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Athtart [Shane]
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Alice Ace
Alice Ace
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19.11.15 21:52
Alice se sentait vivre comme en dehors de son corps, et encore, se sentir vivre était un bien grand mot pour elle, bien trop gros, presque trop lourd. Elle avait plutôt l’impression d’avoir été subitement et lourdement projetée au rang de spectatrice dans le spectacle de son existence. L’assourdissement avait été trop puissant, le choc trop violent, la vérité trop dure à accepter, cette même vérité à laquelle elle ne pouvait ironiquement pas échapper ni nier. Alors peut être qu’inconsciemment elle s’était volontairement projetée au second plan, elle avait laissé passivement son instinct de survie prendre le dessus, ses besoins vitaux se manifester, respirer, dormir, manger, boire. Elle s’était contentée de se maintenir fonctionnelle, mais son esprit, à elle, son essence même, était restée coincée bien loin de la bassesse de la réalité, si loin qu’il aurait fallu faire un second bond dans le temps pour la retrouver. Elle enfonçait ses pieds nus dans l’herbe froide et mouillée, ses chaussures abandonnées au pied de l’arbre sous lequel elle était assise. Son jean se tachait de terre, elle avait froid, elle n’avait même pas pensé à prendre un manteau, elle avait froid en nageant dans son grand pull de mailles, éternellement trop grand pour ses frêles épaules. Mais elle ne bougeait pas, ça n’avait pas réellement d’importance après tout, qu’elle ait froid, qu’elle soit sale, qu’elle était trop maigre. Plus rien n’avait vraiment d’importance pour elle, elle aimait juste avoir les pieds dans l’herbe, contact viscéral à la nature, assise sur des racines pour ne pas s’effondrer d’avoir perdu les siennes. Se réfugier dans la routine, se lever le matin, aller travailler, se laver, picorer un bout et se coucher pour recommencer le lendemain matin.

Elle se serait écoutée elle n’aurait même pas prit la peine de travailler, mais elle refusait d’être dépendante de quelqu’un, et elle ne supportait plus la proximité parce que ce n’était pas celle qu’elle souhaitait. Pire que la mort intimiste et de proximité elle se sentait directement amputée, sans anesthésie, sans lieu de recueil. On lui avait retiré même l’espoir de les revoir, ces personnes dont elle s’était sentie si proche, on avait froidement écrasé la possibilité de retrouver son frère, à jamais, on lui avait arraché sans crier gare la promesse d’un Shane à ses côtés, on avait librement jeté aux orties et posé un voile sur le mystère de ses parents. Dans ce tout nouveau monde elle n’était pas qu’une étrangère, elle n’était surtout plus rien. Alors pour fuir cette proximité dont elle ne voulait pas, qu’elle ne voulait plus, elle avait entamé une formation d’infirmière, c’est tout ce qu’elle savait faire. Et depuis elle travaillait, pour pouvoir retrouver la petite pièce dans laquelle elle vivait, ou elle se couchait en position fœtale jusqu’à l’aube, sans avoir réellement pris de repos.

Elle frottait de sa main droite son épaule gauche qui dépassait légèrement du col de son pull, vieux réflexe de vivant, se réchauffer par la friction, inutile sur sa peau trop froide, trop pâle et trop fine. Finalement elle n’avait pas coupé ses cheveux, plus par indifférence que par choix, à quoi bon ? Elle ne se regardait pas de toute façon, elle les regardait eux, les yeux dans le vide, ces gens qu’elle croyait profondément morts. Elle les regardait si loin dans le temps, elle laissait sa tête reposer contre l’écorce, son ancre dans la réalité, comme une canne qui l’empêcherait de tomber. Et en même temps cette canne l’attristait, une autre chose que les gens de cette époque avaient tuée, la nature. Elle savourait le contact de la terre entre ses orteils, l’odeur des feuilles d’automne autour d’elle, son coin de nature, dans ce parc si banal pour les autres, vital pour elle. Pour Alice la nature était ce qui la faisait se sentir le plus en vie, ce qu’elle avait toujours aimé, le vert comme ses yeux, le jaune comme ses cheveux, le bleu du ciel comme son pantalon. Seul son pull noir jurait avec le lieu mais concordait parfaitement à son deuil quotidien.

Elle ne regardait même pas autour d’elle, elle sentait l’averse qui avait trempé l’humus ce matin, l’herbe coupée il y a trop longtemps sous ses pieds, le terreau dans lequel elle avait à présent plongé ses doigts fins, qu’elle essuierait sur son pantalon, il était déjà taché aux fesses de toute façon. Elle ne fermait pas les yeux, elle n’avait pas besoin de fermer les yeux pour se souvenir, même avec le temps passé ou plutôt malgré, ses souvenirs étaient toujours aussi vivaces, elle irait peut être au cimetière tout à l’heure, son deuxième point d’ancrage, ce lieu unique où leurs noms étaient encore présents. Elle irait peut être, c’était le weekend et il était encore tôt, elle posait la tête sur ses genoux, les yeux tournés vers un banc pas loin, où n’importe qui à sa place se seraient assis plutôt que sous cet arbre, oui mais ils n’étaient pas à sa place. Et dans un effort mental à l’image d’une gifle elle se releva lentement, laissant ses genoux protester, ses chaussures à une main sans bouger pour autant, plantée debout toujours sous cet arbre, dont elle avait oublié la race, elle savait à peine qu’elle l’avait su. Elle haussa les épaules.
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Shane Treazler
Shane Treazler
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23.11.15 0:17
Shane s’était égaré, perdu. Ce n’était pas tant inhabituel depuis qu’il était arrivé dans ce nouveau Madison. Remarque, avant cette époque cela se produisait aussi. Le jeune brun s’aventurait ci et là… Un objectif ? Oui, il en avait un, mais cela ne valait pas la peine de le hurler sous tous les toits. Cela faisait quelques jours maintenant qu’il avait retrouvé Enoch, encore un peu plus depuis qu’il avait appris l’existence improbable de ses amis en ce monde. Alors oui, il avait enfin lâché cette noirceur qui l’avait habité, ces ténèbres qui étaient venus se loger en son cœur pour le ronger de l’intérieur, cette ombre qui l’avait répugné de la vie, le détournant de l’habituelle lueur qu’il cherchait en tout être humain. Si l’on disait que la perte d’un proche laissait un grand vide dans le cœur, que donnait la perte de tous ses proches ? Pouvait-on seulement désigner l’organe résultant par « cœur » ou en était-on dénué ? Il aurait fallu bien peu de temps supplémentaire pour que Shane puisse le savoir. Mais il avait appris autre chose. Appris qu’il n’était pas seul. Appris que quelque part à Madison, certaines têtes familières l’attendaient. Alors il les avait cherchés. Et, à présent qu’il avait retrouvé son fantôme, ne lui manquait plus qu’une personne… C’est ce qui avait conduit Shane à passer son temps sur les routes. De cette façon qu’il avait saisi le soleil de ses doigts et qu’il ne le lâcherait plus. Il ne laisserait plus échapper cette douce chaleur, dusse-t-elle le brûler.

Alors maintenant, son âme le menait d’avenues à rues, de rues à ruelles, de ruelles à sentiers… Il restait encore un néant à combler dans le palpitant, une place qui lui était réservée à elle. Et il la comblerait, qu’importe le temps que cela devrait prendre. Il ne l’abandonnerait pas. Pas une seconde fois. Alors Shane tenta de se remémorer les goûts de sa compagne d’aventure. Il avait vécu avec elle pendant si longtemps, et pourtant il avait l’impression que cela remontait à si loin… Ils vivaient à présent dans une ville futuriste et entièrement mécanisé, ou presque. Madison n’était même plus le reflet de ce qu’elle était autrefois. Or, en cet ancien temps, Shane et Alice avait vécu dans une grotte, en périphérie de la ville. Avant qu’il ne la rencontre, elle vivait même dans la forêt, à l’abri au sein d’une cabane. De cela ne découlait qu’une chose : la jeune fille aimait la nature. En vivre entourée, plongée en son centre. Alors Shane avait noté les coins de verdure encore existants. Il n’y en avait pas tant, mais ils se répartissaient sur une partie de la ville. Sachant qu’elle n’y restait probablement pas, le jeune evolve s’était donc organisé un planning et un ordre de visite de ces lieux organisé selon certains horaires pour couvrir toutes les zones à toutes heures de la journée. Le but était de réussir à lui tomber dessus au moins une fois. Ce travail était long et désespérant… Parfois, le garçon pensait enfin voir la petite blonde avant de se rendre compte qu’il avait fait erreur. Rien n’était alors plus décourageant… La sensation de repartir de zéro… Pourtant, il ne s’arrêta jamais…

C’était à présent une matinée parmi tant d’autre. Impossible de se souvenir combien de temps cela faisait que les choses duraient ainsi. Tout ce qui demeurait clair dans la tête du brun était paradoxalement le ciel gris qui se profilait depuis l’aube et qui avait commencé par lui rafraichir le crâne. La tête encore humide, Shane commença donc à fouler le sentier du second parc de sa liste. Ses yeux ne laissaient passer aucun détail, mais les cernes sous ceux-ci démontraient la fatigue que le garçon avait accumulée. Tout ce qui se passait en son crâne était presque mécanique. Regarder, analyser, confirmer… Regarder, analyser, confirmer… Regarder, analyser, confirmer… Cet « instinct » s’était développé au fil du temps, il n’y réfléchissait plus. La seule chose qui nécessitait l’attention de son cerveau consistait en retrouver le chemin qu’il fallait suivre.

Un instant, le garçon s’arrêta à une fontaine pour s’y ressourcer un peu et recouvrer un peu de forces. N’ayant pas pris le temps d’ingérer un réel repas le matin même, son énergie n’était que trop rapidement drainé. S’essuyant la bouche d’un revers de la main, il reprit son chemin pas à pas. Le sentier était droit, nous étions loin des routes sinueuses qu’il avait eu l’habitude de franchir. Le parc n’était pas extrêmement peuplé non plus. Le matin n’était pas le moment de la journée où la vigilance du garçon nécessitait d’être à son summum. Il y avait bien plus foule durant les sorties d’écoles, à croire qu’en ce temps, les seuls qui profitaient encore d’un peu du calme des arbres était les bambins. Et encore, c’était si leurs parents ne les y forçaient pas, dû à une quelconque injonction d’un docteur affirmant les bienfaits de la nature pour la croissance de l’enfant. Regarder, analyser, confirmer… Regarder, analyser, confirmer… Regarder, analyser, confirm… Shane se statufia un instant. Son cœur s’arrêta de battre, les grains du sablier se coincèrent dans l’entonnoir. Plus loin, sur l’herbe, une jeune fille seule. Ce n’était pas la première fois qu’une personne correspondait à son anatomie, surtout de dos. Les cheveux de la jeune fille étaient bien plus longs que dans les souvenirs du garçon, cela semblait indiquer qu’il se trompait probablement, et pourtant… Pourtant, c’était inexplicable, presque comme si tout son corps s’était mu contre sa volonté, attiré comme un aimant par la personne qu’il voyait debout devant cet arbre. Des ondes l’avaient saisi tout entier et l’avaient trainé jusque-là. Créature zombifiée sans volonté propre, il pouvait à présent presque l’atteindre. Son cerveau lui hurlait pourtant de s’arrêter. Que se passerait-il s’il faisait erreur ? Comment  soigner cette mésentente ? Pour qui le prendrait-on ? Mais ces plaintes furent perdues en un écho qui n’atteignit jamais sa conscience.

Déjà il s’était suffisamment rapproché du dos de la fille pour glisser ses bras autour de son cou, enfouir sa tête et ses yeux larmoyants sur son épaule gauche et la serrer fort contre lui. Des mots s’échappèrent contre sa volonté, mais cette fois, en sentant la chaleur de ce corps contre lui, son cerveau ne fit rien pour les contenir. Il s’était rendu à l’évidence de la déraison.

« Je t’ai enfin retrouvée Alice… »
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Alice Ace
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23.11.15 20:11
Alice regardait le ciel, même en lui elle avait du mal à reconnaître celui qu’elle avait regardé autrefois. Et pourtant elle arrivait à apprécier la brise froide qui en provenait et venait se poser sur son visage tendu vers la voute grise. Elle n’arrivait pas à en vouloir aux choses d’avoir changé, après tant de temps elle aussi avait du changer, s’adapter, survivre à la douleur, totalement propulsée dans un environnement paradoxalement plus hostile pour elle que lorsqu’elle était recherchée. Avant Alice aurait entendu quelqu’un s’approcher d’elle, surtout dans son dos, elle aurait été sur la défensive, se serait retournée.

