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« La vie est un manège tournant sans fin. » | Pv Alheïri S. Fenyang
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16.08.12 16:54
‟ Un jour de congé, hein ? La belle affaire …


Jeudi

Casey attrapa la fiole avec sa pince. Les sourcils froncés, elle faisait très attention, tandis qu'elle versait doucement le liquide dans un autre. Si ses calculs étaient exacts, la solution formerait un précipité. Mais une goutte de trop, et ce serait l'explosion. Bien loin de son domaine habituel, la biologie, la jeune scientifique jouait à la chimiste. Elle avait noté tout les résultats de ses expériences, et en avait déduit que peut-être, ce n'était pas le cerveau le grand marionnettiste de toute cette mascarade. Mais alors, d'où venait les étranges pouvoirs que possédaient ses « patients » ? Si toutefois le cerveau était en cause, ce liquide rosâtre, qui tournait doucement au violet, interromprait probablement la connexion avec le déclencheur. Probablement, car elle était loin d'en être sûre. Mais pour le savoir, il fallait bien faire des expériences.

Et tandis qu'elle songeait à tout cela, elle ne fit pas totalement attention à ce qu'elle faisait. La goutte de trop tomba, ce qui fit crépiter la solution. Elle s'écarta, tandis que le tube à essai se fissurait et explosait. Échec, encore une fois. Un de ses collègues s'approcha alors d'elle, légèrement moqueur.

- Tu as encore raté ? Tu es sûre d'être une scientifique qualifiée ?

La jeune femme lui lança un regard glacial, et il s'écarta en grommelant, retournant à ses propres travaux. Casey prit un carnet, posé sur le bureau, et y nota, un soupçon de colère dans ses gestes « Échec ».

*

- Casey, tu me sembles un peu fatiguée ses derniers temps.
- Hm.
- Tu vas prendre un jour de congé.

La jeune femme regarda son patron, un peu méfiante. D'où il lui donnait des jours de congé, comme ça ? D'autant plus qu'elle n'en voulait pas. Elle venait même travailler le week-end parfois. Bon, sauf le dimanche. En bonne pratiquante, le dimanche était réservé à l'église et au repos. Elle soupira.

Un jour de congé ? La belle affaire …

*

Vendredi

Elle n'avait rien fait de la journée. Elle s'était installée dans son fauteuil, et avait regardé la télévision. En se posant une seule question : « Comment les gens peuvent-ils faire ça avec plaisir ? ». Elle ne voyait là qu'un prétexte pour ne pas travailler. D'ailleurs, ses mains tremblaient de ne rien faire. Elle attrapa son stylo, et commença à calculer sa nouvelle formule. Puis, quelque chose se passa dans son cerveau, une sorte de déclic. Si elle s'acharnait à travailler même lorsqu'elle n'était pas censée le faire, c'était seulement parce que, depuis son arrivée à Madison, elle n'avait plus du tout de relations sociales. Elle vivait recluse dans son appartement et n'en sortait que pour les courses et travailler. Cette pensée la fit frémir. Il fallait vite qu'elle sorte.

C'est totalement au hasard que par une belle soirée, ses pas la guidèrent à la fête foraine. Elle avait suivi les gens qui se dirigeaient en masse dans cette direction. Elle voyait les couples se tenir la main, glissait son regard sur les bandes d'amis, et elle cheminait seule. Totalement seule. Ce qui l'avait poussé à venir ici, ce n'était rien d'autre que cette satanée météorite et une promesse d'un job qui lui offrait plus d'argent. Mais elle n'avait pas besoin de ça.

Casey se promenait dans les allées colorées, les mains cachées dans les poches de son jean. Elle n'avait pas visé l'originalité et s'était contenté d'un tee-shirt blanc, d'une veste tout aussi blanche avec un jean bleu foncé. Le seul élément un peu fantaisiste venait de ses escarpins à la hauteur vertigineuse. La plupart des femmes n'aurait pas su marcher avec ça, mais c'était une question d'entraînement. Elle s'arrêta à un stand qui vendait des barbes à papa. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'en avait pas mangé. Elle décida de prendre la plus grosse que le vendeur pouvait lui faire. Elle paya ensuite et repartit, observant les lumières colorées et les gamins surexcités. Elle s'assit sur un banc, se demandant si, petite, les jeux l'amusaient autant. Et il fallait bien s'y résoudre : elle ne s'en souvenait pas.


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17.08.12 11:45
    Il faisait bon. Très bon. Ni trop chaud, ni trop froid. Un temps idéal pour sortir. Faut croire que la brise fraiche de Madison m’accordait un sursis aujourd’hui. C’était ça que d’avoir la peau mate dans un pays pas vraiment tropical. J’eus alors un sourire du haut d’mon balcon. C’était très rare, mais j’allais pouvoir m’promener. Et pour une fois, j’ne me sentais pas vraiment obligé d’aller m’réfugier dans une boite de nuit ou autre bar du genre. J’allais m’détendre, m’évader, et pourquoi pas, parcourir toutes les ruelles du secteur pour m’faire de nouveaux repères. Bien que j’étais dans l’coin depuis plus ou moins un an maintenant, j’avais des itinéraires et repères bien précis : L’boulot, les quelques buvettes environnantes et la boite de nuit la plus prisée d’la ville qui se situait dans une autre zone pas très loin d’ici. Il m’arrivait d’aller à l’épicerie du coin une ou deux fois par semaine, mais c’était tout. Mon travail était véritablement chronophage. Le temps d’la région n’prêtait pas à la flânerie ou aux balades régulières. Bref, j’étais moi aussi cloitré dans mon appartement la plupart du temps, bien que des amis, j’en avais, et pas qu’un peu. L’ironie hein ? Et pourtant, mon sourire s'agrandit légèrement après ce constat. On pouvait facilement en déduire que malgré tous ces inconvénients, ma vie n’me déplaisait pas tellement, c’qui était vraiment le cas. Comme quoi, il m’en fallait peu pour être heureux.

