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Celui qui venait du ciel [Solo]
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Varig Cross

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Varig Cross
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28.09.13 0:44
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Journal

Celui qui venait du ciel [Solo] Chapitre_1


11 avril 2013, Aéroport international de Bangor, Etat du Maine, Etats-Unis

Thème: Varig (Ghost Recon Future Soldier 2 - Menu thème)


Le vol depuis le Royaume-Uni jusqu'au Etats-Unis durait un peu moins de 7 heures, laissant pas mal de temps à tuer.
Confortablement installé dans son siège, Varig passa la première partie du trajet plongé dans un roman. Son voisin lisait lui aussi, mais semblait s'ennuyer profondément et levait fréquemment les yeux du gros livre intitulé pompeusement "De l'art des lettres et des belles choses". Il cherchait manifestement à trouver une autre activité pour occuper son temps, sans succès. Dieu seul savait ce qui avait poussé cet homme d'affaire dans une lecture si difficile et éloignée de ce que l'agent aurait supposé de lui.
Bien que de nos jour les vêtements soient moins révélateurs d'une condition sociale que par le passé, la façon de s'occuper de son apparence donnait souvent une bonne idée des préoccupation des personnages qu'avait croisé Varig.
En l’occurrence son voisin portait un costume strict et sans personnalité, avait noyé de gel ses cheveux noirs et son menton s'ornait d'un petit bouc soigneusement entretenu. Son oreille était percée et une trace de bague laissait supposé qu'il s'était délesté de ses bijoux récemment.
Il avait un visage plaisant et expressif et des yeux marrons sans rien de particulier que Varig lui envia immédiatement. Ses propres yeux bleus étaient trop rares à son goût et il lui arrivait fréquemment de porter des lentilles lors de certaines mission pour les rendre moins caractéristiques.

Son esprit soupçonneux nota soigneusement cette apparence soignée qui avait dut lui prendre du temps, l'absence des bijoux, le siège de seconde classe -pour un homme qui semblait avoir de l'argent- et le livre qui ne l’intéressait manifestement pas.
Finissant par s'ennuyer lui aussi, il referma son roman qu'il rangea dans son attaché-case et s'astreint à faire une sieste de quelques heures avant l'atterrissage. Il surveillait toujours son voisin du coin de l’œil et finit par s'endormir sans même s'en être rendu compte.
A son réveil l'appareil amorçait sa descente vers l'aéroport international de Bangor.

Le passage de Varig à la douane fut court et sans histoire. En tant que citoyen américain il était dispensé de certaines procédures mais devait tout de même se plier à certaines formalités avant d'entrer sur le territoire.
Il répondit poliment aux questions d'usage, passa au scanner corporel et un officier de l'immigration scruta son passeport qu'il enfourna dans une machine de contrôle, guettant sans trop y croire un signe de nervosité. Varig continua à sourire et le policier finit par lui rendre ses papiers avec un signe de tête, lui souhaitant un bon retour aux États-Unis.
Ces formalités accomplies il put aller chercher ses bagages, une grande valise noire et un attaché-case qui l'avait suivit dans la cabine de l'avion mais dont il avait dut se séparer le temps des contrôles.
Il venait tout juste de récupérer ses affaire quand un chien policier de la DEA que son maître guidait au milieu des voyageurs bagages se mit à japper, figeant tout le monde. Trois policiers accompagnaient l'animal qui pointait le museau vers le tapis roulant, jappant et grognant de façon explicite.
Insensiblement, Varig se tendit, adoptant une expression d’intérêt mêlée d'inquiétude qu'il estima de circonstance. Il réfléchit rapidement, se demandant s'il pouvait être leur cible pendant que les policiers s'approchaient du terminal sans se presser.
Il avait vérifié le contenu de son attaché case dès la sortie de la douane ce n'était donc pas là qu'on y aurait mis quoi que ce soit. Restait la valise.
Il la détailla du regard, ne repérant rien de suspect sur le fermoir. Elle était solide, difficile à ouvrir sans être forcée... Mais ça restait faisable avec de bons outils et de la motivation.

Rapidement, il envisagea le pire scénario possible. Peut être la CIA l'avait elle repéré d'une façon ou d'une autre, lui rendant la monnaie de sa pièce pour l'embuscade de la place Saint Pierre. Auquel cas il serait hors jeu avant même le début de sa mission. Glisser de la drogue dans ses bagages était un moyen habile de le faire arrêter, tout à fait le genre de la CIA. Cela lui évitait d'agir sur le territoire américain.