Mais aujourd’hui Alice n’avait même pas remarqué la présence derrière elle, elle ne l’avait ni entendu ni prévu et lorsqu’elle sentit des bras s’enrouler autour de son cou elle avait sursauté, elle s’était tendue immédiatement, prête à rejeter le contact qu’elle n’aurait jamais imaginé désirable. Mais incompréhensiblement en sentant la tête de la personne derrière elle s’enfouir dans son épaule ce n’est pas le rejet qui était arrivé, au contraire elle s’était apaisée alors qu’inexplicablement son cœur accélérait ses battements, devenait disparate, marquait des soubresauts. Sans le voir, sans comprendre c’était son épiderme qui avait le premier réagi au contact tant recherché, son corps avait compris avant son esprit, et elle se sentait cruellement à sa place. Cruellement parce que ce n’était pas possible, qu’elle devait rêver et que son propre cerveau était bien cruel de lui faire ça pour le lui retirer plus tard. Parce que ça ne pouvait pas être vrai et en même temps tout hurlait à la réalité, parce que du corps contre le sien venait une chaleur incroyable, parce qu’il lui semblait même reconnaître cette odeur qu’elle pensait avoir oublié.

Et puis il avait parlé. Il avait parlé et la réalité la percuta comme un train à grande vitesse heurte une mouche, une boule grosse comme une balle de pétanque lui tomba dans la gorge tandis qu’elle était prise de tremblements irrépressibles et que ses yeux se gonflaient de larmes mais elle n’osait pas se retourner, parce qu’elle avait peur, elle avait peur de faire voler en éclats cette possibilité si fragile en posant ses yeux sur lui. Alors tout en précautions  ses mains vinrent agripper les manches autour de son cou, un peu trop fort tandis que son nez s’enfonçait un peu plus dans le tissu, ses larmes l’imbibant lentement, la voix chevrotante.

« C’est bien toi n’est ce pas ? »

Tu n’es pas mort.

« Je ne rêve pa- pas hein ? »

Dis moi que tu es vraiment là. Que tu ne repartiras plus, que ce n’est pas impossible. Tant de choses se bousculaient dans sa tête, tant de choses qu’elle aurait aimé dire mais qu’elle n’osait pas prononcer de peur que tout s’envole, qu’elle en demande de trop. Alors prenant son courage à deux mains pour se retourner, très lentement, pour enfin regarder, être sûre et voir enfin. Et la boule de sa gorge s’était faite encore plus grosse alors qu’elle retrouvait ses cheveux et ses yeux si sombres alors qu’elle avait elle même enfoui son visage dans son épaule, à son tour, redoublant de sanglots.

« Tout ce temps, j- j’ai cru que tu étais mo- mort, et comment ? Mais je ne comprends pas ma- mais dieu merci tu es là, je ne sais pas co- comment. »

Ce n’était pas très cohérent, mais elle ne pouvait pas vraiment faire mieux présentement, elle était trop agarde, trop heureuse, trop perdue mais elle se sentait en vie depuis très longtemps, elle aussi.
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Shane Treazler
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03.12.15 15:11
Il se passa un temps. Un temps durant lequel rien ne bougea, ou seul son front cuisant demeurait sur une trop frêle épaule. Un temps inaltérable, qui demeurerait à jamais enfoui dans le cœur de Shane. Alors qu’il se sentait enfin à sa place, il sentit les tremblements de la jeune fille. D’abord inquiet, il s’apprêta à immédiatement la lâcher. Mais à l’instant où ses mains allaient se desserrer de leur emprise, elles furent récupérées par la petite blonde. Et il sentit alors une humidité toute relative au bonheur lattant de son amie. Les bras de Shane s’immobilisèrent entièrement et son regard encore larmoyant s’attendrit. À la question, il répondit avec la plus grande douceur que sa voix enroué lui permettait d’adopter.

« Si on s’entend sur le toi. Oui, c’est moi et non, tu ne rêves pas. »

Ses bras s’éloignèrent alors que la jeune fille se retournait lentement. Et la joie que ressentit Shane en revoyant son visage fut indescriptible. C’était presque comme si on emplissait son thorax de bonheur, le gonflant à tel point qu’il lui faisait mal. Et pourtant, si on lui avait proposé, il se serait enivré de cette douleur, l’aurait adoptée et adoptée autant que nécessaire.  Machinalement, ses mains vinrent se poser à nouveau sur les épaules de sa protégée, alors que la silhouette d’Alice se réfugiait sur son trapèze. Shane ignorait combien de temps elle resterait ainsi, mais il ne s’en préoccupait pas. Elle pouvait rester l’éternité contre lui, il la lui aurait accordée sans même se poser la moindre question. Alors pendant qu’elle répliquait des paroles presque dénuées de sens, il passa lentement sa main gauche dans ses cheveux qu’il caressa tendrement.

« Je suis là, et je ne vais pas m’en aller, crois-moi. Il s’est passé nombre de choses… Mais nous en parlerons à tête reposée… »

Le garçon savourait le moment présent, la sensation du renouveau, le sentiment de renaissance qui s’épanouissait dans son estomac. Il arrivait, prêchait la bonne parole et continuait sa route pour avertir la totalité de la population. Cela remonta le long de ses artères, s’écoula le long de ses veines produisant une surchauffe de l’intérieur. Alors, au moment où il sentit l’emprise de la jeune fille se relâcher, il s’écarta précautionneusement, maintenant le contact de ses mains, signe qu’il était toujours là. Il attendit de voir ce visage encore rougi par les larmes mais qui lui paraissait toujours d’une beauté idyllique, puis il approcha sa propre tête pour lui déposer un baiser sur les lèvres. À cet instant, un tourbillon d’émotions incontrôlable se propagea du bout de ses lèvres à l’intégralité de son corps. Une tempête irrépressible qui balayait les contrées du malheur, rasant la plus terrible des peurs, n’épargnant pas même la plus infime des tristesses. Incommensurable, elle souffla de plus en plus fort, remuant elle-même le cœur du brun à la façon d’un arbre dont les racines refusent de flancher mais dont la cime s’agite irrémédiablement. Implacable, elle ne chercha pas à s’atténuer, une diminution paraissait de toute façon impossible, et la fièvre qui le prenait était trop brûlante.

Il ignore combien de temps cela dura. Une demi-seconde ? Cinq longues minutes ? Pas la moindre idée, mais lorsqu’il se rendit compte de ce qu’il faisait, ses joues virèrent au rouge et il s’éloigna lentement surpris de ce qu’il venait lui-même de faire. Tous mots restèrent coincés dans sa gorge et ses pensées se mêlèrent tellement qu’il ne put en tirer une seule au claire. Dans la confusion générale qui l’habitait, il ne savait plus s’il devait s’excuser, lui dire qu’il l’aimait ou fuir en courant. Tenant toujours les épaules de la jeune fille, il ne parvint finalement qu’à sortir un mot.

« Je… »

Et en réalité cela résumait très bien l’état des pensées de l'adolescent à l’instant présent. Mais qu'est-ce qui vient de se passer ? Qu’est-ce que je viens de faire moi… ?
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Alice Ace
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03.12.15 20:26
Il y avait eu plusieurs digues qui avaient successivement cédé dans le cœur et dans le corps d’Alice, et les trois digues étaient toutes liées à une seule personne, la personne à présent en face d’elle. D’abord il y avait eu son épiderme en contact avec le sien, qu’elle avait instinctivement reconnu et le premier barrage avait lâché. Et puis il y avait eu le son de sa voix qui avait sonné à ses oreilles comme une ancienne mélodie que l’on a au bord des oreilles et qui ne vous revient pas tout à fait, et la seconde barrière avait lâché. Et en dernier lieu il y avait enfin eu son visage, qu’elle aurait été incapable d’oublier même si elle l’avait voulu, et sa dernière défense avait été abattue comme si elle n’avait été qu’une plume soumise à un ouragan. Ses défenses elle les avait érigées instinctivement lorsqu’elle avait été catapultée dans ce monde qui n’était plus le sien, ces digues elles étaient là pour la protéger lorsqu’elle n’avait pas pu le trouver, elles étaient là pour qu’Alice puisse survivre. Elle s’était recroquevillée derrière elles, ne plus approcher les gens sauf si c’était vitalement nécessaire, ne plus essayer de trouver en d’autres ce qui lui manquait de lui, ne plus espérer tout court. Et ces digues qui avaient tenu jusque là s’étaient effondrées si vite qu’elle demeurait désemparée et démunie. Ça avait duré quelques secondes, cette panique face à leur disparition, et puis elle l’avait regardé, après s’être blottie contre son épaule et tout s’était apaisé, elle flottait dans un état mental proche de la perfection. Elle avait souri depuis très longtemps à sa première remarque, avait murmuré un « bien sûr que je parle de toi » en retour, comme une évidence.

Elle aurait pu rester là des heures, peut être même des jours, l’éternité si elle avait pu, mais comme un assoiffé boit trop vite lorsqu’il trouve de l’eau elle avait eu ce besoin de le regarder encore et sans s’éloigner de plus de quelques centimètres pour le voir. C’est ce qui s’était passé ensuite qui avait chamboulé sa sérénité toute retrouvée, ce n’est pas qu’elle ne comprenait pas, elle était finalement dans son corps et non plus spectatrice, non c’était juste qu’elle était tellement surprise qu’elle ne savait pas quoi faire. Plus spectatrice mais actrice elle avait parfaitement senti ses lèvres rencontrer celles de Shane mais c’est comme si au même instant tous les composants de son cerveau s’étaient brusquement arrêtés laissant le boulot à son cœur qui battait bien trop vite. Elle écarquillait les yeux comme des soucoupes mais elle ne s’était pas dégagée, parce qu’en comprenant, trop lentement pour une fille de son âge, c’était quelque chose d’agréable, quelque chose qu’elle voulait, même si elle avait été très lente à s’en rendre compte. Instinctivement sa main droite avait accroché un pan de son blouson qui était devenu provisoirement sa digue du moment présent. Ca aurait pu durer le temps d’un battement de cils comme le temps d’un concert de rap pour un metalleux qu’elle n’aurait pas su faire la différence. Juste que quand il avait reculé son visage elle était incapable de mettre bout à bout deux pensées cohérentes. Ce n’est que lorsqu’il prononça un seul mort qu’elle sortit de son état quasi second, propulsée brusquement dans la réalité où son cœur battait bien trop vite, sa respiration qui courrait un marathon, elle rougit jusqu’au bout des oreilles. Elle aurait été mesquine elle aurait attendu qu’il se dépatouille avec la fin de sa phrase, mais Alice n’avait aucune pointe de mesquinerie dans son corps tout entier.

« Que. Euh. Je... tu. Euh. »

Bon ce n’était pas très constructif de son côté non plus. C’était surtout qu’en même temps qu’une explosion de chaleur était née une peur. Elle avait découvert juste après une grande angoisse.

« Tu... euh. Tu le voulais vraiment ou... »

Elle n’arrivait même pas à le dire correctement, comme si formuler cette idée en paroles la rendait réelle. Et elle savait qu’elle en avait trop dit ou pas assez. Alors en resserrant sa main sur le blouson, elle baissa la tête, regardant ses pieds, son cœur battant toujours à tout rompre.

« Ou c’est juste... parce que tu es simplement content de me revoir ? »

Le « simplement » était là juste pour marquer la différence, parce que ces retrouvailles étaient tout pour elle et jamais en d’autres circonstances elle n’aurait utilisé ce qualificatif pour ce moment. Et voilà que toujours rouge tomate elle n’osait plus relever les yeux.
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Shane Treazler
Shane Treazler
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14.12.15 14:05
Dire qu’il était perdu aurait été bien réducteur de la condition de Shane. Ses yeux continuaient de fixer Alice sans qu’il ne sache pourquoi. En son esprit, il était comme un explorateur emporté au gré d’une mer déchainée. Il ne voyait que des vagues, d’immenses vagues qui lui masquaient l’horizon. Son rafiot était fragile, combien de temps pourrait-il seulement tenir face à ces colosses de la nature ? Au travers de sourcils froncés, seul un faisceau de lumière se glissait à travers les gouttes se catapultant sur ses iris. Son cœur s’affolait, battant à tout rompre. Impossible de comprendre, mais ce qui tétanisait Shane à cet instant était la peur. Mais la peur de quoi ? Que redoutait-il à ce point ? Et puis pourquoi avait-il fait ça ? Qu’est-ce qui lui avait traversé l’esprit ?! Lorsque la jeune femme repris une parole au moins aussi confuse que la sienne, Shane ne cilla pas, un simple mot lui traversa le cerveau.

« Que. Euh. Je... tu. Euh. »

Hein ?

