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.De ceux qui croient aux miracles. [Shane]
lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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Enoch Livingston
lost in the grey urban woods



04.02.14 18:39
And all the world's weight is on my back and I don't even know why
I looked him right in the eye and said "goodbye'' ♫

Il était une fois, deux planètes qui flottaient dans la galaxie d'Andromède, patientant avec l'impatience que confèrent deux milliards d'années d'existence. Chacune d'elles, à des années-lumière l'une de l'autre, attendait l'arrivée du prochain Big Bang pour recevoir des nouvelles de l'autre par voie de comètes, parce qu'à l'époque, c'était ainsi que fonctionnait la poste intergalactique. Mais alors qu'une légendaire lentille d'eau auréolée d'énergie bleue leur avait annoncé le jour de la future livraison, un hamster démoniaque eut l'idée de creuser à l'intérieur d'une des planètes et d'hiberner dans son noyau alors qu'un moine bouddhiste se mit à jouer au bilboquet sur les anneaux de Saturne et... Enoch ouvrit un œil. Le referma. Ouvrit les deux. Il y avait encore une planète qui lui souriait depuis le fond de sa rétine et un rongeur en costume d'astronaute qui le saluait, si bien qu'il chassa ces images en se frottant la paupière du bout des doigts. C'était donc à cela que ressemblait le purgatoire. Une vision cauchemardesque avec, au réveil, quatre cloisons gris sombre et un insupportable bruit de moteur en fond sonore, de quoi s'imaginer être mort écrasé sous un rouleau compresseur. D'ailleurs, le fantôme ne s'étonnait pas de ne se trouver ni en Enfer ni au Paradis mais, outre cette lancinante douleur au crâne, il fut surpris de l'absence de souvenir qu'il retirait de son trépas. Il aurait pourtant aimé s'en rappeler ; cela lui aurait sans doute été utile pour le registre des morts accidentelles régi par les grandes instances supérieures de la morbidité. Mais trêve de plaisanterie. Il lui fallait trouver un moyen de ressusciter fissa, parce qu'il avait encore du pain sur la planche dans le monde des vivants, et Shane devait se demander où il était passé tout à coup. Partir sans laisser de mot était d'une folle impolitesse.

Ce à quoi le gamin ne fut pas préparé, ce fut justement d'apercevoir en face de lui, sur la banquette métallique du véhicule, le petit brun qui le regardait avec un mince sourire un peu triste. Il lui répondit par télépathie une sorte de Oh, tu es mort toi aussi ? J'en suis navré, j'aurais aimé faire quelque chose pour toi... Et puis, sans savoir si c'était dû à un nouvel élancement dans l'arrière de son crâne, à une secousse dans l'habitacle ou au retour tant espéré de son sérieux, il comprit qu'il n'était pas encore à l'état de cadavre, que les personnes autour de lui étaient bel et bien vivantes et qu'il avait loupé un épisode. Un long épisode.
« Heureusement que tu as agis, on ne serait pas parvenu à te sortir de là sans ta propre intervention. Tu as pris un sacré coup sur la tête au passage, mais tu as l’air d’aller bien. »
Enoch voyait son interlocuteur sans le voir. Certes, il avait les yeux rivés sur lui et cette position donnait l'illusion qu'ils s'observaient consciencieusement, mais à la vérité, le spectre avait la vue toute brouillée et presque douloureuse. Probablement un effet secondaire du coup qu'il avait reçu. Pour s'en assurer, il porta avec lenteur sa main derrière sa tête, à l'endroit où du tissu recouvrait la plaie bosselée qu'il garderait sans doute plusieurs semaines. À peine l'effleura-t-il qu'un éclair désagréable lui traversa les synapses et il grimaça.
« Où sommes-nous ? » interrogea-t-il tandis que le fourgon ralentissait. La soudaine atmosphère de lourdeur qui envahit l'intérieur lui sauta au cœur comme une angoisse. C'est à peine s'il prêta attention aux deux frères assommés et menottés dans un coin, tant il ne comprenait pas l'attitude de son compagnon. Hé, ils avaient réussi, ils étaient en vie, où était le mal ? Pauvre ignorant, il ne put lire dans ce sourire réitéré qu'une insondable lassitude teintée de chagrin. Et il s'offusqua doucement des paroles qui l'accompagnèrent, plus abasourdi que révolté :
« Comment ça, je descends ? Et toi ? »

Les Erasers se chargèrent aussitôt d'expliquer, bon gré mal gré, de quoi il retournait. Explication qui n'eut pour effet que d'achever de le scandaliser. La colère lui agrippa le cou avant qu'il ne se relève d'un bond alors que le commandant s'apprêtait à ouvrir les doubles portes de la camionnette.
« Tu leur as promis ? Mais comment as-tu pu faire ça ?! Comment tu as pu te vendre comme ça ?! » Il y avait plus de ressentiment dans ces mots que de réelle incompréhension. Parce que le petit poucet savait pourquoi Shane avait dû en arriver là, il savait pourquoi il avait passé ce marché ; mais il s'y opposait vigoureusement et il ne cesserait de s'y opposer, quand bien même son compagnon essaierait de le dissuader de s'en mêler. Néanmoins, il n'eut pas l'occasion de s'en formaliser davantage, car il fut happé par une main puissante qui le jeta dehors ; il reconnut sa rue, son immeuble, et il eut juste le temps de se retourner que le militaire jeta aussi Shane à l'extérieur du fourgon. Par un réflexe de contrariété, Enoch s'interposa entre son ami et l'Eraser, craignant qu'il ne se serve de cette proximité pour lui tirer une balle entre les deux yeux à même le trottoir. Mais il n'en fit pourtant rien ; au contraire, il s'accroupit au bord du véhicule sans mettre pied à terre et s'adressa à eux à demi-voix, comme pour ne se faire entendre que d'eux. Dans la lucarne centrale qui donnait vue sur l'espace du conducteur, le fantôme aperçut la mine déconfite des deux autres officiers. .
« Vous allez rentrer chez vous, soigner vos blessures, vous reposer, et surtout vous tenir à carreau. Que je n'entende plus parler de vous ou la prochaine fois, je vous embarque sans ménagement. Surtout toi, Treazler. Compris ? »
Et une fois qu'il eut reçu un acquiescement en guise d'approbation, il claqua les portes.

« Commandant, vous les laissez filer ? C'est un Evolve ! Et l'autre, qui sait s'il n'en est pas un aussi ? »
Mais le commandant s'approcha du hublot rectangulaire et, à travers le grillage, darda un regard sévère sur son collègue :
« Qui donc avons-nous à l'arrière de ce véhicule, Moran ? La mission stipulait de récupérer les frères Hodges, William et Mickaël. Elle est accomplie, alors je ne veux aucun autre commentaire. L'opération sera terminée une fois rentrés à la base. On y va.
- Mais commandant... ?
- J'ai dit ''On y va''. Ne m'obligez pas à me répéter.
- Ou...Oui, commandant. »
Il appuya sur la pédale d'accélérateur.
Les deux garçons demeurés sur le trottoir échangèrent un regard incrédule en apercevant le fourgon repartir sans eux et disparaître au coin de l'avenue. Peut-être même qu'ils se tinrent là pendant quelques secondes sans oser échanger un mot, tant ils ne revenaient pas de ce qu'ils venaient d'entendre ou de voir. Mais tout à coup, Enoch sentit le regard circonspect d'une grand-mère qui traversait la route juste devant eux – ah, ces jeunes qui se déguisent en zombies pour effrayer les honnêtes gens ! devait-elle penser – et il tira Shane par la manche jusqu'au numéro treize de la rue. Pour toute justification, il ajouta : « Viens, faut pas rester là. » Son cerveau avait beau être dans le même état qu'au lendemain d'une cuite carabinée, il parvint à composer le code de son immeuble et de grimper les marches sans en rater une jusqu'au troisième étage ; puis il tira ses clefs de la poche de son pantalon, constatant au passage dans quel état déplorable se trouvait son t-shirt – les joies des bandages faits maison – et poussa la porte de son appartement pour s'y engouffrer, le brunet à sa suite.

