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Que son nom soit sanctifié [PV Elena C. Dobson]
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Varig Cross

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13.10.13 16:05
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Journal

12 avril 2013, Madison Hôtel, Madison, Etat du Maine, Etats-Unis

Thème: In memoriam sempiternam (Beyond Two Souls - Menu thème)


-Elle est très bien cette nappe, objecta Marie Williamson. Très bien.

Elle agrémenta la remarque d'un petit mouvement de tête agacé qui semblait dire "pourquoi en parler?"
Après tout c'était elle qui s'occupait de la décoration. Si son mari trouvait souvent à redire, eh bien il n'avait qu'à s'en occuper lui même. Ce qu'elle ne lui laisserait jamais faire.
Alexis Williamson avait bien des qualités mais certainement pas le sens artistique nécessaire pour faire face à cette lourde responsabilité. Son peu d'enthousiasme face à sa dernière acquisition offrait d'ailleurs une nouvelle démonstration de son manque de compétence en la matière.

-Arf, finit-il par grogner sans conviction, rendant les armes. Si tu le dis. Au pire on pourra toujours la pendre à la fenêtre pour le 4 juillet.

Les deux époux se trouvaient dans la salle à manger de leur hôtel et étaient en train d'installer tout ce qui était nécessaire au petit déjeuner de leur clientèle quand Alex avait fait une remarque sur la nappe étoilée toute neuve qui couvrait la table du buffet. Physiquement ils étaient assez dissemblables. Marie était petite et plutôt maigre, avec un chignon de cheveux noirs et des yeux marrons. A l'inverse son mari était grand et massif, avec un ventre qui formait une petite bosse sous son pull et la calvitie avait dégarnit son front et le dessus de son crane. Il avait des yeux verts, une moustache aussi fournie que passée de mode et toute sa pilosité avait virée au blanc. Pourtant ils s'entendaient à merveille.
La discutions sur la nappe ne risquait pas de se prolonger. En matière de décoration, monsieur Williamson finissait presque fatalement par tomber d'accord avec sa femme mais il ne perdait rarement que rarement une occasion de la taquiner. C'est donc avec un grand sourire qu'il accueillit l'air scandalisé de celle-ci à sa proposition. Elle ouvrait déjà la bouche pour répliquer quand la porte d'entrée tinta signalant un visiteur.

-Par ici! appela Alex, à nouveau sérieux.

Le rez de chaussée n'était pas bien grand et leur client parvint en quelques secondes à la salle à manger.

-Ah, Varig, déjà levé? Le salua Alexis en regardant sa montre. Vous êtes sacrément matinal!

En effet il n'était pas encore sept heures et pourtant le jeune homme était déjà complètement habillé. Il portait une paire de baskets, un jogging, une veste de sport, un bonnet et une paire de gants. Tous ses vêtements étaient sombres quand ils n'étaient pas noirs.

-Bonjour Alex, bonjour madame, lança-t-il avec politesse. Le décalage horaire me fait me lever tôt je suppose. J'essaie de faire du sport tous les jours.

Il était essoufflé, une mèche de cheveux noirs lui tombait sur le front et un peu de buée s'était formée sur ses lunettes. Ses joues et son visage étaient rougis par le froid et l'effort. Manifestement il avait couru.

-Marie je te présente Varig, un client qui est arrivé hier. Varig, Marie ma femme.

Sautant sur l'occasion, l'hôtelière désigna le buffet d'un geste péremptoire.

-Enchanté Varig! Que pensez vous de cette nappe?
-Marie!
Fit Alex, consterné. Il doit avoir envie de se reposer et de se changer, pas de discuter de ta décoration!

Varig sourit gentiment en s'appuyant au battant de la porte, gêné. Il semblait hésiter entre s'esquiver directement et faire preuve d'un peu de sociabilité. Finalement, il opta pour un compromis en lâchant:

-C'est une belle nappe madame, qui va très bien avec le reste de la pièce. Si vous le permettez je vais vous laisser travailler...

Un grand sourire illumina le visage de la femme, qui ignora néanmoins la tentative polie du jeune homme de s'esquiver.

-Appelez moi Marie. Vous êtes étranger n'est ce pas?

Le sourire du jeune homme ne varia pas d'un iota, mais il y eu quelques secondes de silence. Varig se traita intérieurement d'imbécile, comprenant presque tout de suite ce qui avait amené cette conclusion.

-Il vient des Philippines, expliqua brièvement Alex à sa place.

Les américains de cette région n'utilisaient jamais le "madame", trop protocolaire à leur goût. Les seules exceptions étaient lorsqu'ils s'adressaient à des officiels ou des supérieurs hiérarchiques. Une erreur qui n'avait pas échappée à son interlocutrice...
A moins qu'elle ne s'offusque qu'il la traite avec une marque de respect généralement due aux personnes plus âgées.

-J'y ai passé presque neuf ans compléta-t-il d'un ton dégagé. Je n'ai pas encore repris les habitudes du pays.

Marie hocha la tête, apparemment satisfaite de l'explication.

-Ah, je me disais bien que vous n'aviez pas d'accent. Le petit déjeuner est à partir de 7 heures jusqu'à 8 heures trente, ne vous pressez pas.

Varig fit à nouveau mine de s'esquiver quand elle sauta du coq à l'âne.

-Un de ces jours il faudra que vous traîniez Alex avec vous, lui aussi aurait bien besoin de faire un peu de jogging...

Aussitôt, l’intéressé posa une main protectrice sur son léger embonpoint d'un geste théâtral. Sans être réellement obèse il était manifestement "bien portant".
Varig quand à lui refoula un début d'agacement pour adopter un sourire poli.

-Filez vite, lui lança gentiment Alex, agrémentant le conseil d'un clin d’œil enjoué. Elle peut continuer à papoter comme ça des heures.

Le jeune homme s'empressa de suivre le conseil, s'esquivant lestement tandis que Marie sermonnait son époux avec bonne humeur.

Il monta les escaliers quatre à quatre, profitant que ses muscles étaient encore dopés par l'effort. Quand il arriva sur le palier de sa chambre il n'était même pas essoufflé.
Prenant garde de ne pas faire de bruit, il déverrouilla la porte, effectuant un petit mouvement de poignet pour vérifier l'exacte position de la serrure. Un bon moyen de s'assurer que personne ne visitait les lieux en son absence. Quelques autres "alerteurs" étaient mis en places mais ils servaient surtout à trahir une présence hostile. Si la serrure avait bougée mais pas le reste, c'est que quelqu'un avait pris soin que tout soit à sa place. Quelqu'un d'entraîné, comme lui.

La chambre qu'il avait réservé se trouvait au deuxième étage, à l'arrière du bâtiment. Il n'y avait pas énormément de monde dans l'hôtel en cette période de l'année et il n'avait eu que l'embarras du choix.

Bien qu'il ne soit arrivé que la veille, la pièce était impeccablement rangée, presque comme s'il ne l'avait pas occupée. Lit fait soigneusement, la valise et son contenu soigneusement répartis dans les armoires tandis que le bureau était rangé avec une précision quasi-militaire.
Varig n'aimait pas le désordre. Viscéralement. Cela provoquait chez lui un agacement proche du malaise physique.

Une fois la porte refermée il partit se doucher, savourant l'eau chaude après le froid des rues que le soleil commençait à peine à réchauffer. Il avait couru jusqu'à un petit parc à quelques kilomètres de là pour effectuer des exercices de musculation et de gymnastique. Ceci fait il était revenu par le même chemin avant de s'étirer devant l’hôtel.

Ce début de journée qui aurait sans doute beaucoup fatigué monsieur Williamson mais faisait partie de la routine de l'agent Atorias, qu'il s'était constituée presque naturellement au fil du temps.
Il sourit alors qu'une voix émergeait de sa mémoire.

"On aura tout le temps de se reposer dans la tombe" articula-t-il silencieusement.

C'est ce qu'avait coutume de répéter le capitaine des Custodiens quand il travaillait encore sous ses ordres. Un souvenir parmi des milliers d'autres...
Chassant les images qui menaçaient d'envahir son esprit il s'ébroua avant de couper l'eau. Il était temps de se mettre au travail.

Sa douche terminée Varig remis ses lunettes -uniquement destinées à adoucir ses traits et non à corriger quoi que ce soit à sa vue- et changea de tenue, enfilant un costume-cravate noir parfaitement ajusté. Il glissa une paire de gants de cuir dans la poche de son manteau qu'il prit sur le bras avant de balayer une dernière fois la pièce du regard.

Redescendant les escaliers plus tranquillement qu'à l'aller, il se dirigea vers la salle à manger.