    C’est sur cette pensée positive que j’éteignis mon ordinateur, avant de quitter le balcon pour ma chambre. Après quelques rangements, j’m’habillai convenablement. Une chemise blanche sous un pull noir en V, et un jean tout aussi noir que ledit pull. C’était un style classique, mais ça avait le mérite d’être simple et d’être toujours apprécié. J’hésitai à arranger l’champ de bataille qu’était ma chevelure pour paraitre moins débraillé, mais c’était peine perdue j’pense. C’était p’être la seule fausse note chez moi, mais vu que j’ne partais pas pour draguer ou rencontrer une personne précise, j’pouvais toujours laisser mes cheveux dans leur état naturel. Et puis ça m’donnait un air atypique, d’après l’une d’mes collègues de travail. Vu que j’la connaissais très bien, j’pouvais prendre ses dires pour un compliment, surtout que venant d’une belle jeune femme comme elle, ça avait toujours son petit effet flatteur. Après quoi, il ne m’fallut pas plus dix minutes pour sortir d’mon appartement et m’retrouver en pleine rue. Pour le fun, j’avais accroché un petit appareil photo à mon cou, avant d’fourrer mes mains dans les poches. J’avais pour objectif d’aller là où l’vent m’emporterait. Mais une image m’frappa net. Celle d’une grande roue illuminée qui s’voyait des kilomètres à la ronde. Tout à coup, j’arborai un air réfléchi. Et si… ? Haussant finalement mes épaules, j’pris la direction de cette grande roue, c’qui n’était pas plus mal, vu que j’n’avais pas d’objectif précis ce soir…

    Et c’est ainsi que dix minutes plus tard, j’tombai pile poil sur une gigantesque fête foraine. Dire qu’elle n’était qu’à quelques pâtés de maisons… La preuve même que j’ne connaissais du tout pas le secteur après y avoir pourtant vécu depuis plus de dix mois… M’enfin, dix mois, c’n’était pas non plus énorme, qu’on se l’dise. J’eus tout d’même un énième sourire, puisque j’étais fier d’ma trouvaille. Si l’coin fonctionnait souvent, j’ne me lasserais pas d’venir ici. C’est dans cet état d’esprit que j’traversai les quelques premières ruelles qui s’ouvraient à moi. Sans trop m’en rendre compte, j’m’emparai de mon appareil, avant de faire quelques photos des stands que j’dépassais. Ils beaux et ils brillaient de mille et une couleur. J’me remémorais tout d’un coup d’mon enfance en compagnie d’mes parents dans ce genre de lieu ; avant d’me mettre à envier légèrement les gens autour de moi. C’était des couples, des groupes d’amis ou encore des familles nombreuses qui riaient aux éclats. J’aurai pu inviter les miens, mais certainement qu’ils n’voudraient pas venir, d’autant plus qu’il se faisait un peu tard. J’effectuai donc mon bonhomme de chemin en solo, en m’essayant quelques fois à des jeux après m’être fait tiré vers des stands par des enfants ou des gérantes aux formes aguicheuses. Même seul, il y avait moyen de s’amuser. Mais après quelques temps, il m’fallait une pause. Et c’est en recherche d’un coin d’repos que j’vis un banc… Presque inoccupé…

    • Belle soirée n’est-ce pas… ? Mais n’vous en faites pas hein, je ne viens pas vous déranger… Juste me reposer ici quelques minutes…

    Qu’avais-je dit à la jeune femme assise sur le banc que j’convoitais, après m’être silencieusement approché d’elle. Et j’étais vraiment sincère. Vu comment j’avais fait mon apparition, elle pouvait très bien m’assimiler à un dragueur, mais c’n’était pas l’cas. C’est d’ailleurs pour ponctuer ce fait que j’posai mes fesses bien loin d’elle. Cependant, force était d’avouer qu’elle était extrêmement mignonne et qui plus est, super élégante. J’l’observai une ou deux fois -Sa poitrine surtout-, avant de regarder définitivement ailleurs pour n’pas la gêner ou la faire fuir. Si ça s’trouve, elle était peut être accompagné par quelqu’un qui était sans doute partit lui chercher une boisson, un truc du genre. M’enfin… J’contemplais quelques bambins sautiller, quand débarquèrent d’nulle part, un groupe de trois jeunes. Lorsqu’ils m’dépassèrent, j’sentis une odeur d’alcool très forte. Ces gens avaient bu et étaient saouls vu comment ils se dandinaient. C’était clair et net. J’pensais bien qu’ils continueraient leur chemin, mais erreur ! Et comme par hasard, c’est au niveau de ma voisine d’banc qu’ils se stoppèrent, avant de l’entourer complètement. L’un des types saisit l’une de ses mains de force, pendant que les deux autres ricanaient bêtement. « T’veux pas venir faire un tour avec nous, qu’on s’amuse ensemble ? J’suis sur que tu t’plairas bien en notre compagnie, et t’as pas intérêt à refuser, héhéhé ». Vu l’absence d’agents de sécurité dans les environs, ces gens s’croyaient puissants. Mais j’allais intervenir… Si jamais ça tournait au vinaigre.

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17.08.12 21:07
Elle regardait les gamins courir dans tout les sens, les parents cherchant vainement à les garder près d'eux, les amis qui se taquinaient et les couples qui passaient en regrettant un peu de n'avoir aucun lien. Tous, sans exception, étaient heureux de venir ici, d'oublier un moment les soucis du quotidien, et de les reporter au lendemain. Elle, elle se contentait de manger son énorme barbe à papa, doucement. Elle avait toujours adoré le sucre, aussi ce genre de friandise était-il pour elle un instant de bonheur incomparable. Alors elle en profitait de la moindre bouchée, et cas rare, elle souriait. Mais il fallait bien que cela se finisse. Toutes les bonnes choses ont une fin, comme on dit. Elle jeta le bâton dans la poubelle à côté, et reprit sa silencieuse contemplation. Elle hésita à aller prendre une nouvelle barbe à papa, mais renonça finalement. Elle songea un instant qu'elle aurait dû prendre son appareil photo ou un calepin où elle aurait noté les nombreuses pensées qui traversaient sa tête. Casey ne se sentait pas vraiment à l'aise dans ce genre d'ambiance. La fête, les jeux, tout cela ne faisait pas vraiment partie de son univers.

