Ma journée de travail arrive lentement à son terme. Les yeux sur mon écran d’ordinateur, je classe quelques plaintes futiles que certaines personnes ont envoyé pour essayer d’insulter ma Ode tout en gérant un autre client au téléphone qui se montre plutôt tenace. Usant de ma voix charmante et mes mots convainquant, je réussis à me débarrasser de ce personnage au même moment où un mail attire mon attention. J’ai comme boulot de prendre connaissance de tous les courriels destinés à Ode avant de décider si je lui transfère ou si je le supprime directement, c’est une technique qu’on a trouvée pour qu’elle ne perde pas son temps avec des broutilles. Mais ce courriel m’est adressé personnellement, piquant ma curiosité. En l’ouvrant, je découvre une demande d’une certaine Kaycee, se présentant comme étant une étudiante en art, qui souhaite me rencontrer pour en apprendre plus sur le stylisme. Un sourire de fierté s’affiche, glorieux, sur mon merveilleux visage. Non seulement je suis connue, mais en plus, je le suis pour ma beauté et mes goûts vestimentaires. Si cette charmante Kaycee souhaite me flatter, c’est réussi ! Je m’empresse d’accepter et de confirmer une date lors de laquelle Ode n’aura pas besoin de moi et j’enchaîne en allant demander, agenda à la main pour montrer à ma patronne l’horaire à venir.



J’arrive à ma boutique 20 minutes en avance par accident. Je remarque cette gaffe lorsque je jette un coup d’œil à ma montre. Avec mon cerveau qui commence à flancher, j’ai pris l’habitude de partir en avance, mais d’habitude c’est dans le cas d’un rendez-vous d’Ode, ce qui rend la chose peu dérangeante. Par contre, je trouve ça un peu gênant de devoir attendre 20 minutes, là, dans la rue, comme une conne. Surtout qu’à cette heure, l’endroit est plutôt achalandé et vue le nombre de passants, cette attente risque d’être plutôt pénible. J’en profite donc pour sortir mon miroir de poche et m’assurer que tout est en ordre. L’envie d’impressionner Kaycee se faisant trop forte, j’ai mis le paquet. J’ai passée de longues minutes à maquiller mes yeux, choisissant quelque chose de profond, charmant et léger avec un rouge à lèvre rosé. Je replace un peu ma chevelure blonde, passant une mèche rebelle derrière mon oreille et je sors un petit mouchoir pour retirer une petite marque de rouge à lèvres en trop. Voilà, je suis parfaite !

Le sourire aux lèvres, j’attends un peu en regardant les alentours jusqu’à croiser le regard d’une personne que je crois reconnaître comme étant ma compagne du jour. Je lève ma main au-dessus de ma tête en faisant un signe de salutation. J’enchaîne ce geste par des paroles douces, ne parlant pas trop fort.

- Kaycee ? C’est bien toi ?

Quelle ironie du sort. Mon professeur, Monsieur Aiden, nous demandâmes de faire un exposé sur le stylisme, à savoir les habits de notre époque. Moi qui ne fais pas spécialement attention à ma tenue vestimentaire, je dois dire que c'était presque une punition de devoir faire cela mais avant de devenir docteure en histoire de l'art, je dois voir tout ses aspects, de plus intéressant au plus lassant. Je ne connaissais strictement rien à la mode et j'étais perdu lorsqu'on me faisait rentrer dans un magasin dit de haute prestance. Par chance, j'avais eu vent qu'Ode, une personnalité plutôt importante à Madison avait une secrétaire qui s'y connaissait très bien en prêt-à-porter. Étant donné que nombre de personne la connaissent pour sa beauté et sa tenue vestimentaire. Chose que j'ai rarement vue malgré mes passages en ville.

Je me vêtis de mes habits communs, que j'opte la plupart du temps, sans savoir si le personnel du magasin allait m'accepter comme j'étais. Un tee-shirt ample, un pantalon un peu plus serré que le haut et des chaussures de ville, le tout dans les tons clairs, pour être en harmonie avec ma couleur de peau et ma chevelure, que je laissai tomber sur le côté gauche. J'emportai avec moi un sac à dos, remplis de crayons et de feutres divers ainsi qu'un petit livret me permettant de réaliser des croquis, préfèrent faire travailler ma mémoire plutôt que de la laisser au repos en prenant simplement une photographie. Nous nous étions donnée rendez-vous au centre-ville, au centre de ressources, où fluctu les magasins en tout genre notament de vêtement. La foule était dense, si bien que quelques personnes me bousculaient, volontairement ou involontairement, pour pouvoir gagner quelques secondes de leur précieuse vie. Du haut de mes un mètre quatre-vingt-douze, Alycia ne pouvait que me remarquer parmi les gens qui marchaient à côté de moi. En effet, elle me fit signe de la main et m'adressa la parole.

- Kaycee ? C’est bien toi ?

« Oui. Tu es Alycia j'imagine ? »

Je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un léger sourire en la voyant. Ce que l'on racontait sur elle n'était donc pas des rumeurs.