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.Before the dawn heals us. [Joshua] /Abandon/
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Ruben E. Ashter

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Ruben E. Ashter
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03.11.14 23:52
L'espace au sol est redessiné par d'immenses panneaux bleus. C'était l'image qu'elle avait en tête ce soir-là en observant le dispositif d'éclairage de sa boutique passer en mode veille pour les douze prochaines heures. La journée avait été paisible en clients et pourtant agitée en réflexions, à cause d'un message reçu le matin même et dont le symbole du destinataire, une penne ouverte sur le côté droit, avait rappelé à Ruben des événements qu'elle aurait souhaité oublier. Quelqu'un la sommait de se montrer et de rendre des comptes trop longtemps dissimulés. Le code visible sur le lecteur à usage unique, révélateur d'une communication cryptée, portait le style tranchant d'April bien que l'Evolve savait que cette dernière n'était pas seule à avoir programmé cet entretien au crépuscule. Il y aurait sans doute toute la bande de Jarvis, ses anciens compagnons que la mort de leur chef avait laissés bouleversés, trop déroutés pour élire un nouveau leader assez rapidement. Ils avaient dû se reformer quelques semaines auparavant, bien décidés à éclaircir ce mystère funèbre qui les avait séparés durant des mois, et la piste n'avait cessé de remonter toujours au même point, vers ce nœud qu'ils avaient d'abord jugé dérisoire et qui, après de nombreux débats, s'était révélé beaucoup plus intéressant que prévu. La brune avait souvent cru être invisible aux yeux de ces mutants hors-la-loi qui traînaient avec son amant, mais elle se trompait. Certes, ils avaient réquisitionné sa cave et l'étage du magasin pour des réunions clandestines ; certes ils l'avaient connue en tant que copine-de-Jay et comme celle qui distribuait des décoctions anti-inflammatoires à leurs muscles abîmés par les contrecoups ; elle pensait que les affinités s'arrêtaient à ce rôle d'infirmière de poche et d'amoureuse évincée, trop humaine pour se sentir concernée par des préoccupations d'illégaux. Finalement non. Et le fait d'imaginer ce qu'ils pourraient lui demander l'angoissait au plus haut point.

Mai était déjà entamé et Warren encore absent. Il ne se passait pas un jour sans que l'herboriste ne tentât de prendre de ses nouvelles ou de lui en laisser, comme un fil rouge suspendu à travers la ville pour lui signifier qu'il pouvait rentrer quand il le pourrait et s'il le désirait. Elle n'était pas capable de plus ; des obstacles lui barraient la route chaque fois qu'elle s'aventurait dans l'hôpital où il recouvrait la santé, et elle fut bien obligée de s'y soumettre. Jusqu'à ce jour, elle songeait n'avoir plus assez de sangs à ronger, et pourtant elle découvrit que d'autres circonstances étaient en mesure d'attiser ses craintes, des circonstances auxquelles déroger ne constituait pas une alternative envisageable. Fuir aurait prouvé sa responsabilité de la plus lâche façon qui fût et, à défaut d'être inébranlable, Ruben possédait au moins une honnêteté de marbre. Elle irait. Inquiète et vulnérable, mais elle irait.

