus d’attention. Jusqu’à ce qu’elle trouve l’adresse qu’elle cherchait. L’histoire concernait des putes, sa mère en était une et il devait planquer les filles qu’il avait enlevé. Quel autre endroit avait-il ? Nora n’en voyant pas plus et pour le coup, elle regrettait la mort de Lee, lui aurait surement pu confirmer ou non son hypothèse. Et comment Marie avait-elle fait pour être embarquée là dedans ? Pour le major ne l’avait pas éloigné de l’affaire avant ? Pouvait-elle travailler comme Varig ? En agent double ? Ses hypothèses lui donnaient mal  à la tête. L’Eraser n’avait aucune preuve de ce qu’elle avançait, juste des suppositions farfelues dans l’espoir que la bonne lui saute aux yeux. Elle continua sa lecture le temps du trajet, découvrant pourquoi Lee était monté en grade et pas Ward. Parce qu’il était Evolve malgré ses très bons résultats. Et c’était encore heureux ! Des Evolves n’avaient rien à faire dans les rangs d’Erasers de toute manière ! Même si des monstres pour en chasser d’autres, c’était une option presque logique. Elle finit par arriver à destination, paya de nouveau et prit la direction du lieu de rendez-vous. Pourquoi ce café ? Parce qu’ils faisaient son breuvage préféré d’une façon qui la mettait de bonne humeur. Et là, elle avait besoin d’un putain de café. En regardant rapidement dans les alentours, elle ne vit pas l’ombre de son partenaire. Mais elle vit de loin, plusieurs de ses collègues. Elle espérait que Varig parviennent jusqu’ici sans trop d’encombre. Avec le monde qu’il y avait, il se fondrait probablement plus facilement dans la masse. En attendant, Nora commanda un café, corsé avec une feuille de menthe.

Plusieurs dizaines de minutes plus tard, elle préférait pas regarder l’heure au risque de l’énerver, elle vit la silhouette de Varig se diriger dans sa direction. Enfin. Elle était assise dans le fond de l’établissement, loin des fenêtres et positionnée de telle sorte qu’elle ne donne son dos à personne mais qu’elle puisse avoir une vue d’ensemble.

« Des difficultés à venir jusqu’ici ? » Demanda-t-elle sur un ton qui laissait tout entendre et rien à la fois.

Le bon côté d’avoir choisit cette table, c’était qu’elle était un peu en retrait, discrètement du reste du café. Et s’ils jouaient un peu le jeu, les clients aux alentours ne verraient qu’un simulacre de couple.

« Je pense avoir une piste. »

Elle lui indiqua l’adresse qu’elle avait trouvé mais surtout, le plus important...

«Je te l’a fait court : La mère de Ward était une pute. Il l’a buté à ses treize ans, légitime défense. Le problème c’est qu’il n’a jamais pu oublier cet épisode. Son pouvoir, il agit sur son adversaire mais aussi sur lui : il fait revivre le pire souvenir. »

Elle se demanda quel était celui de Varig. Une mission ? Un aspect de sa vie privée ? Mais il n’était pas question de lui poser la question. Tout comme ça ne lui servirait à rien d’avoir la réponse, simplement à étancher sa curiosité.

« S’il voulait planquer ces filles, ça ne peut qu’être là-bas. Le scientifique m’a fait part de ses doutes sur le côté obsessionnel de notre homme... Quel meilleur endroit pour rassembler des putes, que celui où il connu sa première ? »


Nora se tut alors, buvant son café brulant. Laissant le champ libre à son partenaire de prendre la parole sur ce qu’elle lui avait communiqué mais aussi sur ce qu’il avait pu apprendre de son côté.
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Varig Cross