Une voix masculine la fit revenir sur terre un instant. Était-ce à elle qu'il venait de parler ? Elle ne savait pas vraiment. Mais étant donné qu'il était en train de la regarder en continuant à parler, elle se rendit compte que oui. Il ne venait pas la déranger ? Encore heureux ! Il voulait simplement se reposer. Elle le regarda un instant, puis hocha la tête, comme pour dire « D'accord, je vous prête mon banc un moment » mais elle n'ajouta rien. Ce n'était pas son genre. Elle l'observa un instant, cet homme. Il lui paraissait grand, et elle ne savait pas si c'était parce qu'elle était assise ou simplement parce qu'il l'était vraiment. Peut-être un peu des deux ? Elle continua à le regarder un moment, puis détourna la tête. Les enfants continuaient à courir, les parents continuaient à les garder contre eux, et tout continuait, comme un manège qui tournait sans s'arrêter, selon un mécanisme bien étudié. Puis, quelque chose changea. Une forte odeur d'alcool arriva à ses narines. Pas qu'elle déteste ça particulièrement, au contraire même, mais elle savait reconnaître ce parfum de loin. Et peu après, des jeunes arrivèrent, apparemment bien torchés.

Casey pensait, un peu naïvement peut-être, qu'ils continueraient à avancer sans s'intéresser davantage à ce qu'il y avait autour d'eux. Après tout, ils avaient déjà du mal à marcher, ils étaient peut-être en train d'essayer de rentrer chez eux ? Mais lorsqu'un des hommes la regarda, elle sut. Ils étaient trois, et avant qu'elle n'ait eu le temps de se lever, ils l'entouraient. L'un s'était assis à côté d'elle, un bras autour de ses épaules, un autre avait attrapé son poignet. Alors qu'ils ricanaient, elle essaya d'arracher sa main à celle de l'homme. Mais même saoul, il avait de la poigne ! « T’veux pas venir faire un tour avec nous, qu’on s’amuse ensemble ? J’suis sur que tu t’plairas bien en notre compagnie, et t’as pas intérêt à refuser, héhéhé ». La « proposition » lui fit l'effet d'une douche froide qui l'aida sensiblement à reprendre son sang-froid et à recommencer à réfléchir. Elle lança un regard glacial à celui qui semblait être le meneur. Elle s'approcha de lui, et murmura, en détachant bien les syllabes :

- Lâche-moi.

Si son regard en disait déjà long sur ce qu'elle pensait, sa phrase avait tout de même été dite d'un ton plutôt menaçant. Casey imaginait que ce genre de mots les feraient partir. Elle en connaissait, des voyous. Elle en connaissait, des jeunes qui croyaient pouvoir tout avoir. Elle avait fait face, durant son adolescence, à tout ceux qui l'avaient frappé. Mais jamais personne n'avait osé lui tenir tête après qu'elle se soit exprimée ainsi. Un élan de colère la prit lorsqu'il répondit :

- Sinon quoi ? T'vas nous frapper p'tet ? Hein les gars ! 'Tention !

Il avait levé un sourcil provocateur tandis que les deux autres riaient bêtement. Cela avait le don de l'agacer au plus haut point. Il la releva rapidement, comme si elle ne pesait rien, et approcha son visage du sien. Par pur réflexe, elle lui cracha à la figure, ce qui ne l'empêcha pas de l'embrasser. Il essuya son visage contre son épaule et l'entraîna à sa suite. N'étant pas du genre à hurler à l'aide, elle tentait tout de même de se débattre. Elle l'aurait volontiers giflé si un autre n'avait pas emprisonné sa deuxième main. Elle avait oublié à quel point elle préférait être seule, se demandant un instant ce qui l'avait poussé à venir ici, finalement. Elle arrêta de se débattre, un instant, et lança un regard vers l'inconnu. Il fallait qu'elle réfléchisse vite, qu'elle fasse diversion pour qu'ils ne soient plus trop concentrés sur elle. Elle essaya de faire un mouvement d'épaule vers lui lorsqu'elle s'adressa aux hommes. Un soupçon de … peur ? de panique ? s'entendait dans sa voix, alors même qu'elle tentait de cacher ça.

- Il veut peut-être s'amuser, lui aussi ? Vous devriez demander à tout ceux qui sont présents. Surtout que moi, je ne veux pas jouer avec vous. Vous auriez peut-être plus de chance avec d'autres.

