Le soleil avait commencé gentiment à s'élever dans le ciel, les oiseaux de la ville chantaient pour annoncer la levée d'un nouveau jour, et peu à peu, la ville du Maine sortait des ténèbres de l'aube pour s'activer à son quotidien.
Il était six heures trente du matin, et un homme, tout de noir vêtu, était en pleine course.
A le voir, les rares passants s'interrogeaient et s'imaginaient toute sorte de scénarios possibles.
Tu crois qu'il rentre d'une nuit torride avec sa maîtresse, et qu'il se grouille pour être là au réveil de sa femme ?
Ou bien, c'est sa femme qui le trousse car elle l'a trouvé au lit de sa maîtresse !!
Je comprends pourquoi il court vite alors
Heureusement, le concerné, écouteurs aux oreilles, ne put entendre ce genre de remarques et les rires qui en découlèrent. Il était trop centré sur sa course. Ses muscles le brûlaient, son cœur s'emballait, le sang lui montait dans la gorge, sa transpiration dégoulinait dans le bas de son dos. Mais il ignorait ses désagréments, il en avait trop l'habitude. Il allait finir ses 20 kilomètre, et il était à la cinquante-neuvième minutes. Il se fixait une limite de 3 minutes par kilomètre, aussi, il tenait à finir ses 20 kilomètres à soixante minutes, au maximum. Il n'avait pas le temps de prendre attention aux passants ou à quiconque d'ailleurs.
Mais alors au summum de son effort, au summum de la douleur, sa musique, rock, entraînante, qui lui évoquait toute sorte de souvenirs et lui faisait ressortir ses plus sombres pensées pour le booster, s'interrompit.
Et alors qu'il s'attendait à entendre une autre chanson entraînante, il eut droit à une voix féminine douceâtre qui eut le don de le déstabiliser suffisamment pour ralentir la cadence, sortir son smartphone et gaspiller son énergie à jurer.
"Je t'en foutrais du Let it goo moi !
Mais alors qu'il était presque arrivé à destination, à son point de repère pour signaler la fin des 20 kilomètres, un bip bip retentit, expliquant qu'il était à soixante minutes de course.
Fydelius s'interrompit abruptement, énervé.
"B...ordel ...à fesses...
Epuisé, peinant à retrouver son souffle, il s'appuya contre une rambarde et observa son téléphone. Après quelques minutes, il parvint à retrouver un rythme cardiaque et respiratoire correct. Mais la frustration ne s'arrêta pas pour autant..
"Note à moi-même... ne plus jamais laisser une conquête d'un soir télécharger sa musique, sur mon natel..."
Et le pire dans tout ça, c'était que le peu de la musique du classique de Disney qu'il avait entendu, lui restait inlassablement en tête....
AVENGEDINCHAINS
Judy Thyde
evolve studies
08.07.15 11:46
Un matin comme les autres. Se lever, s’étirer. Un petit café, une tasse pour être précis, s’asseoir, l’ingérer. Prendre la tasse, la placer dans la vaisselle, s’étirer à nouveau, rejoindre la salle de bain, se brosser les dents. Cracher dans l’évier, passer une serviette humide sur son visage, se regarder dans le miroir et se rendre compte en soupirant. Ouais… Aujourd’hui je ne suis pas réveillée… Pourtant, pour une fois dans sa vie, ce n’était pas de la colère que ressentait la jeune scientifique mais un profond sentiment de fatalité. La sensation de n’être qu’un grain de sable dans le désert, une simple bouteille à la mer chahutée au milieu d’une tempête. Même si la femme aurait aimé qu’il en soit autrement, elle n’aurait pas pu de toute manière, n’ayant personne sur qui rejeter quelconque faute. La seule raison qui l’avait poussée à sortir du lit était un réveil qu’elle avait placé dans l’optique de pouvoir remplir un garde-manger vide. Alors elle était là, avachie, perdue, ayant oublié comment se mouvoir. Lorsqu’elle réapprit. Elle tira une chemise de son placard et un jean qu’elle enfila. Trainant la pâte jusqu’à la porte, elle récupéra ses clefs et la referma derrière elle.
Armé d’un sac, elle parcourait à présent les rues, plus comme un zombie que comme un véritable être de chair et de sang. Peu de monde parcourait les avenues, celle-ci étaient relativement vide, surprenant quand on connaissait Madison. Le chemin jusqu’à la superette lui parut interminable. Les bâtiments défilaient si lentement… La verdure lui manquait tellement… Que n’aurait-elle pas donné pour se recoucher un peu plus longtemps… Heureusement pour elle, elle aperçut finalement la façade du bâtiment. Avec un soulagement non dissimulé, elle accéléra le pas. Ce ne fut qu’en parvenant devant les portes que son cœur se vrilla dans sa poitrine. Ses yeux ne voulaient pas croire ce qu’ils voyaient. Fermé ? Mais pour… Aucun panneau ne semblait indiquer une fermeture exceptionnelle, seuls les horaires d’ouverture du magasin indiquaient « 9h-20h ». Alors pourquoi ? D’un seul coup, une légère prise de conscience de ce qu’il se passait. Judy jeta un coup d’œil tremblant à l’écran de son bracelet qu’elle afficha… Six… Six… Six heures trente ?!! La jeune femme eu alors l’impression de se faire lapider en place publique. Chaque pierre représentait l’une des évidences qu’elle n’avait pas décelée. Le manque inhabituel de monde. Le soleil qui se levait tout juste. Le fait qu’elle soit si fatiguée. La fraicheur matinale… Ce foutu réveil avait encore complètement bogué ! Elle avait demandé neuf heure pas… Judy fut prise de vertige et du s’appuyer sur la façade du bâtiment. Le tank de fatigue balançant l’obus du stress avait fait s’effondrer la façade de ses nerfs. La jeune scientifique se sentit vide et sur le point de pleurer, nerf à vif, comme une gamine qu’on aurait privé de goûter. C’est alors qu’elle entendit un hurlement un peu plus loin. Voyant l’homme et ce qu’il tenait dans la main. Elle comprit assez rapidement la situation compte-tenu de ses propos… Avec la même cadence de mort-vivant qui l’avait animé depuis le début de la matinée, elle se dirigea vers lui, petite étoile qui scintillait dans l’obscurité. Arrivée à sa hauteur, elle le regarda exténuée, tendant une petite main vers le smartphone qu’il gardait en main.
« Excusez-moi… Je peux … ? S’il vous plait… ? »
D’un geste las, elle désigna également l’un des écouteurs, et fit signe qu’elle voulait en mettre un dans son oreille.