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Le prix de la peur: prologue [PV Nora Stampton]
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12.11.14 22:40
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Journal


J'ai peur.

Respirer. Je veux juste respirer.

L'odeur qui flotte dans la pièce m'étouffe, s'infiltre dans ma peau, m'empoisonne et me tue. Une puanteur lourde que je connais trop bien. Ça empeste la mort, la souffrance et la terreur.

Moi aussi je pue la peur. J'ai mal. J'ai froid. Et je vais mourir ici.
Un capuchon rêche me couvre le visage. Mes pensées sont confuses.

Je suis plongée dans le noir. Un noir dense, une ombre sans lumière. Les ténèbres sont effrayantes. Pleines de bruits et de cauchemars.

Elle hurlait. Je me souviens qu'elle hurlait. Ou est ce que c'est moi qui hurlait?
Je veux oublier sa voix. Je veux partir d'ici. Je veux mourir. Je veux vivre. J'ai peur de mourir. Je veux partir. Ma mort me terrifie. Je veux mourir.

J'ai peur.


Le prix de la peur: prologue [PV Nora Stampton] Okumur10

22 avril 2213, 10 jours après l'arrivée des Anciens

Assis au bord du toit, Varig regardait attentivement le ciel lourd de nuages menaçants. Ses lunettes de réalité augmentée étaient dans sa main et il ne portait pas de lentilles de contact. Rien pour perturber sa vision. Quelque soit l'époque, le ciel était le même, et en levant assez la tête il ne voyait plus le mur de la ville.

Cela faisait presque dix jours que les Anciens étaient arrivés à Madison, et ce qui était une situation transitoire devenait une sorte de quotidien plus ou moins agréable selon les moments.
C'était un constat, une impression ni positive ni négative. Le déni des premiers jours avait été remplacé par la réalité des heures qui passaient dans ce Nouveau Monde. Ce qui ressemblait à un rêve ou un cauchemar avait fini par s'imposer.
Comme quoi l'être humain pouvait s'habituer à tout...
La ville avait fait de même, et les médias n'avaient pas mis trois jours à se lasser de cette nouvelle attraction devenue un simple événement étrange de plus dans une longue histoire mouvementée. L'annonce du conseil avait achevée de clore l'affaire.

L'agent trouvait lui aussi une sorte d'équilibre précaire dans sa vie de mercenaire/fugitif recherché.
Au début il travaillait pour Sofia parce qu'elle seule pouvait lui fournir l'aide dont il avait besoin pour échapper à la milice. Aujourd'hui il devait aussi avouer que les "missions" qu'elle lui confiait lui donnaient un but sans lequel il aurait été perdu. Un objectif à remplir, une raison de continuer à avancer. S'il pouvait réussir dans ce travail de mercenaire malgré un saut de deux siècles dans le temps, il pouvait aussi reprendre le contrôle de sa vie. Une cible après l'autre, petit à petit, il trouverait sa place et son chemin.

Il inspira à plein poumons et expira en fermant les yeux. Quelques minutes plus tôt une "réminiscence" l'avait perturbé et il avait ressentit le besoin de venir se percher au sommet de cet immeuble de l'entre deux. De prendre de la hauteur.
Depuis qu'il était arrivé à Madison, il rêvait beaucoup plus. De son passé ou de scènes confuses et angoissantes. Parfois en pleine journée, un lieu ou un visage familier le replongeait quelques instants dans un souvenir. Parfois il se passait quelques jours en paix, parfois il en subissait plusieurs sur de très courts intervalles.
Comme aujourd'hui.

Mais installé là haut il ne voyait pas son passé. Seulement le ciel et l'orage qui viendrait peut être. La paix...

Une sonnerie désagréable interrompit ses réflexions. Agacé, il mit malgré tout ses lunettes pour voir qui l’appelait. Sans étonnement il vit le nom de Sofia s'afficher sur l'écran projeté directement dans son œil. D'un geste de sa main gantée il autorisa la communication.

-Bonjour Varig, lança une voix douce, polie par l'âge mais teintée d'un infime accent.

Comme d'habitude il n'y avait pas d'image, un mode de communication délaissé à l'ère des hologrammes. Bizarrement Varig était rassuré de savoir que certaines personnes préféraient ne pas se voir. Sofia était ainsi devenue une simple voix donnant ordres et informations sans se montrer. Cela lui convenait parfaitement, et c'était étrangement proche des habitudes qu'il avait avec "sœur Ada", son superviseur de mission au XXIème siècle.
Il ne savait rien de son employeur, cette voix anonyme était donc d'une certaine façon plus honnête qu'un visage qui deviendrait familier.

-Sofia, la salua-t-il d'une voix neutre. Que puis-je faire pour toi?

Malgré lui la curiosité avait prise le pas sur son agacement. La femme n'appelait jamais elle même pour donner du travail, sauf quand celui-ci était d'importance.

-J'ai besoin que tu retrouve quelqu'un.

Elle marqua une pause. Varig attendit passivement la suite

-Une Eraser a disparu. Un de mes contacts au sein de la milice a confirmé que son bracelet d'identité n'était plus localisable. Il va falloir utiliser les bonnes vieilles méthodes si on veut la trouver.

L'agent arqua un sourcil. Le fait que Sofia ait une source au sein de la milice n'était pas nouveau. En revanche quelque chose lui échappait.

-Je ne suis pas sûr de saisir. Pourquoi m'envoyer retrouver une Eraser? C'est le monde à l'envers.

Il se retint d'ajouter "après tout c'est eux qui me cherchent".
Sofia ne répondit pas immédiatement. Varig s'aperçut qu'il y avait quelque chose de différent dans sa voix. Inquiète? Soucieuse?

-Mes autres agents ne sont pas adaptés pour ce travail. Tu seras bien payé, rassure toi. Retrouve la vite c'est tout ce que je veux.

Il acquiesça de la tête, pensif. Efficace, bien payé et ne posant pas de question. Les trois traits principaux d'un bon mercenaire. Ce qu'il était finalement devenu, au moins jusqu'à ce qu'il trouve un moyen de quitter Madison.
Toutefois il n'était pas très enthousiaste à l'idée de se frotter directement à la milice sans rien savoir de son travail.

-Je ne promet rien. L'argent ne me sert pas à grand chose si je fini au fond d'une cellule. Envoie moi les infos par fichier. Que veux tu que je fasse si je la retrouve?