Il n'y avait pas beaucoup de clients en cette saison pourtant il n'était pas le premier à descendre manger.
Sur une dizaine de résidents dont lui avait parlé Alex, seul trois étaient levées.
Un jeune gothique à l'air boudeur était installé au fond. Il ne leva même pas la tête de son petit déjeuner à son entrée et l'homme assis face à lui semblait aussi d'humeur maussade, fixant la nourriture sans se résoudre à y toucher. La seule autre cliente déjà réveillée, une jolie jeune femme aux longs cheveux blonds, était quand à elle d'excellente humeur, dévorant un fruit avec appétit.

Machinalement l'esprit de Varig enregistra une foule de détails sur chacun en quelques secondes.

-Bonjour! lança-t-il en allant se servir au buffet.

Seul la cliente répondit à son salut, les deux autres l'ignorèrent. L'adulte semblait complètement déconnecté, plongé dans des pensées qui n'avaient rien de joyeuses. Quand à l'adolescent il se contenta de gratifier l'élément perturbateur d'un regard hostile.

La salle à manger était une pièce agréable, peinte dans des couleurs chaudes avec beaucoup de lumière qui tombait sur les tables par de large fenêtres. Tandis qu'il mangeait, Varig se demanda de quelle façon il dessinerait les lieux.
Ses dessins. Il dessinait depuis des années déjà. C'était à Chicago que Johann avait commencé à s'inquiéter de la pile de dessins qu'il s'obstinait à archiver.

Il ferma un instant les yeux, sans que son expression pensive ne varie. Son esprit, lui, était déjà loin de l'hôtel...

Ils se trouvait dans une chambre de l'un des orphelinats catholiques de la ville. Lui était assis au bureau, tandis que Johann était debout. Entre eux, un gros carton débordait de centaines de feuilles de papier soigneusement alignées dans un vain espoir qu'elle prendraient moins de place.

-Pourquoi veux tu tellement les garder? demanda-t-il avec gentillesse. Toi et moi savons que tu n'oublie rien.

Varig secoua la tête, buté.

-J'oublierais. Tout le monde oublie. Et quand je n'aurais plus mes souvenirs... J'en aurais besoin.

Johann sembla réfléchir, hésiter. Rien n'indiquait en effet que la mémoire absolue du garçon durerait toujours, mais ça n'expliquait pas cette obsession. L'ami psychiatre qu'ils avaient rencontré en suisse n'avait pas semblé y attacher d'importance, ni même considérer le jeune garçon comme réellement malade. Sa mémoire ne s'effaçait pas, tout simplement. C'était rare, inexpliqué, mais cela arrivait. A lui d'apprendre à vivre en en faisant un avantage avait-il dit.
Mais ces dessins étaient dangereux, parce qu'ils laissaient une trace. Une trace qui partait de bien plus loin que Chicago... Car sur certaines pages s'étalaient les montagnes où ils s'étaient rencontrés bien des années plus tôt.
Oui. Les souvenirs étaient dangereux.

-C'est important, ajouta Varig, comme s'il sentait où le menait sa réflexion.

L'enfant se tut, fixant gravement Johann de ses yeux bleus. Il attendait sa décision. Varig ne désobéissait jamais à ses ordres, suivant chacun d'eux avec une docilité quasi-effrayante.
Il voulait. Il demandait quelque chose qui lui semblait capitale, pour une raison qui échappait à ecclésiastique.
Ces dessins l'effrayaient et pas seulement à cause de leur qualité ou de leur nombre, ni même de leur dangerosité. Ce qui lui faisait vraiment peur, c'est la détermination qu'avait l'enfant à les réaliser, chaque soir, chaque nuit.

-Ces dessins... Commença-t-il, incertain de ce qu'il allait dire. Tu ne peux pas les garder avec toi.

Il hésita à nouveau.

-Il faut les mettre en lieu sûr.


Les yeux de Varig se rouvrirent, et il fut presque étonné de voir la lueur du soleil qui se levait au dessus de Madison plutôt que la grisaille de Chicago.

Son petit déjeuner vite terminé il quitta la salle à manger et se rendit à l'accueil. Madame Williamson lui indiqua bien volontiers où était l'église de la ville, mais échapper poliment à sa conversation fut difficile. Au cours du processus Varig apprit pêle-mêle que les deux hôteliers étaient eux aussi catholiques, comme une bonne partie de la ville apparemment, qu'elle s'était mariée avec Alex il y avait seulement cinq ans et qu'une certaine madame Bown était une voisine des plus désagréables.
Il allait avoir droit à une description circonstanciée des nuisance occasionnées par le chien de ladite voisine quand il parvint enfin à trouver une raison crédible de s'esquiver, notant tout de même de lui faire parler de Madison et de son ancien prêtre à son retour. L'hôtelière parlait beaucoup et posait peu de question. C'était parfois agaçant, mais sans aucun doute très utile...

Malgré le soleil qui brillait il faisait froid et l'agent se dépêcha d'enfiler son manteau et ses gants avant de se mettre en marche vers l'église.

Même en suivant les indications de Marie son objectif était plus loin qu'il ne le pensait et il dut marcher un bon moment avant de l'atteindre. De petits tas de neiges étaient rassemblés ça et là dans les rues mais ils n'entravaient pas sa progression.
De nombreux passants circulaient, allant vers leur travail pour la plupart. Une animation normale comme on pouvait en voir dans toutes les villes...
Seule la présence d'un Hummer militaire qui patrouillait avait troublé cette impression.
A priori rien à Madison ne lui semblait justifier ce déploiement de force. La ville semblait calme, en rien dissemblable à n'importe quelle autre de la région. Mais la première impression était parfois trompeuse, et il n'avait pas encore vraiment put la visiter... Il faudrait du temps pour qu'il découvre ce qui se cachait peut être sous ce vernis.

Il resserra son manteau, pensif. On l'envoyait rarement dans des endroits calmes. Combien d'horreurs finirait-il par découvrir ici?
Il se posait encore la question quand il parvint où il voulait aller.

L'église de Madison était une grande battisse de pierre qui, étrangement, semblait plus européenne qu'américaine dans son architecture.
Ses abords étaient occupés par de petits espaces verts soigneusement entretenus et un cimetière y était accolé.
Le clocher montait haut dans le ciel et une rosace de vitrail surplombait le perron. Des statues fixaient les environs de leur regard de pierre.
Seule concession à la modernité, un parking était aménagé le long d'un des murs pour accueillir les fidèles. Pour l'heure il était quasi vide.

Varig resta quelques secondes à détailler le bâtiment de loin avant de se décider à l'approcher. Il était venu ici en espérant voir le nouveau prêtre et discuter un peu avec lui sous un prétexte ou un autre, mais le faible nombre de voiture laissait supposer qu'il n'était pas venu au bon moment. Au pire il ferait le tour des lieux et récupérerait les horaires de la messe.

L'ecclésiastique ayant remplacé son prédécesseur n'était pas au courant de la venue d'un agent du Vatican, ni même de l'existence du cabinet noir. Autant que possible un maximum de gens étaient tenus à l'écart de cette information, ce qui causait parfois des problèmes.

Les horaires d'ouverture et de messe étaient affichés sur la porte et Varig les nota soigneusement dans son agenda, exécutant un rapide croquis des lieux. Sa mémoire absolue rendait cela superflu, mais s'il été arrêté ou fouillé il faudrait rendre son personnage crédible jusque dans les moindres détails et un petit carnet bien remplis était un bon moyen de disculper les soupçon du plus paranoïaque des douaniers.

Cette formalité accomplie il entra.

L'intérieur de l'église n'était pas différent de ce à quoi il s'attendait. Vaste et bien entretenue, l'allée centrale était bordée de bancs de bois cirés et plusieurs petites chapelles étaient aménagés sous des petites voûtes latérales.
Le premier souvenir que Varig avait était celui d'une église. A une époque il l'assaillait à chaque fois qu'il entrait dans l'une d'elle. Et puis avec le temps il avait su s'en détacher.

A cette heure il n'y avait pas grand monde comme il l'avait supposé. La messe n'avait lieu qu'à 18 heures...
En fait seul une vieille femme qui égrainait un chapelet en silence assise au fond de l'église était visible.

Satisfait de ce premier examen, le jeune homme retira un de ses gants et trempa son doigt dans le bénitier prévu à cette effet. Les yeux braqués sur l'immense croix qui surplombait l'autel, il ploya le genou et se signa avant de se relever.

La plupart des américains -et même des catholiques- se contentaient souvent de se signer, mais Varig tenait quand même à cette marque d'humilité.