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18.06.15 18:34
Varig n'eu aucun problème à trouver le café indiqué par Nora. en revanche y parvenir fut une autre affaire. Les patrouilles de la milice étaient très nombreuses, et sur les dents. Il avait dut user de tous ses talents de camouflages pour ne pas attirer leur attention...
Mais il avait fini par arriver. Il pénétra dans le centre commercial et se dirigea vers le lieu du rendez-vous.
Il n'était plus qu'à une cinquantaine de mètres quand il repéra trois Erasers. L'un d'eux fouillait un jeune homme qui avait dut coller ses mains contre un mur, bras tendus. Ce qui ne l'empêchait pas par ailleurs de pester contre les "fascistes de la milice" sous l’œil indifférent d'autres clients. Un de ses collègues surveillait leur suspect tandis que le troisième scrutait les passants, comme à la recherche d'une proie.
L'agent le reconnu presque aussitôt. C'était l'Eraser qu'il avait assommé au jour de son arrivée à Madison. Et dont il avait volé la matraque au passage, un certain Hills. Qui semblait de retour à la circulation.

Varig pesta lui aussi intérieurement contre le policier. Ce serait vraiment trop bête d'être arrêté aujourd'hui.
Il ralentit le pas et rajusta sa casquette toute neuve, observant la foule autour de lui.  

Une femme poussant un landau attira son attention. Elle était occupée à consulter une liste diffusée sur un écran holographique diffusé par son bracelet. L'agent accéléra légèrement pour arriver à son niveau et se plaça de façon à ce qu'elle se trouve entre lui et Hills.
Il était assez proche pour qu'on les croient ensembles, mais en maintenant suffisamment de distance pour qu'elle ne le remarque pas immédiatement. Le bébé en revanche lui adressa une moue perplexe. Varig lui répondit par un clin d’œil complice, et le gamin sourit.

L'Eraser s'arrêta une demi seconde sur le trio, mais il ne retint pas son attention, et il reprit son observation. L'agent attendit qu'il tourne la tête pour disparaitre dans le Lunatic Café.
Aussitôt après être entré il balaya l'établissement des yeux, repérant aussitôt Nora, installée au fond, dos au mur. Il s'approcha sans se presser et vint s'assoir face à elle.

-Des difficultés à venir jusqu’ici ?

Varig lui sourit poliment en enlevant sa casquette qu'il posa sur la table.

-J'ai dut voler cette casquette et assommer une demi-douzaine de tes collègues.

Il laissa s'écouler quelques secondes puis ajouta d'un ton plus sérieux:

-Je plaisante. Cette casquette a été achetée le plus légalement du monde. Alors tu as trouvé quelque chose d’intéressant au centre de recherche?

Tout en parlant il commanda un café et une barre énergisante à l'aide d'un pavé holographique intégré à la table.

-Je pense avoir une piste, annonça Nora sans relever sa plaisanterie.

En fait de piste, elle avait trouvé le saint Graal des enquêteurs: une adresse. La consommation de Varig arriva, livrée par un petit robot, puis l'Eraser reprit:

-Je te la fait courte : La mère de Ward était une pute. Il l’a buté à ses treize ans, légitime défense. Le problème c’est qu’il n’a jamais pu oublier cet épisode. Son pouvoir, il agit sur son adversaire mais aussi sur lui : il fait revivre le pire souvenir.

L'agent hocha la tête.  Une douleur traversa son œil droit, comme une piqure minuscule, sans qu'il y prête attention.
Son pire souvenir, il le revivait déjà souvent. Sa mémoire absolue ne lui laisserait jamais oublier. Mais ce qu'il avait vécu quand Ward l'avait touché... C'était autre chose. C'était réel.
Alors le revivre en boucle, à chaque contact physique? Ça avait largement de quoi rendre fou. Surveillé comme il était par l'EE, il craignait probablement d'être exclu de la milice si cela finissait par se voir... D'où sa mise en scène de mort.
Une nouvelle pièce s'imbriquait dans le puzzle.

-S’il voulait planquer ces filles, ça ne peut qu’être là-bas,. continua Nora. Le scientifique m’a fait part de ses doutes sur le côté obsessionnel de notre homme... Quel meilleur endroit pour rassembler des putes, que celui où il connu sa première ?

