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"Ce sont les évènements qui commandent aux hommes..." [PV Chaze]
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25.04.15 22:50




Les yeux grands ouverts fixés sur le plafond de sa chambre, Kat écoutait les ronflements paisibles de la chienne étendue à ses côtés. Elle avait pris un somnifère une heure plus tôt mais pas moyen de retrouver le sommeil, le cauchemar la hantait encore. Les cris, les pleurs, le sang qui coule et la douleur, insoutenable. C’était le même cauchemar, toutes les nuits ; les mêmes cachets qu’elle prenait, toutes les nuits, et qui restaient sans effet, toutes les nuits. Elle écarta les couvertures doucement pour ne pas réveiller Kyara, attrapa le paquet de cigarettes qui trônait sur sa table de nuit, la tasse de café froid qui allait avec, et grimpa l’échelle menant au toit, sans un regard pour le réveil qui indiquait cinq heures du matin.

Trois cigarettes et autant de café froid plus tard, Kat claquait la porte de son taudis, Kyara sur ses talons. Le soleil perçait à peine entre les toits gris et la fumée qui s’échappait des égouts, il était presque sept heures et elle avait rendez-vous.
Elle avait reçu le message de sa mère la veille en milieu d’après-midi, un simple sms envoyé sur un téléphone prépayé à l’ancienne, bidouillé par ses soins pour fonctionner sur un réseau clandestin et qui leur permettait de communiquer en cas d’extrême urgence. « Ethan a fait le con. Besoin qu’on lui retire sa puce. RDV demain à l’Endroit. » Pas de « bisous », pas de « je t’aime », encore moins de « tu me manques » ou de « je pense à toi ». Kat n’avait pas pris la peine de répondre, le message n’en attendait de toute façon pas, de réponse.

Sa crinière aux reflets bleutés encore humide commençait à friser sur les tempes et elle devait essuyer de temps à autre une goutte d’eau dans son cou. Elle marcha, longtemps, sans hésiter parce qu’elle connaissait le moindre angle de rue désaffectée par cœur, et finit par pénétrer dans un immeuble, en ruine comme tous les autres. Elle grimpa les escaliers deux à deux jusqu’au troisième étage, tourna sur la droite, sur la gauche, traversa sans un regard une enfilade de pièces toutes semblables et s’arrêta au bout du couloir dans ce qui avait dû être un bureau en d’autre temps.

Ethan leva vers elle son regard candide en écartant d’un mouvement de tête une de ses mèches blondes. La chienne, ayant suivi sa maîtresse, s’approcha de l’inconnu et renifla la semelle jaunie de ses converses vintage, puis recula sans un grognement.
- Salut Kat.
- Salut Ethan.
- Désolé de devoir te retrouver dans ses conditions.
- Pas de souci, ma mère m’a mise au courant. On y va ?
- Ouaip !

L’enthousiasme que démontrait le gamin fit frémir Kathleen mais elle ne s’en étonna pas outre mesure. Il ne savait clairement pas à quoi il jouait et il en avait toujours été ainsi. Ethan était fils unique de parents aisés qui l’avaient toujours gâté plus que de raison, sans doute pour compenser leur absence et les heures qu’ils passaient tous les deux enfermés dans leur laboratoire. Ethan et Kat avait été voisins, à l’époque où Kat habitait encore chez sa mère. L’âge aidant et malgré une certaine incompréhension de la part de Kat, Ethan et sa sœur était devenu inséparables. Jusqu’à ce que tout s’arrête brusquement et que le monde de chacun bascule. Lou était morte et Ethan comme Kat avaient vu leur « don » se déclarer. Kat avait fui, Ethan était resté, se rebellant chaque jour un peu plus contre un système qui l’empêchait de vivre comme il l’entendait. Hier avait manifestement été le jour de trop. Il arborait une ecchymose énorme sur la côté gauche de sa mâchoire, et portait son bras en écharpe.

Ils redescendirent simplement par là où ils étaient arrivés, traversèrent la rue sans un mot et entrèrent dans l’immeuble qui faisait face à celui dont ils venaient de sortir. Au sous-sol se trouvait l’un des deux laboratoires de Kat, celui qu’elle gardait pour les opérations à haut risque, plus exactement celles où les erasers risquaient de débarquer à tout instant, comme aujourd’hui.

- Tiens, prends un verre d’eau, installe-toi là-bas sur le fauteuil. Je reviens.
- Kat ?

L’inquiétude inhabituelle dans la voix du gamin la fit se retourner.
- Oui ?
- Ne me laisse pas tout seul.
- Je ne te laisse pas tout seul, Kyara va rester avec toi. Hein ma belle ?... Je vais juste chercher le type qui doit s’occuper de t’enlever ta puce, d’accord ? Et je reviens dans la foulée, promis.

Ethan ne répondit pas, sa gouaille avait soudain disparu et il ressemblait désormais au gamin perdu qu’il était vraiment. Kat lui pressa la main un instant pour le rassurer et Kyara, compréhensive, vint poser son museau sur les genoux d’Ethan pour quémander une caresse.

Une fois dehors, Kat alluma une cigarette et s’appuya nonchalamment contre l’embrasure de la porte. Elle avait contacté l’association pro-évolve la veille au soir, juste après avoir reçu le message de sa mère et avait indiqué l’heure et l’adresse du rendez-vous. Il ne restait maintenant plus qu’à attendre que le type arrive. Elle tira sur sa clope un peu plus fortement que d’habitude et la fumée racla le fond de sa gorge. Elle étouffa un toussotement et écarta une mèche de cheveux ; les réminiscences d’un passé lointain l’assaillait et elle n’espérait qu’une chose : que le type se dépêche d’arriver… Il avait déjà dix minutes de retard…



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Chaze Ross
Chaze Ross
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06.05.15 18:30
La matinée avait pourtant bien démarré : après un solide petit déjeuner, ses pas l’avaient eux-mêmes conduit jusqu’au lieu du rendez-vous. Lui qui redoutait les jours de congés presque davantage que les erasers, faute de se trouver une occupation, sans lien direct avec son travail ou ses activités illégales, pour passer le temps, voilà qu’il se retrouvait à sortir en galante compagnie. Ce n’était pas la fille de ses rêves, il en avait cruellement conscience mais cette sortie à deux permettrait peut-être de dissiper certaines rumeurs à son sujet. Quoique, dans le fond, il ne s’en préoccupait pas vraiment. Mais s’efforcer de ne pas voir les regards que ses collègues lui lançaient en biais avait fini par l’agacer. Et l’hologramme joliment vêtu d’une jeune femme annonçait que la journée serait ensoleillée. Chaze sortit donc de chez lui, saluant au passage son jeune voisin qui rentrait de soirée et prit naturellement la direction du centre commercial. Pourquoi ce choix pour un premier rendez-vous ? Certains hommes auraient de loin privilégié un espace vert ou même un grand restaurant ! Le scientifique n’était pas radin, pas plus qu’il n’était fauché cependant, il se connaissait bien, incapable de tenir une longue conversation avec une personne du sexe opposé sans que cette dernière ne se sente obligée de lui jeter le contenu de son verre dans la figure… Alors le centre commercial pour l’accompagner à une séance shopping, histoire de l’occuper, c’était parfait à ses yeux ! Et puis les femmes aimaient les hommes capables de leur offrir des cadeaux à la hauteur de leurs sentiments non ? De quoi elle allait se plaindre ? Oui sauf que voilà, rien ne se passa comme prévu. Peu de temps après qu’il eut rejoint la jeune femme en question, la sonnerie de son portable sonna soudain, le faisant sursauter dans le même temps. S’excusant brièvement auprès d’elle, Chaze décrocha sans réfléchir. Vu les circonstances de sa dernière opération clandestine, peut-être était-ce simplement la police qui le rappelait suite à sa déposition ? Se faire agresser par un prétendu eraser ne resterait pas longtemps inconnu du grand public, autant compliquer la tâche au type de l’autre fois en faisant le premier pas. Bon, cela n’avait pas empêché l’intéressé de le menacer à la vue de tous et devant ses collègues mais au moins, les forces de l’ordre étaient au courant de l’accident. Grâce à quelques coups de main en matière d’imagination et d’alibis, il était parvenu à s’en sortir sans trop de problèmes, gardant toutefois en tête que cette affaire était loin d’être terminée. Peut-être qu’il devrait engager Varig pour assassiner ce sale type ?...

« … C’est toi June ? » fit une voix masculine à l’autre bout.