Tandis qu'il réfléchissait, les policiers faisaient inspecter les valises par le chien et parfois rapidement ouvrir les bagages des voyageurs qu'ils autorisaient ensuite à circuler. Du coin de l’œil Varig repéra que d'autres agents prenaient garde que personne ne s'esquive, renvoyant poliment un jeune homme là où il était.
Dans ces conditions impossible également de débarrasser discrètement de la valise.

Ses yeux s'attardèrent un instant sur les détecteurs incendie. Déclencher une diversion?

Son regard glissa vers les caméras de sécurité. Trop risqué, décida-t-il. Dans tous les cas il devrait jouer son personnage, mieux valait être arrêté et considéré comme possible "mule" que comme un criminel endurci ou pire espion étranger. Pas de résistance et des protestations outrées.
Un deuxième échec si peu de temps après Saint Petersbourg serait très dangereux pour lui et le cabinet noir... Peut être que cela valait de prendre le risque après tout.
Tandis qu'il hésitait encore, les policiers terminaient d'inspecter le sac d'une grosse femme à quelques mètres devant lui. Trop tard pour tenter quoi que ce soit même si on l'avait piégé, conclut-il. Au pire il en serait quitte pour une dizaine d'année de vacance dans un pénitencier d'Etat songea-t-il avec flegme. La nourriture ne pouvait pas y être pire que celle servie dans l'avion de Londres.
Une autre perspective, plus rassurante, lui vit au moment où le chien arrivait à sa hauteur. Il dut se retenir pour ne pas se retourner et le chercher des yeux.

-Bonjour messieurs, lança-t-il poliment en prenant soin de n'avoir pas l'air totalement calme ce qui aurait été suspect.

Il se baissa, ouvrant obligeamment ses deux bagages qu'il présenta au museau du limier à quatre pattes. La valise ne contenait que des vêtements soigneusement pliés et diverses affaires courantes et l'attaché case quelques papiers liés à sa couverture. Rien d'anormal il y avait veillé...

-Bonjour, salua l'agent d'un ton froid tandis que le chien reniflait la valise et son propriétaire.

A son grand soulagement, l'animal se désintéressa presque aussitôt de lui et le policier n'insista pas. Tandis qu'il refermait ses bagages le chien jappa soudainement vers le terminal passagers, pointant clairement du museau la valise que tenait le businessman qui avait été voisin de Varig durant le voyage.
Ce dernier blêmit, tandis que les policiers ignoraient les voyageurs les plus proches pour tracer droit vers lui, sous les regards de tout le monde. Les agents avaient posé la main sur la crosse de leurs armes, au cas où.
Sans surprise, le chien émit un aboiement joyeux, grattant le revêtement de la valise de sa patte dès qu'il fut à sa hauteur. Ce n'était qu'un jeu pour lui, un jeu que quelqu'un paierait cher. Quelqu'un avec un bouc et trop de gel dans les cheveux...
L'agent retint un sourire soulagé, maîtrisant avec soin son expression. Finalement il avait bien fait de ne rien tenter de malheureux. Il était trop nerveux à chaque fois qu'il entrait aux Etats-Unis.

-Je n'ai rien fait. balbutia l'homme, reculant néanmoins d'un pas. Rien du tout! ajouta-t-il avec plus de conviction.

Le chien grogna sourdement à son intention comme pour lui dire de se tenir tranquille tandis qu'un des policiers ouvrait le bagage, ignorant ses protestations.

"Qui s'excuse s'accuse" commenta mentalement Varig en français, satisfait d'avoir vu juste.

Un instant plus tard le maître chien déchirait le fond de la valise d'un coup de couteau. La lame s'enfonça sans effort dans un petit double fond et mordit le plastique d'un paquet scellé. Un peu de poudre blanche coula même sur le gant noir. Une bonne trentaine de voyageurs fixaient la scène, sans parler des agents de sécurité. Le trafiquant n'avait aucune échappatoire.

-Je suis citoyen américain! Je veux un avocat! glapit-il alors que les policiers le menottaient et l'emmenaient sans ménagement.

