« Non, non et non. Je n’irai pas dans cette école. Trouvez quelqu’un d’autre. »
Ce n’était pas faute de l’avoir dit. Mais Keaton avait tendance à être insistant. Elle l’aimait de moins en moins ce gaillard. Cela faisait pas moins de la deuxième fois qu’il se servait d’elle littéralement pour le remplacer à un moment où il devait avoir simplement envie de faire autre chose. C’était pénible. Alors certes, au terme du premier remplacement, elle avait demandé d’elle-même de récupéré la responsabilité de la dénommé Ruben. Et elle n’avait aucun regret à ce niveau. Seulement… Ce crétin de scientifique était revenu vers elle avec un sourire blancheur extrême. Il ne s’était pas gêné pour lui dire qu’il avait fait le bon choix en lui confiant « sa protégée » parce qu’il savait que ça allait bien se passer et qu’il voulait aider Judy à progresser et se faire un avenir. Foutaises… Il avait simplement abusé de son autorité pour refourguer à la scientifique une patiente dont la présence l’encombrait. Il n’avait rien fait pour elle, rien. Et maintenant il osait en parler comme une femme précieuse qu’il avait eu du mal à quitter ? La dérogation il l’avait signé en cinq minutes sur son bureau comme s’il avait eu hâte de se débarrasser d’elle et des risques qu’elle représentait pour lui !
S’il était resté dans son coin et n’était pas revenu vers Judy, elle ne s’en serait pas vexée non… En revanche, voir que maintenant il s’attribuait le mérite de leurs relations et qu’il se permettait de revenir la voir de nouveau pour « l’aider à progresser plus encore » ça non. Alors certes, la plupart des chercheurs avait cette responsabilité idiote que d’intervenir auprès d’étudiants pour leur faire une présentation médiocre qui attirait le regard de deux trois rejetons, qui se lançaient dans des paris débiles sur le fait de savoir si tel evolve montré en présentation s’était fait capturé ou non par la milice. Elle connaissait bien cet univers. Elle en sortait elle-même et savait comment ils réagissaient tous. Pas un n’y portait de l’intérêt. Seulement, Keaton était plus buté qu’il n’y paraissait. A peine avait-elle nié en bloc et était-il parti bougonnant de son bureau que, quelques heures plus tard, l’un de ses supérieurs rentrait avec lui dans la salle pour lui imposer cette responsabilité. Ce que l’homme à ses côtés avait ponctué d’un :
« C’est pour votre bien. »
Et même si elle avait gueulé et exigé qu’on la lui retire, les deux hommes étaient restés inflexibles.
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Furieuse, elle était furieuse. Et voilà qu’elle se retrouvait au centre de cette scène avec des tas de chaises devant elle sur lesquels étaient assis ces fameux « étudiants en soif de connaissance » qui baillait littéralement aux corneilles, trop contents de pouvoir esquiver leur cours pour autre chose qui n’impliquait pas le moindre effort de réflexion. Elle jeta un coup d’œil à l’assemblée, on l’avait laissée seule, mais mis à part cela, cette scène était ouverte sur la grande bâtisse dans laquelle on trouvait toute sorte de stand pour aider à l’orientation de ces jeunes. Et eux qui parlaient entre eux, pianotaient sur leur bracelet électronique et se prélassait un peu plus sur leur dossier… La plupart avait ramené un sandwich ou un repas pour manger à un endroit moins bondé que la cafétéria. Cela faisait donc une belle assemblée de branleurs. Probablement s’attendait-il à une énième description de la « méta-physique » des evolves. Seulement ils allaient être surpris. Peut-être qu’elle avait été obligée de participer à cette petite assemblée. Mais elle avait obtenu un droit au moins au cours de ces négociations. Celui de choisir le sujet qu’elle allait présenter. Et les étudiants n’allaient pas être déçus. Un léger sourire qu’elle effaça rapidement passa sur son visage. Entendant le bruit ambiant, elle n’eut pas l’envie de crier dans son micro pour capter l’attention de l’auditoire. À la place, elle tripota quelques informations sur son bracelet. Là-dessus, elle ajusta des bouchons d’oreille et fit bien garde à sortir des lunettes de soleil qu’elle ajusta sur son nez au cas où elle ferait preuve d’une quelconque inattention. Elle afficha alors une image, celle d’un jeune homme assis sur une chaise fixant l’écran ; les murmures de tous les étudiants qui fixaient l’écran se turent soudainement. Les autres, ne comprenant sans doute pas se mutisme brutal s’intéressèrent aussi à la scène. Une fois que toute l’assemblée se fut tut et resta immobile, Judy reprit d’une voix grave dans son micro.