« Par ici, on parlera ensuite. »
Il emporta Shane dans la salle de bain tout en se défaisant de sa veste, et bien que ce début de phrase soit hautement ambigu pour l'esprit mal placé de l'auteur, Enoch fit juste asseoir son ami sur le rebord de la baignoire avant de fouiller dans le placard situé sous le lavabo, à la recherche d'un flacon d'alcool et de compresses de toutes tailles et de toutes formes. Collectionner les pansements n'était pas tant un passe-temps qu'une véritable nécessité, pour lui qui se cognait pour un rien à tout ce qui pouvait dépasser au cours de ses déplacements. Mais pour une fois qu'il n'était pas le seul à avoir besoin de désinfecter quelques plaies, il n'allait pas lésiner.
« Ça risque de brûler un peu », prévint-il avant d'appliquer un coton imbibé de liquide sur les entailles ouvertes que Shane portait au visage. Il agit avec le plus de délicatesse qu'il put mais compter les blessures et les hématomes, surtout qu'il en avait sans conteste ailleurs sur le corps, le mit plus mal à l'aise qu'il voulait le croire. C'était à cause de lui. C'est lui qui aurait dû être battu de la sorte. Il mouilla ensuite un linge qu'il tendit au petit brun en lui conseillant de l'appliquer sur les zones molestées ; à défaut d'une semaine de convalescence, cela endiguerait la douleur et apaiserait les rougeoiements. « Si Alice te voit ainsi et que tu lui dis que tu étais avec moi... » Il termina en silence, un soupçon ironique : elle va me tuer d'abord, et après elle te tuera pour l'inquiétude que tu lui auras causée. Quant à lui, il retira les bandes qui lui enserraient maladroitement la tête et entreprit de presser un coton glacé sur la bosse qu'il coinça grâce à un nouvel bandage ; le tout le faisait ressembler à un athlète japonais prêt à courir le marathon, mais en plus ridicule. Et en moins sportif. Qu'importe, à la guerre comme à la guerre, et pour cause, ils semblaient tous les deux en revenir. Enfin, ils revinrent dans le salon, où le spectre désigna le canapé à l'adolescent. Rester debout plus longtemps leur serait tout bonnement impossible.
« Et maintenant ? »
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Shane Treazler
Shane Treazler
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07.02.14 16:11
L’atmosphère qui régnait dans ce petit coin confiné n’était pas des plus plaisantes… L’eraser n’y était pas allé par quatre chemins, la réaction du petit fantôme ne se fit pas attendre. Il fit d’ailleurs montre d’une surprenante vivacité pour quelqu’un de blessé comme il l’était.

« Tu leur as promis ? Mais comment as-tu pu faire ça ?! Comment tu as pu te vendre comme ça ?! »

Les mots lui fouettèrent le visage le forçant à baisser les yeux, à ne pas regarder son vis-à-vis. Shane aurait aimé lui dire « Pour toi, simplement pour toi… », mais les mots se coincèrent dans sa gorge. Tout ce qui demeura fut l’agitation du fantôme au milieu du silence. Puis la nuisance fut littéralement jetée à travers les portes. Et, alors même que Shane tentait de se convaincre que c’était mieux ainsi, une main lui saisit le col, le forçant à se relever, et il fut à son tour balancé par-dessus bord. Retombant à genoux en serrant les dents, Shane se retourna pour voir que son ami se plaçait déjà entre l’eraser et lui dans un geste de défense désespéré. Mais ce à quoi Shane fit le plus attention, ce fut le regard tiraillé du militaire lorsqu’il s’adressa à eux. Il le laissait filer, c’était l’élément le plus important à comprendre dans le contexte présent… Mais pourquoi faisait-il cela ? Son but en tant qu’eraser n’était-il pas d’appréhender tous les evolves ? Pourquoi ne pas garder la main sur l’un d’entre eux et le laisser repartir aussi facilement ? Shane ne comprenait pas la démarche de cet homme, mais pour une fois, il ne fit rien pour rappeler qu’il avait fait une promesse. Pas cette fois, le prix à payer était bien trop important. Alors Shane se contenta de se taire, d’écouter sagement les propos tenus par les militaires, qui n’étaient pas sur la même longueur, d’onde et d’attendre. Sa patience fut récompensée, ce fut le commandant qui remporta haut la main l’échange de logique, qui opposait devoir et grade, avant que le véhicule ne redémarre pour s’éloigner.

Il y eu deux temps. Dans un premier temps l’absence de réaction, le désarroi total. Puis dans un second temps, la réalisation… Il était en vie et ils étaient saufs… Était-ce seulement possible ? Peut-être que le fantôme avait réussi à convaincre l’ancien militaire de par sa force surhumaine ? Mais… Vraiment ? Avait-il le droit de partir ? Il l’avait n’est-ce pas ? Ils n’allaient pas changer d’avis et revenir le chercher dans la seconde ? Pour le confirmer, Shane jeta un regard à son compagnon d’aventure qui… Le regarda en retour… Non, il n’avait pas plus compris… Et maintenant arrivait le moment fatidique, celui que tout le monde redoutait tout le temps… La question inexorable du : « On fait quoi ? ». Shane commença par se relever comme il pouvait, avant qu’Enoch ne décide de la marche à suivre. Il tira le brunet par la manche pour l’entrainer à sa suite à l’intérieur du bâtiment.

Une fois arrivés devant une porte qu’Enoch ouvrit à l’aide de son trousseau, ils allèrent directement à la case salle de bain, sans passer par la case salon. Il fallait dire que l’un comme l’autre était dans un état déplorable. Si un passant dans la rue les avait vu, autre que cette grand-mère dont la vue pouvait fléchir, il aurait pût penser qu’ils avaient fait la guerre. Et finalement il n’aurait pas été si loin du compte… Shane était curieux. À Madison, on ne pouvait pas dire qu’il avait visité beaucoup d’appartement… Il y avait le sien bien entendu, la petite cabane d’Alice dans la forêt, et l’appartement de Lean. Cela faisait donc la troisième propriété sans compter la sienne qu’il pouvait voir.

Le retour à la réalité fut… Brûlant… Il n’avait pas entendu l’avertissement d’Enoch et s’était retrouvé pris au dépourvu par le contact sur sa peau du coton imbibé d’alcool. Il réussit pourtant à ne pas faire de mouvement en arrière et à tenter de rester le plus sage possible, retenant un hurlement. Enoch n’était pas serein, cela se voyait à son visage. Mais de son côté, Shane ne comprenait pas ce qui causait sa tourmente. Ils avaient tous deux agit comme ils l’avaient jugé juste. Les conséquences n’en avait pas moins été désastreuses, mais au moins ils étaient en vie et en sécurité… Quoi qu’il était peut-être un peu rapide d’arriver à cette conclusion car, quand ils étaient ensemble, jamais rien ne se passait bien, cela finissait toujours par dégénérer… Même si Shane ne l’aurait jamais admis. Le jeune garçon s’empara alors du linge que lui tendit son ami et, à l’aide de ses recommandations, il plaça le linge sur ses blessures. Le contact de l’eau était froid sur sa peau, mais cela procurait des picotements.

« Si Alice te voit ainsi et que tu lui dis que tu étais avec moi... »

Shane manqua de lâcher ce qu’il avait dans la main. Un frisson lui parcouru l’échine. Il ne pouvait pas dire ça à Alice, mais rester discret avec de telles blessures… Elle finirait forcément par poser la question et alors… Shane failli verser une larme, mais après réflexion, il opta pour un long soupir…

« Elle finira forcément par le savoir… Être épargné par les erasers pour mourir de la main de son amie… »

Shane laissa échapper un rire jaune. Lorsqu’il avait agis, à aucun moment il n’avait pensé à cette conséquence… Lorsque le fantôme lui fit signe de le suivre, lui et son bandeau qui lui masquait le front, il se leva et marcha derrière lui. Une fois revenu au salon, Shane se laissa tomber dans le canapé que lui présentait l’adolescent.

« Et maintenant ? »

C’était vrai ça, et maintenant ? Que fallait-il faire ? Shane réfléchit une seconde mais la réponse lui apparut presque comme un déclic. S’ils ne pouvaient pas bouger…

« Que dirais-tu que nous parlions un peu ? Dans un premier temps, je pense que nous avons des choses à nous dire tous les deux, mais dans un second temps, on pourrait faire les présentations en bonne et due forme. C’est vrai quoi ? On a passé un temps fou à courir tous les deux sans jamais réellement se connaitre…»

Shane observa du coin de l’œil ce qu’en pensait son vis-à-vis mais continua.

« Alors ? Ce… Pouvoir… N’est-il pas effrayant ? Cela ne te fait rien d’accueillir quelqu’un qui pourrait souffler ton appartement en éternuant ? »

Oui, et Shane le pensait, si jusqu’à présent il avait réussi à se servir de son pouvoir, ce n’était que par chance, il ne comprenait toujours pas le mécanisme caché derrière…
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lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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Enoch Livingston
lost in the grey urban woods



09.02.14 22:08
The day I sat there with you
Do we understand that words were not enough ? ♫

Sa maison, avec ce salon paisible et cette admirable vue sur les montagnes, ne lui avait jamais paru aussi reposante et aussi fragile à la fois. D'un côté, il savait qu'il pouvait s'y sentir en sécurité, loin de toutes ces extravagances qu'il venait de traverser dans les ruines ; c'était un écrin de calme et d'habitude, une petite alcôve de confort minimal mais tellement appréciable lorsque l'on a connu le sol poussiéreux et les maltraitances diverses. Le tapis même avait l'air de lui faire signe de s'allonger sur lui et de s'y endormir pour oublier ses malheurs. Le fantôme se serait bien préparé un café au sirop de cookies, d'ailleurs. Néanmoins, il savait que d'un autre côté, une telle sûreté était désormais instable, éphémère. Si les Erasers les avaient déposés ici, Shane et lui, rien n'indiquait qu'ils ne pouvaient pas revenir à n'importe quel moment, pour demander des explications ou effectuer une perquisition ; ils étaient désormais en possession de son adresse, ce à quoi s'ajoutait le fait que les deux garçons se connaissaient. C'était un peu comme dans un procès, où le témoin d'un meurtre devait comparaître à la barre pour avouer sa relation avec l'accusé. Un jour ou l'autre, cette histoire leur retomberait dessus. Et le plus tard serait le mieux.