Cette formalité accomplie, il se redressa et alla s’asseoir à son tour, à bonne distance de la femme. Non qu'elle le gêne, mais il préférait être aussi seul que possible pour prier.
Il commençait à peine sa "conversation" silencieuse quand une exclamation étouffée lui fit vivement tourner la tête.
La voix était féminine, mais certainement pas celle de la vieille femme au fond. trop proche. Il y avait quelqu'un d'autre dans l'église.

Le bruit venait d'une chapelle devant lui, qu'il ne pouvait pas voir d'où il se trouvait. Curieux plus qu'inquiet, il se leva et s'en approcha doucement.

-Bonjour, tout va bien? lança-t-il à voix basse dès qu'il estima pouvoir être entendu de l'inconnue.
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06.11.13 21:25

Dernièrement, les choses avaient bougé en ville.
D'abord, il y avait eu cette improbable histoire de blog dont le créateur, un illuminé persuadé de l'invasion de la terre par des extra-terrestres, avait organisé une sorte de meeting dans un bâtiment désaffecté de la ville. Elena avait vite repéré l'annonce, mais l'avait aussitôt rangé du côté des informations qui ne présentaient à son sens que peu d'intérêt. Erreur.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle en entendit parler dans tous les coins de la ville : il semblait que cette réunion improvisée avait ameuté un grand nombre de curieux, bien plus grand que tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Aussi ne lui fallut-il que quelques jours pour déjà récolter de nombreux témoignages.
Alors que quelques personnes conversaient au sujet des mystères qui entourent Madison depuis plusieurs mois, la visite surprise du maire ainsi que celle des forces de l'ordre, qui en avaient profité pour embarqué deux ou trois personnes présentant une attitude suspecte, avait clos l'entrevue de manière assez brutale. Mitchell, ce jour là, avait pu prouver encore une fois ces formidables talents d'orateur : terriblement convaincant, d'une fermeté à la hauteur de son grade – impeccable dans son rôle de maire. Il présenta son intervention comme une main tendue vers les malades, prétendant vouloir leur venir en aide d'une manière qu'il prit grand soin de taire. L'adolescente parvenait très bien à l'imaginer : elle n'était pas dupe, pas comme beaucoup trop de personnes dans cette ville.
Un malade, elle en avait déjà rencontré un. Malade, il l'était sans aucun doute, et de l'aide, il en avait résolument besoin. Mais ces personnes qui disaient vouloir l'aider, ils le poursuivaient, le chassaient même. Declan, il avait beau avoir cet air déterminé dans le regard, il était évident qu'il avait peur. Cet étrange pouvoir qu'il avait reçu, il en aurait fait don à n'importe qui. Ces gens là lui en voulaient pour quelque chose dont il n'était pas responsable. Il avait décider de se cacher plutôt que de se rendre, et c'était sans doute le choix le plus malin à faire.
Elena avait finalement perdu la trace du jeune homme et ne l'avait plus jamais revu. Pas question d'éprouver le moindre ressentiment : la seule chose qu'elle avait à regretter, c'était de ne pas avoir pu le questionner plus en détail sur son étrange don. Désormais, le sort de ce garçon appartenait au destin et elle ne devait plus y penser.

Alors que la blonde désespérait à trouver de nouvelles pistes, une nouvelle susceptible de relancer son enquête était parvenue à ses oreilles : il y a quelques jours, le prêtre de Madison était arrêté pour une raison obscure. Les fidèles l'avaient vu être remplacé du jour au lendemain, sans qu'on ne leur donne la moindre justification – c'était d'ailleurs par l'un deux que la demoiselle obtint l'information. Un matin, des militaires étaient entrés dans l'église et l'avait emporté avec eux. Fin de l'histoire. Et inutile d'espérer des informations supplémentaires de la part des autorités : ils devenaient muet dès qu'on approchait trop près de sujets sensibles.

Plutôt que de ressasser le peu d'informations qu'elle avait entre les mains, Elena quitta péniblement ses couettes chaudes pour rejoindre les ruelles de la ville, presque vides à cette heure de la matinée. Ses pas la menèrent tout naturellement au plus près de l'affaire, directement dans l'église de Madison. Peut-être aurait-elle la chance d'y interroger des fidèles, ou même des proches du prêtre arrêté ?
Nous étions au milieu du mois d'avril. L'air encore glacé menaçait toujours la peau fragile de la blonde, qui avait recouvert le bas de son visage d'une écharpe en laine blanche. Veste doublée, bottes montantes; la jeune femme n'avait laissé aucun détail de sa tenue au hasard, connaissant sa manie à tomber malade au point de passer plusieurs jours alitée dès qu'un millimètre carré de sa peau était exposé à une température même printanière.

Son appartement n'était pas très éloigné de l'église, aussi ne lui fallut-il qu'une dizaine de minute à pied pour arriver devant la porte de la bâtisse. À vrai dire, une seule personne était présente dans le bâtiment : une vieille femme, assise au fond de l'église. Elena ne lui prêta pas attention, ne se demanda même pas si cette dernière avait remarqué sa présence et commença par faire le tour de l'endroit.

Imposante, petit bijou d'architecture, l'église donnait pourtant une impression oppressante une fois à l'intérieur : le silence était presque assourdissant, et chacun de ses pas qui le brisait en résonnant longuement lui rappela qu'elle n'avait rien à faire ici. Et c'était vrai : ce n'était pas la paix qu'elle venait chercher, mais des indices pour un mystère qu'elle s'obstinait à  résoudre alors qu'elle ferait bien mieux de ne pas s'en mêler. C'était comme si le bâtiment lui-même lui intimait de déguerpir d'ici. Cette ambiance si particulière mis très vite la blonde mal à l'aise, qui songeait déjà à quitter l'endroit. Mais elle tenait plus que tout à récolter des informations, quelles qu'elles soient.
Elena est une enfant pourrie gâtée, après tout. Dès qu'une soif nouvelle naissait, elle était étanchée presque aussitôt. Mais le mystère qui entourait Madison était d'une toute autre nature. Peu importait combien de fois elle questionnait, observait, enquêtait : cette soif là n'était jamais comblée. Elena l'égoïste, Elena l'égocentrique. Que pouvait bien lui importer le sort de tous ces gens ?
Quelque chose dans cette histoire l'attirait irrésistiblement. C'était plus fort qu'elle.

L'église était résolument vide. Sérieusement Elena, tu pensais tomber nez à nez avec un cadavre ? Alors qu'elle était arrêtée devant des cierges, à l'abri des regards, elle se saisit précautionneusement de l'un d'eux par simple usage, comme pour se donner bonne conscience et se dire qu'elle finirait bien par tomber sur quelque chose d'intéressant. Car de toute évidence, ce n'était pas en prenant un objet par ci ou par là qu'elle résoudrait quoi que ce soit. La jeune femme soupira inaudiblement, et, alors qu'elle allait reposer l'objet à sa place, elle entendit des bruits de pas en provenance de l'entrée.

La blonde s'immobilisa un instant et tourna la tête vers la direction d'où venaient les sons, écoutant plus attentivement : le nouveau venu sembla s'asseoir sur un des bancs vides, et sans doute avait-il commencé à prier – après tout, c'est ce que les gens viennent faire dans ce genre d'endroit, non ?
Elena allait se rendre vers l'allée centrale, interroger cette personne et s'en aller. Oui, pas la peine de rester plus longtemps : ce n'était pas en déambulant ainsi qu'elle trouverait quelque chose.
Seulement, il semblait que le destin en décida autrement.
Le cierge lui glissa des mains. Rien d'inhabituel pour elle, maladroite comme elle était. Seulement, il n'y eut pas ce terrible bruit que fait un objet en rencontrant le sol. L'adolescente attendit un instant ce son caractéristique, mais il ne parvint jamais à ses oreilles.
En se retournant, elle crut un instant rêver, peut-être même halluciner. Le cierge qu'elle tenait dans la main un instant plus tôt, avait décidé de rire au nez de toutes les lois physiques établies à ce jour : plutôt que de rester bien sagement en place comme les autres, celui-ci flottait dans les airs. Il flottait. Surprise, effarée, terrifiée aussi, la blonde ne put retenir une exclamation bien trop bruyante pour passer inaperçue dans le silence religieux – c'était le cas de le dire – de l'endroit. Génial, il ne manquait plus que ça : quelqu'un approchait.