« Si l’un de vous pouvait parler je lui demanderai sans aucun doute pourquoi il se sent soudainement pris d’une paralysie toute relative. Vous vous sentez pitoyable, pas vrai ? Incapable de vous défendre, vulnérable. Vous avez parfaitement raison. A l’heure actuelle, je pourrais descendre dans l’assemblée et m’amuser à faire ce que je veux du moindre d’entre vous. J’espère que vous comprenez ce que ça signifie. »
Un silence, bien plus bref que prévu passa dans l’assemblée. Pourtant, une voix sortie de nulle part.
« Qu’est-ce que vous leur avez fait ? »
Judy détailla l’assemblée de plus près. Une jeune fille avait une main plaquée devant ses yeux et la tête tournée dans une autre direction. Impressionnée, la scientifique reprit la parole.
« Moi ? Rien du tout. Le responsable est le garçon que vous avez si justement évité du regard. Un evolve dont la capacité est la suivante : la paralysie totale ou dit autrement, la mystification. D’un regard, il a cette capacité à paralyser n’importe quel être humanoïde. Et ce même au travers d’une caméra. »
La voix de la jeune fille se brisa alors que les curieux autour de la scène s’assemblaient pour comprendre ce soudain intérêt qu’il pouvait porter. Certains même n’avaient pas la méfiance nécessaire et se tournaient vers l’écran se paralysant à leur tour.
« Vous savez que ce que vous faites frôle l’illégalité ? On pourrait vous poursuivre en… »
« Vous ne pourriez pas non. J’ai vérifié la réglementation moi-même. L’utilisation de pouvoir en voie public est juridiquement répréhensible, c’est vrai. Cependant, la loi indique également que la démonstration de pouvoir d’evolve à but éducatif et contrôlé est tolérée. »
Ceci étant, si vous devez vous plaindre, mon responsable en prendra l’entière responsabilité, donc n’hésitez pas. La jeune fille commença à tourner le regard en direction de la vidéo. Lentement mais sûrement. Pourtant, elle tremblait et tentait de résister. Cela faisait enfin effet ? Alors que celle-ci se laissait statufier comme ses camarades, Judy reprit la parole.
« Maintenant que j’ai obtenu l’attention de tout le monde, je peux vous parler. Vous voyez, les pouvoirs sont des choses dangereuses. Si vous êtes devant moi, c’est normalement que vous aussi vous chercher à pouvoir les contrôler, ou plutôt les supprimer. Je vais maintenant lancer deux polémiques et je vais compter sur votre attention à tous. Cependant, avant toute chose, j’aurai besoin de plus que votre simple présence physique. Une assemblée sans réponse n’est pas une assemblée. »
Elle manipula à nouveau la vidéo pour la couper entièrement. Certains s’affaissèrent, d’autres se touchèrent le visage. Certains regardèrent leurs mains pour voir s’ils en avaient à nouveau le contrôle. La jeune fille elle était confuse. Pourquoi avait-elle finit par tourner son regard ? Elle ne comprenait pas. Et enfin, parmi tous ceux-là, il y avait ceux sur lesquels un sourire se dessinait, qui n’en revenait pas de s’être fait avoir. D’autres qui pensait sans doute sortir d’un trippe. Et même si quelques étudiants se levèrent de leurs sièges et partirent pour marquer leur mécontentement, Judy savait que ceux qui restaient l’écouterait jusqu’au bout. Et curieusement, la jeune fille qui lui avait répondu en faisait partie, et même si elle affichait toujours un regard entre la confusion et la peur, il y avait toujours une étincelle de défiance qui luisait au fond de ses yeux. Elle lui plaisait beaucoup la petite. Judy retira ces lunettes de soleil, les replaçant dans sa blouse, ainsi que ses bouchons d’oreilles qu’elle déposa sur une table derrière elle.
« Vous avez assisté à la manifestation de non pas un, mais bien deux pouvoirs. Le premier vous l’aurez tous compris vous paralyse d’un simple regard. Le second n’était pas visible sur cette vidéo, en revanche. »
Judy tapota son oreille pour faire comprendre où elle allait en venir.
« Le sifflement, ou la convocation. Il met du temps à agir mais force les personnes qui l’entendent à se tourner vers l’appelant pour y jeter un regard. C’est aussi simple que ça. Au niveau moléculaire, on a pu observer que le premier s’illustre par un changement infime de la pigmentation de l’œil, capté cependant par l’œil humain. Comme si les fluctuations de la pupille pouvaient entrainer une certaine hypnose. Le second répond à un principe de cri animal perceptible uniquement par l’homme. Car on le sait tous, l’homme est un animal. Il est capable de faire un bruit qui en appelle à l’instinct qui sommeille en nous ce qui nous fait irrémédiablement nous tourner vers lui. »
Elle s’interrompit un instant avant de reprendre.