« Tu... euh. Tu le voulais vraiment ou... »

Mais qu’est-ce que tu racontes ?

« Ou c’est juste... parce que tu es simplement content de me revoir ? »

Je… Voulais vraiment quoi…? En un sens, son for intérieur ne parvenait à se faire à l’idée de ce que son corps l’avait amené à faire. Quelque part, c’était comme de voir le soi d’hier bourré sur un écran de télévision au lendemain d’une fête en se demandant si le mec qui se tortillait comme un clown en dansant sur cette table était bien le même lui que celui qui regardait la vidéo. Tant d’incompréhension… Il fallait bien admettre un jour que c’était lui qui avait agi, mais en même temps, ce n’était pas lui ! C’était… C’était si compliqué…

« Je ne comprends pas je… Pourquoi j’ai… »

Ces mots furent murmurés à voix basse, plus pour lui-même que pour la jeune fille. Et pourtant, en lui son cœur se serrait. On le lui avait empoigné à deux main et on le pressait pour en faire jaillir tout le sang. Shane aurait pu en mourir. Son esprit refusait de se calmer, de le laisser sagement analyser les raisons, de le laisser comprendre. Était-ce parce que son comportement avait été la cause de quelque chose qu’il n’avait pas voulu ? Était-ce parce qu’il se refusait à l’admettre ? Quelles en étaient ces foutus raisons ? Et puis, il vit Alice… Il vit son désarroi, le saisissant du coin de l’œil, comprenant enfin sa question. Son alarme. Son malaise… Cela ne résolvait pas le problème dans l’esprit du garçon, comme une lueur à peine distinguable au milieu de l’écume qui provoquait la noyade. Pourtant, il lutta, se rattrapa à cette vague idée perdue au centre du brouhaha. Si son esprit ne voulait plus lui répondre et que seul son corps continuait de lui obéir, qu’à cela ne tienne. Les mains de Shane se décrispèrent, il poussa un profond soupir, ses doigts se tendirent le long de ses jambes, puis il ramena ses deux mains d’un coup sec pour se claquer violemment les joues. Certes, la sensation ne fut pas agréable, et de l’extérieur, il dut passer pour un fou. Pourtant, cela eût le mérite de faire le vide dans son esprit, ne laissant ressurgir qu’un vague : Et maintenant ? Tu continues de me faire chier ou tu veux bien te calmer ?! Il regarda Alice, d’un visage soucieux, sentant son cœur qui continuait de le pincer. Ce sentiment… N’était-ce pas le même qu’il avait ressenti au moment de leur séparation ? N’était-ce pas celui-là même qu’il avait eu au moment de l’apprendre en compagnie d’un eraser ? Celui qui l’avait poussé à cogner cet infirmier autrefois ? Celui qui l’avait entrain lorsqu’il l’avait repoussé après ses nombreux cauchemars ? Pourquoi c’était-il senti aussi perdu à sa disparition ? Pourquoi était-ce auprès d’elle qu’il était retourné lorsque les choses c’étaient envenimées pour lui ? Par quel miracle ressentait-il un tel bonheur, une telle complétude à l’idée que la jeune femme était à ses côtés ? Cette impression de la douce caresse d’une brise au milieu des champs et des prairies, loin de toute civilisation ? Alors, il fallait bien l’admettre… Ce n’était pas dur de se faire à cette idée. Au fond de lui, il l’avait sans doute toujours su sans s’en rendre compte. Alors, il lui remonta lentement le menton du bout de son doigt, le plus lentement possible pour ne pas la brusquer, plongeant ses yeux au fond des siens comme il le faisait autrefois. En voyant son visage comparable à une tomate, il se fit la réflexion qu’il ne devait pas être en meilleure posture. On était loin des séries télévisées où le garçon décoche son plus beau sourire de séducteur avec ce regard que lui seul connait. Cet homme qui lancera une réplique implacable, haut d’une confiance et d’une fierté inébranlable. Non… Ici, on avait juste un jeune garçon qui avait perdu ses repères, qui ne savait plus trop comment se comporter autrement que d’esquisser un sourire plus proche de la grimace, et pourtant derrière lequel il fallait déceler toute l’ambition latente. Celle d’un Shane qui avait peur, qui devait trembler imperceptiblement en balbutiant quelque parole à peine intelligible. Un Shane qui craignait les conséquences d’une impulsivité qu’il ne connaissait malheureusement que trop bien. Un Shane submergé par tant de culpabilité qu’il devait à peine tenir sur ses jambes. Mais un Shane qui n’écoutait au fond qu’une chose… Sa seule idée… Sa seule volonté… Son seul désir… Ne pas blesser la personne qu’il aimait.

« Bien sûr je pourrais en mourir tellement je suis heureux de te revoir mais… Mais ce n’est pas pour ça que je l’ai fait… Je ne suis sûr que d’une chose maintenant… Je… Je le voulais vraiment… »

Shane ne pouvait pas vraiment mesurer les conséquences de ses paroles, autant que de celles de ses actes. Pourtant il savait bien une chose. La meilleure chose qui lui restait à faire était d’être sincère. C’était important pour lui, mais surtout pour elle…
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Alice Ace
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23.12.15 23:09
C'était comme allumer un feu qu'on ne savait éteindre, c'était ce que Shane venait de faire, craquer l'allumette d'un brasier sans pour autant savoir l'expliquer ni poser de cause décente sur son acte. Alice aurait pu mariner dans l'incompréhension, à vrai dire elle ne comprenait pas, mais elle était ce qu'elle était et elle décortiquait tout geste, toute parole, pour comprendre. Parce qu'elle était habituée à le comprendre, et c'était une des premières fois qu'elle ne savait pas comment agir avec lui. Avec lui tout avait marché à l'instinct, au naturel, à la simplicité, et c'était une des choses qu'elle aimait le plus, tout était si simple. Et dans sa confusion ce fut ça qui la calma, qui repoussa le rouge de ses joues, ne pas prévoir, ne pas tirer de plan sur la comète. Et c'était sûrement ce qui faisait le plus mal en un sens, ne pas espérer parce que lui même ne savait pas, c'est comme ça qu'elle s'en rendit réellement compte, ou du moins qu'elle y mit des mots, elle l'aimait. Et s'il ne savait pas et qu'il avait fait ça juste comme ça alors ce serait sûrement ce qui serait le pire. Elle l'écouta, son cœur gonfla à l'énonciation du bonheur de se retrouver mais se serra très fort quand il lui dit clairement qu'il ne savait pas pourquoi il l'avait embrassée. Elle baissa les yeux, fronçant les sourcils pour ne pas encore mal interpréter, avant de ressentir ce picotement familier qui lui fit relever les yeux immédiatement.

« Tu mens. »

Un copier-coller de leur première rencontre, comme si le temps se pliait sur lui même tel un accordéon pour leur permettre de revivre un bout de cette journée, elle avait mal à la tête et il pleuvait similitude de l'humidité de ce nouveau jour de cette nouvelle époque. Elle sentit son doigt remonter son menton et immédiatement, comme un vieux réflexe elle planta ses yeux dans les siens, sans ciller et penchant la tête sur le côté, le regard doux.

« Enfin, tu te mens à toi même. »

Même si c'était la stricte vérité, encore une fois elle s'en voulait d'envahir sa sphère privée de cette façon. Elle aurait préféré le laisser s'exprimer, le temps de se comprendre et d'analyser ses gestes. Au lieu de ça elle appuya un peu sa joue contre sa paume, lui lançant un regard d'excuses et un sourire désolé mais tendre à l'entente de ses paroles, elle aussi elle était tellement contente de le retrouver.

« Merci de m'avoir cherchée. »

C'était tellement pauvre par rapport à ce qu'elle ressentait vraiment, elle avait tant à lui dire sans savoir comment, lui expliquer ce qu'il représentait pour elle, lui dire ce que ce qu'il venait de faire était important pour elle, lui expliquer ce par quoi elle était passée, comprendre ce par quoi lui aussi était passé, ce qu'ils avaient vécus séparés l'un de l'autre, comme elle avait du mal à respirer sans lui. Et c'est comme si elle s'était retrouvée à la place où à son tour elle devait agir, où s'était elle qui devait répondre. Elle approcha sa main pour replacer une de ses mèches tombées sur son front, serrant de ses doigts libres la main de Shane ne tenant pas son menton. Elle avait rompu le contact visuel, parce qu'elle ne devait pas trop penser à ce qu'elle allait faire, elle respirait un peu fort, et tant pis si ça n'avançait pas les choses elle aurait au moins l'impression de ne pas se laisser uniquement porter. Elle aussi elle devait être honnête, même si elle n'arriverait pas à dire les choses si directement.

« Non parce que. Parce que moi. »

Non définitivement elle n'y arriverait pas alors elle agrippa fermement sa veste de ses mains qui blanchirent et à son tour s’approcha et cogna son nez au sien en venant coller ses propres lèvres aux siennes, fermant les yeux sûrement un peu trop fort pour ne pas trop réfléchir,juste rester dans cette simplicité qui les caractérisait, parce que cette fois c'était à elle de faire quelque chose.
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Shane Treazler
Shane Treazler
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24.12.15 2:00
Shane se sentait paralysé, pris par la manche entre deux enfants qui voulaient chacun l’entraîner d'un côté qu'il jugeait le bon. Cette sensation était désagréable… Il ne savait plus trop où il en était, mais il aimait à croire qu'il avait été le plus sincère possible. Aussi, lorsque la petite blonde en laquelle il avait tant confiance énonça deux simples mots… Il sentit son cœur entier chavirer. Tomber de l'autre côté de la falaise. Je… Mens? Il mentait ? Est-ce que la fille lui affirmait qu'il n'avait pas voulu faire ce qu'il avait fait ? Qu'il était simplement heureux de la revoir ? Alors pourquoi ? Pourquoi se sentait-il aussi mal ? Cet empoignement de son cœur ? Ce sentiment qu'on le déchirait de l'intérieur ? Est-ce que tout ça était faux ? Est-ce qu'il avait vraiment fait erreur durant tout ce temps ? Mais s'il parlait d'erreur laquelle ? Pourquoi ne voulait-elle pas se révéler à lui ?
Il vit, au travers des larmes qui perlait devant ses yeux, ceux d'Alice qui le fixait comme pour le rassurer. Rassurer cet enfant qui ne comprenait plus ce qui se passait.

« Enfin, tu te mens à toi même. »

Shane ne comprit pas immédiatement, sa douleur était encore trop vive, même si le regard tendre d'Alice le maintenait la tête hors de l'eau. Il laissa rouler les larmes sur ses joues histoire de pouvoir recouvrer une vue distincte. Il déglutit, forçant sa salive là où elle coinçait dans sa gorge. Il se mentait à lui-même ? Était-ce pour cela qu'il se sentait si mal ? Qu'est-ce qu'Alice comprenait et lui pas ? Qu'elle était cette désagréable sensation de ne pas saisir quelque chose d'évident ? Il sentit la joue d'Alice au creux de sa main. Il ferma les yeux quelques seconde pour rassembler ses pensées. La douleur qu'il ressentait à ce moment… Le fait qu'il se mente à lui-même… Si tout cela était réel… Qu'est-ce que cela voulait dire ? Il en avait la réponse mais ne parvenait à l'exprimer. Effectivement, comme elle venait de le dire, il l'avait recherché partout… Il avait exploré une ville dans ses moindres recoins, il aurait même retourné la planète pour la retrouver s'il l'avait fallu. Pourquoi ? Alors qu'elle lui remettait une de ses mèches en place, il se sentit apaisé comme si son simple contact, ses simples attentions suffisaient à le calmer. Comment ? Et puis il l'entendit...

« Non parce que. Parce que moi. »

Cette phrase ne trouva jamais de fin réelle. Elle resta en suspend dans l'esprit de Shane jusqu'à ce qu'il ressent à nouveau les lèvres de la jeune fille. Bien que son nez subit un choc en passant, il n'en éprouva pas la moindre gène, pas le moindre regret. Le simple contact des lèvres d'Alice évapora toute trace de doute. Et alors, il comprit ce qu'il avait été si lent à saisir. La lumière dissipa les dernières ombres de son esprit. C'était-il mentit à lui-même ? Oui… Avait-il mentit à Alice ? Non… Tout était en réalité incroyablement simple… Alors pourquoi ? Pourquoi avait-il mit tant de temps à réaliser ? Pourquoi ces simples mots n'étaient-ils pas apparus plus tôt en lui ? L'être humain était-il donc si sot ? Il demeura pendu au lèvres d'Alice autant de temps qu'il le put. Puis, à l'instant ou leurs visages se quittèrent, il prit la jeune fille dans ses bras, ne la laissant pas s'échapper. Il la serra sans doute un peu trop fort, peut-être étouffait-elle quelque peu sans qu'il ne s'en rende compte. Alors enfin il put lui souffler doucement ces mots à l'oreille.