Elle se maudit au moins vingt fois intérieurement.
La panique prit le pas sur la surprise. Avant de pouvoir se demander ce qu'il se passait, avant même de comprendre qu'elle avait déclenché quelque chose de surnaturel, il lui fallait cacher cette chose à tout regard extérieur. Elle attrapa très vite le cierge pour le reposer sur la table, mais celui-ci continuait inexorablement à léviter, à quelques centimètres de la surface en bois.
En même temps, le nouvel arrivant approchait. Même à plusieurs mètres, elle put le considérer un peu plus en détail : un homme, grand, plus âgé qu'elle sans aucun doute. Il avait cet air avenant, presque gentil collé au visage mais cela ne suffit pas à calmer Elena, qui ne savait que trop bien à quel point il était facile de dissimuler de mauvaises intentions derrière un sourire.
Il lui fallait trouver quelque chose, et vite. Mais l'homme en face semblait résolu à s'approcher bien trop près d'elle. Dans la panique, Elena se plaça entre l'inconnu et la table, profitant de l'endroit pour prier intérieurement pour que ce ridicule barrage fonctionne.
Déjà, le nouveau venu arrivait à quelques pas d'elle. Il la salua et lui demanda si tout allait bien.

Elle prit une grande inspiration et se tourna vers lui.
« Tout va bien. » Sourire. Paraître détendue. Surtout ne pas oublier de respirer. « Je... » Ne pas parler du cierge. « Je visitais les lieux, et j'ai trébuché. Je suis vraiment trop maladroite ! »
Elle se força à ne pas ajouter un rire qui n'aurait sûrement pas paru naturel. Comme pour appuyer ses propos, elle passa mécaniquement un revers de main sur sa veste pour épousseter une poussière que n'aurait jamais laissé le sol impeccable de l'église. Elle qui avait toujours profondément désiré être un peu plus large et un peu plus grande, il fallait dire que dans cette situation, il ne s'agissait pas d'une envie mais d'un réel besoin. Elle n'ajouta rien, pour ne pas se trahir : à cet instant, la meilleure chose à faire était de se taire, et garder ce sourire paisible.
Elena n'avait jamais cru en Dieu. Mais s'il existait, sérieusement, qu'il fasse quelque chose pour elle à cet instant et elle lui serait infiniment redevable.

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Varig Cross

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08.11.13 14:59
-Bonjour, tout va bien?

La chapelle d'où provenait l'exclamation était dédiée à Marie, et une grande statue de la vierge trônait dans une niche. Un vitrail l'éclairait de fort belle façon, laissant tomber une pluie de lumière colorée sur le tapis recouvrant les dalles de pierre de l'église.
A ses quelques cierges brûlaient doucement sur un support en métal. Juste à côté les bougies prêtent à être allumées étaient disposées sur une table de bois ainsi qu'un briquet et un tronc destiné à accueillir les offrandes.
Et devant elle se tenait la propriétaire de la voix.

Celle ci était petite, un mètre soixante à vu de nez. Ses cheveux blonds tombaient sur son écharpe blanche. Elle était chaudement vêtue et ne portait pas de sac à main.

Le cerveau de Varig avait enregistré cette multitude de détails sans que cela lui demande vraiment d'effort. Il s'était vite aperçu que plus il était capable de capter de chose, plus ses souvenirs était détaillés, ce qui l'avait poussé à développer ses talents pour l'observation. Il aurait ainsi put donner sans réfléchir le nombre de cierges visibles ou même combien de carreaux composaient le vitrail.

La jeune fille se retourna, permettant au jeune homme d'évaluer son age. Douze ans, treize ou quatorze peut être mais pas beaucoup plus décida-t-il. Elle avait des traits fins et de grands yeux ambrés.

-Tout va bien, répondit-elle avec un accent anglais marqué.

Elle sembla hésiter et Varig lui sourit gentiment pour l'encourager à continuer.

-Je... Je visitais les lieux, et j'ai trébuché. Je suis vraiment trop maladroite! expliqua-t-elle un peu trop fort de sa voix aiguë.

Le jeune homme grimaça légèrement quand l'écho de sa voix aiguë raisonna, brisant le silence pieux des lieux. Il imagina à défaut de le voir le regard réprobateur de la vieille paroissienne.
Gênée, la jeune fille épousseta sa veste. Tout son langage corporel semblait d'ailleurs dire son inconfort bien qu'elle tente de se maîtriser.
Sûrement quelqu'un de timide, déduisit Varig. Sans se douter du motif réel de son trouble, il amorça la conversation. Il se mit à la tutoyer, plus en raison de son âge que par familiarité.

-L'essentiel c'est que tu ne te sois pas faite mal. Pardon si je t'ais dérangée dans ta visite... Je m'appelle Varig.

Il hésita quelques secondes. Si elle n'était pas de la ville elle ne servirait pas à grand chose. En revanche il était rare qu'une enfant viennent visiter seuls une église à cette heure de la matinée. Peut être la mère ou le père sauraient-ils quelque chose d'utile?

-Tu es anglaise je crois? Dis moi, sais-tu si le prêtre doit passer ce matin? demanda-t-il sans même attendre la réponse de sa première question.
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15.11.13 22:45
C'était comme si sa tête allait exploser.
Trop de choses auxquelles il fallait soigneusement penser sous peine de se trahir, trop de phénomènes surnaturelles qu'elle avait beau retourner dans tout les sens, elle n'arrivait pas à les expliquer - trop de tout qui n'allait pas comme elle l'aurait souhaité et qui rendait la situation bien plus compliquée que ce qu'elle aurait du être.
Il y avait cet homme qui, déjà, se mettait à la questionner à propos de détails auquel Elena n'avait pas encore pris la peine de songer. Heureusement, celui-ci ne releva pas l'incohérence commise un peu plus tôt, et poursuivit la conversation le plus naturellement du monde.

« L'essentiel c'est que tu ne te sois pas faite mal. Pardon si je t'ai dérangée dans ta visite... Je m'appelle Varig. »

L'homme ne donna pas plus de précisions sur lui. Par contre, il fit tout de suite preuve de beaucoup de courtoisie : décidément trop gentil à son goût, Elena redoubla de méfiance vis à vis de lui.
Il était clair que son interlocuteur avait été trompé par son physique : le tutoiement déjà, cette intonation que prennent toujours inconsciemment les adultes quand ils se retrouvent confrontés à une jeune adolescente, et puis, ce regard rassurant devant tant d'innocence et de maladresse. Maintenant, il lui suffisait de jouer le jeu jusqu'au bout pour se sortir du pétrin et éloigner l'inconnu.

« Moi c'est Caitlyn, enchantée. »

Caitlyn la petite fille joyeuse, polie, souriante et terriblement mignonne. Caitlyn la petite curieuse qui pose beaucoup de questions mais ça ne choque personne parce que c'est une gosse. Caitlyn, c'est le nom de sa sœur jumelle et son deuxième prénom par la même occasion. Le caractère, c'est exactement celui d'Elena dix ans plus tôt. Un personnage récurent, qui l'a sortie un nombre incalculable de fois de mauvaises passes.
Douze ans, un sourire lumineux et on vous accorde n'importe quoi. Véridique.

La blonde prit une longue inspiration, fit le point dans son esprit.
Elle avait bien fait de se retourner. Si elle avait fait face au cierge, elle savait qu'elle n'aurait pas réussi à le quitter des yeux. Ce phénomène, après l'avoir profondément terrifié, créait peu à peu en elle une sorte de fascination malsaine, et inutile de préciser que cela n'avait rien de bon. C'était elle qui avait provoqué ça. Elle était à l'origine de quelque chose de surnaturel, d'extraordinaire, mais surtout d'anormal. Pourtant, ça lui donnait presque envie de réitérer le geste, d'expérimenter, et surtout de constater qu'elle avait à son tour développer un étrange pouvoir.
Mais voilà qu'un perturbateur avait dérangé cette découverte.
Elle était venue résoudre un mystère, et voilà qu'elle en ajoutait un à une liste déjà beaucoup trop longue de phénomènes à expliquer.