« Qui veux-tu que ce soit ? »

« J’ai essayé de te joindre hier, tu ne répondais pas. »

« Et tu t’es inquiété pour moi ? Tu es mignon Leons~ »

« Te fous pas de moi bordel ! »

« Calmos, mon portable n’avait plus de batterie, j’ai oublié de le recharger, c’est tout. Alors ? »

« Je vois. Tu n’as aucune idée du pourquoi je t’appelle ? »

Malgré la légère déformation sonore et les bruits alentours, le scientifique percevait clairement le début d’agacement chez son interlocuteur. Il n’eut pas besoin de faire marcher ses neurones trop longtemps. Tout d’abord, parce qu’il avait un mauvais pressentiment quant à cet appel soudain. Pour que Leon le contacte directement, ce ne pouvait être que pour une seule chose et l’intéressé n’était pas du genre à l’appeler pour simplement bavarder. De surcroît, il prétendait avoir déjà tenté de le joindre la veille au soir… Enfin, son interlocuteur ne lui fournit pas le loisir de méditer plus longtemps sur la question qu’il reprenait déjà, coupant court aux réflexions intérieures de Chaze. Il lui expliqua rapidement la situation. Apparemment, il s’agissait d’une urgence. Un gosse avait déconné et maintenant il devait disparaître, cela incluant une nouvelle opération clandestine visant à lui ôter sa puce.

« Dès que j’ai l’adresse exacte de votre lieu de rendez-vous je te l’envoie par sms avec l’heure. » conclut Leon avec détachement.

« Quoi ?! C’est pour aujourd’hui ? »

« T’écoutes pas quand on te parle ?! C’est une urgence mec, ur-gen-ce ! »

« C’est bon, c’est bon… Mais attends… Je ne suis pas chez moi et… »

Cette fois, un soupir se fit clairement entendre à l’autre bout du fil et le scientifique sentit lui aussi un début d’irritation le gagner. Encore plus quand la suite lui parvint :

« Depuis quand tu as une vie sociale toi ?... Bon, Elena te retrouvera sur place avec de quoi opérer le gosse. »

C’était sa manière à lui de clore la conversation. Tout avait été dit, il ne lui restait plus qu’à obéir. De toute façon, il n’avait pas l’intention de laisser le gamin dans la merde. S’il avait les couilles de s’opposer à ce régime malgré son jeune âge, lui était capable de continuer à prendre des risques pour sauver des vies éprises de liberté. Ce ne fut que lorsqu’il raccrocha et que son regard se posa par inadvertance sur la jeune femme non loin de lui, que Chaze se rendit compte d’un autre problème à résoudre. Qu’allait-il pouvoir dire à cette créature de rêves ? Il était encore tôt et elle le harcelait depuis des semaines pour qu’il prenne un jour de congés… Cela s’annonçait tendu. Au début, il se contenta de sourire, bêtement, histoire d’avoir l’air normal. Malheureusement, en dépit de ses efforts pour être de bonne compagnie, il ne pouvait s’empêcher de jeter de fréquents coups d’œil à son téléphone. Toujours pas de sms de la part de son complice. Pour une situation d’urgence, cela prenait trop de temps à son goût…

« Qu’est-ce que tu penses de moi Chaze ? »

« Hein ? »

Bruit de buzzer. Mauvaise réponse. Et il le comprit en croisant le regard de son interlocutrice. Pris au dépourvu, le scientifique commença par se racler la gorge, cherchant ses mots avec soin, malgré ce qui préoccupait son esprit à l’heure actuelle. D’autant plus que le temps lui était compté…

« Euh… C’est un peu soudain, je… Tu es gentille et… »

« Mais je ne te plais pas assez c’est ça ? » attaqua aussitôt la jeune femme.

Impitoyable. Les femmes savaient vraiment se montrer sans pitié dans ce genre de situation. Chaze déglutit lentement. S’était-elle aperçue de ses fréquents coups d’œil en direction de son portable ? Pensait-elle qu’il s’ennuyait avec elle ? Bon ok, ce n’était pas tellement éloigné de la vérité mais… C’est le moment que choisit son portable pour vibrer sans sa poche. L’instant d’après, un voyant lumineux traversait le tissu de son pantalon pour laisser apparaître un petit message clignotant, l’avertissant qu’il venait de recevoir non pas un sms mais bien un mms. Sans réfléchir, il plongea la main dans la poche de son pantalon et consulta son portable. C’était bien Leon l’expéditeur et les premières lignes laissaient deviner qu’il s’agissait d’une adresse. Le scientifique fut rassuré et releva les yeux en direction de son interlocutrice…juste à temps pour recevoir son thé glacé dans la figure. L’incident n’échappa pas à l’attention des passants et plusieurs d’entre eux s’arrêtèrent pour les dévisager, d’abord surpris puis amusés. Quant à Chaze, il ne bougeait plus. Dire qu’il avait essayé de faire des efforts pour éviter que cette situation ne se reproduise… Il essuya les insultes de la jeune femme, tantôt penaud, tantôt indifférent pour finir par la regarder s’éloigner en sens inverse. Il lui avait payé cette boisson en prévision de cette journée ensoleillée en plus… Peut-être devait-il arrêter de tendre le bâton pour mieux se faire battre ?... Ignorant les regards curieux des badauds autour de lui, le scientifique soupira avant de reporter son attention sur la petite machine. Il consulta le mms dans sa totalité. Par chance, l’adresse indiquée n’était pas très loin de l’endroit où il se trouvait. Il pourrait s’y rendre en marchant, afin d’éviter de prendre les transports en commun dans cette tenue. Comme convenu, il se rendit au point de rendez-vous pour y trouver Elena, laquelle s’étonna de son état.

« Un problème ? »

« Je ne pense pas. »

Elle qui d’ordinaire, donnait l’impression d’être indifférente à tout, cela lui fit plaisir qu’elle lui pose cette question, même si celle-ci se résumait seulement à deux mots. Elena parut un peu perplexe quant à sa réponse mais elle n’ajouta rien. La petite crise de la jeune femme de toute l’heure l’avait suffisamment mis en retard pour l’empêcher de chercher à en savoir davantage. En effet, au fur et à mesure qu’ils approchaient du bâtiment en ruines, une silhouette se découpait à travers les rayons du soleil. Elle semblait avoir son âge environ mais les apparences se révélaient parfois –souvent même- trompeuses. Ce fut Elena qui engagea la conversation, vue l’allure de son complice et le fait qu’ils soient en retard, ce qui était en droit d’irriter, si ce n’est rendre nerveuse leur interlocutrice.

« Bonjour. Nous sommes là suite à votre Requête. »

L’intonation de chaque mot était soignée pour que le message passe le plus rapidement possible dans l’esprit de l’inconnue et ce, sans erreur d’interprétation. Elle ne pouvait pas non plus dire de vive voix qu’ils venaient pour ôter la puce d’un evolve, pratique illégale en soi mais à en juger par la petite mallette qu’elle portait, cela constituait suffisamment d’indices pour que son interlocutrice, au courant de l’opération, puisse les accueillir. Chaze s’étonnait toujours autant de la maîtrise dont pouvait faire preuve sa complice et surtout, comment elle avait deviné au premier coup d’œil qu’il s’agissait de leur contact sur place. S’il avait été en mesure de lui poser la question, elle lui aurait certainement répondu un modeste « Question d’habitude. ». Un court échange s’ensuivit avant qu’ils ne soient autorisés à suivre la jeune femme à l’intérieur. Cette dernière semblait se repérer avec une déconcertante facilité alors que le scientifique se surprit à la remercier mentalement de les avoir guettés à l’entrée du bâtiment, plutôt que de leur avoir donné rendez-vous directement à l’intérieur. Il était encore en train de chercher à se repérer à l’intérieur, en notant l’emplacement d’une fissure ou d’une tâche sur les murs quand le trio déboucha sur une salle plutôt inhabituelle dans ce genre d’endroit insalubre : un laboratoire clandestin. Chaze en avait déjà vu auparavant, pour faire ce travail depuis quelques années déjà mais il était impressionné à chaque fois.

« La vache. Vous avez l’air d’avoir tout ce qu’il vous faut ici, pourquoi faire appel à nous ? »

Cette question, en apparence anodine, lui valut un regard noir de la part d’Elena. Visiblement, elle la trouvait déplacée. Personne ne les contactait par plaisir, il s’agissait davantage d’evolves désespérés ou d’individus dans le besoin… Alors si cette femme les avait contactés, c’était pour une raison très précise. Elle choisit donc de couper court à ce début de conversation inutile à ses yeux :

« C’est ce garçon ? » demanda-t-elle en fixant la quatrième personne se trouvant dans la pièce, sur laquelle se portèrent aussitôt les regards.
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07.05.15 2:48




Kathleen jeta son mégot dès qu’elle vit les deux silhouettes apparaître et porta machinalement la main à sa ceinture, là où elle conservait toujours un vieux taser. L’expérience lui avait démontrée à plusieurs reprises qu’on n’était jamais trop prudent, surtout dans ce genre de quartier. D’habitude Kyara lui suffisait à éloigner les esprits malveillants, du moins ceux auxquels elle pouvait être confrontée éveillée, mais Kyara était avec le gamin. Mieux valait donc remédier aux méthodes plus traditionnelles.