Parler un peu. Ce fut la proposition du brunet, qui surprit tout d'abord son interlocuteur, avant que celui-ci n'acquiesçât en s'installant à son tour sur le tapis. Néanmoins, quelles étaient donc ces « choses » dont il voulait discuter? Il y en avait tellement qui se bousculaient dans son crâne qu'Enoch se demandait laquelle aurait le privilège de sortir la première ; s'agirait-il de leurs toutes dernières aventures, de réflexions plus générales sur le monde, de points de détails ou d'aveux sur des sujets aussi nombreux que variés ? Impossible de savoir, d'autant plus que Shane avait déjà songé à l'après en mentionnant une thématique à laquelle le fantôme ne se sentait pas du tout attaché. Parler de soi. Un truc qui ne lui serait jamais venu à l'esprit en temps normal. Ils avaient crapahuté ensemble un peu partout, certes, mais connaître plus que ça l'adolescent ne lui disait rien. Ou plutôt, si, sa curiosité l'empêcherait d'éviter le sujet, mais disons en revanche qu'il craignait que leur relation ne finisse pas trop grossir, prendre trop d'ampleur. L'on raconte toujours qu'à partir du moment où l'on sauve quelqu'un, c'est à la vie, à la mort. Soit. Il voulait bien l'admettre. Mais partager son passé et son quotidien, c'était autre chose. C'était à la vie seulement, et c'était très curieux. Il ne connaissait pas cet état-là. Se dévoiler, c'était devenir vulnérable.

« Alors ? Ce… Pouvoir… N’est-il pas effrayant ? Cela ne te fait rien d’accueillir quelqu’un qui pourrait souffler ton appartement en éternuant ? »
Le petit poucet eut un sourire gêné et replia ses jambes pour s'installer en tailleur.
« Tu dis ça mais, de nous deux, c'est peut-être toi le plus effrayé. Et si tu utilises encore ton pouvoir même pour un simple éternuement... Tu risques de mourir ! »
Il avait dit cela avec une pique d'amusement dans la voix, quand bien même il était réellement angoissé à cette idée. Le gamin avait l'air si mal en point que cette éventualité s'était renforcée malgré elle. Il ne voulait pas qu'il meure ; pas comme ça, pas ici, pas à cause d'une bête allergie quelconque à la poussière. Après toutes ces péripéties, ç'aurait été trop con. Enoch poussa un bref soupir avant de se frotter l'arrière de la tête. Il en avait oublié sa blessure et retint in extremis un cri de douleur. Une grimace plus tard, il redressa la tête et enchaîna :
« Tu n'es pas le seul à avoir des dons terrifiants. Ces deux hommes aussi sont comme toi. Ou plutôt, non, ils auraient pu l'être, mais ils ont choisi de s'en servir de façon atroce. Toi, tu n'y es pour rien. C'est quelque chose que tu subis. Et puis... » Il fut embarrassé de l'admettre et détourna les yeux une seconde avant que les mots ne franchissent ses dents. « Cela nous a été bien utile. Sans ton intervention, il y aurait sans doute eu plus de morts. » Dont moi.

Tout à coup, quelque chose lui vint en tête. « Attends une seconde... » Il bondit sur ses pieds, fut pris d'un bref vertige qui l'obligea à tituber jusqu'au mur où il trouva appui en lâchant un Woops ! maladroit et s'accroupit devant sa bibliothèque étalée sur le sol pour en dénicher un calepin pas plus gros qu'une main, à la couverture couleur caramel. Lorsqu'il l'ouvrit tout en se rasseyant, les pages étaient couvertes d'écritures et des morceaux de papier sortaient en vrac des pliures, coincés au fur et à mesure des fermetures. « Je rassemble tout ce qui a trait aux Evolves depuis un moment, expliqua-t-il à son ami. Il y a même l'article du journal récupéré dans la grande roue, en janvier. Y est noté tout ce qui touche de près ou de loin aux rumeurs qui courent là-dessus. » Une petite fierté, ce carnet, qu'il tendit finalement à Shane pour lui prouver qu'il ne racontait pas de sottises. Ah, il sentait la flamme de l'excitation se rallumer au fond de lui ; le brasier naguère endormi crépitait de nouveau. « Ce qui s'est passé dans les ruines, c'est la preuve irréfutable que tout ce qu'il y a dans ce carnet existe bel et bien. Mais rassure-toi, je ne le montrerai pas. C'est juste... pour la vérité. » Il ajouta ces derniers mots dans un souffle fébrile.
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Shane Treazler
Shane Treazler
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16.02.14 20:54
Si Shane avait dû expliquer ce qu’il venait juste de dire, il aurait précisé qu’il n’avait fait que lancer une pointe d’humour, sans réelle retombée. Mais il n’avait pas cherché les conséquences qu’aurait pu induire les actes associés aux mots. C’est d’ailleurs le fantôme qui le rappela sur terre. Le petit brun fronça les sourcils lorsque son ami reprit la parole. Était-il le plus effrayé des deux ? Était-ce seulement possible ? Shane s’affala un peu plus dans le canapé les yeux perdus dans le vague. Oui… Sans doute que oui, il avait toujours eu peur des choses que pourrait entrainer son pouvoir. Et surtout, il avait beau réfléchir, il ne voyait pas en quoi ce pouvoir pouvait faire le bien. Il blessait les autres sans arrêt, et ce qui c’était produit dans les ruines n’avait pas fait exception à la règle. Il avait peut-être réussi à sauver Enoch, et ce d’ailleurs uniquement grâce au groupe d’eraser, mais il n’en avait pas moins blessé les deux frères. Pourrait-il un jour en faire quelque chose de réellement utile pour les autres… Ce n’était pas certain, mais peut-être que ce n’était pas à exclure… Et pourtant, malgré tout ça, Shane ne rêvait pas de se débarrasser de son pouvoir. Après tout, il faisait partit de lui à présent. Tout ce qu’il aurait souhaité serait de le maitriser pour ne pas s’en servir dans n’importe quelle condition, et ne pas être traqué partout dans la rue et pouvoir vivre sa vie de bon citoyen… Un rêve qu’il valait mieux abandonner dès maintenant, et pourtant, qui restait au fond de son cœur comme un espoir qui ne peut s’en décrocher. Un espoir qui ne lui apporterait que souffrance.

Shane s’arracha à ses pensées et pouffa en voyant le geste maladroit de son ami. Il ne pouvait pas encore s’être remis de ce coup derrière la tête, qui aurait même pu lui être fatal. Et pourtant, il n’y songeait déjà plus, un peu comme quand lui avait porté son plâtre. Des éternels casse-cou… Pourtant, à la suite de ses paroles, Shane reprit à voix basse :

« Est-ce que la manière dont on sème la destruction a de l’importance… Est-ce qu’au final ce n’est pas le résultat qui importe… La destruction reste la destruction et n’engendre que de la tristesse… »

Pourtant Enoch marquait un point. Cette fois, il n’y avait eu qu’un seul mort. Un seul mort… Shane s’en voulu de penser de cette manière. Un mort était une perte humaine et c’était horrible. Dire qu’une seule vie avait été perdu était une horreur en soit, puisque chaque vie était importante… Mais les dégâts auraient pût être bien pire… Si l’on considérait que deux vies ruinées était un dégât collatéral… Peu importe la manière dont on regardait se conflit, il n’avait rien entrainé de bon. Chaque camp avait été blessé. Était-il impossible de vivre normalement sans rechercher à se détruire ? Shane avait l’impression d’avoir vieillit d’une dizaine d’année en quelques instants.

Lorsque le fantôme se leva soudainement en titubant, Shane se posa des questions. Qu’est-ce qu’il avait à s’agiter ainsi, surtout compte tenu de ses blessures. Il tenait à peine debout. Dans tous les cas, ce n’était pas Shane qui allait le poursuivre, il ne gagnerait simplement qu’une chute sur le spectre. Lorsque celui-ci revint avec son carnet, Shane écouta attentivement et se saisit du petit objet.

« Ce qui s'est passé dans les ruines, c'est la preuve irréfutable que tout ce qu'il y a dans ce carnet existe bel et bien. Mais rassure-toi, je ne le montrerai pas. C'est juste... pour la vérité. »

Shane le feuilleta rapidement. Comme son ami le lui avait dit, il y avait de nombreux articles relatif à des recherches diverses et des fait divers inexpliqué. Pourtant…

« C’est… Impressionnant, mais… Je sais que je suis mal placé pour te dire ça cependant… »

Le brun fixa son ami encore pâle, mais qui l’avait sans doute toujours été.

« Tu ne devrais pas garder de telles choses avec toi, surtout maintenant que les erasers savent que tu traine avec un de ces evolves… Tu risques gros et même si tu décidais de le montrer, tu ne pourrais pas exposer cette fameuse vérité. Qui te croirait ? Souviens-toi de ta réaction dans la grande roue. »

Shane reprit une inspiration en posant délicatement le journal sur l’accoudoir du canapé.

« Et même si tu ne le montre pas, si un jour les autorités débarquent ici, je ne sais pas si tu pourras te contenter d’affirmer que tu ne voulais pas le montrer… »

Enfin, Shane, le regard sévère, posa une question qui lui brûlait les lèvres depuis longtemps.