Il était rare qu'elle dise autant de phrases à la suite, et à son avis, elle avait sûrement fait perdre le fil aux hommes déjà bien abêtis par l'alcool. Elle entendit l'un d'eux pousser un juron peu discrètement. Elle se tourna vers lui, avec l'intention de lui demander de rester correct, mais ce qu'elle vit l'en empêcha. Ce n'était pas juste une impression, finalement : l'homme sur le banc, il était vraiment grand.
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18.08.12 13:21
    Vu qu’elle n’avait pas demandé de l’aide depuis un bon moment, j’m’étais contenté d’être tranquille dans mon coin, sans bouger le moindre pouce. J’observai plutôt c’qui s’passait entre eux, avant de sourire devant le baiser forcé qu’elle avait subi et le coup du crachat. C’est qu’elle avait de l’orgueil et du répondant la p’tite dame. Loin d’avoir froid aux yeux. J’aimais bien c’genre de filles. On était bien loin des mijaurées qui s’exclamaient à la vue d’un moindre insecte répugnant. A un point même où j’m’étais dit qu’elle n’aurait véritablement pas besoin d’moi pour s’en sortir. Normalement, les trois plaisantins auraient dû s’tirer, découragés d’être tombés sur une femme aussi téméraire, mais il n’en fut rien. On n’pouvait pas espérer grand-chose avec de types qui avaient énormément bu en même temps. J’eus un soupir quand ils la trainèrent de force avec eux. C’était bien beau d’avoir de l’orgueil et tout, mais fallait pas abuser à un moment. Il y avait une limite mince entre vanité et stupidité. Une limite facilement franchissable. Elle allait finir violée sans s’en rendre compte, c’qui serait quand même dommage. Et comme j’étais un bon zig qui n’pouvait quand même pas laisser ce genre de chose arriver, j’avais dans l’esprit de les suivre tranquillement et leur foutre la raclée de leur vie. J’pouvais sur l’champ, mais il fallait que cette jeune femme comprenne que crier à l’aide n’était pas sorcier. Et puis, ça laissait un peu d’temps à ses emmerdeurs pour rêver un peu…

    • Bon, maintenant, t’la fermes et t’nous suis, pétasse ! L’autre con, et les gens d’ici, ils nous intéressent pas. Nous, c’est avec toi qu’on veut jouer, héhé ! Pas vrai les mecs ?!

    Les deux autres idiots approuvèrent en ricanant méchamment pour n’pas dire bêtement. Puis ils escortèrent d’force leur victime d’un soir. Faut croire qu’ils avaient l’habitude d’faire ce genre de chose, vu qu’ils suivaient un tracé bien précis. Chemin sur lequel ils n’rencontraient pas grand monde. Encore que ces gens avec toutes les activités et l’boucan environnant, n’faisaient pas vraiment attention au groupe qui enlevait la jeune dame. Ouaip, ils allaient apparemment s’la faire. Ils bifurquèrent très vite dans une ruelle on ne peut moins éclairée, avant de poursuivre leur route beaucoup plus vite. L’meneur avait violemment saisi sa prise, de telle sorte qu’elle n’puisse rien tenter. Et c’est quelques secondes plus tard qu’ils débouchèrent dans un couloir totalement sombre. Un cul-de-sac pour être plus précis. Ledit meneur jeta littéralement sa prise au sol. L’endroit était glauque et insalubre. Il y régnait une forte odeur pestilentielle. Comme si des souris décomposaient dans l’coin. Un endroit qui donnait vraiment envie d’gerber, mais qui semblait n’pas incommoder les trois jeunes agresseurs. Pour eux, c’était toujours mieux que rien, faute de pouvoir l’entrainer dans un hôtel où des personnes viendraient au secours d’cette pouffiasse d’merde. Bien avant que cette dernière n’esquisse le moindre geste pour se relever, deux d’entre eux avaient déjà dévoilé leur sexe. L’chef comptait faire de même puisqu’il déboutonnait déjà son jean, quand une série de flashs illumina soudainement l’endroit, décontenançant ainsi les agresseurs qui rangèrent leurs bijoux de famille, avant d’se retourner, complètement affolés. Il y avait quelqu’un…

    • T’es qui toi ?! Dégage d’ici ! Hurla l’un d’entre eux.

    • Désolé les mecs, mais j’n’en ai pas vraiment l’intention, vous voyez…

    • Mais… T’es le type de tout à l’heure ! Enfoiré ! Tu nous as suivis hein ?!

    Wep. L'quelqu'un, c’était bien moi, et j’les avais suivi discrètement comme ils pouvaient l’constater. J’eus un sourire, avant d’lâcher mon appareil photo. Un véritable Deus ex machina. J’fourrai mes mains dans mes poches et avançai tranquillement vers l’petit groupe. J’fronçai mes narines. L’odeur était insupportable. A s’demander comment ils respiraient ça sans problèmes. M’enfin bon, il y avait plus important. L’un d’entre eux, l’plus gros et l’plus moche, sortit un couteau et fonça sur moi séance tenante. Il tenta de me poignarder, mais le pauvre était lent. Bien trop lent, sans oublier qu’il avait bu, c’qui amoindrissait considérablement ses chances de m’avoir. J’évitai plusieurs de ses coups en rigolant, avant d’lui flanquer une droite dans l’bide qu’il sentit passer. Il lâcha son arme, agrippa son ventre et c’est à c’moment là que j’ajoutai un autre coup d’pied qui l’fit valser vers ses camarades. Au sol, l’jeune était presque dans les vapes, quoique sonné pour d’bon. L’deuxième grogna avant d’ramasser une barre de fer au sol. Cette fois, ça rigolait plus. J’abandonnai ma posture nonchalante, et me j’me mis en garde. Et l’nouveau round débuta. C’est avec beaucoup de chances et beaucoup d’agilité que j’évitai les coups qu’il essayait de m’administrer vainement. Mais l’bougre m’faisait reculer. J’étais presque acculé à un mur, lorsque mon adversaire sourit, pensant avoir déjà gagné. Malheureusement pour lui, j’profitai d’son moment de distraction pour loger mon pied dans ses couilles. Coup fourbe, mais justifié. Ils s’apprêtaient à violer une innocente après tout…

    • T’as gagné ! T’as gagné ! MAMAAAAAAAAAAN !!!