En réalité, lorsque les deux inconnus s’approchèrent de plus près, Kathleen ne put retenir un petit sourire perplexe en voyant la chemise trempée de son vis-à-vis. Au moins, il avait réussi à la dérider quelques instants, et ce malgré son retard. Elle allait ouvrir la bouche mais la femme lui coupa l’herbe sous le pied. Il formait un drôle de couple. Elle, le visage fermé et glacial, pas un sourire, pas un mot de trop, professionnelle à outrance et lui, comment dire… Incongru ? « Incongrueusement » à l’opposé plutôt.

- Bonjour. Nous sommes là suite à votre Requête.
- Hmm. Je suppose. Même si l’on m’avait dit que vous étiez plutôt du genre ponctuels : vous avez un quart d’heure de retard.
- Nous avons connu un petit… contretemps.
- Si vous le dites. Allons-y, le temps presse.


Kathleen leur fit signe de la suivre et s’enfonça avec une certaine hâte dans le labyrinthe des escaliers et des couloirs. Elle aimait ce genre d’endroit désert où seuls quelques savants fous (sans doute plus fous que savants) erraient encore. Elle aimait le froid chirurgical qui y régnait et l’écho du moindre pas contre les murs en béton. Personne ne pouvait passer inaperçu ici, et pourtant quiconque s’aventurait ici pour la première fois pouvait s’y perdre sans un guide compétent.
Dès qu’ils franchirent le pas du laboratoire clandestin de la jeune femme, Kyara quitta son poste d’aide-soignante pour retrouver celui, bien plus naturel, de chien de garde. Elle renifla les chaussures des deux intrus sans avoir émis le moindre aboiement, puis une fois certaine qu’ils venaient « en paix », elle glissa un coup de langue affectueux sur le moignon de sa maîtresse et retourna à son poste près d’Ethan.

Kat n’eut pas le temps de répondre à l’exclamation de celui qui était manifestement le chirurgien de l’étrange duo, sa compagne lui lança un regard glacial et embraya presque aussitôt :
- C’est ce garçon?
- Oui. C’est Ethan.

- Et pour vous répondre, j’ai en effet tout ce qu’il faut, sauf peut-être les compétences. Enfin disons plutôt que ce genre d’opérations ne fait pas partie du champ de mes aptitudes et vu les potentielles conséquences d’un raté, je préfère faire appel à des spécialistes… comme vous.


Elle s’écarta du duo pour rejoindre Ethan qui la contemplait avec un air encore plus inquiet que lorsqu’elle l’avait quitté. La gueule d’ange avait perdu son côté bravache et elle discernait maintenant dans ses grands yeux bleus apeurés, une certaine ressemblance avec sa sœur. Foutus souvenirs…
Ça va aller mon grand. Ces gens vont s’occuper de ta… enfin de toi, et une fois qu’ils auront fini leurs petites affaires, on se chargera de te mettre à l’abri, Kyara et moi. D’accord ?

Elle n’obtint comme unique réponse qu’un hochement de tête. Non seulement Ethan avait perdu de sa bravoure, ou plutôt de son insouciance, mais en plus il avait l’air d’avoir quelques années en moins. Envolés les vingt-deux printemps ! Envolés le bel avenir ! Envolés le nid douillet et les promesses doucereuses de Papa et Maman ! Bienvenue dans la triste réalité…

Il était temps d’entamer les choses sérieuses. (Et par la même occasion de se débarrasser du colis blond et des souvenirs trop encombrants qu’il trimballait avec lui.)

Bon. On va peut être s’y mettre. Déjà, Kyara, tu descends de là et tu vas attendre sagement dehors, allez hop !

La chienne sauta aussitôt au bas de la table d’opération, comme si elle avait réellement compris ce qu’on venait de lui dire. Kathleen avait adopté un ton résolu et légèrement enjoué. Non pas parce qu’elle l’était, enjouée, au contraire, mais parce que l’état psychologique d’Ethan se dégradait à vue d’œil et qu’elle ne voulait surtout, surtout pas, le voir fondre en larmes sur sa table d’opération.
Elle s’arrêta devant un large placard en métal et en ouvrit les battants en grand. Les étagères croulaient sous les fioles, les instruments, mais ce qui impressionnait certainement le plus c’était la collection de prothèses (plus ou moins anciennes) qui s’entassaient sur la plus haute étagère.

Sinon… Je pense que vous trouverez là tout ce dont vous risquez d’avoir besoin pour l’opération. Et… Vous pouvez vous désinfecter les mains dans le lavabo. Là-bas.

Kathleen indiqua le coin gauche de la pièce où trônait en effet un lavabo. Elle attrapa le crochet qui trônait sur le bord de l’évier, et l’enfila avec un naturel désarmant sur son moignon.

Et enfin… Je peux servir d’assistante si besoin est.



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Chaze Ross
Chaze Ross
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07.05.15 11:18
Ethan hein ? On pouvait dire ce que l’on voulait de sa dégaine actuelle, comprenant son haut tâché et ses cheveux noir de jais agréablement parfumé d’une note de pèche, celle du gamin assis en face de lui faisait froid dans le dos. Rien d’étonnant à ce que Leon avait parlé d’urgence. Deux hypothèses possibles vinrent à l’esprit du jeune scientifique : soit le môme était un evolve illégal et son état traduisait les efforts musclés des erasers pour lui mettre la main dessus, soit il s’était mis dans une situation compliquée. Malgré les questions qui venaient se presser contre ses lèvres, Chaze préféra se taire. Il n’était pas sensé écouter les explications des uns et des autres. Au risque de subir un nouveau regard noir de la part de sa complice du moment, il respectait le silence de ses clients. Après avoir détaillé tour à tour le gamin et son nouvel environnement, le scientifique perçut le mouvement de leur guide improvisé d’un coup d’œil. Automatiquement, son attention se porta sur la jeune femme et plus encore le moignon de son bras. Le genre de détails qui n’échappait jamais à votre regard et dont vous peiniez à détacher le vôtre. C’était déplacé, il en avait parfaitement conscience, aussi reporta-t-il son attention sur le visage apeuré de son patient du jour.

« Ne fais pas cette tête ! On n’en a peut-être pas l’air, mais on est des professionnels ! »

Misérable tentative pour lui redonner un peu confiance en eux. Il entendit très distinctement le soupir exaspéré d’Elena non loin de lui mais il ne releva pas. Au contraire, il prenait la mallette des mains de sa complice pour venir la déposer près de la table d’opération, à même le sol. Habitué à faire dans l’urgence, il ne se formalisait pas de ce genre de situation, laquelle ne le mettait pas vraiment en valeur pour conforter l’optique qu’il était véritablement un professionnel dans ce domaine. Mais surtout, Chaze ne voulait pas exhiber les outils nécessaires pour extirper la puce sous les yeux du garçon. Ce dernier avait déjà perdu des couleurs et continuait d’en perdre. Un peu plus et il finirait par tomber dans les pommes et le scientifique préférait le savoir conscient pour s’enquérir de son état à tout moment. Elena elle, s’était également approchée de l’armoire. Son regard passait en revue les produits qui étaient entreposés là et elle s’empara machinalement d’un flacon ou deux. Elle avait déjà tout préparé pour se rendre sur place mais puisque leur hôte leur donnait accès à sa collection personnelle, pourquoi ne pas montrer un peu de gratitude en acceptant généreusement ? Froide et détachée mais pas idiote pour autant.

« Ce sera parfait. Merci. »

Pourtant, elle demeurait perplexe en voyant son interlocutrice s’équiper à son tour. Elle ? Leur servir d’assistante ? D’ordinaire, Chaze était capable de s’en occuper seul, si elle se trouvait ici, c’était uniquement pour le conduire jusqu’à son client. Et puis, est-ce que cette femme pouvait vraiment les aider alors qu’il lui manquait une main ? Indécise, elle se tourna vers son complice qui relevait la tête à cet instant.

« Je ne doute pas de vos capacités mais à en juger par le nombre impressionnant de prothèses, vous n’êtes pas faite pour le travail d’une assistante je me trompe ? Vous pouvez attendre dehors, on s’en occupe. »

Dire qu’il avait essayé de mettre du tact dans ses propos ! Le scientifique se releva pour s’approcher du lavabo et se laver longuement les mains. La base même de son travail, même si parfois, il lui arrivait de devoir faire sans, selon les situations. Mais au-travers de ce geste en apparence anodine, il en profitait pour s’entretenir discrètement avec l’inconnue.