Le message indiquait une adresse des bas quartiers, le genre de chemin de traverse qu'évite la bourgeoisie ordinaire, quelque part entre des entrepôts faussement désaffectés et de vieux immeubles réaménagés en squats. Malgré l'apparence déserte, les lieux grouillaient de vie et de complots, de bruits de vaisselle et d'engueulades, et il lui fallut déambuler entre des bouis-bouis douteux et des salles d'arcanes aux horaires impossibles pour retrouver la fameuse tribu. Parmi les arcades d'un étroit hangar, peut-être un ancien garage délabré, elle aperçut les silhouettes assises en attente de sa venue, son pas anxieux sur le béton sale ; la lumière orangée peignait dans leurs cheveux des reflets chatoyants. Elle les reconnaissait tous, bien qu'il en manquât.
Esther Byrne était la plus jeune, même pas vingt-cinq ans, et son crâne rasé du côté droit lui donnait l'allure d'une star de rock pré-pubère. Elle portait en permanence d'épais foulards pour dissimuler la cicatrice boursouflée qui lui dénaturait la base du cou, conséquence d'une puce un peu récalcitrante à l'arrachage, et des bottes deux fois plus larges que ses mollets. Son don lui permettait de marcher sur n'importe quelle surface inclinée comme si elle eut été posée à plat, et les murs et les plafonds n'étaient ainsi qu'un sol de plus où se déplacer librement, jusqu'au moment où elle se décrochait tout à coup pour renouer douloureusement avec la gravité terrestre.
Andrew Peters était un illégal, le teint mat et les yeux clairs, qui travaillait comme électricien – toute personne connaissant son pouvoir se serait esclaffée de tant d'évidence, mais il évitait au maximum d'avouer que son corps jouait les centrales électriques de temps en temps, en ingérant et déchargeant de forts influx. Sans surprise, il avait une peur bleue de l'eau et collectionnait les greffes de peau proposées par le marché noir, non sans prendre d'énormes risques à chaque occasion.
Yorick Compton, à peu de choses près, était considéré comme le meilleur ami de Jarvis. La trentaine approchant, il avait la physionomie d'un basketteur, immense et puissant, mais n'aurait pour rien au monde quitté son boulot d'épicier dans la périphérie, dans la supérette où il avait rencontré pour la première fois celui qui composerait, quelques années plus tard, ce groupe bigarré. Sa chevelure courte et sombre lui donnait l'air sévère, et en ajoutant à cela les multiples entailles qui parcouraient ses membres, on l'aurait pensé sorti d'une mission commando de l'armée. Cependant, ce n'était que le résultat d'un don agressif qu'il maîtrisait plutôt bien et qu'il nommait Écaille : son épiderme fabriquait en effet de fines lamelles noirâtres, tranchantes, qu'il pouvait lancer autour de lui selon ses mouvements. Des trois, il était celui que Ruben redoutait le plus, car le moins enclin à pardonner une trahison, quelle qu'elle fut.

La capuche rabattue sur ses cheveux noués, les mains dans la poche centrale de son sweat, l'herboriste demeura un instant à l'entrée de la salle, dans le rectangle de lumière que découpait la chambranle. Elle crut sentir la puce derrière son oreille la brûler avec hargne, alors elle se mordit l'intérieur de la joue pour retenir une grimace. Ces trois paires d'yeux rivés sur elle augmentaient son rythme cardiaque déjà élevé sans qu'aucune bouche ne s'ouvrît pendant un moment. Ils se jaugeaient en silence, captant l'atmosphère qui se tendait comme une corde d'arc. Puis la voix de Yorick fendit l'air jaune : « Merci d'être venue, Edel. Il faut qu'on parle, toi et moi. »
Un long frisson reptilien glissa dans le dos de Ruben.
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13.01.15 23:45
Une autre crise, encore une. Recroquevillé sur lui-même, une fois de plus. Encore une fois, une fois de plus, il n’avait plus qu’à attendre que ça passe. Il avait essayé plusieurs médicaments au cours du mois dernier pour faire passer ces crises. Au début il avait pensé à un mauvais rhume mais les symptômes ne faisaient qu’empirer avec le temps, les boîtes de divers médicament s’empilaient dans sa cuisine mais aucun médicament « normal » ne faisait effet au-delà d’une ou deux heures. Son corps et cette chose qui le grignotait reprenait le dessus à chaque fois et de plus en plus rapidement. Si rien de « normal » n’agissait sur sa condition, une autre solution s’offrait à lui bien que quelque peu réticent d’en arriver à ce point.

Sa profession lui disait que ce n’était pas le bon choix, qu’il pourrait tout y perdre : son métier et sa santé. Sa raison lui disait d’aller voir un scientifique, il se doutait un peu de ce qui lui arrivait et aucun médecin ne pourrait l’aider, il fallait plus. Cette solution engageait qu’il perde dans le pire des cas son métier. Quant à son corps, il lui disait simplement d’aller à la solution la plus rapide car le temps lui manquait, un mois ou deux tout au plus, il se rapprochait de la limite, du temps imparti pour trouver une solution.