Varig le suivit des yeux en prenant soin de garder un air à la fois gêné et soulagé, comme la plupart des voyageurs aux alentours. Quelques secondes plus tard un agent de l'aéroport les invita à circuler et le terminal retrouva son animation.
Soulagé de la conclusion de l'affaire, il se dirigea sans se presser vers la sortie de l'aéroport. Le bâtiment était plus petit qu'il ne l'aurait cru, et le jeune homme comprit rapidement que le malheureux trafiquant avait choisi ce vol dans l'espoir que les contrôles seraient moins rigoureux qu'à celui de Portland, la capitale de l’État. Pas de chance.
Sans doute sœur Ada avait-elle fait le même calcul, le faisant patienter plusieurs jours à Londres le temps d'obtenir ce billet direct.
Plus près de Madison et moins fréquenté l'aéroport de Bangor faisait un meilleur point de chute que Portland.

Quand Varig sortit de l'aéroport, un courant d'air froid l'accueillit et il se hâta de refermer son manteau. Le ciel était gris et les environs quasi-déserts. Les autres passagers étaient déjà partis vers le parking ou s'étaient engouffrés dans des taxis.
L'aéroport avait été bâtit à l'écart du reste de la ville, et seuls quelques bâtiments se dessinaient au loin. Tout le reste était occupé par des parkings ou des espaces verts plus ou moins entretenus.
Il faisait froid sans pour autant faire glacial, et l'agent se félicita de s'être habillé chaudement au départ de Londres ainsi que d'avoir gardé un parapluie à portée de main. Le ciel était menaçant...

Décidément le climat de la région était loin de la chaleur qui régnait en Somalie. D'un autre côté s'il fallait sacrifier le soleil pour travailler ici plutôt que là bas, Varig le faisait volontiers.

Sans ôter ses gants de cuir il sortit un téléphone portable de sa poche intérieure. Le modèle était totalement banal mais disposait d'un petit module qui lui permettait de passer directement par le satellite appartenant au Vatican. Un bon moyen d'éviter les oreilles indiscrètes...

Malheureusement ce dernier ne fonctionnait pas plus de quelques heures tous les deux jours. En effet le satellite n'était pas synchronisé avec la rotation de la terre et survolait le globe en 50 heures... C'était le seul moyen de couvrir tous les continents avec un seul émetteur, et le cabinet noir avait besoin de contacter ses agents partout avec le même satellite.
Varig consulta sa montre. 15H47.
Il avait donc moins de 48 heures pour trouver quelque chose d'utile à transmettre.

Le portable s'alluma en quelques secondes et vibra pour signaler la réception de plusieurs messages.
Le jeune homme manipula rapidement les touches du smartphone pour les faire défiler, ignorant les SMS de bienvenue de son opérateur américain pour ne s’intéresser qu'au plus récent. Expéditeur inconnu.
L'agent lu rapidement avant d'effacer le message.

Votre contact local s'appelle "Grey". Il vend et surtout livre des choses et des messages contre argent. A la limite de la légalité se méfier. Votre matériel est dans le véhicule. Sa plaque est le 7752 CZ.

Munit de ces précieuses informations il rangea l'appareil et traversa un petit passage clouté pour rejoindre sans se presser le parking accolé à l'aéroport, plus grand que le terminal lui même.
A cette heures peu de voitures étaient stationnées et quelques secondes suffirent à Varig à repérer la sienne.

Son chauffeur s'était adossé au coffre et fumait une cigarette en frottant ses mains l'une contre l'autre pour les réchauffer. Sans doute avait-il bravé le froid pour ne pas envahir l'habitacle de fumée.
L'agent le détailla d'un coup d’œil. La vingtaine, pas beaucoup plus. Une paire de basket de bonne qualité, un jean délavé et un blouson beige plutôt épais. Difficile d'estimer précisément son poids, mais il était sûrement sportif. Tout en os et en muscles, avec l'air de se moquer royalement de son environnement.

Cet examen terminé, Varig nota machinalement la marque et le modèle de sa voiture. C'était un pick-up noir plutôt courant dans la région. Passe partout, confortable et performant. Comme d'habitude.

Sans plus de cérémonie, il s'approcha d'un pas plus rapide, traînant sa valise qui roulait bruyamment sur le sol de béton.

-Bonjour, lança-t-il avec un peu d'hésitation, utilisant un anglais à l'accent américain parfaitement imité. Vous devez être Grey?