Son interlocutrice ne protesta pas. L'icone signalant l'arrivée d'un fichier apparut dans l'air, à portée de main.

-Rien d'autre que t'assurer qu'elle reste en vie. Tout ce que j'ai est là dedans, tu es libre de la méthode à employer. Tu dois juste savoir une chose. Dans moins de 48 heures elle sera morte.

L'agent fronça les sourcils.

-Comment tu...?
-Je le sais, ne demande pas comment. C'est solide. Si tu ne la trouve pas, elle mourra. Bonne chance.

Sans rien ajouter elle raccrocha.
Varig resta quelques secondes immobile, les yeux toujours levés vers le ciel. Pensif. Drôle de job. Si une Eraser était en danger, pourquoi la milice ne s'en chargeait elle pas? Pourquoi Sofia l'envoyait-elle lui, pourquoi s’intéressait-elle à cette Eraser? Et d'où venait cette étrange certitude qu'elle semblait avoir acquise?
Cette mission sentait les ennuis.
Il regarda sa montre, réfléchissant intensément. Il était 7h50. Moins de deux jours avait dit Sofia...

Peut-être le fichier expliquait-il tout. Peut-être.
Peut-être qu'il devrait se contenter de refuser. Ou envoyer les informations aux Erasers.

Mais étrangement il hésitait à lire ce que contenait ce fichier. Comme si les informations qu'il contenait pouvait le rendre responsable de cette femme. Responsable de l'empêcher de mourir.

Il ferma doucement les yeux. Sur ses lèvres on pouvait lire une prière. Il pria un moment, sans trop savoir quoi demander. Comme on recherche la compagnie rassurante d'un ami dans un moment de doute, il se réfugia auprès de Dieu. Durant de longues minutes il resta ainsi immobile au bord du vide, le visage levé vers le ciel. La rumeur de la ville bourdonnait sans qu'il y prête attention.
Au loin l'orage commença à gronder.

Puis il rouvrit les yeux. Inspira profondément. Il n'avait pas posé de question, mais la réponse était venue comme une évidence.

Avec douceur, sa main gantée glissa vers le fichier.



22 avril 2213, 11h50
Il reste 43 heures


Les nuages avaient finis par exploser, et la pluie tombait maintenant en cascade sur la ville. Comme arrêté par le mur, l'orage tonnait au loin.
Chassée par les rafales de vent, l'eau venait frapper la fenêtre de la petite pièce à demi plongée dans la pénombre.
Assis sur le bord d'un lit emballé de plastique Varig pianotait dans le vide.

C'est du moins ce qu'on aurait put croire si l'on ne portait pas ses lunettes de réalité augmentée. Il achevait en fait de paramétrer son omniphone. Devenir intraçable devenait compliqué, à l'ère où big-brother faisait figure d'antiquité dépassée depuis longtemps par les systèmes de surveillance...

Finalement satisfait de ses redirections successives et des adresses fantômes fournies par un hacker dissident de la Fédération Asiatique, il se décida à enregistrer son message. Il ne devait plus être loin de la pause déjeuner.

Avoir une voix calme mais déterminée. Persuasive.
L'agent inspira et se composa mentalement le ton qu'il voulait avant d'enclencher le logiciel.

-Bonjour Nora, c'est "Mike Wagner". J'ai besoin de votre aide.
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14.11.14 17:37


Une journée de merde. Encore une. Mais cette fois, même le climat avait décidé d’y mettre du sien pour bien pourrir le moral de la jeune femme. Entre les dossiers laissaient en suspens qui n’attendaient que des yeux pour être lu, mais pas assez de mains pour cela et le fait qu’elle était de mauvais poil depuis son levé, il ne valait mieux pas venir chercher des noises à Nora. Pour le coup, elle mordrait presque. Même ses supérieurs avaient décidé de ne pas la convoquer dans leur bureau pour éviter de devoir la renvoyer et ainsi perdre un soldat de plus. Les temps étaient durs à Madison ! Quoi qu’il en soit, l’Eraser était en train de pianoter sur son ordinateur, terminer son rapport au plus vite pour ensuite aller faire une ronde dans le quartier qui lui était attribué. Même si ça signifiait se prendre une averse sur la tronche, ce serait toujours mieux -de son point de vue- que de devoir rester enfermée dans ce bureau, où tous les nerfs étaient un peu à fleur de peau. A croire qu’elle avait réussis à contaminer ses collègues avec son caractère à la con. Tant mieux ! Elle se sentirait moins seule comme ça ! Les heures défilèrent plus vite qu’elle ne l’aurait espéré et l’heure du déjeuner allait bientôt sonner. Parfait, il ne lui restait plus que quelques recherches de plus sur un certain dossier et elle allait pouvoir dire bonjour à l’air frais. Alors qu’elle se levait, en s’étirant de façon peu féminine, son bracelet lui indiqua un appel entrant. N’ayant pas vraiment d’amis et étant au travail, elle trouva ça assez louche comme appel. Ou alors, c’était simplement sa parano qui était plus présente aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, elle soupira de lassitude, attrapa un écouteur qu’elle fourra dans son oreille gauche et sorti du bureau en même temps qu’elle prenait l’appel.

« Nora. »
Répondit-elle avec moins d’agressivité qu’elle ne l’aurait cru.

La voix à l’autre bout la fit se stopper net dans le couloir. Il n’eut même pas besoin de lui donner son identité pour qu’elle sentait son sang ne faire qu’un tour et ses dents se serrer sous le début de colère. Alors qu’elle se demandait mentalement ce qu’il lui voulait, tout en étant revenu à son bureau pour lancer une recherche de localisation, Mike lui fournit la réponse à sa question silencieuse. Son aide ? C’était quoi cette blague ? Alors qu’elle avait finis par apprendre que c’était l’autre enfoiré qui avait envoyé certains de ses collègues à l’hosto ? Il osait venir lui demander de l’aide ?

« Va te- » Commença-t-elle avant de changer d’avis.

Il lui fallait surement une bonne raison -outre celle de lui faire perdre son temps- pour prendre contact avec elle. Notamment avec les risques que ça encouraient. Ouais, enfin si toutefois ce putain d’ordinateur daignait lui donner les infos qu’elle voulait ! Comment ça « Impossible de localiser l’appel » ?! C’était réellement une journée merdique. On pouvait difficilement faire pire.