    Le « leader » après avoir vu ses deux sbires s’faire corriger, hurla à pleins poumons et n’se fit pas prier pour prendre la poudre d’escampette. C’était « ça » qui voulait violer ? Mon Dieu. Ils avaient regardé trop de films. Les deux autres se relevèrent en même temps avant d’se tirer illico presto. L’plus gros chuta bêtement une fois, mais s’releva bien vite pour détaler comme ses camarades. C’est alors que j’me retournai vers ma précédente voisine de banc. S’en approcher ou non… ? J’ne pouvais pas la laisser dans cet état en même temps. J’m’approchai lentement d’elle, avant d’la tirer avec moi sans mot. Qu’est ce que j’pouvais lui dire ? Qu’elle avait été idiote d’ne pas avoir crié au secours ? Mwouais bon. J’ne la connaissais pour lui faire la morale. Il faut dire aussi que l’être humain n’est pas digne d’confiance et vu d’cet angle, on pouvait la comprendre aisément. Nous nous éloignâmes enfin de l’endroit morbide, avant que j’ne lâche sa main. Les allées étaient redevenues colorés et il y avait beaucoup plus de passants. La brise fraiche avait reprit ses droits sur Madison, tant et si bien que j’en ressentis immédiatement les effets. J’frissonnai, avant de frotter vigoureusement mes mains. L’grand type qui avait ratatiné les précédents puceaux, redevenait un simple humain d’rien du tout face à la nature, et c’était pas un rien d’le dire. Bordel que j’détestais l’froid ! Tellement que j’avais complètement oublié ma voisine, pourtant près de moi… M'enfin, pas pour longtemps…

    • Il fait vraiment froid, brrrrrrr... Ça vous tente, une barbe à papa puis un café ?
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31.08.12 18:30
Il s’était levé, et elle tenta de regarder derrière elle une nouvelle fois, pour être sûre qu’il les suivait. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle était presque sûre qu’il la sauverait, si jamais elle ne parvenait pas à se débarrasser seule du groupe de jeunes. Il y avait des gens, comme ça, comme lui, qui lui inspiraient confiance, spontanément. Autant dire que ces personnes-là se comptaient sur les doigts d'une main, dans son cas. Mais ça arrivait, de temps en temps. Avant qu'elle ne leur trouve des tas de défauts. Casey était du genre à apprécier quelqu’un une minute, et juste après, lorsque cette personne se mettait à parler, à bouger, elle trouvait forcément quelque chose qui lui déplaisait. C’était peut-être pour ça, aussi, qu’elle ne parvenait pas à se faire d'amis, ni même de sympathiques connaissances. Elle trouvait toujours trop peu de qualités aux autres. Et elle ne parvenait pas à passer au-dessus de cela. A vrai dire, elle n’essayait même pas.

L’un des hommes serra son bras plus fort, lui demandant – ordonnant ? – de se taire avec de jolis mots, et elle serra les dents. Elle n’aimait pas du tout l’allure que prenaient les événements, mais elle était certaine de pouvoir s'en sortir seule, et que rien ne lui arriverait. Enfin, presque. Son cerveau tournait à plein régime et des centaines de scénario passaient dans sa tête, sans qu'elle ne puisse en retenir un seul : aucun n’était réaliste, et jusqu’à preuve du contraire, elle n’avait pas hérité de l’un des pouvoirs que certains avaient pu recevoir. Le problème étant qu’elle était bien trop fière – bien trop stupide – pour crier à l’aide. Ils la tenaient trop fermement pour qu’elle ne pense une seconde à échapper à leur emprise. Le groupe l’entraîna vers les ruelles sombres. Le genre d’endroit qui ne sent pas bon, le genre d’endroit qui a déjà dû voir des cadavres, sinon humains, au moins animaux. Le genre d’endroit où on n'emmène même pas un drogué en manque. Pourtant, elle ne commença à paniquer que lorsqu’ils la jetèrent par terre sans ménagement. Que lorsqu’ils ouvrirent, relativement rapidement, leurs braguettes. Ses yeux s'écarquillèrent, sous la peur. Sa lèvre tremblait.

Elle se voyait déjà violée, se sentait déjà souillée. Quelle bêtise de ne pas vouloir crier à l’aide.

Son destin semblait scellé. Pourtant, alors qu'elle s’apprêtait à crier, finalement, ils s’arrêtèrent. Se rhabillèrent. Car des flashs venaient soudainement d’éclairer l'endroit. Elle releva la tête. Être effrayée, étonnée ? Cacher son visage, regarder son possible sauveur ? Elle choisit les deuxièmes options, quelques secondes. Les éclats de la lutte lui arrivaient aux oreilles, elle voyait les armes sorties, qu’elles soient d’acier ou de chair et de sang. Mais elle n’arrivait pas à soutenir cette vision et elle fit le geste le plus stupide, mais peut-être le plus humain, de sa vie : elle se recroquevilla sur elle-même en posant les mains sur ses oreilles. Elle songeait que, s’il était arrivé un tout petit peu après, l’inconnu du banc, ça aurait sans doute été trop tard. Elle se disait qu’elle était stupide, de tout vouloir régler par elle-même. Et les bruits cessèrent. Il ne restait rien d’autre que sa tête qui bourdonnait, son sang qui battait contre ses tempes et lui donnait la nausée.
Elle releva la tête, doucement. L'homme du banc sembla hésiter un instant, puis vint attraper sa main. Elle essuya son visage avec sa deuxième main. Voilà qu’elle pleurait sa faiblesse. Quelle idiote. Elle serra la main qu’il lui offrait, hésitant à dire le moindre mot. Elle se sentait suffisamment mal pour ne rien ajouter. Il conduisait une Casey un peu déboussolée dans les ruelles, et garda sa main dans la sienne jusqu’à ce qu’ils débouchent sur une rue bien plus animée. Lorsqu’il la lâcha, elle laissa son bras retomber mollement près de son corps. Puis elle sentit la brise sur son visage et elle frissonna, reprenant du même coup ses esprits. Elle esquissa un semblant de sourire lorsqu'il annonça l'évidence : il faisait froid. Elle trouvait ça presque drôle que celui qui venait de mettre en déroute trois hommes finissent par être « battu » par le froid.

- J’ai déjà mangé … une barbe à papa. Mais … mais j’dis pas non pour le café.