Le jeune homme laissa tomber sa cigarette qu'il écrasa sous son talon avec nonchalance.

-Yep. C'est pour vous que la fille a appelé?

Varig acquiesça de la tête et retira son gant avant de lui tendre la main droite. Il avait lâché la poignée de sa valise mais conservé son attaché case.
"Grey" serra la poignée de main.

-Heureux de faire votre connaissance. Je m'appelle Varig. lança-t-il en souriant.

Il modula la pression qu'il exerçait, serrant moins fermement qu'à son habitude, toujours pour convenir à son personnage. Un intellectuel n'a pas la même poigne qu'un soldat, cela faisait partie des erreurs que faisaient les débutants...
Grey lui ne serrait pas très fort, sans doute pas un gros bras avide de violence. Un livreur c'est ce qu'avait dit sœur Ada dans le message...

-Voulez vous que je conduise? ajouta-il. Vous avez dut déjà faire beaucoup de route.

L'autre haussa les épaules en ouvrant la porte conducteur.

-J'aime bien conduire. Et puis on me paie pour vous mener dans la ville des dingues alors autant que je mérite mon fric.

Varig fronça les sourcils.

-La ville des dingues?

Pour la première fois Grey sourit.  

-C'est pas pour rien qu'elle s'appelle "Mad"-ison. Alors vous montez?


Les deux hommes quittèrent rapidement le parking, s'éloignant rapidement de l'aéroport.
Varig ne reprit la parole une fois sur la route.

-Vous êtes de Madison, Grey?

L'autre gardait les yeux fixés sur la route.

-Yep. Je suis né là bas en fait.

L'agent attendit un quelconque commentaire ou une question, mais rien ne vint. Persévérant, il revint à la charge.

-Tout à l'heure vous disiez que c'était une ville de dingues? C'est si agité?

Grey émit un petit rire.

-Ouais on peut dire ça. Les militaires de la base d'à côté sont sur les nerfs ces temps-ci. Les types du gouvernement traînent dans le coin aussi... Fin' au final c'est surtout des rumeurs. C'est ce qu'ils disaient en tout cas. Ces types là ils mentent comme des arracheurs de dents. Sauf que ça devient dur avec tout ce qu'il se passe de prétendre qu'il y a rien...

Visiblement Grey ne demandait rien d'autre que de poursuivre et jeta un coup d’œil à son passager. Varig eu un sourire poli mais sceptique avant de répondre.

-Il s'est passé des choses alors?

L'autre eut un sourire rusé.

-Vous seriez là sinon? Avec une valise blindée livrée par coursier dans le coffre? Essayez pas de me raconter des conneries, je suis pas débile.

La réplique ne fit pas vaciller le sourire de l'agent, mais un éclair passa dans ses yeux. D'un seul coup Grey se sentit beaucoup moins en sécurité...
Il y eu une bonne trentaine de secondes de silence tendu avant que Varig n'ait un petit rire qui détendit l’atmosphère.

-Je m'intéresse à Madison en effet, mais pas pour les raisons auxquelles vous semblez penser. Je vais y passer un moment et je suis curieux de nature... Vous disiez qu'il y avait eu des événements bizarres?

Le livreur reprit contenance, vaguement surpris... Et peut être un peu déçu.

-Des attentats en septembre. Et des rumeurs... "Madison is a lie" vous connaissez? C'est un blog. Et l'auteur parle de tout ça, de... Enfin des rumeurs. Sur le gouvernement. Vous êtes là pour ça, non?

Varig nota mentalement l'information tout en étant de plus en plus sceptique sur la crédibilité de son interlocuteur. Pour un livreur il manquait cruellement de discrétion.

-Pas vraiment. J'avais juste besoin de réfléchir à l'avenir, alors j'ai décidé d'aller où je suis né. Je n'étais jamais venu depuis. Mais on dirait que ma patronne m'a trouvé un drôle de chauffeur d'ailleurs... Enfin sans offense.

Grey serra la mâchoire mais ne lâcha rien.

-Et la valise? Ca ressemble à une valise normale mais je sais reconnaître une blindée.

L'agent avait déjà préparé sa réponse.

-Ma boss est parano, elle exige que je ne ballade pas mes dossiers ailleurs que dans ce truc. Désolé de vous décevoir...