« Ouais, bon quoi ? Tu veux p’tre te rendre bien sagement ? »

C’était plus pour parler pour ne rien dire et surtout pour l’inciter à s’expliquer rapidement avant qu’elle ne devienne réellement agressive. Ce qui pourrait peut-être le faire fuir. Et même si elle ne voulait pas l’admettre, elle ne pouvait pas se le permettre, puisque cet enfoiré était resté introuvable depuis qu’elle avait commencé ses recherches. Oui, sauf que sa réponse, purement évasive la fit bouillonner. Une question de vie ou de mort. Cet argument était des plus bidons ! Il aurait surement pu trouver mieux ! ... Hum... Justement. Il était parvenu à la duper au Complexe sportif, alors elle supposait qu’il puisse être un peu plus inventif que ça. Nora commença à partir dans des réflexions qui ne firent que l’énerver davantage. Comment faire des suppositions sur une personnalité dont on ne connait rien ?! Elle inspira profondément, pour remettre de l’ordre dans ses pensées. Mais Mike reprit la parole.

« Si vous êtes pas convaincue vous pourrez toujours m'arrêter après. »

Cette bonne blague !

« Cette idée ne m’avait même pas traversé l’esprit. »
Répliqua-t-elle sèchement.

Elle finit par se lever et elle allait mettre sur haut parleur sa conversation pour que ses collègues entendent la conversation, pile au moment où son interlocuteur l’informa qu’il ne voulait qu’elle et qu’elle ne devait prévenir aucun autre Eraser. Bordel, il commençait sérieusement à lui courir sur le champignon ! Nora se mordit la lèvre, jurant sans même se cacher et sorti du bureau.

« Je sors. J’en ai marre. J’prends ma journée. »
Lança-t-elle à ses collègues, tous outrés par son comportement sans gènes. Ca avait du bon d’avoir un caractère de merde parfois.  

Elle enfila sa veste, cachant ainsi son holster et son arme.

« Et maintenant ? T’es où ? »


Elle écouta les indications de son interlocuteur. La place des disparus. C’était un poil ironique à ses yeux mais pour une fois Nora se passa de tous commentaire. Elle faillit prendre son véhicule mais changea d’avis en se disant que ses collègues pourraient la trouver ainsi. Non, elle ne faisait pas confiance à Mike et c’était peut-être un piège -même si elle ne voyait pas pourquoi- mais elle allait tenir sa parole quand elle disait ne rien dire à personne. Mais prendre les transports en commun à une heure où la population allait être en pause déjeuner était parfaitement hors de question. Elle informa donc l’homme au bout du fil du temps qu’elle allait mettre pour arriver sur place et s’il lui disait que ça ne lui plaisait pas, elle l’enverrait simplement chier.

Elle raccrocha. Inutile de perdre de la salive en paroles inutiles. Elle mit une petite vingtaine de minutes à arriver sur place. Et de là où elle arrivait, elle ne voyait pas Mike. Elle inspira alors qu’un homme se dirigeait droit devant elle. Nora se recula instinctivement de lui pour garder une certaine distance avec l’individu.

« Tu me veux quoi toi ? »

« J’dois vous emmener dans un café. Votre copain est du genre bizarre non ? M’enfin, puisqu’il paye bien... »

Son copain ? L’Eraser mit quelques secondes avant de comprendre de qui il parlait et elle jura ouvertement. Elle resta toujours à bonne distance de l’homme, qui la conduisit dans un café. Le genre d’endroit qu’elle fréquente de temps en temps, sauf que les siens n’ont pas cette particularité. Ok. Elle n’aimait pas du tout et elle fit mine de se gratter le dos, mais ce fut surtout pour toucher son arme du bout des doigts. Pour se rassurer... Foutu lieux virtuels !


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15.11.14 11:11
Varig raccrocha avec satisfaction. Vingt minutes et Nora serait sur la place des disparus.

Il n'avait aucun doute sur le fait qu'elle viendrait. Si la curiosité ne suffisait pas, la rancœur serait un excellent stimulant. Nora serait là, prête à prendre des risques et décidée à le coincer.
Le temps de trajet qu'elle avait indiqué était plutôt long pour venir, mais un peu court pour organiser une embuscade. Une possibilité qu'il ne pouvait écarter. Hors de question qu'il vienne sur une place alors qu'il était facile pour la milice de truffer discrètement les toits de snipers. Toutefois cela lui permettait de tester la jeune femme. Il lui offrait l'occasion de le piéger, il était intéressant de voir si elle se jetterait dessus ou si au contraire elle jouerait son jeu.
Il la voyait plutôt essayer de le coincer sans l'aide de personne. En fait il y comptait. La suite n'en serait que plus facile. Et si elle mettait de côté son orgueil et ameutait ses collègues... Sa mission ne deviendrait pas plus difficile qu'elle ne l'était.

Il passa rapidement quelques coups de fil pour achever de mettre son plan en place. Pour l'occasion il avait embauché trois petites mains, des idiots obéissants tant qu'on les payaient bien.
Le premier s'était placé près du QG de la milice pour renseigner tout départ suspect. Le second devait attendre Nora sur la place. Le troisième patientait sur un toit proche avec une grosse valise vide, en guise d'appât. Une équipe d'intervention ne pourrait pas passer à côté d'une pareille cible.

Ceci fait, l'agent s'assit sur le lit et attendit en laissant son esprit vagabonder. Il aurait aimé pouvoir accélérer le temps comme certains Evolves. Avait-il raté quelque chose? Est-ce que des miliciens cagoulés allaient venir pulvériser sa porte et le jeter dans une cellule? Nora allait-elle venir au rendez vous?
Varig resta ainsi immobile avec ses questions tournant dans sa tête, ses mains gantées sagement posées sur ses genoux.

Vingt minutes plus tard il reçu un premier coup de fil. Son "appât" était intact. Peu après son deuxième "employé" lui annonçait que Nora était bien arrivée à la destination prévue.
Avec un soupir de soulagement il se laissa tomber sur le lit et s'étira. Pour le moment tout se passait comme prévu.