Elle avait failli craquer une bonne douzaine de fois depuis son ébauche de sourire. Mais elle ne voulait pas pleurer devant celui qui venait plus ou moins de la sauver. Elle essuya rapidement les dernières gouttes sillonnant ses joues puis elle s’approcha de l’homme.

- Comment vous vous appelez ? Est-ce que je peux continuer à vous tenir la main ? Ça me rassure ...

Si les deux phrases n’avaient aucun rapport, c’est parce qu’elle ne voyait pas l’utilité d’une transition. Ses chaussures lui faisaient mal aux pieds, maintenant, et un des talons menaçait de casser. Ce fut sans doute la raison pour laquelle elle les enleva, se retrouvant pieds nus sur l’asphalte. Elle se moquait bien des morceaux de verres brisés ou autres objets relativement coupants qui pouvaient se trouver sur son chemin : avant ses quatre ans, avant que sa mère ne parte, elle avait déjà marché des centaines de fois sur des choses de ce genre-là. Elle se rappela qu’elle avait une autre paire de chaussures dans son sac. Mais elle ne l’avait plus. Elle ne savait pas où elle avait bien pu l’avoir laissé, et au fond elle s’en moquait.

- J’aime bien le cappuccino. Comme café.

C’est dingue comme un presque drame pouvait la rendre loquace.

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02.09.12 19:48
    Son sourire aussi mince soit-il, était plutôt craquant. En fait, cette jeune femme était mignonne et c’était peu d’le dire. Son apparente peur n’entachait en rien sa beauté ; beauté qui m’émerveillait sincèrement. C’était p’être pas la meilleure façon de faire, mais j’comprenais pourquoi le groupe des jeunes l’avait rapidement accosté avec toutes les mauvaises intentions du monde. Elle était belle, vraiment. Une beauté simple sans trop d’artifices. Bien loin du cliché de la bombasse ou d’la femme fatale qu’on pouvait apercevoir en tout coin de rue. J’eus un sourire à mon tour. Qu’importe pour la barbe à papa, donc. L’essentiel était qu’elle avait accepté mon invitation, c’qui me fit plaisir. Mais au moment où j’comptais m’avancer en silence, la jeune femme reprit la parole. J’arborai une mine plutôt étonnée, avant de sourire. Et ce n’est ce que lorsqu’elle se déchaussa que je lui avais repris délicatement la main. J’étais pas un bodyguard, qu’on s’le dise, mais au point où on était, j’ne pouvais presque rien refuser à cette inconnue. Nonobstant, j’avais trouvé ça un peu bizarre, qu’elle se déchausse, là, comme ça, sur la route. Ses hauts talons devaient la faire souffrir, il n’y avait pas d‘autres explications sur l’coup. Ce pourquoi j’ne pipais mot à ce propos. Par contre et vu qu’elle était encore en état de choc, mieux valait ne pas trop la remuer, la secouer. C’est de ce fait que je pris l’initiative de briser le nouveau silence qui s’était installé après qu’elle m’ait déclaré sa préférence pour le cappuccino.

    - Autant ne pas vous abimer les pieds, non ? Vous aurez beaucoup de problèmes pour rentrer après, ce qui serait dommage.

    Pour donner du poids à mes dires, je me permis de soulever délicatement la jeune femme dans mes bras. Nan nan. Il n’y avait aucune prétention dans ce geste. S’il me fallait l’aider, autant le faire jusqu’au bout non ? J’lui fis un sourire bref avant d’me mettre à avancer vers la civilisation. Nous quittions enfin le secteur dans lequel se trouvait le couloir lugubre où elle avait failli y passer. De plus, elle ne pesait pas tant que ça. C’est à peine si j’sentais son poids. Nous traversâmes une avenue toute illuminée et particulièrement animée. Des marchands de friandises, des stands aux jeux divers… Bref, il y avait de tout. Nous débouchâmes vers une belle fontaine où il y avait quand même du monde. Des amoureux surtout. J’eus tout d’un coup un malaise. J’me mis à grimacer imperceptiblement. J’aurais p’être pas dû venir ici, mais j’ne pouvais pas savoir qu’un tel endroit grouillait de couples. Mais au même moment, j’vis un stand improvisé où s’vendait du café. Pas très loin d’la grande roue. En soi, c’était un bel endroit en fait. Gai, illuminé… Que demander de plus après l’épisode qu’elle venait de vivre ? J’eus un sourire qui balaya mon malaise et mes aprioris. C’était décidé ! On allait s’établir ici l’espace d’un instant. C’est dans cette optique des choses que je m’approchai au plus près de la fontaine, avant de poser la demoiselle sur le rebord. Ici, elle aurait alors le loisir de tremper ses pieds dans l’eau, de décompresser…

    - Ici vous ne risquez rien. Attendez-moi, j’reviens vite avec votre cappuccino…

    J’pris la direction du stand que j’avais aperçu, et il n’me fallut pas plus de cinq minutes pour revenir avec deux cappuccinos. Pour faire simple, j’avais choisi comme elle. J’n’aimais pas spécialement le café, mais c’était toujours bon pour se réchauffer ou pour s’tenir éveillé. Une fois à ses côtés, j’lui passai sa tasse couverte de plusieurs mouchoirs, avant de m’adosser à la fontaine. J’aurais été tenté d’y plonger mes pieds, mais avec l’froid d’canard qui régnait sur place, j’préférais ne pas m’y risquer. Il eut un blanc au bout d’un moment. Que lui dire ? Répondre à sa précédente question ? C’était déjà quelque chose. Un début si j’puis dire ainsi : « Alheïri Salem Fenyang. C’est mon nom. J’sais, il est plutôt compliqué, mais dans ce cas, appelez-moi Salem, c’est bien plus simple comme ça. » J’lui fis mon plus beau sourire après mes dires. Histoire de la rassurer quoi. Mais pourquoi étais-je aussi affable avec cette demoiselle ? Va savoir… C’était en même temps une drôle de soirée. « Et vous êtes ? » Question que j’aurais dû poser depuis, quand j’y pense. M’enfin, nous avions tout notre temps. Ou plutôt, j’avais tout mon temps. Après tout, j’ne connaissais rien de son programme, pour n’pas dire d’elle en général. J’me mis à siroter doucement mon café. Il n’était pas mal du tout. Un tout p’tit peu brûlant, mais ça passait crème. Puis brusquement, j’eus une autre interrogation en tête… Un autre réflexe que j’aurais dû avoir. J’étais décidément tête en l’air ce soir…