Grey ne dit rien, mais il semblait gêné et agacé. Varig doutait de l'avoir convaincu, et commençait à cerner le personnage: légèrement paranoïaque et fouineur. Au moins il n'aimait pas le gouvernement, alors il y avait fort à parier qu'il ne parlerait pas de lui aux autorités. Ni à personne d'ailleurs; après tout il n'aurait jamais fait d'affaires s'il ne savait pas tenir sa langue.
Le reste du trajet se déroula sans accrocs et le peu de temps qu'ils passèrent à discuter, ils n'abordèrent que des banalités. Peu à peu Grey se détendit. Il reparla plusieurs fois des militaires et du gouvernement, un sujet qui semblait lui tenir à cœur. Il évoqua aussi la chute d'une météorite, détail que Varig classa quelque part dans les informations qu'il donnait. La même chose c'était produite en février, en Russie.

Le début de son rapport prenait forme dans sa tête. Il se demanda si sœur Ada n'avait pas précisément choisis Grey à cause de son goût pour les théories du complot. En tout cas, il essaierait de les résumer du mieux possible.


Au début du voyage il y avait quelques voitures autour d'eux, et des habitations. Mais la route se désertifia peu à peu et plusieurs kilomètres avant Madison il n'y avait plus rien qu'une grande forêt à perte de vue. Manifestement la ville était isolée...
Un moment l'agent se demanda même si ils étaient perdus mais les cartes qu'il avait étudié avant le départ le rassurèrent. Grey savait parfaitement où il allait.

La ville apparut enfin à l'horizon après plusieurs heures de route, alors que le soleil venait de se coucher. Dommage songea l'agent. Les lumières à l'horizon ne donnaient qu'une vague idée de l'étendue des lieux. Etudier une carte ou des photos était une chose, mais voir de ses propres yeux était bien plus utile.
L'agent se promit de profiter des prochains jours pour aller faire de la randonnée. Trouver un meilleurs point de vue sur la ville.

-Où va-t-on? Demanda Grey peu avant les premières maison.

Son passager n'hésita pas. Pas question d'amener ce fouineur jusqu'à son hôtel.

-Là où tu veux, je me débrouillerais ensuite.
-Ok.

Quelques minutes plus tard ils entrèrent dans la ville proprement dite. Il y avait peu de circulation en ce début de soirée, mais ils croisèrent une colonne de véhicules militaires. Deux Humvees et des camions bâchés.

-Je vous l'avais dit, commenta Grey. Ils sont partout, pas seulement dans leur base.

Varig suivit la colonne des yeux sans répondre, l'air détaché. Une donnée de plus à ajouter au peu qu'il savait... La base militaire était située non loin de la ville, floutée sur google maps. Un privilège d'ordinaire réservé aux installations sensibles...
Il allait devoir l'étudier elle aussi.

Quelques minutes plus tard, Grey gara le 4x4 sur un parking désert. Il coupa le contact et fouilla dans sa poche avant de tendre un papier à Varig.

-Mes coordonnées, expliqua-t-il. Au cas où votre patronne voudrait vous envoyer d'autres mallettes... Moyennant finance. Des fois que vous ayez besoin de plus de paperasse...

Varig ne releva pas l'ironie de la remarque et prit ce qu'on lui offrait.

-Merci pour la ballade.

Grey le salua d'un signe de tête avant de descendre du véhicule. Il s'en éloigna d'un pas pressé, la tête rentrée dans les épaules.
Varig le suivit des yeux, pensif.

Grey n'était manifestement pas un grand professionnel, mais c'était quelqu'un de motivé par l'argent et l'aventure qui pourrait être utile à l'avenir...

Il lut le papier avant de sortir de la voiture. Les alentours étaient déserts.
L'agent sortit le briquet qu'il avait toujours sur lui et enflamma la note, déjà enregistrée dans sa mémoire. Il le regarda se consumer à ses pieds puis dispersa les restes du bout de sa chaussure avant de remonter dans le 4x4, s'installant en volant.
Au lieu de mettre le contact, il sortit un mouchoir de sa poche et nettoya méthodiquement tout ce que Grey avait touché. Lui même n'avait pas quitté ses gants.

Quand il démarra et s'engagea dans la rue une minute plus tard, il ne restait plus aucune emprunte digitale exploitable nulle part sur le véhicule.