Lentement il enleva ses lunettes et prit un gros casque relié à des fils électriques qui était posé sur le matelas. L'objet ressemblait vaguement à un instrument de torture, mais il le mit sur sa tête sans hésiter. Ensuite il se coucha aussi confortablement que possible.
Le stress qu'il ressentait le surprit désagréablement. Cette nouvelle expérience n'était vraiment pas la plus dangereuse qu'il ait faite ces derniers jours, pourtant son cœur battait plus vite.
Laisser son corps ici, dans cette chambre bouclée. Vulnérable. Envoyer son esprit dans un ailleurs qui n'existait pas vraiment...

Avec cynisme il se dit que c'était déjà plus ou moins ce qui lui était arrivé dix jours plus tôt. Sauf que là il était volontaire, et sûr de revenir.

-Connexion, ordonna-t-il d'une voix plus assurée qu'il ne l'était lui-même.

Un éclair l'aveugla et l'instant d'après, tout disparu.



Tout autour de Varig était d'une blancheur immaculée. Il n'y avait pas de sol, pas d'horizon. Rien qu'un brouillard numérique, structuré par des lignes aux mouvements étranges. L'endroit était irréel. Impossible.
Virtuel corrigea-t-il mentalement.

Bien qu'il ne le voit pas, il sentait un sol rectiligne sous ses pieds.
Doucement il regarda sa main, fit jouer ses doigts. Il portait un épais gant de cuir gris et la manche d'un long manteau militaire recouvrait son avant bras. Cela semblait si proche du réel et pourtant légèrement différent... Comme si ses yeux voyaient moins de nuances, comme s'il percevait juste un peu moins de choses. Malgré tous les progrès effectués le virtuel était encore légèrement en deçà du réel. L'illusion était incroyablement, mais ses sens lui faisaient encore sentir que ce n'était qu'un mirage.

L'agent rajusta rapidement son uniforme, reproduit à la perfection dans chaque pixel. Une longue capote grise ornée de galons de colonel, des bottes et un pantalon assortit, sans oublier le chapeau, le sabre et le lourd revolver accroché à sa ceinture.
Une tenue vieille de plusieurs siècles.

-Virtualisation terminée, annonça une voix robotique venue de partout à la fois. Génération de l’environnement.

Une vague de brouillard balaya l'impossible paysage blanc, obligeant l'agent à fermer une seconde les yeux. Quand il les rouvrit, il chevauchait dans un sous bois.
Il regarda autour de lui, vaguement désorienté. Sa monture avançait au pas sur un sentier de terre, tandis que les rayons du soleil traversait les branchages. Il montait une pente douce, sûrement une colline boisée.
Avec un sourire l'agent se dit que les arbres du nord est des Etats-Unis n'avaient pas changé quelque soit l'époque. Depuis milliers d'années...

C'est à ce moment qu'il entendit les premières rumeurs de la bataille. Le rugissement de canons, des coups de feu, des clameurs de rage et de peur.
Son sourire s'effaça. Les programmeurs de cet endroit avaient bien fait les choses. Ces bruits étaient bien ceux de la guerre.
Assombri par les souvenirs qui cherchaient à refaire surface il se pencha en avant et flatta sa monture, un grand cheval à la robe marron.

-Où tu m'emmène mon beau?

L'animal ne répondit rien, mais un soldat à cheval sortit de nulle part pour chevaucher à ses côtés. Lui aussi portait l'uniforme des confédérés, les "sudistes" comme les appelaient leurs ennemis de l'Union. Protagonistes virtuels ressuscités pour rejouer une guerre sanglante pour l'éternité. Comme un avertissement.
L'agent dut faire un petit effort pour se souvenir que rien de tout ça n'était réel. Pour considérer cette homme aux favoris impeccables et à l'uniforme savamment usé comme une simple ligne de code.
Ici il n'était qu'un intrus, ou hôte de marque venu assister à quelque chose qui était fini depuis longtemps.

-On est presque arrivés mon colonel, annonça le soldat.

Varig fit signe qu'il avait compris de la tête. Sans doute le système réagissait-il aux questions qu'il posait. Ils avancèrent encore un moment, sans doute le temps que la "scène suivante" ne charge. A moins que cette chevauchée dans les bois environnée des bruits lointains de la bataille ne fasse partie de la mise en scène.
Soudain le sentier qu'il suivait déboucha sur une clairière, placée au sommet de la colline.

-Je vais vous attendre ici, annonça le soldat en mettant le pied à terre. Tenez, prenez ça.

Il venait de récupérer une longue vue dans les fontes de sa selle. L'agent récupéra l'objet et confia son cheval au figurant numérique. Une seconde il étudia son visage, si fidèlement reproduis. Si expressif. L'autre lui rendit son regard, avec neutralité. Il n'existait pas vraiment, attendant seulement que de retourner dans les limbes des mondes virtuels.
Plus troublé qu'il ne l'aurait cru, Varig se détourna et monta jusqu'au sommet de la colline, qui lui cachait encore le champ de bataille.

Le panorama était dantesque. Deux armées se faisaient face, l'une de grise et l'autre bleu et se massacraient à quelques dizaines mètres de distance. Les sudistes tenaient leur position en contrebas d'une colline tenue solidement par les nordistes, et il était difficile de savoir qui montait vraiment à l'assaut.
Dans le ciel, avec l'horizon comme ligne, quelques mot s'inscrivaient en lettre géantes. Bataille de Gettysburg, 3 juillet 1863. Sans doute une indication à l'intention des spectateurs...

De là où il était, l'agent dominait la bataille acharnée que se livraient les américains.
Le combat durerait encore des heures au milieu de la plaine herbeuse et des arbres clairsemés. La lutte pour la colline tournerait finalement à l'avantage des nordistes et les sudistes se replieraient en bon ordre, perdant leur dernier espoir d'une victoire éclair sur l'Union. Cette colline n'était que le flanc gauche de l'armée nordiste, quelques centaines de mètres de terrain dans un pays immense. Pourtant c'était en partie ici que s'était décidé l'avenir des Etats-Unis. Et par extension, celui du monde. Il connaissait déjà l'issue, les chiffres, les enjeux et les conséquences de cette bataille. Pourtant la lutte féroce qui se menait tout près avait quelque chose de fascinant et de repoussant à la fois. Même virtuelle, la scène restait extrêmement réaliste.

Varig n'ouvrit pas la longue vue et se détourna du "spectacle". Il n'était pas venu pour cela.
A la lisière de la forêt, deux chevaux venaient d’apparaître, à l'opposée de là où attendait sagement "son" soldat. Celui ci ne broncha pas malgré le bleu des uniformes ennemis, pas plus que le soldat nordiste accompagnant le colonel nordiste. Un demi sourire apparut sur le visage de l'agent en voyant Nora approcher. L'uniforme sur une femme était anachronique, pourtant des deux c'était elle le soldat et lui le "civil".