« Ces deux evolves ne se connaissaient pas et heureusement, c’est nous même scientifique qui avons remarqué la possibilité de combiner ses deux pouvoirs. Mais il y a des limites. Pour le premier, si on ne tourne pas le regard vers lui ou que nous ne sommes pas concentrés, rien ne se passe. De plus, il ne peut pas bouger pendant qu’il utilise son pouvoir. Quant au second, il faut que le bruit dégagé soit au-dessus des autres sons environnant sinon il demeure sans effet. »
Et puis je n’aborde pas là les effets secondaires qui peuvent être désastreux pour l’un comme pour l’autre…
« Cependant comme vous pouvez le voir, j’ai tout de même pu utiliser leurs pouvoirs… »
Et dieu sait que j’ai dû peser le pour et le contre avant de m’y engager…
« … Pour tous vous paralyser d’un seul coup. Je ne supporte pas de parler seule, il est hors de question que je vous fasse une simple démonstration de mes idées et que vous buviez mes paroles. Cela m’agacerait et ne serait pas constructif, nous allons donc parler tous ensemble sous forme de deux débats. Le premier, où s’arrête le pouvoir des evolves et celui-ci augmente-t-il à mesure du temps. Pour rappel, les deux evolves en questions n’étaient pas là. J’ai tout de même pu utiliser des outils purement technologiques pour me servir de leurs pouvoirs. Cela veut dire que même indirectement, il vous a touché. Et en second, voici une autre question intéressante : Faut-il se servir des evolves pour en arrêter d’autres. Mon avis à ce sujet est tranché, mais j’aimerais entendre vos réponses. Allez-y, je vous écoute… »
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Les questions et réponses avaient fusés en tous sens. Personne n'avait tranché, c'était le principe même d'un débat, il n'y a pas de réponse universelle. La jeune scientifique se sentait vidé au terme de cette « présentation ». Elle avait pourtant réussi à intéresser une partie de son audience. Pas tous, certes, mais c’était comme tout. Au moment où elle était descendue de la scène, le débat n’était même pas terminé et demeurait houleux. Les étudiants en discutaient encore entre eux. Cependant, malgré cette fatigue, Judy savait qu’elle pouvait être fière d’elle. Parce que les avis divergeaient tellement que si certain allaient finir par se plaindre à son responsable – bien fait pour lui – d’autre au contraire semblaient ravi de ce qu’ils avaient découvert. Aussi son supérieur même s’il le voulait ne pourrait lui jeter la pierre. La partie de l’assemblée qui avait apprécié étant trop catégorique et écrasante face à l’autre minorité. De son côté, c’était la dernière fois qu’elle participait à ce genre d’évènement. Trop d’effort pour trop peu de gains. La seule chose qui ressortirait de cette histoire serait cette fameuse étudiante, celle qui l’avait si farouchement défié. Flora MacDown de son nom. Elle avait retrouvé la scientifique au moment où celle-ci avait quitté la scène pour lui dire qu’elle rentrerait elle-même chez les scientifiques, insistant en passant sur le fait qu’elle ne deviendrait pas comme elle. La scientifique avait souris et lui avait donné sa carte, lui disant qu’elle pouvait la contacter si le besoin s’en faisait sentir. Ce n’était pas courant pour elle bien sûr, mais elle lui plaisait beaucoup la gamine. Elle avait tout ce qui fallait pour devenir une bonne scientifique et une collègue d’exception.
Ce fut donc lessivé que la jeune femme se dirigea à son tour vers la cafétéria. Pour son intervention, Elle avait droit à un de ses repas minable que l’on réchauffait rapidement. Mais cette fois, elle allait le savourer et se reposer un peu. Elle se dirigea vers le réfectoire, y récupéra son dut, avant de se diriger vers une salle réservée aux intervenant, un peu à l’écart de cette masse grouillante. Là, elle remarqua une table sur laquelle elle posa son plateau avant de se laisser choir sur la chaise inconfortable. Après tout, c’était mieux que rien. Elle ne s’empara pas immédiatement de ses couverts, préférant de loin prendre son temps. Peut-être avait-elle faim, mais finir son repas signifiait repartir dans la foule en délire derrière un stand. Et si c’était la seule trêve qu’on lui accordait de la journée, alors elle comptait bien en profiter.
HRP:
Alors désolé, c'est vachement long, je m'en rend bien compte xD Je ferai bien plus court la prochaine fois, c'est simplement parce que j'avais beaucoup de chose à dire pour ce premier post ;) J'espère que ça t'ira !
Invité
Invité
05.06.16 16:19
Spoiler:
[HRP: mes plus plates excuses pour ce retard de toute une semaine ! Je pensais vraiment pouvoir y arriver mais j'ai eu pas mal de trucs à faire et ai dû beaucoup reporter. Mes activités irl devraient se tasser dans les semaines qui viennent et mon rythme de réponse devrait s'avérer plus correct... Vraiment, je suis désolée !]