    - Y a t-il quelqu'un que vous voulez contacter ? J'ai un téléphone sur moi si vous voulez.
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09.09.12 15:25
Si elle n'avait pas encore été sous le choc, elle n'aurait jamais accepté qu'on la touche, encore moins qu'on la prenne dans ses bras pour qu'elle ne blesse pas ses pieds. En temps normal, Casey était le genre de personne parfaitement asociale, coincée dans un monde où le travail avait une place particulièrement privilégiée, qui ne parlait que pour demander des choses qui lui servaient. Mais il fallait dire aussi que cet homme avait une voix douce, qui appelait – un peu – à la confiance. Alors, dans une espèce d'état second, où elle n'était pas vraiment elle, elle se laissait guider. Et au fond, ce n'était pas si mal, pour une fois, de ne pas réfléchir, de ne pas penser « Que va-t-il se passer, selon toute probabilité ? », comme elle le faisait si souvent. La seule chose à laquelle elle pensait, c'était qu'il ne fallait pas qu'elle se remette à pleurer, parce qu'il n'y avait plus de raisons, et qu'elle n'aimait pas avoir les joues mouillées et collantes.

Casey était dans les bras de l'inconnu, et comme une enfant, elle s'était agrippée à lui., ses chaussures encore dans la main. Il lui sourit et elle tenta de lui rendre ce sourire. Elle y parvint – presque. Ses lèvres ne s'étaient que vaguement étiré, mais c'était sans doute mieux que rien. Puis elle n'avait pas l'habitude, elle d'habitude si concentrée, si … inexpressive.
Relativement rapidement, ils arrivèrent dans une rue plutôt animée, lumineuse, et elle ne cacha pas son soulagement. En fait, elle se rendit simplement compte à quel point elle était tendue, depuis le début. L'odeur immonde, le choc encore présent, l'obscurité qui, finalement, lui faisait peut-être un peu plus peur que ce qu'elle pensait. Elle ferma les yeux, le temps de prendre une grande inspiration de l'air à présent sucré et léger, puis rouvrit les yeux, pour contempler la majestueuse fontaine qui trônait sur la place.

Elle ne fit pas attention au monde autour, d'ailleurs, elle ne faisait plus attention à rien. Lorsqu'elle fut déposée délicatement sur le rebord de la fontaine, elle faillit protester. Elle ne voulait pas rester toute seule. Mais il lui assurait qu'elle ne risquait rien, et qu'il revenait vite. Pendant ce temps, elle plongea ses pieds dans l'eau froide de la fontaine, en faisant attention à ce que son jean, lui, ne trempe pas dedans. Ses chaussures trônaient fièrement sur ses genoux, et elle décida de les poser à côté d'elle, sur le rebord de la fontaine, se demandant ce qui lui avait pris de prendre des chaussures avec des talons si hauts. Puis elle jeta un coup d’œil aux alentours. Il y avait beaucoup de couples, qui profitaient de la soirée. Elle, se contentait de fixer son reflet troublé par l'eau, essayant de faire le tri dans les pensées qui se mélangeaient dans sa tête.

Mais il revint avant, avec deux cappuccinos dans les mains. Il lui tendit une tasse, recouverte de plusieurs mouchoirs. Elle sortit ses pieds de l'eau, prenant soudain en compte le fait qu'elle était très froide. Ses mains se réchauffaient un peu, même si la chaleur du café était atténuée par les mouchoirs. Elle souffla un peu dessus, puis en but une petite gorgée, tandis qu'il répondait à la question qu'elle avait posé une dizaine de minutes avant, et à laquelle elle ne pensait plus. Alheïri Salem Fenyang. Il n'était pas du coin. Enfin, peut-être. En Amérique, toutes les cultures se confondaient. Il lui fit un grand sourire et elle sourit à son tour. Elle prit encore une nouvelle gorgée avant de répondre à son tour. C'était bon, ça donnait chaud, ça la rassurait un peu.

- Casey Williams.

Elle ponctua cette réponse très simple par un sourire. Que rajouter de plus ? Elle n'en savait rien. Elle n'avait jamais eu le don de bien parler, de tisser des liens. Et cela lui faisait défaut. Dire qu'elle était sortie justement pour faire des rencontres … Ce n'était peut-être pas le meilleur moyen, finalement. Elle hocha la tête pour elle-même, plongée dans ses pensées. La voix d'Alheïri retentit à nouveau à ses côtés, et son interrogation la laissa muette et interdite. Que devait-elle dire ? Qu'il n'y avait que son père qu'elle pouvait contacter pour ce genre de choses, mais qu'il était bien loin, qu'elle n'avait aucune attache ici ? Elle réfléchit un instant.

- Non, non, ça ira. Merci quand même.

Alors elle souffla sur son café, un peu soucieuse. Justement, ça faisait un bout de moment qu'elle n'avait pas pris de nouvelles de son père. Quand elle rentrerait chez elle, peut-être. Elle termina sa tasse, mais la garda dans ses mains.

- Vous habitez loin d'ici ? Enfin, plutôt dans le quartier, ou … ? Petite pause. Oh ! Vous attendiez peut-être quelqu'un, non ? Je suis désolée de vous avoir embarqué dans cette histoire.