-Bonjour Nora. Merci d'être venue aussi vite, lança-t-il quand elle fut à portée de voix.

Il ne souriait plus. Elle le percevrait plus sûrement comme une provocation que comme une marque de sympathie.
La pensée le traversa que ses yeux étaient bleus, et non plus marrons. Mais si elle avait lu son avis de recherche, ça ne devrait pas la surprendre. Et manifestement elle l'avait lu vu leur court échange téléphonique.

-Comme je vous l'ai dit au téléphone, j'ai besoin de votre aide. Une personne est en danger de mort et d'après mes sources il nous reste 42 heures pour la retrouver en vie. Très honnêtement je n'y arriverais pas sans vous, c'est pourquoi j'ai pris la liberté de vous contacter.

Une entrée en matière destinée à se qu'elle se sente en position de force. Il lui demandait un service. Son aide.
Qu'elle décide de l'écraser de son mépris et de refuser superbement était une réaction prévisible mais pas certaine. Cette petite revanche lui plairait peut être...
Cela n'avait pas vraiment d'importance vu ce qu'il gardait dans sa manche. Il attendit quelques secondes sans rien dire avant de lâcher sa "bombe".

-Il s'agit de Marie Greene.
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16.11.14 17:43


Ce qu’elle avait crains était vraiment en train de se passer. En plus d’être un café/bar, ce lieu offrait aussi la possibilité de louer des chambres. Et pas n’importe lesquelles, puisqu’elles permettaient de se connecter à un réseau virtuel dès plus sophistiqués. Alors que la jeune femme venait voir celui qui semblait être le gérant, pour voir si jamais son prétendu rendez-vous était dans les parages, l’homme l’informa qu’une chambre était déjà louée pour elle et qu’on l’attendait. Sur un certain serveur. On lui donna un pass pour la chambre. Elle espérait vivement que c’était une blague. Pourtant, elle monta à l’étage indiqué, non sans jurer et soupirer dans les escaliers. Parce que oui, elle n’aimait pas les ascenseurs, aussi sûrs soient-ils. Une fois arrivée devant la porte de la chambre, elle prit son arme dans sa main gauche, se mettant légèrement sur le côté et un peu baissée, histoire ne pas rester pile dans le champ de tir et ouvrit la porte. Mais bien vite, elle dû se rendre à l’évidence même : il n’y avait personne dans cette foutue chambre. Nouveau juron. Cet enfoiré ne venait même pas en personne ! Bon dans le fond, elle comprenait presque ce comportement, il préservait ses arrières et c’était tout à son honneur. Ouais, sauf que ça faisait bien chier l’Eraser quand même ! Elle ne rangea pas immédiatement son arme et referma la porte, pour ensuite faire le tour -rapide- de la chambre. Histoire de vérifier qu’il n’y avait personne. Et c’était le même constat. Nouveau soupir.

Pendant son tour, elle avait remarqué un casque sur le lit mais elle n’avait pas voulu s’en préoccuper davantage. Maintenant elle allait devoir le faire, aussi désagréable que cela puisse être. Nora s’assit sur le lit, posant son arme à côté d’elle. Elle prit le casque en main et serra les dents. Il voulait réellement qu’elle mette ce truc, pour aller le rencontrer ailleurs ? Et laisser son corps sans protection, dans un endroit qu’elle ne connaissait pas ? Où elle ne pouvait compter sur personne pour protéger ses arrières ? Elle n’aimait pas du tout ça. Mais alors, pas du tout ! Elle jura et balança l’objet sur le lit, se levant pour faire les cent pas dans la chambre. Elle n’avait pas la moindre envie de faire ça. Elle détestait se savoir faible et sans défense et là, ce serait exactement ce qui allait se passer. Et tout ça pour quoi ? Pour une prétendue aide qu’elle devait lui fournir ? Elle se mordit la lèvre pour tenter de réfléchir clairement. Au bout d’une dizaine de minutes, elle était en train de programmer un enregistrement avec son bracelet. Si elle devait laisser son corps sans défense, elle voulait au moins que ses collègues soient au courant, s’il lui arrivait quelque chose. Elle enregistra donc un message, en indiquant le lieu, la date et l’heure ainsi que le motif. Nora programma ensuite le tout pour qu’il soit envoyé à ses collègues à 14h. Ca lui laissait un peu plus de deux heures. La jeune femme espérait que cette fourchette serait juste. Assez longue pour lui laisser le temps de parler avec Mike mais pas trop quand même pour se protéger, au cas où ... Une fois le tout préparé, elle s’allongea sur le lit, jurant de nouveau. Elle regarda l’objet pendant quelques minutes encore et finit par le mettre sur sa tête. Elle se mordit la lèvre une dernière fois.

« Connexion. »

La suite se passa probablement comme son futur interlocuteur. Le blanc, cette sensation à la fois désagréable et étrange qui donnait presque envie d’en voir plus. Une fois la scène chargée, elle fronça les sourcils en voyant son accoutrement. Elle n’aimait pas le moins du monde. Elle ne prit pas la peine de répondre à son interlocuteur graphique mais elle laissa sa monture la conduire, comme si l’animal savait où il devait se rendre. Elle ne prit pas la peine de regarder aux alentours, elle n’était pas venue ici pour ça. Au bout de quelques minutes, elle finit par émerger sur une colline, où le panorama était grandiose. Du moins, elle se serait probablement fait cette réflexion si la silhouette de l’homme ne s’était pas détachée du reste. Elle descendit de son cheval, caressant son poitrail avant de se reprendre en se souvenant que ce n’était pas réel. On pourrait presque s’y laisser prendre. Nora se dirigea vers lui, et si ça avait été la réalité, il se serait pris un coup dans la tronche. Mais ce n’était que du virtuel et elle doutait que ça lui fasse autant de bien qu’elle le voudrait.

« Passe moi ta bienséance et viens-en aux faits. »
Répliqua-t-elle à entrée en matière.