« Sauf si vous estimez votre présence nécessaire ? Je ne veux pas qu’il tourne de l’œil pendant l’opération. A ce propos, de combien de temps pensez-vous que l’on dispose ? »

Tandis qu’Elena s’occupait du garçon, tentant de le rassurer de son mieux malgré son caractère indéchiffrable, le scientifique écoutait les réponses de son interlocutrice. Comme il s’y attendait, ils n’avaient pas beaucoup de temps devant eux. Lorsqu’elle avait accepté ce rendez-vous, l’inconnue se doutait qu’à tout moment, les erasers pourraient débarquer, après avoir identifié le signal de la puce qui se trouvait dans l’organisme du môme. Cela n’aidait pas à la maîtrise du stress et ils devaient faire vite pour réduire la marge de manœuvre de leurs adversaires. Chaze s’essuya les mains et se tourna vers son patient, souriant alors qu’il enfilait ses gants et son masque médical, le tout lui donnait un peu plus l’allure d’un vrai chirurgien.

« A nous deux Ethan. Je compte sur toi bonhomme ! »

Quelques minutes plus tard accompagnées de nombreux gémissements de douleur, ils étaient parvenus à lui ôter son haut. Avec un bras en écharpe, ce n’était pas évident et le scientifique se surprit à remercier mentalement Elena ainsi que l’inconnue d’être présentes pour l’aider dans cette tâche. Seul, il aurait certainement eu du mal à convaincre le gamin de lever toujours un peu plus haut son membre. Ceux qui posaient les puces étaient vraiment des tordus. Placées à la base de la nuque, elles n’offraient que peu de marge d’erreur, posant le risque de toucher la moelle épinière à la moindre mauvaise manipulation. Pendant qu’Elena remplissait une seringue d’un produit visant à endormir la zone à opérer, Chaze passait son doigt sur la nuque du garçon. Seul un habitué pourrait détecter la faible variation du nivelé de la chair à cet endroit précis pour repérer la présence de la puce. Avec le temps et les progrès de la technologie, les scientifiques étaient parvenus à les rendre pratiquement indétectables pour un œil lambda. Une chance que Chaze suivait en direct les avancées technologiques dans ce domaine mais il demeurait persuadé qu’un jour viendrait où l’œil humain seul ne suffirait plus pour détecter les puces…

« Tu vas simplement subir une petite piqûre. C’est nécessaire pour que tu ne ressentes pas la douleur quand je commencerai l’opération. Tu as le droit de me parler, je t’encourage même à le faire si tu as besoin d’évacuer la pression mais ne bouge surtout pas pendant l’opération d’accord ? »

Sans quitter des yeux la nuque d’Ethan, le scientifique planta aussi doucement que possible l’aiguille dans la chair de ce dernier, atteignant les veines et laissant le contenu de la seringue se répandre à travers celles-ci. Plus que quelques minutes à attendre avant de pouvoir entailler la chair du garçon. L’instant était crucial, s’il s’y prenait trop tôt, l’autre pourrait bien hurler de douleur. Dans le cas contraire, le risque était moins grand mais ils perdraient un temps précieux. Histoire de meubler les quelques minutes qui les séparaient encore du début des hostilités, Chaze reprit la parole :

« Tu pourrais par exemple… Me parler de cette femme ? Est-ce une amie ? Ta sœur peut-être ? Nan… Quand même pas ta copine ? » conclut-il avec une surprise feinte dans l’intonation de sa voix.

Avant que les deux concernés n’aient le temps de répondre, le scientifique jeta un coup d’œil en biais en direction de l’inconnue. Elle devait comprendre qu’il lui fallait rentrer dans son jeu, parler faisant également partie de son travail d’assistante. Après tout, le gamin avait insisté pour qu’elle demeure auprès de lui pendant l’opération, ce n’était certainement pas dans un pur élan d’égoïsme…
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09.05.15 19:08




Le regard que porta l’homme sur son moignon ne lui échappa pas, mais elle choisit de ne pas s’en formaliser. Elle s’était faite une raison depuis bien longtemps, tout le monde réagissait de la même façon : d’abord un regard un peu trop insistant, puis gêné, puis interrogateur, et enfin le détournement d’attention comme si de rien n’était. Les gens croyaient-ils encore qu’elle mordrait à l’hameçon, depuis le temps qu’on lui faisait la même, sérieusement ? Le type eu au moins le mérite de la faire sourire. C’était vrai, il n’avait pas vraiment l’air d’un professionnel ; un chirurgien qui se parfumait les cheveux d’une note de pêche… Etrange, non ?

Kathleen laissa la jeune femme choisir ce dont ils avaient besoin dans l’armoire, notant mentalement quels produits avaient quittés l’étagère, plus par réflexe qu’autre chose.
Sa proposition de leur venir en aide sembla laisser perplexe les deux acolytes. La femme s’imaginait sans doute qu’avec une seule main elle ne pourrait pas être d’une bien grande aide ; elle se trompait mais qu’importe. Et l’homme, s’il devait sans doute partager le même avis que sa compagne, tenta de lui faire passer le message avec un peu plus de tact que le regard perplexe de l’autre. Un peu plus de tact seulement : il la mettait à la porte, poliment.

Je… Euh… D’accord, je vais attendre dehors.

Elle retira avec soin le crochet qui avait déjà laissé une jolie marque rouge autour de son poignet faute de n’en avoir toujours pas réglé la sangle. Et s’apprêta à sortir lorsque l’inconnu la rappela. (Il changeait d’avis comme de chemise celui-là, bien qu’il n’ait manifestement pas pris le temps de changer de chemise avant d’arriver ici.)
Elle jeta un coup d’œil vers Ethan que la jeune femme tentait de calmer avec maladresse. Le garçon lui lança un regard suppliant. La situation était tellement cocasse qu’elle arracha un sourire à Kathleen. Demander à une porte de prison de jouer les psychologues avec un patient… C’était peine perdue.

Je vais rester alors, ça sera sans doute mieux pour tout le monde… Je vais prendre votre place, merci.
Elle remercia la femme d’un mouvement de la tête et prit sa place à côté d’Ethan. Le gamin saisit presque aussitôt sa main et ferma les yeux.

Pour ce qui est du temps dont on dispose, je dirais... Une demi-heure mais comme vous aviez déjà un peu de retard, plutôt vingt minutes maintenant, voire un quart d’heure.

Si quelqu’un vient Kyara nous avertira, ne vous en faites pas.


Pour mener à bien l’opération, il fallait d’abord enlever le tee-shirt d’Ethan et ce n’était pas gagné d’avance. La jeune femme aida Kathleen tant bien que mal, mais au moindre frôlement entre le vêtement et le bras en écharpe du gamin, celui-ci poussait des gémissements de douleur à vous fendre le cœur. Ils finirent par y arriver et le chirurgien put commencer… à dire des conneries !
Elle foudroya le type du regard. Sa copine ?! Non mais et puis quoi encore ? Il se prenait pour qui pour poser des questions comme ça ? Personne ne lui avait demandé à lui ce qui était arrivé à sa chemise, si ? Elle allait lui envoyer une réplique cinglante dans les dents lorsqu’elle perçut le coup d’œil qu’il lui jetait. Il voulait simplement détendre l’atmosphère… Mais bon, il aurait quand même put tenter une autre question. Ethan ne lui laissa pas le temps de répondre, il serra la main de Kat un peu plus fort et répondit sans hésitation.

Je la considère en quelque sorte comme la grande sœur que je n’ai jamais eue, même si cela fait un certain temps que nous nous étions perdus de vue.

Kathleen cilla. La grande sœur qu’il n’avait jamais eue ? Hmm, okay, première nouvelle. Elle ne se souvenait pas d’avoir été particulièrement bienveillante à l’époque où il se côtoyait. Moins ils se parlaient mieux c’était pour elle. Elle l’avait toujours considéré comme un petit crétin égocentrique. Mais il avait été là pour la mort de Lou, il l’avait soutenue en silence, respectant le fait que Kat n’avait envie de parler avec personne, respectant le fait qu’elle se sentait coupable même s’il ne pouvait en comprendre la raison. Il était un peu remonté dans l’estime de la jeune femme, mais peu de temps après, elle avait dû partir et ils ne s’étaient plus jamais revu, jusqu’à aujourd’hui.

Ethan n’eut pas besoin d’elle pour continuer sur sa lancée.

Je crois qu’elle me considère comme un crétin, un crétin pourri gâté. Ceci dit, elle n’a pas tort. Il n’y a qu’à voir où j’en suis aujourd’hui.