« Je vois… Alors en fait je t'aime... »

C'était une constatation évidente… C'était autant une révélation pour lui-même que pour elle. Une onde qui fit disparaître toute la brume qui régnait et avait régné toutes ces années dans le cerveau du brun… La réponse à autant de questions qui pouvaient à présent reposer en paix. Le retour du vent sur la colline de ses sentiments. La fin des doutes et le début d'une nouvelle aventure. Il raffermit sa position écarta lentement son visage pour plonger son regard dans celui d'Alice . Décochant alors un sourire malicieux, il lança à la femme de sa vie.

« Alice Ace... Tu es la femme que je déteste le plus en ce monde. T'embrasser n'est que le résultat d'une erreur. »

Quand on savait ce qu'il ressentait, cette phrase était absurde, et elle l'aurait été pour tout autre personne qu'Alice... Mais Alice n'était pas n'importe quelle personne... Et il savait... Il savait que son pouvoir allait la faire réagir, mais que cette fois, la femme aux cheveux couleurs blés détecterait ce mensonge avant même que celui-ci ne le lui souffle. Parce que personne ne connaissait mieux Shane qu'Alice, et que personne ne connaissait mieux Alice que Shane. Et qu'à présent, l'un comme l'autre savait ce que chacun ressentait. Le garçon posa alors son regard sombre en sur ses yeux vert émeraude.

« Je t'aime Alice Ace... De tout mon cœur… Merci d'être apparu dans ma vie. »

Il s'arrêta pour calmer son cœur et s'adresser à la jeune blonde, lançant le sourire le plus radieux qu'il n'avait jamais su porter sur son visage.

« Et toi Alice... Est-ce que cela te gênerait de m'avouer si ces sentiments sont partagées ou non ? »

IL savait que la jeune fille reconnaîtrait cette tournure de phrase, elle était un peu leur premier lien... Cette colle qui les avait réuni et qui les rassemblait encore... Alors, enfin leurs aveux exprimés, après plus de deux cents-ans d'un amour incompris, ils approchèrent leurs lèvres dans un mouvement commun pour sceller leurs sentiments à jamais.
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Alice Ace
Alice Ace
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07.01.16 0:21
Même deux-cents ans plus tard Alice restait Alice, tout comme Shane demeurait Shane, quand l'une était restée une pleurnicheuse incapable de ne pas s'inquiéter et par contre tout à fait apte à tirer trop vite des conclusions l'autre était toujours l'incorrigible naïf optimiste mais un peu lent à la détente. La blonde aurait pu s'étonner de retrouver si vite ses habitudes, cette façon d'agir qui lui était propre quand elle était avec Shane, mais si on comptait le bond dans le temps alors ça faisait vraiment longtemps qu'ils se connaissaient. Si elle avait creusé un peu plus elle aurait sûrement béni le destin, le karma, la providence où n'importe quel ordre spirituel supérieur qui lui avait permis de rencontrer ce garçon dans une supérette du monde que l'on ne considérait plus comme contemporain en ces temps modernes. Quand on y réfléchissait elle aurait pu tomber sur n'importe qui ce jour là, et même si ça avait été Shane il aurait pu ne jamais avoir de pouvoir, ils auraient pu ne jamais se rencontrer de nouveau dans son ancienne maison, ne jamais partager tous ces moments, Shane aurait pu ne jamais retrouver Alice ce jour là, dans ce bois là, dans ce monde là. Alors elle n'y avait pas pensé, mais si elle l'avait fait, et si tous ces événements avaient réellement dépendu de la volonté supérieure alors Alice aurait adhéré tout de suite au culte, l'aurait vénéré et définitivement béni l'entité déifiée. Mais Alice ne s'était jamais posé cette question, parce que dans l'univers d'Alice il était devenu évident que ce jour là personne n'aurait pu être à la place de Shane. Alors elle avait prit son courage à deux mains, en cet instant et pour lui faire comprendre elle avait posé les lèvres sur celles du brun. Parce qu'elle n'arrivait pas à le dire, non pas qu'elle doutait de ce qu'elle ressentait, non, mais ces mots si simples, elle avait eu peur de les lui dire, alors elle lui avait montré.

Ça faisait un petit moment qu'elle l'avait réalisé sans se l'avouer directement, quand elle l'avait cru mort, la douleur si aiguë dans sa poitrine, ces larmes si abondantes, ce sentiment de perte à vous en faire perdre pied avaient fini d'achever le cheminement de ses sentiment. Et Shane avait tout embrasé lorsqu'il avait juste ajouté un s à ce mot. Il lui avait ouvert la porte qu'elle avait peur de franchir, même s'il ne l'avait pas fait consciemment, et en sentant ses bras se resserrer autour d'elle à la fin de l'échange elle fût envahie d'une vague de chaleur et de sérénité qui jurait avec son rythme cardiaque qui ne se calmerait pas d'aussitôt. Surtout pas avec l'étreinte un peu trop forte et encore moins avec ces mots à son oreille, qui manquèrent de faire exploser son cœur tandis qu'elle nichait sa tête encore une fois au creux de son épaule, juste le temps de sourire avant de le fixer de nouveau dans les yeux et d'entendre son mensonge qui la chatouillait déjà.

« Tu mens. »

Prononcé dans un rire étouffé, ému par les paroles, amusée par la tournure qui prenait le goût du passé et la saveur des souvenirs.

« Tu m'aimes. »

Elle aurait pu ne faire que répéter ce qu'il venait de lui dire, mais ça aurait été un peu direct, même pour Alice. La vérité étant qu'il y avait de la volonté de juste lui répéter sa phrase, qui pulsait en elle depuis le moment où il l'avait prononcée, mais qu'il y avait également une évolution de pouvoir qu'elle constatait depuis peu. Elle lui adressa une grimace désolée, en s'affaissant légèrement, prise de vertiges et pressant un mouchoir sur son nez d'où un léger filet de sang coulait à présent. Elle ne cessait de le regarder dans les yeux, quelqu'un d'autre qu'eux n'aurait pas forcément su à quel point ces yeux lui avaient manqué, elle lâcha un petit rire à sa dernière remarque alors qu'elle faisait écho à ce qu'elle se disait à elle même, le mouchoir toujours pressé contre sa narine droite, elle lui devait un réponse.

« J’espère que tu n'avais pas de doutes parce que maintenant tu es coincé avec moi, parce que je ne te serais jamais autant reconnaissante d'avoir débarqué dans ce rayon surgelé, dans ma vie tout simplement. Parce que je t'aime Shane Treazler. »

Et depuis ce bond dans le temps c'était la première fois qu'elle prononçait ce nom à voix haute, et ça lui faisait un bien fou, alors en le fixant toujours elle réitéra l'opération.

« Shane. »

...

« Shane, Shane, Shane. »

Prononcer son nom entre deux baisers était la chose la plus plaisante qu'elle connaissait depuis bien longtemps et au bout d'un moment elle l'entraîna par la main sur le banc pas loin de l'arbre, entre les retrouvailles, les émotions et son poids qui avait eu tendance à plus diminuer qu'augmenter, elle avait eu besoin de s'asseoir, ne  le lâchant ni de la main, ni du regard.

« Comment ça s'est passé pour toi ? »
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Shane Treazler
Shane Treazler
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17.01.16 0:47
Cela faisait à présent un moment qu’il flottait dans cette candeur et cette lumière qui l’alimentait de nouveau. Qu’il se laissait aller aux paroles d’Alice, à ses baisers, et qu’il se perdait dans ses bras. Qu’importe ce qu’il avait été, ce qu’il serait à l’avenir, en cet instant il était là avec elle et nulle part ailleurs… Et enfin, au milieu de cette terre abrupte et inconnue, il se sentait chez lui… Dès qu’il entendait son nom, il se sentait fondre… Fondre à la manière de glace au soleil, en plus rapide, plus doux… La sensation que ses sentiments éclataient, qu’il n’avait plus aucune pudeur pour le monde qui l’entoure, et curieusement, l’excitation et la joie d’un enfant qui, conscient de faire une bêtise, ne regrettait aucunement de s’y être adonné. Aussi, lorsqu’il se sentit tiré par la main, il n’y opposa aucune résistance, presque enivré par tout le bonheur qu’il éprouvait en cet instant. Béat, n’importe qui le regardant devait le prendre pour un crétin, ou tout du moins un imbécile heureux. Cela ne l’importait pas, il s’en fichait entièrement. Il aurait pu même se planter devant ces personnes jalouses et leur hurler au visage qu’il était l’homme le plus heureux au monde. Et puis, il entendit la question d’Alice à son égard. Il n’y répondit pas de suite, encore trop égaré pour se rendre compte de quoi que ce soit. Cependant une fois qu’elle fut traitée par son cerveau, il prit une profonde inspiration rassemblant tous les morceaux et les bribes d’informations trainant çà et là pour les façonner en une idée cohérente. Le château de sable en résultant était aussi friable que peu fiable, tant sa vie avait était mouvementé ses derniers temps… Et pourtant il n’avait rien de mieux à proposer, il se lança donc.

« Je me souviens très bien de la lumière blanche qui a suivi cet instant où nous étions ensemble… Et puis après, tu n’étais plus là… J’ai bien cru que je n’allais pas tenir… Je t’ai cherché partout, puis j’ai appris que nous étions 200 ans dans le futur… Et j’ai eu peur, vraiment peur… J’étais angoissé, parce que j’avais perdu toute ma famille, mes amis, mon meilleur ami, et puis… »

Il la regarda droit dans les yeux. Comme à l’accoutumé son regard était d’un vert émeraude perçant. Elle lisait en lui comme en un livre ouvert, et pour autant, cela ne lui occasionnait pas la moindre gêne. Il n’éprouvait aucun malaise à cette idée. Il en ressentait presque le besoin, cette envie de savoir ce que son cœur disait avant même qu’il n’en ait formulé le dessin. C’était devenu une habitude pour lui, c’était là, ancré. Et pourtant, même si Alice déterminait ce qui se trouvait dans sa caboche, il exprimait toujours ce qu’il pensait quand il le pensait. Peut-être était-ce pour cela qu’elle l’aimait ? Ou peut-être que c’était justement parce qu’elle devinait ce qu’il avait en lui ? Mais qu’importait… Shane n’en revenait toujours pas d’avoir découvert ce qu’il ressentait pour la jeune fille mais plus encore, que celle-ci réponde positivement à ses sentiments… Il éprouvait pour elle une reconnaissance indescriptible et incohérente qui le menait à un amour plus profond encore… Il était à présent emprisonné par celui-ci, et pourtant, jamais il ne s’était senti aussi bien.

« Toi. »

Il laissa passer un vague silence. Un silence assez fort pour qu’il lui hurle à quel point sa perte l’avait détruit. Qu’il lui fasse comprendre combien il l’avait cherché, traqué, partout… Qu’il lui tambourine aux oreilles et enfonce dans son âme la satisfaction et l’ivresse de l’avoir retrouvé… Puis, il reprit la parole, en serrant la petite main qu’il tenait encore.

« J’ai ensuite appris que les disparus étaient sans doute en vie, alors j’ai cherché… Je ne sais toujours pas comment j’ai pu survivre autant de temps dans les rues, comptant seulement sur le peu d’argents et d’aide que les autorités de cette époque ont pu me fournir. Sans doute suis-je tombé sur les bonnes personnes… Peut-être que j’ai eu de la chance… »

Il tourna son regard vers le ciel… Lui n’avait pas changé non plus…

« Et puis j’ai retrouvé Enoch… C’était un peu la réalisation de choses en laquelle je ne croyais plus… J’ai cru que je récupérais enfin une vie, une âme, un petit quelque chose que je pensais avoir perdu à tout jamais. Alors j’ai insisté, j’ai creusé, j’ai couru, j’ai pensé à me mettre à ta place… A essayer de réfléchir à l’endroit où tu pouvais te trouver. Tu ne pouvais pas avoir disparu de ma vie… Je n’y croyais pas, je ne voulais pas y croire… Et j’ai continué à errer… J’ai cherché le moindre coin de verdure, la moindre petite herbe dans cette ville futuriste, les seuls endroits où je pouvais te dénicher… »

Serrant à nouveau sa main, il laissa sa tête retomber sur l’épaule d’Alice en fermant les yeux, apaisé. Combien de temps cela faisait-il qu’il ne s’était pas reposé ?