Elle attendit donc qu’il reprenne la parole et elle se dit que s’il la menait vraiment en bateau, elle pourrait toujours essayer de lancer une recherche sur l’emplacement de son interlocuteur virtuel, au moins pour essayer de quadrier un certain secteur de la ville. Mais il sembla prendre ses propos au sérieux et s’expliqua. Enfin, non, il ne fit que lui répéter ce qu’il lui avait déjà dis précédemment. En sommes, elle savait déjà ça. Sauf peut-être le si petit laps de temps pour retrouver la victime supposée. . Et elle mit de côté son comportement de léchage de bottes. Ca n’allait pas marcher avec elle. Dommage qu’il ne la connaissait pas pour le savoir. Quarante-deux heures, c’était toujours trop court dans ce genre d’enquête. Et elle allait ouvrir la bouche pour l’intimer de lui en dire davantage ou elle allait se casser. Mais elle n’en eut pas l’occasion qu’il le fit. Si elle s’attendait à cette information ? Pas le moins du monde et l’Eraser senti son visage perdre un peu de ses couleurs. Sa main gauche allait aussitôt du côté de son poignet droit pour trouver ce dernier vide. Merde, elle n’avait pas accès à son bracelet dans ce monde-ci. Donc aucun moyen de savoir s’il disait vrai ou non en contactant ses collègues. Nora serra les dents et se reprit rapidement. Déjà qu’elle s’était laissée surprendre par cette nouvelle, elle ne pouvait pas se permettre plus. Et elle ne voulait encore moins qu’il se sente supérieur maintenant qu’il devait se douter qu’elle accepterait de l’aider.

« Marie est censée être en mission depuis des semaines. Comme tu peux savoir qu’elle a disparu ? Et pourquoi tu le saurais et pas nous ? »


Là, c’était une excellente interrogation de son point de vue mais elle doutait très sincèrement qu’il lui réponde honnêtement. Parce que même si elle l’aidait, elle restait avant tout une Eraser et cet homme était recherché.

« Va droit au but. Ca va vite m’énerver sinon. Pourquoi tu as besoin de moi ? »


Oui, elle lui signifiait par là, qu’elle acceptait de lui prêter main forte. Du mois, jusqu’à ce qu’elle ait la preuve qu’il la menait en bateau ou au contraire jusqu’au sauvetage de sa collègue. Elle pouvait avoir envie d’arrêter Mike, la vie d’un de ses partenaires passerait avant. Et le simple fait qu’elle accepte devait le laisser supposer à son interlocuteur.


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eraser
Varig Cross

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19.11.14 15:00
Marie Greene. L'effet qu'avait eu ce simple nom sur l'Eraser le convainquit aussitôt qu'il avait fait le bon choix.
La jeune femme avait blêmit, et fit un geste vers son bracelet, qui n'était bien sûr pas là. Pendant une seconde, Varig se demanda comment elle se sentait sans cet objet si quotidien et rassurant pour les habitants de 2213.

-Marie est censée être en mission depuis des semaines. Comme tu peux savoir qu’elle a disparu ? Et pourquoi tu le saurais et pas nous ?

Il retint un sourire. Le ton était presque accusateur et le rythme des phrases trop rapide pour qu'il n'ait pas touché juste.
Nora et la disparue apparaissaient ensembles sur la photo de promotion de l’académie qui se trouvait dans le dossier fourni par Sofia. Bras dessus bras dessous.
Sur ce seul élément Varig avait décidé de contacter la jeune femme plutôt que n'importe lequel ses collègues. Mobiliser la milice sur sa seule bonne foi serait trop long et les enquêteurs pourraient s'avérer être des obstacles plutôt que des aides.
Manifestement c'était un bon calcul.

-Comment je le sais est sans importance, lâcha-t-il. Et je suppose que tu es mieux placée que moi pour trouver la réponse à ta deuxième question...

Il s'était lui aussi demandé comment Sofia avait put savoir avant la milice. Et il comptait sur Nora pour lever le voile sur ce mystère. Il ne savait même pas que l'Eraser était en mission, quoi que cela semble logique.
Décidément il lui fallait une alliée dans la place pour espérer avancer.

-La seule vraie question dont dépend actuellement la vie de l'agent Greene est celle-ci. Es-tu prête à faire équipe avec moi le temps de la retrouver?

Elle le fusilla du regard. Pendant une seconde il se demanda si la haine allait l'emporter sur l'inquiétude pour sa collègue.
La loyauté sembla finalement prendre le pas sur sa méfiance.

-Va droit au but. Ça va vite m’énerver sinon. Pourquoi tu as besoin de moi ?

L'agent tourna les yeux vers elle et les planta dans les siens, mains croisées dans le dos comme un militaire.
Elle ne s'en prendrait pas à lui tant qu'elle n'aurait pas vérifié le statut de sa collègue. Il reprenait un coup d'avance... Mais il valait mieux ne pas se relâcher. A la moindre erreur Nora redeviendrait une ennemie.
Son visage n'exprimait plus l'attention polie, l'amusement ou la gentillesse qu'il réservait à son "personnage". C'était une expression froide et déterminée. Ses yeux la regardaient avec un détachement glacial, impitoyable.

-Ameuter la milice sur ma seule bonne foi ne mènerait à rien. Le temps que des recherches sérieuses soit entreprises, l'officier Greene sera morte. Seul je risque de ne pas la retrouver à temps. En nous associant on a une chance.

Il fixa Nora une seconde de plus avant de détourner ses yeux vers la colline que se disputaient les figurants numériques.
Indifférent au sort de la bataille, l'agent sortit une petite montre à gousset de son uniforme. Quand il ramena son regard sur Nora son expression était redevenue souriante.

-La pause déjeuner se termine dans 30 minutes. D'ici là il faut que tu soit retournée au QG de la milice. De là bas tu pourras facilement vérifier que je ne ment pas. Fouine aussi du côté de ses supérieurs direct. Peut être qu'ils lâcheront quelque chose sur la mission confiée à l'officier Greene avant sa disparition? Ça me semble être un bon début.

Il referma la montre d'un claquement sec et la rempocha. La façon dont il donnait ses "conseils" devait agacer superbement la jeune femme.
Tant mieux. Plus elle enragerait plus elle serait motivée à prendre des initiatives dangereuses pour retrouver Greene. L'anxiété et la colère combinée faisaient un excellent cocktail contre l'instinct de survie.
Elle avait déjà plus ou moins accepté de travailler avec un criminel recherché sans appeler ses collègues à la rescousse. Quelle serait la prochaine étape? Cambrioler le bureau de la disparue? Pirater des fichiers? Menacer un supérieur?
L'idée fit sourire l'agent. Peu importe qu'elle le déteste si cela permettait d'avancer plus vite.