Varig avait tout de suite noter son accent, et le lui fit remarquer. Il l'interrogea aussi à propos du prêtre, et cela rappela à la jeune femme le but premier de son expédition. Parfait, pas la peine d'amener le sujet de manière maladroite : il le fit lui même.
« C'est ça, je suis de Londres. Mes parents m'ont envoyé chez ma grand-mère pour deux semaines. » Si ces souvenirs étaient bons, les vacances scolaires en Angleterre tombaient à peu près dans cette période de l'année. « Je ne sais pas si le prêtre va passer ce matin. En fait, ma grand-mère vient de temps en temps ici. Elle a entendu parler du remplacement du prêtre, mais elle aurait voulu plus d'informations – et avec le froid qu'il fait, je suis venue demander pour elle. »  Il avait l'air d'un habitué des lieux, alors les questions fusèrent d'elles-mêmes. « Vous avez entendu parler de cette histoire ? Vous pourriez me renseigner ? »

Elena ne devait surtout pas oublier de ne pas bouger. Un pas de travers, un faux mouvement et c'en était fini d'elle. Son corps devait à peine couvrir le cierge d'un regard extérieur. Il ne fallait surtout pas attirer l'attention sur l'objet, qui devait sans doute toujours léviter derrière elle.
Une personne lambda, confrontée à un phénomène qu'il ne parvient pas à expliquer, à un peu trop tendance à très vite appeler la police. Et qu'elle ne se fasse pas d'illusions, ce n'était pas un faux nom et deux ou trois sourires qui pourraient la sauver dans ce cas-là.
Garder son calme, respirer, répondre intelligemment pour vite se débarrasser de ce gêneur : c'est tout ce qu'il lui restait à faire.
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18.11.13 17:33
-Tu es anglaise je crois? Dis moi, sais-tu si le prêtre doit passer ce matin?

Après coup, Varig s'aperçu que ses questions manquaient de courtoisie vis à vis de l'inconnue. Il ne lui avait même pas laissé le temps de répondre à la première pour poser la suivante.
Pourtant cela l'avait indisposée, Caitlyn n'en laissa rien paraître, répondant poliment:

-C'est ça, je suis de Londres. Mes parents m'ont envoyé chez ma grand-mère pour deux semaines.

Insensiblement, Varig hocha la tête.
Au fur et à mesure qu'elle parlait, il avait finit par reconnaître les intonations typiques des anglais de la haute société. Il avait assez travaillé en Angleterre et étudié cette langue pour que cela lui saute aux yeux.
Vu son age il était peu probable que Caitlyn ait put apprendre intentionnellement à imiter ce style comme le faisaient certains nouveaux riches anglais désireux de fréquenter pied à pied le reste de la "upper class". On pouvait donc raisonnablement supposer qu'elle venait d'un milieu aisé.
Dans une société aussi pointilleuse sur les conventions, la façon de parler était un marqueur qui trompait rarement. Avec un peu d'entraînement et de la pratique, discerner le noble britannique de bonne famille du roturier modeste de l'East End devenait donc facile, quasi naturel.

-Je ne sais pas si le prêtre va passer ce matin, poursuivit-elle. En fait, ma grand-mère vient de temps en temps ici. Elle a entendu parler du remplacement du prêtre, mais elle aurait voulu plus d'informations – et avec le froid qu'il fait, je suis venue demander pour elle.

A la frontière du subconscient de Varig une petite pulsation raisonna. Il se sentait comme un mélomane qui aurait entendu une fausse note noyée au milieu d'un orchestre. Faible, presque indiscernable et pourtant bien là.
Pourtant il n'eu pas le temps de s'y arrêter pour chercher la source de cette désagréable car la jeune fille continua:

-Vous avez entendu parler de cette histoire ? Vous pourriez me renseigner ?

Elle agrémenta la question d'un sourire innocent.
Apparemment les paroissiens se posaient des questions suite à la disparition de leur curé, ce qui n'avait rien d'étonnant que l'arrestation se soit faite discrètement ou qu'il y ai eu des témoins. Et en l’occurrence la petite n'aurait rien à lui apprendre...

-Je viens d'arriver en ville, répondit-il avec l'air de s'excuser. Je crains de ne rien savoir à ce sujet...

Il regarda autour de lui, un peu gêné. Intérieurement il hésita à lui demander si elle savait quelque chose. Finalement il ramena un regard curieux sur la jeune fille.

-Tu mettais un cierge? Demanda-t-il en changeant de sujet. C'est bien, il est trop rare de voir les jeunes de ton âge prendre du temps pour prier de nos jours.

Son regard monta vers la statue de marie, au dessus d'eux. Celle ci souriait avec douceur tendant la main tandis qu'au creux de son bras, un nourrisson au visage serein étendait les doigt dans une bénédiction.
Varig avait grandis au sein de l'Eglise, mais avait souvent eu des contacts avec le monde "mécréant" avant que ses missions ne l'amènent à se fondre dans la masse.
Il se rendait donc parfaitement compte du recul de la foi qui s'était opéré dans trop de pays et du manque d’intérêt de beaucoup de citoyens pour la religion. Voir de jeunes chrétiens comme Caitlyn dans les églises le mettais toujours de bonne humeur.
Après tout, il avait voué sa vie à Dieu et aux catholiques. Sa modeste contribution faisait partie d'un tout, et pour mener l'humanité vers le salut il fallait beaucoup de gens de bien, marchant dans la lumière.
Et quelques hommes de l'ombre pour les protéger.
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05.01.14 22:30
Évidemment, une journée si mal commencée ne pouvait en aucun cas se poursuivre sur une note positive.
Varig n'avait rien à lui apprendre, n'étant arrivée en ville que quelques jours plus tôt. Peut-être mentait-il, mais Elena devait bien avouer que si c'était le cas, il faisait preuve d'une incroyable habileté, car tout dans son comportement, dans ses paroles et dans sa façon d'être inspiraient la sympathie et la confiance. La blonde avait cependant trop d'expérience dans ce domaine pour se laisser prendre au piège, s'il en était bien un. Déjà naturellement sur ses gardes au moindre contact avec un autre individu, la situation actuelle exigeait d'elle qu'elle redouble d'attention quant à un éventuel mensonge.

Bien sûr, le simple fait que Varig n'ait aucune information susceptible de l'intéresser ne semblait pas suffire. S'il s'était arrêté là, la blonde aurait pu introduire subtilement une excuse comme une course à faire, ou un rendez-vous qu'elle ne pouvait se permettre de louper pour s'en tirer sans plus d'histoires. Non, forcément, son interlocuteur ne pouvait s'arrêter là : il reprit la parole et s'attarda sur les cierges placés derrière elle, lui demandant si elle était en train d'en allumer un. C'est à partir de là que les choses ont commencé à sérieusement déraper pour l'adolescente.
À la simple écoute de ses mots, son estomac sembla faire une chute de vingt mètres. Avait-il remarqué quelque chose ? Ou était-ce simplement une question sans arrière pensée ? Dans le doute, son cœur, jusqu'alors aussi sage qu'à son habitude, se mit à tambouriner sa poitrine avec violence. Tout était allé très vite : la panique l'avait submergé en un instant; son souffle avait été coupé, comme si elle avait reçu un puissant coup dans le ventre. Elle se retint à la table derrière, le souffle court. La peur ne l'avait prise que quelques secondes, et elle savait que même des yeux non entraînés auraient vite fait de remarquer que quelque chose n'allait pas.
Elena se sentait désarmée. Elle avait appris à masquer ces émotions, et elle s'en voulut profondément d'avoir faibli à cet instant : cette angoisse n'aurait jamais du transparaître ainsi sur son visage. Elle qui avait toujours été d'un calme à toute épreuve, insensible à toute sorte de tension, pourquoi avait-elle flanché ? La raison était pourtant très simple : la situation à laquelle elle faisait face était d'un genre tout à fait nouveau. Mais impossible pour elle d'admettre qu'une simple bougie avait eu raison de ses talents de dissimulation.
Il lui fallait se reprendre en main, et trouver au plus vite une solution pour se faire la malle.

Que devait-elle faire à présent ? Bien sûr, il lui fallait mentir, du mieux qu'elle le pouvait, une nouvelle fois. Mais après une émotion aussi forte, la blonde avait l'intime intuition qu'elle produirait quelque chose de surnaturel, comme tout à l'heure. Et cette fois, il lui serait bien plus compliqué de le cacher à Varig. Alors qu'elle était sur le point d'énoncer une explication pour ce petit moment d'absence, le bruit qu'elle aurait tant aimé entendre quelques minutes plus tôt retentit : un cierge était tombé, et Elena aurait pu parier sa vie qu'il s'agissait de ce cierge-là. Le son de la chute retentit longuement dans la salle, comme son exclamation auparavant. Il ne ramena cependant pas de nouveaux curieux qui auraient pu être alertés par le bruit.
Elena s'accroupit en vitesse pour ramasser la bougie. L'objet lui sembla d'abord collé au sol, comme irrésistiblement attiré vers la terre par une force invisible. Le phénomène ne dura qu'une seconde, mais suffit à la fasciner et à la terrifier à nouveau. Dès que l'attraction disparut, elle parvint sans peine à le replacer sur la table auprès des autres cierges. Puis, elle se retourna vers Varig, espérant que désormais, les objets autour d'elles se tiendraient un peu plus tranquilles.

