Y a pas à tortiller, je suis sûre que mon chef savait très bien à quoi il pensait en me refilant ça : me faire chier. Non mais sérieusement, vous y croyez, vous ? Un bleu ! Un putain de bleu, là, comme ça, un ptit machin sans expérience du terrain et qui t'colle aux basques parce qu'il est rien foutu de faire d'autre. Genre tu l’prends sous ton aile ma p’tite Axelle et tu fermes bien gentiment ton clapet si tu veux pas qu’on t’en ponde un second.
Je kiffe mon supérieur putain.
Mais je suis censée en faire quoi, au juste, moi ? Le nourrir, le promener deux fois par jour pour qu’il aille faire ses besoins et lui apprendre à faire le café ou ramener mes pantoufles le reste du temps ? Sans déconner, j’ai déjà assez de mal à me supporter, alors si en plus faut que je garde à l’œil le blanc bec à chaque fois que j’emmène mon uniforme prendre le soleil et faire un tour dans les rues de Madison, croyez-moi, on est pas sorti de l’auberge ! … bien que ça ne me dérangerait pas plus que ça, rester dans l’auberge, si au moins la bière valait le détour.
Enfin, trêve de conneries. Oui, je suis un peu énervée. J’ai beau me dire que faire une erreur, ça arrive à tout le monde, j’y peux rien, ça m’énerve quand même. J’ai pas la prétention d’affirmer que j’en fais jamais, que ça m’est jamais arrivé de faire foirer un truc… mais ça m’énerve quand même.
Bon et puis assumons un peu aussi : c’est pas super cool de pouvoir légalement gueuler sur un collègue sans que personne ne puisse rien y redire ? On me l’a refourgué, faut assumer les dommages après. J’vais lui tailler un short, ça lui fera pas de mal à ce p’tit bonhomme – oui parce que faire quasi une tête de plus que moi ça compte pas, il est quand même petit, namého ! – et puis les bleus, ça a la chair trop tendre, ça s’fait bouffer en deux-deux si on les tape pas un peu pour les endurcir. Et moi taper, j'aime bien ça. Muahaha.