-Je te recontacte dans une heure. Déconnexion.

Autour de lui le monde tomba en lambeaux comme si il n'avait été fait que de sable. Dans un silence parfait les masses numériques s'effondrèrent et disparurent dans l'air. Il se retrouva à nouveau dans le désert blanc numérique par lequel il était arrivé.
Seul avec lui même, il leva sa main gantée. Elle aussi se désintégrait en fines particules dorées.
Poussière tu retourneras poussière... pensa-t-il avec un sourire.

Puis il disparu.
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Anonymous
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20.11.14 10:11


La réponse à sa première question ne lui plus pas. Parce qu’il osait vraiment lui demander de l’aider et il n’était même pas foutu de lui donner toutes les informations dont il disposait ! C’était l’hôpital qui se foutait de la charité ! Clairement. Quant à la seconde, c’était guère mieux. Ce merdeux la gonflait de nouveau et il lui fallut toute la volonté du monde pour ne pas se déconnecter sur le champ. De la volonté et surtout, le fait que le nom de Marie avait été prononcé. Elle ne pouvait tout simplement pas prendre le risque de se barrer si ce qu’il disait été vrai, pas sans en savoir plus. Même si ça la faisait royalement chier de devoir écouter ce qu’il avait à dire. Et même s’il ne laissait rien paraitre, l’Eraser espérait qu’il n’était pas en train de jubiler sur le fait qu’elle allait restée bien sagement à coopérer. Mieux valait pour lui qu’elle ne le sache pas si c’était effectivement le cas. Pour toute réponse, Nora le fusilla du regard. Elle n’aimait pas non plus sa façon de lui parler mais encore une fois, elle devait rester. La suite, ne fut guère mieux. Il osait poser cette question ? Alors qu’elle était encore ici, à l’écouter et le supporter ? Ca ne répondait déjà pas en soi à sa question ? Sérieusement ? Ou c’était pour l’entendre dire ? Par simple plaisir de l’entendre ? Qu’il aille se faire. Merde à la fin.

Quelque chose attira soudains son attention : cette expression qu’avait maintenant Mike. Tout comme son regard. Là, il l’intéressait. Même si cela aurait du lui donner des frissons dans le dos, voir qu’il laissait tomber son sourire et cette expression bienveillante lui plaisait assez. Serait-ce une manière de lui montrer qu’il lui faisait un poil confiance ? En se dévoilant un peu ? Non, la jeune femme devait se faire des idées. En tous cas, une chose était sûre : elle n’était pas prête de lui tourner le dos. Avec un regard pareil, sans le connaitre, elle ne lui ferait pas confiance. Pourtant, un faible sourire -qui n’avait rien à faire dans cette situation- apparue sur ses lèvres. Avant qu’elle ne reprenne une expression plus ou moins neutre. Une pointe d’intérêt en plus. La logique de son argumentation ne pouvait pas être contredite. Elle était bien placée pour accéder à ses propos. Jamais ses collègues ne feraient le nécessaire pour faire avancer cette enquête si l’information venait d’un type qui était recherché. Elle-même aurait dû agir comme ça. Mais la curiosité mêlée à la rancune était un mauvais mélange pour rester calme. Ajoutez à ça une pointe d’inquiétude liée à la pseudo disparue d’une amie, ou du moins, d’une connaissance proche, Nora n’aurait pas pu restée assise à son bureau. Elle aurait ruminé toute la journée. A moins qu’il ne lui ait jamais lâché le nom de l’agent Greene. Dans tous les cas, elle hocha simplement la tête, en signe d’approbation. Elle était d’accord avec lui. Point. Il n’y avait rien à dire. La jeune femme le regarda sortir quelque chose de sa poche et instinctivement, elle s’était reculée d’un pas et s’était légèrement mise en position de défense. Mais c’était une fausse alerte, la montre -parce qu’elle vit un cadran- en témoignait. Si elle se sentait stupide ? Clairement non. Dans le pire des cas, elle préférait être une stupide vivante, qu’une morte trop sûre d’elle. Et quoi qu’on puisse lui dire, elle ne changerait pas sa façon de pensée. Elle fut presque déçue de revoir cette expression qu’elle lui connaissait, mais ça lui donnait une information : les choses sérieuses étaient terminées ? La suite lui indiqua que ce n’était pas totalement terminé, mais la façon dont il lui parla recommença à l’énerver. Pour qui il se prenait à lui donner des ordres ? Ils allaient bosser ensemble et en aucun cas, il serait une sorte de supérieur, il fallait qu’il se rentre ça dans le crâne, avant qu’elle ne le fasse pour lui.

« Me parle pas sur ce ton. Je suis pas une débutante. »
Répliqua-t-elle froidement.

Comme si elle n’avait pas déjà pensé à retourner au QG pour aller demander des comptes à leur supérieur, l’un en particulier. Et pourquoi pas, essayer de localiser le bracelet de Marie. Même si son interlocuteur venait de lui dire qu’il n’était pas traçable. Et dans le pire des cas, si ce qu’il lui avait dis semblait être vrai, elle fouinerait du côté de la mission de sa collègue. Elle soupira face à la suite. Il prenait un peu trop des airs de supérieur à son goût. Elle lui en toucherait deux mots, la prochaine fois. Elle daigna regarder une dernière fois la scène qui se déroulait sous leurs yeux avant d’elle aussi ordonner d’être déconnectée.

Une fois revenue dans la réalité, sa première réaction fut de prendre son arme en main. La seule chose qui la rassurait vraiment dans ce monde. Elle soupira en regardant son bracelet, avec lequel elle essaya bêtement de contacter sa collègue. Mais même sans être portée disparue, si elle était en mission, elle avait dû désactiver son bracelet ou elle ne le portait pas sur elle. Tout dépendait de son ordre de mission. Bordel. Elle se leva, trop rapidement surement, parce que des étoiles se mirent à danser autour de ses yeux. Merde. Nora déprogramma son message vocal, remit sa veste et sorti de l’établissement. Oui, elle allait retourner au QG maintenant, à pied, comme elle était venue. Mais le temps qu’elle mit fut un peu plus rapide. Probablement parce qu’elle avait accéléré le pas pour arriver plus vite. Elle n’était pas pressée de confirmer les dires de Mike, c’était même plutôt l’inverse. Alors pourquoi, elle avait ce mauvais pressentiment ? L’Eraser jura alors qu’elle pénétrait dans le bâtiment. Elle ne se préoccupa pas des remarques qu’on lui lança sur son retour et se dirigea aussitôt dans le bureau de James Lee. L’un de leurs supérieurs et surtout, celui qui s’occupait la plus part du temps des missions sur le terrain. Si quelqu’un savait quelque chose. Ce serait forcément lui. De là où elle se trouvait, elle pu voir qu’il n’y avait personne dans son bureau et qu’il n’était pas non plus au téléphone. Du coup, Nora entra après avoir vaguement frappé à la porte.