« Pardon, je vous ai coupé. » Elle sourit timidement, visiblement gênée d'avoir manqué de politesse contre son gré. « Quand je vous disais que je suis maladroite ! »

Il lui fallait maintenant trouver un moyen de s'éclipser sans éveiller de soupçons. Impossible pour l'adolescente de poursuivre la conversation sur quelques rituels religieux, car elle n'y connaissait absolument rien. Heureusement, le phénomène provoqué à l'instant avait plutôt joué en sa faveur : déjà, il y avait très peu de chance pour que Varig ait pu observer quoi que ce soit d'anormal, et Elena tenait là l'occasion de changer de sujet.

« Et vous, monsieur Varig, qu'est-ce-qui vous amène à Madison ? »

Elle ajouta timidement un léger sourire à sa question, et observa son interlocuteur du coin de ses yeux ambre. La transition était flagrante, mais pouvait passer inaperçue venant d'une petite fille. Même s'il se doutait de quelque chose, la blonde se persuada qu'il ne dirait rien.
En même temps, son rythme cardiaque ralentissait doucement.

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15.01.14 12:19
-Tu mettais un cierge? C'est bien, il est trop rare de voir les jeunes de ton âge prendre du temps pour prier de nos jours.

La question de Varig semblait avoir mis Caitlyn dans l'embarras. En fait la jeune fille ne répondit rien durant un ton anormalement long ce qui poussa l'agent à interrompre sa méditation ramener son attention sur elle.

Posture de fuite vers l'arrière, mains sur la table comme bloquée par l'obstacle. Respiration un peut trop rapide. Émotions qui défilaient trop vite sur le visage, analysa-t-il mécaniquement en quelques secondes. Face à une adulte, il aurait aussitôt réagit à ces signes évidents de stress en cherchant la source. Se serait mis sur ses gardes. Au lieu de ça il s'inquiéta aussitôt pour son interlocutrice.

-Caitlyn? Quelque chose ne va pas? demanda-t-il, sincèrement concerné.

Elle ouvrit la bouche pour répondre mais un gros cierge bascula brusquement de la table et s'écrasa au sol avec un grand fracas, comme si...
Varig fit mine de ramasser le cierge mais la jeune fille fut plus rapide.
Quelques instants plus tard la bougie avait rejoint sa place parmi les autres sans que l'agent n'ait put rien remarquer du phénomène surnaturel qui venait de se produire.
La jeune fille sembla quelques instants ailleurs, plongée dans ses pensées. Varig répéta doucement sa question et elle se retourna vers lui.

-Pardon, je vous ai coupé, fit-elle avec un sourire timide qui devait faire fondre tous les adultes. Quand je vous disais que je suis maladroite!

Elle avait lâché cette dernière phrase un peu trop fort, et sa voix raisonna dans la grande église silencieuse. Mais avant que son interlocuteur ne puisse gentiment la réprimander elle enchaîna.

-Et vous, monsieur Varig, qu'est-ce-qui vous amène à Madison ?

L'agent lui rendit son sourire, de bonne humeur.

-C'est une longue histoire. Disons...

Il s'interrompit, tendant l'oreille. Bruit de pas, proches. Personne n'était entré... Sans doute la vieille dame du fond qui venait se plaindre du bruit.
Varig se retourna sans se presser, et quelques secondes plus tard il se retrouva face à face avec la paroissienne.

-Bonjour, lança-t-elle à voix basse. Pourriez vous faire moins de bruit? Vous me gênez.

Bien qu'elle ne soit pas très grande et parle doucement, il émanait d'elle une fermeté étonnante. Le fait qu'elle soit si directe y était sûrement pour quelque chose, mais c'était surtout son regard qui impressionnait.
Varig ouvrit la bouche pour répondre quand un infime détail lui fit brusquement changer d'avis.
Il y avait un pétale de fleur sur la robe de la femme. Un pétale de la même couleur que le bouquet frais posé à côté de l'autel.
Aussitôt son esprit se mit à faire des déductions à toute vitesse. Si la femme assise au fond avait reçu ce pétale, c'est probablement qu'elle avait elle même déposé les fleurs. Et si elle participait ainsi à l'entretien de l'église, il y avait des chances qu'elle ait des informations intéressantes.

-Oh. Je vous prie d’accepter mes excuses madame...

Sa voix s'était modifiée, et il parlait désormais avec le même accent guindé que Caitlyn.

-... Ma nièce ne tient pas en place. Enfin je suppose que c'est normal à son âge.

Bon. Cela devrait au moins éviter toute question ultérieure la présence de la jeune fille seule et calmer la dame. On pardonne plus facilement aux enfants. Restait à espérer que cette dernière jouerait le jeu et comprendrait ce qu'il avait en tête... Sans quoi il risquait de passer un sale moment.
La ruse sembla fonctionner et la vieille femme se radoucie.

-Humpf. Je vois. Eh bien il faudra voir à mieux la surveiller.

Varig jeta un rapide regard vers la jeune fille, clignant des yeux d'un air complice en priant pour qu'elle reçoive le message et comprenne ce qu'il avait en tête.

-J'y veillerais, comptez sur nous. lâcha-t-il avec un air contrit en ramenant son attention vers la paroissienne.

Avant que Caitlyn ne puisse répondre ou protester, il enchaîna sur ce qui l’intéressait.

-Au fait j'y pense... Peut être pourriez vous m'aider? Je suis venu voir le père Ignace. Savez vous s'il doit passer ce matin?

Dès que la phrase eu quittée ses lèvres, Varig prit conscience de sa bourde. Il avait prétendu à la gamine n'être au courant de rien et venir d'arriver en ville... Il n'était donc pas censé connaitre le nom de l'ancien prêtre.
Il allait devoir inventer une excuse au cas où cette dernière remarque la faute. Et puis ce n'était qu'une gamine... Alors pourquoi se tenait-il autant sur ses gardes tout d'un coup?
Avant qu'il ne puisse pousser plus en avant son analyse, le présent reprit ses droits, l’obligeant à reporter son attention sur la conversation.

-On a dut mal vous renseigner, répondit la vieille avec prudence, comme si elle se demandait ce que cachait la question. Le père Ignace n'est plus parmi nous depuis quelques semaines déjà. C'est le père O'Connor qui le remplace, et il ne doit pas passer avant la messe de ce soir.

Cette réponse elliptique conforta Varig dans l'idée que la femme savait quelque chose. Toute la difficulté allait être d'amener la femme à leur lâcher ce qu'elle savait...
L'agent élimina quasiment aussitôt l'idée de se faire passer pour un membre de la famille. Trop risqué. Alors comment faire parler la femme?
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13.03.14 22:48
Varig était bien trop gentil, bien trop doux avec elle. Il était évident qu'il avait remarqué son moment de stress, pourtant, il conservait toujours cet air serein, faisant mine de ne rien avoir vu. Ce n'était pas qu'Elena aurait voulu qu'il lui fasse remarquer cet instant de déstabilisation qu'elle ne cessait de se ressasser et qu'elle ne parvenait pas à se pardonner, bien au contraire. Elle avait même de quoi lui être reconnaissant de ne pas lui rappeler ce qu'elle considérait comme un véritable échec personnel, rageant et honteux. Pourtant, le silence volontaire de son interlocuteur la frustrait, la mettait mal à l'aise. Que cherchait-il en ignorant cette réaction pourtant très étrange de sa part ? Avait-il compris la supercherie ? Peut-être était-ce lui qui la menait en bateau, en fin de compte...
Cette sensation d'être à nue, sans défense, face à cet inconnu qui semblait se jouer d'elle; Elena ne pouvait la supporter.

Alors que Varig allait répondre à la question - l'occasion pour l'adolescente de cerner un peu mieux le personnage et pourquoi pas de trouver un détail, même infime, qui ne collerait pas avec le reste, et qui lui donnerait une preuve du fait qu'il en sait bien plus qu'il ne veut le dire – une personne vint les interrompre. C'était la dame qu'elle avait croisé en entrant de le bâtiment, visiblement agacée de l'agitation qu'ils causaient. Sans surprise, elle se plaignit du bruit qu'ils faisaient en conversant, et alors qu'Elena allait s'excuser platement afin de limiter les ennuis potentiels, c'est Varig qui prit sa défense, faisant passer la blonde pour sa nièce. C'était malin, plausible, et il avait expliqué ça avec son habituel ton, sympathique et terriblement persuasif. Impossible que la vieille dame puisse douter un instant de lui.