La grossièreté de la phrase fit grimacer l'agent, mais elle n'en restait pas moins pertinente.
En revanche ce que n'avait pas dit Nora c'est que ce genre de comportements n'était pas répandu. C'était celui d'un tueur en série.
Ward avait-il séparé la traque de Leng de ses meurtres? Lee avait-il finit par découvrir ce qu'il faisait vraiment?
Nora but un peu de café, attendant qu'il parle.

-Tu as raison. C'est notre meilleure chance depuis qu'on a commencé notre enquête. On dois y aller.

Il se força à boire lui aussi une gorgée de café, pour se donner contenance. La brûlure du liquide ne le fit même pas tendre un muscle, mais calma celle qu'il ressentait dans son oeil. Ca l'aida à mieux se concentrer.

-Mon contact a la preuve que Lee travaillait bien pour couvrir Ward. Et probablement la raison pour laquelle elle a été enlevée...

Il lui résuma ce que lui avait appris Esteban, tout en réfléchissant.
Sofia ne voulait pas que Ward tombe aux mains de la milice. Mais il doutait que Nora les laisse embarquer Ward. D'ailleurs il était surpris qu'elle n'ait pas demandé d'aide à la milice. Sans doute par peur des fuites vers Chaï Leng... Mais elle n'accepterait sûrement pas d'agir à leurs côtés. Et Sofia accepterait-elle seulement ce risque?
Apparemment le moment où leurs intérêts divergeraient arrivait à grands pas. La loyauté...

-C'est sûrement ce témoignage qui les a forcés à agir, conclut-il. Une preuve de plus que c'est Ward qui a Marie.

L'agent réfléchit une demi-seconde.

-Tes collègues sont partout, lâcha-t-il. On devrait y aller en séparé et se retrouver à proximité de l'adresse. Si je suis arrêté, tu pourras toujours stopper Ward seule. Et au cas où tu devrais programmer un signal à destination de la milice dans... Disons quatre heures. Au cas  où on échouent tous les deux.

Il se demanda si Nora voulait l'arrêter. Sans doute que non. Il pouvait encore être utile si Ward n'était pas à la planque. Plus tard sûrement... D'autant qu'elle risquait gros si elle échouait dans son enquête illégale.

-Je pars en premier, annonça-t-il. On se revoient bientôt.

Il se leva et remit sa casquette avant de sortit, sans rien ajouter. Il marcha à l'opposée de la patrouille qu'il avait croisé à l'allée, quittant le centre commercial sans encombre.
La lumière du soleil lui fit cligner des yeux derrière ses lunettes qui se teintaient déjà pour protéger ses yeux. Sous son crane, le rythme de son cœur battait la mesure alors que des fantômes de son passé murmuraient d'une voix lointaine.

Les bons agents suivent les ordres.
Tout devoir est un sacrifice, Varig.
Nous devons protéger le plus grand nombre...
... Pas d'émotions.
L'hésitation n'est pas permise.
Tout devoir est un sacrifice agent Atorias.

Un des nôtres.


La douleur derrière son œil s'amplifia, et il finit par s'arrêter devant une vitrine, légèrement essoufflé. Lentement il contrôla sa respiration, retrouvant un peu de calme.

1, 2, 3, 4. Inspirer.
1, 2, 3, 4. Expirer.
1, 2, 3, 4. Inspirer....

Son souffle redevint peu à peu régulier. Ses yeux descendirent jusqu'à son omniphone, vides d'émotions.

S'il appelait Sofia, il ne pouvait pas prévoir ce qui se passerait, mais si Nora refusait de leur laisser Ward... Ça pouvait mal finir. Et si sa supérieure voyait en elle un témoin gênant? Il n'avait jamais vu l'organisation exécuter quelqu'un, mais c'était un risque avec des gens aussi puissants et déterminés.
Varig regarda son reflet, cherchant la réponse sur ses propres traits. Derrière lui la foule était d'un silence assourdissant, marchant sous le soleil. Immobiles, des silhouettes floues de ses fantômes le fixaient.