« … Et maintenant je suis enfin avec toi… »

S’enfonçant un peu plus dans le creux de l’épaule d’Alice, il sentit toute sa fatigue retomber sur lui. Lui faire comprendre que passer tout ce temps dehors n’avait pas été raisonnable, qu’il avait outrepassé ses forces. Il n’en éprouva pour autant aucun regret. Reprenant la parole il s’adressa à sa bien-aimée à son tour.

« Et toi Alice ? Qu’en est-il de toi ? Qu’as-tu fait depuis ton arrivée ici ? »
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Alice Ace
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21.02.16 23:17
L'avoir cru perdu à jamais avait libéré non seulement une peur panique en Alice, une douleur au delà ce qu'elle pensait qu'un être humain pouvait supporter mais maintenant qu'il était là avec elle ça avait surtout l'effet de lui ouvrir les yeux, de profiter pleinement de son contact, de savourer chaque parole et chaque geste échangé. Alors qu'elle ne s'était jamais lassée de le regarder, en ce moment elle sentait un besoin vital de ne surtout pas éloigner ses prunelles de son visage, quitte à tomber ou se prendre un arbre. Elle l'avait écouté sans jamais l'interrompre, souffrant à sa place, se remémorant ses propres peines et douleurs, le couvant toujours plus du regard, les larmes dans ses yeux ne coulant plus de satisfaction pour elle mais de communion avec lui. Elle l'avait accueilli sur son épaule comme si elle avait toujours été là à l'attendre, s'adaptant parfaitement à la forme de sa tête, espérant lui offrir le meilleur refuge possible, parce qu'Alice voulait devenir l'ancre qu'il était pour elle et s'il fallait le serrer contre son cœur à l'en faire exploser, s'il fallait le garder comme ça pour l'éternité alors ce n'était absolument pas un inconvénient pour elle. Assise sur ce banc elle avait juste plongé son visage sur le dessus de sa tête, retrouvant la texture soyeuse bien connue, les deux bras autour de son cou et ses mains plongées dans les cheveux de Shane, le serrant tout contre elle comme pour s’imprégner de la réalité. Alice avait écouté toutes ses aventures, s'étonnant et se réjouissant de la survie d'Enoch, même s'ils s'entendaient approximativement bien qu'ils s'acceptent, notamment parce qu'elle ne doutait pas que le fantôme avait du bien soutenir Shane lorsqu'elle n'avait pas été là, tout comme l'absence de quelqu'un sur qui compter résonnait en écho en elle comme une pierre fait des ronds dans l'eau. Elle s'étonnait de la perspicacité de Shane là où elle n'avait rien compris, lui vouant une reconnaissance infinie.

- Moi...

Elle ne savait pas bien par quoi commencer, comment tout raconter sachant que ce tout se résumait à bien peu de choses et surtout, surtout elle essayait de se souvenir de tout. Parce qu'elle avait si peu fait attention aux choses et à sa propre vie qu'il lui était difficile de mettre bout à bout ses bribes de vie disparates.

- Le début est le même que le tien, je me souviens bien de la lumière, de ton absence, de ces endroits que je ne reconnaissait pas et du malaise grandissant. J'ai été totalement perdue et puis...

Sans finir sa phrase Alice s'empressa de venir descendre sa mains droite des cheveux de Shane à sa nuque, cherchant quelque chose de précis, un petit renflement qu'elle trouva bien vite, souriant un peu tristement, effleurant du bout des doigts la fine cicatrice dans le cou du garçon.

- Toi aussi je vois, tu te doutes bien donc de ce qui est arrivé ensuite. J'ai rapidement été attrapée et listée, mais la suite de mon histoire diffère de la tienne. Comme on ne m'avait rien dit du tout et qu'il y avait une stèle au cimetière j'ai cru... J'ai cru que j'étais la seule, enfin tu comprends, la seule à... à avoir survécu.

Elle s'était arrêtée un instant pour calmer son envie de pleurer en se remémorant ces souvenirs douloureux, sa culpabilité de ne pas avoir été plus perspicace et rassembler mieux ses souvenirs.

- En errant sans réel but je suis tombée sur une association pro evolves qui m'a plus ou moins forcée à me réinsérer et donc j'ai du m'inscrire à la faculté et comme je me suis orientée vers des études d'infirmière je travaille à l'hôpital en parallèle et grâce à ça j'ai pu louer un studio où rester.

Elle avait haussé les épaules comme si ça ne la concernait pas, toute cette vie avant les retrouvailles d'avant Shane ne la concernait pas. Non... Même avant elle ne s'était jamais réellement sentie concernée, elle avait fait ce qu'on lui avait dit de faire sans réfléchir, sans même y accorder une seconde pensée. Sentait la tête du jeune homme peser de plus en plus sur elle, elle prit une voix plus décidée.

- D'ailleurs en en parlant, tu vas venir avec moi et te reposer. Elle planta ses yeux au plus profond des siens, pour bien lui faire comprendre qu'on ne le discutait pas, que ce n'était pas un choix. Je ne vais aller nulle part, je vais rester avec toi et compte sur moi pour ne pas te lâcher d'une semelle, mais tu as besoin de dormir.
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Shane Treazler
Shane Treazler
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01.04.16 1:48
Shane avait laissé sa tête au gré des mouvements de l’épaule d’Alice. Une tornade aurait pu le secouer dans tous les sens qu’il serait resté de marbre, apaisé par cette simple présence et ce simple contact. Dans cet état de transe, les yeux clos, il avait l’impression de tout voir, tout entendre. Pas un murmure ne lui échappait, pas un mouvement de branches, pas un froissement de vêtement, ni un battement d’aile. Mais plus encore que tout ça, il entendait distinctement le cœur de la blonde battre dans sa poitrine, son souffle balayer sa lassitude et le moindre de ses mouvement caresser ses songes…
Il était dans cet état lorsqu’Alice repris la parole. Il l’écouta, cette confusion dans ses paroles brouiller à la fois les pensées et les gestes. Il la sentit, cette main placée dans sa nuque à la recherche de l’intrus qui servait à présent de laisse pour l’état. Il les perçus, les larmes qui étaient retenu dans la voix de la jeune fille. Et enfin, il la devina… Cette rage de vivre, de survivre. Parce que lui-même l’avait vécu, que lui-même c’était accroché au moindre espoir, à la moindre lueur… Il remerciait intérieurement ces gens qui s’étaient trouvés sur le chemin de la jeune fille, la portant à bout de bras, la forçant à avancer, lui donnant l’impulsion nécessaire non pas à prendre son envol, mais au moins à battre des ailes jusqu’au prochain perchoir… Sans doute était-ce ce relai humain qui lui avait permis de tenir jusqu’ici…

Le garçon sourit en entendant son métier, ou du moins futur métier. Parce que cela lui ressemblait bien, et il savait que tous ceux qu’elle fréquenterait pourrait compter sur elle. Certes, ce ne serait pas facile tous les jours à cause de son pouvoir, cependant, attentive comme elle l’était, tout futur patient serait entre de bonnes mains… Restait encore à espérer que lui n’y finisse plus aussi souvent qu’avant mais ça… Disons qu’il valait mieux ne pas trop en faire la remarque… Shane senti alors un certain remous au niveau de son oreiller improvisé. Pour autant, cela ne lui fit rien de particulier il se laissa simplement porter au gré des épaules de sa mie. Cherchant tout de même à maintenir le contact, comme par peur qu’Alice ne s’envole en même temps que celui-ci, il sentit que l’on tentait de s’adresser à lui. Péniblement, il rouvrit les yeux qu’il avait fermés pour regarder à son tour la petite blonde. En profitant pour la dévorer du regard alors qu’elle lui faisait l’équivalent d’un sermon, il s’imprégna de tout ce qui lui avait manqué… Allant de ses yeux émeraude à ses joues rebondies. Il releva alors le crâne en tentant de se remettre sur ses jambes. Bien entendu Alice avait dû être plus rapide que lui à se remettre en jambe, mais il n’y fit pas attention. Une fois debout, il s’empara de la main de la jeune fille avant de lui sourire.

« Cette fois, on ne se lâche pas. Je te suivrai partout où tu iras. »

Alors, il se laissa entrainer à la suite de la femme, comme un bambin suivrait sa mère. Ensemble, ils sortirent du parc, passant par-dessus un petit ponton reflétant ce couple nouvellement formé et pourtant si ancien... Ils franchirent une grille les menant dans une grande avenue. Alors que le ciel ne semblait pas vouloir dévoiler le soleil, une chaleur diffuse s’installa en Shane. Il ne lâcha jamais la main, ni lorsqu’ils passèrent au milieu des joggeurs, matinaux entre tous, ni lorsqu’ils prirent le train jusqu’à la cité universitaire, pas même lorsqu’ils passèrent au milieu de ces étudiants trop enthousiastes pour être vrais.
En les regardant s’agiter ainsi, l’esprit encore embrumé, Shane fut songeur… Ce fut la trotte d’une jeune étudiante qui rejoignait un groupe d’amis en leurs faisant des signes de main qui ramena son sourire. Combien de temps cela faisait qu’il n’avait pas vécu ainsi ? Qu’il avait même abandonné tout espoir de le vivre un jour ? Et pourtant, était-ce à présent quelque chose dont il pouvait simplement rêver ? Ou qu’il pouvait vivre ? Il y avait longtemps réfléchis et avait pris sa décision. Cependant, il avait fait passer les recherches d’Alice avant tout autre projet. Aucun n’avait autant d’importance que la jeune femme. Mais maintenant qu’il l’avait enfin retrouvé, il pouvait finalement reprendre là où il c’était arrêter depuis un moment déjà. Il n’interrompit pas Alice dans son élan mais s’adressa à elle doucement.

« Alice ? J’ai décidé de reprendre les études moi aussi. »

Il s’interrompit quelques secondes avant de reprendre, ne sachant pas s’il devait avoir honte de ce qu’il allait dire ou l’assumer parfaitement.

« J’aimerais… J’aimerais reprendre des études en psychologie. Je veux pouvoir aider les gens à ma manière… Je sais bien que c’est absurde mais… Mais je voudrais essayer. »

Il savait qu’Alice ne se moquerait pas de lui, ou tout du moins pas en le pensant réellement. Mais il savait aussi qu’elle ne pouvait pas mentir. Fallait-il vraiment qu’il continue dans cette voie ? La jeune fille n’allait pas dissimuler sa pensée quelle qu’elle soit et il prêtait énormément d’importance à son point de vue. Quelle que soit sa réponse il ne lui en voudrait pas. Il attendit donc l’échéance alors qu’ils s’immobilisèrent devant un grand bâtiment.
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Alice Ace
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06.07.16 19:55
Les retrouvailles lui laissaient un souffle d'impression qu'elle manque de temps, comme si on le lui avait rendu pour lui reprendre seulement quelques heures après. Une impression qui la poussait à profiter de son contact, à apprécier sentir sa tête sur son épaule, ses cheveux qui lui chatouillent le nez. Une angoisse de le voir disparaître fait pousser des ombres dans l'émeraude de ses yeux, qu'elle chasse en se focalisant sur tout ce qui lui avait manqué, sa façon de parler, son caractère légèrement inconscient mais profondément bienveillant, son sourire à toute épreuve, sa façon d'avancer. Elle soupire de soulagement et lui adresse un sourire plein lorsqu'il lui attrape la main et pose les mots justes qui finissent de l'apaiser, même sans le savoir, comme il l'a toujours fait, encore une chose dont elle a cruellement manqué ces derniers temps. Elle se sent entière avec cette main dans la sienne, et elle prend de nouveau conscience de l'immense part d'elle même dont elle avait été amputée lorsqu'il avait disparu de sa vue et de sa vie et en le guidant vers son appartement étudiant elle semble redécouvrir son environnement même. Alice ne regarde pas les choses de la même façon lorsqu'elle est avec Shane, comme si tout se métamorphosait autour d'elle, ce qui n'est pas difficile étant donné qu'il y a à peine quelques heures elle ne prêtait absolument pas attention à ce qui l'entourait.

Elle resserre sa petite main autour de celle, si chaude, de Shane, passant dans les rues à un rythme de croisière, devant un immeuble qui avait jadis accueilli une porte cochère, jusqu'à prendre le train pour arriver au campus où elle s'arrête quelques instants pour le regarder, se remplir de sa présence et froncer des sourcils en le voyant regarder une étudiante en souriant. Ah, elle découvrait un autre aspect de sa personnalité, elle était jalouse, même si elle ne lui dit pas forcément, se contentant de resserrer ses doigts autour des siens comme pour le rappeler à elle possessivement. Rapidement obnubilée par ce qu'il avait à lui dire, plantant ses yeux dans les siens. Un grand sourire enthousiaste à l'annonce de ce qu'il voulait faire, elle était profondément heureuse de le voir se projeter, de retrouver cet élan de positivisme qu'elle aime tant chez lui.