Son visage reprenait des couleurs doucement et il avait de nouveau fermé les yeux, sans doute pour ne pas voir la réaction de celle dont il parlait. Au contraire, Kat allait de surprise en surprise, et son visage, d’habitude hermétique, rosissait à vue d’œil.

Vous avez déjà rencontré ce genre de personne, Doc ? Le genre de personnes sur lesquelles vous savez que vous pouvez compter en toutes circonstances même si elles ne peuvent pas vous voir, ne serait-ce qu’en peinture ? Et bah Kat, elle est comme…

Ca suffit Ethan. Le docteur doit se concentrer, il n’a certainement pas envie que tu lui fasses part de tes états d’âme.

Elle avait relâché la main du gamin. Rentré dans le jeu du doc’ pour faire en sorte qu’Ethan se décontracte, d’accord. Mais il y avait certaines limites à ne pas franchir.
Elle s’éloigna en direction du lavabo et entreprit de se laver les mains, méthodiquement. De cette manière, personne ne pouvait voir comment elle tremblait ou le rouge qui s’était étalé sur ses joues. Si elle avait été capable de pleurer, elle aurait peut-être versé une petite larme. Mais Kat ne pleurait pas, elle trouvait ca pathétique, comme le discours d’Ethan, en quelque sorte.



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Chaze Ross
Chaze Ross
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11.05.15 17:31
Mieux pour tout le monde ? Un discret mais sincère sourire étira les lèvres du jeune homme devant cette simple constatation, sans arrière-pensées. Cela aurait pu sonner comme de la prétention ou un trop-plein d’assurance de la part de son interlocutrice. Pourtant, Chaze sentait que cette dernière n’était pas loin de la vérité. De tes propos n’étaient pas empreints d’arrogance dans sa bouche, on avait simplement l’impression qu’elle énonçait un fait. Rien de plus. Son calme professionnel et sa neutralité dans l’affaire furent deux qualités appréciées. Dommage que les mots suivants firent perdre son sourire au scientifique. Jusqu’à quand on allait lui reprocher son retard ? Il avait fait au plus vite !

« Ce n’est pas bientôt fini de me reprocher mon manque de ponctualité ? Je n’ai été prévenu que ce matin vous savez ? »

« A qui la faute aussi ? Monsieur-je-ne-recharge-pas-mon-portable. » répliqua aussitôt Elena, ce qui arracha un soupir à l’intéressé.

« Estime-toi heureuse que ce soit simplement ça et pas que l’autre taré ne me soit pas tombé dessus. »

Ce rappel du souvenir de l’homme à l’uniforme arracha une grimace à la jeune femme. Ce qui eut le mérite de décontenancer Chaze. D’ordinaire, elle demeurait impassible en toutes circonstances, même quand il s’agissait de la charrier comme cela venait d’être le cas un peu plus tôt. Le scientifique en vint même à regretter ses paroles dans la foulée. Inutile de chercher bien loin pour comprendre ce qui perturbait –si toutefois le mot était le bon- son interlocutrice et complice : le type dont il était question avait tué l’un des leurs, en plus d’un client. Le fait qu’il l’ait dans le viseur rendait nerveux les membres restants du groupe et Elena n’y faisait pas exception. Tenir tête aux erasers était une chose, affronter un psychopathe déterminé en était une autre. Chaze secoua la tête et se reprit alors que l’inconnue ajoutait un détail concernant une… Kyara ? Ah oui, la chienne. Sur le moment, il n’avait pas compris de qui elle parlait et il réfléchit au temps qu’il lui restait.

« Un quart d’heure est plus que suffisant pour retirer une puce ne vous en faites pas. » précisa-t-il avec un nouveau sourire qui se voulait rassurant.

Sa pique eut le mérite de faire son petit effet parmi l’audience. Elena s’en exaspéra de plus belle derrière son masque mais le regard en biais meurtrier de l’inconnue valait d’avoir tenté le coup ! Le scientifique n’aurait pas été surpris qu’elle lui adresse une réplique cinglante ou même qu’elle lui colle sa main –ou son poing au choix- dans la figure mais le gamin les devança tous les deux en prenant à son tour la parole. Il était mignon de s’exprimer ainsi avec autant de sincérité dans la voix. Même s’il avait seulement parlé ainsi pour l’inciter à le faire justement, histoire qu’il se détende, Chaze apprécia qu’il joue le jeu à ce point. Il vit clairement les épaules du garçon s’affaisser un peu, signe qu’il relâchait la tension accumulée par la perspective de l’opération. Un bon point pour lui. Le scientifique le laissa volontiers poursuivre, se penchant sur le côté pour ramasser un premier outil : le scalpel. A force de pratiquer ce genre d’opérations, il en était arrivé à pouvoir estimer le temps nécessaire au produit pour faire effet et donc, déterminer le moment où chaque opération pouvait débuter. Chaque minute comptait. Quand il se redressa pour approcher l’objet aiguisé de la chair de la nuque d’Ethan, son regard se porta involontairement en direction de l’inconnue. Il fut surpris de voir son visage prendre de la couleur, elle qui avait l’air d’être aussi inexpressive qu’Elena en temps normal. Etaient-ce les révélations de son ami qui la mettait à ce point dans l’embarras ? Pour le coup, il était encore plus satisfait d’avoir posé la question ! Dire qu’il imaginait déjà Elena marmonner « Il n’y a vraiment pas de quoi être fier. » de l’endroit où elle se trouvait.

« Si tu parles de ton bras et de la couleur inhabituelle de ta mâchoire, je répondrai que certaines raisons se valent. Celle pour laquelle tu t’es battu ou t’es fait battre n’engage que toi. Mais je pense que tu réalises à présent que tes actes ont également des répercussions sur ton entourage. Je ne te blâme pas cependant, note le dans un coin de ta tête. Par simple curiosité, comment t’es-tu retrouvé dans cet état ? »

A ses yeux, il existait différentes explications qui justifiaient les blessures du gamin. En bon evolve qu’il était, être traité de monstre, rejeté ou simplement parce qu’il se rebellait contre le système en place, tout ceci suffisait à lui porter des coups. Si ceux-là ne provenaient pas de vulgaires civils, les erasers chargés d’assurer la sécurité de ces derniers se faisaient parfois un plaisir de s’occuper de leurs cibles. Un peu trop d’ailleurs. Le visage de cet evolve passa brièvement devant ses yeux. Juste avant que l’éclair lumineux perçu par ses yeux d’enfant de l’époque ne lui traverse la tête. Oui, les evolves étaient incompris du reste de la population. Et rester les prisonniers silencieux de cette ville n’aiderait en rien pour que leur situation évolue elle aussi. Chaze savait qu’il n’avait pas les pouvoirs de faire changer leur situation actuelle, il pouvait seulement leur promettre une vie meilleure, autre part. Mais ce n’était pas sans risques. Sortant de ses pensées, le scientifique écouta vaguement la suite des propos du garçon avant que ce dernier ne soit brutalement interrompu par son amie. Elle s’en faisait pour lui ? Réellement ? Ou alors plutôt par rapport à ce qu’Ethan pourrait ajouter d’autre ? Il se retint de rire faiblement en la voyant tourner les talons et chuchota à l’oreille de son patient du jour :

« Mon gars, tu as réussi à l’embarrasser… Mais je suis content de voir que tu as quelqu’un comme ça dans ta vie. Tu as de la chance de pouvoir compter sur elle, ne l’oublie jamais. »

Est-ce qu’ils auraient eu cette relation complice, Roxanne et lui eux aussi ? Très probablement sauf qu’il ne le saurait jamais à présent… Après avoir croisé le regard d’Elena, il hocha la tête. Il était temps de débuter l’opération. Après avoir rappelé au garçon de ne pas bouger, Chaze découpa lentement la chair de sa nuque. Cela constituait en la première étape de l’opération. Il reposa le scalpel en essuyant le sang qui coulait à l’aide de son pouce avant de se saisir d’un nouvel instrument : une sorte de laser lumineux, lequel était en réalité chargé de sectionner les liens raccordant la puce au système nerveux de son porteur. Le travail le plus minutieux, le moindre mouvement et les dégâts occasionnés pourraient se révéler irréversibles pour la personne concernée. Il était en effet plus facile de placer une puce que l’enlever, le corps scientifique s’évertuait à leur compliquer la tâche. Et lui-même pouvait difficilement ralentir la progression de leurs travaux, au risque d’éveiller les soupçons. Tout au long de cette partie de l’opération, le scientifique ne fit plus attention à son environnement. En un sens, il était content qu’Elena soit venue avec lui. Il lui faisait confiance pour gérer les choses si la situation devenait plus critique. En tant que professionnel, il ne pouvait décidément pas laisser partir un patient avec la nuque ouverte, une puce à moitié enlevée et risquant l’hémorragie sur le long terme… Même s’il devait finir entre les mains des erasers, il voulait au moins ôter cette foutue puce, quitte à ce que la personne aille se faire recoudre ailleurs. C’était son job après tout. Au bout de quelques minutes de pression intense, il put ôter la puce de l’organisme d’Ethan et la détruire en l’écrasant entre ses doigts d’un coup sec.