« Enoch, qu’est-ce qui t’as pris dans ces ruines… Qu’aurais-tu fais si… »

Shane ne parvint pas à poursuivre se contentant de déglutir. Il avait envisagé l’option selon laquelle il aurait pu tuer Enoch avec son pouvoir qu’il n’avait pas maitrisé… Cette pensée lui glaçait le sang, mais il voulait aussi comprendre l’attitude de son ami…
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Enoch Livingston

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Enoch Livingston
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18.02.14 20:40
Something got hold of your soul
You're like never before ♫


En tendant ce carnet à Shane – et peut-être le brunet ne pouvait-il pas s'en rendre compte – Enoch lui confiait pour une seconde plusieurs mois de recherches plus ou moins fructueuses, un tas de doutes et d'incertitudes, une ou deux gifles et son dépucelage. Ce qui n'était pas rien. Et tout ça pour une demi-centaine de pages minuscules, bleuies de son éternel stylo bic ; le prix à payer aurait paru déraisonnable à n'importe qui, mais en dépit de cet échange équivalent pas équivalent du tout, le fantôme ne regrettait pas. Il avait prêté allégeance à la vérité depuis bien longtemps, et voilà qu'elle se présentait à lui sans ses habituels apparats, nue comme on n'imaginerait pas. Enfin. Il était même capable de la toucher du bout de l'index. Oh, s'il avait été seul, il aurait sauté au plafond juste avant de s'arracher les ongles en se demandant « et maintenant ? » Parce que c'était bien le problème, désormais. Qu'est-ce qu'il allait faire de cette réalité, sinon la garder pour lui et la cajoler à la manière de la femme de sa vie ? Il devrait se trouver une nouvelle quête. Sans doute pas pour tout de suite, néanmoins, car il restait sans doute des milliers de choses à découvrir au sujet des Evolves. Il n'en aurait pas fini tout de suite. Et puis, Shane mit le doigt sur un souci qui n'avait fait que lui effleurer le cerveau.
Le petit poucet tendit le bras pour récupérer son bien. C'était trop bête d'avoir consigné tant d'informations pour devoir les donner à la première chèvre venue en vue de se protéger des militaires. Pour sûr, il ne comptait le montrer à personne ; ni à ses collègues, ni à Alexander, ni à personne. Est-ce que le petit brun avait compris qu'il était privilégié à ce point ? Non, peut-être pas, et tant pis, au fond.
Il se contenta juste d'annoncer :
« Je vais le cacher. »

Il ne savait pas où. Mais il le fallait. Un appartement, c'était facile à mettre à sac, donc il était nécessaire de trouver une cachette en dehors de ces murs, a fortiori parce que n'importe quel Eraser pourrait débarquer à l'improviste. Alors le garder sur soi, dans le caleçon ? Mouais. Il y réfléchirait. Il avait encore quelques heures, quelques jours sans doute, avant que ce problème ne devienne urgent. Encore un peu de temps.
« Enoch, qu’est-ce qui t’as pris dans ces ruines… Qu’aurais-tu fais si… »
Il comprit aussitôt de quoi il retournait. La mine grave de son ami, ce trop-plein de points de suspension, c'était plus qu'il n'en avait besoin. C'était maintenant l'heure des explications, une heure qui aurait pu ne jamais arriver. Dans sa réponse, il s'efforça d'être le plus rassurant possible, même s'il sentait de temps en temps qu'il s'aventurait sur un terrain marécageux.

« C'est vrai, c'était risqué. Mais nous n'aurions abouti à rien si je t'avais prévenu de ce que je voulais faire ; il fallait que tu restes dans l'ignorance. Même si je t'avoue que je n'ai pas vraiment réfléchi aux conséquences que cela pouvait engendrer. »
C'était là un de ses traits de personnalité qui lui coûteraient, tôt ou tard, un jour prochain, un aller simple pour la tombe. Cependant, sans lui, il n'aurait peut-être pas réussi à faire cracher son pouvoir à Shane. Un mal pour un bien. Il reprit rapidement :
« J'avais pourtant l'impression, et elle s'est avérée par la suite, que ton pouvoir n'est pas dangereux pour le choc qu'il produit. Tu ne peux pas tuer quelqu'un avec le seul déplacement d'air, même puissant ; c'est l'environnement dans lequel se trouve la cible qui se révèle mortel. Je t'explique : quand tu as frappé Mike, il a juste été assommé. Moi-même, je n'ai pas eu de blessure à cause du coup – il souleva son t-shirt pour prouver qu'aucune ecchymose ne s'y était installé – mais je me suis fait mal en retombant au sol. Et si tu l'as remarqué, j'ai fait attention à te contourner pour me mettre là où il y avait le plus d'espace. Plutôt que de t'attaquer de front, j'ai préféré me placer là où il n'y avait pas de mur proche, afin d'éviter que tu m'y écrases. Parce que c'est comme ça que j'aurais pu finir en compote. »
Sourire gêné. Pas sûr que l'Evolve le prenne avec autant de soulagement.
« Et puis, pour les militaires... Ce n'était pas prévu, je te rassure. Jamais je ne te trahirai de cette façon, tu le sais. Jamais. »
La nuance qui voulait tout et rien dire à la fois. Il espérait que le garçon ne relèverait pas.
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Shane Treazler
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20.02.14 19:12
Le petit brun s’était tue, écoutant sagement les dires de son ami. L’ignorance était un fait, et une chose était sûre, il avait réussi son coup puisque Shane ne comprenait toujours pas vraiment de quoi il en retournait. Il devinait simplement que cela avait un rapport avec son pouvoir comme lui indiqua le fantôme dans la suite de son discours… Il avait vraiment pris des risques… Et même en considérant que son pouvoir n’était pas dangereux et en se basant sur la théorie qu’il ne pouvait pas nuire, c’était une constatation qu’Enoch n’avait pu faire dans un second temps, qu’après avoir vu le dit pouvoir à l’œuvre. Se rendait-il compte des risques qu’il avait pris ? Mais Shane compris alors en repensant au petit journal qu’il avait pu voir plutôt. Il jongle avec sa vie… C’est du moins la conclusion qu’il en tira.

Enoch prenait des risques colossaux en se battant pour ce qu’il jugeait juste, il n’était pas obligé de se livrer à toute cette guerre pour obtenir des informations. Mais à la façon d’un journaliste partant reporter en pleine guerre civile, il avait pris part à ce conflit interne à Madison. À la différence près qu’il n’enquêtait que pour une seule personne : Lui-même. Shane retint sa question en voyant le pâle jeune homme continuer de parler. Lorsque celui-ci finit enfin sa phrase, Shane reprit la parole, après un léger silence.

« … Non, je ne sais rien, je ne suis pas toi après tout mais… Mais je te fais et te ferait toujours confiance… »

Oui… Il ne voulait jamais douter de quelqu’un avec qui il avait partagé de tels moments. Ni Alice, ni Enoch, ni Moira, ni n’importe qui d’autre… Il avait conscience d’être naïf, mais il était ainsi... Un jour il le regretterait… Mais pour l’instant il n’avait jamais eu à en payer les frais.

« Bon en revanche, plus jamais tu me fais ce coup-là… Sinon la prochaine fois je fais en sorte de t’expédier sur Jesse. »

Un sourire en coin pour signifier que ce n’était que des paroles en l’air et qu’il voulait faire preuve d’un peu d’humour. Shane repensa alors à sa question précédente et venait de penser à une nouvelle qui le démangeait, mais celle-ci il la gardait pour encore plus tard.

« Dis-moi Enoch, je suis curieux mais… Pourquoi rechercher autant la vérité ? Je suppose que c’est dans ton caractère évidement cependant, il n’y a rien d’autre ? Une raison qui te pousse à le faire ? »

Avant d’entendre la réponse, Shane poursuivit.

« En tout cas, maintenant que tu me crois, n’as-tu pas des questions à poser à un evolve ? C’est l’occasion de le faire, je suppose que… Que tous ne seront pas aussi ouvert dira-t-on… Quoi que Mike et Will avait l’air de ne pas rechigner à te parler. »

Même s’ils l’auraient volontiers passé à la broche vu la façon dont il s’était comporté à présent… Surtout le petit dernier. Mais on ne pouvait réécrire le passé.
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lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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23.02.14 15:33
Tell me what they said when they found out that I've lost you
Tell me that you feel better when I say it scares me too ♫


Parler de tout cela était plus difficile qu'il ne l'avait imaginé. Il avait attendu une telle occasion depuis des jours, voire des semaines, et maintenant qu'il avait la possibilité d'avoir des informations que jamais quelqu'un d'autre ne serait capable de lui communiquer, il avait du mal à s'exprimer, à mettre des mots sur ses interrogations. Et Shane qui témoignait de la plus grande patience à son égard, en l'écoutant sans l'interrompre et en lui répétant qu'il lui fallait confiance. Enoch poussa un soupir. Plus que ses propres incertitudes à propos des Evolves et de la situation de la ville, il craignait que cette dévotion aveugle, de la part du petit brun, ne finisse par nuire à l'un des deux. À quel genre de risques l'adolescent pouvait-il faire face afin de prouver son attachement ? Irait-il jusqu'à dissimuler leurs contacts pour le sauver des représailles des Erasers ? Userait-il de son don jusqu'à l'évanouissement pour lui venir en aide ? Alors que le fantôme ne mesurait qu'à peine les conséquences de son implication personnelle, il apercevait celle de son ami d'une façon beaucoup plus claire et lucide.  