L'agent conduisait d'une main sûre, assez doucement. Il avait soigneusement mémorisé le plan de la ville mais se guider de nuit nécessitait de la concentration. Il n'utilisait pas de GPS, un appareil trop facile à tracer. Son portable était également localisable, mais pour un professionnel comme lui il existait différents moyens de s'apercevoir d'une surveillance électronique, des chutes rapides de batterie aux grésillements suspects lors d'appels. Pour l'heure il ne cherchait pas à se cacher.

Son trajet jusqu’à l’hôtel ne dura qu'une quinzaine de minutes, mais il croisa à nouveau un Humvee militaire, qui patrouillait sans se presser dans le centre ville.
Décidément Grey n'avait pas mentit quand il disait l'armée était anormalement présente à Madison. Restait à découvrir pourquoi...

Une fois arrivé à sa destination, l'agent se gara sur le parking et déchargea ses bagages. Il prit ensuite quelques secondes pour observer les lieux à la lueur des lampadaires.
Le bâtiment était récent ou très bien entretenu, conforme à la photo transmise par sœur Ada. L'enduit clair ne portait pas encore les stigmates de la pollution et de l'usure temps. Ce n'était pas un très grand hôtel, moins d'une cinquantaine de chambres d'après son site internet.
L'image satellite fournie par google maps lui avait permis de repérer différents itinéraires de fuite si nécessaire.

Avec une certaine satisfaction, l'agent remarqua que l'unique caméra visible était pointée vers le parking et non sur l'entrée proprement dite. Cela lui éviterait d'être filmé à chaque sortie...

Sûrement bien tenu sans être luxueux le "Madison hôtel" semblait tout à fait convenir aux standards habituels des établissements qu'il fréquentait en mission: discret, facile à fuir et bien situé.
Satisfait de ses conclusions il monta rapidement les marches du perron et entra dans le petit hall, faisant tinter une clochette plus loin. Un réceptionniste entre deux âge arriva presque aussitôt comptoir tandis qu'il s'essuyait docilement les pieds sur le paillasson placé à l'entrée.

-Bonsoir monsieur! Le salua l'homme avec bonne humeur. Bienvenue au Madison hôtel. Vous avez réservé à quel nom?

L'agent s'avança jusqu'au comptoir en souriant tout en étudiant son interlocuteur. Plutôt grand, avec un léger embonpoint causé par l'âge et le manque d'exercice. Il avait commencé à perdre ses cheveux ce qu'il devait compenser en soignant sa moustache. Ses yeux verts éclairaient un visage banal et jovial. Il avait vraiment un physique accueillant, qui mettait les gens en confiance.

-Varig Cross. On a dut vous prévenir de mon arrivée.

Le gérant n'eut même pas besoin de fouiller un quelconque registre. Il se tourna directement vers le tableau des clés.

-La chambre a été payée d'avance. Vous avez la numéro 223.

Tandis que gérant récupérait la clé en question, l'agent balaya les lieux du regard enregistrant une foule de détails.
Malgré sa mémoire absolue, il avait besoin de se concentrer au moins un instant sur chaque détail pour être sûr de ne rien laisser échapper. Heureusement il s'était entraîné à capter un maximum d'informations en un minimum de temps.

Quand le gérant se retourna il avait mémorisé l'emplacement exact de chaque objet et son cerveau commençait déjà à faire un multitude de déductions et de plans.

-Si vous préférez j'ai d'autres chambres de libre... Au fait moi c'est Alexis Williamson. Tout le monde m'appelle Alex. Je suis le propriétaire de l'hôtel.

Varig retira poliment son gant et serra la main tendue avant de récupérer sa clé.
Remplir la fiche de police de l'hôtel n'aurait prit que quelques secondes si l'agent n'avait pas fait traîner. Sa couverture n'était pas censé fréquenter souvent les hôtels...
Alex l'aida ensuite à monter ses bagages tout en bavardant joyeusement. Varig répondit à ses questions sans se faire prier.

-Les touristes sont plutôt rares dans le coin. C'est indiscret de vous demander ce qui vous amène à Madison Varig?
-Ce n'est pas indiscret Alex. Je suis en vacances. Enfin de longues vacances... Je travaillais aux Philippines mais je ne suis pas sûr d'y retourner. Ma patronne m'a laissé deux mois pour réfléchir à ma décision.

Alex montait les escaliers d'un pas rapide et ils arrivaient déjà au premier étage. Varig emmagasinait un maximum d'informations sur les lieux tout en grimpant.