« Et un problème de moins ! » s’exclama-t-il en baissant son masque avant d’hausser le ton : « Ah non, commence pas à bouger maintenant ! C’est presque fini ! Aller, regarde droit devant toi ! »

Esquissant un sourire devant l’obéissance immédiate que provocation l’intonation de sa voix sur le gamin, Chaze entreprit la dernière étape de l’opération : recoudre la plaie, bien entendu ! Il s’exécuta donc, non sans prendre la parole pour s’adresser à l’inconnue cette fois. Après tout, cette manipulation n’exigeait plus autant de concentration de sa part à présent.

«  Il ne gardera qu’une petite cicatrice de l’opération, rien de quoi l’empêcher de draguer les filles quand il ira mieux. En revanche, s’ils ont déjà tracé sa puce, vous êtes en danger même après qu’elle soit détruite. A l’heure qu’il est, ils doivent avoir localisé ce laboratoire. J’ignore leur périmètre d’action exact mais vous ne pourrez pas rester éternellement sur place, même cachés. Avez-vous un endroit où aller ? Le temps que les choses se tassent, après il faudra songer à quitter la ville, du moins pour lui. »

« Au lieu de parler pour ne rien dire, dépêche toi de nettoyer tes instruments qu'on lève les voiles le plus rapidement possible. » le rabroua Elena avant de remballer le matériel de son côté.
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14.05.15 4:51




Après avoir repris sa contenance, Kathleen finit par se retourner ; il ne restait plus sur son visage aucune trace de l’embarras passé et ses mains sentaient le doux parfum du savon désinfectant. Ethan la contemplait inquiet, et le docteur arborait un sourire satisfait. Elle ne broncha pas, même si elle avait parfaitement compris que sa gêne n’était pas passée inaperçue. Chacun ses faiblesses après tout. Certains aimaient même se faire passer à tabac par les Erasers…

Le gamin éluda savamment la question qu’on lui posait sur les circonstances de ses ecchymoses. En temps normal, il aurait répondu du tac au tac sans réfléchir aux conséquences de ses dires, et Kat reconnut dans cette retenue inhabituelle, les conseils intransigeants de sa propre mère. Elle avait sans doute du briefer Ethan sur ce qu’il valait mieux éviter de faire ou dire avant d’avoir quitté la ville. Sage décision manifestement.

Je ne crois pas que vous ayez besoin de savoir le pourquoi du comment Doc’. Et vous serez sans aucun doute avec moi sur ce point : moins vous en savez, mieux tout le monde se portera, n’est-ce pas ?

Le reste de l’opération se déroula sans encombre et surtout sans un mot. La réflexion, légèrement acerbe de Kat, si elle avait eu le mérite de faire mouche, avait également quelque peu refroidie l’ambiance. Elle le savait, s’en voulait, un peu, et luttait contre l’envie pressante de sortir de cette pièce où elle étouffait pour aller s’en griller une. Mais elle prit son mal en patience : Ethan avait voulu qu’elle reste, elle resterait jusqu’au bout.
L’exclamation du Doc’ la tira de la semi-torpeur dans laquelle elle avait sombré et elle sursauta. Un large sourire s’étala sur le visage, et elle comprit que l’opération touchait à sa fin. Puis le Doc’ s’adressa à elle.

Je sais, pour la géolocalisation. Ne vous en faites pas, je n’habite pas dans mon laboratoire. En tout cas, pas celui-là.

Elle esquissa un sourire, comme pour se faire pardonner de ses propos un peu trop abrupts un peu plus tôt et continua pendant que le Doc’ suivait les conseils de sa compagne et nettoyait ses outils.

L’extraction d’Ethan est déjà prévue, pour cette nuit, il restera avec moi. Vous avez fini ?

Ce n’est pas le Doc’ qui répondit à la question de Kathleen, ni sa compagne un peu revêche. Non. Ce fut Kyara. D’abord un aboiement, un seul, puis un grognement, et d’autres aboiements, plus forts, plus impérieux : ils étaient là. Les Erasers.
Les visages se figèrent, tous sans exception. Celui d’Ethan perdit toute sa couleur, et ses mains se mirent à trembler. S’il faisait une crise de panique maintenant et que son don se déclenchait, ils pouvaient tous dire adieu à leur liberté, voire plus…
Il fallait réfléchir vite et bien. Suivre le plan, suivre le plan. Elle avait tout pensé, tout prévu, il y avait un plan de secours, il fallait juste se concentrer dessus et tout irait bien.

Kat respira faiblement.
Ok. Vous ne m’en voudrez pas Doc’, mais cette fois-ci… C’est moi qui vais prendre la main.

Elle ouvrit la porte du laboratoire, émit un sifflement à peine audible et se retourna vers les trois autres.
Ethan, debout, enfile ton tee-shirt. Et me regarde pas avec ces grands yeux perdus, je ne vais pas te laisser là, tout va bien se passer.

A cet instant, la chienne jaillit dans la pièce et s’arrêta tout net comme au garde à vous. En d’autres circonstances, tout le monde aurait sans doute explosé de rire, mais là présentement, seul le regard terrorisé du gamin se posa sur Kyara.

Toi, Ethan, et vous mademoiselle, vous allez avec Kyara. Elle connaît le chemin pour vous emmener en lieu sûr. Vu qu’on ne sait ni combien ils sont, ni si ils ont encerclés le bâtiment, il va falloir se séparer : le Doc’ et moi, on servira de diversion.

Le gamin se mit à hocher de la tête de gauche à droite comme pour dire non ; ses mains étaient crispées sur le rebord de la table d’opération. Il paraissait ancré au sol.

Ethan. Ethan, regarde-moi. Ethan, nom de Dieu!
Il leva la tête.

Tu fais ce que je te dis, ok. Tu fais ce que je te dis, tu arrêtes de faire le gosse. T’en avais des couilles quand il s’agissait de jouer les petits malins sous les fenêtres de la Milice, non ? Bon, bah retrouve-les et arrête de te pisser dessus comme si t’avais encore quinze ans. T’es un homme maintenant, comporte toi comme tel, merde.
Kat ne s’énervait pas souvent, mais un petit « merde » de temps en temps ne faisait jamais de mal, surtout si cela permettait aussi de calmer un peu ses propres nerfs. Elle aussi elle avait peur, elle aussi aurait voulu se pisser dessus comme le gamin, mais il y avait déjà assez d’un pour jouer le rôle de l’apeuré.

Bien. Vous et moi, Doc’, on va les attirer dans les étages. Ne vous inquiétez pas, il y a une nacelle qui relie le toit de cet immeuble et de l’immeuble voisin si jamais on n’arrive pas à les semer avant.
Toi, Ethan, tu fermes la porte derrière nous et vous éteignez les lumières. Dès que Kyara gratte à la porte, c’est que vous pouvez sortir. Tu prends le couloir à droite, et la première porte à droite. C’est l’ancien monte-charge. Une fois que vous êtes dehors, vous suivez Kyara. C’est bon ?


Kat n’attendait pas que le gamin lui réponde. Le hochement de tête de la femme suffit à la rassurer. Elle au moins avait compris.

On y va Doc’? Je sais pas vous mais j’ai comme une envie de monter les escaliers quatre à quatre…

L’adrénaline faisait son effet, les vieilles habitudes revenaient, l’humour pourri, avec. Elle avait toujours autant envie de se faire dessus, mais la peur lui donnait des ailes. Comme c’était le cas avant. Avant, lorsqu’elle avait dû fuir, fuir sa vie d’avant, lutter, se cacher et se refaire une vie.