À la mention de Jesse, il se sentit rougir un soupçon et baissa la tête dans l'espoir que Shane ne relevât pas sa réaction. Pour sûr, c'était une très mauvaise idée de l'envoyer valdinguer sur le blondin, pour leur sécurité à tous les deux. Après tout, il n'était pas sûr que celui-ci accepte de le rattraper, ou du moins de ne pas l'égorger de ses propres mains après l'avoir récupéré. Mais très vite, le brunet passa à autre chose et Enoch put chasser de son esprit de vieilles images et d'autres, irréelles, pour se concentrer sur les réflexions de son compagnon.

« Concernant la vérité... Il y a des personnes pour qui le sens de la vie est de réussir professionnellement, d'être heureux, d'explorer le système solaire ou d'avoir une existence paisible. Il existe en fait autant de raisons que d'individus. Je ne pourrai pas vraiment t'expliquer pourquoi la mienne est la quête de la vérité. Même s'il y a une seule chose que je sais, c'est que depuis tout petit, savoir que l'on me cachait quelque chose ou que l'on me mentait ne faisait qu'aggraver mon envie de découvrir de quoi il s'agissait. Parfois, j'en tombais même malade. Au fond, j'étais juste un sale gosse capricieux à qui l'on avait pas su placer les barrières de la pudeur, commenta-t-il avec un brin d'amusement, avant de reprendre : aujourd'hui, les effets somatiques sont moins flagrants mais la nécessité de savoir est restée. Cela ne s'explique pas vraiment, c'est quelque chose que tu sens là » – et il posa une main sur son cœur d'un geste bref et solennel.  

Il marqua une légère pause, comme pour laisser le temps à Shane d'assimiler ce qu'il venait de dire, et de comprendre que tout ce blabla ne répondait pas franchement à sa question. Bah, ce n'était pas tant sa faute ; c'était une des rares notions que le fantôme avait acceptée sans s'interroger davantage. Est-ce que les êtres humains se demandent pourquoi ont-ils une âme ? C'était pareil. Et pour les pauvres hommes qui se posaient justement ce genre de questions, ils n'étaient pas au bout de leurs surprises. Il n'y avait pas de réponse. C'était ainsi, et c'était tout.

« Quant aux Evolves... Je pense que tu ne pourras pas répondre à toutes mes interrogations. Pas par manque de volonté mais plutôt parce que je doute que tu en aies la réponse. Mike et Will ne m'ont parlé que de leurs réactions après la réception de leur pouvoir. D'ailleurs, comment se reçoit-il ? Tu parlais d'une météorite, la dernière fois, mais tu ne l'as jamais touchée ni vue, n'est-ce pas ? Est-ce qu'il y a une sélection, avec des personnes qui ont des prédispositions ? Est-ce que, dans ce cas, les animaux aussi peuvent recevoir un don ? Comment se rend-on compte que nous en avons un, lorsqu'il ne se manifeste pas ? Est-ce que des personnes sont ''infectées'', disons – le terme ne lui plaisait pas pour son caractère pathologique, mais il n'avait rien trouvé de mieux pour le moment – sans le savoir ? Est-ce que l'on ressent un changement dans son corps ou dans son esprit, que le pouvoir soit actif ou non ? Est-ce que c'est quelque chose qui se ressent ? »
Shane ne devait jamais avoir entendu autant de points d'interrogations dans toute son existence.
« Et puis il y a l'air d'y avoir une contrepartie. Pour toi, c'est la douleur, pour Mike c'était l'immobilité et Will perdait ses sens. Est-ce que cela dépend de la nature du pouvoir ou bien est-ce géré aléatoirement ? » En prononçant cela, il avait conscience de tendre vers une réflexion quasiment métaphysique. La main divine qui s'amuse avec ses petits pions terrestres.
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Shane Treazler
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24.02.14 9:50
Shane écouta patiemment les réponses à sa question. Mais ces réponses qu’il attendait furent plus dissimulées qu’il ne l’aurait espéré. Cependant, il n’interrompit pas son ami, il profita de son monologue pour retourner les questions vers lui-même. Si tout le monde aspirait à quelque chose, à quoi aspirait-il lui ? Une vie paisible ? Peut-être… C’était la première fois qu’il ne comprenait pas vraiment la raison de sa venue sur terre. Avant cela, tout lui était apparu comme une évidence à ne pas considérer, simplement quelque chose de normal, d’évident qui n’avait pas à se justifier. Et maintenant ? On ne pouvait pas dire qu’il avait vraiment changé cette idée. L’existence n’avait pas à se justifier. Mais est-ce que la sienne changeait quelque chose. Non pas à une échelle planétaire mais plutôt universel. Son univers… Comment le savoir après tout… Il vida son esprit pour se reconcentrer sur les propos de son compagnon. Enoch aborda alors un sujet dont Shane ne l’avait encore jamais entendu traiter. Un brin de son passé. Ce n’était pas grand-chose, un simple petit trait qui avait pu le caractériser dans son passé, et qui faisait de lui ce qu’il était aujourd’hui. Mais le simple fait d’en apprendre un peu plus sur ce jeune garçon qui l’avait accompagné dans tant d’aventure lui fit plaisir. Il redécouvrait le fait de pouvoir sociabiliser pour ainsi dire.

Lorsque celui-ci posa la main sur son cœur, le petit brun ne put réprimer un sourire. L’un des mystères de l’univers alors ? Mais au fond, il comprenait. Il comprenait que le fantôme ne sache pas lui-même réellement pourquoi il était ce qu’il était. Après tout, qui pouvait vraiment le savoir ? Il se contenta donc d’acquiescer brièvement de la tête d’un air satisfait. Enoch reprit alors la parole.

« Quant aux Evolves... Je pense que tu ne pourras pas répondre à toutes mes interrogations. Pas par manque de volonté mais plutôt parce que je doute que tu en aies la réponse… »

Shane baissa les yeux en entendant cette phrase, désolé de ne pouvoir pas être d’une aide quelconque. Mais avant qu’il ne le réalise, le spectre au lieu de ne rien demander, comme pouvait s’y attendre le jeune garçon, fit tout le contraire. Shane avait ouvert la valve des questions, mais il ne s'attendait pas à ça. Alors qu'il s'attendait à recevoir le flux de questions comme un verre se remplirait d'eau, dans le cas présent, c'est une marmite qu'il aurait fallu. Si les choses continuaient à ce rythme, il allait rapidement finir par être débordé. Au moment où son ami posa sa dernière question, avec de gros yeux il souleva les mains avant de lui faire signe de se calmer en les baissant.

« Une… Une seconde s’il te plaît… »

Shane commença à réfléchir aux questions les unes après les autres dans l’espoir de pouvoir y répondre.

« Je te préviens que tout ce que je vais te dire ne sont que de simple constatations et de simples hypothèses. Donc prends ses informations avec des pincettes, je n’ai aucune preuve pour la plupart. »

Il prit alors une inspiration, se concentrant dans sa réflexion à tel point qu’il regarda à peine la personne curieuse qui se situait non loin de lui.

« Je… Je ne sais pas réellement comment le pouvoir se reçoit… C’est quelque chose que je ne comprends pas. J’ai parlé de la météorite car elle… »

Shane se demanda s’il allait être cru, se doutant que son hypothèse paraissait énorme. »

« C’est au moment où elle est tombée que les premiers symptômes ont commencés à survenir. Avant, je ne vivais pas à Madison. Je vivais loin de cette ville et il ne m’était jamais rien arrivé. Puis je suis venu et après quelque temps j’ai obtenu… Enfin bref, la différence notable entre l’endroit où je vivais et Madison, venait de cette météorite. Alice a acquis son pouvoir peu de temps après et surtout… Surtout cela expliquerait pourquoi les militaires ont établis un camp et un périmètre de sécurité autour. Je doute que ce soit simplement pour s’amuser ou parer un quelconque risque que des enfants s’amusent à l’escalader… »

Shane observa une seconde la réaction du fantôme avant de reprendre.