Judy Thyde
evolve studies
26.09.16 9:19
La fatigue continuait à la tourmenter. Elle n’avait pas imaginé un seul instant qu’elle pourrait se sentir vidée à ce point simplement en parlant. Pourtant, n’importe qui devant maitriser une assemblée aurait pu affirmer que les effets n’auraient jamais pu être autres. Mais la scientifique n’était pas habituée à ce genre de discours. Parler autant, devoir élever la voix, répondre à des questions, trop de questions, calmer l’assemblée, relancer son intérêt. La jeune femme, bien que parfaitement sociable à condition que l’interlocuteur supporte le déni et l’indifférence, n’avait curieusement pas l’habitude de se trouver ainsi au milieu d’une jungle. Du moins, une jungle autre que ses interminables réunions entre collègues ou elle intervenait le moins possible. Parce que personne ne tiendrait compte de ses propos, et qu’il ne servait à rien de perdre son énergie à convaincre des ignares. Ce qu’elle ne comprenait pas elle-même en revanche, c’est ce qui l’avait poussée à contourner ce principe pour cette fois. Était-ce parce qu’elle s’adressait cette fois à plus jeune qu’elle et que son instinct maternel reprenait le dessus ? Parce qu’elle était la seule à pouvoir prendre la parole sans quoi personne ne le ferait ? Ou était-ce parce qu’elle parlait à plus ignare encore que le dernier des abrutis ? Elle ne le savait pas, mais pour ainsi dire elle s’en fichait. Ce n’était pas quelque chose de rationnel, autant laisser les choses telles quelles et les accepter.
C’est à cet instant qu’un illustre inconnu s’installa devant elle, viennoiserie au poing en guise d’arme. Et dire qu’elle avait pensée ne devoir s’adresser qu’à des enfants. Que lui voulait-il exactement ? Comment avait-il seulement entendu son nom ? Les deux réponses vinrent rapidement avant qu’elle n’ait le temps de demander ce que cet homme voulait. Sa prestation précédente n’avait pas dû passer parfaitement inaperçue… Elle ne comptait pas réellement échanger. Du moins pas initialement. Le repos signifie de l’apaisement et de la tranquillité, ce dont elle était privée en l’instant présent. Cependant, cet homme qui avait littéralement envahit sa sphère privée ne lui avait pas laissé le moindre choix. Pas depuis qu’il s’était installé en posant son plateau repas. Et pas depuis qu’il ne lui avait laissé aucune ouverture pour clore la conversation. Et vu qu’elle n’allait pas être la première à se lever – elle était arrivée avant tout de même ! – elle n’allait pas se débiner. Sa fierté ne lui aurait pas permis.
« C’est moi-même. N’ayez crainte, vous n’avez rien raté si ce n’est une trombe d’étudiants plus hargneux qu’une bande de rapace autour d’un cadavre. »
Sa voix était neutre. Pourtant, quelqu’un d’avertit aurait pu y sentir une pointe d’agressivité et de rancœur. La première parce qu’elle n’avait pas main mise sur la conversation, et que dès lors que l’homme était passé à l’offensive, elle se trouvait immédiatement, par mesure de balancier, sur la défensive. La seconde était quant à elle dû au fait que l’homme avait souligné un instant de sa vie qu’elle souhaitait oublier. Pour parvenir à une conversation d’égal à égal, elle se devait cependant de posséder une information qu’elle n’avait pas en cet instant. Quelque chose qui leur permettrait de faire jeu égal.
« Et à qui ai-je l’honneur ? »
Attendant une réponse, elle récupéra sa fourchette pour la planter dans son gratin de pâtes réchauffées. Elle la porta à sa bouche, avant de la reposer pour s’installer plus confortablement sur sa chaise.
« Et en quoi puis-je vous aider ? »
En temps normal, il était peu probable que quelqu’un aborde la laborantine, surtout au vu de l’aura qui l’entourait. C’était un peu comme si des panneaux autour d’elle indiquait « FOUTEZ MOI LA PAIX, JE MANGE. » Et pourtant cet homme, qui qu’il soit, avait bravé l’interdit. Alors pourquoi le faire si ce n’était pour un intérêt personnel ? Il ne pouvait tout de même pas s’agir d’une personne venant simplement dire bonjour, si ?
HRP:
Désoléééééé ! J'ai un peu flemmardé ces temps-ci, mais promis, j'essaie de reprendre à un meilleur rythme ! ^^ Et puis je suis même pas fier de la réponse, mais en même temps... Ouais, je vois mal Judy taper la discute aussi facilement xD Je te laisse dominer le débat ;D