Lentement il ferma les paupières.
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Anonymous
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19.06.15 14:44

Nora écouta avec attention les dires de son partenaire. Cette séparation avait donc réellement eu son point positif : ils avaient avancé sur l’affaire. C’était pas trop tôt. Elle n’apprécia pas vraiment le fait que l’ancien major soit autant impliqué et qu’il ait gardé son rôle de protecteur auprès de Ward. Mec quoi ! Il devait lui manquer une case depuis bien longtemps ! Pourquoi avoir continué à protéger ses arrières, au péril d’autres vies ? Lee descendait en flèche dans son estime. Il avait beau tenir à son ancien coéquipier, ou un truc du même genre, c’était pas une raison pour foutre la vie d’autres gens en l’air ! Et ça avait été major, ça. Bravo la hiérarchie ! L’Eraser hocha silencieusement la tête, pour témoigner qu’elle l’écoutait et à plus forte raison, qu’elle était d’accord avec lui. Elle ne voyait pas quoi ajouter de plus, Varig avait exposé un point de vue qui semblait être le meilleur avec les infos qui étaient en leur possession.

« Si je suis arrêté, tu pourras toujours stopper Ward seule. Et au cas où tu devrais programmer un signal à destination de la milice dans... Disons quatre heures. Au cas  où on échoue tous les deux. »

Ouais. C’était la meilleure solution pour mener à bien l’enquête. Et pour protéger leurs arrières par la même occasion. Elle se voyait mal expliquer à ses supérieurs cette petite escapade en solo, s’alliant avec un type recherché, dans l’espoir de retrouver une collègue. Plus elle y réfléchissait, plus Nora se disait qu’elle serait vachement dans la merde si cette histoire se savait. Insubordination, méfiance en ses propres collègues et pourquoi pas, trahison ? Cette suite de supposition lui donnait froid dans le dos même si certains points n’étaient pas dans le faux. Et puis dans le fond, avec Lee aux commandes et lui mettant des bâtons dans les roues, ils n’auraient jamais pu aller aussi loin. Assurément.

« Ouais, on fait comme ça. »
Répliqua-t-elle après quelques instants de silence.

Elle leva la main, en un vague signe d’acquiescement lorsqu’il se leva, avant de se passer une main sur le visage. Ils touchaient presque au but et pourtant elle se sentait encore plus lasse. Elle termina son café, paya rapidement et sorti quelques instants après Varig. Contrairement à lui, même si elle n’avait rien à faire ici, elle n’avait pas à faire aussi gaffe que lui. Tout le personnel de la milice ne pouvait pas être au courant de son escapade. Alors qu’elle marchait entre les individus, slalomant entre eux pour éviter d’être touchée, Nora senti son bracelet vibrer, signe d’un appel entrant. Le bureau. Jurant et soupirant, elle supposa qu’il s’agissait de Miller qui voulait lui donner d’autres informations. Même si l’envoie de fiché aurait été plus rapide.

« Agent Stampton. »

Merde. Elle ne connaissait pas cette voix. Nora s’arrêta sur place, net et écouta la respiration lente et posée de son interlocuteur. Elle se fit bousculer, jura contre l’individu peu civilisé avant de sortir dans la rue.

« J’ai affaire à qui ? Votre voix me dit rien. »
Finit-elle par demander avec son ton habituellement avenant.

« Je vois que votre caractère n’est pas qu’une rumeur, agent Stampton. »


La concernée grimaça légèrement, il ne répondait pas à sa question, ce connard !

« Je suis le major Rills. Remplaçant du défunt major Lee. »


Oh putain. Ca allait être sa fête. L’index de Nora se dirigeait déjà sur l’icône de fin d’appel lorsque son interlocuteur reprit la parole, posée.