- Mais c'est génial Shane !

Elle l'écouta religieusement exposer ses plans d'avenir et son enthousiasme ne fit que grandir malgré une petite inquiétude. Elle avait pleinement confiance en lui et savait qu'il réussirait tout ce qu'il entreprendrait avec un cœur honnête et travailleur. Elle sourit plus tendrement, ça lui ressemblait tellement de vouloir aider les gens, et elle s’attendrissait d'ailleurs de voir ce parrallèle entre eux, elle aidait les gens physiquement et lui les aiderait mentalement.

- Tu vas soigner les cerveaux et moi les bobos !

Une pointe de malice et de légèreté même si elle savait qu'elle allait lui exposer le fond de sa pensée, et elle savait qu'il savait aussi, qu'elle lui donnerait son avis sincèrement sans rien lui dissimuler.

- Mais je pense que tu vas devoir faire preuve de beaucoup d'efforts, la psychologie c'est très difficile, je sais que tu y arriveras, que tu t'en donneras les moyens et honnêtement je m'inquiète un peu en t'imaginant partir en vadrouille avec tes patients pour régler leurs problèmes.

Elle serre encore un peu sa main, lui signifiant même physiquement son soutien en arrivant devant son immeuble où elle sortit de sa main libre son trousseau de clefs pour ouvrir la porte du bas.

- Cependant je crois en toi, et je te soutiendrai toujours dans ce que tu veux faire, et puis... Il faut avouer que ça te correspond bien !

La fin des escaliers, déjà, l'avantage d'être au premier étage et juste le temps de s'inquiéter de savoir si elle avait rangé le temps d'ouvrir la porte. Après tout elle n'avait jamais été quelqu'un de très enclin au bazar donc elle n'était pas trop inquiète non plus. Elle s'effaça à l'entrée pour le laisser passer et découvrir la pièce qui servait de salon-cuisine et ses deux portes donnant sur sa chambre et la salle de bain sommairement décorés, tout dans le fonctionnel.


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Shane Treazler
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27.09.16 9:23
Il se trouvait bête d’avoir seulement hésité à entendre ce que lui disait la jeune fille. Au fond, il savait qu’elle lui faisait une confiance aveugle, et que certaines vérités n’étaient pas universelles. Que c’était une notion qui était relative compte tenu de l’individu qui la prononçait. Et il savait qu’Alice tenait à lui. Pas par prétention. Pas par égocentrisme. Non. Simplement parce qu’il savait comment lui aurait réagi vis-à-vis d’elle. Et que rien ne pouvait être plus vrai pour lui qu’elle serait capable de tout accomplir. Elle était bien plus forte que ne laissait transparaitre sa fragile apparence. Probablement plus que lui. Et pourtant il ne la jalousait pas. Au contraire. Il était bien plus fier d’elle et heureux qu’elle soit ainsi. Parce que de cette manière, il serait difficile pour elle de se blesser ou lâcher prise sans se battre. Et il serait toujours là pour la seconder.

L’inverse était vrai. Et c’est pour cette raison qu’il écouta sagement les conseils sur la psychologie. Il n’était pas que sot. Il connaissait les risques, il se doutait de la difficulté de la tâche, et il s’y était résolu. Il ne s’imaginait pas vadrouiller à ce point, cependant il n’écartait pas une chose. Il n’allait pas être un psychologue comme tous ceux que l’on pouvait voir. L’un de ces individus peu communs aux méthodes non orthodoxes. Son désir d’aider dépassait de loin celui de simplement écouter. Et en un sens, ça allait être la chose la plus difficile pour lui à braver. Parce que certaines personnes avaient juste besoin du silence. Pas de conseils, pas de murmures. Seul un silence religieux. Et il allait devoir distinguer ce genre de personnes et adapter son comportement en fonction.

Aussi, lorsque la jeune fille lui affirma que cela lui correspondait bien, il se sentit libéré d’un poids. Et lorsqu’elle lui serra la main, tous ses doutes s’envolèrent. À présent, rien ne pourrait le détourner de sa voie. Il grimpa les marches derrière sa copine – dieu que c’était étrange de pouvoir la qualifier ainsi – et se stoppa devant un petit appartement. Curieux de comprendre pourquoi il pouvait ressentir une certaine tension émaner de la jeune fille, il la vit ouvrir la porte pour découvrir ce qui pourrait s’avérer son nouveau chez lui… À condition bien entendu que les locataires soient d’accord et qu’ils permettent à un squatteur de s’installer sans trop de conditions. Mais nul doute que si lui ne voulait pas déranger, Alice elle risquait de se battre pour qu’on le laisse rester chez elle. Et nul doute qu’en plus elle l’emporterait…

Shane, lâchant pour la première fois depuis longtemps la main d’Alice, fit un petit tour du mobilier découvrant comment la jeune femme voyait un environnement sain. Parce que vivre à même la nature était une expérience. Mais qu’il s’agissait également de la première fois qu’il pouvait l’observer en pleine civilisation. Et quelle civilisation d’ailleurs, puisque la verdure se raréfiait. Raison pour laquelle il l’avait retrouvée en un sens.

« Alors c’est là que tu vis, hein ? »

Il se tourna vers elle. Un sourire moqueur sur le visage.

« C’est coquet… La décoration a dû t’accaparer tout ton temps. C’est à peine si l’on n’y décèle pas la princesse enfouie en toi. »

Enfin… Ce n’était pas parce que l’appartement était pauvre de signes distinctifs qu’il n’avait pour autant aucune personnalité. En effet, l’absence de tout cet aspect visuel montrait également le tempérament de la jeune fille. Et notamment l’importance qu’elle attachait à son environnement. Par exemple, cela aurait permis à n’importe qui de comprendre qu’Alice n’était pas le genre de personne à juger un livre à sa couverture. Au contraire. Elle attachait bien plus d’importance au cœur de celui-ci. De même qu’avec les individus d’ailleurs. Ce qui expliquait également le pouvoir dont elle avait hérité. Shane s’attendrit cependant. L’espace de quelques instants.

« Tu as réussi à sauver quelques souvenirs de notre époque ? Des choses que tu souhaiterais ne pas oublier ? »

Ce n’était pas ici une nécessité. Au contraire. Il y avait deux façons de voir la chose. La présence de souvenirs pouvait signifier l’incapacité de tourner la page. D’oublier. Mais oublier avait aussi un aspect négatif. Parce qu’il était des choses qui ne méritaient pas d’être oubliée. Des choses dont lui voulait se souvenir, allant des personnes qu’il avait rencontré aux aléas qu’il avait vécu. Tout cela faisait de lui qui il était. Alors comment aurait-il pu regretter le moindre de ces aspects ? Les souvenirs avaient ce pouvoir. Celui de forger l’expérience et de permettre d’avancer sur de nouveaux chemins. Et en cet instant, il ne voulait être nulle part ailleurs qu’avec Alice. Il s’approcha à nouveau doucement d’elle pour l’enserrer dans ces bras. À croire que le simple fait d’avoir lâché sa main quelques minutes à peine avait creusé un gouffre en lui qu’il avait besoin de combler.

« Désolé… C’est que ça va commencer à devenir une sale habitude. Promis, je ferai en sorte que ça ne dure pas. »

Il ajouta quelques mots, un peu gêné.

« Tu crois qu’on me laisserait vivre ici ? Tu te doutes que je ne veux pas te déranger bien sûr. Mais, à propos de sale habitude… Disons que je me suis habitué à vivre avec toi et que… »

Comment ne pas faire sonner ça comme une excuse.

« … Enfin tu vois ce que je veux dire ! Bon… Par contre si oui il faudra probablement que j’aille m’acheter un duvet et tu risques de te sentir serré… »
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Alice Ace
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24.11.16 22:14
Elle se sentait nerveuse en le regardant faire l'état des lieux, à la fois contente de le voir s'encrer dans ce qui avait été si difficilement sa réalité, et à la fois terrifiée de ce qu'il pourrait penser de l'endroit où elle vivait, ce que cet appartement pouvait dire d'elle, même s'il la connaissait déjà toute entière. Elle repensait à son projet et bien qu'un peu inquiète elle rayonnait de fierté, comme si la décision qu'il avait prise avait été sa propre volonté. Elle aimait particulièrement le voir évoluer, le voir prendre ses décisions et lui en faire part. Peut être que ça changeait du futur coincé dans une fuite sans fin qui était le leur il a ce qui lui semblait hier et qui était déjà si loin. Ses pupilles absinthe le suivaient sans le lâcher d'une seconde tandis qu'il faisait le tour du propriétaire alors qu'elle appuyait son dos contre la porte désormais fermée, acquiesçant du chef à l'affirmation du garçon, oui c'était bien là que la vieille encore elle se roulait en boule en attendant le matin. Tout avait changé si vite dans la perception qu'elle avait des choses que ça lui donnait un peu le vertige.

Elle haussait les épaules en s'avançant vers la salle de bain, le temps de lui laisser le temps de tout regarder avant de revenir avec une serviette à la main sans oser trop s'avancer et à nouveau investir son espace personnel. Elle lui tira la langue avant de faire une fausse révérence en l'honneur de la princesse en elle qui n'était pas apparue depuis ses onze ans. La seule touche de décoration dans cet appartement étaient les plantes disséminées ça et là et qu'elle arrosait précieusement, ajoutant des touches de verdure aux quatre coins des pièces.
Alice s'arrêta à l'allusion des souvenirs qu'elle aurait réussi à garder de leur ancien temps. Elle en avait un peu, qu'elle avait enfoui dans le fin fond d'une armoire du salon sans oser y toucher depuis bien longtemps.

- J'en ai, mais... Disons que depuis qu'on a été... séparés. Je. Je n'ai pas trop regardé.

Elle voulait lui montrer et même lui donner quelque chose, mais elle ne savait pas trop comme s'y prendre ni comment ne pas lui faire de peine. Elle hésita et sentit de nouveau son contact qui lui fit tout oublier, elle enfouit son visage dans son cou alors que ses bras le serraient contre elle, s’enivrant de nouveau de son odeur, de sa présence, de son entièreté qui lui avaient tant manqué, murmurant une vague réponse, ses doigts passant à la naissance de ses cheveux sur sa nuque.

- Tu peux la garder cette habitude, elle me plaît bien et si tu arrêtais je crois que je m'en plaindrai.

Un doux sourire aux lèvres elle finit par plonger son regard dans le sien, comme à leur habitude. Elle était sérieuse et en même temps elle appréhendait un peu, de lui faire mal. Alors elle posa ses mains sur ses joues, restant aussi proche de Shane qu'elle le pouvait.

- Quand tu m'as demandé si j'avais gardé quelque chose... Justement. Je crois que je peux te montrer un objet que j'emportais toujours avec moi, au cas où... Tu sais, au cas où je ne reviendrai pas.

Elle se dirigea un peu comme un automate vers le fameux placard aux souvenirs d'où elle sortit un sac en bandoulière, celui qu'elle avait toujours avec elle quand elle sortait, avant. Sur le dessus il y avait posé son grand pull vert à capuche qu'elle portait le jour de leur "bond" et un autre un peu plus ancien, noir, qu'il avait aussi bien porté qu'elle. Le premier pull qu'elle lui avait prêté et qu'elle avait dans son sac ce jour là, au cas où ils se feraient repérer et devaient changer d'apparence. Mais même s'ils partageaient ce souvenir ce n'était pas ce qu'elle voulait lui donner. De la poche intérieure avant elle sortit un portefeuille un peu usé qu'elle trimbalait partout avant de se retrouver dans le nouveau Madison, avant que ça lui fasse trop mal de l'avoir tout le temps avec elle.

Elle le serra fort dans sa paume avant d'aller s'asseoir sur le canapé, l'invitant à faire de même, l'écoutant au passage, un sourire aux lèvres et des rires plein les yeux, ses justifications plus ou moins poussées au fur et à mesure de son discours l'amusaient, la tête penchée sur le côté.

- Shane, écoute moi. Oui on te laissera vivre ici, et puis tu me connais ce n'est vraiment pas une option et puis, parlant de mauvaise habitude... Je ne crois pas vraiment réussir à vivre sans toi non plus.

La tête qu'elle fit à la suite de ses réflexions n'avait sûrement pas de prix. Un mélange de "mais qu'est ce qu'il me raconte encore là" et de "est-il sérieux" s'affichait sur sa frimousse ébahie. Elle devait réellement lui expliquer ? Ou alors c'est qu'il désirait à tout prix dormir dans un duvet mais elle ne comprenait, pour une fois, pas tout ce qui lui passaient à l'esprit. Elle passa une main dans ses cheveux, un peu gênée.