Il ne savait pas. Il ne savait rien.

Il ne savait plus où il en était. Il ne savait rien ou presque rien de ce qui lui arrivait. Mais il savait que si ce qui était « normal » ne fonctionnait pas, ce qui pouvait se trouver dans d’autres lieux avaient peut-être une chance de fonctionner avant d’en arriver au dernier recours : aller voir un scientifique. Caché sous la capuche d’un large sweat noir il s’engageait dans les bâtiments en ruines, lieux peu fréquentables mais où il pourrait obtenir au choix des médicaments autres que ceux trouvés en pharmacie ou des informations. A plusieurs reprises il s’était engagé dans les dédales de ces bâtiments en tant qu’Eraser à la recherche d’Evolves, qui l’eut cru qu’un jour il se mêlerait à la population de ces lieux en dehors de son service. Sûrement pas lui, un habitué des quartiers plus propres lors de son temps libre mais Il ne se sentait pas pour autant supérieur à la ménagère des bas-quartiers qui pouvait y faire sa vie comme tout autre personne ou à l’enfant jouant avec ce qui lui passait sous la main et qui pouvait s’amuser autant que tout autre enfant. Les ruelles et tournants ne lui étaient donc pas inconnus, les dangers qui s’y cachaient non plus. Le moindre signe de faiblesse pouvait lui apporter malheur et il ne pouvait compter que sur lui en ces lieux.

Ses pas l’avaient mené d’un lieu à un autre jusqu’à arriver au coin d’un hangar calme avant qu’une voie s’en élève. Déformation professionnelle. Ce coin n’était plus ces lieux de brouhaha où se mêlait conversations et cris mais plutôt le genre d’endroit où on se passait de main à main des choses illégales. Il s’était approché le plus possible, de façon à ne pas être repéré mais aussi entendre ce qu’il se disait et voir ce qu’il se passait. De là où il s’était placé, il ne pouvait qu’apercevoir la silhouette d’une seule personne, la présumée nommée « Edel ». Ils avaient tout l’air d’avoir une affaire à régler, il pourrait appeler des renforts car ces personnes n’avaient pas l’air des plus honnêtes. Mais il n’était pas là pour faire le bon samaritain et enfermer quelques mauvaises pousses en prison. Ils pourraient même lui fournir ce qu’il cherchait, qui sait…

La tête rentré dans les épaules et le dos légèrement bossu il paraissait quelques centimètres plus petits. Il s’avançait vers la source de bruit.
« Vous n’avez pas quelques restes contre la douleurs ? Je veux dire celle-là. » Dit-il d’une voie roque en pointant sa nuque, un emplacement où serait une puce récemment arrachée. « Pas que j’veux vous déranger pendant votre réunion avec cette belle d’moiselle mais impossible d’en trouver et j’connais pas encore les bons coins. V’voyez j’suis un habitué des squats mais ils n’ont rien de bon là-bas. »

Il ne mentait et savait que le meilleur se trouvait avec des dealers dans des coins paumés comme celui-ci, même si leur réunion avait l'air d'être un tout autre sujet. Ils semblaient plus vouloir parler de quelque chose. Il regarda tour à tour la jeune femme qui se tenait d'un côté puis les autres personnes qui se tenaient de l'autre côté.

« Mais si j’vous dérange ça peut attendre un peu. Faites comme si j’n’étais pas là. J’peux me poser dans un coin. »

Il n’avait pas prévu de jouer le bon samaritain mais ce n’était pas dans ses principes de laisser une personne en position de faiblesse et cette « Edel » lui semblait être dans ce cas. Il pourrait rester là à observer et voir comment les choses allaient tourner pour lui et pour elle. Il restait sur le vif, il ne savait pas à qui il avait affaire et préparait mentalement tout chemin de retraite.