« Est-ce qu’il y a des prédisposition… Sans doute, sinon toute la population serait infecté, mais de là à savoir lesquelles… Et à mon souvenir, je n’ai jamais vu d’animaux infectés je ne peux donc pas affirmer qu’ils puissent l’être, mais je vois difficilement pourquoi ils ne pourraient pas. Comment peut-on se rendre compte d’un pouvoir… Par le biais de son contrecoup sans doute, ce n’est pas quelque chose de naturel qui nous arrive, à propos de celui-ci, par ailleurs, je suis presque certain qu’il dépend du pouvoir. Sinon je ne comprendrai pas pourquoi Alice est obligée de relever la vérité. Quant au pouvoir en lui-même… C’est quelque chose… D’inexplicable… Je ne sais pas si je peux dire cela avec deux exemples, mais lorsque le pouvoir s’active la première fois, l’utilisateur tombe dans l’inconscience pendant un certain temps sans la moindre raison… Enfin c’est le point commun que nous avons vu avec Alice… »

Il prit un temps pour reprendre son souffle, il n’avait pas pour habitude de parler autant, puis il se tourna à nouveau vers le fantôme. Cette fois il paraissait plus soucieux…

« Avec tout ce que je viens de te dire, je suppose que tu l’as compris mais… Mais il n’est pas à exclure que toi aussi un jour tu obtiennes un don… »
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lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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Enoch Livingston
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27.02.14 20:35
I'm worried about my mental state
Don't know if I'll recuperate ♫


Ils auraient presque pu s'apparenter à un duo d'amis discutant autour d'un café, et le photographe qui aurait immortalisé l'instant ne se serait jamais douté que la conversation était aussi sérieuse. Les deux garçons, tour à tour et peut-être inconsciemment, tentaient d'alléger la gravité de leurs propos en y injectant quelques parenthèse risibles ou amusantes. Mais le fond demeurait le même. Aussi douce puisse être la forme, la réalité du dialogue n'échappait pas à cette raideur qu'il est de bon ton d'employer avec les sujets délicats. Enoch n'ignorait pas que son flux d'interrogations avait pu assommer Shane ; il n'avait pas l'habitude de prendre ses interlocuteurs avec des pincettes lorsque ceux-ci le laissaient libre d'étancher sa curiosité. Il ne s'en excusa d'ailleurs pas, quand bien même la première réaction du brunet fit naître un mince sourire sur son visage. Il aurait peut-être dû le prévenir que, niveau question, personne ne l'avait jamais battu. Réponse pour un champion, vous connaissez ? En vérité, le fantôme ne prenait conscience de la consistance de ses demandes qu'après les avoir toutes énumérées ; c'est à la tête de l'interlocuteur qu'il comprenait que cela avait été indigeste et qu'il aurait mieux fallu se retenir. Cela se reproduisait systématiquement, comme si avant et pendant l'accumulation d'énigmes, tout était brouillé pour ne s'éclaircir qu'ensuite, une fois le silence revenu. Pauvre Shane ; une raclette suivie d'une tartiflette arrosée de choucroute aurait été moins lourde à encaisser.

Mais le petit poucet, redevenu calme et patient, attendit avec une placidité rare les réponses que lui fournirait son compagnon. Il savait d'avance que certaines ne seraient qu'incomplètes, voire totalement brouillées, mais il ne lui en voudrait pour rien au monde. La simple peine que celui-ci se donnerait pour y réfléchir était un présent pour lequel il le remerciait en silence. Après tout, ce n'était pas donné à tout le monde de lui trouver des explications, parce que la moitié des interrogés l'aurait pris pour un fou et l'autre moitié aurait fait comme s'ils ignoraient de quoi il parlait. Il écouta donc, avec une telle concentration qu'Einstein en aurait été tout étonné.

Certes, avec le temps, il avait commencé à se poser des questions sur cette météorite et, plus précisément, sur sa nature dont la spécialité attirait tant l'œil des militaires. Il y avait là un mystère bien plus important que le fait qu'un caillou interstellaire suffisamment gros pour que les enfants puissent grimper dessus n'ait pas détruit le Maine tout entier en percutant le sol – laissons aux astrophysiciens le domaine des étoiles et concentrons-nous plutôt sur les conséquences d'un tel objet. À ce propos, les explications de Shane provoquaient chez son interlocuteur plus de suspicion que de compréhension. Bien sûr, ce dernier prenait bonne note de tout ce qui lui tombait dans l'oreille, mais plus il en apprenait, et plus il avait envie d'en apprendre davantage. Et il chouinait en silence d'être limité en terme d'informations ; ce qu'il n'aurait pas donné pour avoir en face de lui un scientifique habilité !

Et puis le petit brun termina en apothéose. La conclusion de son discours fut l'effet d'une bombe sur la conscience du fantôme ; non qu'il n'y ait jamais pensé, mais s'ils étaient deux à l'avoir envisagé, cela multipliait par autant les chances que cela soit véridique. Un don, lui ? Il ne voulait pas y songer. Il y avait une différence, et pas des moindres, entre rêver de voler étant gosse ou s'imaginer en train de rivaliser avec Dame Nature pour faire fleurir des pommiers en agitant les doigts, et en être réellement capable. Quel était le pourcentage de personnes qui ne sombraient pas dans la folie après réception d'un tel pouvoir ? Pas folie au sens de l'hôpital psychiatrique, évidemment, mais une sorte d'inhumanité, de névrose alimentée par ce gain de puissance considérable. Le pouvoir rend fou, dit-on. N'importe lequel.

« Oh, c'est pas vrai... » murmura Enoch, qui, une fois n'est pas coutume, avait blêmi jusqu'à se confondre avec la peinture des murs. « Depuis juillet dernier, j'ai dû m'évanouir une bonne demi-douzaine de fois, entre les crises de fièvre ou d'hypotension, ou encore la fatigue. Cela arrive assez souvent pour que je n'y fasse pas vraiment attention, mais maintenant que tu le dis... » Il essaya de raisonner, tout en sentant néanmoins que l'agitation le gagnait : « Non, ce n'est pas possible. Il n'y a eu aucun changement dans mon environnement depuis ; je l'aurais remarqué. Se peut-il qu'un pouvoir soit ''en sommeil'' pendant un certain temps et se réveille ensuite, sans prévenir ? Si tel était le cas, peut-être qu'à ce moment, toute la population de Madison est potentiellement un Evolve. Et encore, si cela ne s'est pas exporté plus loin encore sans qu'on ne le sache... » Ce scénario catastrophe lui faisait froid dans le dos ; il n'avait jamais aimé les thrillers et les films d'horreur.

« Enfin, reprit-il dans l'espoir d'apaiser un soupçon la montée d'angoisse qui venait de l'assaillir, tu sais que dans l'état actuel des choses, tu peux venir ici si tu as besoin. Et Alice aussi. Ce n'est pas un trois étoiles, mais c'est toujours mieux que les montagnes. D'ailleurs, tu as besoin de quelque chose en particulier ? Je peux aller faire les courses s'il te faut un truc d'urgence. »
Oui, difficile de croire que le sujet de fond était aussi grave.
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Shane Treazler
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05.03.14 0:31
Shane se fit du souci pour le petit fantôme. Parce qu’il avait vécu une situation non loin d’être similaire avant lui, parce qu’il avait été « humain » et qu’il n’avait plus ce droit, parce qu’il avait été insouciant… Pourtant, même si l’hypothèse n’était pas à exclure, Shane n’y croyait pas, ou plutôt il n’avait pas envie d’y croire. Il appréciait Enoch, suffisamment pour ne pas souhaiter que la situation qu’il avait connu se répète avec un tout autre acteur. Il n’éprouvait même pas de jalousie à son égard. Simplement de l’inquiétude. Et cette inquiétude ne fit que se développer lorsqu’il vit son ami devenir plus pâle que neige. Avait-il pensé à quelque chose de particulier ? Est-ce que lui aussi était ce genre de… Non, ne pas l’envisager, ils étaient déjà assez d’un à y penser.

Enoch reprit alors la parole et ce qu’il dit ne fit rien pour apaiser des craintes qui pouvaient être justifiées. Nombre d’évanouissement… Mais peut-être que tout était un des nombreux hasards de la vie ? Oui mais qu’elle était la probabilité que ce soit le cas. Shane n’était presque jamais tombé dans les pommes avant ça… Quel était le pourcentage de chance que quelqu’un qui s’était évanoui nombre de fois n’ai rien là où une personne qui n’avait eu qu’un évanouissement s’était trouvée « infectée »… Peu importe à quoi il pouvait être égal, c’était bien trop faible pour Shane… Mais il fallait garder son sang-froid. Rien ne prouvait que le spectre ait eu ce genre de problème. Après tout, s’il avait eu un pouvoir il se serait manifesté depuis longtemps… Non ? Intérieurement, Shane maudissait son manque de connaissance à ce sujet. Il aurait pour une fois, aimé être sûr que son ami ne courrait aucun risque… Il ne le méritait pas. Et celui-ci continua de parler…

Il l’aurait remarqué ? Oui… Il l’aurait remarqué… Rationnaliser, il fallait rationnaliser et surtout se vider la caboche… Se concentrer sur autre chose… La question du fantôme par exemple…

« Un pouvoir en sommeil… »

Shane passa une main sur son visage tout en se massant les tempes… Est-ce qu’il pouvait seulement en être sûr…

« Je dois reconnaitre que je n’en sais rien mais… Mais j’étais à Madison depuis quelques jours avant de m’évanouir… Alors pourquoi si soudainement ? Mais peut-être que j’ai tort de prendre mon cas pour une généralité… Si j’ai bien compris, Alice a été affectée à la chute de la météorite. Mais me concernant, je ne me suis pas évanoui dans l’immédiat et je n’étais pas proche de la météorite quand ça m’est arrivé… Si j’en crois mon expérience, alors la possibilité que la ville entière soit potentiellement evolve n’est… »

Pas nulle. Comment admettre une chose pareille ? Comment pouvait-il seulement admettre un tel fait ? Et si des personnes comme Mike apparaissaient ? Si Jesse avait été doté d’un pouvoir ? Shane frissonna rien qu’à cette pensée… Non définitivement il ne pouvait pas poursuivre dans cette voie, ou bien il allait devenir paranoïaque…

C’est une nouvelle fois Enoch qui l’arracha à ses réflexions toutes aussi joyeuses les unes que les autres, apportant un second souffle à Shane qui commençait à agoniser. Le petit brun regarda alors son compagnon en le dévisageant dans un premier temps avant de sourire en remerciant le fantôme intérieurement.