En plus de ça, il l'interrogea. Avec les évènements de ce matin, Elena en avait presque oublié le but premier de sa visite ici. Parfait; dans cette situation, elle pouvait récolter des informations sans se mouiller et peut-être paraître un peu trop curieuse pour une enfant.
Seulement, un détail retint son attention alors qu'il faillit lui échapper; comme une poussière dans l'air, presque imperceptible, qui manque de lui passer sous le nez mais qu'elle parvient au dernier instant à saisir au creux de la main.
Elle ne remarqua tout d'abord rien, mais l'utilisation du nom de l'ancien prêtre par Varig lui fit prendre conscience du mensonge du jeune homme, un peu plus tôt dans la conversation.
Elle se garda bien de lui faire remarquer cependant, car elle jugea qu'une petite fille n'aurait jamais remarqué un si petit détail. Et plus leur conversation avançait, plus il lui semblait que Varig se doutait de quelque chose à son sujet. Il lui fallait se faire oublier un instant, s'éclipser sans éveiller de soupçons et enfin sortir de ce calvaire.

Elle regardait les deux adultes converser d'un œil neutre, mais quand la vieille répondit et montra qu'elle en savait un peu plus qu'elle, elle se demanda si elle ne tenait pas là l'occasion de l'interroger, tout en passant pour une gentille gosse juste un peu curieuse...
Non, Elena. Tu dois rester discrète.
Pourtant, la tentation était forte... Que risquait-elle au final ? Il lui suffirait de courir très vite pour échapper à une potentielle menace. C'est vrai, elle pouvait se permettre de l'interroger...
Tiraillée entre sa raison qui lui criait de la fermer et sa curiosité qui la poussait à se lancer, Elena se maudit d'être aussi têtue, et se lança.

Elle prit bien soin de parler doucement, consciente du fait qu'elle devait attiser la sympathie de la paroissienne et que ce n'était pas en faisant résonner sa voix aiguë entre les murs de l'église qu'elle le ferait. Les vieilles aiment toujours les enfants, non ? Il lui suffisait d'être polie, souriante et douce. Tout le contraire de ce qu'elle était au fond d'elle.

«Excusez-moi, mais... » Elle sourit timidement à la vieille dame quand celle-ci se tourna vers elle. « Où est parti le père Ignace ? Vous le connaissiez bien ? »

La question sembla instantanément la troubler.

« Je suis sa gouvernante. Les soldats de la base avaient besoin de lui. » Elle tentait maladroitement de dissimuler sa gène. « Il les a suivi, voilà tout. Je ne peux pas vous en dire plus. »

Il était clair qu'elle mentait. Il était aussi très clair qu'elle ne lui dévoilerait pas plus de détails.
Mais Elena était satisfaite. La paroissienne avait mentionné les soldats de la base : elle supposa qu'elle faisait référence à ceux de Madison, dont les effectifs avaient largement augmenté depuis les récents attentats. Quelque chose se tramait dans cette base; la jeune fille en était désormais persuadée. Il s'agissait maintenant de découvrir quoi plus précisément.
Même si l'élément qu'elle venait de découvrir ne l'avançait pas beaucoup dans son enquête, la découverte de ce don surnaturel, auquel elle se remit soudainement à penser, lui ouvrait quant à elle de toutes nouvelles portes.
Était-elle capable de réitérer son geste ? Pouvait-elle faire léviter de plus grandes choses ? En quoi consistait réellement ce pouvoir ? Tant de questions qui la terrifiait et l'intriguait en même temps...

Elena remercia la vieille dame d'un hochement de tête et d'un sourire. Plus rien ne lui importait plus à présent que de s'en aller, s'enfermer dans son appartement pendant des heures et plancher sur toutes ses interrogations. Le sujet lui semblait terriblement fascinant, et déjà, elle sentait en elle grandir un sentiment de puissance, de fierté. Un peu de doute, aussi, mais qui laissait largement sa place à l'orgueil et à l'arrogance.

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23.03.14 18:52
Alors que Varig cherchait comment questionner la vieille dame, c'est "Caitlyn" qui prit l'initiative, le tirant de l'embarras.

-Excusez-moi, mais... commença-t-elle avec un sourire d'une candeur désarmante. Où est parti le père Ignace? Vous le connaissiez bien ?

Pour la seconde fois, l'instinct de Varig se hérissa. Cette fois l'impression fut plus nette.
Quelque chose n'allait pas...
La vieille dame répondit avant qu'il ne mette le doigt dessus, mais l'agent s'était enfin mit sur ses gardes. Toutefois à part une légère crispation de ses muscles qui n'avait pas duré plus d'un instant, rien dans son attitude ne trahit ce changement.

-Je suis sa gouvernante, répondit-elle sans réfléchir. Les soldats de la base avaient besoin de lui.

Varig remarqua sans effort l'embarras de la femme. Dès qu'elle avait lâché cette référence aux soldats de la base, elle avait semblé le regretter.
Cela correspondait avec ce que l'agent savait déjà. A bien y penser, la femme était probablement celle qui avait donné l'alerte reçue par le cabinet noir.
En tout cas cela confirmait l'arrestation par des militaires de Madison. Il faudrait demander au cabinet noir l'autorisation de procéder à un véritable interrogatoire de la vieille gouvernante.

De façon plus immédiate, Varig avait de nouveau remarqué une bizarrerie.
La femme avait bien dit "être" sa gouvernante. Elle avait parlé au présent, sans hésitation. Or Caitlyn avait elle utilisé le passé dans sa question, sans sembler se rendre compte de son erreur.
Savait-elle quelque chose qu'il ignorait? Jouait elle vraiment les détectives pour sa grand mère... Ou suivait elle sa propre piste?

Probablement inconsciente des cogitations de Varig, la jeune fille sourit et hocha la tête en direction de la paroissienne, qui semblait franchement gêné par la tournure de la discutions. L'agent décida d'en rester là avec elle... Pour le moment.

Sa réaction n'était sans doute que l'expression habituelle de sa paranoïa, mais avec le temps il avait appris à ne pas ignorer le moindre signe suspect.

-Je vous remercie de votre aide. Sauriez vous par hasard où je peux trouver les horaires de messe?

Son interlocutrice retrouva sa contenance, ramenée à un sujet simple qu'elle maîtrisait sûrement très bien.

-C'est affiché à l'entrée.

Varig inclina légèrement la tête en souriant. Il le savait déjà, mais préférait clore ainsi la conversation et quitter les lieux. D'autant plus que Caitlyn ne lui semblait plus si inoffensive tout d'un coup.

-Merci infiniment.

Sans rien ajouter, il se dirigea sans se presser vers la sortie, présumant que sa "nièce" aurait le réflexe de le suivre.
Quelques instants plus tard il se retrouvaient sur le parvis de l'Eglise.

Par acquis de conscience il jeta un coup d’œil rapide à l'affichette de l'entrée avant de descendre les marches, attendant que Caitlyn le rejoigne.
Rétrospectivement il n'était pas très sûr d'avoir une raison rationnelle de se méfier de la gamine. Pourtant il ne pouvais se défaire de cette impression, sans parvenir à en localiser la source. Il décida donc qu'il allait passer encore un peu de temps avec elle.

-On dirait que tu as appris ce que tu voulais savoir, lui lança-t-il avec un sourire, reprenant son accent américain sans effort. Que vas-tu faire maintenant?
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06.05.14 21:12
Perdue dans ses pensées, Elena n'écouta qu'à moitié la suite de la conversation entre Varig et la vieille dame. Le regard dans le vide, elle tendait à peine l'oreille tandis que son esprit, lui, était complètement ailleurs, submergé par un nombre bien trop important d'interrogations. Plus les instants passaient, plus il semblait à la jeune femme qu'elle devenait nauséeuse. Il lui fallait se sortir de là et rejoindre son appartement au plus vite.
Heureusement pour elle, il s'avéra que Varig entendit ses prières et se dirigea soudainement vers la sortie pour lire les horaires de la messe, l'invitant sans vraiment le dire à la suivre au dehors : était-ce une excuse pour échapper à la religieuse ou une vraie curiosité ? Quoi qu'il en soit, la blonde saisit sans hésiter l'occasion de sortir de cet endroit qui se faisait à chaque seconde plus étouffant.
Elle emboîta le pas de son oncle d'un jour sans même accorder un regard à la vieille.
Le temps du trajet, la blonde se mit à réfléchir. Ce titre d'oncle, bien que fictif, la mettait mal à l'aise et la faisait immanquablement penser à la place que tenait sa famille dans sa vie. Entre un père tyrannique qu'elle avait prit bien soin de rayer de sa vie et une mère bien trop éloignée pour être présente, autant dire que ses parents ne tenaient pas une place spéciale dans son cœur. Il y avait aussi son grand-père, tout aussi flippant que son paternel, et les deux sœurs de sa mère, gentilles mais qu'elle n'avait du voir que deux ou trois fois dans ses premières années. Au delà d'eux, le reste de son arbre généalogique ne représentait que des ombres dans sa vie. « Et c'est très bien ainsi. », pensa-t-elle.