Et pour le coup, elle était vraiment désolée. Enfin, d'un côté, non, parce que bon, il l'avait quand même secouru alors bon.
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13.09.12 12:23
    Plus le temps passait, et plus son sourire s’agrandissait, c’qui n’était pas pour me déplaire. Elle semblait peu à peu oublier sa précédente mésaventure. J’étais plutôt fier de moi, car j’avais effectué une bonne action, et pas des moindres. Peu de personnes se targueraient de pouvoir faire comme moi, même si face à trois jeunes puceaux qui n’avaient rien encore compris à la vie, ça avait été relativement facile. Et quand on y repensait, on pouvait approuver les multiples publicités d’alertes selon lesquelles l’alcool faisait des ravages. A cause d’une soirée trop arrosée, la jeune Casey avait failli prendre gros, et pas qu’un peu. Casey hein ? C’était un joli prénom. J’eus envie de la complimenter, mais je me brulai malencontreusement la pointe de ma langue avec mon café brulant, c’qui me dissuada de prononcer n’importe quel mot. J’tenais un peu à le faire, parce que j’avais parfaitement senti cette espèce de carapace qu’elle avait formée autour d’elle. Et si ça n’avait tenu qu’à la jeune femme, sans doute qu’elle aurait décliné toute aide que j’aurais voulu lui apporter. En la laissant s’exprimer, j’finis par imiter ses gestes, soit souffler dans mon café. J’avais demandé des tasses bien chaudes, mais là, c’était carrément exagéré. De quoi m’dégouter sérieusement de ce breuvage que je n’affectionnais pas tant que ça. J’préférais de loin les jus de fruits, surtout les jus d’ananas. Mais il ne devait pas y en avoir dans les parages, surtout qu’avec le temps qu’il faisait, c’était pas vraiment le mieux pour moi. La vie, c’est vraiment pas une sinécure…

    - Vous n’avez pas à être désolée, vous savez. N’importe qui aurait fait la même chose.

    J’avais murmuré mes mots avec une douceur et une assurance inégalables, même si j’pensais un peu le contraire de ce que j’venais de lui dire. M’enfin, là, Casey devait avoir bien appris la leçon. J’m’évertuai à finir mon café à mon tour, avant de jeter un coup d’œil aux alentours. Les alentours de la fontaine devenaient moins bondés… Il devait sans doute se faire tard. Tout en gardant ma propre tasse dans l’une de mes mains, j’consultai rapidement ma montre : 23 heures moins sept minutes. Et dire que pour la plupart d’entre nous, le boulot continuait même le samedi. D’quoi être blasé. L’ironie du sort, c’est que je travaillais dans l’entreprise des jeux vidéo ; gadgets pourtant destinés à s’évader et rien qu’à s’évader. J’étais pour être plus précis, un programmeur, et pas n’importe lequel. L’un des meilleurs de ce pays. Il m’arrivait très souvent de participer à des conventions organisés par de grandes firmes chinoises, japonaises ou américaines ; et la plupart du temps, ces conventions requéraient mes interventions, aussi minimes soient-elles. La preuve même que j’étais beaucoup entouré et que j’avais beaucoup de contacts. Un être très social. « Sinon, je n’attendais personne. En fait, je suis venu en solitaire, pour changer un peu de mon lot quotidien… » J’eus un pâle sourire. Autant j’aimais être bien entouré, autant j’avais parfois besoin d’un minimum de temps pour moi, un minimum de solitude. Pourtant, la présence de Casey à mes côtés ne me dérangeait nullement. Bien au contraire. Comment être embarrassé par une si belle femme… ?

    - Et puis j’habite pas très loin d’ici. Jusqu’aujourd’hui, je ne soupçonnais même pas la présence de cette fête foraine. Comme quoi, le hasard fait parfois bien les choses. Mais au fait, pourquoi cette question ? Vous êtes loin d’ici ? Vous voulez un logis pour cette nuit ?

    J’arborai mon sourire habituel. Mes questions n’étaient pas lourdes de sens, mais plutôt simples et sincères. J’ne cherchais pas vraiment à la ramener chez moi pour lui faire l’amour, comme j’avais l’habitude de le faire avec les jeunes filles qui trainaient dans les boites de nuit, mais à l’aider, encore une fois. Peut-être aurait-elle peur de rentrer toute seule chez elle. Mais il n’y avait pas de quoi de toute façon, vu que quelques policiers faisaient leurs rondes ici et là. Elle pouvait donc facilement s’méprendre sur mes questions pourtant innocentes, ce pourquoi il m’fallait rectifier l’tir : « Désolé pour toutes ces questions soudaines… Oubliez-les, j’dois vous embêter avec tout mon blabla… Oh… Vous allez prendre froid si vous ne vous chaussez pas. » Mon prétexte pour changer de sujet était un peu maladroit, mais il attestait de ma bonne foi. Oui, pour une fois, j’prenais mon temps pour apprécier la fragilité et la beauté d’une femme, au lieu de ses formes. Parce que, faut l’dire sincèrement, elle avait une belle poitrine la Casey. Que je m’étais efforcé d’ne pas reluquer comme le gros pervers que j’suis d’habitude. Pour joindre donc la parole à l’acte, j’pris les mouchoirs de ma précédente tasse que je posai sur le rebord de la fontaine, avant de m’abaisser pour pouvoir essuyer les pieds mouillés de la jeune femme. Puis je lui fis porter ses chaussures, après m’être assuré qu’ils ne risquaient pas de craquer ou un truc du genre. Elle avait de jolis pieds… J’n’étais pas fétichiste de ces parties du corps, mais ceux de Casey étaient agréables à regarder et bien entretenus. Puis j’me redressai enfin, avant de prendre une nouvelle fois la parole…

    - Il se fait un peu tard, et vu le froid qu’il commence à faire, j’vais pas tarder à rentrer pour ma part. Je vous accompagne prendre un taxi ou vous préférez continuer à vous promener ici ?
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