« Je ne peux malheureusement pas… Pas maintenant que les erasers connaissent ce lieux, et moins encore avec Alice, je ne pourrais jamais lui faire courir un risque pareil… En plus, ce ne serait pas prudent pour ta propre sécurité non plus. »

L’idée de quitter la montagne rien qu’un petit peu n’allait pourtant pas pour lui déplaire. Mais il se refusait de gouter à ce luxe éphémère.

« Et je n’ai besoin de rien non plus, ne t’inquiètes pas. La seule chose qui pourrait me rendre service serait que tu acceptes que je me repose ici un petit moment… J’ai du mal à le reconnaitre, mais dans mon état actuel, je ne pourrais pas faire trois pas dehors sans risquer le moindre problème… Shane tenta alors de se redresser avant d’ajouter. Aurais-tu un endroit où je pourrais m’allonger pour récupérer ? »

Il espérait bien entendu que le jeune garçon accepte, mais il ne voyait pas la raison d’un éventuel refus…

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Enoch Livingston

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Enoch Livingston
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10.03.14 22:28
But at least they won't be wandering
If they're sleeping on my stable floor ♫


Ils manquaient de tout, mais surtout d'informations. Tout ce qu'ils étaient en mesure d'avouer n'était que pure spéculation, et rien n'agaçait autant Enoch que d'avoir affaire à une masse d'hypothèses dont la vérification lui demeurait impossible ; il lui aurait fallu connaître des scientifiques chevronnés travaillant d'arrache-pied sur les Evolves, et encore, qui sait si après des mois de recherches, ils auraient trouvé quelque explication. Si l'on considérait les pouvoirs ainsi qu'une pathologie – et dans un sens, c'en était une du point de vue des effets secondaires – alors les réponses pouvaient pleuvoir des décennies après l'apparition des premiers symptômes, quand bien même la technologie actuelle était plutôt avancée. Et même si certaines personnes découvraient le pourquoi du comment, combien de temps encore avant de pouvoir espérer enrayer le processus, le ralentir voire l'annihiler ? Faudrait-il attendre, comme pour la peste, la tuberculose et le VIH, que les morts se comptent par millions ? Enfin, bien qu'il extrapolât un peu, le fantôme se rassurait en se rappelant qu'aucune épidémie n'avait atteint Madison depuis juillet dernier, qu'elle fût vérifiée ou qu'elle dissimulât la contraction de dons nuisibles ; aucun média ne traitait d'une infection généralisée qui aurait fait des dizaines de morts, ni à l'échelle locale, ni internationale. Il touchait du bois.

À sa manière, Shane servait à prendre la température vis-à-vis de cette nouveauté. Parce qu'il était sans doute l'un des premiers humains affectés – un titre dont il se serait bien passé – il devenait en quelque sorte le prototype sur lequel relever, par la suite, les modifications et les conséquences de ce don. Chose que ne lui aurait jamais dit Enoch, certain que l'adolescent ne pourrait pas le prendre avec réjouissance. Une nouvelle fois, il l'écouta sagement, puisque le moindre petit détail serait utile pour construire un semblant de théorie. Avancer à tâtons, à défaut de mieux.
Mais Shane avait décidé de suivre le nouveau sujet et de ne plus s'appesantir sur cette histoire d'Evolve. Une réaction pour laquelle le spectre ne pouvait pas le blâme ; lui aussi était fourbu, et s'il avait douillé de la tête, son ami avait subi des répercussions sur tout le corps. Il était donc normal qu'il soit davantage épuisé. C'est pour cette raison qu'Enoch lui avait ouvert sa porte de façon illimitée. Ce n'était certes pas un grand luxe que ce minuscule studio, mais à cette période de l'année il y avait un chauffage moins spartiate que dans les montagnes. Et comme le brunet ne se déplaçait généralement jamais sans Alice – ou pour telle ou telle raison en rapport avec elle – il était logique de la compter dans l'équation.

« Oui, oui, bien sûr ; tu es assis dessus », annonça-t-il en se redressant, le doigt tendu vers le canapé dans lequel s'était installé le garçon. Il le fit se relever un instant, de quoi déplier le meuble et le transformer en lit double ; la place disponible dans le pièce ne lui permettant pas de faire cohabiter un large canapé et un matelas distinct. « Tu peux y dormir et te reposer le temps qu'il te faudra. Si tu as du mal à le reconnaître, moi je suis certain que tu n'es pas en état de repartir. Et si tu veux quand même passer la porte, il faudra me passer sur le corps ! » La dernière phrase était une plaisanterie pas si superficielle ; si la forme était comique, le fond demeurait strict. Parce que s'il fallait clouer l'Evolve au lit pour qu'il récupère ses forces, il le ferait même avec du scotch.
« Vas-y, moi j'ai encore un truc à faire. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. »
Il avait beau dire cela le plus naturellement du monde, ça lui faisait bizarre de s'adresser à quelqu'un de cette manière. Parce qu'il avait toujours habité seul ou bien que sa mère ne lui avait jamais affirmé sa présence de cette façon, ce n'était pas dans ses habitudes de couver quiconque. Décidément, il en aurait vécu des choses, avec Shane.

Tandis que le brunet vaquait à son repos, le fantôme s'attabla dans la cuisine, son petit carnet ouvert sous les yeux. Il y griffonna de nouveau quelques phrases, au mot près, que son compagnon avait lâchées auparavant, mais très vite il fut pris d'un mal de crâne lancinant et dû remettre à plus tard sa retranscription. Et puis, s'il lui fallait lister toutes les interrogations qui ne trouveraient pas de réponse de sitôt, il en avait pour des heures. Il ferait mieux de se reposer lui aussi, avant de finir avec le cerveau en compote ; ni une, ni deux, il posa sa tête sur son avant-bras replié et, après avoir eu un mouvement de recul à cause de sa blessure douloureuse, relâcha tous ses muscles. De là où il se trouvait, il était capable de voir Shane dans le canapé, et ce fut sur cette image sereine, à des années-lumière de leurs précédentes aventures, qu'à son tour il s'endormit.
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Shane Treazler
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11.03.14 22:22
Ce n’est que lorsque le garçon lui indiqua à nouveau le fauteuil que Shane eu un moment d’absence. Était-ce une blague pour le faire rester assit ? Ou bien dormait-il réellement sur ce canapé dans l’inconfort le plus total ? Le jeune brunet ne compris sa méprise que lorsque le fantôme le fit se lever pour déplier la couchette. Il n’avait pas l’habitude de voir un salon servir de chambre… Peut-être avait-il vécu dans un luxe qu’il ne soupçonnait pas avant cela… Et bien entendu  le mot avant n’était pas employé à la légère, compte tenu du fait qu’il ne possédait même plus que le chauffage le plus rustique à présent. Et pourtant il avait obtenu quelque chose qu’il n’avait jamais eu dans son appartement…

Les propos qui suivirent le choquèrent venant de la part du fantôme, avant qu’il ne saisisse la blague. Son cerveau fonctionnait peut-être à contre-courant, dans l’état des choses. Il sourit un peu.

« Non… J’abandonne, je ne serai jamais de taille à m’opposer à toi. »

Sérieux ou pas ? En réalité on aurait pu croire cette phrase ironique, mais il doutait très franchement de pouvoir affronter son camarade. Et de toute manière, cela aurait sans doute donné un affrontement tellement épique que même les plus grands parieurs ne serait pas parvenu à désigner le meilleur perdant. De toute manière, Shane ne se fit pas prier pour s’allonger rapidement sur le matelas qui lui faisait les yeux doux. En s’installant confortablement, il vit d’un œil semi-ouvert que son ami commençait à s’éloigner. Il finit par placer son bras droit devant ses yeux avant de se laisser emporter par le sommeil…

Il existe toute sorte de repos. Des repos animés par des rêves d’aventure, d’autre rythmés au gré de moutons, ou d’autre encore hantés par les cauchemars. Pourtant, il est un type de repos qui est considéré comme le plus réparateur. Le repos « vide ». Un repos où la pensée la plus simple n’est qu’obscurité, où rien ne vient briser le silence. Un moment où tous les soucis s’envolent, où même le bonheur n’est plus représenté. Un instant où l’existence même ne semble plus avoir de signification. Sans doute le repos qui se rapproche le plus de la mort. Coïncidence que ce soit celui-ci qui fasse se sentir le plus en vie une fois éveillé ? Peut-être…