Elena revint vite à la réalité en retrouvant le soleil et le vent frais de l'extérieur.
Seulement, c'est en s'arrêtant devant le bâtiment en présence de Varig qu'elle prit conscience de la situation : voilà qu'elle se retrouvait en confrontation directe avec lui. Ici, à l'abri de regards ou d'oreilles extérieurs, il lui était possible de dire et faire ce qu'il voulait. Et Elena, persuadée que l'homme n'avait pu ignorer son comportement étrange, s'attendait au pire.
Pourtant, il ne fit rien : pas de remarques sur son attitude qui aurait du susciter une réaction chez n'importe quel être doué de bon sens, pas de questions sur ce qu'elle venait réellement faire ici, alors qu'il était clair que ce n'était pas simplement pour rendre service à sa grand-mère. Comme à chaque fois, Varig fit mine qu'il n'avait rien remarqué, et ça avait le don de la déstabiliser. Il se contenta de lui demander ce qu'elle comptait faire maintenant qu'elle avait récupéré l'information qu'elle était venu chercher.

La question aurait pu paraître banale pour n'importe qui, mais c'était sans compter sur l'esprit à peine compliqué d'Elena. Déjà, elle entrapercevait les réponses qu'il lui était impossible de donner.  Et s'il souhaitait l'accompagner ? Ou pire, s'il cherchait à rencontrer cette grand-mère qui n'existe pas ? Il lui fallait trouver une excuse qui l'assure de quitter les lieux sans être importunée. Elle prit deux secondes pour réfléchir, puis expliqua :

« Je dois encore faire les courses avant de rentrer. Et comme si ça ne suffisait pas, ma grand-mère m'oblige à les faire dans le seul magasin bio des alentours, à l'autre bout de la ville. »

Elle insista bien sur les derniers mots, sans oublier de lâcher un petit rire pour appuyer le ton sarcastique de la phrase. C'était loin, c'était complétement dénué d'intérêt : il lui restait à prier pour qu'il ne cherche pas à l'accompagner.
Mais surtout, il fallait détourner l'attention d'elle.

« Et vous, qu'allez vous faire ? »

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06.05.14 21:57
La question de ce qu'elle allait faire sembla déstabiliser la jeune fille. Celle ci se reprit, mais pas assez vite pour que ce ne soit pas visible même pour un observateur moins expérimenté que Varig.

-Je dois encore faire les courses avant de rentrer. Et comme si ça ne suffisait pas, ma grand-mère m'oblige à les faire dans le seul magasin bio des alentours, à l'autre bout de la ville.

Caitlyn maîtrisait bien sa voix, mais l'ensemble sonnait faux, comme si elle était sur la défensive.
D'ailleurs quelques secondes suffirent à l'agent pour se rappeler le plan de la ville.
L'église n'était qu'à quelques rues de la zone marchande. Où se trouvait très probablement un magasin apte à satisfaire les désirs de n'importe quel consommateur -même ceux d'une grand-mère anglaise.
Elle mentait probablement et cette fois ce n'était pas une simple impression.
En temps normal, il aurait imaginé qu'elle cherchait uniquement à se débarrasser poliment d'un inconnu, mais son attitude suspecte peu avant lui avait instillé suffisamment de doutes pour qu'il ne la laisse pas s'en tirer comme ça. D'autant qu'il commençait à voir comment il pourrait faire d'une pierre deux coups.

-Et vous, qu'allez vous faire ?

Il sortit son smartphone avec un grand sourire.

-Je crois pouvoir t'aider. Je dois aller faire quelques courses à deux pas d'ici et je crois me souvenir qu'il y a beaucoup de magasins concentrés dans le coin...

Il pianotait sur l'écran tout en parlant, espérant que l'appareil lui donnerait rapidement l'information qu'il cherchait.

-C'est ton jour de chance, il y en a un à cinq minutes de marche de l'église. Ta grand-mère n'a pas dut remarquer qu'il y en avait un plus près de chez elle.

Sans cesser de sourire l'agent rangea le portable qui lui avait confirmé ce qu'il présumait déjà; il n'existait que deux magasins bio à Madison, tous deux localisés dans le même espace marchand. Elle avait donc bel et bien mentit...
Restait à trouver pourquoi. Étrange également qu'une fille de cet âge et de ce milieu social n'ait pas plutôt utilisé une autre excuse. Un rendez-vous, une promenade, l'interdiction de discuter avec des inconnus... Elle n'avait pas de sac apparent. Varig remit ses questions à plus tard et se promit de réfléchir à tout cela, avec le calme et la concentration nécessaire.

Piégée par son propre mensonge, Caitlyn n'eut pas vraiment d'autre choix que d’accepter et ils se mirent en route.
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Anonymous
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12.05.14 21:52
Et merde.
Varig évita sa dernière question, sensée détourner l'attention braquée vers elle depuis bien trop longtemps. Mais ce n'était pas tout : il s'avéra surtout qu'il n'avait pas l'intention de la lâcher de si tôt.
Alors qu'Elena se voyait déjà s'en aller tranquillement vers sa destination fictive, enfin débarrassée de ce gêneur, ce dernier avait une nouvelle fois réussi à déjouer ses plans. À présent, il ne faisait plus de doute qu'il voyait clair dans son jeu. C'est lui qui menait la marche, et ce depuis le début. Cette pensée terrifia Elena. De toute évidence, il savait mentir et observer bien mieux qu'elle.  Avait-il vu ce qu'elle avait fait, un peu plus tôt ?
La blonde se maudissait intérieurement d'être si naïve. Elle avait tout à coup le sentiment d'être redevenue la petite fille qu'elle était quelques années plus tôt : frêle, impuissante, et terriblement vulnérable. Voilà qu'elle était tombé sur plus malin qu'elle, et ce seul facteur avait suffit à lui faire perdre ses moyens, enchaînant les faux pas qui, elle le savait, finiraient par la trahir pour de bon.
Plus la conversation s'éternisait, et plus la jeune femme sentait le piège se refermer sur elle.

Ses faiblesses lui étaient revenues en pleine face, au moment le moins opportun. Elena est faible, et elle le sait. C'est pourquoi, en arrivant en Amérique, elle avait décidé de ne plus jamais se faire marcher dessus.
Avoir l'avantage sur quelqu'un l'avait toujours rassurée sur ses capacités. Cette sensation de pouvoir contrôler le destin était valorisante. Elle lui donnait le sentiment de valoir mieux que les autres, de leur être supérieur. Et ainsi, plus rien ne lui semblait inaccessible.
Mais aujourd'hui, cette confiance en elle s'amenuisait à mesure que Varig mettait en évidence ses failles, en déjouant ses mensonges.

Elena était nauséeuse. Cette journée avait un air de cauchemar.
Elle qui avait toujours vécu une vie banale au possible, voilà qu'elle se découvrait dotée d'un pouvoir surnaturel et qu'elle rencontrait une personne qui avait réussi à la faire douter comme jamais elle ne l'avait fait. Que devait-elle faire ? Partir en courant lui semblait être la meilleure option, mais au vu de son état, elle savait qu'elle ne ferait pas dix mètres avant que Varig ne la rattrape. C'était peine perdue.
Elena avait beau retourner la question dans tous les sens, le suivre était la solution qui semblait la plus sage. Mais maintenant, il ne lui fallait plus faire d'erreur : parler le moins possible, trouver les réponses les mieux adaptées, ne pas se laisser submerger par les émotions. Respirer un grand coup. Ne pas perdre pied.

« Ah, je ne savais pas. Je le lui dirais en rentrant. »

La blonde fit un effort surhumain pour retenir le ton méprisant qu'elle avait au bord des lèvres. Elle réussit pourtant à lâcher ces phrases calmement, sans la moindre once de colère.
À présent, elle en était sûre : elle n'aimait pas ce type. Il jouait avec elle, et elle avait horreur de ça. Quoiqu'elle dise à présent, il ne la croirait pas, de toute façon. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle pouvait se relâcher. Au contraire, il lui fallait être encore plus sur ces gardes.

« Allons-y, alors. »

Elena suivit Varig sans un mot, sans un regard.
Si on les avait vu à cet instant, on aurait pu croire sans problème à cette histoire d'oncle et de nièce. Pourtant, au fond d'eux, les deux savaient que l'un et l'autre jouaient un double jeu. Aucun n'avait confiance en l'autre. L'atmosphère était silencieusement tendue, et n'annonçait rien de bon pour la suite.

[À suivre ici]
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