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Ruben E. Ashter

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Ruben E. Ashter
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16.01.15 11:18
Il y avait un vieil air aquatique qui tournait en boucle entre ses deux oreilles, une mélodie de prédateur, genre grand requin blanc, avec ses accents de suspens et ses notes dangereuses. Les hauts murs de la salle formaient un aquarium pour humains dans lequel évoluaient trois poiscailles peu placides, elle le savait bien, trois murènes à l'heure de la chasse. Pour l'instant, elles se contentaient de sortir la tête de leur anfractuosité de béton, et tout paraissait calme au niveau de la mer, mais Ruben n'ignorait pas la nature de ces eaux troubles où elle naviguait à vue, sans phare ni faisceau. À la moindre inconscience, elle serait happée vers le fond par ces mêmes bêtes qui glissaient sous la surface, presque amicales en apparence, sans conteste hostiles. La louve de mer s'était enfoncée dans la tempête sur sa barque de fortune ; impossible pourtant de juger la force de la houle. Elle avait hissé le cap, c'est-à-dire maintenir le secret de son infamie le plus longtemps qu'il lui serait permis, mais elle n'était dupe ni d'elle-même ni de ses interlocuteurs. Ils ne l'auraient pas fait venir s'ils ne touchaient pas au but, s'ils n'avaient pas l'intime conviction qu'ils trouveraient en elle la réponse à leurs récentes vicissitudes. Autant avouer tout de suite – ce qui se résumait peu ou prou à  se balancer par-dessus bord. Mais l'ancienne résignation de se laisser noyer dans son propre sang n'avait plus lieu d'être aujourd'hui ; elle avait pris conscience qu'au fond à droite de ses ventricules, derrière une petite valve dérobée,  il existait toujours une raison à sa présence terrestre.
Toi et moi. Telle une mauvaise redite d'une époque révolue. Ce n'est pas qu'ils n'avaient jamais noué des liens ; Yorick passait le plus clair de son temps libre dans l'ombre de Jarvis, si bien qu'avoir le second à la maison impliquait de découvrir le premier quelque part entre le toit et la cave. Il avait su tenir la chandelle en toute simplicité et la lâcher aux moments propices, et sa présence n'avait jamais donné lieu à des engueulades de chiffonniers sur un prétendu ménage à trois. L'herboriste ne niait pas le respect anxieux qu'elle cultivait à son égard ; de son côté, il l'avait tolérée auprès de son ami, son frère de cœur, et c'était là sa plus grande marque de confiance. Maintenant que le trait d'union entre eux reposait six pieds sous le béton, il n'attendait que de pouvoir la récupérer. De manière définitive.
« J'suis v'nue » reprit-elle en écho, la voix basse pour éviter d'y laisser filtrer son angoisse.

Elle ne lui ferait pas l'honneur de démarrer l'affrontement, trop sage pour cela. Esther se mit à gratter le sol avec la semelle de ses bottes comme si elle cherchait à dénicher une mine. Andrew leva les yeux au ciel – elle aurait gagé que quelque chose grésillait dans son cerveau – et Yorick croisa les bras sur sa colère latente. Mais alors que ce dernier s'apprêtait à bondir de but en blanc, le hangar rétrécit d'autant qu'une haute silhouette y pénétra, et Ruben réprima un mouvement de recul devant cette montagne vêtue de noir qu'elle n'avait jamais vue. Les circonstances allant dans ce sens, elle crut qu'il s'agissait d'un nettoyeur comme on pouvait en engager facilement dans les ghettos pour une somme rondelette – ce n'étaient pas les rixes vindicatives qui manquaient dans le coin. D'un autre côté, recourir à une tierce personne pour s'occuper du sale boulot ne ressemblait pas à Yorick ; le connaissant, il se serait fait un plaisir de régler l'affaire de ses propres mains. En effet, on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même n'était qu'une de ses nombreuses maximes fétiches. Cependant, vu la réaction des trois Evolves, la jeune femme comprit que le nouveau venu n'était pas prévu dans l'addition, et sa demande confirma son innocence ; ses poumons poussèrent un lourd soupir de soulagement tandis que son odorat captait le profil de l'étranger. Mohair, acier et terre de feu. Pas vraiment le mélange cambouis-Placo, auréolé d'une fumée de cancerette, que se traînaient les inconditionnels des squats. Elle n'en laissa rien déduire ; ce n'était pas de son ressort. Néanmoins, cela le devint très vite lorsque Andrew, cœur d'artichaut sur pattes, fit un pas en direction de l'inconnu.
« Y'a pas d'souci, on sait c'que c'est. »
Il se tourna vers Yorick pour recevoir son approbation, mais c'est Esther qui enchaîna :
« Edel, t'aurais pas apporté quelque chose ? C'est ton truc, les remèdes. »
Quelle gentillesse d'ainsi lui rappeler son rôle de guérisseur hippie ! Ruben resta de marbre. Elle se demandait dans quelle mesure ils la connaissaient ; avait-elle manqué de prudence en s'imaginant qu'elle n'avait pas été espionnée durant les quatre derniers mois ? Hors de question pourtant qu'elle approche ce nouvel hors-la-loi – elle ne le sentait pas.