Lorsqu’il reprit conscience après un bref instant, Shane dut cligner des yeux plusieurs fois pour reprendre pleinement ses esprits. Combien de temps avait-il dormi ainsi ? En réalité il n’en avait pas la moindre idée. Il se contenta d’écarter son bras lourd de son visage avant de tourner la tête. Curieusement, il se sentait bien mieux. Ses muscles n’étaient plus aussi raides et les quelques fourmillement qui persistaient semblaient partir après quelques étirements. En se relevant, il commença à chercher Enoch. Il retrouva celui-ci allongé sur la table de la cuisine. D’abord surpris, il soupira un bref instant… Il aurait pu aller se reposer dans son propre lit quitte à lui laisser la chaise tout de même… Alors Shane se glissa sans un bruit à la même table que le fantôme. Il remarqua alors le petit carnet que le spectre avait gardé près de lui. Il repensa aux paroles de celui-ci et à sa motivation pour traquer la vérité… Au fond, il savait que son ami prenait des risques, mais il comprenait son besoin de savoir. Non pas parce qu’il le partageait, mais parce que l’explication qui lui avait été donné l’avait convaincu. Il ne pouvait pas lui donner des informations… Mais il connaissait quelqu’un qui en possédait, et même s’il ne pouvait se résoudre à donner le nom ou l’adresse de cette personne, il savait dans quel bâtiment elle travaillait. Cela ne représentait peut-être pas grand-chose, mais au fond de lui, Shane savait qu’il suffisait d’un indice pour que son compagnon agisse et trouve les réponses qu’il cherchait. Il subtilisa donc le carnet pour y griffonner, à la fin, une adresse qu’il ne connaissait que trop bien, avant de reposer délicatement les objets non loin du propriétaire. En regardant le visage endormi d’Enoch, il ne put s’empêcher de sourire. Oui… S’il y avait bien une personne en ce monde capable de trouver la solution à cette énigme gigantesque, c’était lui…
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lost in the grey urban woods
Enoch Livingston

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Enoch Livingston
lost in the grey urban woods



22.03.14 10:16
And sleep, just sleep
The hardest part is letting go of your dreams ♫

Il aurait aimé dormir. Vraiment dormir. Au fond, ce n'était pas comme s'il était en proie à ce demi-sommeil, si inconfortable pour l'esprit épuisé, mais il devait batailler avec son sommeil paradoxal et, finalement, c'était aussi fatigant que s'il se forçait à sombrer après avoir vidé un thermos de café noir. Ses rêves étaient loin d'être paisibles. Ils étaient le parfait reflet de ce qui se tramait dans son crâne, le miroir onirique du trouble et des inquiétudes qui l'envahissaient, parfois sans qu'il n'en ait réellement conscience. Enoch possédait une nature digne d'un jeune arbre ; frêle et avide d'un ciel toujours plus haut, il s'efforçait de paraître serein alors que les bourrasques de vent le faisaient trembler sur son axe. Il résistait tant bien que mal à tout ce remue-ménage autour de lui, mais son attitude paisible ne parvenait pas à le tromper plus d'un moment, le temps pour son cerveau de reconnaître qu'il y avait en effet une menace plus importante et qu'un courant d'air dissimulait en vérité une redoutable tempête. Et c'était dans cet état d'esprit, faussement apaisé, que naissaient ses songes et qu'ils évoluaient. D'ailleurs, cela se voyait à peine sur son visage ; ses sourcils clairs accusaient une fine pliure au-dessus des yeux et c'était là toutes les marques extérieures de son agitation intérieure. Qui aurait pu dire que dans la vingt-sixième dimension, il tentait à cet instant d'échapper à un Toutânkhamon à tête de chien sorti des sables et accompagné d'un crocodile bipède, poursuivi dans un dédale à dalles métalliques, alors qu'une personne – manifestement une sorte de guide dépêché pour l'occasion – le priait de le suivre le plus rapidement possible avant que les eaux du fleuve ne les rattrapent tous pour les engloutir.
Oui, un mauvais rêve.

Il s'apprêtait à embarquer dans une montgolfière sur les bords du Nil lorsqu'une ombre gigantesque vint obscurcir le paysage. D'abord effrayé par ce monstre sorti du nulle part et plus énorme encore que la pyramide de Khéops, Enoch porta sa main au-dessus de ses paupières pour s'abriter de l'éclat du soleil et mieux apercevoir la silhouette gargantuesque ; quelle surprise eut-il alors en reconnaissant dans les traits de ce géant le faciès d'un garçon à qui il se rappelait avoir permis de se reposer dans son canapé. Il se réveilla d'un coup, et découvrit Shane près de lui en train de l'observer. Cette vision inattendue lui fit sursauter le cœur.
« Ah, c'est toi ! »
Drôle de bonjour ; quelle heure était-il, d'ailleurs ? Par réflexe, le fantôme avait porté une main sur son carnet posé à quelques centimètres ; avec les recommandations de son ami, il avait dû sentir un danger de manière inconsciente mais, lorsqu'il constata qu'il n'y avait aucune menace aux alentours, il la retira en douceur.

« Tout va bien ? » interrogea-t-il d'une voix neutre, tout en sachant que derrière cette demande en apparence innocente, il cherchait à savoir si Shane avait cogité durant son sommeil sur, disons, quelques réponses à lui fournir. La nuit porte conseil, paraît-il, et Enoch n'était pas du genre à laisser filer un possible indice, aussi infime et inatteignable soit-il. Pour autant, il n'en voulait pas à son compagnon de ne pas savoir et de ne pas pouvoir l'aider ; en se mettant à sa place, il comprenait très vite qu'il aurait eu d'autres préoccupations que de jouer les apprentis-scientifiques en s'auto-analysant. Tout comme il n'existait sûrement pas de philosophe avec une rage de dents, il ne devait pas exister d'Evolve connu qui fasse ses courses à l'épicerie du coin. Le petit poucet eut un léger pincement d'admiration à cet égard : même pas vingt ans et déjà forcé de survivre, voilà qui forgeait le respect. Mais pour rien au monde il n'aurait souhaité échanger sa place.

Spoiler:
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evolve
Shane Treazler
Shane Treazler
evolve



11.04.14 21:45
Lorsqu'il le vit finalement relever la tête avec son air légèrement affolé, le petit brun se retint de pouffer. Il fallait dire que le fantôme n'était sans doute pas du matin. Ou alors c'était une exception après les folles aventures qu'ils avaient pu vivre tous deux. Dans tous les cas, la réplique qui s'en suivi étira le sourire de Shane.

« Ah, c'est toi ! »

Peut-être aurait-il pu répondre par un : « Non, c'est le plombier ! » Ou encore un : « Et oui... Superman est là... » Mais au lieu de ça il se contenta de hocher la tête. Un peu de pitié pour ce dormeur encore pas bien réveillé ne pouvait pas lui faire de tort. Un réflexe un peu soudain de la part du spectre retint tout de même l'attention du brun. Sans la moindre douceur, Enoch avait jeté sa main sur son petit carnet qui trainait non loin de lui à présent. Était-ce parce que son subconscient avait réalisé que Shane l'avait délicatement subtilisé pour le lui rendre, ou était-ce parce qu'il ne voulait pas se faire capturer, n'ayant pas réalisé immédiatement l'identité de Shane... Dans un cas, il était impressionant, mais dans l'autre... Que plus suspect. N'importe quel enquêteur aurait immédiatement confisqué le gratte-papier sans avertissements aucun. Mais en un sens, n'importe quel enquêteur aurait prit le carnet pendant son sommeil...

« Tout va bien ? »

Shane cligna des yeux pendant quelques secondes avant de réaliser que c'est à lui qu'on s'adressait. Non pas qu'il y est une autre âme dans la pièce, mais plongé dans ses pensées, il n'avait pas fait le rapprochement. S'étirant un peu en levant les bras aux ciels et en poussant un petit gémissement, il tourna son regard vers son compagnon.

« J'ai bien dormi, que demander de plus ?! »

Shane se leva alors de sa chaise, bougeant un peu pour prouver qu'il avait suffisament récupéré.

« Comme tu peux le voir, je vais mieux. Et si je vais mieux, cela veut dire... »

Shane se coupa dans sa phrase. Il n'avait pas tant l'envie de s'en aller, mais il suffisait de repenser aux mots de l'erasers pour comprendre que rester n'était pas une bonne chose... Ceci faisant, il ne ferait que mettre Enoch en danger et inquiéter Alice... Si cela ne tenait qu'à lui, il serait rester avec lui un peu plus longtemps, au moins pour pouvoir connaître cette personne qui était son ami, qui avait tant fait pour lui... Mais peut-être que s'il ne désespérait pas un jour... Shane regarda fixement Enoch, lui souriant tristement.

« … Il est grand temps pour moi de m'éclipser... Merci pour tout ce que tu as pu faire pour moi Enoch... Je t'en suis infiniment reconnaissant... »

Shane n'attendit pas spécialement de réponse, simplement communiquer ses sentiments était amplement suffisant. Il détourna alors les talons, une boule dans la gorge. Ne voulant pas que l'on voit son visage déconfit, il leva une main derrière lui avant de jeter une dernière réplique.

« Surtout si un jour tu es en danger, n'hésite pas à me trouver, je serai là. En panique certes, mais là quand même. »

Puis sans même un au revoir, Shane sortit de l'appartement. Il n'avait pas envie de dire « au revoir ». Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il savait qu'un jour il reverrait cet homme. Le destin les avait liés à présent, aucun doute qu'il continuerait de les faire se retrouver, un jour...
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