-Et pourquoi Madison?
-En fait j'y suis né mais je n'y ai jamais vécu.

Intérieurement l'agent se mit sur ses gardes. Le gérant posait trop de questions là dessus.
Alex lui fournit l'explication alors qu'ils arrivaient au deuxième étage.

-Ah, ok je comprend... J'espère que l'endroit vous plaira alors. Vous verrez c'est un hôtel tranquille ici. Je ne devrais pas vous le dire mais ma femme avait un peu peur peur que vous soyez un de ces espèces de chasseurs d'OVNI. Il y en a plusieurs en ville. Désolé je dois vous ennuyer avec mes questions... Ah voilà la chambre.

L'homme avait l'air gêné, et Varig s'empressa de le tirer de l'embarras.

-Pas de problème. Rassurez la, je suis un client tranquille.
-Oui, ça se voit tout de suite.

Varig eut un franc sourire. S'il savait, songea-t-il...
Ils entrèrent tous les deux dans la chambre et déposèrent les bagages.

-Bon je vous laisse vous installer. Vous pouvez m'appeler si vous avez le moindre souci, tapez simplement 01 sur le téléphone. Il y a un annuaire dans la table de chevet si vous cherchez où manger ce soir.

A nouveau l'agent examina les lieux avec minutie. De taille respectable sans être réellement spacieuse, la chambre semblait confortable et pratique. L'ameublement était pratique mais assorti aux couleurs chaleureuses du papiers peint.

-Merci. Bonne soirée Alex, et merci de votre accueil.
-Bonne soirée.

L'agent attendit quelques secondes après la sortie de gérant pour cesser de sourire. Son masque sociable avait laissé place à une expression concentrée.
Il commença par poser ses lunettes sur la table de nuit à côté de lui puis saisit la valise blindée livrée par Grey.
Varig la déverrouilla en tapant un code sur un clavier invisible à l’œil nu, qu'il ne pouvait trouver qu'en tâtant la matière du revêtement du doigt. L'emprunte de son pouce fut aussi scannée par un petit rectangle gris.
Les valises comme celle ci étaient fournies par le cabinet noir. Seul les agents pouvaient l'ouvrir et toute tentative pour la forcer se soldait par une petite explosion qui réduisait instantanément le contenu en miettes. Le revêtement était aussi opaque aux rayons X.

Dès qu'elle fut ouverte, Varig s'empara d'un objet ressemblant à une batte de cricket miniature. L'objet était gris mat et possédait un unique bouton.
L'agent le mit en marche et fit rapidement le tour de la chambre. Le détecteur n'émit aucun bruit d'alerte, signe qu'il n'y avait ni micro ni caméra.

Cette rassurante formalité terminée, l'agent éteignit le détecteur et le remit dans la valise.
Il commença par y récupérer un stylo d'apparence banale et tira sèchement sur la partie haute pour révéler une lame acérée de plusieurs centimètres de long. Satisfait il referma l'objet et l'empocha.
Un bâton de combat télescopique rejoignit ensuite une poche spéciale de sa veste.
Il ne toucha pas aux liasses de billets ni aux passeports, mais ouvrit la petite boite en acier qui occupait l'angle de la valise.
Même sans sa mémoire absolue identifier le contenu n'aurait posé aucun problème. Un HK-USP, chambré en 9mm. L'arme qu'il utilisait en mission.
Divers attachements et des munitions étaient aussi rangés dans la boite.

Il saisit le pistolet et introduisit un chargeur d'un mouvement fluide avant de l'armer. Tous ses gestes trahissaient l'habitude de cette routine.
Il vérifia rapidement la sûreté, la chambre, puis remit l'arme là où il l'avait prise.
Pour le moment elle serait plus dangereuse qu'utile. Sa couverture ne se baladait pas dans les rues avec une arme chargée.

En revanche il empocha le "passe partout", sorte d'ouvre boite sophistiqué destiné spécifiquement à forcer les serrures en un temps record et avec un minimum de bruits.

Satisfait, il referma la valise qui se verrouilla aussitôt et la fit glisser sous le lit.
Ceci fait il s'approcha de la fenêtre et écarta légèrement le rideau pour voir le ciel.
Il souriait et ses yeux bleus si clairs brillaient presque.



RP CLOS



A suivre dans:
Que son nom soit sanctifié
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