Depuis sa place, le maître des écailles dardait son regard gris sur la petite assemblée. S'il voyait d'un mauvais œil cette arrivée inattendue, il la subissait plus qu'il ne l'accueillait de bon gré. La tendance paranoïaque des hors-la-loi n'était pas qu'une légende urbaine ; tous avaient appris à n'accorder leur confiance qu'aux méritants et, s'ils se trouvaient toutefois solidaires, des dissensions éclataient souvent entre les différents groupes, belliqueux ou pacifiques. De surcroît, il rongeait son frein pour ne pas exposer devant un étranger plus grand que lui les griefs qu'il pouvait ressentir à l'encontre de la belle d'moiselle. S'il avait pu, il aurait mis dehors l'importun, une adresse de droguiste en poche et à la revoyure – la vengeance lui commandait cependant d'attendre que tout cela refroidisse.
« Occupe-t'en, Edel, lâcha-t-il enfin d'un ton qui n'entendait aucune opposition. Rien ne presse, on n'est plus à une heure près. » La température de la salle frôla aussitôt le zéro absolu.
Ruben eut du mal à dégeler. D'un geste lent, elle obéit et fouilla dans sa besace après avoir indiqué au grand blond un bidon vide où s'asseoir pour qu'elle puisse l'examiner. Elle avait beau ne jamais sortir sans un quelconque pot d'herbes, à l'instar d'un gosse avec sa boîte de pansements décorés, elle craignait de ne pas avoir plus efficace qu'un baume anti-inflammatoire ; après tout, elle ne s'était pas rendue ici dans l'optique de boire le thé ou discuter botanique, à son grand désarroi. Tournant le dos aux trois Evolves pour se ménager un abri, elle jeta un coup d'œil nerveux à la montagne encapuchonnée. Curieusement, celle-ci semblait partager des craintes sans y associer les mêmes raisons que la brunette.
« Montrez-moi. J'n'ai pas grand-chose, mais ça peut vous soulager un moment. »
Derrière elle, la voix sévère de Yorick rayonna à l'adresse de l'inconnu :
« Et de quoi t'es capable pour qu'on t'ait pucé, toi ?
C'est arrivé comment ? Tu l'as enlevée où ? » renchérit Esther, impressionnée par la carrure de l'étranger.
Andrew, lui, garda le silence.

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16.01.15 23:59
A l’accueil cordial qu’on lui accordait, Joshua s’avança de quelques pas dans le bâtiment. Sa présence n’était point désirée mais on ne le mettait pas non plus à la porte et bien que deux des personnes du fond semblaient compatir à son sort l’ambiance n’en devenait pas pour autant plus légère. Au regard du troisième, on devinait que c’était l’homme qui dominait la situation et qui avait le dernier mot sur ce qui se passait ici. Edel elle-même ne semblait pas avoir son mot à dire lorsque celui-ci prenait la parole et celle-ci s’approcha de l’homme en besoin en lui indiquant le bidon vide où il s’assit. Il observa la jeune femme fouiller dans sa besace pour en voir sortir une boîte contenant du baume. Du baume au cœur, il en aurait accepté il y a longtemps et c’est ce qui lui avait manqué mais aujourd’hui ça ne lui était d’aucun secours. Une grimace se dessina sur son visage, elle n’avait donc pas grand-chose et ce « pas grand-chose » ne pouvait rien contre ses douleurs. Il la sentait déjà battre vivement à ses tempes, le temps s’écoulait et actuellement personne ne pouvait rien pour lui. Il se pencha sur la brune pour chuchoter à son oreille.
« Tu n’as pas autre chose ? Un baume ne fera RIEN. Si tu n’as rien sur toi, je peux attendre que tu finisses ta petite affaire avec eux. Si ta spécialité c’est les remèdes tu pourras peut-être m’aider, pour ça je peux bien attendre une heure. »