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Chaze Ross
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15.05.15 14:43
Cette nuit ? Avant que Chaze n’ait le temps d’ouvrir la bouche pour lui faire part de sa surprise, tout comme le fait de lui proposer un contact pour obtenir un bracelet trafiqué, un aboiement perça le silence qui s’était brutalement installé entre eux tous. Sur le moment, personne ne bougea. On aurait dit que chacun retenait inconsciemment sa respiration, espérant peut-être que tout ceci n’était que le fruit d’une fausse alerte. Peine perdue. Quelques secondes plus tard, l’animal reprenait ses signaux sonores, donnant ainsi l’alarme. Avant que quiconque ne trouve quoi dire dans ce genre de situation, attendue mais tout de même gênante, l’inconnue fut la première à se lancer. En entendant ce surnom, auquel il ne parvenait toujours pas à s’habituer, le scientifique hocha la tête, lâchant un simple [color=sienna] « Entendu. » en guise de réponse. Quoi ajouter de plus de toute façon ? Il avait perdu de sa bonne humeur, le stress et la pression entamaient déjà leur travail à l’intérieur de son esprit. Il fallait faire vite, ranger le matériel, effacer les preuves de l’opération qui s’était déroulée ici mais également fuir. Fuir avec un gosse en sale état –ce qui ne manquerait pas d’attirer l’attention en plus de les ralentir- et qui semblait aussi sur le point de se pisser dessus. Chaze n’aurait pas pu l’en blâmer, comprenant parfaitement la panique qu’il devait ressentir à cet instant précis. Peut-être qu’Elena l’aurait fait à sa place, si toutefois, l’inconnue, qui demeurait la mieux placée pour le secouer quoiqu’en dise, ne l’avait pas devancée à ce sujet. Laissant à la jeune femme ce soin tout particulier, le scientifique rendit ses instruments, encore tâchés de sang à sa complice présumée. Il pouvait lire –ou du moins discerner- que l’optique de se séparer, le laissant servir d’appât pour que le trio puisse s’enfuir, ne lui plaisait pas. Même s’ils se doutaient tous les deux qu’il s’agissait très probablement de la meilleure solution à envisager, Elena n’aimait pas l’idée que son complice se fasse voir, ou dans le pire des cas, attrapé.

« Tu as conscience que s’ils voient ton visage, tu ne pourras plus retourner travailler ? Tu seras fiché comme criminel et contraint de vivre comme nous ? Au jour le jour ? »

« Je sais, il ne me reste plus qu’à courir plus vite qu’eux. »

« June, je ne… ! » commença-t-elle avant d’être interrompue.

« On n’a pas le choix Elena. Tu le sais comme moi. Alors veille sur ce gamin comme si ta vie en dépendait et rapporte le matos. Je compte sur toi. »

Au comble du dilemme intérieur, son interlocutrice se mordit violemment la lèvre inférieure avant de finalement capituler. En voyant le regard noir qu’elle lui jetait, Chaze ne put s’empêcher de sourire pour dissiper la pression. S’il s’en sortait vivant, elle ferait de sa vie un enfer à coups sûrs… Laissant Elena écouter les directives de l’inconnue, le scientifique attendit, presque trop sagement, de recevoir les siennes. S’ils agissaient rapidement, ils avaient peut-être une chance. L’information visant à le rassurer ne fonctionna pas vraiment et seul l’humour aussi pourri que le sien de sa complice improvisée, parvint à lui arracher un faible rire sans joie.

« Le dernier arrivé à l’étage au-dessus a perdu c’est ça ? » ne put-il s’empêcher de répliquer du tac au tac.

Leurs regards se croisèrent, le temps parut suspendre sa course l’espace de quelques secondes aux allures d’éternité. Dernier coup d’œil avant de s’élancer ensemble dans le couloir sombre, franchissant sans peine l’encadrement de la porte du laboratoire qu’ils avaient passée plusieurs dizaines de minutes auparavant. Laissant volontairement l’inconnue prendre la tête du peloton pour savoir où il devait mettre les pieds, Chaze entendit très distinctement les exclamations de surprise, puis de colère dans leurs dos. On leur intima l’ordre de s’arrêter, mains en l’air. Peine perdue. Aucun d’eux ne daigna jeter un œil par-dessus son épaule, pas plus que ralentir l’allure pour tendre l’oreille à ce qu’on leur hurlait. Un rayon lumineux éclaira brièvement le couloir en passant juste au-dessus de leurs têtes. Sa vision fit rater un battement au cœur du scientifique. C’était la même chose que ce jour-là. Si une saloperie de ces éclairs les touchait, ils seraient grièvement blessés, transpercés, tués peut-être ! Les enflures ! Ils ne cherchaient même pas à s’assurer de l’identité de leurs cibles, préférant tirer dans le tas, avec l’espoir de les arrêter en pleine course. Une chance que son guide connaissait le moindre recoin de l’immeuble : elle leur évita à plusieurs reprises d’être touchés par les tirs de leurs adversaires en déviant brusquement sur le côté pour s’engouffrer dans un nouveau couloir. Le scientifique se surprit à espérer que le bâtiment entier ne soit pas déjà encerclé par la patrouille. S’ils se permettaient de les poursuivre dans ce dédale infernal, alors ils ne devaient probablement pas être aussi nombreux et organisés qu’ils le redoutaient. Si le duo atteignait le dernier étage, sinon le toit avant leurs adversaires, alors ils auraient une chance de fuir par les airs pour rejoindre l’immeuble d’en face. A partir de là, la fuite deviendrait plus aisée pour eux. Il se félicita d’avoir toujours veillé à entretenir sa condition physique. Ce n'était pas tous les jours qu’il s’entraînait à monter les escaliers quatre à quatre comme c’était le cas actuellement, pourtant il ne se laissait pas distancer par l’inconnue. Ce fut lui qui remarqua en premier le silence inhabituel qui venait de nouveau de prendre possession des lieux et il attrapa le bras de son interlocutrice pour l’arrêter net dans sa propre course. Plutôt que de rester en travers d’un couloir, bien en évidence si jamais leurs adversaires continuaient de progresser sans bruit et projetaient de tirer à vue, Chaze l’entraîna avec elle dans une pièce désaffectée, sans porte, ce qui lui évita de signaler leur présence avec un vulgaire grincement sur le sol.

« On les a semés ? »

Sa question résonna de manière risible à ses oreilles, même avec sa propre voix. C’était trop beau pour être vrai, il devait y avoir un piège. Jamais leurs poursuivants n’auraient abandonné aussi facilement alors quoi ? La peur s’empara de lui en imaginant que la patrouille ait mis la main sur le trio. Cela expliquerait leur abandon soudain mais alors pourquoi ce silence de mort… ?
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31.05.15 23:35

   
A simple mission... or not.
Chaze & Kathleen

   
   

Il sirotait tranquillement une Guiness, attablé à une table, sur une terrasse. Ses oreilles guettaient de temps à autres les discussions qui se faisaient autour de lui, des banalités de civiles, parfois ennuyantes, parfois intéressantes. S’abreuvant de temps à autre, il passait la majorité de son temps à observer les passants, et à se perdre dans le fil de ses pensées. Il était désormais dix-sept heures, et la journée s’était annoncée magnifique. Le soleil avait brillé haut, le ciel était encore dégagé et la température ambiante toujours fortement agréable. Et, comble du bonheur : il avait congé. Il en avait profité pour faire un tour en moto, avec sa vieille Kawasaki GPZ 1000, une de ses occupations fétiches en cas de beau temps. Il avait fini ses 100 kilomètres et profitait de se reposer de son escapade… avant de rentamer le travail le lendemain.

Deux jeunes filles passèrent devant lui, lui accordant un regard quelque peu perplexe, le jaugeant de tout son corps, ce qui ne le dérangea pas. Il leur répondit tel un aguicheur avec un clin d’œil et entama une autre descente de Guiness.

Au même instant, son téléphone portable, posé sur la table, se mit à vibrer. Immédiatement, l’homme à la crinière blanche se saisit de l’objet et observa ce qu’il y était inscrit.
Une Colombe a chié sur le Crapaud. 010613, 0400.



Fydelius soupirait. Il aurait pensé pouvoir profiter un peu d’un ballade nocturne, or, il n’en serait rien. Le message qu’il avait reçu… était … courant. Encore un potentiel rebelle. Et pour ce qui était des chiffres, ils indiquaient la date et l’heure du rendez – vous au QG pour faire le point de la mission qu’il se devrait d’effectuer tôt dans la matinée.

Buvant d’un trait le reste de sa Guiness, laissant une poignée de pièces pour l’addition et le pourboire, Fydelius se leva, prêt à se mettre en condition pour le lendemain.

♦♦♦♦♦♦♦

01.06.2213 – quatre heures trente

Un homme se tenait devant lui. Un ancien, expérimenté, qu’il connaissait bien. Le colonel. Un des multiples responsables Erasers qui avait été à la charge du dossier de sa mission.

Vous connaissez votre mission Lieutnant, je compte sur vous pour que vous l’exécutiez sans encombre.

Fydelius hochait affirmativement de la tête et se levait, prêt à réviser son matériel. Néanmoins, le gradé émit un toussotement  qui fit stopper le militaire sur place.