« Je pense que vous êtes sur une affaire houleuse, agent Stampton. »


O
h ? Remerde alors. S’il lui disait d’abandonner à son tour et de revenir au Q.G...

« Je sais que Lee cachait et masquait des informations. »
Reprit-il, probablement persuadé qu’elle l’écoutait. « J’ai trouvé dans son ordinateur des mails de l’agent Greene, suspects, avec des accusations qui ne peuvent être contre dites pour le moment. »

Ouais, et il voulait en venir où, dans tout ça ? Elle n’avait pas toute la journée non plus !

« J’ai appris votre dispute avec Lee. »
Nora dégluti à cette révélation, s’attendant presque au pire pour la suite. « Je veux vous aider. Vous semblez être sur une affaire qui relie Greene, des femmes disparues et Lee. Le fait que vous agissiez en solo m’importe peu. Il y a eu trop de mort pour que rien ne soit fait. »

Alors là. L’Eraser en resta sur le cul. Elle ne s’attendait pas vraiment à ça. Et pouvait-elle espérer meilleur timing que celui-ci ? Probablement pas. Accepter son aide ? Envoyer du renfort chez Ward ? Histoire d’avoir une meilleure chance de réussite ? Parce que s’ils ne parvenaient pas à le maitriser et qu’ils devaient y aller jusqu’au combat au corps à corps, Varig et elle serait probablement mis hors jeu.

« Agent Stampton ? Vous êtes toujours là ? »


« Ouais. » Lui cracha-t-elle presque à la gueule avant de se reprendre. « Ok. Mais j’ai des conditions... »

Elle reprit la conversation alors qu’elle marchait en direction d’un taxi. Elle espérait pouvoir faire confiance à ce type et quelque chose dans son timbre de voix lui donnait envie de le croire. Avec un peu de chance, elle était juste fatiguée et elle délirait. Et résultat, elle foutrait tout en l’air. Tant pis. Si Marie pouvait être sauvée et Ward mit hors état de nuire, c’était tout ce qui importait. Elle finit par raccrocher après avoir obtenue la parole de Rills.

La jeune femme pénétra dans le taxi, se massant les tempes après avoir entrer l’adresse de sa destination. Elle se mit à respirer lentement et calmement. Il fallait qu’elle se prépare à ce qui allait suivre et au potentiel affrontement avec Ward. Elle n’avait pas la moindre envie de revivre ça. Si elle en avait l’occasion, elle lui tirerait dessus sans hésiter. La position létale n’était pas encore enclenchée mais ce n’était pas une option qui était si loin de son esprit. Elle devait surtout se rappeler qu’il était le seul à savoir où étaient les filles, et par conséquent, s’ils ne les trouvaient pas dans cette baraque, elle ne pouvait pas le descendre. Nora jura de nouveau et misa un peu sur ce Rills. Espérant qu’elle ne faisait pas de connerie. Pour changer.

Une fois arrivée sur place, elle identifia la maison avec son bracelet et une cartographie des lieux. La baraque n’était plus là. Devant elle, lui faisait face une usine, pas de toute nouvelle génération et assez petite. Y avait-il des voisins dans les maisons alentours ? Ou étaient-elles abandonnées ? Les deux options ne plaisaient pas à l’Eraser. Ils étaient maintenant dans l’Entre-Deux et les habitants de cette partie de la ville avaient quelques petits ressentiments à l’encontre de la milice ou de toute forme d’autorité. Voila peut-être mieux qu’il n’y ait aucun voisin, en fin de compte. Postée sous un arbre, non loin de la maison, Nora attendait son partenaire tout en observant les lieux. La rue était déserte et elle se concentrait presque pour essayer d’entendre du bruit venant du bâtiment. Des cris, plus particulièrement. Mais à cette distance, c’était pas faisable. Evidement.

« Magne-toi Varig. » Maugréa-t-elle finalement en regardant l’heure inscrite sur son bracelet.
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