Par-là, il laissait sous-entendre qu’il ne pouvait attendre plus d’une heure, au-delà les symptômes empiraient, d’une petite migraine il pouvait ressentir des étourdissements, de là s’ensuivait la prise consécutive de comprimés et pilules en tout genre. Mais si elle pouvait lui apporter une solution alternative et durable, il pouvait attendre une heure. Encore fallait-il que tout deux puisse sortirent sans égratignure de cette entrevue.

De cette initiative il n’avait pas souhaité et espéré plus qu’un médicament ou une information. Et pourtant on commençait à l’impliquer plus que nécessaire en lui posant des questions auxquelles il ne voulait pas et ne pouvait pas apporter de réponses. Ces questions inopportunes ne le faisaient que se sentir pris au piège, un piège qui se refermait lentement sur lui au fur et à mesure qu’il s’enfonçait dans son mensonge. Cette histoire de puce enlevée, il aurait été pour son bien qu’il ne la commence pas mais il avait jugé correcte de les aborder ainsi pour ne pas les mettre sur la défensive et obtenir simplement l’objet de sa requête. Jusque-là il avait réussi à maintenir son image du loup blessé, celui qui avait réchappé au chasseur et cherchait une petite aide auprès de ses paires avant de repartir sillonner les rues. Aucun ne semblait douter qu’il était à la fois le petit chaperon rouge qui était sur la mauvaise voie et le chasseur. Il entreprit de leur répondre sur un ton qui se voulait cordial mais qui ne dissimulait pas un agacement pour les personnes trop curieuses.
« Ça n’vous ennui pas bien sûr si j’ne réponds pas à vos question ? J’vous remercie pour l’aide mais je n’vais pas raconter toute l’histoire aux premiers venus. »

Si histoire il y avait, personne n’était encore au courant de rien et celle-ci ne faisait que débuter. Rien à part ses gênes ne lui vaudrais d’être pucé à l’heure actuelle. De ce mois passé, ni collègue, ni supérieur, ni proche ne se doutait de ce qui était en train de changer et de ce qui s’annonçait dans un futur proche. Il passait chaque jour avec une appréhension dissimulée, évitait tout contrôle physique qui pourrait dévoiler le changement. Rien n’était encore arrivé et rien n’avait été enlevé, pas une seule puce n’avait insérée sous sa chaire et encore moins retirée. Tout n’avait été qu’un mensonge pour obtenir leur attention quelques minutes.

« Et vous savez… On est pucé pour un rien maintenant… »

En tout cas lui le savait, il avait emmené un certain nombre d’Evolves non-pucés au centre de recherche pour que ceux-ci se fassent pucer. Mais là devait s’arrêter cette conversation qui faisait se refermer le piège sur lui. Un peu plus et il pourrait éveiller les soupçons, un peu plus et sa couverture pouvait voler en éclat. Il ne tenait pas à goûter au pouvoir de ces Evolves – il n’avait aucun doute que au minimum trois sur quatre, voire les quatre étaient des Evolves – et si on s’en tenait aux pouvoirs, il était celui en positions de faiblesse sans parler de son état. Bien qu’Eraser aguerri, il n’était pas venu sans un minimum de protection, simplement qu’il préférait ne pas y avoir recours et partir sans embrouille.
Il se pencha de nouveau sur Edel. « Je ne tiens pas à baisser ma capuche ni à paraitre trop suspect, tu peux appliquer de ton baume sur ma nuque mais saches que tu ne sentiras rien. »