« Quand apprendrez-vous à attendre qu’on vous autorise à rentrer, agent Stampton ? »

L’intéressée haussa nonchalamment les épaules, en le regardant dans les yeux. Combien de fois il lui avait fais cette réflexion ? Trop pour qu’elle tienne le compte. Bref. Il y avait d’autres choses plus importantes.

« L’agent Greene n’est pas joignable et elle n’est pas non plus localisable. Pourquoi ? »

Rentrer dans le vif du sujet, elle savait faire. La plus part du temps, ça déstabilisait assez ses interlocuteurs pour qu’elle en tire quelques indices. Mais là, elle s’adressait à un supérieur, qui avait appris au fil du temps à ne plus rien laisser passer dans ses yeux ou les mimiques de son visage. Tant pis. Qui ne tente rien, n’a rien. Une conversation s’en suivit, où le ton était un peu monter du côté de la jeune femme. S’il y avait quelque chose qu’elle avait encore à apprendre elle, c’était bien de se maîtriser. Notamment son impulsivité et sa colère. Mais c’était sa source de force, elle n’était pas prête de les laisser tomber. Les informations que le supérieur Lee lui communiqua ne lui servirent pas à grand chose. Que Marie travaille ou non sous les radars ne devait pas pour autant signifier qu’elle devait être complètement introuvable merde ! Bon, dans le fond, si elle avait été à sa place et qu’une couverture devait être gardée à tous prix, l’Eraser aurait agis de la même façon. Mais pour le coup, elle trouvait ça stupide ! La note qui finit par faire sortir Nora de ses gonds fut le ton employé pour déclarer qu’il n’était pas nécessaire de lancer des recherches. Que tout allait bien pour l’agent Greene. Qu’est-ce qu’il pouvait en savoir ?! Furieuse de ne pas en savoir plus, ou simplement de se mettre à doute de son supérieur pour un simple emploi d’intonation, la jeune femme quitta le bureau, claquant la porte derrière elle. Jurant ouvertement. Quoi ? Tout le monde connaissait ses manières parfois peu féminines, inutile de faire semblant.

Mais au lieu de se diriger vers son bureau, elle prit plutôt la direction de celui de sa collègue. Sous le regard des autres Erasers, auxquels elle ne prêta aucune attention. Même lorsque quelques uns essayaient de savoir ce qu’elle fabriquait à un poste qui ne lui appartenait pas. Et cette Marie, elle avait été assez idiote pour mettre en mot de passe, l’une des noms de code qu’elles avaient utilisé lors d’une mission en binôme. Merde. Il ne fallait pas être impliqué dans une affaire. C’était l’une des bases que l’on apprenait à l’école et Nora était complètement à côté de ça. Elle le savait et pourtant, elle s’en contrefoutait royalement. Même si elles s’étaient un peu éloignées, à cause du boulot qui leur prenait pas mal de temps, la jeune femme ne pouvait pas se voiler la face et ne pas continuer de considérer la disparue comme une amie. Bordel ! Elle trouva des photos, de femmes, qu’elle ne se souvenait pas d’avoir déjà vu. Il y en avait un dossier, avec en plus des lieux.

« Agent Stampton ! Ce bureau n’est pas le vôtre ! »
Hurla James Lee.

Propos auxquels l’Eraser répondit d’un hochement de tête, signifiant qu’elle le savait. Mais elle termina ce qu’elle était en train de faire, c’est-à-dire : mettre son nez où il ne fallait pas. Même si Mike l’a menait en bateau, elle voulait réellement s’assurer que Marie allait bien et elle voulait donc trouve un moyen de la retrouver, ou tout du moins, essayer de la contacter. Nora chopa son adresse personnelle, qu’elle ne connaissait même pas depuis qu’elle s’était mariée ! Cette honte ! Elle ne pouvait être peut-être plus prétendre être une amie... Dans tous les cas, l’agent dû fermer tous les programmes lorsque le visage de son supérieur s’approcha un peu trop près d’elle. Alors qu’il ouvrait de nouveau la bouche pour la réprimander -ou pire peut-être ?- le bracelet de la rebelle se mit à sonner.

« Vous permettez ? »

Sans attendre, elle décrocha, utilisant de nouveau l’oreillette. Même sans avoir regardé si un numéro d’identification c’était affiché, ça ne pouvait être que lui. Elle se leva, fermant la machine et sorti de la salle, en entendant vague son supérieur lui hurler qu’elle ne devait pas remettre les pieds au QG pour la journée, que son caractère était encore plus détestable et tout le bataclan qui lui passa au dessus de la tête.

« Ouais. Rejoins-moi à cette adresse dans quinze minutes. »


Elle lui envoya l’adresse de l’agent Greene qu’elle avait eu le temps d’apprendre. Oui, ça aurait été plus rapide de se l’envoyer sur son bracelet mais faire marcher sa mémoire était toujours une bonne chose. Elle lui indiqua vaguement qu’il s’agissait du domicile de leur disparue. Pourquoi elle lui disait ? Pourquoi elle lui communiquait cette information, alors qu’il ne lui disait même pas pourquoi il cherchait Marie ? Parce qu’elle ne pouvait pas se permettre de demander à l’un de ses collègues de l’accompagner et que même si elle ne lui faisait pas confiance, Mike semblait vouloir la même chose qu’elle. Même si les raisons étaient très certainement différentes. L’Eraser écouta s’il avait quelque chose à lui dire, sinon, elle raccrocha aussi sec. Prenant la direction des habitations. Cette fois, transport en commun obligé. Ce qui détériora l’humeur de Nora...

Suite ~  
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