La population civile ne doit rien voir de tout ça. On n’veut pas d’avantage de bordel qu’y en a. Aussi, vous serez seul pour cette mission. Pas de renforts à disposition. Mais… J’ose espérer que vous n’êtes pas un Pussy, Lieutnant ? Vous arriverez à gérer ça tout seul, n’est-ce pas?

Fydelius se retourna, lentement, très lentement du haut gradé qui osait mettre en doute sa capacité et le toisa d’un regard… froid. Il eut toutefois la politesse d’effectuer le salut militaire de circonstance et s’annonçait sortant avant de sortir de la pièce. Dès qu’il eût franchi le pas de la porte, une douzaine d’hommes habillés de la même tenue d’intervention se mirent au garde à vous et le saluèrent.

Le destinataire de ces saluts dut se retenir de se faire un magistral face palm.

Il comprenait mieux le sourire crispé inexistant du colonel désormais…

Quand il avait affirmé qu’il serait seul… Ce n’était pas qu’il serait vraiment seul. Seulement, il serait le seul véritable Eraser parmi l’équipe devant lui. Tous des jeunots, tous des gamins qui rêvaient de mitraillette et d’abus de pouvoir. Pas des professionnels. Ils sortaient à peine de l’école. Et pourtant, ils avaient été affectés à une mission à haut risque…

Ce fut au tour de Fydelius de sourire, ce que les soldats interprétèrent comme un bon signe… n’était autre qu’une bien ironique déduction de la part du militaire.

C’était la chair à canons. Et, au pire des cas, les boucs-émissaires. Sans doute des jeunes extrêmises qui étaient déjà connus de la justice pour coups et blessures sur des Evolves. Bref, des gens qu’on pourrait facilement accuser d’agir indépendamment si les choses venaient à se gâter et que certains en sortaient vivants.

Sans leur adresser mot, Fydelius les outrepassa, les forçant à suivre son pas, à son rythme.

Ils allaient faire le Briefing de mission, préparer leur matériel et… Ecraser cette satanée Colombe…


♦♦♦♦♦♦♦

01.06.2213 – sept heures

Armé de jumelles, un des sentinelles lui fit signe qu’il y avait du mouvement. Le gradé qu’il était s’empressa de dérober la paire de jumelles au soldat et observa de lui –même. Il ne pouvait que voir de lointaines silhouettes, bien camouflées entre les murs de ce vieux dépôt qui ressemblait depuis le le toit de l’immeuble sur lequel ils étaient nichés à un incroyable labyrinthe. L’escouade attendit encore. Leur traceur, un subordonné qui avait sur lui le scanner qui identifiait la puce et qui signalait qu’elle était encore en activité, fit un mouvement de négation de la tête.

Lieutnant, la puce est toujours là. L’objectif de mission est bien dans le bâtiment, mais pour l’instant, tout roule, zéro interférence ou instabilité qui signalerait qu’on essaie de la retirer.

Le borgne abaissa la paire de jumelles et réajusta son col afin qu’il lui couvre le bas du visage, et réajuste son bandeau afin que son œil rouge soit visible. Il rendit la paire de jumelles au guetteur et s’approcha du traceur.

On attend les premiers signes d’instabilité. Je veux voir Zulu qui cercle la zone définie numéro 1. X-Ray couvrira la zone 2. Et Yankee, vous vous chargez de la 3.

Sa voix avait été calme, presque douce ce qui interpella ses hommes, habitués à plus de brutalité et d’autorité. Cela permit à un des jeunes d’oser l’affront et l’irrespect.

Et vous, chef ?

Il n’eut d’autre réponse que le même regard froid que Fydelius avait adressé au colonel quelques heures plus tôt.

Il ne rendrait pas de compte à ces hommes. Ils seraient soit morts dans quelques temps, soit mis en prison pour le restant de leur vie. Seule la mission importait. Le reste… relevait du dommage collatéral.  Il n’avait pas de raison de leur être d’agréable compagnie.


♦♦♦♦♦♦♦

Sept heures vingt-trois

LIEUTNANT, la puce s’emballe !

Un sourire s’afficha derrière le masque noir du concerné.

Exécution

A ces mots, les trois équipes de quatre hommes disparurent, descendant l’immeuble par les escaliers d’extérieur métalliques. Fydelius attendit que sa silhouette soit hors de leur portée avant de sortir son propre traceur, portatif, plus moderne et fiable, sur lequel il constatait que la puce subissait quelques instabilités.

Et au loin, il entendit un aboiement.

C’était son signal, à lui.

Sans perdre un instant, Spencer sauta en bas de l’immeuble, s’accrochant à la gouttière et quelques rebords de fenêtre çà et là pour amortir sa descente qu’il finit avec aisance par une roulade. S’ensuivit alors une longue course de sprint, l’élite s’engouffrant dans le labyrinthe d’escaliers, de dead end et de murs qui composaient ce vieil entrepôt désaffecté. Néanmoins, il avait l’avantage de la performance de son scanner, relié à un satellite suffisamment puissant pour lui signaler les chemins à éviter et ceux à prendre pour atteindre au plus vite le faible point qui signalait la puce, ce qui n’étaient pas le cas de ces hommes…

Ou si, et ils étaient trop cons pour ne pas se faire repérer par le clebs et donner l’alerte.

Dans tous les cas, au vu des gueulades qu’il entendit par-delà les murs, les cibles n’avaient pas été prises sur le flagrant délit et commençaient à s’enfuir. Quel bordel... Ils auraient pu s’habiller de cannettes en alu et manger trois kilos de pois chiches qu’ils auraient été plus discrets au niveau de leur intervention censée être par surprise…

Damnation…

Pénétrant dans le bâtiment en défonçant une porte de l’extérieur, Fydelius eut juste le temps d’entrapercevoir au loin des silhouettes arrivant dans sa direction par les escaliers. Sans un mot et dans la furtivité la plus extrême, le borgne monta par six marches les escaliers pour débouler dans un long couloir. Se mettant à la place de ses proies, il s’imaginait bien qu’elles essayeraient de trouver refuge quelque part le plus vite possible et sans réfléchir, ce qui les mettrait hors de vision de leurs poursuivants qui les collaient aux trousses. Aussi, sans d’avantage d’hésitation, Fydelius s’engouffra dans le premier réduit sans porte qu’il rencontra. Une fois à l’intérieur, il chercha rapidement quelque chose pour le mettre à couvert.

Et…  il la trouva. Un bond, haut lui permit d’atteindre de ses mains l’étagère métallique la plus haute sur laquelle il prit appui pour se hisser. Chose fait, il se mit accroupi, sortit son couteau et observait le pourtour de l’entrée, s’attendant à tout moment voir entrer quelqu’un, des pas se rapprochant dans le couloir.
Fydelius les compta….

Deux… personnes. Il entendait deux personnes s’approcher. Le tumulte des pas des soldats s’était semble-t-il estompé. Pour quelle raison ? Il l’ignorait.

Deux silhouettes entrèrent, essoufflées et à bout de course. Le chef d’escouade retint alors sa respiration et les observa.

Un homme, qui arborait des gants stériles couverts de tâches de sang, ainsi que d’un masque et d’une charlotte. Sans aucun doute, l’homme qui avait ôté la puce à l’objectif. Impossible de l’identifier accoutré ainsi… Avec lui… Une jeune femme, de couleur métis, à la chevelures foncées avec quelques reflets bleus. De là où il était, c’était les seules informations que Fydelius parvenait à récolter sur les individus. Mais un faible mouvement de bras de la jeune femme donna d’avantage d’informations au lieutnant.

Il lui manquait… sa main droite.

Un détail… qui devait exister quelque part, dans un dossier, sur les personnes résidant au Maine…

« On les a semés ? »

Sans laisser le temps à ses proies de se reposer, Fydelius sauta du haut de l’armoire et apparut furtivement derrière la jeune femme handicapée, posant directement sa lame à son cou et mobilisant son bras valide de sa main libre. Son regard put alors rencontrer celui de l’homme en face de lui.

"… Où est-il ?"

Des mots brefs, bruts. L’homme et la femme pouvaient s’avérer importants, ils étaient après tout peut-être derrière l’immense trafic de puces, derrière l’émergence soudaine de tous ces laboratoires clandestins. Mais sa mission avait été claire. L’objectif de la mission n’étaient pas ces deux-là, mais le gamin qui voulait se faire ôter la puce. C’était lui que Fydelius devait atteindre. Aussi, il n’hésita pas à forcer une pression supplémentaire sur la gorge de la métis qu’il tenait à sa merci pour presser l’homme de lui répondre.

Une fois qu’il lui donnerait l’information, il s’arrangerait pour les assommer et les ligoter. Tout était sous contrôle…

Du moins, c’était ce qu’il avait pensé. Quelque … chose clochait, il pouvait le sentir…
   
AVENGEDINCHAINS
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