Il ne savait pas pourquoi il lui confiait ça, mais il sentait qu’il pouvait lui faire confiance pour ne rien laisser paraître aux autres personnes présentes en ces lieux. Et pour cela, il préférait la prévenir qu’elle ne sentirait aucune cicatrice boursouflée et qu’elle ne fasse pas transparaître sa surprise d’une manière ou d’une autre.
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Ruben E. Ashter

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Ruben E. Ashter
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18.01.15 23:19
L'onguent était d'un vert marais au bout de ses doigts, un vert poisseux qui lui rappelait cruellement les jours où elle en avait usé des pots entiers pour panser les blessures d'un oisillon rescapé. Au moment de l'appliquer, elle ne prit pas la précaution de baisser la capuche de l'inconnu, considérant qu'il la conservait pour une raison qui ne la regardait pas et qui, selon un accord tacite, signifiait qu'il valait mieux la laisser en place ; elle gardait la sienne de la même manière, curieux couple de moines urbains, et il n'avait pas l'air non plus de trouver cela impoli ou étrange. De toute manière, elle apprit bien vite l'explication derrière cette attitude, ce qui ne fut pas pour la rassurer, au contraire. Dissimulant au mieux sa surprise, Ruben secoua à peine la tête afin de manifester son incapacité à répondre à la demande. Si Esther pensait qu'il y avait inscrit infirmière en chef sur son front, elle s'enfonçait les trois phalanges dans l'œil. Et l'étranger paraissait prêt à tout pour obtenir le moindre calmant efficace, dût-il ne pas servir pour ce qu'il laissait sous-entendre. Ce mystère ne disait rien qui vaille à l'herboriste ; elle demeurait mutique mais n'en pensait pas moins, et la conclusion de cette histoire lui semblait s'assombrir de seconde en seconde. Malgré sa curiosité, elle se retenait d'interroger la montagne ne serait-ce que dans un murmure, parce qu'elle sentait vaguement que l'affaire était aussi grave que le présageait le ton de sa requête et elle ne souhaitait pas y mettre les pieds avant d'en connaître les détails. Même une fois découverts, elle n'en aurait toujours pas eu l'envie.

Lorsqu'il refusa de raconter ses déboires, l'étranger haussa de plusieurs crans le niveau de méfiance des trois autres Evolves. Il aurait sans doute été préférable de continuer dans la tambouille à mensonges, quitte à s'y embourber jusqu'au cou, plutôt que de désapprouver la contrepartie ; lui qui n'était pas le bienvenu se permettait de rabrouer les hôtes de ces bois, qui répliquèrent par une moue perplexe. L'on pouvait lire dans les iris de Yorick un mépris croissant pour cet inconnu pas très grande gueule, tandis qu'Esther affichait la mine outrée de celle qui se sait dénigrée mais ne trouve rien à redire sur ce comportement dont elle connaît bien les ficelles. Alors Andrew jeta les mots qui désamorcèrent une possible réplique incendiaire, avec une voix amicale qui en disait pourtant long sur sa frustration :
« C'est toi qui vois... »
Des trois, Ruben savait qu'il était le plus réfléchi ; s'il fallait qu'ils en viennent à une extrémité regrettable, il serait là pour arrêter le massacre – maigre réjouissance pour celle qui ne se faisait plus d'illusion.
En revanche, cette mention du puçage tombait à peu près aussi mal qu'un skieur unijambiste sur une piste noire. Pas de gerbe de poudreuse ou de lattes volantes cette fois-ci, et cependant l'herboriste eut l'impression de se prendre une gifle invisible. Elle ne rentrait pas dans cette catégorie-là, de toute évidence. Si on l'avait marquée comme un chien, ce n'était certainement pas « pour un rien », et cette apparente nonchalance dans cette façon de parler lui laissait un arrière-goût amer. La remarque ne laissa personne indifférent, d'ailleurs ; tous saisirent l'accent désintéressé de celui qui s'en fout parce qu'il ne sait pas vraiment ce que c'est, et Yorick fit un pas en avant, prêt à tirer sur le lièvre qui venait de se lever.