- Euh. C'est à dire que si tu y tiens on peut aller t'acheter un duvet mais. Euh. Enfin.

Pause. Alice ne savait absolument pas comment lui expliquer à quoi elle avait songé. Disons que naturellement elle ne s'était absolument pas posé la question non plus. Et comme à l'habitude elle préféra tourner la chose en question plutôt que d'affirmer qu'il pouvait le faire.

- Hm. Ça te dérange de dormir, euh. Avec moi ?

Elle était totalement, totalement rouge, et gênée, et elle avait chaud. Les yeux fixés sur le portefeuille dans ses mains elle se tortillait sur le canapé sans oser trop le regarder. Se raclant la gorge elle lui tendit, l'invitant à regarder à l'intérieur.
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Shane Treazler
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10.01.17 18:55
En un sens, lorsque Shane avait appris qu’Alice n’avait pas « trop regardé » ses souvenirs, il avait été légèrement surpris. Parce qu’à supposer que la jeune fille avait tout perdu, lui compris, il avait pensé qu’elle se reposerait entièrement sur ces objets la liant avec l’ancienne époque. Non pas qu’il doutait de sa capacité à tourner la page – tôt ou tard, Alice étant ce qu’elle était, elle serait tombée sur quelqu’un qui lui aurait tendu la main et elle aurait continué d’avancer, parce que ce n’était pas la première épreuve qu’elle bravait avec brio – mais il s’agissait du meilleur moyen pour se réfugier d’une rude épreuve. Il y avait deux possibilités. Soit il était bien trop douloureux pour la jeune fille de se rappeler ce qu’elle avait vécu et perdu, soit elle avait déjà commencé à regarder son avenir, oubliant ainsi tout ce qui pourrait l’assombrir. Mais la connaissant, il s’agissait probablement de la première réponse…

C’est peut-être ce qui l’avait poussé à la prendre dans ses bras peu de temps après. Parce qu’il avait ressenti ce pincement au cœur lorsqu’elle lui avait répondu, qu’il avait partagé sa douleur et qu’il ne voulait pas que la jeune fille y songe trop. Qu’il était là à présent et qu’elle n’avait plus à avoir de peine, qu’elle pouvait se reposer, qu’elle avait été forte, mais que cette fois c’était terminé. Cependant, même si Alice l’encouragea en lui affirmant qu’il pouvait continuer d’agir comme il le faisait, se blottir contre elle ne devait pas devenir une habitude. Parce que dépassé un stade, il se serait trouvé étouffant, qu’il aurait craint de lui imposer ses bras, qu’il ne voulait pas qu’elle puisse s’en lasser trop vite. Craintes infondées, il le savait, mais qu’il ne pouvait s’empêcher de ressentir. Pour cette fois, il n’allait pas trop se poser de questions, mais cela ne voulait pas dire qu’il ne devrait jamais s’en poser.

Et puis, il sentit les mains se poser sur ses joues. Ses réflexions s’envolèrent et son regard fut absorbé par sa compagne. Comme si elle parvenait à éteindre la bouillote qui lui servait de cerveau d’un simple geste. Et puis, elle le quitta, partit vers son placard. Il ne voulait pas l’espionner, mais comment regarder ailleurs quand elle avait tant attiré son attention. Fallait-il qu’il se force à tourner la tête ? Avait-elle seulement envie qu’il la tourne ? Se sentait-elle épié ? Quoi qu’il en soit, Shane ne parvenait pas à s’en détacher. Alors il reconnut ce sac qu’elle avait porté en permanence. Et puis deux pulls, qui datait de loin, très loin. Le portefeuille en revanche, il ne l’avait que rarement vu. Il ne s’en souvenait même pas. Était-ce ça qu’elle voulait lui montrer ? Est-ce qu’il avait perdu la mémoire d’une quelconque façon ? Avait¬-il oublié quelque chose d’essentiel ? Quelque chose qui avait de l’importance pour la petite blonde ? Shane l’appréhendait, cela devait se voir sur son visage, comme s’il s’excusait par avance. Mais au lieu de lui en vouloir, la jeune femme lui fit signe de venir s’asseoir auprès d’elle sur le canapé. C’est donc tout naturellement que le jeune garçon vint s’asseoir. Il perdit un sourire lorsqu’elle lui confirma qu’il pouvait rester vivre avec elle, qui s’accentua lorsqu’elle lui parla de mauvaise habitude. Combien de temps avait-il fallu pour qu’ils se lient ainsi ? Quelques jours ? Quelques semaines peut-être ? Mais rapidement, l’un et l’autre s’était retrouvé ensemble. Et avant que l’un des deux ne s’en rende compte, ils étaient déjà dépendant de cette présence sans laquelle ils se sentaient vides.

Il sentit alors la fille à côté de lui se tortiller. Une sorte de gêne s’était installée chez elle. Gêne qu’il ne comprît pas immédiatement à dire vrai. Pourquoi s’acheter un duvet s’il y tenait ? N’avaient-ils pas toujours vécu comme ça tous les deux ? Et puis pourquoi autant d’hésitation ? Racheter un sommier, ça restait tout de même cher pour un étudiant. Ah ! Il était vrai qu’il avait oublié qu’il allait lui falloir un coussin aussi. Après tout pour dormir confortablement il fallait… La jeune femme acheva sa seconde phrase. Le cerveau de Shane de son côté s’éteignit. Comme s’il avait du faire face à un coup de jus un peu trop soudain. Son regard fixa le vide et resta quelques secondes ainsi. Puis, une étincelle se ralluma, et puis la machine repartit. Probablement trop vite. Son cœur rata un battement, puis deux, puis, se rendant compte du retard, éclata littéralement dans sa poitrine. Le garçon devint écarlate en réalisant tout ce qu’il avait manqué. Il serra fort son jean avant de prononcer d’une voix indistincte fixant le sol devant lui.

« Oui bien sûr ! Ce serait un honneur ! Pardon ! Ce serait une joie avec plaisir ! Je veux dire… Je pourrais… ? On fera ça ! »

La honte grandissait en lui. Autant pour ne pas y avoir pensé plus tôt, mais également pour avoir provoqué une telle gêne chez sa compagne. Et encore plus pour le discours ridicule qui en avait résulté. Aussi, il sursauta en entendant le raclement de gorge à côté de lui. Cependant, il saisit d’une main toujours tremblante le portefeuille qui lui était tendu. Le regardant de plus près, il ne le reconnaissait décidément pas. Mais, avant qu’il ne pose la question à Alice, il vit le signe qu’elle lui fit pour qu’il jette un coup d’œil à l’intérieur. Alors, précautionneusement, il l’ouvrit. Il n’osait pas trop fouiller à dire vrai, mais il n’eut pas besoin d’observer avec minutie pour comprendre ce que la jeune fille voulait qu’il voit. Sa main s’arrêta de trembler et sa honte précédente s’envola. Là, maintenu par de petites lanières de cuir, se trouvait une photo. Mais pas n’importe laquelle. Une photo qu’il n’aurait jamais soupçonné qu’elle puisse avoir pris. Une photo que lui avait laissé loin derrière lui. Une photo qui s’était trouvé quelques siècles plus tôt dans son appartement, bien à l’abri dans un cadre. Une image qui le représentait lui, ainsi que sa famille. Son père, sa mère et puis ses deux sœurs. Tous souriant. Alors Shane sentit son cœur se serrer, une fois de plus. Sa gorge s’encombra et il se sentit soudain extrêmement lourd. Enfin, il sentit avant de réaliser une larme de crocodile lui couler le long de la joue. Cela le ramena sur terre et il passa son avant-bras devant ses yeux. Laissant échapper un sanglot – pour tout de même soulager son cœur et sa gorge. Il les frotta vivement. Il ne voulait plus pleurer. Il voulait pouvoir vivre sa vie comme eux avaient vécu la leur. Même si cela signifiait qu’ils ne pouvaient se voir. Après tout, même si ce n’était pas au même moment, il pensait à eux, autant qu’eux avaient pu penser à lui. Et il le ferait dorénavant avec le sourire.

« …Merci Alice. »

Il ne savait pas trop comment la jeune fille avait fait pour ramener cette photo, mais il ressentit une grande reconnaissance envers elle. Plus qu’il n’en avait jamais ressenti jusqu’à présent. Même s’il cachait ses yeux sous la touffe qui lui servait de cheveux, profitant de leur longueur pour une fois, il grimaça un sourire partagé entre joie et tristesse. Profitant d’un moment de répit, il replaça lentement la photo dans le portefeuille. Elle y resterait jusqu’au jour où il aurait un cadre pour la placer. La regardant une dernière fois, il s’adressa à sa famille en silence. Papa, maman, vous pouvez être fier de moi… Comme vous, j’ai trouvé la personne avec laquelle je ferai ma vie… Quant à vous deux, April, Kathy, je vous promets que je prendrai soin d’elle. Autant que vous avez pris soin de moi. Et puis aussi simplement que ça, il referma le portefeuille pour le rendre à Alice. Se relevant un peu brusquement, il s’étira comme s’il s’était réveillé après un long sommeil. Puis se tourna pour faire face à sa compagne. Une idée mesquine lui traversa l’esprit. Il lui lança un regard sournois.

« Bon… Trop d’émotions, il est temps de dédramatiser la situation ! »

Puis d’un coup, sans crier gare, il se jeta sur la jeune fille pour lui chatouiller les côtes. Alors qu’il entendait de grands éclats de rires, prenant tout de même quelques mauvais coups au passage – les retombés de la perfidie qui l’avait animé, mais le jeu en valait la chandelle – il sentit le corps se tordre pour se replier sur lui-même allongé sur le canapé. Il ne s’arrêta que lorsqu’il se stoppa au-dessus d’elle pour regarder son sourire, un peu forcé certes, mais réel. Alors, regardant les détails de son visage, ses cheveux désordonnés, et surtout ce vert dans ses yeux qui le fixait d’un air mitigé, il se pencha sur elle pour coller son front au sien en fermant les yeux. Il sentait la chaleur qui s’en dégageait, et s’apaisa presque immédiatement. Comme s’il était enfermé dans un cocon protecteur, à l’abri de tout et de rien. A nouveau, depuis qu’il l’avait revu, il perdit la notion du temps, et accessoirement, il ne savait plus s’il l’avait serré dans ses bras, s’il l’avait embrassé de nouveau, ou s’il était resté sans bouger. C’est que cela risquait d’être dangereux. Si à chaque fois qu’il s’approchait d’elle, le temps était absorbé dans un vortex, il allait finir grisonnant avant même de s’en rendre compte. Mais après tout, qui cela dérangeait… Il s’appuya sur ses bras pour se redresser à nouveau. Il était de temps de s’intéresser aux choses qui allaient devenir quotidiennes pour eux deux…

« Dis-moi, tu travailles quand exactement ? Et il faudra que tu m’y emmènes, que je puisse passer te voir à l’occasion ! Tu sais, genre avec des fleurs une fois, dont une dans la bouche. Je lancerai un regard séducteur quasi parfait… Hey ! Ça se trouve je ferai tomber sous le charme toutes tes collègues ! »

On sentait peut-être en un sens qu’il tentait de s’aérer l’esprit. Il ne croyait pas une seule secode à la moitié de ce qu’il disait. En revanche, il était réellement curieux de voir une Alice investie dans sa tâche. En plein milieu de son travail. Voir comment elle s’y prenait, découvrir une nouvelle facette de sa personnalité. Il tût en revanche une pensée qui lui avait traversé l’esprit, à savoir qu’au vu de son adresse et sa chance légendaire, il risquait de venir la voir pour autre chose qu’une visite de courtoisie. Mais non seulement cela n’aurait pas été bienvenu de sa part de l’indiquer, mais en plus, il sentait au fond de lui qu’elle le savait également…
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Alice Ace
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10.02.17 3:09
Elle le couvait des yeux, tout le temps qu'il avait été assis à côté d'elle, n'avait loupé aucune de ses réactions, elle avait même presque bondi, bras protecteurs et abri de fortune quand sa réaction à la vision de la photo était apparue. Il avait été plus rapide, s'en remettant mieux que quiconque, elle se contentait de l'envelopper aussi tendrement qu'elle pouvait de son regard, ça serait le cas un moment encore, cette transmission de tendresse, d'amour, une façon également de se rassurer, de s'assurer qu'il était là, qu'il allait bien, qu'elle ne le faisait pas souffrir. Pour ne pas l'encombrer de trop elle lui disait tout avec ses yeux, combien elle le comprenait mais aussi et ce malgré la douleur qu'il ressentait face à la perte combien elle était heureuse de le retrouver et qu'il vive à cette époque. C'était égoïste elle le savait, au final si on lui avait posé deux choix sur la table, le fait de l'avoir pour elle dans cette époque avec la perte de tous ses proches qui le faisait souffrir ou bien le fait qu'il puisse vivre avec eux, dans leur ancien présent même si ça voulait dire qu'elle aurait eu à supporter cette éternelle solitude et cette vie de morte, alors pour le pur bien-être de celui qu'elle aimait, plus que n'importe qui, elle savait ce qu'elle aurait choisi, ce qu'elle aurait donné ou sacrifié. Mais Alice n'avait pas le pouvoir de retourner dans le temps, elle n'avait pas le pouvoir de lui rendre ce qu'on lui avait pris, elle aurait aimé pouvoir lui permettre de retrouver ce qui semblait si loin, elle aurait tout donné pour pouvoir, au moins une dernière fois, lui offrir la possibilité de retrouver ce qui lui manquerait tout le reste de sa vie, mais Alice ne savait que dire la vérité, elle ne savait qu'imposer la véracité dans le quotidien, et elle se sentait impuissante, elle vivait la perte à vif.