« Ça apais'ra l'inflammation un instant » déclara la brunette pendant qu'elle enduisait de baume la peau lisse de l'inconnu, suivant ses aveux et sa volonté muette de passer pour ce qu'il n'était pas. Elle aurait dû se douter qu'elle ne trouverait rien, même sans qu'il ne lui dît, et néanmoins elle appréhendait de sentir sous son index une cicatrice, une plaie ou une croûte quelconque ; elle avançait à l'aveugle, un chouïa embarrassée de se tenir aussi proche d'un étranger pendant que trois paires d'yeux la scrutaient sans vergogne dans son dos. De plus, elle gâchait un soin précieux pour quelqu'un d'autre et cette pensée ne faisait que rajouter à son malaise ; abolir la mascarade aurait-il pourtant amélioré la situation en quoi que ce soit ? Sûrement pas. Mais la scène n'allait pas se poursuivre plus longtemps.
« Si on vous dérange, vous l'dites ! » Le reproche de Yorick précéda aussitôt son mouvement. En deux en trois enjambées, il arriva à la hauteur de Ruben, s'interposant presque entre elle et la montagne – qui le dépassait un soupçon une fois debout – et agrippa le poignet de l'Evolve. Affolée, celle-ci esquissa un pas de recul, un geste de défense pour retirer son articulation de l'emprise masculine, en vain. Déjà, quelques arcs tranchants affleuraient sur l'épiderme du brun, dont certains à l'intérieur de sa paume entaillaient la chair de l'herboriste à l'endroit où il la tenait. De sa main libre, il indiqua à l'imposteur de rester à sa place, au sens littéral autant qu'au figuré, pendant que les deux autres se rapprochèrent d'un bond, moins pour contenir leur chef que pour mieux observer le déroulement des hostilités. Sa voix résonna dans la salle, hérissée comme le seraient bientôt ses écailles.
« De quoi vous parlez ? Tu m'prends pour un con, Edel ? Qu'est-ce qu'il y a entre vous, qu'est-ce que tu m'caches ?! »

Ruben leva vers lui un regard empreint de panique. Elle ne savait pas quoi lui répondre, quoi lui avouer pour que sa colère s'apaisât ; aucune vérité n'aurait pu le calmer. Il se fourvoyait sur leur relation sans qu'elle ne pût nier une certaine entente, tissée à l'aiguille en verre, prête à se briser en éclats. L'inconnu n'avait pas de puce alors qu'il affirmait se l'avoir fait enlever, tandis qu'elle en portait une qu'elle aurait aimé ne pas montrer ; si l'échange d'identité était possible, ce n'aurait pas été de refus, maintenant tout de suite.
« C'est pas c'que tu crois ! » lâcha-t-elle par désarroi, consciente que ce genre de phrase réfrigérée ne l'aiderait en rien. Autant heurter un mur de béton avec une protection en mousse.
« Et qu'est-ce que j'crois, hein ? Dis-moi ! »
Même Andrew semblait pétrifié. Il ne devait pas avoir souvent vu son ami dans cet état, si ce n'est jamais, et s'empêcher d'intervenir lui était difficile bien qu'il s'y pliât. Voir l'herboriste se faire malmener ne lui inspirait aucun enthousiasme, pas plus qu'à Esther, à demi-glacée. Cette dernière ouvrit soudain la bouche plus grand encore, à la seconde où la tête de Ruben fut mise à nue ; ses cheveux noués dévoilaient la carte électronique insérée sous la peau derrière l'oreille, visible de profil, et, pour l'avoir retirée de son cou, la hors-la-loi reconnaissait sans mal les circuits lumineux du système de traçage.
« Edel, c'est quoi c'truc, là ? » Question rhétorique. Yorick perçut toutefois le désappointement dans l'interrogation, puis l'effroi qu'il sous-entendait. D'un geste brusque, il fit tourner l'herboriste de manière à distinguer le fameux truc, et sa découverte le figea un instant. D'horreur, de dégoût ou de rage, impossible de dire. Les trois, par défaut. La jeune femme en profita pour récupérer son poignet, plaquant sa main sur ce qui ne pouvait plus échapper à personne.
« J'peux tout expliquer ! »
Mais les mots se brisèrent en touchant le sol.
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