Mais malgré la profondeur de ce qu'elle ressentait tout fût effacé rapidement par deux mains venues se frotter contre ses côtes dans des chatouilles qui la firent immédiatement se tortiller et crier grâce, pieds et genoux dernières barricades contre les assauts perfides de Shane. Elle riait aux éclats, et on pouvait dire sans peine qu'elle n'avait pas autant ri depuis plus de deux-cents ans, et ça faisait du bien, même s'ils lui avaient été soutirés, des larmes d'hilarité dans les yeux. Elle s'étonnait encore et toujours de cette complicité qui s'était nouée si vite entre eux, n'aurait jamais imaginé rencontrer son âme-sœur au détour d'un rayon de supermarché, n'aurait jamais imaginé avoir autant besoin de lui si vite. Mais ils étaient ce qu'ils étaient, il n'y avait pas Alice sans Shane, pas Shane sans Alice et ce qui leur restait resterait dans ce portefeuille le temps qu'ils leur trouvent une place, collés l'un à l'autre, la famille de Shane, le William d'Alice, joues contre joues, pressés les uns contre les autres dans un portefeuille. Cette photo si émouvante pour son compagnon avait été la sienne, celle qu'elle avait glissé là presque en cachette pour l'avoir près d'elle s'il lui arrivait quelque chose, il savait dorénavant qu'elle était à lui, elle lui restituait ce qu'elle lui avait un jour pris. Front contre front elle passait ses bras autour de sa nuque, venant coller son oreille tout contre son cœur, posant la sienne contre son propre organe qui battait un peu fort mais qui transmettait tout ce qu'elle avait à dire.

Elle rit à sa remarque sur son travail, un peu presque jalousement, il blaguait mais bizarrement elle ne voulait pas trop qu'il séduise ses collègues, parce qu'il sous estimait en partie le charme qu'il pouvait avoir, et aussi un peu parce qu'elle voulait le garder pour elle, surtout avec des fleurs. Alors elle lui adressa un sourire en grimace.

- Tu ris mais tu sais Monique de la comptabilité de l'hôpital, bah tu vois tu serais bien son genre alors attention monsieur !

Les gros yeux qui vont avec et tout et tout. Il ne fallait pas risquer qu'il fugue avec une cinquantenaire aux lunettes qui ressemblaient étrangement à celles des années 90, parfois il valait mieux ne pas trop s'interroger sur les tendances. Et elle pensait aussi très exactement à la même chose que lui au même moment, sans le dire, le connaissant il allait s'y retrouver forcément un bon bout de temps, à l'hôpital, même si ce n'était pas à la base pour la voir.

Elle s'était levée du canapé pour aller ranger les affaires, laissant tout de même les deux pulls sortis, maintenant qu'il était là elle pouvait les remettre sans vergogne dans son armoire où elle allait lui faire de la place, ce qui ne serait pas bien difficile vu son manque d'intérêt pour la mode et le peu d'habits qu'elle possédait, se dirigeant vers la salle de bain, attrapant une serviette pour les cheveux humides de son compagnon, qui serait inutile vu qu'ils avaient déjà partiellement séchés, qu'elle frotterait contre sa boîte crânienne avec enthousiasme quand même, un sourire un peu trop prononcé sur sa bouche, un baiser perdu, avant d'aller vers la cuisine.

- Tu as faim, soif, envie d'un thé ou d'un café ? Histoire que je t'explique où se trouvent les choses dans l'endroit où tu vas vivre ?

Et rien que cette phrase prononcée faisait s'envoler des milliers d'oiseaux dans son cœur et de papillons au sein de son estomac,  il était là, elle n'arrivait pas à s'en rendre compte, le corps toujours tourné dans sa direction comme un aimant attiré par son compatriote, il allait vivre avec elle, presque comme avant étant donné le changement de statut de leur relation, deux cents ans plus tôt sur Facebook elle aurait updaté son statut en « en couple avec Shane Treazler » ou quelqu'ait été son pseudonyme. Elle grattait d'un geste absent son épaule, dérangée par une mèche de ses cheveux.

- Tu penses que je devrais aller chez le coiffeur ?

D'ailleurs, il la préférait avec les cheveux longs ou les cheveux courts ?
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Shane Treazler
Shane Treazler
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25.03.18 16:05
A sa réponse, le jeune garçon ne savait pas trop quoi penser. Elle se moquait de lui pas vrai ? Qui que soit cette Monique, non seulement il n’allait pas pouvoir la séduire parce qu’il s’agissait du garçon le moins charismatique de l’univers, mais en plus il n’allait pas s’amuser à faire de la bringue à une collègue alors qu’il était enfin parvenu à rejoindre sa mie. Il ne fallait pas abuser, la frivolité, c’était pour les sans cœurs. Et puis faire de la peine à Alice ? Plutôt se jeter dans une mare aux crocodiles ! Idée assez contradictoire en réalité vu que ça lui ferait de la peine oui… En tous les cas, le petit brun n’allait pas changer son idée première d’aller voir la jeune fille à l’hôpital, mais il allait peut-être devoir réviser un peu la manière et la forme. Après tout, il ne voulait pas non plus qu’elle ait honte d’avoir un petit ami pareil.

Il l’aperçu du coin de l’œil se diriger vers l’armoire pour y faire de la place, avant de la perdre de son champ de vision. Il en profita pour s’égarer dans ses pensées. Parcourant la pièce du regard, il réfléchit vaguement à la situation. Il avait beau de plus en plus être conscient de ce qui commençait à se dessiner pour son avenir, une part de lui continuait à trouver tout ça encore trop beau. Comme si tout était voué à disparaitre d’un simple claquement de doigt. Et en réalité, même si ce n’était pas le cas, Shane avait à présent conscience de certaines choses. De combien le bonheur pouvait être éphémère. De la difficulté qu’il fallait pour le conserver et de la facilité avec laquelle il pouvait s’évanouir. Mais Shane se refusait à s’abandonner à ses pensées sombres. Pour Alice, il ferait tous les efforts nécessaires. Qu’importe leurs difficultés et le nombre de fois qu’il devrait s’adonner à la tâche. Il n’abandonnerait pas, il n’abandonnerait plus.

C’est à ce moment qu’il sentit un poids sur sa tête ainsi que celle-ci secoué de droite à gauche. Ses cheveux se faisait ébouriffer plus encore qu’ils ne l’étaient déjà. Shane ne comprit pas trop ce qui lui arrivait et le temps qu’il réalise ce qui se passait - ou comment l’arracher à ses pensées et à sa détermination en une étape - Alice lui accordait un baiser et se sauvait déjà. Comment, au dieu comment pouvait-il se faire autant remuer, dans tous les sens du terme, en quelques secondes à peine. Heureusement, il n’avait pas été assez déstabilisé pour ne pas entendre la question qui lui avait été posée.

« Je… Euh… Je te prendrais bien un thé alors ? »

Shane se leva pour la rejoindre, la question d’Alice sous-entendant qu’il allait quand même falloir qu’il observe un petit peu les emplacements des différents ustensiles. Il la découvrit alors rêveuse un air joyeux sur le visage. Le garçon se questionna un peu sur la raison pour laquelle elle faisait une tête pareille, mais, au vu du bonheur qui semblait l’illuminer, Shane abandonna rapidement sa réflexion pour laisser un sourire se dessiner sur son propre visage. Comment pouvait-il ne pas être heureux en voyant la personne qu’il aimait aussi radieuse ? Il observa son geste pour replacer ses cheveux avant d’écouter sa nouvelle question. Il se mit à réfléchir, se grattant délicatement le menton, tout en l’observant. Devait-elle aller chez le coiffeur ? Il n’avait pas vraiment pris le temps d’y réfléchir… Il avait le sentiment qu’il aimerait Alice quelque soit la coupe de cheveux qu’elle décide de se faire. Alors pour lui, l’essentiel était qu’elle se sente bien dans sa peau et qu’elle porte ce qu’elle avait envie de porter.

« Ma foi… Si tu me laisses la longueur nécessaire pour que je puisse passer mes doigts dedans moi… Je préfère que tu décides ce que tu veux porter, et également ce qui serait le plus pratique pour toi. Je suppose que si tu avais les cheveux trop longs, ils pourraient te gêner dans ton travail non ? Quoi que tu pourrais les attacher… Non, vraiment je pense que tu es aussi belle cheveux longs que cheveux court. »

Il avait dit ça comme s’il parlait du beau temps. Pas nécessairement sur un ton séducteur, ni sur un ton intéressé. Cela aurait pu s’avérer vexant, comme s’il exprimait un détachement quant à la question, mais en réalité, ce n’était pas le cas. C’était simplement sa manière de parler, de répondre à une question avec sa franchise habituelle. Il n’accordait pas moins d’intérêt à cette question qu’à une autre, mais il n’avait pas un avis tranché sur le sujet. De toute manière, si ça avait été le cas, il aurait suffisamment nuancé son propos pour qu’au final, Alice puisse faire ce qui lui plaisait.

« Ah si, ne te met pas à porte une crête de punk des années 80, c’est tout ce que je te demande. »

Il lui jeta un regard rieur tandis qu’il lui faisait cette réflexion. Il l’imaginait assez mal porter ce genre de coupe, et pourtant, même celle-ci il la lui aurait admise et se serait tu si la concernée lui avait jeté un regard coupable. Par contre, cette fois, cela lui aurait réellement déplu.

Shane observa Alice saisir la boite de thé tandis qu’elle lui répondait. Prenant bien soin de noter l’endroit exact de la bouilloire, des sachets de thé et des tasses. Shane fit signe de lui offrir de l’aide mais se rétracta en voyant la jeune fille la refuser. Après tout, C’était compliqué de préparer du thé à deux. La prochaine fois, c’est lui qui le ferait.

Il s’assit dans sur une chaise, à la table attendant que la petite blonde finisse ses affaires. Il ferait la vaisselle une fois qu’ils auraient terminé. Pendant ce temps il l’interrogea.

« Dis-moi Alice, tu me disais il n’y a pas si longtemps que tu travaillais à l’hôpital, mais tu as réussi à te faire des amis ? Ils ne te paraissent pas un peu curieux les gens de cette époque ? Je veux dire… Parfois j’ai du mal à croire que ça va être simple de se retrouver au milieu de tous ces gens. Avec le retard que l’on a sur eux… Notamment en temps qu’étudiant. Je ne suis pas plus bête qu’un autre, du moins je crois mais… »

Shane y avait réfléchi, il n’appréhendait pas réellement, les choses se passeraient comme elle se passeraient, en temps voulu. Mais ne pas appréhender ne signifiait pas ne pas y penser.

« On viens d’une époque parfaitement différente, un tel écart n’est pas si simple à rattraper. Est-ce que la société actuelle ne nous mettra pas de côté d’une certaine manière ? Enfin… Je pense que c’est aussi à nous de faire l’effort de nous adapter. »

Il s’interrompit une seconde avant de conclure.

« Au moins, cette fois on nous laisse une chance, on ne nous contraint pas à fuir éternellement. Nous pouvons la saisir. Peut-être que je suis un peu en retard sur toi à ce niveau-là d’ailleurs. Mais dans tous les cas, avec toi, je suis sûr que j’arriverais à faire partie de ce nouveau monde. »

Il lui envoya un sourire qu’il voulait rassurant. Il espérait sincèrement qu’elle réussissait à entrer dans ce nouvel environnement.

« Oh, j’y pense, les blessés de cette époque ressemble à ceux qu’on connaissait ? Et qu’en est-il des moyens mis à ta disposition pour les soigner ? Ce n’est pas trop dur à utiliser ? »

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